Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Le Front Russe, Mai 1944
Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 20, 21, 22 ... 28, 29, 30  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Le front russe
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9386
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 07:23    Sujet du message: Répondre en citant

Une attaque soviétique sur des allemands qui avancent, c'est une contre-attaque non ?
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
John92



Inscrit le: 27 Nov 2021
Messages: 1033
Localisation: Ile de France

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 08:03    Sujet du message: Répondre en citant

Si j'en crois J. Lopez; les soviétiques parlent plutôt de contre-frappe (niveau tactique)
la contre-attaque c'est plutôt niveau opérationnel (donc prévue/planifiée longtemps à l'avance; exemple: Koursk)
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 9040
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 09:07    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Une attaque soviétique sur des allemands qui avancent, c'est une contre-attaque non ?

Ou, mais les Allemands avancent parce qu'ils sont en train de contrer l'offensive soviétique, non ? Ce n'est pas en soi une opération planifiée côté allemand, mais juste une réaction locale pour se donner de l'air.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9386
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 09:08    Sujet du message: Répondre en citant

Oui quelque chose de local en réaction. Mais mettons contre-frappe.
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1856
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 09:58    Sujet du message: Répondre en citant

Un concours de circonstances, en quelque sorte.
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Imberator



Inscrit le: 20 Mai 2014
Messages: 5468
Localisation: Régions tribales au sud-ouest de Nîmes.

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 10:11    Sujet du message: Répondre en citant

Avec Himmler à Wewelsburg et Hitler à Berlin, à la tanière du loup ou au nid d'aigle, je suis étonné qu'un régime totalitaire de cette nature pratique une certaine forme de régionalisation des prises de décisions.


Bon on sait bien que l'hitlérisme est une féodalité totalitaire avec une certaine anarchie dans la prise de décision au niveau juste au dessous du führer, avec les coteries et la concurrence entre organes du régime. Déjà c'est une caractéristique, certes utile pour Hitler qui se contente bien souvent de jouer les arbitres, mais déjà fondamentalement contre productive car de nature à générer un certain désordre et des tiraillements internes parfois stériles.

Que le tout soit potentiellement aggravé par une dispersion géographique au moins partielle des centres de décision me semble plus encore incongru.
_________________
Point ne feras de machine à l'esprit de l'homme semblable !
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9386
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 10:25    Sujet du message: Répondre en citant

La Waffen-SS est un état dans l'état. En pratique, elle ne rend de compte à personne ... sinon Hitler. Himmler lui parlera de cette histoire, en temps voulu... si fallait embeter le Führer à chaque création d'unité...
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13822
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 10:27    Sujet du message: Répondre en citant

"Incongru" est sans doute un bon adjectif pour qualifier l'organisation politique du 3e Reich post-Walkyrie (et pré-effondrement).
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13822
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 10:43    Sujet du message: Répondre en citant

22 mai
OKW-OKH
Brigade de pompiers
Front de la Vistule
– Après le I. SS-PanzerKorps, c’est au tour du II. SS-PanzerKorps (Walter Krüger) de quitter la Pologne à destination de la France – avec une certaine hâte issue des événements sur le Front Ouest, faut-il le préciser. La 9. SS-Panzer Hohenstaufen (Sylvester Stadler), la 10. SS-Panzer Frundsberg (Heinz Harmel) et le 103. SS-schw. Pz Abt (Karl Leiner) – qui ont tous brillé lors de Friedericus II, quoique pas tous avec avec les mêmes chefs – embarquent leurs Panzer IV, JagdPanzer IV, Panther et autres Tiger sur des convois ferroviaires se dirigeant vers le Rhin. Ils sont attendus en France avec grande impatience !
Avec ce deuxième départ en moins de deux semaines, la 1. SS-PanzerArmee de Paul Hausser se retrouve sans doute quelque peu amaigrie. Elle vient tout de même de perdre ainsi un bon gros tiers de ses effectifs blindés – et le meilleur en plus. Mais avec la remontée en ligne de la 6. Armee, à l’aile nord du HeeresGruppe A, qui permet mécaniquement à Hausser de réduire son front, cela passera. Evidemment.

L’art d’utiliser les Slovaques
Dukla-Carpates
3e Front Ukrainien
– On se bat enfin au col de Dukla – cela ne fait jamais que trois semaines qu’on se bat pour ce point stratégique, mais on y est finalement ! La 61e Armée et la 1ère Armée de Choc ont achevé de repousser le IX. AK de l’autre côté du contrefort septentrional des Carpates, elles semblent donc pouvoir enfin s’emparer de leur objectif. Et dans la soirée, la Heer lâche bel et bien l’affaire, devenue trop coûteuse, en abandonnant le reste de ses positions sur place, comme la passe de Czeremcha, pour se retirer sur une nouvelle ligne Svidník- Staškovce-Krásny Brod.
Ni Heinrich Clößner, ni aucun de ses subordonnés ne disposent encore d’assez de monde pour prétendre continuer à défendre de façon statique. Et puis, on peut se donner un peu de champ : le Rouge a été saigné sans avoir gagné grand-chose – inutile de se montrer aussi stupide que lui en s’usant au point de créer soi-même les conditions d’une rupture globale du front. De toute façon, il y a encore plein de barrières d’arrêt potentielles jusqu’aux bassins versants de l’Ondava ou de l’Hornád – si tant est que les Rouges arrivent un jour aussi loin. D’ailleurs, le redéploiement du reste de la 8. Armee depuis le secteur de Tarnów ne devrait plus tarder : une semaine ou deux, selon les circonstances. Seul, peut-être, Clößner sait-il que “le reste de la 8. Armee”, c’est deux ou trois divisions d’infanterie à peine et trois StuG Abt déjà usés, car le transfert du III. PanzerKorps (Rudolf von Waldenfels) à la 1. SS-PanzerArmee de Paul Hausser paraît déjà acté.

