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1940 - La France continue la guerre
 
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Sonnenaufgang, par Anaxagore
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Casus Frankie
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Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 15:34    Sujet du message: Sonnenaufgang, par Anaxagore Répondre en citant

Désolé pour l'interruption de mes posts, due à différents facteurs indépendants de ma volonté (familiaux, médicaux & Co - rien de dramatique, mais encombrant).
Pedant la pause (plus très longue), revoici (en 2 parties) ce texte d'Anaxagore, très revu et un peu corrigé selon vos appréciations. Il méritait bien de devenir une "Annexe" officielle.



Opération Sonnenaufgang
L’affaire de diplomatie secrète la plus sinistre de la guerre

2 novembre 1942
Le señor Adolfo Ramirez
Annemasse
– L’homme qui venait de traverser la frontière franco-suisse était Français. Pourtant, son voyage avait été un long périple commencé à Tunis, où se trouvait l’officine du Renseignement dont il dépendait, et passé par Lisbonne et Barcelone. Pour cela, il avait bénéficié de son passeport qui le désignait officiellement comme « Adolfo Ramirez, agent d’import-export argentin ». Rien de tout cela n’était vrai. Certes, l’homme parlait couramment l’espagnol et avait un physique latin. Cependant, jamais il n’avait franchi l’Atlantique. Ses papiers étaient des faux aussi bien faits que les originaux, les spécialistes du renseignement les avaient vieillis, tachés, agrémentés de tampons divers. Son portefeuille contenait les photos d’une femme et de deux enfants (« Mon épouse Miranda, mes deux fils Pablo et Felipe ») des tickets de cinéma de Buenos-Aires, et des billets de banque argentins, en plus de billets portugais, espagnols et français (des francs-Laval bien sûr).
Les services secrets français (ceux d’Alger, pour le coup) étaient fort compétents, même avant le début de la guerre. Introduire leurs agents dans divers pays faisait partie d’une routine bien rôdée. Ils étaient attentifs aux détails les plus insignifiants. Il ne fallait surtout pas éveiller l’attention d’un douanier au passage de la frontière.
Plutôt que de descendre dans un grand hôtel, Adolfo Ramirez s’installa dans une maison en location de la Herrengasse, à Berne. La rue était charmante avec ses arcades et ses pavés, proche de la cathédrale et dans un quartier des plus pittoresques. La demeure était envahie par la lumière des Alpes et les fenêtres donnaient sur des vignobles. Une porte donnant sous le vignoble permettait à des gens de venir le voir discrètement, ce qui convenait parfaitement à ses desseins.


17 novembre 1942
La Suisse, nid d’espions
Berne
– La discrétion de Ramirez n’avait duré qu’un temps, sa mission ne l’exigeait pas plus longtemps. Loin de l’image colportée par les romans de quatre sous où les agents sont nécessairement secrets, le renseignement exige parfois la publicité. La mission d’Adolfo Ramirez était de celles qui demandent de rencontrer un grand nombre de ces pourvoyeurs de renseignements amateurs ou professionnels, idéalistes ou stipendiés, qui prospèrent dans ces zones grises de la guerre que sont les pays neutres.
Moins de deux semaines après son arrivée, l’agent d’Alger avait rencontré nombre de ceux-ci et recruté des bonnes volontés parmi les Français partisans de la France Combattante isolés en Suisse. Certains séjournaient là pour raisons médicales au moment de l’invasion allemande, d’autres s’y étaient réfugiés faute de pouvoir se joindre au Grand Déménagement.
Il y avait aussi dans la Confédération des membres du personnel diplomatique, notamment ceux de la délégation française à l’agonisante Société des Nations. En effet, si beaucoup de gens pensaient que la SDN avait cessé d’exister le 1er septembre 1939 puisqu’elle avait échoué dans son rôle, elle n’avait pas été dissoute et de nombreux diplomates s’étaient retrouvés piégés en Suisse. Ils n’avaient toutefois rien à faire. Ils ne recevaient plus guère d’instructions de leurs gouvernements et personnes ne se souciait plus de leurs débats.
Outre les diplomates, pas mal d’hommes d’affaires étaient aujourd’hui coincés en Helvétie. Il y avait un Allemand naturalisé américain qui s’appelait Gero von Schulze Gaevernitz. Depuis plus d’un an, il travaillait avec l’O.S.S. et plus particulièrement avec Allen Dulles (1) – encore un agent de renseignement dont la présence sur le sol suisse n’avait rien de discrète, étant même claironnée à grand renfort de publicité : un grand journal de Berne avait qualifié Dulles de « représentant personnel du président Roosevelt ».
Le père de Gaevernitz avait été un membre de l’aile gauche de l’ancien Reichstag. Professeur de science politique, il avait même participé à la rédaction de la constitution de la république de Weimar. De ce fait, Gaevernitz avait des liens solides avec la résistance antinazie en Allemagne même. Le contact entre Ramirez et Gaevernitz permit aux Français d’atteindre deux précieuses sources de renseignement. Le nommé Hans Berud Givesius était en contact avec les conspirateurs qui prévoyaient d’assassiner Hitler. Quant au procureur général Wilhem Hoegner, il se trouvait en contact avec des opposants au nazisme jusqu’à l’intérieur de Peenemünde, centre de recherche sur les armes secrètes V1 et V2.
Tout ce joli monde se croisait sous les sourires amusés des Suisses du Bureau Ha (2) qui voyaient tout, entendaient tout, surveillaient tout et… laissaient faire. À Berne, la plupart des renseignements prétendument secrets s’échangeaient lors de dîners mondains. L’atmosphère était à mille lieux des romans d’espionnage qui deviendraient si populaires après la guerre.
Mais si les Suisses surveillaient Allen Dulles et Adolfo Ramirez, les Allemands faisaient de même. Eux qui croyaient rencontrer discrètement les Résistants qui venaient discuter avec eux se trompaient souvent. C’est ainsi que Ferrucio Parri, dit Arturo, chef du Comité pour la Libération du Nord de l’Italie, fut capturé à son retour à Milan. Et il ne fut pas le seul…


