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Résistance dans les Balkans (Yougoslavie Grèce Albanie) 1941
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patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Mar Déc 21, 2010 20:53    Sujet du message: Résistance dans les Balkans (Yougoslavie Grèce Albanie) 1941 Répondre en citant

Comme promis, ma chrono balkanique avance et je peux mettre en ligne les chapitres validés. J'ai intégré une partie de l'ancienne chrono pour fournir les points de repère. J'ai refait l'intitulé en "Résistance dans les Balkans, anciennes discussions" pour les discussions préliminaires (longues et constructives).

Voici, page tragique et glorieuse de l'histoire, le sort de deux petits royaumes qui ont osé dire non à Hitler (et d'un encore plus petit royaume encore silencieux mais qui n'en pense pas moins).


EDIT - Chronologie augmentée de l'Albanie.

31 janvier 1941
La guerre en Méditerranée

Adriatique – Après avoir successivement mouillé un champ de 21 mines au large d’Ancône, le 28 janvier, puis un autre de 29 engins dans le golfe de Fiume (alias du Quarnero) deux jours plus tard, le sous-marin mouilleur de mines HMS Rorqual (Lt-Cdr Ronald Hugh Dewhurst) a entrepris de redescendre l’Adriatique en patrouillant le long de l’archipel dalmate. Ce faisant, il rencontre entre les îles de Lissa (Vis) et Curzola (Korčula) une cible sortant de l’ordinaire : l’allège GM239, portant une batterie flottante de deux pièces de 120 mm (plus un canon anti-aérien léger), que conduit vers l’Albanie le remorqueur armé Ursus (F94) .

Ne pouvant torpiller l’allège, dont le tirant d’eau est trop faible, et bien que ne disposant que d’un canon de 102 mm, Dewhurst n’hésite pas à faire surface et à engager un combat d’artillerie. Il est vrai que ses adversaires sont lents et peu manœuvrant. Le Rorqual parvient à couler le remorqueur, tandis que l’allège va s’échouer sur l’île de Curzola. Les Yougoslaves se contenteront d’interner sur place cette quasi-épave. Fin mai, les Italiens pourront récupérer la batterie flottante et la conduiront à Raguse (Dubrovnik) pour d’importantes réparations. Fin septembre, elle rejoindra Valona/Vlorë, dans le sud de l’Albanie, qui a changé de mains plusieurs fois au début de l'année et où les Gréco-Britanniques n'ont pas laissé d'artillerie utilisable.


23 avril
La campagne des Balkans
Belgrade – Le gouvernement yougoslave fait savoir qu’il est prêt à se conformer aux termes de l’ultimatum allemand et à participer au pacte “anti-Komintern” (ou Pacte Tri-Partite).

24 avril
La campagne des Balkans

Belgrade - “Plutôt la guerre que le Pacte, plutôt la mort que l’esclavage !”
C’est le slogan de la révolte militaire et populaire qui embrase la capitale yougoslave. Soutenues par des manifestations massives de la population, les unités en garnison autour de la ville sortent de leurs casernes et marchent sur le siège du gouvernement. Ce même soir, le régent Paul est démis de ses fonctions et le général Simovic est nommé chef du gouvernement. Il jure de défendre la souveraineté et l’unité de la Yougoslavie et dénonce les membres du précédent gouvernement comme « traîtres à la Nation ».

Le jeune roi Pierre II, proclamé majeur à 17 ans, est terriblement intimidé par ses nouvelles fonctions. Il faut qu’un jeune officier, imitant sa voix, prononce à sa place son premier discours à la radio.
………
Londres et Alger – La Grande-Bretagne et la France réagissent immédiatement à ce coup d’état en accélérant l’envoi de renforts dans les Balkans. Le général Sir John Dill, chef d’Etat-Major Impérial, et le ministre de la Guerre français, le général Charles de Gaulle, se préparent à partir pour Belgrade afin de rencontrer le général Simovic. La France décide d’augmenter son déploiement de forces dans les Balkans. La 86e Division d’Infanterie se prépare à partir pour Volos (Grèce), avec le 64e BCC (bataillon de chars indépendant équipé de 45 Valentine et 6 Scout-cars BSA). Deux Groupes de Bombardement appartenant à la 32e EB (I/32 et II/32), sur Martin 167, et deux Groupes de coopération (GOR I/22 et II/22), sur Potez 63-11, sont ajoutés aux forces aériennes françaises envoyées dans les Balkans. Celles-ci comptent à présent 60 chasseurs, 120 bombardiers et 40 appareils de coopération et appui tactique, sans compter la 39e Escadre Mixte, déployée dans les îles du Dodécanèse. Les groupes de transport commencent à assurer une liaison régulière entre Tunis, Benghazi et Athènes ou Héraklion.

26 avril
La campagne des Balkans

Belgrade – Le général Simovic presse les leaders croates d’entrer dans son gouvernement et promet “une solidarité nationale totale”.

27 avril
La campagne des Balkans

Belgrade – Sir Dill et le général de Gaulle rencontrent le général Simovic et le gouvernement yougoslave. Ils découvrent une profonde confusion et une véritable paralysie politique. Tant Dill que De Gaulle sont stupéfaits par le fait que les chefs militaires yougoslaves espèrent encore que la diplomatie pourra retarder l’attaque allemande pendant plusieurs mois.

Durant la nuit, De Gaulle s’entretient en tête-à-tête avec Simovic. Il adjure le nouveau Premier Ministre yougoslave d’abandonner toute idée de répartir régulièrement ses forces armées tout le long de ses frontières. « Toute défense “en cordon” est condamnée d’avance à la plus catastrophique des défaites, Monsieur le Premier Ministre ! La plus grande partie de votre pays ne peut malheureusement être défendue de façon efficace, il faut le reconnaître. La seule solution envisageable est de tenir la partie sud-est, autour de Skoplje, en ancrant la défense sur les forces gréco-britanniques à l’ouest et sur les montagnes près de la frontière bulgare à l’est. Souvenez-vous de la lourde défaite de la Serbie contre l’Autriche-Hongrie au début de l’autre guerre. Eh bien, dites-vous que l’armée allemande actuelle est immensément plus mobile et plus puissante que ne l’étaient les forces austro-hongroises. »

Mais comme De Gaulle l’écrirait plus tard dans ses Mémoires de Guerre (tome I, Le Sursaut) : « Je comprenais bien que la mise en œuvre de cette stratégie aurait signifié l’abandon volontaire à l’ennemi de presque tout le territoire national. Si notre départ pour l’Afrique du Nord avait été douloureux mais concevable, puisque l’Empire avait toujours fait partie de nos plans de défense, un tel mouvement était bien évidemment au-delà de ce qu’un chef yougoslave, aussi profondément dévoué à son pays qu’il puisse être, et du fait même de ce dévouement, pouvait envisager. »
………
En partant, les deux chefs alliés laissent à Belgrade le nouvel attaché militaire britannique, le général Adrian de Carton de Wiart, personnage aussi prestigieux qu’atypique. Ce grand gaillard borgne, manchot et orgueilleusement moustachu, vétéran de cent campagnes du Soudan à la Somme, arbore une foule de décorations – dont rien moins que la Victoria Cross.


30 avril
La campagne des Balkans

Belgrade – L’Union Soviétique signe un pacte d’amitié et de non-agression avec la Yougoslavie. De leur côté, les leaders croates acceptent d’entrer dans le gouvernement du général Simovic. Mais si Ivan Šubašić, du Parti Paysan croate, accepte le poste de Ban (gouverneur) de Croatie, il constate avec chagrin que ses compatriotes, très montés contre les Serbes, n’ont guère envie de “mourir pour Belgrade”.

Pendant ce temps, le général Carton de Wiart quadrille la ville à toute vitesse dans ce qu’il appelle sa « baignoire » (une Rolls-Royce d’emprunt) et harcèle tout le monde pour préparer l’évacuation du corps diplomatique allié, de l’or de la Banque nationale, et de tous les services non indispensables.
………
Grèce – Les aviations alliées commencent à se concentrer à Larissa et Salonique.