La Hongrie, coûte que coûte
Cluj-Debrecen
2e Front Ukrainien
– Il n’en finit décidément pas de pleuvoir sur la Transylvanie – la Hongrie historique ou la Roumanie occupée, selon le point de vue. Au col d’Izvor, la Heer tente de profiter de ce qu’elle estime être une ébauche d’accalmie – la 16e Armée presse toujours, mais de moins en moins efficacement depuis quelques jours – pour organiser la relève de la 14. Panzergrenadier d’Erich Schneider par la chimère formée par la 5. Luftwaffen-Feld-Division et les débris de la 257. ID. Le tout sous le commandement du seul Anton-Reichard von Mauchenheim, attendu que Schulze-Heyn est déjà en route vers un endroit où il servira à quelque chose, par exemple un terrain d’aviation…
Le problème, c’est que la manœuvre ne s’effectue pas aussi naturellement que prévu. De fait, Leonty Cheremisov ne voit pas pourquoi il laisserait son adversaire roquer tranquillement, d’autant qu’il a compris qu’il avait en face de lui des troupes mécanisées, dont le retrait ne peut que signifier un prochain redéploiement destiné à contrer un camarade. Du coup, la journée est des plus pénibles pour les panzers et surtout les grenadiers de la 14. PzGr, qui doivent manœuvrer sous le feu ennemi pour pouvoir décrocher de leurs tranchées autour d’Izvoarele Sucevei, parfois après avoir dû aller chercher leurs remplaçants ! Au soir, l’opération n’est toujours pas achevée. Pire, la Wehrmacht a même dû concéder un coin de son dispositif, sur la gauche, en direction de Bobeica, au milieu de reliefs boisés très favorables aux infiltrations, a fortiori lors d’un remaniement de lignes.
C’est dans ce contexte qu’arrive le XLIX. AK de Rudolf Konrad – lequel a fait tout le chemin depuis le col Yablonitsky. Cette formation, qui relève de la 2. PanzerArmee de Hans-Jürgen Von Arnim, n’avait pas vocation à monter immédiatement en ligne, mais bien à servir de réserve d’armée dans le secteur de Vatra Dornei… Aujourd’hui toutefois, il semble bien plus utile que ce corps prenne en urgence le relais du L. AK dans la vallée de la Moldova, où il ne devrait plus rien se passer de dangereux, en dépit de petites tentatives rouges. Ainsi, la 17. Armee de Karl-Adolf Hollidt serait libre de se décaler de 70 kilomètres vers le sud, afin de pouvoir (par exemple !) renforcer le XLVIII. ArmeeKorps de Walther von Seydlitz-Kurzbach, lequel montre de graves signes de faiblesse.
Sitôt dit, sitôt fait : sur l’ordre direct de Gotthard Heinrici – son HG B doit bien trouver le moyen de dégager des troupes pour Hollidt, au sud ! – la 2. PanzerArmee fait monter en ligne tout ce qui lui restait de troupes à peu près fraîches. Et par suite, tout ce qu’il restait d’immédiatement disponible à la Wehrmacht dans tout le nord des Carpates.
C’est qu’effectivement, entre Bistrița et Bicaz, les choses continuent de s’aggraver. Et là, seule la pluie qui tombe très fort semble à présent en mesure de venir au secours des Allemands. Repoussée peu à peu vers Poiana-Largului, la 328. ID continue de payer très cher sa bravade d’il y a trois jours. Non point en positions – l’offensive de la 38e Armée ne progresse pas vraiment aujourd’hui : moins d’un kilomètre, de Ceahlău jusqu’aux reliefs à l’ouest de Bistricioara. Par contre, la division de Joachim von Tresckow a perdu beaucoup d’hommes et son avenir immédiat s’obscurcit : dangereusement avancée, elle paraît à chaque heure davantage mise de côté et courrait un grand risque d’encerclement si d’aventure, demain, le col de Bicaz cédait. Pour l’heure, celui-ci semble toujours aux mains allemandes : les restes de la 320. ID de Wilhelm Postel seraient arrivés sur place tandis que l’avant-garde de la 13. Luftwaffen-Feld-Division d’Hans Korte (hélas non motorisée, quelle déchéance !) se trouverait à Lacu Roșu – site toujours ravagé, mais qui a le bon goût de rappeler une victoire aux Allemands et n’est jamais qu’à 4 ou 5 kilomètres du col.
Avec un peu de chance, et grâce à la traditionnelle paresse slave, ça pourra aller. De fait, au même moment, en face, Kyril Moskalenko est très occupé à pousser en avant sous la pluie ses pointes motorisées, contre les nombreux éléments retardateurs allemands et malgré une foule d’obstacles (parfois des carcasses de blindés datant de l’offensive de l’automne dernier !), obstacles que l’infanterie doit déblayer à la main, avec les risques que cela comporte.
N’empêche, von Tresckow est inquiet. On le comprend… De fait, si le col de Bicaz tombe, il n’y aura plus rien pour arrêter l’adversaire jusqu’à Toplița et sa seule chance de salut sera alors de fuir par le col de Buzatu vers Vatra Dornei, en espérant que le L. AK veuille bien l’attendre. Et même si les Rouges sont efficacement contrés ici (1), sa position est toujours précaire. Il ne peut qu’espérer que son chef, Karl-Adolf Hollidt (17. Armee), a raison quand il répète comme pour conjurer le mauvais sort, à tous ceux qui veulent bien l’écouter : « Es wird wieder gut ! » Ça va aller, ça va aller… Comme dans le secteur du Trotus, par exemple, où chacun sait qu’il ne se passe plus rien d’important.
………
4e Front Ukrainien – La lutte pour les bois entre Slănic-Moldova et Hârja se poursuit sous la pluie, avec une âpre violence. Pour l’heure, la 9e Armée de Vasily Glagolev ne parvient pas à arracher ces reliefs aux griffes de la 321. ID (Wilhelm Thomas). C’est pourtant la clé pour avancer vers le col de l’Oituz. Glagolev multiplie donc les infiltrations et attaque de toutes parts, profitant de ce que les eaux qui s’abattent, si elles le privent d’appui aérien, masquent aussi quelque peu ses mouvements aux observateurs allemands. Ses troupes avancent de Slănic-Moldova, de Ferestrău-Oituz et du massif du Leșunțul Mare (2). A force de progresser par les bois, le Soviétique estime qu’il finira par passer – c’est la loi du nombre ! Mais pour l’heure, l’adversaire tient toujours, désespérément.
Entre Greșu et Ojdula, le reste du LIV. ArmeeKorps de Wolfgang Lange – 339. ID et 50. ID, essentiellement – paraît avoir réussi pour l’heure à stabiliser la situation. L’aile gauche de la 9e Armée, qui a beaucoup donné et beaucoup progressé, doit se reconcentrer avant de pouvoir poursuivre, et n’en est encore qu’à des reconnaissances et coups de sonde à travers bois, ou sur la route de Târgu Secuiesc. Vasily Glagolev sait qu’il a raté son coup et que le dispositif ennemi s’est reconstitué. S’il a toujours les mêmes ordres – avancer ! – il estime en revanche qu’il n’a plus aucune raison de foncer en avant tête baissée – demain, ou plus tard, il frappera plus fort. Et pour de bon, cette fois, tant qu’à faire ! se dit-il.
Pendant ce temps, dans le face-à-face entre 62e Armée et 83. ID, c’est aussi le pat… en apparence toutefois, car à force d’efforts et de reconnaissances, l’infanterie soviétique a réussi à prendre pied dans Albinari – action très désagréable pour Theodor Scherer, lequel n’a pas eu les moyens ou le temps de la prévenir. Ainsi, la formation allemande se retrouve sensiblement exposée sur son flanc droit – ce n’est pas mortel, c’est vrai. Par contre, cela fragilise assurément sa défense dans la vallée du Buzău.
Du côté de la 6e Armée de la Garde (Pavel Belov), la situation se fait plus contrastée. Evidemment, à droite, sur le col de Bratocea, rien ne bouge – la 20. PzGr de Georg Jauer tient toujours fermement la porte ouest de Brașov. Par contre, dans la vallée de la Prahova, l’aile gauche soviétique attaque brutalement, et de façon très inattendue, les positions avancées de la 342. ID d’Heinrich Nickel à Breaza. Cette dernière, relativement peu sollicitée depuis le démarrage de l’offensive, fait front et tient globalement le choc – mais cela ne veut pas dire que l’expérience est très agréable pour les Landsers. L’Armée Rouge a eu ici largement le temps de concentrer ses bouches à feu, de préparer des lignes de tir, de calculer ses coordonnées, de dégager des axes de progression… Au soir, la première ligne de défense est bien entamée, et Nickel fait préparer les positions de la seconde ligne vers Poiana – sans aucun défaitisme bien sûr – en préalable à un verrouillage des gorges à Sinaia, un peu avant Bușteni.
Plus à l’ouest, sur la route du col de Bran, la 3e Armée roumaine continue de progresser vite, sans trop attendre l’arrivée de ses compatriotes – allez savoir pourquoi – car elle se sait enfin assurée de ses flancs par le 12e Corps Mécanisé soviétique à Curtea de Argeș. De Câmpulung (essentiellement), elle ne tarde pas à s’emparer de Dragoslavele – en vue de Rucăr donc, et des nouvelles positions du KorpsAbteilung E (Herman Frenking) comme de la 383. ID (Edmund Hoffmeister). Les premières reconnaissances, exécutées bien sûr sous la pluie dans des conditions assez défavorables, ne montrent pas de points faibles évidents. C’était attendu…
Reste le cas de la vallée de l’Olt, où la 14e Armée de Valerian Frolov progresse difficilement et achève de rater sa poursuite, en entrant à peine dans Călimănești – donc face à Căciulata, dans le secteur où la 225. ID (Ernst Riße) a organisé sa défense. Deux cents mètres de terrain exploitable à peine, scindés en deux berges et cernés de surcroît par des reliefs escarpés couverts de forêts, qu’il va sans doute falloir aller enlever l’un après l’autre. Sauf bien sûr à passer par Sălătrucu, peut-être avec le soutien des chars du 12e Corps Mécanisé… mais dans tous les cas, ce sera long.

