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La Grande Pitié (par Carthage… puis Houps)
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Casus Frankie
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Inscrit le: 16 Oct 2006
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MessagePosté le: Sam Jan 02, 2010 23:14    Sujet du message: La Grande Pitié (par Carthage… puis Houps) Répondre en citant

Bon, ce n'est pas de ma faute, mais Carthage a (un peu) délaissé nos Joyeux.
Comme ce qu'il nous offre ici est aussi savoureux, on peut je crois lui pardonner...


La grande pitié

- A Roger BRUGE -

29 mars 1941, Salers (Cantal) – Le Docteur Lajarrige se pencha par dessus le parapet. Du haut de la promenade de Barrouze, il pouvait voir les trois vallées, celle de l’Aspre, celles du Rat et de la Maronne, ainsi que le Puy Violent, dans toute sa blanche majesté – il était tombé des quantités phénoménales de neige en cet hiver 41 qui les avait coupé du monde pendant presque deux mois ! Enfin, le printemps arrivait, bientôt surviendrait la fonte et les rares hommes qui restaient dans les fermes pourraient étendre sur la neige le fumier des étables.
Une cheminée solitaire, tout en bas, fumait sur le château de Palmont, commune de Fontanges (Cantal). Le vieux comte était mort la veille, sur le coup de midi, à un âge fort avancé. Lajarrige et le curé l’avaient tous deux assisté, chacun à leur façon, pour le grand passage, puis étaient remontés sur Salers comme ils étaient descendus, en traîneau à cheval, presque à la Russe. Couverts de moumoutes diverses, car le froid était polaire, ils avaient, bien qu’ils ne s’appréciassent guère, devisé tristement sur l’étrange cours des événements que vivait la France en cette fin mars 1941. Lajarrige avait rappelé au doyen les mots d’un chroniqueur de la guerre de Cent Ans, mots qui l’obsédaient depuis août 40 : « le royaume de France était tombé en grande pitié » – le doyen, gueule cassée de Verdun, avait hoché ce qu’il lui restait de visage et lui avait fait part, à mi-voix, d’un message pastoral de Monseigneur Salièges qu’il avait reçu l’avant-veille et qui résumait fort chrétiennement la médiocrité des temps et la petitesse des hommes, ce n’était pourtant pas son évêque mais, désormais, il le tiendrait pour tel. Maire et conseiller général de Salers, Lajarrige attendait tous les jours sa révocation par l’olibrius du NEF qui officiait comme sous-préfet à Mauriac ; celle-ci ne venant pas bien que le médecin ait refusé de prêter serment au régime lavaliste, il s’occupait comme il pouvait de ses administrés, tout comme le doyen se souciait du salut de leurs âmes.
Arrivés à Salers, les deux hommes avaient partagé au presbytère une infecte décoction de glands qui voulait remplacer le café et s’étaient séparés, Lajarrige rentrant à la mairie pour rédiger des télégrammes – presque autant de faire-part de décès qu’il y avait d’abonnés au Bottin mondain, il y aurait du beau linge, dans trois jours, à la levée du corps ! Avec la température, pas de danger pour la dépouille, surtout que le comte avait préféré, en 1898, une De Dion-Bouton à une installation efficace de chauffage central pour le château. Par contre, ce qui inquiétait Lajarrige, c’était la volonté du défunt d’être inhumé à Paris, au cimetière de Picpus, pas facile en ces temps contraires, mais que voulez-vous, il était né à Paris le vieux comte et il voulait y reposer, Lajarrige rédigea un télégramme supplémentaire pour la maison Roblot… Quand il eut fini, il héla le petit Baptiste et lui demanda de tout porter à la poste.
Baptiste – Tistin – était un enfant de troupe, de l’école d’Autun ; lorsque celle ci avait été repliée, il s’était battu, malgré son jeune âge, avec l’adjudant-chef Granger, que l’on surnommait “le Lion”, au pont du Diable, à Toulon-sur-Arroux ; pourvoyeur du FM 24/29 servi par le sous-officier, il avait parfaitement rempli ses fonctions malgré sa profonde terreur – il est vrai qu’il n’était qu’élève de Troisième et avec un an d’avance encore ; sa grande détresse était tout d’un coup apparue au “Lion” qui, comprenant (un peu tard) que la place d’un enfant de quatorze ans n’était pas là, l’avait confié, lui et sa jument fourbue, au maire de Salers lors de leur repli vers le sud, il