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Ah, les Tropiques (Nouvelle-Guinée 3, Kokoda 3ème partie)

 
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Jan 18, 2007 18:52    Sujet du message: Ah, les Tropiques (Nouvelle-Guinée 3, Kokoda 3ème partie) Répondre en citant

Notre ami Mark apporte de nouveau sa contribution aux activités de l'office du Tourisme de Nouvelle-Guinée.
Ceci n'est qu'une intro, la suite est plus croustillante.
(au fait, nous revenons ici en 1942, attention au décalage temporel)

Kokoda, 12 au 31 Juillet 1942

Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Les Japonais stoppés net devant Myola, les Australiens bénéficient d’un moment pour reprendre souffle. Ils l’utilisent au mieux.
« Le Brigadier Wootten, comme beaucoup d’officiers et de soldats de l’Australian Imperial Force (AIF), avait jusqu’alors considéré avec mépris les “Chocolate soldiers” de l’Australian Militai Force (AMF). Mais quand, le 11 juillet 1942, sa 18ème Brigade (de la 7ème Division) eut atteint Templeton’s Crossing au terme d’une terrible marche forcée, porté secours au 49ème Bataillon (30ème Brigade AMF) et découvert les ultimes survivants du 39ème Bataillon, il changea complètement d’avis sur les capacités combatives de l’AMF (comme sur celles des Japonais d’ailleurs). » (B. Marcus, Les Forces Armées Australiennes dans la Deuxième Guerre Mondiale)
Wooten concentre deux de ses trois bataillons (2/9 et 2/10) devant Templeton’s Crossing, avec le 2/12 en réserve trois km en arrière, là où la Piste traverse Eora Creek. Pendant qu’ils montent la garde, tout ce qu’on peut trouver d’avions de transport disponibles en Nouvelle-Guinée se hâte d’accumuler du matériel à Myola.
L’un des rares Ju-52 survivants des mines d’or de Wau vaut dans cette tâche son pesant de métal précieux. La plus grande partie du toit de son fuselage a en effet été enlevée pour lui permettre d’emporter du matériel d’excavation de Lae à Wau. Mais pour débarquer le matériel ainsi transporté, il faut une grue – et à Myola, point d’engin de ce genre. L’atelier de Yeap Chooi Yeong, à Port Moresby, réussit alors à fabriquer une grue fort ingénieuse, qui est transportée en pièces détachées à Myola. Une fois remontée, elle permet de décharger de volumineux objets du Ju-52 “décapoté”, et d’abord quatre camions américains à quatre roues motrices, dépouillés de tout sauf de l’essentiel, les fameux “camions squelettes de Myola” – rien d’autre qu’un châssis, un moteur et des roues (le siège du conducteur est en bois découpé sur place, comme le plateau du camion). Grue et camions libèrent plus de 800 hommes, qui n’ont plus à jouer les porteurs entre les terrains et les dépôts de Myola. Du coup, Wootten va pouvoir prendre l’offensive dès le 1er août, tout en améliorant peu à peu la situation de ses approvisionnements.
La clé de cette logistique est le transport aérien, dont l’épine dorsale est, et restera pendant des mois, la Force Aérienne des Indes Néerlandaises (NEIAF). L’écho donné par la presse à leur rôle essentiel est un baume pour le moral des forces hollandaises exilées en Australie, car il s’agit visiblement d’une précieuse contribution à la guerre contre les Japonais. Par ailleurs, le travail des équipages des Lodestar attire l’attention de Lockheed, car les Hollandais adressent à la firme une série de recommandations destinées à améliorer l’utilisation de la machine en milieu tropical. Celles-ci en disent long sur les épouvantables conditions de vol et la façon sauvage dont les machines sont utilisées. De petites choses révèlent crûment la nature de la campagne, comme la demande de pneus beaucoup plus résistants, d’amortisseurs plus puissants… ainsi que d’une légère cambrure du plancher de cabine et de la suppression du petit rebord de la porte arrière du fuselage, afin de pouvoir plus facilement nettoyer le sang des blessés. Les ouvriers de la chaîne d’assemblage de Lockheed, ayant entendu parler de ces requêtes, créent un insigne spécial pour les équipages de la NEIAF, l’insigne “NEIAF High Jungle Lodestar Warrior”, à la grande joie des équipages hollandais. Ces derniers y ont droit après 20 trajets Myola-Port Moresby avec des blessés ou des malades. En quelques semaines, il devient complètement impossible pour un homme portant l’un de ces insignes durement gagnés (appelés “Myola Patches” par les Australiens) de payer de sa poche une bière, où qu’il soit, en présence d’un membre de l’AMF ou de l’AIF .
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Casus Frankie

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MessagePosté le: Jeu Jan 18, 2007 21:29    Sujet du message: Répondre en citant

l'anecdote du ju 52 decapotée est veridique?
si c'est le cas le pilote devait en avoir une paire comme des noix de coco! j'ai eu l'occasion de voir voler un ju 52 et vu la vitesse quasi luminique de l'engin on comprend mieux les pertes en crete, alors decapoté, à pleine charge et avec des machins derrieres... il devait avoir une frousse de tout les diable de faire la moindre manoeuvre qui risque de destabiliser ou decrocher l'appareil
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Jan 19, 2007 00:01    Sujet du message: Répondre en citant

Connaissant Mark, l'anecdote est à coup sûr véridique. Je crois vraiment qu'il y a des Australiens qui en ont.