2 mai
La campagne des Balkans

Grèce – Les troupes françaises débarquées à Volos rejoignent celles débarquées à Salonique, où le général Giraud installe son QG. L’Armée d’Orient organise des “colonnes volantes”, qui associent des chars légers, des 47 mm antichars montés sur camions et des troupes d’assaut du Génie. Ces formations font mouvement vers la frontière dans la vallée du Vardar (ce fleuve arrose Skoplje avant d’aller se jeter dans la Mer Egée).

4 mai
La campagne des Balkans
Yougoslavie, Grèce
– Le déclenchement simultané des opérations “25” (contre la Yougoslavie) et “Maritza” (contre la Grèce) est annoncé par des attaques massives de la Luftwaffe contre Belgrade, Salonique et différents objectifs plus ou moins militaires en Yougoslavie et en Grèce.
La plupart des attaques contre les aérodromes yougoslaves sont réussies, bien que, lorsqu’ils parviennent à décoller, les Hurricane et les… Bf-109E yougoslaves opposent une résistance désespérée.

Au-dessus de Belgrade, la défense est vite submergée et pendant trois heures, les avions allemands bombardent à loisir la cité et tous les centres administratifs, faisant plus de 17 000 morts. La capitale est en ruines, ajoutant un nouveau nom au martyrologe des villes, grandes ou petites, brisées par la guerre – Varsovie, Orléans, Toulon, Coventry, Bastia… Ce ne sera pas le dernier. Le général Carton de Wiart parcourt les rues en flammes et poursuit sans relâche son plan d’évacuation. Il ne perd même pas son sang-froid en se retrouvant nez à nez, au bord du Danube, avec un ours polaire évadé du parc zoologique. « Il a continué son chemin et moi le mien. Un parfait gentleman » racontera-t-il.
………
Au-dessus de Salonique, la situation est bien différente. En effet, mis en alerte par les radars britanniques, les chasseurs français infligent des pertes sévères aux attaquants.
………
Au sol, la 12e Armée allemande, basée en Bulgarie, attaque à travers le massif du Rhodope dans deux directions : vers le sud, contre le nord-est de la Grèce, et vers l’ouest, contre le sud de la Yougoslavie.

En Grèce, la ligne Métaxas est violemment attaquée par des bombardiers en piqué allemands, en soutien des troupes qui se dirigent vers les fleuves Strimon et Nestos. Cependant, dans cette région, les chasseurs français et britanniques réussissent à disputer aux Allemands la maîtrise de l’air. Le manque de troupes de montagne, qui sont loin d’avoir récupéré de leurs pertes lors de l’opération Merkur, réduit l’efficacité de l’offensive allemande et celle-ci s’épuise dans les gorges du Rupel.

Dans le sud de la Yougoslavie, le XL.PanzerKorps attaque vers Kumanovo, le long de la voie ferrée Sofia-Skoplje. Toute la journée, les troupes de frontière yougoslaves résistent avec entêtement et, en début d’après-midi, des bombardiers Martin 167 Maryland français harcèlent les pointes allemandes progressant vers Kumanovo. Les Maryland effectuent plus de 150 sorties offensives dans cette zone et subissent de lourdes pertes (14 appareils abattus, 18 endommagés). Mais l’avance allemande est significativement retardée par la farouche résistance yougoslave, les attaques aériennes françaises et… l’étroitesse des routes de montagne, qui n’ont jamais été conçues pour laisser passer des Panzers !
Pendant ce temps, les colonnes volantes françaises continuent à monter vers Skoplje pour prendre le contrôle de la haute vallée du Vardar.


6 mai
La campagne des Balkans

Albanie – Les troupes de Rommel progressent vers le sud et s’approchent de Gyrokaster, mais les forces britanniques et grecques parviennent à les ralentir en profitant du terrain très accidenté, à la grande frustration du général allemand.
………
Yougoslavie (front nord) – Les mutineries se multiplient parmi les soldats croates et la 4e Armée yougoslave se désintègre.

7 mai
La campagne des Balkans

Albanie – Le général Wavell décide de retirer du front la 7th Armoured Division pour la rééquiper avec le matériel apporté par le convoi “Tiger”. La défense de Gyrokaster repose à présent sur les divisions d’infanterie du Commonwealth, soutenues par le 7e RTR. Les chars Matilda de ce dernier, si mal à l’aise lors de leurs tentatives d’offensive, se montrent très efficaces dans le cadre d’actions défensives pour bloquer l’avance des unités allemandes.
………
Yougoslavie – Les troupes italiennes prennent Ljubljana sans avoir rencontré une grande résistance, mais cela permet à Mussolini de prononcer un grand discours de victoire, ce dont il avait perdu l’habitude. Au même moment, la 2e Armée allemande entre à Zagreb sous les applaudissements d’une foule joyeuse. Les politiciens croates décident de quitter le gouvernement yougoslave et de proclamer un “Etat croate indépendant”.

Au centre du pays, le gros de l’armée yougoslave, qui défend la route de Belgrade, continue de tenir bon.
Mais plus au sud, la ville de Nis est finalement enlevée par les forces du 1.PanzerGruppe, qui commencent à traverser la Morava et à progresser en direction du nord, vers Belgrade.
Enfin, dans la région Skoplje/Kumanovo, des unités grecques et françaises viennent secourir les troupes yougoslaves, que des combats très intenses opposent aux divisions du XL.PzKorps. Alors que les unités de tête de la 9.Panzer Division et du 1er Régiment motorisé SS débouchent des cols et des étroites vallées où elles ont été bombardées à de nombreuses reprises par l’Armée de l’Air, elles sont engagées par les chars de la 1ère D.C. et par des unités motorisées. Le 47 mm antichar “automoteur” (en fait, un 47 mm normal monté à l’arrière d’un camion Dodge) joue un rôle important pour tendre des embuscades aux blindés allemands. « Tenez encore deux jours ! » demande le général Giraud au général Kœnig, qui a pris le commandement de la défense de la région.
………

8 mai 1941
La campagne des Balkans
Frontière albano-yougoslave -
Le major britannique David Stirling, du 8e Commando des Gardes, donne une vigoureuse poignée de mains à Abaz Kupi, colonel de la gendarmerie royale albanaise. Celui-ci va franchir la frontière à la tête d’un petit groupe d’exilés. Les Britanniques, qui avaient formé la gendarmerie albanaise avant la guerre, ont gardé quelques contacts dans le petit royaume après son annexion par l’Italie. Le colonel, au nom du roi Zog Ier en exil à Londres, se fait fort de déclencher une révolte albanaise sur les arrières de l’Axe.



10 mai
Yougoslavie –
Après quelques tractations entre puissances de l’Axe, Berlin et Rome proclament l’Etat indépendant de Croatie, qui inclut la Bosnie-Herzégovine, mais qui est privé d’une partie de la côte dalmate, annexée par l’Italie. Ante Pavelic, le Poglavnik (conducteur) des Oustachis, quitte son exil italien et arrive à Zagreb pour en prendre la tête. Juriste de formation, il se dit très soucieux des lois, et ses partisans jurent de "toujours respecter la constitution et les lois du peuple croate".

Alors que les combats entre Serbes et Croates s’intensifient en Dalmatie, le nouveau gouvernement appelle tous les Croates à cesser de se battre contre les troupes allemandes et italiennes et exige qu’ils soient libérés par l’Armée yougoslave.

La 3e Armée hongroise passe la frontière est de la Yougoslavie, au nord d’Osijek, près de Subotica.

En Serbie, la défense de Belgrade s’est effondrée. Les troupes allemandes s’emparent des ruines de la capitale, encore fumantes après le bombardement du 4 mai. Le 1.PzGruppe entre dans la ville par le sud et la 8.PzDivision du XLI.PzKorps par le nord-est.