L’ombre d’un doute
Front de la 11. Armee
– Le général Gustav Fehn parcourt les lignes du sud des Carpates depuis déjà deux jours à la recherche d’une bonne nouvelle à rapporter à son chef, von Kluge. Le problème, c’est qu’il n’en trouve pas – homme de l’art du combat en montagne, Fehn sait qu’il convient de conserver en permanence deux choses quand on prétend défendre sur pareil terrain : la maîtrise du rythme des opérations (pour fatiguer l’adversaire) et la possession de réserves (pour faire tourner les unités les plus exposées). La 11. Armee a déjà du mal à imposer son rythme aux Rouges – elle a même déjà épuisé le terrain qu’elle pouvait concéder jusqu’aux points de passage qu’elle doit défendre à tout prix. Et surtout, elle n’a plus aucune réserve, sinon la 13. Panzer – un fusil à un coup qui ne servira qu’en cas de catastrophe.
Cependant, Fehn doit convenir qu’ici et pour l’heure, la situation reste globalement sous contrôle. Inquiet malgré tout, il envoie à son chef, toujours à Székesfehérvár, un rapport factuel en demi-teinte : il ne faudrait pas que les problèmes locaux s’aggravent. La meilleure parade serait sans doute de détacher par anticipation des troupes de Hongrie, pour constituer une seconde ligne. Ce que, bien sûr, il propose – mais avec la certitude qu’on rejettera cette suggestion.
A présent, direction le front nord, Târgu Mureș et la 17. Armee. Apparemment, on ne joue pas là-bas la même musique.

Partisans… et autres
Retour au pays
Front de la 8. Armee (environs de Gromnik)
– Un commando mixte ukraino-allemand, commandé par Yuriy Demyanovich Lopatinsky et le lieutenant Dietrich Witzel Kirn, franchit la ligne de front et se dirige vers les terres tenues par l’UPA, dans les forêts à l’ouest de Rivne. La mission confiée par le Reich et par Bandera n’a pas changé – convaincre Shukhevych de rallier (à nouveau) la cause nazie face aux Soviétiques. Pour l’encourager, le groupe ne part pas les mains vides : outre les promesses du Reich, il a dans ses valises cinq millions de roubles en petites coupures, avec lesquels il sera assurément possible de financer bien des choses…

Guerre secrète
Intoxication
Une forêt (vraiment) perdue en Biélorussie
– Voilà déjà deux jours que de “vrais faux fascistes” du NKVD passent à tabac (ou sur le gril, selon leur humeur) le colonel Ivan Fyodorov afin de le forcer à passer à l’Ouest – enfin, à l’ouest de la Vistule : jusqu’à Berlin. Le problème, c’est qu’ils n’arrivent à rien, l’aviateur tenant obstinément bon !
Sans aucun doute terrorisé par ses ravisseurs, Fyodorov semble pourtant avoir encore plus peur des conséquences éventuelles d’une désertion – sur ce point, on ne saurait lui donner complétement tort… C’est donc la déception pour les agents responsables de cette petite opération, lesquels ne peuvent que constater l’échec de leur manœuvre. Ce qui pose bien sûr une délicate question : que faire de Fyodorov à présent ? Le major Kopirovsky, aux affaires ici, a sa petite idée sur la question… Il demande donc l’accord de sa hiérarchie pour une liquidation pure et simple de l’inutile personnage. Après tout, ce ne serait pas la première fois que des agents réactionnaires enlèvent puis enterrent un imbécile au fond d’un bois.