1 August 1942
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Après presque trois semaines de préparation et de patrouilles, Wootten commence à avancer sa 18ème Brigade sur la Piste de Kokoda le long d’Eora Creek. Les Japonais, qui ont eux-mêmes fait de leur mieux pour se renforcer, les attendent au village d’Eora, mais ce n’est pas tout de suite visible. De Templeton’s Crossing au village, il n’y a que six km, mais le terrain est accidenté – deux heures et demi de marche difficile pour un homme en forme et ne portant aucune charge. Sur les deux premiers km, les Japonais n’opposent aucune résistance. Ils ne vont commencer à se raidir qu’à 3 km du village.
Il faut rappeler que la piste qui va de Templeton’s Crossing à Eora suit la rive droite du canyon d’Eora Creek. Avant d’atteindre le village, la piste grimpe à flanc de montagne au milieu d’une forêt vierge saturée d’humidité jusqu’à ce que le grondement du torrent glacé qu’est Eora Creek ne soit plus perceptible. De la piste, dans la jungle, la visibilité est nulle – dix mètres, peut-être. La piste traverse à angle droit quatre crêtes en lame de couteau avant de plonger dans la pente jusqu’à la saillie où s’accroche le village d’Eora, puis va retraverser le torrent.
Wootten fait progresser quatre compagnies de front. Les hommes cheminent au milieu d’une jungle épaisse où de l’eau dégouline de toute part, sur d’épaisses couches de mousses et de champignons et des amas de feuilles pourries. A chaque pas, les soldats de l’AIF découvrent des preuves de la résistance acharnée opposée par l’AMF durant leur retraite après la bataille d’Eora Creek – beaucoup de ceux que plus personne n’appelle “Chocolate soldiers”, qui dorment de leur dernier sommeil. Il faut ramasser les plaques d’identité et marquer les endroits où reposent les corps.
La première crête est atteinte sans incident avant la tombée de la nuit. Au sommet se trouve un arbre, un parmi des milliers d’autres, mais à son pied est allongé le cadavre pourrissant d’un homme qui fut de haute taille. Tout autour de lui gisent les restes de onze Japonais. C’est Sam Templeton. La crête est immédiatement baptisée Templeton’s Stand.

2 August 1942
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Avant l’aube, les hommes de la 18ème Brigade se remettent en marche.
A la deuxième crête, ils se rencontrent leurs premiers Japonais et une série de brèves actions commence, opposant des petits groupes d’hommes, sections ou escouades. Les Japonais ont construit de nombreuses petites positions très bien camouflées. Chacune oppose une résistance brève quoique mortellement dangereuse, mais les défenseurs se replient vers la troisième crête quand les Australiens commencent à les envelopper.
La troisième crête est plus sérieusement défendue, autour de quatre petites saillies. Chacune de ces positions comprend quinze ou vingt trous d’hommes autour d’un nid de mitrailleuse légère. Le tout est si bien caché que les hommes de l’AIF ne découvrent la présence de l’ennemi que lorsque des tirs venant de positions impossibles à voir à plus de quelques mètres éclatent au milieu d’eux, provoquant de lourdes pertes.
Rien à voir avec les combats contre les Italiens en Afrique...
Petit à petit, les Australiens avancent et entourent les positions japonaises, mais il faut alors les prendre d’assaut et aller chercher chaque Japonais de son trou en lançant une micro-attaque féroce. Les Japonais – une compagnie environ – combattent cette fois jusqu’à la mort. Peu avant le crépuscule, la dernière des quatre position est nettoyée. Les Australiens passent la troisième crête et se dirigent vers la quatrième.
C’est là qu’ils se heurtent à la principale ligne de défense japonaise, devant le village d’Eora. Un orage de tirs venus de mitrailleuses légères et de lance-grenades repousse alors les attaquants jusqu’à l’abri de la troisième crête. Dans la nuit, les deux compagnies les plus touchées sont relevées. Leurs remplaçantes sont immédiatement engagées dans une série de petites attaques de reconnaissance. Peu après minuit, les combats s’apaisent. Trois compagnies accrochent l’ennemi de face et la quatrième commence à contourner son flanc, mais elle aura besoin de toute la nuit pour y arriver.
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MessagePosté le: Ven Jan 19, 2007 16:22    Sujet du message: Répondre en citant