En Macédoine, le général Stumme reprend l’attaque de la ligne Kumanovo-Skoplje, avec l’aide des éléments avancés de la 16.PzDivision. La ville de Kumanovo est prise et reprise à trois reprises. En fin de journée, il n’en reste que des ruines, mais les défenseurs tiennent toujours.
……….
Albanie – Se souvenant qu’il fut capitaine d’infanterie, le général Erwin Rommel conduit personnellement une hardie manœuvre d’enveloppement avec l’infanterie du Skandenberg Korps. Il parvient ainsi à faire tomber la ville de Gyrokaster. Cependant, les troupes britanniques et grecques ne se sont pas laissé encercler. Elles réussissent à battre en retraite en bon ordre dans les montagnes au-dessus de Gyrokaster et bloquent les cols conduisant à la frontière grecque.
………
Grèce – Dans la journée, trois nouveaux squadrons de la RAF se déploient en Grèce : Sqn 44 et 55 avec des bombardiers Blenheim, Sqn 113 avec des Blenheim de bombardement et de chasse à long rayon d’action. Au coucher du soleil, le convoi “Tiger” entre dans le port de Volos et commence aussitôt à débarquer des chars, de l’artillerie et 48 chasseurs Hurricane.
………
Londres et Alger – Dans l’après-midi, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à la Hongrie, à la Roumanie et à la Bulgarie pour leur assistance à l’Allemagne dans son agression contre la Grèce et la Yougoslavie.
………
Sofia – Durant la nuit, des bombardiers Wellington de la RAF attaquent la gare de triage de la capitale bulgare pour désorganiser l’acheminement des renforts allemands. En fait, c’est pour cette attaque que les Alliés ont, l’après-midi même, pris la peine de déclarer la guerre à la Bulgarie.

13 mai
La campagne des Balkans
Yougoslavie
– Des unités du XLVI.PzKorps entrent sans combat à Sarajevo. Parmi les vainqueurs, le soldat Uwe Müller est soulagé : « Si ça pouvait être toujours comme ça. Quel dommage qu’à Belgrade, il ait fallu les assommer. Les gars de la Luftwaffe n’y ont pas été avec le dos de la cuiller, on a même eu un mal fou à traverser la ville à causes des ruines. Klaus n’aurait pas aimé… »
Le gouvernement yougoslave se réfugie à Skoplje, d’où le général Simovic diffuse un appel à toutes les unités yougoslaves encore en état de combattre pour qu’elles s’efforcent de le rejoindre.
A Kumanovo, incapables de prendre la ville, les Allemands ont cependant pratiquement réussi à l’encercler.

14 mai
La campagne des Balkans
Yougoslavie
– Contournant les décombres de Kumanovo encerclé, le XL.PanzerKorps tente de progresser vers Skoplje. Dans la soirée, sous le commandement du général Koenig, Français, Grecs et Yougoslaves évacuent Kumanovo. Rompant l’encerclement, ils battent en retraite jusqu’à Skoplje même, suivis de près par les unités allemandes. Ces hommes qui défendaient Kumanovo depuis le 6 mai ne devaient théoriquement tenir que jusqu’au 9… On sait que le nom de Kumanovo est resté pour les Français celui d’une victoire, au point qu’il a été donné à la station de métro parisienne “Pont de Grenelle”, aujourd’hui “Kumanovo-Grenelle”.
………

Grèce – La journée est surtout marquée par les sauvages attaques aériennes allemandes dirigées contre la population civile grecque. En effet, rendu furieux par la résistance hellénique, qui menace d’imposer un report de l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique, et par les premiers bombardements de Ploesti, qui concrétisent ses cauchemars, Hitler a décidé de briser le moral des Grecs en ordonnant à la Luftwaffe d’écraser sous les bombes le port de Salonique et la capitale, Athènes.

Salonique est frappée quatre fois. Le port est gravement endommagé et le vieux Kilkis est coulé dans la rade.
Athènes est attaquée trois fois dans la journée et les pertes civiles sont très importantes. Mais l’affaire est moins simple qu’au-dessus de Belgrade, car ces bombardements rencontrent une forte opposition de la chasse française, britannique et grecque. C’est pourquoi de nouvelles attaques sont menées la nuit suivante, les bombardiers allemands utilisant les incendies allumés par les bombes de la journée comme points de repère. L’absence quasi totale de chasse de nuit permet cette fois à la Luftwaffe d’opérer à son gré. On estime que ces vingt-quatre heures de Blitz causent la mort d’au moins 15 000 civils, rien qu’à Athènes. Mais loin de briser le moral grec, ces attaques soulèvent la colère de toute la population contre l’Allemagne – et permettent aux reporters photographes américains de prendre de nuit de saisissantes photos montrant le Parthénon se découpant sur un horizon enflammé.

En Thrace, les forces allemandes tentent de contourner la ligne défensive établie le long du Nestos en attaquant vers Drama à travers les montagnes.
………
Albanie – Le Skandenberg Korps, poussé par son chef, tente à nouveau de rompre les lignes anglo-grecques. Rommel se multiplie à la pointe du combat, mais ses adversaires s’accrochent à chaque replis de terrain, et l’avance est désespérément lente.

15 mai
La campagne des Balkans
Yougoslavie
– En Macédoine, les forces allemandes prennent la ville de Mitrovica, coupant finalement toute retraite aux unités yougoslaves qui tentent encore d’atteindre la région de Skoplje. Pendant ce temps, au sud-est, des troupes venues de Bulgarie se dirigent vers Stip et Veles, menaçant de couper de Salonique les défenseurs de Skoplje.
A la nuit, le général Giraud décide un repli vers la frontière gréco-yougoslave. Ce repli est parfaitement exécuté par les troupes françaises et grecques du général Kœnig, ainsi que par les unités yougoslaves repliées dans la région, bien que celles-ci ne s’y soient résolues qu’à contre-cœur.
………

16 mai
La campagne des Balkans
Frontière gréco-yougoslave
– Dans la journée, les forces françaises, grecques et yougoslaves qui battent en retraite de Skoplje sont rejointes par des troupes fraîches britanniques, fortes d’une division blindée et de deux brigades d’infanterie indienne.

Les colonnes blindées allemandes qui suivent la vallée du Vardar subissent de lourdes pertes en attaquant dans une zone marécageuse la ligne de défense mise en place par les troupes du Commonwealth. Il semble que les hommes du XL.PanzerKorps aient été persuadés d’avoir mis définitivement en déroute leurs adversaires. L’apparition de troupes fraîches et de blindés neufs est pour eux un véritable choc ! En fin de journée, le front est stabilisé, au milieu de nombreuses carcasses fumantes, allemandes et anglaises.
………
Le même soir à Ohrid, près de la frontière albanaise, le jeune roi Pierre II, après avoir écouté la messe dite par le patriarche Gavrilo, s’embarque avec sa famille et son gouvernement dans un hydravion Sunderland de la RAF : le lac est le seul “terrain” encore utilisable. L’ex-régent Paul est du voyage : pas question de laisser aux Allemands de quoi constituer un gouvernement Quisling (ou Laval, selon les références). Le prince déplore à mi-voix l’abandon de sa collection de toiles de maîtres, qui, sans doute, ira grossir le trésor de Göring... L’attaché militaire britannique, le général Adrian Carton de Wiart, le foudroie de son œil unique. Le jeune roi Pierre est plus intimidé que jamais par cet impressionnant personnage, qui fulmine des jurons dans une demi-douzaine de langues. Il ne retrouve ses couleurs qu’une fois en vol. Il en a un peu honte, alors qu’il laisse derrière lui son pays envahi, mais le jeune roi adore les avions .
………
Frontière albano-grecque – Bataille navale d’Ingoumenitsa
Dans la nuit du 16 au 17, une escadre de six destroyers grecs, les Vasileus Georgios, Vassilissa Olga, Ydra, Spetsai, Psara et Kondouriotis, attaquent les navires italiens qui ravitaillent les troupes allemandes débarquées à Igoumenitsa, sur la côte nord-ouest de la Grèce. Les torpilleurs italiens Polluce et Pallade (survivant des batailles de Mer Tyrrhénienne) et le mouilleur de mines Durazzo sont coulés au canon et à la torpille, mais des vedettes lance-torpilles italiennes torpillent et coulent l’Ydra.
………
Bulgarie – Dans l’après-midi, les LeO-451 basés en Crète accomplissent leur premier raid sur la gare de Plovdiv. En l’absence de chasseurs modernes et la Flak étant pour une fois « plutôt réduite », diront les équipages, les 48 avions effectuent une passe de bombardement très précise. Sur le chemin du retour, leur vitesse leur permet d’échapper à l’interception par les Bf.110 qui ont décollé à l’annonce du bombardement.