5 décembre 1942
Des ombres en moins
Paris
– Ils surgirent comme la foudre. Des hommes en uniforme noir, casqués, bottés, dirigés par des civils en chapeau mou et pardessus de cuir. Ils enfoncèrent les portes, MP-38 au poing. « Raus! Raus! » (Dehors !). Ils poussèrent les hommes surpris dans leur sommeil, terrifièrent le garde armé d’un pauvre pistolet Ruby. Un des résistants, qui se trouvait aux toilettes, parvint à sortir par la petite fenêtre au-dessus de la cuvette. Toutefois, alors qu’il rampait pour s’extraire du passage exigu, ses yeux tombèrent sur une paire de bottes et, en remontant, sur la bouche d’une arme à feu menaçante.
Outre quelques pauvres diables qui allaient être longuement torturés avant de terminer devant un peloton d’exécution, la Gestapo mit la main sur une masse de documents. Le nom d’Adolfo Ramirez et ses liens avec Dulles, « l’homme du président Roosevelt », furent dument notés.


11 octobre 1943
La Suisse, nid d’espions
Berne
– Depuis un an, les nombreuses personnes venaient voir Adolfo Ramirez représentaient des nationalités et des professions très diverses. Les hommes d’église formaient ce que l’agent de renseignement appelait « la filière ecclésiastique (3) ».
Lorsque le secrétaire d’un évêque allemand vint à Berne parler à Ramirez, Dieu fut un des sujets les moins abordés. En fait, ils parlèrent surtout d’un industriel italien très connu, un certain Franco Marinotti. Ce dernier avait tenté une résistance passive lorsque les Allemands avaient occupé les usines de la Snia Viscosa, sa compagnie de rayonne. Mussolini l’avait fait jeter en prison. Toutefois, peu après, des SS l’avaient libéré et (prétendument) expulsé en Suisse. D’après la filière ecclésiastique, Marinotti était en fait envoyé par « un haut personnage » nazi pour prendre contact avec les gouvernements alliés, rien moins !
Ramirez fit remonter l’information, ne désirant pas prendre contact avec Marinotti de son propre chef. Le message qu’il finit par recevoir ne provenait pas d’Alger, mais de Londres. Il était envoyé par les services secrets britanniques. Ceux-ci avaient déjà le personnage à l’œil et avaient appris que c’était Heinrich Himmler qui l’avait fait libérer. On conseillait de ne pas l’approcher.
Peu après, la même filière ecclésiastique contacta Allen Dulles pour lui “vendre” à son tour Marinotti. Mais l’OSS refusa de mordre à l’hameçon. Grâce aux sources des services secrets alliés à l’intérieur des officines nazies, un télégramme destiné à Shellenberg, le chef du contre-espionnage SS (le SD) avait été intercepté. Il confirmait que les SS suivaient les moindres allées et venues de Marinotti. Craignant un piège, les Américains ne contactèrent donc pas l’Italien, eux non plus.


13 octobre 1943
Konstatin Alexander von Neurath
Berne
– Après une difficile mission en France et en Belgique, Gaevernitz signala à Ramirez le comportement étrange du consul allemand à Lugano. Konstantin Alexander von Neurath (4) était un homme brillant qui semblait étrangement peu à sa place à un poste aussi secondaire. Cela avait poussé nombre de représentants des Alliés en Suisse à le considérer comme un membre important des renseignements nazis.


17 octobre 1943
Konstatin Alexander von Neurath
Berne
– Gaevenitz avait réussi à obtenir un rendez-vous avec von Neurath, et ce dernier l’écouta attentivement. Gaevenitz tenta de convaincre le consul allemand que la guerre était perdue pour les Nazis. Von Neurath parut d’accord, indiquant même qu’il lui paraissait criminel de continuer dans ces conditions.