3 August 1942
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Juste avant l’aube, mitrailleuses et mortiers australiens ouvrent le feu, visant ce qu’ils peuvent voir des positions ennemies, et l’assaut commence. Le combat se déroule sous une pluie battante et froide, qui tombe sans discontinuer tandis que de sauvages orages électriques fouettent les sommets. Les nuages bas qui écrasent le champ de bataille sous un couvercle gris acier donnent à la scène un aspect presque mystique, mais la brume molle est pleine de métal hurlant. C’est un rêve (ou un cauchemar) pour un cinéaste – et de fait, la bataille est filmée ! En effet, la brigade est accompagnée de deux opérateurs de cinéma, dont le film deviendra le documentaire emblématique de cette campagne dans la “jungle d’altitude”, sans cesse repris au cinéma ou à la télévision chaque fois que l’on évoquera la guerre en Nouvelle-Guinée : Le Septième Cercle de l’Enfer : la seconde bataille d’Eora.
Le combat pour la quatrième crête est furieux, mais les hommes de l’AIF ont déjà beaucoup appris sous l’effet d’un brutal mécanisme darwinien – évolue ou meurs – et grâce aux conseils des survivants de l’AMF. De front, de petits groupes d’hommes lancent une série d’attaques, mitraillant généreusement le pied des arbres et autres positions probables des Japonais. Les tirs des défenseurs infligent des pertes sévères à ces téméraires, mais leurs coups d’épingle couvrent le déclenchement d’une violente attaque de flanc lancée par l’ensemble de la compagnie qui a pu se placer en position de débordement. Les hommes doivent commencer par escalader une pente à 40°, mais ils n’en bousculent pas moins les Japonais, avant d’être contre-attaqués par une charge sauvage à la baïonnette, menée par des officiers brandissant leurs sabres. Le choc à l’arme blanche dure vingt terribles minutes. Dans la brume qui gêne toute tentative de les ajuster au fusil avant qu’il soit trop tard, deux des officiers font un massacre dans l’infanterie australienne, avant d’être abattus à la baïonnette. Parmi les Australiens, deux ne sont armés que d’une caméra, mais ils réussissent à filmer les cinq minutes les plus sanglantes, et à survivre. L’un des opérateurs fixe ainsi sur la pellicule la mort de l’un des officiers japonais, tué par le Sergent McKibbon (compagnie B, 2/9ème Bat.), après deux interminables minutes de combat entre sabre et baïonnette.
A midi, les dernières poches où des Japonais résistent furieusement sur la crête sont exterminées. A ce moment, le 2/12ème, formant une réserve raisonnablement fraîche, s’élance vers le village d’Eora. Les troupes percent les dernières résistances japonaises sur 800 mètres avant de déboucher des broussailles sur la zone découverte qui s’étend devant le village. Celui-ci n’est normalement qu’un misérable hameau de huttes moisies, mais les Japonais l’ont considérablement transformé. Les Australiens sont accueillis par des tirs extrêmement violents, pendant que la tempête se déchaîne – tonnerre, éclairs et pluie aveuglante poussée par un vent si violent qu’elle tombe presque à l’horizontale. Bloqués, les hommes cèdent à regret un peu de terrain et se retranchent à la lisière de la brousse. Il va falloir se battre pour Eora.
Visiblement, la lutte ne fait que commencer. Il n’y a nulle part, de Port Moresby à Kokoda, une meilleure position défensive où arrêter une force venant du sud. Venant de Templeton’s Crossing, le torrent dévale au fond d’une gorge humide, lugubre et toujours plus profonde jusqu’à ce qu’il reçoive un affluent arrivant du sud-est. Les remous créés par la rencontre de ces torrents ont creusé autour du point de confluence une sorte de vaste fosse. Là, les eaux froides bouillonnent et rugissent autour de blocs géants de roche dure. Juste au dessus et juste au dessous du confluent se trouvent deux ponts, tous deux reconstruits par les Japonais. Comme la piste, après avoir escaladé puis dévalé les crêtes, approche du premier pont, elle traverse une zone dénudée qui forme un parfait champ de tir, puis plonge jusqu’à une sorte de corniche où se trouve le hameau, avant de descendre encore plus bas, jusqu’au confluent. La piste est dominée sur trois côtés par des crêtes couvertes de jungle.
Les Japonais ont fortifié tout cela en y semant des bunkers, des tranchées et des trous d’homme. Là, près de 2 000 soldats, avec deux batteries de canons de montagne de 70 mm, attendent les hommes fatigués du Brigadier Wootten. Leur principal handicap – que les Australiens ne peuvent évidemment qu’espérer : ils manquent quelque peu de ravitaillement.