Dans la nuit, quinze LB-30 français attaquent la même cible, avec succès, car les incendies allumés par les LeO-451 brûlent toujours et facilitent la visée.

Roumanie – La même nuit, dix-huit Stirling de la RAF attaquent Ploesti sans pertes, mais sans grands résultats, leur cible étant partiellement masquée par des nuages.
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.


Dernière édition par patrikev le Mar Mar 15, 2011 21:18; édité 5 fois
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gaullien



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MessagePosté le: Mar Déc 21, 2010 21:42    Sujet du message: Répondre en citant

les évenement du 27 avril sont dit 2 fois !
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patrikev



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MessagePosté le: Mar Déc 21, 2010 22:57    Sujet du message: Répondre en citant

Merci. Je corrige.
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- Le voilà, l'inconvénient majeur.
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Mer Déc 22, 2010 10:07    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a également un doublon au 10 Mai. Les phrases marquant la naissance de l'état croate sont en deux exemplaires exactement identiques sous les étiquettes "zagreb" et "yougoslavie".
_________________
"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
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patrikev



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Messages: 1774

MessagePosté le: Mer Déc 22, 2010 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

Heureusement que j'ai des lecteurs attentifs... Je rectifie et j'enchaîne. J'ai un peu remanié la phrase pour garder la mention de Zagreb.

28 mai
La campagne des Balkans
Grèce, front nord-ouest

Le Skandenberg Korps reprend son attaque vers Ioannina, mais il est de nouveau arrêté par les troupes grecques, malgré un soutien aérien continu de la Luftwaffe et de la Regia Aeronautica.

Grèce, front nord-est – Bataille de Véroia
La lutte se poursuit. Dès l’aube, les restes des brigades blindées britanniques venant de Véroia attaquent sur la rive gauche de l’Aliakmon, pour soutenir les troupes françaises qui poursuivent leur attaque sur l’autre rive et pour détruire les ponts de bateaux. Les chars anglais sont arrêtés par le tir des 88 mm AA, mais pas avant que trois des quatre ponts n’aient été détruits. L’offensive allemande est bel et bien brisée et seule une très étroite tête de pont subsiste sur la rive droite. Les Stukas vengent cet échec en s’en prenant aux torpilleurs grecs et en coulant l’Alkyone, le Doris et le Pergamos.
En fin de journée, le feld-maréchal List avertit le QG d’Hitler que l’offensive sur le front est doit être suspendue pour permettre aux troupes de se regrouper et de se réorganiser. Furieux de ce qui lui apparaît comme un nouveau et inadmissible retard, Hitler menace de démettre List de son commandement, et n’y renonce que sur les prières instantes de Jodl et de von Rundstedt. Il décide alors de convoquer pour le lendemain une conférence d’Etat-Major pour préparer une grande offensive destinée à "écraser une bonne fois pour toutes la résistance ennemie en Grèce. "
………
Etat indépendant de Croatie – Les Oustachis d’Ante Pavelic n’ont pas attendu que leur Poglavnik légifère en ce sens pour commencer leur politique de terreur contre les Serbes. En représailles au meurtre de deux agents des forces de sécurité croates la veille, 184 villageois serbes sont fusillés à Gudovac, près de Bjelovar (Slavonie), en présence du colonel Kvaternik, n°2 du régime oustachi.

12 juin
Šumadija (Haute Serbie)
– Le colonel Draža Mihailovic réunit quelques compagnons (7 officiers et 24 sous-officiers et soldats) sur le plateau de Ravna Gora près de Valjevo. Ils décident de rassembler les nombreux soldats yougoslaves piégés par l’avance allemande et de continuer la lutte au nom du jeune roi Pierre II et de son gouvernement en exil, sous le nom d’Armée yougoslave dans la Patrie (JVUO). Le vieux nom de Tchetniks (Četnik), qui désignait les guérilleros contre les Turcs puis contre les Germano-Autrichiens en 14-18, sera le plus employé. Ancien élève de l’Ecole de Guerre à Paris, Mihailovic compte beaucoup sur le soutien de la France. Il compte harceler les forces allemandes et gêner l’acheminement de renforts vers la Grèce.

28 juin
Jérusalem –
Le jeune roi Pierre II de Yougoslavie a choisi la ville sainte comme séjour temporaire de son gouvernement en exil. C’est, dit-on, le patriarche serbe Gavrilo Dozic qui lui avait recommandé cette destination avant son départ d’Ohrid . La ville du Christ Pantocrator, bien que sous mandat anglais, est en effet au-dessus des considérations temporelles. Et, note le général Carton de Wiart, « c’est un bon endroit pour s’exercer à ressusciter ».

4 juillet
Zagreb –
Ante Pavelic, Poglavnik croate, a beaucoup légiféré en moins de deux mois de pouvoir. Après la loi du 30 mai sur la protection du "sang aryen" des Croates, voici une loi sur la protection de leur "culture aryenne" . Dans ce cadre, les parcs, restaurants et tramways de Zagreb sont interdits "aux Serbes, aux Juifs, aux Tziganes et aux chiens". Dans tout le pays, les Oustachis ferment les églises orthodoxes et détruisent tous les signes de la présence serbe. Certains de leurs chefs encouragent la conversion forcée des Serbes au catholicisme. Mgr Stepinac, chef du clergé catholique croate, montre dans toute cette période une neutralité ambiguë.
Le même jour et dans le même esprit, se tient à Zagreb une réunion présidée par l’Obergruppenführer Siegfried Kasche, ambassadeur du Reich en Croatie. Il est décidé de déporter vers la Serbie plusieurs dizaines de milliers de Slovènes du Reich et plusieurs dizaines de milliers de Serbes de Croatie. Kasche, ancien chef SA rescapé de la purge qui a liquidé Röhm et ses amis en 1934, montre tant de zèle dans ses fonctions de purificateur ethnique que le Führer, l’année suivante, songera à lui pour le poste de commissaire du Reich pour la Moscovie – à supposer que l’Allemagne parvienne à conquérir la Moscovie, bien entendu.

5 juillet
Smederevo (au sud-est de Belgrade)
– Un important dépôt de munitions allemand explose, faisant plusieurs milliers de morts, dont le fils du général serbe Nedic. On ignore encore aujourd’hui s’il s’agit d’un accident et d’un attentat, mais l’événement survient au lendemain de la conférence de Zagreb et d’une vague de décrets anti-serbes, et peu après des massacres de Serbes par les Oustachis en Krajina et Herzégovine. Parmi les massacreurs, on compte aussi des Musulmans bosniaques, qui ont de vieux comptes à régler avec les Serbes.

10 juillet
Berlin –
Ante Pavelic est reçu par le Führer, d’une humeur massacrante depuis qu’il sait que son offensive aérienne contre la Crète va devoir être reportée. Cependant, Hitler fait bonne figure à son émule croate et encourage le Poglavnik dans sa volonté de nettoyer la Croatie. Il ne l’autorise pas à créer une flottille militaire dans l’Adriatique (dont les Italiens désirent faire leur propriété privée), mais il lui promet de l’aider à créer une flottille en mer Égée…

16 juillet
Albanie

Le roi Victor-Emmanuel III est en visite à Tirana en tant que roi d’Albanie. L’accueil des notables et de la population est courtois sinon enthousiaste. Seul incident à déplorer : un jeune homme, que la propagande présentera à tort comme un « Gréco-Macédonien », vide son pistolet sur la voiture. Ce mauvais tireur ne visait d’ailleurs pas le roi mais le Premier ministre albanais Shefqet Verlaci qui lui avait refusé un poste dans l’administration.