URSS-USA
Regrettable erreur
Ambassade d’URSS aux Etats-Unis (Washington)
– Le Département d’Etat a enfin réussi à joindre Son Excellence Maxime Litvinov, au prix de milles contorsions et petites démarches humiliantes, comme seuls savent en imposer les Soviétiques. L’ambassadeur accepte finalement de recevoir l’émissaire américain avec une mine de circonstance, afin d’écouter ses explications sur l’incident de l’avant-veille en prenant la posture outragée de l’allié qu’on vient de poignarder dans le dos.
Evidemment, devant pareil numéro d’acteur, les Américains – pas dupes, mais sans beaucoup d’autres cartes en main – ne peuvent que faire leur mea culpa (ou peut-être leur autocritique, face à des athées professionnels !) et fournir mille explications techniques, en demandant à ce qu’on daigne les admettre au plus haut niveau afin de régler le sujet, pour le présent comme pour l’avenir. A cela, l’URSS veut bien consentir. Mais ce sera le 27 – pas avant. C’est que le ministre Molotov est très occupé, voyez-vous…


Etat revenant
Préparations
Slovaquie insurgée
– Sous la pluie et malgré les fusillades éparses, les préparatifs de la 1ère Armée tchécoslovaques se poursuivent. La nouvelle stratégie allemande – usure et démoralisation – apparaît désormais très clairement à Ján Golian. Lequel a bien compris son extrême dangerosité pour sa masse de conscrits – certes courageux, mais mal équipés et plus encore mal entraînés, donc vulnérables au doute – comme pour son noyau dur de parachutistes, de professionnels et d’ex-prisonniers français, dont les effectifs fondent inexorablement. En conséquence, Golian a pris sa décision : l’assaut vers Zvolen aura lieu demain ! Attendre ne rapportera rien de bon, et chaque heure offerte à l’Allemand est une heure qu’il peut utiliser à se renforcer.
Alea jacta est… Les petits chars, les parachutistes et les troupes de choc gagnent leurs positions au sud de Banská Bystrica. En face, c’est le centre de la 545.VDG d’Otto Obenaus, dont les jeunes recrues ne se doutent de rien.

Opération Bowery – Qui ne tente rien…
Quelque part entre Dobšiná et Telgárt
– Profitant des conditions météorologiques comme de la réorganisation en cours des forces allemandes – lesquelles ont visiblement renoncé pour l’heure à toute action majeure dans le secteur – les agents de l’OSS James Gaul et James Holt entrent en territoire contrôlé par l’insurrection, toujours accompagnés du fidèle Hongrois Keszthelyi. Ils ne tardent pas à être pris en charge par les Slovaques et conduits à l’aérodrome de Rohozná. Là, ils vont prendre contact avec leurs collègues de la mission Green – lesquels ont beaucoup de travail, et encore plus de besoins.

Pologne désolée
Début de guerre civile ?
Brest-Litovsk
– Toujours désireux de rassembler les débris de son Armée Secrète comme de son Etat, le gouvernement de la République polonaise tente de rallier l’ensemble des combattants à même de peser contre l’Allemagne… Puis sans doute demain de faire face à l’URSS. Ou en tout cas, de contrer quelque peu l’influence délétère du noyautage communisant que subit la 1ère Armée, qu’est censé commander le Lt-colonel Jan Mazurkiewicz “Radoslaw”. Dans cette optique, et évidemment un peu dans le dos du président du Conseil, Edward Bolesław Osóbka-Morawski, contact est pris avec la multitude d’éléments issus de l’AK ou ayant collaboré avec elle, désormais éparpillés partout sur le territoire national.
La démarche, évidemment longue et complexe à mettre en œuvre, connaît diverses fortunes – il est probable qu’on ne pourra pas en tirer le bilan avec un bon mois. Mais un groupe en particulier soulève déjà de grandes inquiétudes : celui des Forces Armées Nationales du colonel Spirydion Koiszewski “Topor”. Ce dernier, qui a réussi à fuir Varsovie durant les tout derniers jours avant l’effondrement, mène désormais une politique autonome de lutte contre toutes les forces étrangères – sur le plan politique au moins. Pareil manège, “à l’ukrainienne” pourrait-on dire, risquerait d’avoir de graves conséquences si d’aventure l’URSS décidait demain de s’en servir pour mettre en accusation le gouvernement polonais et pour lui arracher ainsi ce qui lui reste d’indépendance.
Il faut donc forcer Koiszewski à rentrer dans le rang, et au plus tôt. Problème : l’intéressé ne reconnaissait déjà pas l’autorité du gouvernement en exil de Londres, cela n’a pas dû s’arranger avec l’installation sur les terres polonaises du gentil parrain soviétique. Et ce serait pire s’il parvenait un jour à agglomérer autour de lui l’ensemble des mécontents de l’Armée Secrète, que certains traitent déjà de “soldats maudits”. En ce cas, la situation risquerait bien de devenir incontrôlable.


Notes
1- Depuis, l’ensemble du secteur de la Bicaz a été noyé par la construction d’un barrage dans les années 60, formant le lac Izvorul Muntelui, la plus vaste étendue d’eau artificielle de Roumanie. Il est très courant que les plaisanciers et autres pêcheurs remontent dans leurs filets des débris de guerre arrachés à la vase. L’émission L’Odyssée de la Calypso a même consacré à la région un épisode où le commandant Cousteau visitait la station de recherche biologique locale avant de descendre en soucoupe plongeante vers le fond, pour se retrouver nez-à-nez avec un T-34 dévoilé par les courants…
2- Dont la cascade est aujourd’hui une destination de randonnée réputée.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
John92



Inscrit le: 27 Nov 2021
Messages: 1033
Localisation: Ile de France

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 12:09    Sujet du message: Répondre en citant