devait être en Alger, à présent. Depuis, Tistin servait de cocher à Lajarrige avec Cocotte, sa jument désormais guérie et ferrée à glace, il suivait les cours du collège et servait la messe du Doyen comme enfant de chœur, une vie presque normale en somme ! Il chaussa ses galoches et partit en patinant vers la poste où il déposa les télégrammes directement entre les mains diligentes de la préposée qui lui remit, en échange, une lettre pour le Maire et un tout petit carré de pâte de coing, à consommer tout de suite, là, devant elle, pour le sucre, pauvre gamin avec son béret trop grand et ses frusques militaires, le maire pourrait faire l’effort de l’habiller autrement quand même, elle lui en ferait (une fois de plus) la remarque à la fin du conseil municipal du vendredi suivant.
………
Lajarrige commençait d’être inquiet, très inquiet, l’état sanitaire de la population se dégradait de façon vertigineuse, il revoyait des pathologies oubliées depuis des lustres, l’hiver était certes d’une rigueur extrême mais le froid n’expliquait pas tout : les vieux et les petits enfants résistaient mal aux privations multiples, une surmortalité préoccupante dans ces tranches d’âge était apparue brutalement dès la mi-janvier, il avait averti par écrit en février les “autorités” d’Aurillac (ou ce qui en tenait lieu) mais n’avait reçu pour toute réponse qu’un coup de fil discourtois de l’olibrius de Mauriac lui demandant de bien vouloir, à l’avenir, se mêler de ses affaires, le NEF pourvoyant semble-t-il à tout et seuls des fauteurs de troubles, Bolcheviques ou valets de la Juiverie anglo-saxonne pouvaient en douter. Faute de mieux, il infligeait à tous une décoction d’écorce de bouleaux et de sapin qui révulsait les estomacs sagraniers, il en avait trouvé la recette dans un livre du comte de Ségur sur la retraite de Russie ; il avait également avisé par lettre son éminent confrère et ami le docteur Cabarès, qui sévissait à Paris, il en espérait de précieuses solutions à ces troubles de toutes sortes, certainement dues à des carences alimentaires ; il faudrait des citrons ou des oranges, mais où en trouver ?
Tistin entra dans la mairie et lui tendit la lettre, Lajarrige l’ouvrit et prit un air soucieux, son correspondant, hôtelier à La Tamarissière (Hérault), l’avertissait d’une visite importante dans une semaine ! Lajarrige regarda la date d’expédition du pli, le visiteur arriverait dans trois jours, via Mauriac, pile pour la cérémonie, l’hôtelier lui demandait de faciliter le transfert du visiteur sur Paris… Ah, La Tamarissière, ses vacances de 37, toutes les bombances faites à l’hôtel, de vrais banquets de comices agricoles, et tous les deux jours ! Lajarrige en était revenu ébloui et le foie fatigué, sans doute par le Faugères… Il n’avait qu’à remonter quelque peu l’Héraut sur le frêle esquif du passeur (ou plutôt de la passeuse, car c’était une dame que tout le monde appelait Mimi) pour visiter Agde la grecque, dont le basalte volcanique lui rappelait son Auvergne chérie, trois semaines de bonheur. Cabarès avait quitté ses Basses-Pyrénées natales pour le rejoindre, ils avaient beaucoup marché sur les plages, les bas de pantalon retroussés pour glaner des coquillages frais sur la laisse de mer, coquillages que l’hôtelier préparait dès leur retour, quel pays de cocagne… Ils avaient fini par sympathiser avec le patron de l’hôtel, un homme de leur âge qui avait fait la guerre à l’Armée d’Orient, ils s’écrivaient désormais régulièrement, l’homme semblait avoir quelques relations du côté des puissants et même, avait-il cru comprendre entre les lignes quelques mois plus tôt, du côté d’Alger ! Alors il leur avait écrit aussi, aux beaux Messieurs d’Alger, fin février, en les accusant de les avoir abandonnés aux Boches, il avait tout décrit de la situation de ses administrés et avait envoyé son courrier via l’hôtelier de La Tamarissière sous une épaisse enveloppe à l’en-tête de sa mairie mais non affranchie, la postière ne pouvant plus lui donner le tarif pour l’Algérie ; l’enveloppe était destinée à Monsieur Georges Mandel, ministre de l’Intérieur, après tout, c’était la voie normale, même si Lajarrige, lui, était Radical ! En décembre, il eût écrit au Père Noël. Il se demandait ce que l’hôtelier avait fait de la lettre.