21 Juillet
Belgrade –
L’ingénieur Slavko Babic, alias Josip Broz, alias Tito, chef du Parti Communiste yougoslave clandestin, a réuni dans la capitale en ruines de l’ex-Yougoslavie les chefs de mouvements locaux de résistance à l’occupant. Comme beaucoup de Yougoslaves – y compris le général Dušan Simović, chef du gouvernement national d’avril-mai qui avait rejeté l’ultimatum allemand – Tito avait compté sur le soutien de la Russie et espéré qu’elle allait déclarer la guerre au Reich. L’inaction de Staline pendant que Hitler écrase l’un après l’autre les peuples slaves a ébranlé sa confiance dans la grande Union Soviétique. Cependant, il laisse entendre à ses camarades que cette inaction n’est qu’une stratégie pour gagner du temps et que Staline, en fait, lui a donné carte blanche – à lui, Tito – pour préparer en secret une insurrection. Compte tenu de la structure très centralisée des partis communistes et de la culture du secret qui caractérise les clandestins, cet énorme mensonge est accepté.
Même s’ils ne sont pas totalement dupes, ses camarades du Comité central, le Slovène Kardelj, les Monténégrins Djilas et Vukmanovic, le Serbe Rankovic sont aussi impatients d’agir que le Croate Tito. Il faut simplement que l’étiquette “communiste” et la référence à Staline n’apparaissent pas dans la propagande du Parti du Travail qui naît aujourd’hui – ce qui, d’ailleurs, facilitera le contact avec d’autres mouvements.

27 juillet
Monténégro
– Les Italiens ayant manifesté l’intention d’annexer ce qui avait été un royaume indépendant, les Monténégrins se lancent dans une insurrection populaire. Ces montagnards ont la fibre héroïque et s’emparent d’un certain nombre de positions italiennes. Mais ils vont vite se trouver à court de vivres et de munitions.

2 août
Yougoslavie occupée et démembrée
– Des rassemblements de résistants plus ou moins spontanés se forment en divers points du territoire ex-yougoslave. Le 6 juillet, c’était dans la forêt de Brezovica, près de Sisak en Slavonie ; aujourd’hui c’est à Srb en Krajina. Il est encore difficile de dire s’ils se rattachent aux Tchetniks de Mihailovic ou au mouvement rival qui commence à se dessiner autour de Tito.

19 août 1941
Médéa (Algérie)
- A l’expérience, Pierre II et son gouvernement se sont rendus compte que Jérusalem était un lieu très incommode pour coordonner leurs actions et celles de leurs alliés. La reprise de l’activité diplomatique les convainc de se rapprocher de leurs amis français. Médéa, modeste sous-préfecture, résidence de montagne au-dessus d’Alger et ancienne capitale d’Abd-el-Kader, leur offre le séjour de l’hôtel d’Orient : heureux rappel des gloires de l’armée d’Orient.
Les cérémonies ont été très simplifiées, car les Serbes orthodoxes, qui suivent le calendrier julien et non grégorien, sont encore dans le carême de l’Assomption. L’Eglise catholique d’Algérie a accepté, pour la durée de la guerre, de partager avec eux l’église Saint-Cyprien. En ce jour de la Transfiguration (calendrier julien), un bonheur n’arrive jamais seul : ils ont appris quelques heures plus tôt par la radio que Dieu avait châtié les perfides Bulgares, alliés de Hitler, par les bombes de la RAF.
Le gouvernement polonais s’est installé non loin de là, à Cherchell, tandis que les autres gouvernements en exil (Norvège, Grèce, Belgique, Hollande et Luxembourg) se sont établis à Londres.
L’ex-régent Paul, oncle de Pierre II, ne partagera pas son séjour : les Français, soucieux de le mettre hors d’atteinte d’un éventuel coup de main de l’Axe, l’ont envoyé en Martinique, où il passera le reste de la guerre sur les hauteurs de Fort-de-France, dans une agréable résidence baptisée Le Vieux Moulin (aujourd’hui transformée en hôtel de luxe) – histoire peut-être de consoler le prince de la perte de ses tableaux….

23 août
Belgrade –
Tito reçoit un message décourageant de Dimitrov, chef de l’Internationale communiste et œil du Kremlin pour les questions balkaniques : il n’est pas question que Moscou le suive dans sa stratégie aventuriste. Pendant de longs mois, Radio-Moscou restera totalement muette sur les affaires intérieures de l’ex-Yougoslavie. Tito sait maintenant que Staline ne va pas s’engager de si tôt dans le conflit – il ne va plus pouvoir soutenir que Staline a choisi une stratégie d’attente tout en préparant une insurrection généralisée.
Une fraction du PC yougoslave, le “groupe de Zagreb”, réuni autour d’Andrija Hebrang, affirme immédiatement sa fidélité aux consignes de Dimitrov et refuse la ligne titiste.
Mais Tito rejette "l’inaction clandestine" prônée par Moscou et va chercher des soutiens ailleurs – chez ceux qui se battent : les Français. Grâce à ses contacts parmi les anciens des Brigades Internationales d’Espagne, il a appris que Charles Tillon, député communiste destitué, vivait en semi-clandestin à Alger depuis le mois de mars 1941, où il assure un contact très officieux entre le gouvernement français et le PCF. Tillon, comme Tito, est un de ces communistes qui estiment que le Pacte germano-soviétique n’est pas une raison suffisante pour renoncer au combat antifasciste.
En attendant de trouver des appuis à l’étranger, Josip Broz compte sur ses partisans. Car, en un mois, son mouvement a pris de l’ampleur. Plusieurs groupes armés se sont constitués et ont commis des attentats contre les occupants et leurs collaborateurs, surtout contre les Oustachis haïs. La moisson est passée, ce qui veut dire que les paysans sont disponibles pour d’autres activités. Tito décide de sauter le pas et d’aller "dans la montagne". Il songe d’abord à rejoindre son lieutenant Rankovic à Uzice, en Serbie centrale, et même à "libérer" cette petite ville pour y proclamer un gouvernement provisoire. Mais il serait en concurrence avec les Tchetniks, et la forte présence des troupes allemandes, sur les dents depuis l’explosion de Smederevo, représente un trop grand risque. Sur le conseil de Dedijer, rédacteur en chef du journal clandestin Borba, c’est l’est de la Bosnie qui est retenu. Les Allemands ont choisi d’y laisser les mains libres à leurs alliés croates, dont les capacités militaires sont plus faibles. De fait, la première réaction de Zagreb sera de minimiser l’action des “bandits” dans sa propagande.

29 août
Monténégro –
L’insurrection populaire anti-italienne est retombée en un peu plus d’un mois, malgré les efforts de Djilas, envoyé comme représentant de Tito. Les Italiens ont repris à peu près toutes les positions qu’ils occupaient un mois plus tôt. Les Vulmentari, irréguliers albanais armés depuis avril 1941 par le hiérarque fasciste Giuseppe Bottai, en profitent pour faire des razzias en pays slave.

30 août
Jasenovac (Bosnie)
– Les Oustachis, toujours avides d’imiter leurs maîtres nazis, créent un camp de concentration où mourront près d’un demi-million de Serbes, Juifs et Tziganes.

1er septembre
Belgrade –
Après de longues négociations, le général Milan Nedic accepte la présidence d’un gouvernement serbe « de salut national » sous tutelle allemande. Les Allemands ont beaucoup plus de mal à trouver des collaborateurs en Serbie qu’en Croatie. Les fonctionnaires royaux restent le plus souvent en poste, mais ils y mettent un manque de zèle caractérisé.

13 septembre
Haute Serbie –
Mihailovic, chef des Tchetniks, accumule les ennuis avec ses émetteurs de radio : appareils trop faibles, méconnaissance des fréquences et des codes… Et aujourd’hui, quand, pour la première fois, il arrive à établir un contact prolongé avec un poste allié (en Crète), son signal est capté par la Funkabwehr. La Haute Serbie grouille de troupes allemandes : l’un après l’autre, les trop rares émetteurs des Tchetniks seront encerclés et perdus.

21 septembre
Višegrad (Bosnie)
– Les Partisans de Tito occupent pour quelques jours cette petite ville située sur la Drina, à l’est de Sarajevo. Juste le temps de visiter l’agence locale de la Banque nationale, et de se constituer un trésor de guerre qui leur sera bien utile.

5 octobre 1941
Banlieue de Belgrade –
L’arrestation du couple Ostojic prive les Partisans de leur dernière liaison radio. Isolés dans leurs montagnes, ils ont beaucoup de mal à maintenir le contact avec leur réseau d’informateurs urbains.