4 August 1942
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Wootten demande l’aide de la RAAF et des Boomerang, Wirraway et Battle font de leur mieux pour bombarder les positions japonaises. Les Hurricane de couverture sont attaqués à deux reprises par des Zéro venus de Lae. Trois Hurricane et deux Zéro sont abattus, mais les chasseurs japonais ne parviennent à passer qu’une fois l’écran australien – malgré une résistance acharnée, un Boomerang est abattu. Le pilote saute, son parachute s’ouvre juste au dessus du sol et le 2/9ème Bataillon envoie aussitôt une escouade le récupérer. Elle y parvient malgré une patrouille japonaise, mais le pilote, blessé, refuse d’être évacué et demande à parler au Brigadier Wootten lui-même ! « Maintenant que j’ai vu la situation d’en haut et d’en bas, explique-t-il, je peux vous dire qu’on n’y arrivera jamais s’il n’y a pas avec vous un type de chez nous pour parler en direct aux pilotes qui essayent de vous aider. Je suis là, j’y reste. »

5 August 1942
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Les combattants au sol reprennent leur souffle. A l’aube, un Lodestar hollandais dépose à Myola une radio de la RAAF permettant de contacter directement les avions, avec son opérateur, et tous deux sont expédiés en première ligne. Tard dans la soirée, ils rejoignent le pilote blessé.
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MessagePosté le: Ven Jan 19, 2007 17:36    Sujet du message: Répondre en citant

Bientôt des Grenouilles chez les Papous...

6 August 1942
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
La précision des Wirraway s’accroît nettement, mais Wootten comprend que ses hommes vont malgré tout subit de lourdes pertes en tentant de traverser la zone dénudée qui précède le village, couverte par les feux croisés d’une véritable fortification. Il sait qu’il a besoin d’artillerie lourde, et il sait aussi qu’il lui est parfaitement impossible d’en obtenir – même s’il y en avait à Port Moresby, la transporter jusqu’à Eora poserait des problèmes insolubles. « N’hésitez pas à m’envoyer de l’artillerie lourde, demande-t-il à l’état-major, mais au cas où cela vous semblerait se heurter à quelques difficultés, il me faut des bombardiers en piqué. » Hélas, quels avions utiliser ? Les Wirraway et les Battle sont incapables d’un piqué accentué et sont obligés d’adopter un profil de vol presque suicidaire pour bombarder les très petites cibles proches des lignes australiennes que sont les bunkers japonais. Quant aux Boomerang, ils ne peuvent pas emporter les bombes nécessaires (du moins, pas à cette époque).
Bien conscient du problème, l’état-major de Port-Moresby envoie un message urgent à Canberra, réclamant de vrais bombardiers en piqué. Il n’en attend pas grand-chose, mais une solution inattendue (sinon immédiate) apparaît alors.
Le 27 juillet, la mission militaire française à Canberra avait fait savoir au gouvernement australien que l’Armée de l’Air allait envoyer en Nouvelle-Calédonie la 52ème Escadre d’ACCS (Aviation de Coopération, de Combat et Soutien), composé des Groupes I/52 et II/52, avec au total 45 Vultee V-72 Vengeance I, reçus deux mois plus tôt. L’avion avait montré de belles qualités de bombardier en piqué, mais il était très vulnérable aux chasseurs adverses rencontrés sur le théâtre européen. L’Escadre doit opérer avec les unités de la RAAF et de l’USAAF déployées dans la région. Ses avions arriveront fin août.
Canberra transmet donc la supplique du Brigadier Wootten à Londres et Alger, recommandant de lui affecter les Vengeance français. Les Alliés acceptent avec promptitude, car le front de Kokoda est soudainement devenu important – c’est à ce moment le seul sur lequel les forces alliées avançaient vraiment contre les Japonais (Guadalcanal va seulement commencer). La 52ème EACCS reçoit immédiatement l’ordre de se rendre à Port-Moresby et non à Nouméa, mais elle en est encore bien loin.

8 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
La perspective de voir arriver de vrais bombardiers en piqué est une chose, mais en attendant, les hommes de Wootten doivent faire avec ce qu’ils ont. Le Brigadier demande à la RAAF un effort maximum au crépuscule, pour favoriser une attaque terrestre dans la nuit. Ce bombardement est programmée pour le 10.
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MessagePosté le: Sam Jan 20, 2007 00:44    Sujet du message: Répondre en citant

Comme des noix de coco, tu disais, Pat ?..........