22 mai
...
a 9. SS-Panzer Hohenstaufen (Sylvester Stadler), la 10. SS-Panzer Frundsberg (Heinz Harmel) et le 103. SS-schw. Pz Abt (Karl Leiner) – qui ont tous brillé lors de Friedericus II, quoique pas tous avec avec (doublon) les mêmes chefs – embarquent leurs Panzer IV, JagdPanzer IV, Panther et autres Tiger sur des convois ferroviaires se dirigeant vers le Rhin.
...
On se bat enfin au col de Dukla – cela ne fait jamais que trois semaines qu’on se bat pour (lutte pour/se dispute ? ) ce point stratégique, mais on y est finalement !
...
Et puis, on peut se donner un peu de champ : le Rouge a été saigné sans avoir gagné grand-chose – inutile de se montrer aussi stupide que lui en s’usant au point de créer soi-même les conditions d’une rupture globale du front. De toute façon, il y a encore plein de barrières d’arrêt potentielles jusqu’aux bassins versants de l’Ondava ou de l’Hornád – si tant est que les Rouges (Soviets ?) arrivent un jour aussi loin.
...
Au col d’Izvor, la Heer tente de profiter de ce qu’elle estime être une ébauche d’accalmie – la 16e Armée presse toujours, mais de moins en moins efficacement depuis quelques jours – pour organiser la relève de la 14. Panzergrenadier d’Erich Schneider par la chimère formée par (de ??) la 5. Luftwaffen-Feld-Division et les (des ??) débris de la 257. ID.
...
Pire, la Wehrmacht a même dû concéder un coin de son dispositif, sur la gauche, en direction de Bobeica, au milieu de reliefs boisés très favorables aux infiltrations, a fortiori lors d’un remaniement de lignes .
C’est dans ce contexte qu’arrive le XLIX. AK de Rudolf Konrad – lequel a fait tout le chemin depuis le col Yablonitsky. Cette formation, qui relève de la 2. PanzerArmee de Hans-Jürgen Von Arnim, n’avait pas vocation à monter immédiatement en ligne (au front ??), mais bien à servir de réserve d’armée dans le secteur de Vatra Dornei…
...
Pour l’heure, celui-ci semble toujours aux mains allemandes (aux mains des Allemands/entre des mains allemandes ??): les restes de la 320. ID de Wilhelm Postel seraient arrivés sur place ...
...
Le problème, c’est qu’il n’en trouve pas – homme de l’art du combat en montagne, Fehn sait qu’il convient de conserver en permanence deux choses quand on prétend défendre sur pareil terrain : la maîtrise du rythme des opérations (pour fatiguer l’adversaire) et la possession de réserves (pour faire tourner les unités les plus exposées). La 11. Armee a déjà du mal à imposer son rythme (tempo ?) aux Rouges – elle a même déjà épuisé le terrain qu’elle pouvait concéder jusqu’aux points de passage qu’elle doit défendre à tout prix. Et surtout, elle n’a plus aucune réserve , sinon la 13. Panzer – un fusil à un coup qui ne servira qu’en cas de catastrophe.
...
Sans aucun doute terrorisé par ses ravisseurs, Fyodorov semble pourtant avoir encore plus peur des conséquences éventuelles d’une désertion – sur ce point, on ne saurait lui donner complétement (complètement) tort… C’est donc la déception pour les agents responsables de cette petite opération, lesquels ne peuvent que constater l’échec de leur manœuvre. Ce qui pose bien sûr une délicate question : que faire de Fyodorov à présent ? Le major Kopirovsky, aux affaires ici, a sa petite idée sur la question ( réponse)?
...
La démarche, évidemment longue et complexe à mettre en œuvre, connaît diverses fortunes – il est probable qu’on ne pourra pas en tirer le bilan avec (avant) un bon mois.
...
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13822
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 13:33    Sujet du message: Répondre en citant

@ John - Merci - cependant, les répétitions ci-dessous sont évidemment volontaires - ce sont des reprises.
la maîtrise du rythme des opérations (coupe) et la possession de réserves (coupe). La 11. Armee a déjà du mal à imposer son rythme (tempo ?) aux Rouges – (coupe). Et surtout, elle n’a plus aucune réserve ,
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 9040
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Lun Avr 03, 2023 13:55    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
c’est le centre de la 545.<espace>VDG d’Otto Obenaus

_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13822
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Avr 05, 2023 17:07    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé pour cette pause…


23 mai
L’art d’utiliser les Slovaques
Dukla-Carpates
3e Front Ukrainien
– Au petit matin, après une énième nuit à nettoyer les routes y menant des pièges, mines et autres tireurs isolés pouvant encore s’y trouver, la 61e Armée de Pavel Belov plante officiellement le drapeau rouge sur le col de Dukla. Une poignée de kilomètres à l’est, la troupe d’Andrei Vlassov fait ostensiblement de même sur la passe de Czeremcha, et dans les bois entre Radoszyce et Palota. Avec un peu d’ironie, on peut sans doute écrire que ces armées auront été parmi les premières à forcer la Karpatenfestung… Il aura donc fallu un peu plus de trois semaines, des combats furieux, du sang, de la sueur et beaucoup de larmes – ainsi qu’environ 20 000 morts, blessés et disparus, pour arriver à ce majestueux résultat.
L’Armée Rouge est désormais en position d’aider l’insurrection slovaque… à 140 kilomètres près, avec au moins deux barrières rocheuses, une rivière (la Torysa) et une ville majeure (Prešov) encore situées entre les secours et les insurgés. La jonction n’est donc pas pour demain. D’autant plus que devant, le IX. AK (Heinrich Clößner), objectivement en lambeaux mais toujours obstinément combattif, se prépare déjà à une énième manche, en espérant l’arrivée probablement imminente de renforts venus de Pologne.
Pour prétendre poursuivre vers la Slovaquie afin que tous ces sacrifices n’aient pas été vains, il va falloir à la 61e Armée et à la 1ère Choc du repos, du ravitaillement… voire même – soyons fous – du soutien. Autant de choses qu’il faudra expliquer à un Ivan Koniev infiniment moins préoccupé par ces sujets que par sa future glorieuse campagne sur la Vistule, vers le cœur du Reich et face à Georgui Joukov – pardon, à côté d’icelui.