9 octobre (Problème de date, voir note*)
Ljubjana/Lubiana (Slovénie)
– Journée ville morte : la résistance yougoslave a fait le vide dans les rues. Les patrouilles italiennes obligent les commerçants à ouvrir leurs volets, mais que faire si personne ne veut rien acheter ? L’humiliation des Italiens est d’autant plus grande qu’ils voulaient célébrer ce jour-là l’anniversaire de la fondation du Parti Fasciste . Leurs fanfares défilent en vain dans les rues désertes : même les civils italiens, assez nombreux à « Lubiana », n’osent pas trop se montrer. Le général Mario Roatta avait oublié que le 9 octobre était l’anniversaire de l’assassinat d’Alexandre Ier de Yougoslavie, victime d’un sombre complot, sept ans plus tôt, où le Duce avait eu sa part...

28 octobre
Haute Serbie
– Lancées dans une vaste opération de répression contre les Tchetniks, les forces allemandes massacrent la population de Kragujevac : 2 300 à 7 000 victimes selon les sources.C’est le point culminant du nettoyage de la Serbie centrale et orientale organisé par le Befehlshaber Serbien, le général Franz Böhme.
L’organisation tchetnik mettra longtemps à s’en remettre, et la stratégie de Mihailovic est de plus en plus critiquée. Plusieurs groupes tchetniks passent en Bosnie, où certains se joignent aux Partisans, tandis que d’autres concluent des armistices locaux avec les Italiens.


4 novembre
Rogatica (Bosnie) –
Les Partisans se regroupent dans ce village proche de Višegrad, où ils lèvent pour la première fois sur la mairie le drapeau de la “République travailliste yougoslave” : deux épis de blé sur fond de drapeau tricolore yougoslave. Les fidèles de Tito marquent ainsi leur distance avec les royalistes de Mihailovic, et espèrent rallier ceux que leur origine ou leurs opinions éloignent de la monarchie serbe des Karageorges. C’est le cas de groupes indépendants qui se méfient du royalisme et du nationalisme grand-serbe des Tchetniks – ce qui n’empêche pas les Partisans d’accepter des éléments tchetniks dispersés par les opérations allemandes.


(*) A vérifier et rectifier: dans la chrono générale, cet épisode est passé par erreur à la date du 5 octobre. L'assassinat d'Alexandre Ier est bien du 9 octobre. Pour la fondation du PNF, j'ai plusieurs dates: le premier congrès à Florence le 9 octobre 1921, et la fondation "officielle" à Rome le 7 ou le 9 novembre. Il faudra que je trouve un ouvrage spécialisé pour éclaircir ce point.
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MessagePosté le: Mer Déc 22, 2010 23:46    Sujet du message: Répondre en citant

Juste une petite remarque : il faudrait rappeler de temps en temps le rôle de chacun (le lecteur "standard" connaît probablement Tito, mais guère plus). Exemple :
Citation:
29 août
Monténégro – L’insurrection populaire anti-italienne est retombée en un peu plus d’un mois, malgré les efforts de Djilas (représentant de Tito dans le pays).

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MessagePosté le: Jeu Déc 23, 2010 18:19    Sujet du message: Répondre en citant

patrikev a écrit:

(*) A vérifier et rectifier: dans la chrono générale, cet épisode est passé par erreur à la date du 5 octobre. L'assassinat d'Alexandre Ier est bien du 9 octobre.


Erreur de copier-coller de ma part. Neuneu
Il fallait m'en aviser directement !
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MessagePosté le: Dim Déc 26, 2010 19:58    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé, j'ai découvert les deux erreurs en même temps (le 5 au lieu du 9 et l'incertitude sur la date de fondation du PNF). Je continue (et j'ai mis en vert les titres et qualités de plusieurs personnages, merci Loïc).



4 novembre
Rogatica (Bosnie)
– Les Partisans se regroupent dans ce village proche de Višegrad, où ils lèvent pour la première fois sur la mairie le drapeau de la “République travailliste yougoslave” : deux épis de blé sur fond de drapeau tricolore yougoslave. Les fidèles de Tito marquent ainsi leur distance avec les royalistes de Mihailovic, et espèrent rallier ceux que leur origine ou leurs opinions éloignent de la monarchie serbe des Karageorges. C’est le cas de groupes indépendants qui se méfient du royalisme et du nationalisme grand-serbe des Tchetniks – ce qui n’empêche pas les Partisans d’accepter des éléments tchetniks dispersés par les opérations allemandes.

28 novembre
Bosnie – Opération Višegrad

Le 13e régiment d’infanterie croate et le régiment de cavalerie de Zagreb tentent d’encercler et de détruire les Partisans près de Višegrad. Les combats vont durer plusieurs jours, mais Tito et ses hommes pourront s’échapper.

1er décembre
Monténégro
– Les Partisans monténégrins tentent de reprendre l’ascendant sur les occupants italiens en attaquant la petite ville de Plevlja, au nord du pays, le jour de la fête nationale de Yougoslavie, anniversaire de la fondation du royaume. Les Partisans ont rassemblé 6 000 hommes, mais Plevlja est efficacement défendue par des éléments de la 6e Division alpine Alpi Graie. Faute d’artillerie et de tactique, les Partisans sont repoussés. Ils ont perdu beaucoup d’hommes et le plus gros de leurs munitions.

3 décembre
Bosnie – Opération Ozren
- Le régime croate, cette fois, met les moyens pour réduire les Partisans le long des rivières Bosna et Sprca : toute la 4e Division d’Infanterie croate, soit 6 581 hommes – 20 bataillons de Domobran (conscrits) et 4 ou 5 bataillons d’Oustachis, avec 60 à 70 pièces d’artilleries et trois trains blindés. En huit jours de combats, les attaquants vont subir des pertes notables (350 morts, de nombreux blessés), mais parviennent à déloger les Partisans.
Tito transfère son QG dans les monts Romania, au nord-est de Sarajevo. Il décide d’envoyer un de ses lieutenants, Koča Popović, à Istanbul, d’où il essaiera de rejoindre Alger afin d’y demander du secours. La France n’est-elle pas l’amie de tous les peuples libres ?

5 décembre
Foča (Bosnie) –
Le commandant tchetnik Sergei Mihailovic (sans lien de parenté avec le colonel, entre temps devenu général) occupe la petite ville de Foča, au sud-est de Sarajevo, et massacre 300 habitants musulmans, accusés de sympathies pour les Oustachis. Cet épisode va durablement entacher la réputation des Tchetniks.

Pittsburgh (Pennsylvanie), 7 décembre, 14h00 (heure de Washington) – Ivan Šubašić, « ban » (gouverneur) en exil de Croatie au nom Sa Majesté Pierre II de Yougoslavie, est très déprimé. Sa tournée de propagande aux Etats-Unis a été un cauchemar. Il a fallu faire des réunions séparées pour les Croates et les Serbes, les uns et les autres nombreux dans cette grande ville industrielle : les réunions communes se changeaient en échanges d’injures et de coups de poings. La plupart des Croates refusent de croire aux atrocités dont on accuse les Oustachis, ils y voient une propagande chauvine des Serbes. Et à l’inverse, les Serbes crient au mensonge quand on parle de représailles sanglantes exercées par les insurgés serbes contre les Croates. Šubašić, qui est croate et qui a cru à la Yougoslavie, se sent dépassé. Il a trop connu les humiliations, les brimades que les peuples constitutifs n’ont cessé de s’infliger l’un à l’autre. Ce midi encore, au restaurant, ses invités, quelques personnalités bien choisies pourtant, se sont encore querellées au moment du café. Parce que les deux peuples parlent presque la même langue, mais que les Croates disen "kava" et les Serbes "kafa", sans doute pour faire oublier que les Serbes ont été sujets des Turcs qui, eux, disent "kahve". Pour calmer les esprits, le patron du restaurant (un Slovène) a allumé la radio. Un bulletin d’information interrompt la musique tzigane. C’est tellement énorme qu’au début, Šubašić se demande si ce n’est pas un canular, comme cette fameuse émission de radio qui annonçait une invasion des Martiens… Non : le Japon a attaqué les Etats-Unis. L’Amérique est en guerre ! Le Japon est allié de l’Allemagne, donc la puissante Amérique va combattre l’Allemagne et libérer leur patrie du joug nazi ! Šubašić a encore des doutes, mais il évite de les exprimer. Déjà, Croates, Serbes, et l’aubergiste slovène tombent dans les bras les uns des autres, s’embrassent et entraînent le ministre dans une ronde effrénée. Vive l’Amérique ! Vive la Yougoslavie ! Pour la première fois depuis l’indépendance du royaume, il y a vingt-deux ans, il est heureux d’être yougoslave.