Alger, quelques semaines plus tôt – Mandel avait fait une drôle de tête quand un commis principal du ministère, par ailleurs chargé du courrier, lui avait réclamé 140 Francs et 25 centimes pour une lettre non affranchie qui lui était personnellement adressée et qui semblait provenir de France, enfin, de métropole. D’un air las, il avait sorti son porte-monnaie puis s’était attelé à la lecture, bon D…, son correspondant n’y allait pas de main morte, Lajarrige, ça lui disait quelque chose, ah oui, un vieux Rad-Soc, un élu du Cantal qui avait publié quelque part en 35 une tribune favorable à l’accord de Front Populaire, une vrai tête de bois d’Auvergnat, ça oui ! Sa lecture finie, il eut un grognement – ou un gémissement – et jeta d’un geste rageur la missive dans une corbeille à papiers déjà débordante. Un instant plus tard, préoccupé, il la repêcha et fit appeler Bingen et le médecin général Locard, non pas demain, tout de suite, là, maintenant !
Les deux hommes avaient lu le courrier, Bingen tordant le nez aux accusations du maire et conseiller général, mais Locard avait soutenu son confrère et dit au Ministre qu’il fallait faire quelque chose, au moins se renseigner pour avoir un estimatif de l’état sanitaire de la population française, on avait laissé plus de quarante millions d’individus derrière nous, sous la botte de l’envahisseur et la gestion lamentable des névrosés hystériques du NEF, que dis-je, névrosés psychotiques ! Oui, il fallait faire quelque chose, après tout, il n’y avait pas de Ministère de la France Perdue mais de qui dépendrait-elle sinon de celui de l’Intérieur, asséna Locard, en regardant Mandel droit dans les yeux – il ajouta que si, comme le disait cet excellent confrère, la France était « tombée en grande pitié », ce triste état, qui avait attendri les cœurs pourtant rudes des hommes de l’Ancien Régime, toucherait peut-être les cœurs présumés plus tendres des ministres de la République ?
Mandel, la face encore plus pâle qu’à l’accoutumée et la voix quelque peu saccadée, leur jura qu’il aborderait le sujet au prochain Conseil, mais il avait peu de données chiffrées à moudre, or ses collègues en étaient fort friands – Locard, homme pratique, lui conseilla de faire ampliation du courrier de Salers et de le remettre en toute fin de Conseil à tous ses collègues du gouvernement lorsque seraient abordées les questions diverses, Bingen ajouta qu’il faudrait en avertir le président du Conseil, et, pourquoi pas, en faire porter copie au président de la République.
………
Le conseil qui suivit donna lieu à une des rares passes d’armes entre les ministres de l’Intérieur et de la Guerre, Charles reprochant à Georges de vouloir s’immiscer dans la conduite des opérations militaires, la France occupée ne devant être vue pour l’instant que comme le vaste théâtre des futures opérations de libération qui interviendraient en temps et dates, on s’était trop accroché au terrain entre Quatorze et Dix-huit et on en connaissait le prix, Georges s’en étrangla d’indignation et signala incidemment à Charles que la France n’était pas le désert et qu’elle était peuplée d’indigènes qu’on appelait les Français, qui attendaient certainement, avec une patriotique ferveur, la libération du territoire par l’armée victorieuse de la Nation mais qui, d’ici là, étaient dans l’obligation douloureuse de tenter de survivre pour voir ce jour glorieux, Charles s’empourpra et allait exploser quand Paul demanda doucement à Georges de bien vouloir rappeler devant le Conseil la formulation utilisée par ce maire du Cantal – « la France est tombée en grande pitié », monsieur le Président du Conseil, « la grande pitié », je l’ai lu quelque part, de qui est-ce déjà demanda Paul, les ministres s’entre-regardèrent, ils connaissait tous l’expression mais sans pouvoir l’attribuer – Charles s’éclaircit la gorge et répondit : « C’est de Jeanne d’Arc, Monsieur le Président du Conseil, ce sont les paroles de l’archange Saint Michel comme elle les rapporta de son vivant à divers chroniqueurs, en un mot c’est la voix même de la France qui parlait en ces temps difficiles » (il s’éclaircit à nouveau la gorge) « Mes excuses, Messieurs, toutes mes excuses, il faut bien sûr faire quelque chose, envoyons un émissaire pour évaluer la situation, un civil de chez vous, mon cher Georges, la Marine mettra un submersible à votre disposition pour le transport » – c’est ainsi que Jacques Bingen gagna un aller qu’on espérait avec retour pour la France occupée, on lui laissait trois mois pour dresser un état des lieux.