La Hongrie, coûte que coûte
Cluj-Debrecen
2e Front Ukrainien
– Sur le col d’Izvor, la 14. Panzergrenadier a enfin achevé son redéploiement pour laisser place à la troupe d’Anton-Reichard von Mauchenheim. Erich Schneider est donc libre de repartir vers l’arrière, par exemple en direction de Gheorgheni, où l’on a semble-t-il grand besoin de renforts. Le tout sans craindre les mitraillages ou les bombardements : il fait véritablement infect aujourd’hui – que demande le soldat allemand ? La division en a néanmoins pour quatre ou cinq jours de voyage, sur des routes… perfectibles et en passant de surcroît par le col de Păltiniş. Elle laisse derrière elle une position sensiblement déséquilibrée depuis la veille et avec, en face, une 16e Armée dont le chef, Leonty Cheremisov, prévoit déjà de frapper un grand coup dès demain en direction de Bobeica… pour commencer.
Un peu plus à l’est, à présent descendu du col de Mestecăniș, le XLIX. AK de Rudolf Konrad arrive dans Pozoritta (Pojorâta en sous-langue latine). Cette localité a beaucoup pour plaire à la soldatesque – de fait, elle est très majoritairement peuplée de colons allemands, des Zipser de Bucovinie, survivants des colons invités ici au XIIe siècle par le roi Géza II de Hongrie (1). Autant dire que les Landsers y sont bien accueillis, en raison de l’angoisse née de l’approche évidente de la marée bolchévique, dont la Wehrmacht vient protéger les habitants – ça change, dans la région ! Et c’est aussi une habitude que l’armée allemande gagnerait à prendre, au vu de la tournure générale du conflit… Quoiqu’il en soit, les deux divisions de Konrad – 88. ID (Georg von Rittberg) et 94. ID (Georg Pfeiffer) – entreprennent de relever respectivement la 370. ID (Fritz Becker) et la 333. ID (Harry Hoppe), sans que la 47e Armée puisse faire quoi que ce soit pour les en empêcher.
Quoique… En réalité, à force de manœuvres, reconnaissances et tentatives d’infiltration, des éléments de la troupe de Filipp Zhmachenko ont atteint le haut du vallon de l’Ezer, jusqu’au Iezerul Sadovei, un petit lac de retenue naturelle situé à 6 kilomètres à peine de Sadova – donc des arrières du col de Curmatura Boului. Evidemment, ils ont été repérés, mais dans la confusion liée aux prises de relais, la 370. ID n’a pas véritablement été en mesure de s’y opposer. C’est donc un coin qui s’enfonce dans la défense allemande par l’Ouest… Georg von Rittberg prévoit d’y mettre bon ordre, et au plus tôt. Mais en a-t-il vraiment les moyens ? Surtout que comme de juste, le 190. StuG Abt du Hauptmann Dieter Bender lève le camp avec les autres unités de la 17. Armee !
Enfin, si le XLVIII. ArmeeKorps (Walther von Seydlitz-Kurzbach) est toujours très fragilisé par les assauts soviétiques, la situation reste stable. Surtout, une fois encore, à cause du temps – lequel entrave fortement les assauts soviétiques, gêne les bombardements d’artillerie et interdit le moindre soutien aérien. C’est heureux pour la 320. ID (Wilhelm Postel) – renforcée sur le tard (mais renforcée tout de même !) par la 13. Luftwaffen-Feld-Division (Hans Korte). Les deux divisions encaissent donc le choc de la tête de la 38e Armée, dans la montée depuis Bicaz-Chei, mais tiennent néanmoins la passe fermée. Il est vrai que cette dernière a le bon goût d’être particulièrement défendable : 120 mètres de large à peine, scindée par la Bicaz et dominée, au nord, par le massif du Surduc-Munticelu (3) et, au sud, par les reliefs entourant le vallon du Surduc (3). C’est dans ce dernier secteur que Kyril Moskalenko prévoit de pousser – de plus en plus fort, et jusqu’à la rupture. Ceci, sans que la 328. ID (Joachim von Tresckow), coincée au sud de Poiana-Largului dans un combat sans enjeu, ou que la 306. ID (Karl-Erik Köhler), toujours perdue dans les gorges du Trotus, puissent rien y faire…
………
4e Front Ukrainien – La pluie, mais aussi le sang et les explosifs, continuent d’inonder les hauteurs cernant Hârja, dans une atmosphère de fin du monde – à moins que l’on ne préfère songer aux pires moments de l’Autre Guerre. Face à cette horde rouge qui arrive de partout, attaquant depuis le nord, l’est et le nord-est (pour commencer) sans paraître se préoccuper ni de ses pertes, ni de ses munitions, la 321. ID (Wilhelm Thomas) commence à vraiment trouver le temps long… De fait, personne, à cette heure, ne paraît disposé à la soutenir, tant la situation serait pire autour d’elle ! Vasily Glagolev n’est pas un boucher – par contre, c’est un chef sans état d’âme. Le plus dur est en train de passer, alors en avant camarades !
Même chose sur la route de Greșu à Târgu Secuiesc, où l’aile gauche de la 9e Armée commence à pousser très fort face au LIV. AK. Pour valeureux qu’elles soient, la 339. ID et la 50. ID perdent peu à peu leur cohérence, en dépit du soutien du 228. StuG Abt. Elles cèdent donc trois kilomètres, en s’accrochant néanmoins à chaque position de valeur. A la tête d’un corps d’armée à l’agonie, Wolfgang Lange est constamment coincé sur la ligne de feu, à commander sa 339. ID, sans pouvoir se reporter vers ses autres formations – lesquelles se retrouvent peu à peu livrées à elles-mêmes. Un dangereux flottement s’installe donc à la longue dans tout son secteur, comme lorsqu’un ingénieur, à force d’étouffer sans cesse des désastres imminents, n’est plus en mesure de contrôler le fonctionnement général d’une machine pourtant prête à exploser.
Une fois encore, Walther von Seydlitz-Kurzbach – déjà inquiet de l’état de son XLVIII. AK, sans parler de celui du corps voisin – prend sur lui de solliciter instamment des renforts. Ayant joint son supérieur Karl-Adolf Hollidt, il ose même évoquer – à mots à peine couverts – la nécessité d’une évacuation, à défaut d’un soutien imminent. Lui et Lange pourraient par exemple se retirer vers les monts Brețcu en laissant la région de Târgu Secuiesc à l’ennemi : profitant du raccourcissement de ses lignes, ils pourraient ainsi défendre avec efficacité la trouée vers Sfântu Gheorghe, sans craindre de nouveau débordement par les reliefs. Mais Hollidt, toujours paralysé par ses convictions – et plus encore par la crainte d’une mauvaise réaction de Berlin ! – balaie cette suggestion d’un revers de gant : les renforts arrivent, et toute concession aux Rouges dans les montagnes se traduira inévitablement par une marée en plaine, impossible à arrêter avec les moyens disponibles. Sur ce point précis, on ne peut totalement donner tort au chef de la 17. Armee – mais ce n’est pas parce qu’il n’a pas de stratégie de rechange qu’il peut nier le fait que le XLVIII. ArmeeKorps comme le LIV. ArmeeKorps sont proches de la rupture. Mais sa seule réponse à la supplique de Seydlitz-Kurzbach n’en est pas moins : « Tenez trois jours, et les divisions motorisées seront là. »
C’est dans ce contexte que la 95. ID de Gustav Gihr remonte en ligne au col de Bratocea, sur les injonctions viriles d’un Georg Jauer littéralement à bout de nerfs, tant il continue de perdre pour rien ses hommes comme ses véhicules, face à une 6e Armée de la Garde (Pavel Belov) en apparence contrainte à l’attentisme… Pourtant, la 95. ID, saignée par les combats pour la vallée du Teleajen, n’est plus que l’ombre d’elle-même… Mais pas le choix ! Les si rares divisions motorisées allemandes sont absolument nécessaires pour servir de pompiers, et avec le temps qu’il fait comme avec l’évidente fatigue des Russes, l’équivalent d’un régiment sera bien suffisant pour défendre un unique point de passage à haute altitude.
La 20. PzGr tourne donc ses chenilles vers le nord-ouest et commence à redescendre en direction de Brașov. En tête de colonne, sous la bâche de sa Steyr 1500, Jauer est furieux. On le comprend : il laisse dans cette déplorable affaire, qui n’a d’autre but que la réparation d’une défaillance (de son point de vue…), environ 750 hommes et surtout une trentaine d’engins, dont la moitié ne pourront jamais être réparés, faute d’accès pour les engins remorqueurs supposés aller les chercher, dans ces affreuses montagnes (4) abandonnées des dieux ! Au surplus, il n’est même pas sorti d’affaire – Gotthard Heinrici vient en effet d’ordonner le transfert de son unité à la 17. Armee « jusqu’à nouvel ordre ». Direction donc Târgu Secuiesc, à la rescousse (une fois encore) d’une infanterie en perdition. En chemin, la 20. PanzerGrenadier ne s’arrêtera pas, bien sûr, dans la vallée du Buzău – où la 83. ID continue de subir les prises de flanc et les assauts de la 62e Armée. Et elle n’ira pas davantage aider la 342. ID, repoussée peu à peu par la 6e Armée de la Garde – toujours elle – depuis Breaza jusqu’à Poiana. La 342. ID recule avec maîtrise, certes… Mais une fois encore, c’est grâce au temps qu’elle évite la déroute. Avec un peu de chance, le repli vers Sinaia, inévitable faute de renforts, permettra néanmoins à Heinrich Nickel de s’accrocher au terrain.
Plus à l’ouest, devant Rucăr, Petre Dumitrescu doit admettre que la porte parait bien fermée. Depuis les… événements de décembre dernier, l’armée roumaine n’a plus de division de montagne. C’est bien dommage : le terrain n’offre ici aucune possibilité de contournement, même par la petite vallée du Târgului, juste à l’ouest de Dragoslavele, saisie sans combat. Il va donc falloir gagner à l’usure – avec l’aide, tout de même, des chars soviétiques, de l’aviation et… des renforts promis, probablement par une succession d’attaque massives.
A Călimănești, Valerian Frolov fait le même constat. Ses premiers assauts vers Căciulata sont repoussés avec violence sous la pluie. Sa 14e Armée n’a pas les moyens de forcer rapidement la décision – surtout que (et même s’il l’ignore pour l’heure) la 12. LFD d’Herbert Kettner vient d’arriver à Brezoi, sécurisant ainsi le XXX. ArmeeKorps de Philipp Kleffel contre tout risque de percée brutale. Autant dire que la voie directe vers le sud de la Transylvanie paraît bel et bien close. Georg-Hans Reinhardt a réussi son pari – pour l’instant du moins ! Mais Frolov n’en fait pas moins glisser son aile droite jusqu’à Stoenești. Il prépare, d’évidence, un contournement par le secteur tenu par sa vieille adversaire, la 215. ID de Bruno Frankewitz.