15 décembre 1941
Nulle part, près de Djidjelli (Kabylie) –
Des officiers yougoslaves et français s’entraînent dans une base secrète organisée par le 2e Bureau, où ils reçoivent une formation de radios et d’instructeurs de guérilla. Les Yougoslaves ont choisi un village kabyle pour l’entraînement aux opérations de rue. Ils ont en effet été frappés par la ressemblance entre les villages algériens de l’intérieur, avec leurs pauvres maisons basses et leurs ruelles, et les villages de Macédoine ou du Kosovo.

20 décembre
Istanbul –
Koča Popović, émissaire de Tito, joue de malchance. Alors qu’il espérait prendre un avion pour Alger (par Beyrouth, Le Caire, Tripoli et Tunis), il apprend que tous les vols vers la Méditerranée occidentale sont annulés jusqu’à nouvel ordre. En fait, le passage du convoi Long Sword vers l’Extrême-Orient provoque une intensification des opérations navales et aériennes fort dangereuse pour un avion civil.
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MessagePosté le: Dim Déc 26, 2010 21:38    Sujet du message: Répondre en citant

À la réflexion, je me demande s'il n'y a pas trop d'action armée en Yougoslavie en 1941. Je m'explique : une fois la campagne de Grèce achevée et hormis les escarmouches en Egée, les Allemands ont une énorme masse de troupes inutilisées. Une bonne partie est certes déployée face aux Soviétiques, mais il reste de la marge. Il en est de même pour les Italiens. Toute action de résistance un tant soit peu trop voyante ou provocatrice sera donc réprimée dans le sang.

À mon avis, l'action armée en Yougoslavie devrait redémarrer juste avant Crusader : sabotage des voies ferrées, attaques d'aérodromes, etc. N'oublions pas que les voies logistiques sont assez fragiles dans les Balkans.

Les Alliés devraient donc demander aux divers mouvements de résistance yougoslaves d'économiser leurs forces et d'éviter d'attirer l'attention en attendant.
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MessagePosté le: Dim Déc 26, 2010 22:57    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai essayé d'expliquer ce point.

Mihailovic lance son mouvement le 12 juin 41 (le 11-12 mai OTL, avant Barbarossa), alors que la campagne de Grèce dure encore, avec l'idée de gêner les mouvements des troupes allemandes vers le sud. C'est un choix téméraire, mais stratégiquement défendable. Dans les mois suivants, la férocité de la répression allemande en Haute Serbie l'oblige à réduire son activité, mais les réserves allemandes continuent de ratisser cette région pour éliminer les derniers foyers.

Tito, OTL, affronte pour la première fois les Allemands lors de sa brève libération d'Uzice en septembre 41. FTL, j'explique qu'il renonce à cette action, précisément pour les raisons que tu dis: trop de troupes allemandes en Serbie. En-dehors de l'épisode d'Uzice, il affronte surtout les Croates et les Italiens.

Les Allemands (c'est vrai OTL) laissent les mains libres à Pavelic et ne commencent à intervenir directement en territoire croate qu'en janvier 42 (opération "Süd-Kroatien I").

L'Italie, directement menacée sur son sol (Sardaigne), ne peut pas consacrer beaucoup plus de troupes qu'OTL au théâtre balkanique.

Les Yougoslaves n'en font qu'à leur tête, c'est un de leurs côtés charmants, ils résistent parce qu'ils ont envie de résister, et ils ne peuvent pas suivre les consignes de Londres ou d'Alger avec qui ils n'ont, pour le moment, aucune communication.

A partir de février 42, Crusader/Croisade, les Alliés comprendront très bien l'utilité de bloquer le maximum de troupes de l'Axe au nord des Balkans. Mais n'anticipons pas.
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MessagePosté le: Lun Déc 27, 2010 11:51    Sujet du message: Répondre en citant

Ce que je voulais dire, c'est que du côté allemand, si on s'aperçoit que les Italiens (qui sont à peu près tranquilles entre la reconquête de la Sardaigne et Crusader) ou les Croates ont des difficultés, ils n'auront aucune hésitation à venir leur prêter main forte pour ne pas laisser un mouvement insurrectionnel s'implanter. Ils ont des quantités de division d'infanterie qui se tournent les pouces.

Je ne suis pas persuadé de l'absence totale de communications entre les résistants yougoslaves et les Alliés, y compris par le biais de l'armée yougoslave en exil qui va immanquablement vouloir influencer les choses (et qui aura laissé des hommes en arrière).
Les radios posent problème, mais il y a d'autres moyens, certes plus lents.
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MessagePosté le: Lun Déc 27, 2010 22:05    Sujet du message: Répondre en citant

Mussolini et Pavelic, pour des raisons de prestige intérieur, n'ont pas tellement envie de faire intervenir les Allemands dans leurs affaires. Il faudra attendre que la situation soit nettement dégradée pour que Hitler décide d'intervenir (comme il l'a fait lors de la guerre italo-grecque début 41).

Le manque de communications au départ, je sais, ce n'est pas vraisemblable, mais c'est la situation OTL. L'armée yougoslave a laissé une ébauche d'organisation secrète dans le pays (en fait, c'est un des fondements du mouvement tchetnik), mais avec des moyens insuffisants et aucune culture de la clandestinité. OTL, l'Abwehr a mis très peu de temps à apprendre les noms, prénoms et fonctions de tous les chefs tchetniks grâce à leurs radios en clair, et ce n'est qu'un échantillon.

Nous avons tendance à prêter aux premiers résistants (et c'est aussi vrai pour les Français et les Grecs) une pratique des liaisons, des cloisonnements, etc, qu'ils n'ont acquis que peu à peu et après des séries d'erreurs tragiques.
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MessagePosté le: Lun Jan 17, 2011 21:04    Sujet du message: Répondre en citant

Et maintenant, le volet grec de cette chrono. Si on préfère, je peux le fusionner avec le volet yougoslave, mais cela ne me paraît pas indispensable pour le moment: les débuts de la résistance dans les deux pays sont assez distincts. Ce sera sans doute différent en 1942.
_______________

16 septembre 1941.
Beyrouth
– Le professeur Charles Picard est un éminent archéologue, ci-devant directeur de l’Ecole française d’Athènes. Il est aussi, fait moins connu, le chef de la cellule Grèce du 2e Bureau français. En ce moment, il a fort à faire pour recevoir les nombreux réfugiés grecs, venus de Grèce ou ayant transité par la Grèce, et pour séparer les authentiques héros des éléments troubles ou douteux. Il est vrai que ses collègues anglais du Caire en reçoivent dix fois plus, mais eux bénéficient d’un budget confortable et d’un commandement militaire compréhensif.
Heureusement, Alger lui a envoyé du renfort : le général Nikolaos Plastiras et l’universitaire Komninos Pyromaglou, deux Grecs républicains, très francophiles, exilés en France par la dictature de Metaxas. Un an plus tôt, à Marseille, en plein Déménagement, le préfet des Bouches-du Rhône Paul Bouët leur a fourni tous les papiers nécessaires pour gagner Alger. Ils vont aider Picard à faire le tri.
Cependant, pour le gouvernement royal en exil, ces conspirateurs républicains sentent encore le soufre, car Plastiras n’a pas varié dans ses convictions : lorsque l’ambassadeur grec à Beyrouth est venu lui proposer une amnistie et un siège au gouvernement s’il faisait allégeance à Georges II, le général l’a envoyé se faire voir chez les… Anglais. Le général Adrian Carton de Wiart, à présent chargé par le général Wavell d’assurer la liaison avec les forces grecques et yougoslaves libres, est alors venu lui rappeler que la Grèce est la chasse gardée de la Grande-Bretagne, quia nominor Leo* , et qu’une intrusion des Français serait considérée comme inamicale envers Leurs Majestés Georges VI et II. Leurs Majestés ont leur propre réseau de renseignement en Grèce, appelé Prométhée, et leurs fidèles alliés sont priés de ne pas interférer. Picard accepte donc se cantonner à un travail discret auprès des exilés grecs. Pour le moment.