Agde (Hérault) – C’est la plage de La Tamarissière, commune d’Agde, département de l’Hérault, qui fut choisie comme point de débarquement, deux énergiques matelots souquant énergiquement en direction d’un signal lumineux, une centaine de mètres à l’ouest de l’embouchure, vers cinq heures du matin. Bingen finit par s’extraire du canot, nanti de sa petite valise et d’un Colt 11,43 qui l’embarrassait fort ; il s’approcha de l’homme qui tenait la lampe torche, un type plus très jeune, les matelots étaient déjà repartis, on le reprendrait, au même endroit et à la même heure, dans 90 jours !
Bingen ne s’était même pas mouillé les pieds, l’homme lui demanda de le suivre et le précéda d’un pas rapide vers ce qui semblait être un hôtel restaurant, il le fit entrer par l’arrière, directement dans la cuisine et proposa un jus à Bingen qui l’accepta chaleureusement – cinq minutes plus tard, ce dernier faisait une atroce grimace, mais qu’est ce que c’est, bon D…, ce caoua est infect ! Du pur jus de gland, répondit le restaurateur, vous vous y ferez, ce n’est pas le pire, allez, de toute façon nous partons dans un quart d’heure, j’attelle ma carriole, c’est mon jour de courses à Béziers, les halles sont déjà ouvertes et je dois nourrir mes clients qui sont fort exigeants, pensez, tout l’état-major de la 11.ID qui rentre de manœuvres demain, ils ont réquisitionné mon hôtel et goûtent fort ma cuisine, une couverture parfaite et des ausweis à gogo, mais hélas ils gardent leur café pour eux. Je vous laisserai en passant au triage de Béziers, un cheminot vous y attend, vous prendrez votre train dans une heure et demie, au passage du convoi, heureux mortel qui allez découvrir les douceurs auvergnates, allez, dépêchons !


Dernière édition par Casus Frankie le Jeu Juin 29, 2023 09:30; édité 1 fois
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ladc51



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MessagePosté le: Dim Jan 03, 2010 12:08    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Carthage !

Je me disais depuis ques semaines qu'une étude des conditions de vie en France occupée serait la bienvenue... aurais-tu lu dans mes pensées ? Et comme c'est toujours aussi bien écrit et passionant à lire... et plus que parlant pour un héraultais comme moi...
_________________
Laurent
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clausewitz



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MessagePosté le: Dim Jan 03, 2010 18:37    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent récit de la part de l'ami Carthage. J'ai hâte de lire la suite Very Happy
_________________
Ma nouvelle uchronie

http://clausuchronia.wordpress.com/
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lebobouba



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MessagePosté le: Dim Jan 03, 2010 22:53    Sujet du message: Répondre en citant

En attendant la suite de la pittoresque saga des Joyeux , Carthage nous narre les tribulations du sieur Bingen entre l'Hérault et le Cantal , le tout en mission secrète d'évaluation sanitaire... Smile

Chapeau , et vivement la suite Razz
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Manu Militari



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MessagePosté le: Mer Jan 06, 2010 14:10    Sujet du message: Félicitation Répondre en citant

Bravo Very Happy , même si la situation fait mal au coeur à lire. Crying or Very sad

A+
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Jan 07, 2010 23:07    Sujet du message: Répondre en citant

La suite... Pour plus de clarté, je reproduis au début les derniers paragraphes de l'épisode précédent.