10 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Peu avant le coucher du soleil, 16 Wirraway, accompagnés de 5 Boomerang chargés de mitrailler la DCA japonaise et couverts par 4 Hurricane, arrivent au dessus de Myola. Les Wirraway doivent plonger par dessus les positions australiennes, suivre la ligne de crête, lâcher leurs bombes sur les bunkers de la zone découverte devant le village, puis tenter de sortir de leur piqué dans la vallée tout en virant à droite pour suivre le cours de la rivière et éviter de percuter l’une des montagnes voisines. Réussir la manœuvre est un véritable exploit, et il faut l’accomplir dans un avion lent et vulnérable, sous le nez de la DCA japonaise. Une DCA d’autant plus à craindre que chaque avion à son tour doit suivre exactement le même chemin, à quelques mètres du sol, au dessus de la tête des troupes ennemies. Les pilotes des Wirraway sont tous volontaires, et ils ont jusqu’au dernier interdit à leurs mitrailleurs de participer à la mission.
Les Boomerang “travaillent” les positions japonaises au canon et à la mitrailleuse, pendant que le premier Wirraway commence son approche. Le largage des bombes est quasi parfait et l’avion s’enfuit en rasant le village, dépasse l’éperon opposé, redresse juste au dessus de l’eau et s’échappe en suivant le torrent – mais il a réveillé les défenses. Le deuxième des seize avions dépose ses bombes droit sur sa cible, dépasse le village, bascule sur une aile et percute de plein fouet la paroi montagneuse. Le troisième réussit à traverser le rideau de feu qui s’élève, mais il doit aller se poser sur le ventre à Myola. Le quatrième explose au dessus du pont, le cinquième prend feu en survolant le village et s’écrase au milieu des positions japonaises, près du torrent. La confusion qui s’ensuit permet au sixième de survivre, mais dans un tel état que lui aussi doit se poser à Myola, réduit à l’état d’épave. Le septième réussit à passer au milieu de la fumée du cinquième. En revanche, les quatre suivants sont tous abattus par des tirs de plus en plus précis, mais non sans avoir lâché leurs bombes selon le protocole. L’impact de ces bombes crée une telle fumée que les servants de la DCA sont aveuglés et que les cinq derniers Wirraway vont passer – mais l’un va s’écraser sur la montagne et un autre va enrichir la collection d’épaves posées à Myola. Au total, sur les 16 Wirraway, cinq seulement, dont quatre criblés de balles, rentrent à Jackson’s Field. Huit pilotes sont morts.
Les hommes de l’AIF ont d’abord observé avec joie le premier Wirraway s’aligner pour sa passe, sachant que cette artillerie volante peut leur épargner de nombreuses pertes. Puis, comme chaque appareil suit exactement le chemin du précédent, en dépit du destin de la plupart, la joie fait place à un éloge amer du courage des pilotes. Dès que le dernier avion a parcouru son chemin de croix, tous les mortiers disponibles bombardent le village et ses alentours durant trente minutes, pendant que le bref crépuscule tropical fait place à la nuit. Alors les hommes s’élancent.
Les Japonais luttent énergiquement, mais leurs positions ont été très entamées par les bombes et les trois compagnies chargées de l’attaque les submergent. La plupart des défenseurs des bunkers se font tuer sur place. Au contraire, ceux du village sont mis en déroute par une véritable grêle de grenades à main. Ils s’enfuient vers le torrent, où la moitié se noient. A minuit, la saillie rocheuse où ne se trouvent plus que les restes du misérable hameau d’Eora est à nouveau aux mains des Australiens.
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MessagePosté le: Sam Jan 20, 2007 21:21    Sujet du message: Répondre en citant

Il n'y a pas que les pilotes qui en ont comme des noix de coco...


11 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Au lever du jour, Wootten peut examiner le champ de bataille. L’Armée japonaise est encore là en force, et occupe des positions solides. La compagnie C du 2/9ème a tenté de déborder l’ennemi par la “piste du jardin” qui double la piste principale, mais elle a été arrêtée net sur la rive de l’affluent de l’Eora à moins de 500 mètres au dessous du village. En fait, les Australiens se sont emparés d’un saillant triangulaire au milieu des forces ennemies. Et dès l’aube, les canons de montagne, les mortiers et les mitrailleuses des Japonais commencent à harceler ce saillant.
La journée se passe à nettoyer les anciennes positions japonaises et à trouver des abris contre l’arrosage incessant qui tombe des montagnes entourant le village. Les bunkers japonais fournissent un couvert de bonne qualité, et une piste contournant la zone découverte devant le village est établie pour permettre aux hommes d’aller des arrières australiens aux bunkers sans être pris pour cibles. Les Australiens constatent que les bunkers ne contiennent guère d’approvisionnements, peu de nourriture notamment, ce qui veut dire que les Japonais ont de sérieux problèmes logistiques pour se ravitailler aussi loin à l’intérieur des terres. Le terrain de Myola apparaît bien comme un atout capital et même stratégique.

12 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
L’AIF se retranche sur les pentes de la colline d’Eora, patrouillant activement tout autour pour repérer les limites des positions japonaises. Celles-ci sont étendues, avec un point fort sur une petite hauteur située de l’autre côté de l’affluent, à 450 mètres du village, et que les Australiens baptisent le Knoll (la Butte). De nombreux postes de tir bordent l’affluent et couvrent la “piste du jardin”.