23 octobre 1943
Konstatin Alexander von Neurath
Berne
– Von Neurath, qui venait de faire un bref et discret voyage en France, revit Gaevenitz. Il lui raconta avoir rencontré « deux grands généraux » dont il tut les noms. Tous deux avaient refusé de prendre quelque contact que ce soit avec les Alliés. Ils avaient évoqué tout à tour leur serment personnel de fidélité envers le Führer et la situation militaire, craignant que leurs agissements fussent vus comme un “coup de poignard dans le dos”, en particulier pour les hommes combattant le “fléau bolchevique”, car pour ceux-ci, il n’y avait pas d’autre choix que de se battre jusqu’au bout. Malgré sa déception, von Neurath promit de contacter directement Kesselring et Guderian, mais il n’en attendait guère de miracles.


1er novembre 1943
Sa Sainteté Pie XII
Berne
– Ayant franchi sans encombre les lignes alliées et allemandes du front italien, un moine bénédictin arriva en Suisse. Peut-être à l’occasion de la Toussaint, il était chargé de transmettre à des représentants allemands une lettre du pape Pie XII, dont voici un extrait : « L’Allemagne se trouve seule à combattre le bolchevisme russe. Dans l’intérêt du salut de l’humanité, elle s’est tournée vers la plus haute autorité religieuse pour qu’elle intervienne auprès des Alliés. Le Vatican lui garantit le secret absolu dans toutes les négociations par son intermédiaire. »
Toutefois, on apprit par la suite que le Souverain pontife s’abusait quelque peu : ce n’était pas l’Allemagne qui s’était tournée vers lui, mais les diplomates de ce pays restés bloqués au Vatican après que Rome eût été libérée. Ils ne représentaient rien d’autres qu’eux-mêmes.


2 novembre 1943
Grenouillages
Berne
– Un agent de Shellenberg, chef du service de renseignements SS à l’étranger, demanda à rencontrer Allen Dulles, mais ce dernier refusa de rencontrer le personnage. Il s’avéra que Dulles avait raison de se méfier ! Shellenberg cherchait simplement à intoxiquer les Alliés en prétendant que l’avance rapide des Soviétiques était un plan allemand visant à laisser l’Europe à Staline pour punir les Franco-Anglo-Américains et que pour convaincre Hitler d’abandonner cette idée, il fallait que ceux-ci fassent la paix avec le Reich !
Début novembre, après des mois de contacts difficiles, Alliés et Nazis jouaient en Suisse à un étrange jeu de cache-cache où chacun sondait les autres à coups de propositions. Toutefois, ni pour un côté, ni pour l’autre, il n’y avait eu d’échanges prometteurs. C’était un jeu d’ombres et de miroirs, où les manœuvres de désinformation et les initiatives personnelles se croisaient dans un climat de méfiance réciproque. Toutefois, les choses devaient bientôt changer.


3 novembre 1943
Deux hommes en noir
Banlieue de Lille (zone d’occupation rattachée à la Belgique)
– La gentilhommière était une de ces extravagances du dix-neuvième siècle construite pour un riche négociant de la région. À l’abri au bout d’un parc soigneusement entretenu que des haies d’arbres et des grilles isolaient de la campagne environnante, la grande maison ressemblait à un gros gâteau à la crème fouettée. Entièrement en pierre blanche décorée de frontons et de demi-colonnes, sa façade s’ouvrait par une série de portes-fenêtres qui lui donnaient un aspect gai et aérien… vite dissipé par la présence de sentinelles casquées et bottées, en uniforme noir. Au milieu des statues allégoriques aux poitrines généreusement dénudées et portant gerbes de blés ou cornes d’abondance, le vent faisait claquer un drapeau à croix gammée.
En 1940, les habitants de la magnifique demeure avaient fui devant l’avance des nazis. Puis le gouvernement Laval avait édicté une série de lois et de règlements pour confisquer les biens des « judéo-bolchéviques » et autres « ploutocrates à la solde de la City ». La gentilhommière s’était retrouvée sur la liste des biens saisis. Après tout, ses propriétaires avaient fui jusqu’en Algérie, c’était une preuve de leur qualité d’ennemis du « redressement national » qui évitait de se pencher sur leur généalogie.
Au titre des dommages de guerre, l’usage du bâtiment et de ses annexes avait été cédé à la SS. Cependant, contrairement aux commérages, les paramilitaires arborant l’insigne à tête de mort n’emprisonnaient pas de « terroristes » dans ses caves. Quelques pièces, dont la salle de bal, avaient été transformées en bureaux où officiaient des standardistes en uniforme au milieu des téléphones, des machines à écrire et des armoires de documents. Quant aux chambres, elles servaient surtout à héberger des officiers de la SS de passage dans la région lilloise et qui souhaitaient travailler à l’abri des regards.
La Mercedes 170 qui venait de franchir le poste de garde près des grilles et faisait crisser le gravier sous ses roues amenait un de ces SS avides de discrétion. Une des sentinelles de faction s’avança pour ouvrir la portière et un Obersturmbannführer [lieutenant-colonel] en sortit. Malgré son uniforme noir, l’homme n’avait rien, au physique, d’un foudre de guerre. Une taille moyenne, des cheveux rares qui lui promettaient une calvitie précoce, des yeux de myope qui fixaient le monde derrière des lunettes rondes cerclées de fer. L’air un peu mal à l’aise, il regarda autour de lui. Sa mémoire précise et son esprit rapide notaient tout, comparaient, fichaient, prêts à ressortir ces impressions si nécessaire.
Claquement de talons.
Sur le seuil de la demeure, un Hauptsturmführer [capitaine] vient se planter devant lui, levant haut le bras.
– Obersturmbannführer Lischka, nous sommes heureux de vous voir parmi nous. Avez-vous fait bon voyage ?
Kurt Paul Werner Lischka, numéro 2 du Sipo-SD (5) en France, répondit par un salut nazi un peu moins prononcé : « Les routes étaient vides, mais pas le ciel ! Nous avons été survolés à deux reprises par des chasseurs anglais ! C’est inqualifiable, il faut prendre des mesures. »
– Il faudra bien que la Luftwaffe le comprenne, Herr Obersturmbannführer !