Agde (Hérault), 31 mars – C’est la plage de La Tamarissière, commune d’Agde, département de l’Hérault, qui fut choisie comme point de débarquement, deux énergiques matelots souquant énergiquement en direction d’un signal lumineux, une centaine de mètres à l’ouest de l’embouchure, vers cinq heures du matin. Bingen finit par s’extraire du canot, nanti de sa petite valise et d’un Colt 11,43 qui l’embarrassait fort ; il s’approcha de l’homme qui tenait la lampe torche, un type plus très jeune, les matelots étaient déjà repartis, on le reprendrait, au même endroit et à la même heure, dans 90 jours !
Bingen ne s’était même pas mouillé les pieds, l’homme lui demanda de le suivre et le précéda d’un pas rapide vers ce qui semblait être un hôtel restaurant, il le fit entrer par l’arrière, directement dans la cuisine et proposa un jus à Bingen qui l’accepta chaleureusement – cinq minutes plus tard, ce dernier faisait une atroce grimace, mais qu’est ce que c’est, bon D…, ce caoua est infect !
Du pur jus de gland, répondit le restaurateur, vous vous y ferez, ce n’est pas le pire, allez, de toute façon nous partons dans un quart d’heure, j’attelle ma carriole, c’est mon jour de courses à Béziers, les halles sont déjà ouvertes et je dois nourrir mes clients qui sont fort exigeants, pensez, tout l’état-major de la 11.ID qui rentre de manœuvres demain, ils ont réquisitionné mon hôtel et goûtent fort ma cuisine, une couverture parfaite et des ausweis à gogo, mais hélas ils gardent leur café pour eux. Je vous laisserai en passant au triage de Béziers, un cheminot vous y attend, vous prendrez votre train dans une heure et demie, au passage du convoi, heureux mortel qui allez découvrir les douceurs auvergnates, allez, dépêchons !
………
Une heure plus tard, Bingen était déposé par l’hôtelier aux limites sud du faisceau de triage de Béziers, sur la commune de Villeneuve – il avait été cahoté sur les petites routes du littoral entre les vignes qui auraient leur taille de printemps dans un petit mois, arriver par le sud était une bonne idée pour feinter les Boches et les excités du SONEF, de plus, un brouillard épais, disséminé en plaques blanchâtres, avait concouru à la discrétion de leur trajet dès leur arrivée sur le chemin de halage du canal. Des bruits métalliques réguliers semblaient provenir des voies, ça travaillait dur !
Bingen était tout songeur, les choses avaient été rondement menées, le concernant tout du moins, depuis son escapade normande de juin 40 où il avait récolté une blessure à la cuisse par un éclat d’obus, un comble pour un artilleur par ailleurs officier de liaison auprès des Ecossais de la 51e Division, avant d’être évacué le 11 à Saint-Valéry-en-Caux. Refusant la défaite, le 20 du même mois, homme têtu mais constant, il avait débarqué à Casablanca avant tout le monde puis avait gagné Alger où l’Armée française n’avait plus voulu de lui, faute de canon à lui confier (un réserviste, pensez donc) – Mandel l’avait fait chercher début août et lui avait passé un rude savon, lui demandant de cesser ces enfantillages et autres niaiseries guerrières, le bon Georges en avait même appelé aux mânes d’André Citroën (et à celles du Comité des Forges) pour faire craquer Bingen, il le voulait à son cabinet comme spécialiste des affaires économiques et sociales, Bingen avait fini par céder, sous conditions… Courant septembre, il se retrouvait prêté (à charge de revanche) par Mandel au ministère de l’Industrie et bombardé proconsul des mines de Sardaigne fraîchement conquises ! Aux prétextes qu’il avait fait les Mines et que, né dans une famille d’origine italienne, il entendait la langue de D’Annunzio. Mi-janvier, quand Mandel le récupéra (non sans mal), les mines sardes tournaient comme jamais, grâce à ses talents d’organisateur et au fait que les mineurs étaient aiguillonnés par la perspective (puisqu’ils étaient en théorie soldats, Benito les ayant mobilisés “sur place”) de se retrouver prisonniers de guerre au Sahara si la production était médiocre.
Quand la lettre de Salers était arrivée sur le bureau de Mandel, Bingen rentrait tout juste d’une très urgente, très délicate et (pour ne pas le cacher) fort ténébreuse mission d’achat aux Etats-Unis, mission qu’il avait su mener à bien et au meilleur prix, les matériels commandés à la société Hallicrafter et à la Teletype Co seraient livrés début mai, une présérie arrivant même par avion avant Pâques, sinon gare aux pénalités !
………
Un petit bonhomme relativement âgé, vêtu d’un bleu usé par les lessives et coiffé d’une casquette à la couleur indéfinissable surgit du néant, c’était donc lui qui faisait ces bruits métalliques, avec sa masse il frappait toutes les roues du convoi à l’arrêt qu’il remontait lentement, il arriva à la hauteur de Bingen – « C’est pour les roues fêlées » déclara-t-il, ajoutant qu’il fumerait bien une cigarette, Bingen lui tendit une Camel que l’autre alluma avec un briquet d’un autre âge, une sorte d’usine de poche, un truc à amadou, Bingen en profita pour s’en griller une, l’autre le félicita pour ses américaines désormais introuvables dans la France d’aujourd’hui et lui demanda de le suivre sans autre formalité. Passant devant un wagon de première, il lui dit simplement : « Compartiment 5, place 43, vous attendrez le contrôleur qui vous en dira plus, c’est son compartiment, dites, vous n’auriez pas un paquet neuf à me laisser ? »