13 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Une patrouille menée par le Sgt Carson (un vétéran de la Première Guerre) trouve un passage contournant les positions japonaises qui bordent l’affluent de l’Eora Creek et se replie immédiatement sur la pointe des pieds. Entre 23h00 et minuit, Carson guide un groupe de 18 volontaires derrière les positions de tir japonaises et, avec 12 d’entre eux, commence à les mitrailler et à les grenader par derrière, les prenant totalement par surprise. Une vingtaine de Japonais se précipite le long d’une piste qui descend du Knoll, mais cette piste a été repérée par Carson et les Japonais sont accueillis par les six autres hommes de son groupe, qui se sont embusqués là et les massacrent – trois Japonais seulement peuvent s’échapper.
Au bout d’un quart d’heure, le groupe de Carson a nettoyé les positions situées le long de l’affluent. A ce moment, d’autres éléments du 2/12ème traversent l’affluent et se glissent jusqu’aux positions japonaises autour du Knoll.

14 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
A l’aube, le Knoll est entouré de trois côtés par les Australiens. Le 2/12ème commence alors à se retrancher. Inquiets, les Japonais envoient en renfort par la piste du jardin des troupes de leurs positions principales, au bord d’Eora Creek. La compagnie C du 2/12ème va devoir repousser, dans les 48 heures suivantes, une douzaine d’attaques déterminées mais mal coordonnées. Pendant ce temps, les compagnies A et B se préparent à attaquer le Knoll tandis que les deux autres bataillons envoient chacun une compagnie dans la dépression, le “Bowl”, entre le Knoll et Eora Creek, pour tenir en respect le reste des forces japonaises.
Sous les coups d’une batterie de mortiers lourds et d’une batterie de canons de montagne de 70 mm, la 18ème Brigade subit des pertes régulières, mais les résultats vont être au rendez-vous.

15 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Les compagnies A et B du 2/12ème attaquent les positions japonaises sur le Knoll. C’est une petite bataille, mais elle n’en est pas moins féroce. Les Japonais ont une sorte de génie pour aménager des positions bien situées et extrêmement bien camouflées. Il s’agit de quelques gros bunkers et de nombreux postes abritant deux ou trois hommes. Beaucoup de ces postes sont reliés par des crawl-ways (pistes à parcourir en rampant) ou même par des tranchées, qui sont parfois couvertes à proximité des principaux bunkers.
Les combats se décomposent en action mettant en jeu une escouade. Il faut en effet le plus souvent une escouade pour prendre une position, et la technique pour y parvenir s’améliore rapidement, car les mauvais élèves meurent. L’escouade doit approcher précautionneusement, jusqu’à ce qu’elle soit engagée par des tirs japonais. Elle répond alors par des tirs nourris et de nombreuses grenades, afin de déblayer la végétation. Cela fait, le tir des fusils et des Bren couvre les grenadiers, qui vont nettoyer la position. Les bunkers sont cependant des adversaires bien plus formidables que les petits postes. Les grenades jetées dans leurs entrées sont inefficaces, car les Japonais les ont défendues par des murs anti-souffle construits en S. De plus, ils ont creusé à l’intérieur des bunkers de profondes et étroites rigoles, où ils jettent les grenades qui sont glissées par leurs meurtrières. « La seule solution était d’attendre trois secondes une fois la grenade dégoupillée avant de la balancer par une meurtrière. On a perdu quelques gars comme ça, puis ils ont tous appris à compter jusqu’à trois à la bonne vitesse, et ça a bien marché. » (Journal du Caporal Archibald Pettigrew, compagnie B, 2/12ème)
Les fusils japonais Arisaka montrèrent dans ce combat de réelles qualités. Les Australiens les essayèrent par la suite et eurent la surprise de constater qu’il y en avait deux modèles, de calibres différents : les 6,5 mm, très longs, et les 7,7 mm, plus courts. Ces armes leur semblèrent très robustes, faites en acier d’excellente qualité . La 18ème Brigade apprit ainsi à respecter les armes et la ténacité des Japonais, tout en méprisant leur brutalité sauvage.
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MessagePosté le: Sam Jan 20, 2007 22:13    Sujet du message: Répondre en citant

Note de CF
Les 6,5 mm Arisaka étaient le modèle le plus ancien, que l’état-major de l’Armée Impériale avait estimé trop peu puissant et dont il avait décidé le remplacement en 1938. Mais l’industrie japonaise ne put jamais fournir assez de 7,7 mm pour équiper tous les hommes. Selon certains historiens, beaucoup de ces fusils étaient faits en acier de qualité médiocre, mais la sélection naturelle jouant pour les armes comme pour les hommes, les fusils capturés par les Australiens étaient en général les meilleurs.
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MessagePosté le: Dim Jan 21, 2007 02:11    Sujet du message: Répondre en citant

Avec deux exemples intéressants de courrier administratif militaire australien...

16 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Il faut encore au 2/12ème toute la journée pour nettoyer les derniers bunkers du Knoll. Pendant ce temps, l’attaque dans la dépression (le “Bowl”) n’a progressé que de 200 mètres, à un coût effrayant, face à la ligne de crête descendant du Knoll. Les deux camps sont à la limite de l’épuisement. Des éclaireurs commandés par le Capitaine Golder ont bien découvert une voie de pénétration qui contourne les positions japonaises dans le Bowl et rejoint la piste d’Alola. Hélas, les reconnaissances montrent qu’il est impossible de passer par cette voie avec suffisamment de troupes.