Précédé par le capitaine, Lischka entra dans la grande maison et gravit un imposant escalier. Au premier, on le fit entrer dans un bureau meublé d’une bibliothèque et d’une large table de travail. Aucun bibelot personnel ne l’ornait. En effet, l’actuel occupant, le Gruppenführer [général de division] Richard Juncglaus, officiait d’habitude à Bruxelles. Plus âgé que Lishka, le général SS avait le visage fort, les cheveux dégarnis sur les côtés, des rides en pattes d’oie aux coins des yeux. Son allure était nettement plus martiale et l’uniforme semblait lui convenir bien mieux qu’à son vis-à-vis.
Les deux hommes se saluèrent, puis se serrèrent la main.
– C’est une joie de vous revoir, Herr Gruppenführer.
Juncglaus désigna l’un des deux canapés qui se faisaient face de part et d’autre d’une table basse.
– Asseyez-vous, Obersturmbannführer.
Lishka s’exécuta et coula un regard acéré vers Juncglaus tandis qu’il s’asseyait à son tour. Ils commencèrent par échanger quelques banalités, le temps qu’une jeune femme en uniforme gris souris viennent leur apporter du café. Puis Lischka lança réellement la discussion : « Je m’avoue intrigué, Herr Gruppenführer. Vous dirigez la SS pour la Belgique et le nord de la France. Je ne suis pas sous vos ordres. Pourquoi me demander de venir vous voir, et surtout ici et non à Bruxelles ? Votre temps est précieux, tout comme le mien – j’en déduis que vous avez des raisons très importantes pour m’arracher à mes occupations. »
Juncglaus approuva gravement.
– Oui, j’ai de bonnes raisons pour avoir organisé cette rencontre – qui doit évidemment rester très discrète. Savez-vous que le Reichsführer Himmler cherche à négocier avec les Alliés occidentaux, les États-Unis, le Royaume-Unis et la France, pour obtenir un armistice sur le Front de l’Ouest ?
Lishka, qui était en train de soulever sa tasse de café, s’immobilisa, le bras en l’air, avant de cacher sa surprise et de reprendre maladroitement le mouvement.
– Il n’est pas le seul, d’ailleurs, poursuivit son interlocuteur. Shellenberg, du SD, agit de la même manière pour son propre compte.
– Non, je l’ignorais, Herr Gruppenführer. Je… je suis très surpris. Par ces négociations d’abord, mais surtout par le fait que vous m’en informiez. Pourquoi le faites-vous ?
– Parce que j’ai l’intention, moi aussi, de négocier avec les Alliés.

Il leva la main en voyant l’air troublé de son cadet.
– Rassurez-vous, j’ai mis au courant le Reichsführer Himmler de mon idée. Bien qu’il ne puisse m’approuver officiellement, il m’a donné la permission d’agir.
– Avant de poursuivre cette conversation, j’aimerais demander… bien que je me doute déjà de la réponse… hum… le Führer n’est pas au courant ?
– Non, il n’est pas au courant. Je pourrais vous répondre que le Führer a d’autres tâches qui nécessitent son attention urgente et que nous ne pouvons pas le déranger avant d’avoir obtenu un premier contact positif et des résultats tangibles. La vérité, c’est qu’il est très probable que, s’il l’apprenait, le Führer se mette en colère et m’ordonne d’arrêter mon entreprise. Ce que je ferais immédiatement bien sûr… Toutefois, ce serait dommage.