Bon prince, Bingen ouvrit sa valise et lui en donna un – « Ne fumez pas ça en public, recommanda le vieux, cela vous ferait repérer, tenez, voilà des Gauloises, des vraies, et pas du tabac de troupe mais du caporal » – il lui tendit un paquet enveloppé dans un sac en papier, une liste dactylographiée pliée en quatre y était jointe. « Vos adresses, c’est pour vous seul, apprenez-les par cœur et détruisez le document, tenez, vous n’aurez qu’à le manger, tout fait ventre par les temps qui courent, montez, le train va partir, il s’arrêtera en gare dans deux minutes, ne quittez pas votre place avant l’arrivée des contrôleurs et bon voyage ! Ah, on voit votre pétoire, elle dépasse de partout, mettez-la dans votre valise, vous ne risquez rien dans le train. » Bingen lutta avec sa valise, le vieux disparut dans le brouillard.
Poussé par une machine de manœuvre, le convoi fut refoulé vers la voie 6, l’une des deux voies de service électrifiées, la motrice attendait à deux cents mètres, il y avait du courant ce jour… L’ingénieur principal hors classe Salavesse tira sur sa Camel, toussa, releva sa casquette et se félicita pour son déguisement, ce petit avait l’air sympathique, du moins pour un minard, espérons que tout ira bien.
………
Le train fut attelé et pénétra lentement en gare de Béziers, Bingen qui était côté fenêtre put admirer les contrôles en gare effectués par les Germains et leurs dévoués auxiliaires français, beaucoup de zèle, peu d’efficacité puisqu’il était déjà dans la place, les voyageurs parcouraient le couloir dans un bruit de transhumance inquiète, on tenta d’ouvrir sa porte plusieurs fois, certainement des étourdis toujours chassés par la même voix de stentor – Savez pas lire, compartiment réservé au contrôle ! Votre place est dans le compartiment suivant, oui Madame, nous partirons à l’heure, oui, on a du courant jusqu’à Toulouse, non Monsieur, il n’y a pas de wagon restaurant, et pour servir quoi ?
Quand, à la fin des fins, tout le monde fut installé, la silhouette imposante de Pacôme Barbarous, contrôleur titulaire, suivie de celle plus fluette d’Antoine Salagoux, contrôleur auxiliaire, passèrent toutes deux la porte du compartiment. Le départ fut donné au signal accompagné d’un long coup de sifflet, Barbarous saluant d’un geste large, presque romain, par la fenêtre ouverte, son collègue sur le quai, puis se retournant, il avisa Bingen en lui demandant où il comptait aller, comme ça, ce jour, présentement !
Mauriac, répondit Bingen, dans un premier temps Mauriac, département du Cantal. Les deux cheminots se précipitèrent fébrilement sur leur indicateur Chaix qu’ils se mirent à feuilleter presque rageusement, se jetant à la tête des noms de gares à peu près inconnues et presque improbables dans un parler étrange autant que rocailleux, le tout avec des mines de Barbaresques escaladant les murailles de Constantinople. Après dix bonnes minutes de cette joute verbale et de longs conciliabules incompréhensibles pour le profane, il fut annoncé à Bingen qu’on verrait à Toulouse, que de toute façon il aurait beaucoup de chance s’il arrivait jusque là, pensez, avec ces contrôles des Boches et toute cette neige.
Bingen était songeur tout en regardant la campagne audoise qui défilait par la fenêtre, c’est vrai qu’il y avait beaucoup de neige, il se demanda brusquement si Mandel lui avait bien tout dit sur cette mission pour laquelle il n’était absolument pas taillé techniquement, c’était plutôt un problème de médecin, de spécialiste de la santé publique ! Et tout avait l’air trop facile, du moins pour l’instant, tous ces gens qui facilitait sa démarche, les liaisons entre Alger et la Métropole occupée qui semblaient fonctionner fort correctement… Le gouvernement n’aurait-il pas discrètement laissé derrière lui, lors du Grand Déménagement, une structure quelconque pour protéger autant que faire se pouvait ses intérêts comme ceux de la France occupée – c’est ce qu’il aurait fait dans cette situation, lui, une sorte de service de renseignements animé par des individus en charge (ou l’ayant été) de la gestion économique ou administrative et connaissant bien leur partie – oui, décidément, tout cela était étrange mais peut être pas tant que ça, surtout que Mandel lui avait dit en riant qu’il serait, en quelque sorte, son facteur dans cette opération, qu’il n’était pas là pour distribuer le courrier mais pour le récupérer, le trier et l’analyser, et surtout, pour tout lui rapporter après synthèse. Il n’était pas là pour porter des appréciations personnelles sur des situations plus ou moins hasardeuses dues à l’imprévu mais bel et bien pour renseigner le ministre de l’Intérieur qui, lui, en ferait part au gouvernement comme il le jugerait utile… Un facteur donc, luxueux certes mais simplement facteur, par contre, il ne devait en aucun cas se faire prendre, le Colt était là pour ça ou plutôt pour lui ! Quant aux documents, sa valise était pourvue d’un ingénieux système de destruction assurant leur protection ultime, un cadeau de nos amis Anglais, seul Bingen et son instructeur d’Alger connaissaient les procédures d’ouverture et de fermeture, du beau matériel. En cas de capture imminente, son mentor lui avait conseillé de se tirer une balle dans la bouche ou dans un œil, en prenant bien garde à la pente de crosse, de toutes façons, avec du 11,43, il y aurait peu de possibilité de se rater – ils croisèrent alors un autre train, lancé à grande vitesse dans un nuage de neige poudreuse, qui les fit sursauter.