(*) « Parce que je me nomme Lion ». Adage latin couramment utilisé dans les cours de récréation, sous la forme légèrement modernisée : « Parce que c’est moi le plus fort, alors tu te casses. »


18 septembre
Londres
– Après la conférence et le dîner officiel, à l’heure du café et des cigares, Churchill prend à part De Gaulle.
– Dites-moi, mon cher ami, nous n’allons pas en parler tout de suite à nos amis américains, mais grâce aux livraisons de leurs usines, nos armées seront bientôt prêtes à retourner dans les Balkans. Toujours d’accord ?
– Bien sûr… Dans la mesure où il s’agira d’une opération de diversion, qui ne nous fera pas perdre de vue nos objectifs principaux, n’est-ce pas ? Nos forces seront prêtes au plus tard en février.
– Eh bien, voilà une affaire vite conclue, comme je les aime. Inutile de trop entrer dans les détails. D’ici là, nos special teams vont tâter la terre, comme vous dites.





18 octobre
Alger
– Une conférence interalliée jette les bases d’une future opération amphibie en Grèce, prévue pour février ou mars. La conférence réunit Sir Winston Churchill et le général Dill du côté britannique, Paul Reynaud et le général de Gaulle du côté français, les généraux Simovic pour la Yougoslavie et Papagos pour la Grèce. Reynaud est le seul à n’avoir aucune expérience militaire, ce qui l’agace considérablement. Encore a-t-il réussi à tenir à l’écart le général Giraud, qui se considère (pas tout à fait à tort) comme le premier initiateur de l’idée.
Pratiquement, les ministres ne font qu’officialiser un plan déjà mûri par leurs services. L’objectif de l’opération sera le Péloponnèse. La cible est modeste et les gains possibles sont limités, mais les Alliés doivent faire quelque chose qui montre à l’opinion mondiale et aux peuples des pays occupés – avant tout au peuple français – que les Alliés ne sont pas bannis du continent européen et condamnés à la défensive.
Papagos est déçu qu’on ne vise pas tout de suite Athènes, et Simovic encore plus qu’on n’envisage aucune action en Yougoslavie. Mais, vu le déséquilibre des forces terrestres, la reconquête d’une péninsule est temporairement un maximum.
Paul Reynaud, qui tient à mettre son grain de sel, profite de l’occasion pour demander à Papagos de faire œuvre de réconciliation en amnistiant les anciens conspirateurs républicains, le général Plastiras en tête. Papagos, royaliste convaincu et qui a une rancune personnelle contre Plastiras, refuse sèchement.


28 octobre
Drama (Macédoine grecque) –
Dans cette zone d’occupation bulgare, la foule rassemblée pour la Saint-Demetrios, furieuse de la politique de bulgarisation, laisse éclater sa colère. La population grecque se rue sur les soldats des troupes d’occupation. La révolte gagne vite d’autres localités de la région. La répression bulgare sera féroce : 15 000 tués, des dizaines de milliers de déplacés. Les services français et britanniques l’apprendront avec un temps de retard. Ils prendront alors conscience à la fois du potentiel insurrectionnel de la Grèce et de l’insuffisance de leur couverture de cette région.
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patrikev



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MessagePosté le: Lun Jan 17, 2011 21:11    Sujet du message: Répondre en citant

12 novembre
La Résistance en Europe
Athènes –
Komninos Pyromaglou arrive à Athènes. Cet exilé grec républicain s’est vu confier une mission délicate par le 2e Bureau français de Beyrouth : créer un réseau de renseignement et de résistance en Grèce occupée. Quelques mois plus tôt, le professeur Picard avait loyalement transmis les coordonnées de ses contacts en Grèce au réseau Prométhée, organisé par les Britanniques. Mais Prométhée ne répond plus, ses postes radio deviennent muets après avoir transmis des renseignements de plus en plus douteux : bref (dit Picard qui sait ses classiques), Prométhée s’est fait dévorer le foie par l’aigle germanique. Les Français ont donc décidé de prendre l’initiative…
Picard avait demandé un transport par sous-marin, mais ceux-ci étaient très pris par les opérations en Corse. C’est donc le sieur Alexatas, roi de la contrebande à Athènes, qui a assuré le transport de Pyromaglou à bord d’un caïque de pêche. Alexatas a mis en garde les Alliés contre les traîtres possibles, et surtout contre un certain colonel Zervas, qui jouerait double jeu. De fait, la disparition de Prométhée suffirait à rendre Pyromaglou méfiant.
A Athènes, Pyromaglou se découvre un tout autre souci : il arrive dans un pays en pleine famine. Des femmes, des enfants, des mutilés de guerre mendient à tous les carrefours. Des hommes amaigris et vacillants essaient de vendre leurs derniers biens pour manger. La récolte de 1941, perturbée par la mobilisation et les combats, a été très mauvaise et les occupants en ont encore prélevé une grande partie. Le cours de la monnaie grecque s’est effondré, et les monnaies d’occupation, « Reichskreditkassenschein » allemands ou « drachme méditerranéenne » des Italiens, commencent à en faire autant. Et on n’est qu’en novembre… De plus, Pyromaglou est déçu par le comportement des politiciens d’Athènes : ils ont beau se prénommer Périclès, Agamemnon ou Sophocle, ils sont rarement à la hauteur de l’héroïsme de leur nation.


29 novembre
La Résistance en Europe
Athènes –
Les occupants et leurs auxiliaires ratissent la ville, raflant tous les suspects qu’ils rencontrent. Le bombardement anglais de la veille les a mis de très mauvaise humeur. Aussi, quand Komninos Pyromaglou voit sa porte forcée par quatre hommes robustes, en civil mais armés de revolvers, son premier réflexe est de sauter par la fenêtre. Trois hommes le retiennent de justesse. Le quatrième, qui semble le chef, éclate d’un rire homérique (bien entendu). « Eh bien, professeur, vous n’êtes pas content de me voir ? On vous a raconté du mal sur mon compte ? » Puis l’homme lui tend un étui à cigarettes égyptiennes – un luxe, en cette ère de pénurie – et ajoute : « Je connais votre adresse depuis des semaines, et vous voyez, c’est moi qui viens et pas la Gestapo.Ce chien d’Alexatas a médit de moi ? Il vendrait sa mère et trahirait son père s’il pouvait y gagner de l’argent ».
Le colonel Zervas, prénommé curieusement Napoleon, est disposé à coopérer avec Pyromaglou et à fonder un mouvement de résistance sous l’étiquette EDES : Union nationale grecque républicaine. Mais, ajoute-t-il, « j’aimerais autant vous emmener chez moi en Epire. On y mange mieux et on y voit moins de figures de traîtres. »
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Mar Jan 18, 2011 10:34    Sujet du message: Répondre en citant

Ce n'est pas aussi baroque que pour les yougoslaves, mais c'est un bon début pour la résistance grecque. Puisqu'il y a des problèmes d'unité politique chez les Hellènes, ne devrait-il pas y avoir la montée en puissance de différents mouvements/réseaux de resistance? A côté des républicains, il devrait y avoir les royalistes, les communistes, ...
De même, la contre-offensive de Rommel après le débarquement au Péloponnèse devrait être l'occasion d'un grand ménage chez les grecs. OTL le premier ministre en fonction au moment de "Maritza" et "25" s'est suicidé devant l'effondrement de son pays. FTL, il devrait être évacué et survivre (politiquement et physiquement) jusqu'au printemps 42 ou il se supprime de désespoir devant l'échec relatif de l'opération dans le péloponnèse. Les alliés pourraient en profiter pour "abdiquer" le roi en faveur de son frère et faire pression (amicalement bien sur) pour la formation d'un gouvernment d'union nationale et l'unification des réseaux/mouvements de résistance.
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