Lischka acquiesça : « Je vois. En pareil cas, il est plus facile de demander pardon que de demander la permission. »
– C’est exactement cela. Il va sans dire que je suis persuadé du triomphe inévitable du National-Socialisme. Toutefois, la guerre à l’Ouest coûte des vies dans nos rangs et disperse nos ressources. Nos vrais ennemis sont les Bolcheviques et les Juifs. Êtes-vous d’accord avec moi, Obersturmbannführer Lischka ?

La question de Juncglaus avait été énoncée d’une voix tendue, ce qui allait suivre pouvait arrêter son plan. En face, Lischka se rembrunit. Lui aussi comprenait les enjeux… bien que pour des raisons différentes.
– Sur le principe, je suis d’accord, Herr Gruppenführer. Tout obstacle qui ralentit la résolution du problème juif et l’inéluctable victoire à l’Est doit être écarté de notre route.
Juncglaus se détendit quelque peu.
– Êtes-vous d’accord avec moi que la violence n’est pas toujours la meilleure manière de résoudre un problème ?
Cette fois, Lischka sourit.
– Lorsque j’ai un prisonnier récalcitrant qui refuse de parler, je ne le fais pas torturer. Je lui parle poliment, je le renvoie dans sa cellule et je lui donne pour tout repas un hareng salé sans eau. Je le rappelle le lendemain et je le réinterroge en buvant mon café. S’il ne répond pas… il a droit à un nouveau repas avec un hareng salé. Ils finissent toujours par parler (6).
Juncglaus fronça les sourcils et hésita un instant avant de reprendre.
– Eh bien, nous aussi nous avons quelque chose que les Belges et les Français désirent autant que votre prisonnier assoiffé désire un verre d’eau.
– Ah ?
– Leur population.

Ouvrant une serviette en cuir qu’il avait posé sur la table basse, il en tira un dossier sur lequel un mot était calligraphié en capitales gothiques : “SONNENAUFGANG”.
– Lever de soleil ? Joli nom de code.
– Oui, surtout pour des milliers de civils français et belges que nous allons sauver de la guerre… pour notre plus grand bénéfice.

Ce fut au tour de Lischka de froncer les sourcils. Quoique les SS n’eussent pas été du même avis, la plupart des gens n’auraient pas classé la Schutzstaffel parmi les associations philanthropiques. Sauver des civils non allemands et non aryens ne figurait pas, en tout cas, dans leurs attributions. Bien souvent, ils faisaient même le contraire. Mais… « pour notre plus grand bénéfice » avait dit Juncglaus…
Après un dernier regard vers le général, Lischka ouvrit le dossier. Il n’y avait que quelques pages, qu’il parcourut rapidement. Quand il releva le nez, il souriait presque.
– Intéressant ! Vous pouvez compter sur mon aide.