Barbarous demanda à Salagoux si le Toulouse-Nîmes qu’ils venaient de croiser avait donné deux ou trois coups de trompe, trois répondit Salagoux, alors dit sombrement Barbarous c’est que ces saligauds vont monter à Narbonne pour un contrôle en grand comme ils savent si bien le faire, vite Messieurs, il nous reste un quart d’heure, petit ouvre la valise ! Salagoux descendit la grosse valise de cuir aux marques de la SNCF, en sortit un costume complet de contrôleur et, en échange, enfourna dedans le bagage plus petit de Bingen tout en lui réclamant les vêtements qu’il portait, trois minutes plus tard, Bingen était parfaitement déguisé en contrôleur et à cinq étoiles s’il vous plaît ! Barbarous lui ajusta sa cravate d’un geste paternel en disant que tout irait bien mais qu’il lui faudrait se méfier des passagers qui, par ces temps tumultueux, n’étaient pas à prendre avec le bout du poinçon !
Après avoir fermé leur compartiment, les trois hommes commencèrent à remonter le convoi, en direction de la motrice, Bingen demanda à voix basse à Salagoux ce qu’ils risquaient à l’aider de la sorte, l’autre lui répondit qu’au mieux, ils prendraient une balle dans la nuque comme les six de Neussargue en septembre dernier, quand au pire, il avoua qu’il préférait ne pas y penser – c’est ainsi que Jacques Bingen apprit, au son du poinçon, le rude métier de contrôleur, « Billet siouplaît ».
………
Comme prévu, en gare de Narbonne, le grand jeu était sorti, il y avait sur le quai au moins vingt hommes de la Feldgendarmerie, une autre vingtaine mi-SD mi-Gestapo qui se regardaient en chiens de faïence, sans compter la horde tourbeuse des va-nu-pied du SONEF qui, eux, restaient cantonnés aux contrôles en gare, le grand jeu vous dis-je ! Seuls les Boches montèrent dans le train, le plus gradé d’entre eux, un vieux capitaine, se présentant directement à Barbarous qui s’effaça respectueusement derrière un Bingen institué sur le champ Inspecteur Principal de l’Exploitation – prestige de l’uniforme sans doute, le Boche ne songea même pas à lui demander sa carte professionnelle et pourtant Bingen la sentait, dans sa poche, mais il se contenta de montrer au représentant de la puissance occupante les documents techniques du convoi que celui-ci, d’un bref regard, fit semblant de consulter, obsédé qu’il était par l’imminence de ses vérifications, un cas tout à fait classique de perversion bureaucratique en somme.
Le contrôle ne donna pas grand-chose, deux mamies qui transportaient des quantités anormalement élevées de charcutailles et un petit gars sans billet, planqué aux toilettes (dont l’usage était pourtant interdit en gare) et qui avait une bonne tête de candidat au passage par l’Espagne. En revanche, un petit Monsieur d’un âge plus que certain, monté en première à Narbonne et portant rosette, injuriait la soldatesque nazie à voix point assez basse, quoiqu’en pur catalan (il venait de Perpignan), Salagoux se chargea de le calmer avec les mots appropriés. Une heure plus tard, le train repartait, Barbarous grogna, en consultant son énorme régulatrice, qu’avec tout ce retard on allait sûrement pas faire l’heure.
………
Quand ils regagnèrent leur compartiment, ils le trouvèrent occupé par un monsieur portant un strict uniforme de la Reichsbahn, qui possédait visiblement la clef ad hoc pour l’ouverture de la porte et qui, tranquillement, s’apprêtait à ouvrir la grande valise de service des contrôleurs.
Bingen les sauva d’abord de cette périlleuse situation en demandant, dans un allemand scolaire mais cependant parfait, ce qu’il pouvait bien rechercher. L’homme se retourna, ébahi, et leur affirma, dans un français aux tournures forts tudesques, qu’il prenait la direction de ce train au nom du Reich ! Barbarous renâcla, protestant hautement contre cette immixtion scandaleuse des vainqueurs dans le fonctionnement (idéalement harmonieux) de la SNCF, société d’état que le monde entier nous enviait ; le Boche, interloqué, se retourna et farfouilla dans une petite sacoche de cuir fauve marquée de la croix gammée pour rechercher, sans nul doute, les documents fondant sa scandaleuse démarche – le petit Salagoux ne lui en laissa pas le loisir, il lui brisa la nuque d’un coup extrêmement violent de son lourd poinçon réglementaire, un modèle 1905, pas fait pour les fillettes ou les traminots.
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dak69