L’ombre d’un doute
Târgu Mureș
– Gustav Fehn arrive au QG du général Karl-Adolf Hollidt, dont les locaux bruissent d’une sourde agitation, au milieu d’une atmosphère de fièvre. Fehn connaît cette odeur depuis la Grèce : c’est celle de la catastrophe annoncée. Aussi, sans prendre le temps de se présenter au chef de la 17. Armee, il repart donc à toute vitesse vers la région de Târgu Secuiesc – le secteur du LIV. AK, dont il a cru comprendre qu’il avait quelques soucis. Le Bavarois ne peut chasser de son esprit un pronostic de plus en plus sombre…

Guerre secrète
Intoxication ratée
Une forêt (vraiment) perdue en Biélorussie
– Tout compte fait, le colonel Ivan Fyodorov ne disparaitra pas au fond d’un bois… Informé du projet de son subordonné, Alexander Demyanov “Heyne” met à cette funeste proposition un véto catégorique : on ne tue pas les camarades parce qu’ils refusent de trahir ! Fyodorov se contentera donc de “s’évader” la nuit même, grâce à son immense talent, pour mieux courir à travers bois regagner les lignes amies. Il ne tardera pas, bien sûr, à tout raconter au NKVD – lequel se révélera étonnamment compréhensif, menant plusieurs battues à travers bois pour retrouver les fascistes et autorisant même le colonel à retourner vers les VVS ! Comme quoi, qui a dit que la Patrie des Travailleurs n’était pas magnanime envers ses enfants ?