11 novembre 1943
Une chimère suisse ?
Lucerne
– L’année 43 avait vu basculer la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés avaient débarqué en Provence et remontaient vers Lyon, donc vers Genève et la frontière suisse. Tout naturellement, à mesure que la situation militaire tournait en la défaveur de l’Axe, les Suisses adoptaient une attitude plus favorable envers le gouvernement français. Il n’y eut donc rien d’étonnant à ce que le commandant Waibel, du Renseignement militaire suisse, contactât Adolfo Ramirez et lui demandât de venir le rejoindre à Lucerne pour le jour anniversaire de la victoire française lors de l’Autre Guerre.
Il faut dire que si la Suisse était neutre, elle craignait avec quelque raison que la guerre finisse par s’inviter de manière ou d’une autre sur son sol. Après tout, des bombardiers américains l’avaient déjà bombardée par erreur et des avions des deux camps avaient été abattus ou forcés à se poser par les chasseurs suisses au cours d’accrochages nécessaires pour faire respecter la neutralité helvète. La Confédération était donc plus qu’enthousiaste à l’idée de trouver un terrain d’entente entre l’Axe et les Alliés.
La rencontre eut lieu dans un restaurant. Ramirez était venu avec Gaevernitz, se doutant que les connaissances de ce dernier sur le fonctionnement interne de l’Allemagne nazie lui seraient utiles. Waibel était lui aussi accompagné, d’un autre Suisse, le Professeur Max Husmann, qui dirigeait une école privée renommée, non loin de Lucerne.
Ramirez était un peu étonné qu’un personnage aussi important que Waibel l’invite de la sorte. Toutefois, la conversation qui se déroula autour de la table lui tira une grimace. S’étant attendu à une nouvelle de première importance, il ne pouvait qu’être déçu par ce que racontait Hussmann. En effet, ce dernier avait été contacté par un Français, le père d’un de ses anciens élèves. À l’origine, cet homme sollicitait son aide pour obtenir l’autorisation d’entrer en Suisse pour une certaine mission. En effet, un visa ne pouvait être obtenu que contre un dépôt de 10 000 francs suisses – à l’époque, une somme considérable. Toutefois, l’ami français n’avait pu passer en Suisse, car les Allemands ne laissaient personne passer la frontière qui ne fût un de leurs bons amis ou qui ne se rende de l’autre côté pour des raisons commerciales qui puissent leur profiter. Et la personne en question n’avait pas réussi à obtenir leur autorisation. Aussi Hussmann avait-il repris à son compte la mission qu’il devait remplir.
Des industriels français, plus ou moins partisans du NEF mais terrifiés par le risque de voir le Reich pratiquer chez eux la tactique de la terre brûlée, et qui contactaient volontairement les agents alliés en Suisse pour offrir leurs services comme médiateurs, il y en avait eu plus d’un. Toutefois, jusque-là, ce n’était pas allé bien loin. Le SD allemand était souvent le seul interlocuteur réel : il se servait des émissaires français comme d’un moyen d’intoxiquer les Alliés.
– Vous voyez, Monsieur Ramirez, la paix devrait être notre but premier à tous. Je me fais d’ailleurs une joie d’avoir été choisi pour permettre un contact pacifique entre des hommes que la guerre oppose.
Comme Ramirez lançait un regard épuisé vers Gaevernitz, ce dernier haussa les épaules. Il avait visiblement abandonné tout espoir que le grandiloquent professeur suisse puisse faire avancer la paix mondiale avec moins de quelques millénaires d’efforts. Mais déjà, l’homme reprenait sans s’apercevoir du manque d’enthousiasme de ses interlocuteurs.
– Tout d’abord, vous devez comprendre que ceux qui cherchent à contacter les généraux allemands se trompent d’interlocuteurs. C’est une perte de temps. Les officiers de la Wehrmacht sont trop surveillés pour risquer de se compromettre avec les Alliés et ils se cachent derrière leur serment de fidélité au Führer. Les seules personnes encore capables d’action indépendante dans le Troisième Reich sont les SS. La Schutzstaffel n’a rien de l’organisme monolithique que vous imaginez, les SS sont divisés en coteries rivales qui se jalousent et même se haïssent.
Comme Gaevernitz pressait Hussmann de cesser de parler dans le vide et d’en venir au fait, le professeur hésita, puis se lança enfin.
– Mon ami français m’a mis en contact avec un officier général de la SS agissant au nom d’un supérieur haut placé. Ce dernier représente plusieurs personnalités opposées à la politique de “terre brûlée” d’Hitler, qui implique le massacre de milliers d’innocents. Ils la jugent inhumaine et criminelle. Ils seraient disposés à permettre l’évacuation de Français et de Belges vers les zones libérées.
– Un supérieur haut placé ? Excusez-moi, mais vous nous demandez de croire une affaire de ce genre sans même avancer un nom ! Comment voulez-vous que je vous croie ?

Hussmann eut une nouvelle hésitation.
– Tout ceci est très sérieux, l’homme qui est à l’origine de notre rencontre n’est autre que le Gruppenführer-SS Richard Juncglaus, qui dirige la SS en Belgique et dans le nord de la France. Je vous assure de sa sincérité. Il ne veut que donner à des milliers de civils innocents menacés par les pénuries alimentaires imposées par l’Allemagne la possibilité de se réfugier du côté allié du front. Il ne demande rien en échange.
Tout cela paraissait très intéressant, mais n’était certainement rien d’autre qu’une chimère. Faire passer la ligne de front à des milliers de civils exigerait l’accord des plus grands chefs des deux armées en guerre et des moyens matériels considérables.
Ramirez tapa son rapport et l’envoya à Marseille, en s’assurant de placer quelques mots aimables sur la Suisse… Il savait que le Bureau Ha avait cassé ses codes il y a longtemps. Il passa ensuite à autre chose, n’attendant pas une suite rapide.
Il avait tort…


Notes
1- Oui, le futur créateur de la C.I.A.
2- Section du renseignement suisse fondée en 1940 par les commandants Max Waibel et Hans Hausamann (le nom « Bureau Ha » vient des deux premières lettres d’Hausamann). Son rôle était de surveiller les agents étrangers opérant en Suisse, surtout les Allemands.
3- Le nonce de Berne recevait de nombreux renseignements des religieux se trouvant en Italie du Nord, en particulier du cardinal Idefonso Schuster, à Milan, par l’intermédiaire du révérend docteur Don Giuseppe Bicchirai.
4- Fils de Konstantin von Neurath, qui fut le premier ministre des Affaires étrangères de Hitler.
5- Police “de sûreté” allemande, qui regroupe la police politique (Gestapo) et la police criminelle (Kripo).
6- Véridique…


(suite et fin demain)
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Pendjari



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 15:38    Sujet du message: Répondre en citant

Adolfo Ramirez... je n'ai lu que ça Laughing

Allez, je passe à la suite, on va retrouver La Bourdelle et Michel Taupin ? Very Happy
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 15:55    Sujet du message: Répondre en citant

Pendjari a écrit:
Adolfo Ramirez... je n'ai lu que ça Laughing
Allez, je passe à la suite, on va retrouver La Bourdelle et Michel Taupin ? Very Happy


Désolé, Ramirez est le seul personnage fictif de toute cette histoire.
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Casus Frankie

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Moshe



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 16:00    Sujet du message: Re: Sonnenaufgang, par Anaxagore Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:


2- Section du renseignement suisse fondée en 1940 par les commandants Max Waibel et Hans Hausamann (le nom « Bureau Ha » vient des deux premières lettres d’Hausamann). Son rôle était de surveiller les agents étrangers opérant en Suisse, surtout les Allemands.