17 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Le Brigadier Wootten sait maintenant qu’il va devoir prendre le Bowl, puis détruire la principale position japonaise bloquant la piste de Kokoda, au bord d’Eora Creek. La tâche est redoutable… et c’est à ce moment que Wootten reçoit un message du Général Blamey, qui vaudra à celui-ci une rancune durable de la part de toute la 18ème Brigade.
« Ces deux dernières semaines, critique Blamey, vous n’avez pratiquement pas avancé contre un ennemi inférieur en nombre. Vos attaques semblent avoir été conduites par des compagnies isolées sur des fronts étroits. L’inertie de l’ennemi montre qu’il n’est pas assez fort pour vous menacer. Vous devriez agir avec plus de hardiesse et effectuer un large mouvement tournant pour détruire l’ennemi. »
La réponse de Wootten est un exemple de froideur offensée – et offensante. « Sept de mes neuf compagnies sont en action en même temps. Il me semble que les difficultés spécifiques aux opérations dans cette région demeurent un mystère impénétrable pour un état-major situé à un millier de miles. De larges mouvements tournants sont tout simplement impossibles à effectuer dans une zone non cartographiée, inhabitée et sur un terrain constitué de lignes de crêtes entrecroisées qu’aucune piste ne parcourt, où les pentes dépassant 35 degrés sont la norme et où la visibilité ne dépasse jamais quarante pieds, le tout sous une pluie glaciale continuelle poussée par un vent violent. De larges mouvements tournants ont autant de place ici qu’à Gallipoli. Cependant, nous nous frayons pouce par pouce un chemin à travers la position défensive la plus solide jusqu’à Wairopi. Une visite des officiers de l’état-major serait très appréciée. Ils auraient vraiment beaucoup à apprendre sur le front. Qu’ils pensent seulement à apporter leur arme personnelle, avec autant de grenades qu’ils pourront en porter. Et qu’ils prévoient de subir cinquante pour cent de pertes. »

18 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Le message de Wootten met en rage l’état-major (d’autant plus qu’il y va y avoir une fuite, comme on pouvait s’y attendre, et que la presse en aura connaissance), mais cela n’aide guère les hommes épuisés qui tentent de chasser les Japonais du Bowl. Ils savent qu’ils ne peuvent pas être relevés et s’accrochent comme des sangsues aux pentes qu’ils ont durement conquises. A court de rations, ils ne peuvent pas allumer de feu pour se faire un repas chaud ou même du thé – à moins de 40 mètres de l’ennemi, la fumée d’un feu le jour, sa lueur la nuit, ferait une trop belle cible pour les mortiers japonais. Dans la journée, ils sont coincés dans leurs trous, à deux ou trois. La nuit ne fait que réduire un peu les risques, quand on leur apporte des munitions et de quoi manger.
Mais ils avancent peu à peu et concentrent sur eux l’attention des Japonais..

20 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Les hommes des compagnies A des 2/9ème et 2/10ème bataillons, soutenues par leurs compagnies B, occupent finalement toute la dépression connue sous le nom de Bowl.
Pendant qu’ils grignotent les défenses ennemies, le 2/12ème, renforcé par les compagnies C des deux autres bataillons, qui ont pu se reposer un peu, s’est glissé le long du flanc droit japonais par la piste du jardin, à l’extrême gauche des positions australiennes.
Les hommes s’impatientent contre le sort injuste qui les retient encore, alors que les positions ennemies avancées ont été encerclées et anéanties. Mais les Japonais refusent de décrocher et ils ne se rendront pas. Alors les Australiens avancent lentement, nettoyant sans pitié chaque pouce de terrain du moindre Japonais, tuant tous ceux sur lesquels ils mettent la main. Enfin, au soir du 20, la principale position ennemie est devant eux.
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MessagePosté le: Dim Jan 21, 2007 19:18    Sujet du message: Répondre en citant

21 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Le 2/12ème forme trois colonnes espacées de 300 mètres. Elles doivent avancer de mille mètres avant de s’arrêter et de constituer un front continu.
Toute la journée, les combats font rage. Les Japonais résistent farouchement sur la piste du jardin et les colonnes des Capitaines Brocker et Harrison sont arrêtées. Ils décident de déclencher à l’aube du 22 une attaque convergente.