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MessagePosté le: Ven Jan 08, 2010 10:05    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

On attend la suite avec impatience !

Un petit détail : en langage cheminot, on utilise plutôt "régulateur" que "régulatrice" pour désigner une montre.

Bien amicalement
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carthage



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MessagePosté le: Ven Jan 08, 2010 15:35    Sujet du message: régulateur Répondre en citant

Désolé, j'ai glissé chef, amts, pmd.
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carthage



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MessagePosté le: Dim Jan 10, 2010 17:36    Sujet du message: croisière Répondre en citant

Quelqu'un sait il ou se trouve le Normandie en cette fin mars 41, amitiés, Carthage.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 10, 2010 17:42    Sujet du message: Re: croisière Répondre en citant

carthage a écrit:
Quelqu'un sait il ou se trouve le Normandie en cette fin mars 41, amitiés, Carthage.


A priori, il passe toute la guerre à faire la navette USA-Casablanca. Une autre idée ?
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Casus Frankie

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ladc51



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MessagePosté le: Dim Jan 10, 2010 18:51    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
A priori, il passe toute la guerre à faire la navette USA-Casablanca. Une autre idée ?


Le Normandie a tout ce qu'il faut pour en faire un transport de troupes rapide entre les USA et soit l'Angleterre soit l'AFN (a priori plutôt le second).

La seule question est de savoir à partir de quelle date le besoin de nombreux transports de troupes entre USA et AFN comence à être d'actualité (avant l'entrée en guerre des USA ?) et à quelles dates le Normandie est immobilisé pour être transformé...
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Laurent
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Fantasque



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MessagePosté le: Lun Jan 11, 2010 10:13    Sujet du message: Répondre en citant

Pour le Normandie, sa vitesse en fait un moyen privilégié de transport entre les USA et la France, mais pas encore un transport de troupes.
Je pense qu'il a dû être utilisé pour du matériel peu encombrant (les caisses, en soute...) et urgent.

Sur le texte, c'est MAGNIFIQUE

Ah, les "hordes tourbeuses" du SONEF.....


F
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carthage



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MessagePosté le: Lun Jan 11, 2010 10:52    Sujet du message: normandie Répondre en citant

On peut donc penser que sa conversion en transport de troupe va se faire au plus tôt et surement aux Etats Unis mais il faudrait préalablement faire démonter tous les précieux éléments de sa décoration artistique, c'est un travail minutieux qui pourrait être réalisé en AFN, pourquoi pas en Tunisie!!! Carthage.
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loic
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MessagePosté le: Lun Jan 11, 2010 11:00    Sujet du message: Re: normandie Répondre en citant

carthage a écrit:
On peut donc penser que sa conversion en transport de troupe va se faire au plus tôt et surement aux Etats Unis mais il faudrait préalablement faire démonter tous les précieux éléments de sa décoration artistique, c'est un travail minutieux qui pourrait être réalisé en AFN, pourquoi pas en Tunisie!!! Carthage.

Houlà, pas avant la chute de l'Italie (au minimum celle de la Sicile) dans ce cas ...
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carthage



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MessagePosté le: Lun Jan 11, 2010 11:43    Sujet du message: normandie Répondre en citant

Dommage, comme d'habitude mais cela n'est pas grave, laissons le faire des S dans l'eau à 30 noeuds et transporter quelques petits colis plus ou moins urgents, AMTS, Carthage.
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