Pourquoi suis-je le seul à regretter qu'ils n'aient pas utilisé les lettres de son prénom en plus. Un bureau HaHa aurait eu de la gueule.
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Pendjari



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 16:08    Sujet du message: Répondre en citant

Toda Moshe, elle est bonne Very Happy

Effectivement, j'ai tout lu, pas de Bourdelle ni de Taupin.
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loic
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 16:13    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
les diplomates de ce pays restés bloqués au Vatican après que Rome eût été libérée

Bizarre ça... c'est OTL ? Pourtant, la chute de Rome a pris du temps, on pourrait penser que les diplomates de l'Axe ont eu le temps de voir venir.
FTL, évidemment, c'est plus rapide.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...


Dernière édition par loic le Jeu Déc 08, 2022 19:29; édité 1 fois
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 16:35    Sujet du message: Répondre en citant

17 novembre 1942
La Suisse, nid d’espions
Berne

" Ils ne recevaient plus guère d’instructions de leurs gouvernements et personnes ne se souciait plus de leurs débats."

2 novembre 1943
Grenouillages
Berne –
Un agent de Shellenberg, chef du service de renseignements SS à l’étranger, demanda à rencontrer Allen Dulles, mais ce dernier refusa de rencontrer le personnage.

"refusa", tout court.

3 novembre 1943
Deux hommes en noir
Banlieue de Lille (zone d’occupation rattachée à la Belgique) –


"...Précédé par le capitaine, Lischka entra dans la grande maison et gravit un imposant escalier. Au premier, on le fit entrer dans un bureau meublé d’une bibliothèque et d’une large table de travail. Aucun bibelot personnel ne l’ornait. En effet, l’actuel occupant, le Gruppenführer [général de division]

On l'introduisit (?)

"...le temps qu’une jeune femme en uniforme gris souris viennent leur apporter du café...."

Ou bien elles sont plusieurs dans le même corps, ou bien elle est - dirons-nous - "de forte corpulence"
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 17:12    Sujet du message: Re: Sonnenaufgang, par Anaxagore Répondre en citant

Moshe a écrit:
Casus Frankie a écrit:


2- Section du renseignement suisse fondée en 1940 par les commandants Max Waibel et Hans Hausamann (le nom « Bureau Ha » vient des deux premières lettres d’Hausamann). Son rôle était de surveiller les agents étrangers opérant en Suisse, surtout les Allemands.


Pourquoi suis-je le seul à regretter qu'ils n'aient pas utilisé les lettres de son prénom en plus. Un bureau HaHa aurait eu de la gueule.


Pour l'honorable ambassadeur Lord Nelson Muntz ? Ha--haaaaaaaa !!!

Et les Britanniques avaient bien un Haw-haw.
https://en.wikipedia.org/wiki/Lord_Haw-Haw
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 17:21    Sujet du message: Répondre en citant

On pourrait préciser que ce cher Ramirez vend surement des matériaux non stratégiques, genre du tissu, vin ou un truc du genre. Ca fait pas trop argentin comme nom d'ailleurs.

Citation:
Banlieue de Lille (zone d’occupation rattachée à la Belgique) –


L'autorité du NEF ne porte même pas là, non ???

Citation:
le Führer se mette en colère et m’ordonne d’arrêter mon entreprise


Formulation un peu inusuelle pour un SS.
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borghese



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 17:48    Sujet du message: Répondre en citant

Adolfo Ramirez était donc VRAIMENT un agent double???? Laughing
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John92



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 17:49    Sujet du message: Répondre en citant