22 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
En fin de nuit, avant que le 2/12ème ne lance son attaque, les Japonais lancent une attaque violente menée par environ une compagnie dans le Bowl. Les hommes épuisés qui tiennent la zone s’accrochent désespérément et une série de corps à corps sanglants se déroule dans l’épaisse végétation du Bowl.
L’attaque du 2/12ème est retardée, puis démarre vers midi après une forte préparation au mortier. Cependant, les Japonais lancent immédiatement une compagnie en contre-attaque. C’est une charge à la baïonnette d’hommes hurlant avec frénésie et il faut une heure de corps à corps furieux pour en venir à bout – et les pertes sont lourdes. Sous une grêles de grenades à fusil, les colonnes du 2/12ème se jettent alors sur deux points du périmètre défensif japonais et l’aile droite ennemie est prise dans un étau. Malgré l’intensité des tirs défensifs, l’attaque australienne est de plus en plus acharnée. « Nous leur avons foncé dessus, tirant l’arme à la hanche, sous une pluie de grenades de toutes sortes. Les hommes de tête se sont fait tuer en traversant un ruisseau, mais d’autres ont continué à avancer, progressant continuellement de tronc d’arbre en tronc d’arbre, et nous nous sommes enfoncés en plein milieu de leurs positions. Tout d’un coup, les Japs ont commencé à s’enfuir. Ils ont lâché leur armes et sont partis en trébuchant dans les épaisses broussailles. C’était une sorte de colin-maillard meurtrier. Ils couraient plus ou moins au hasard, couinant comme des cochons qu’on égorge, pendant que nous les pourchassions, que nous leurs tirions dans le dos et que nous les achevions à la baïonnette… » (Journal du Caporal Archibald Pettigrew)

23 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
« Au matin, nous en avons enterré 150. Beaucoup d’entre eux portaient des montres australiennes. Avant ce combat, nous avions cru qu’ils ne craqueraient jamais, mais ils s’étaient bel et bien enfuis… C’était important. » (Journal du Caporal Archibald Pettigrew)
L’examen de la position montrera qu’elle était très solide. Au centre se trouve une sorte de redoute de 300 mètres sur 100, entourée de plus petites positions. Les Japonais se sont installés sur la seule source du secteur, mais cette eau ne leur a pas servi à grand chose. La position principale n’est pas au point le plus élevé de la crête et le 2/12ème renforcé a réussi, en détruisant patiemment les positions voisines, à parvenir au dessus.
L’enveloppement de ce flanc signifie la fin la seconde bataille d’Eora.

24 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Les hommes du Bowl peuvent tranquillement traverser les positions qui les ont retenus si longtemps. Les Japonais sont partis.
Leur retraite s’est visiblement faite en hâte, car une grande quantité de matériel a été abandonnée, ainsi que 35 soldats blessés, trop gravement touchés même pour se suicider. Mais les Australiens retrouvent très peu de nourriture.

26 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Après avoir regroupé et réparti les hommes entre les unités, après leur avoir donné une demi-journée de repos et un repas chaud (le premier depuis longtemps pour la plupart d’entre eux), l’avance reprend. Les Japonais vont vite, laissant derrière eux des cadavres mais guère plus.

27 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Alola est atteint après treize km de piste éreintants. A cet endroit, la piste de Kokoda se divise en deux : la branche nord-ouest se dirige vers Isurava, Deniki et Kokoda, la branche nord-est vers Fila et Kobara ; Kokoda et Kobara sont reliés par une piste qui part ensuite vers l’est, Oivi et Wairopi. La RAAF bombarde Wairopi, point clé de la ligne de ravitaillement japonaise, où elle détruit les ponts presque aussi vite que les Japonais les construisent. Il semble que les renforts ennemis ne dépassent pas Oivi. Mais avant ce point, il faut encore s’emparer de Kokoda.
Wootten envoie le 2/10ème, précédant le 2/12ème, encore épuisé, vers le nord-ouest. Les hommes traversent Isurava et atteignent Deniki au crépuscule. Le 2/9ème – à peine reposé – marche vers le nord-est et atteint Fila à peu près en même temps. Pendant la nuit, la piste reliant Deniki et Fila est reconnue et les communications établies entre les deux forces. Kokoda est mûre.

28 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Wooten ordonne au 2/9ème d’avancer jusqu’à Kobara et de tenir la zone, pour couper de tout renfort d’éventuelles forces japonaises à Kokoda. Pendant ce temps, le 2/10ème progresse vers Kokoda.

30 August
Piste de Kokoda (Nouvelle-Guinée)
Le 2/10ème atteint Kokoda en début de matinée. Il y a encore dans le secteur une cinquantaine de Japonais, qu’il faut tuer jusqu’au dernier, et six hommes vont y perdre la vie. A midi, Kokoda est aux mains des Australiens.
La nouvelle atteint très vite Port Moresby, et elle est annoncée par le bulletin d’informations du soir à la radio dans toute l’Australie. La population est littéralement électrisée. Enfin, les Australiens ont infligé aux Japonais une défaite nette et sans bavure ! Un bulletin de victoire rédigé par Wootten est largement diffusé. Il souligne que les efforts de l’AMF pour arrêter les Japonais ont permis la victoire offensive remportée par l’AIF, et ces propos sont très appréciés par la population. Sa dernière phrase sera reprise par de nombreuses affiches de propagande : « Ce n’est pas l’AIF ou l’AMF qui combat le Jap. Pas ici. Ce sont des soldats australiens. »

fin (provisoire)
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