...
La demeure était envahie par la lumière des Alpes et les fenêtres donnaient sur des vignobles. Une porte donnant sous (s’ouvrant vers ?) le vignoble permettait à des gens de venir le voir discrètement, ce qui convenait parfaitement à ses desseins.
...
La discrétion de Ramirez n’avait duré qu’un temps, sa mission ne l’exigeait pas plus longtemps. Loin de l’image colportée par les romans de quatre sous où les agents sont nécessairement secrets, le renseignement exige parfois la publicité. La mission d’Adolfo Ramirez était de celles qui demandent de rencontrer un grand nombre de ces pourvoyeurs de renseignements (s’informations ?) amateurs ou professionnels, idéalistes ou stipendiés, qui prospèrent dans ces zones grises de la guerre que sont les pays neutres.
...
Ils ne recevaient plus guère d’instructions de leurs gouvernements et personnes (personne ) ne se souciait plus de leurs débats.
...
Le contact entre Ramirez et Gaevernitz permit aux Français d’atteindre deux précieuses sources de renseignement. Le nommé Hans Berud Givesius était en contact avec les conspirateurs qui prévoyaient d’assassiner Hitler. Quant au procureur général Wilhem Hoegner, il se trouvait en contact avec des opposants au nazisme jusqu’à l’intérieur de Peenemünde, centre de recherche sur les armes secrètes V1 et V2.
Tout ce joli monde se croisait sous les sourires amusés des Suisses du Bureau Ha (2) qui voyaient tout, entendaient tout, surveillaient tout et… laissaient faire. À Berne, la plupart des renseignements prétendument secrets s’échangeaient lors de dîners mondains. L’atmosphère était à mille lieux des romans d’espionnage qui deviendraient si populaires après la guerre.
Mais si les Suisses surveillaient (gardaient un œil sur ?) Allen Dulles et Adolfo Ramirez, les Allemands faisaient de même. Eux (qui sont ces eux ? Allens et Adolfo ou les Allemands ? ) qui croyaient rencontrer discrètement les Résistants qui venaient discuter avec eux se trompaient souvent.
...
Depuis un an, les nombreuses personnes venaient (venant ?) voir Adolfo Ramirez représentaient des nationalités et des professions très diverses.
...
D’après la filière ecclésiastique, Marinotti était en fait envoyé par « un haut personnage » nazi pour prendre contact avec les gouvernements alliés, rien moins !
Ramirez fit remonter l’information, ne désirant pas prendre contact avec (rencontrer-approcher déjà utilisé plus bas ?) Marinotti de son propre chef. Le message qu’il finit par recevoir ne provenait pas d’Alger, mais de Londres. Il était envoyé par les services secrets britanniques. Ceux-ci avaient déjà le personnage à l’œil et avaient appris que c’était Heinrich Himmler qui l’avait fait libérer. On conseillait de ne pas l’approcher.
Peu après, la même filière ecclésiastique contacta Allen Dulles pour lui “vendre” à son tour Marinotti. Mais l’OSS refusa de mordre à l’hameçon. Grâce aux sources des services secrets alliés à l’intérieur des officines nazies, un télégramme destiné à Shellenberg, le chef du contre-espionnage SS (le SD) avait été intercepté. Il confirmait que les SS suivaient les moindres allées et venues de Marinotti. Craignant un piège, les Américains ne contactèrent ( ) donc pas l’Italien, eux non plus.
...
Tout naturellement, à mesure que la situation militaire tournait en la défaveur de l’Axe, les Suisses adoptaient une attitude plus favorable envers le gouvernement français (même si c’est évident, peut-être précisé qu’il s’agit de Marseille et non du NEF ? ).
...
Après tout, des bombardiers américains l’avaient déjà bombardée (frappée ?) par erreur et des avions des deux camps avaient été abattus ou forcés à se poser par les chasseurs suisses au cours d’accrochages nécessaires pour faire respecter la neutralité helvète.
...
À l’origine, cet homme sollicitait son aide pour obtenir l’autorisation d’entrer en Suisse (dans la Confédération ?) pour une certaine mission. En effet, un visa ne pouvait être obtenu que contre un dépôt de 10 000 francs suisses – à l’époque, une somme considérable. Toutefois, l’ami français n’avait pu passer en Suisse, car les Allemands ne laissaient personne passer la frontière qui ne fût un de leurs bons amis ou qui ne se rende de l’autre côté pour des raisons commerciales qui puissent leur profiter.
...
Mais déjà, l’homme reprenait sans s’apercevoir du manque d’enthousiasme de ses interlocuteurs (vis-à-vis ? ).
[i]– Tout d’abord, vous devez comprendre que ceux qui cherchent à contacter les généraux allemands se trompent d’interlocuteurs . C’est une perte de temps.
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FREGATON



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 17:58    Sujet du message: Répondre en citant

borghese a écrit:
Adolfo Ramirez était donc VRAIMENT un agent double???? Laughing

Mais puisque qu'on te dit que s'il est rentré dans la gestapo c'était pour infiltrer le milieu de l'intérieur! Cool
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 18:39    Sujet du message: Répondre en citant

Mais alors, Super Résistant aurait VRAIMENT étranglé de ses main, le nain Henrique, qui couchait avec sa soeur Colette ? Shocked

Et j'ai toujours su que M. Taupin, Ministre des Anciens Combattants était en réalité un agent du KGB.
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 19:37    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Citation:
le Führer se mette en colère et m’ordonne d’arrêter mon entreprise


Formulation un peu inusuelle pour un SS.


Ils sont entre eux, ils parlent plus librement.
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borghese



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 19:48    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Mais alors, Super Résistant aurait VRAIMENT étranglé de ses main, le nain Henrique, qui couchait avec sa soeur Colette ? Shocked

Et j'ai toujours su que M. Taupin, Ministre des Anciens Combattants était en réalité un agent du KGB.



C’est sonnom de code: Taupe-1.
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