Etat revenant
La charge de la 1ère Armée tchécoslovaque
Slovaquie insurgée
– Ce matin, comme un encouragement du Destin, il ne pleut plus en Slovaquie. Surgissant de ses tranchées au nord de Badin et Vlkanová, l’armée de l’insurrection court sus à l’ennemi endormi.
Plus tard, l’historiographie communiste, puis nationaliste, puis enfin peu ou prou impartiale, donnera des lectures diverses de l’événement : symbole de la concorde entre les peuples et les classes – en dépit d’un commandement de qualité incertaine – magnifique sursaut d’orgueil d’un peuple refusant de courber l’échine, enfin belle (quoiqu’un peu improvisée) réaction militaire pour sauver une cause en péril. Toutes ces appréciations ont sans doute une part de vérité, plus ou moins grande – mais aujourd’hui encore, tous sont unanimes pour le dire : le 23 mai 1944, la 1ère Armée tchécoslovaque a infligé une défaite à la puissante Wehrmacht.
………
Ján Golian, en tacticien compétent, a personnellement participé à la conception de cet assaut décisif. Il a prévu trois vagues.
La première vague d’environ 2 000 hommes, est constituée pour l’essentiel des soldats de la 2e Brigade aéroportée du lieutenant-colonel Vladimír Přikryl, renforcés de quelques éléments choisis du 1er Groupement tactique Kriván (quoiqu’assez peu – il faut prévenir toute réaction de la Tatras !), de plusieurs sections d’infanterie légère issues des unités partisanes les plus fiables (notamment des… Bulgares de la Brigade Capitaine Ján Nálepka (5) ), ainsi que de plusieurs véhicules légers : auto-mitrailleuses de prise ou BA-10 livrées par avion en pièces détachées ! La mission de cette force est de se frayer un chemin au milieu des positions repérées de longue date, d’emporter – dans l’idéal – la première ligne par surprise et surtout de déplacer l’action le plus au sud possible avant l’inévitable contre.
Celui-ci sera l’affaire de la seconde vague, destinée à la rupture. Environ 4 000 hommes, extraits pour la plupart du 4e Groupement tactique Moray (colonel Mikuláš Markus), avec parmi eux quelques 500 ex-prisonniers français, de ceux qui avaient fait merveille dans les gorges de Strečnianska. Les Slovaques ont eu le temps de faire le tri, et ont trouvé notamment plusieurs sections complètes de tabors marocains ou de chasseurs alpins, capturés respectivement en Grèce en 1941 et en France en 1940. Alors certes, ces exilés ne sont plus vraiment au mieux de leur forme, après 3 ou 4 ans de captivité… mais ils restent toujours plus compétents qu’un conscrit moyen, et au moins autant assoiffés de revanche. Soutenue par une bonne part de la “brigade blindée” de la 1ère Armée – 5 LT-38, 3 LT-40, mais aussi 2 Panzer III N et 3 Marder II – la seconde vague avancera une fois la principale ligne de résistance identifiée et matraquée par l’artillerie. On n’attend bien sûr pas de ces chars qu’ils exploitent – pas à fond de vallée, en tissu semi-urbain. Par contre, ils devront appuyer les fantassins, éliminer les positions fortifiées et détruire tout engin que les nazis pourraient opposer à l’assaut, dont ces panzers qui terrifient tant les combattants non-professionnels. Un travail de char d’infanterie en somme – l’influence de l’armée française de 40, toujours ! Les cieux enfin éclaircis, les La-5 du 1er Régiment aérien de Chasse indépendant tchécoslovaque apparaitront – l’appui au sol sera hélas limité à des mitraillages, faute de bombes, mais ils assureront toujours la couverture aérienne… et amélioreront le moral. Ça fera du bien à chacun de voir des cocardes au-dessus de sa tête, et pas des croix noires.
Suivra enfin la troisième vague : 6 000 hommes, pour occuper le terrain. Des conscrits pour la plupart, encadrés de blessés convalescents et de réservistes trop vieux pour prendre part à l’assaut. Idéalement, ils n’auront plus qu’à réduire les points fortifiés et ramasser les armes, les morts et les blessés. Golian ne juge pas ces troupes, à peine formées et même pas complétement équipées, capables de tenir la moindre ligne en bataille rangée. Personne n’ira le contredire à ce sujet. Et dans le même temps, le 3e Groupement tactique Gerlach (colonel Pavol Kuna) frappera le flanc ennemi depuis Banská Štiavnica, à des fins non point d’encerclement (personne n’y croit !), mais bien de diversion.
Face à cette armada bigarrée, la Heer n’aligne qu’une seule véritable unité : la 545. Volkgrenadier-Division d’Otto Obenaus. Le reste est composé de bataillons de réservistes et d’éléments slovaques de la Garde Hlinka, aptes au “maintien de l’ordre” – mais à rien d’autres. L’unité de Grenadiers du Peuple n’est pas à plein effectif : trois régiments, c’est vrai (les 1082., 1083. et 1084. Grenadier Rgt), mais ne comptant jamais que deux bataillons chacun. Au surplus, cette formation est dispersée sur un large arc allant d’Hontianske Nemce à Detva – ce, évidemment, afin de sécuriser les voies de communication. Son bataillon organique de chasseurs de chars Hetzer n’est même pas complet : 17 engins à peine. C’est que les opérations de répression en Slovaquie ont été jugées moins urgentes que le complément de certaines autres unités, en partance, mettons, pour la France. Un seul bon point : la présence en réserve de la 544e Compagnie de Fusiliers, une unité professionnelle ajoutée à la 545. VGD à des fins d’instruction et, pour elle, de repos (enfin, jusqu’au soulèvement…).
………
L’attaque démarre avant le lever du soleil. Vers 05h30, les éléments de la première vague se glissent vers les positions allemandes – moins d’un bataillon du 1083. Grenadier Rgt, lequel a en charge la défense de la ville. Assez vite repérés, mais animés d’un allant significatif, les Slovaco-Bulgares mettent en pièces les défenseurs de plusieurs tranchées et dépassent par l’ouest le village de Badin. Par contre, du côté de Vlkanová (un secteur sensiblement plus dégagé…), ils sont stoppés par un barrage assez nourri d’armes automatiques qui les contraint à attendre l’artillerie.
Informé dans son QG du château de Zvolen (6), Otto Obenaus comprend vite à quoi il a affaire. Le Hessois est tout sauf un imbécile : c’est un pionnier particulièrement compétent et respecté de ses supérieurs – tel Wilhelm Falley, de la 246. ID, qui disait de lui en 1943 : « Le colonel Obenaus s’est toujours imposé au commandement des troupes sous ses ordres. Son calme, son élégance et sa volonté claire n’ont pas manqué d’impressionner les régiments qu’il a dirigés. » C’est indéniable, l’homme sait se faire obéir et apprécier. Cependant, Hans Jordan, au défunt VI. AK, avait eu pour sa part cette appréciation : « A assuré avec beaucoup de diligence et de prudence le commandement d’un régiment de grenadiers. Les opérations se réduisant à une guerre de tranchées statique, ses capacités tactiques et sa résistance aux crises n’ont pas pu être testées. »
Obenaus a donc assurément beaucoup fortifié – par contre, il manque peut-être d’expérience et de sens de l’adaptation face à ce qu’il perçoit pourtant d’emblée comme une attaque majeure. Il ordonne donc de tenir à tout prix sur ses deux lignes, centrées respectivement sur Badin-Vlkanová puis Sielnica-Sliač – avec le Hron qui borde naturellement la progression adverse, c’était le choix le plus logique.
A 9h00, ses services signalent d’intenses bombardements sur Vlkanová, ainsi que la présence de plusieurs éléments motorisés sur la route de Badin à Sielnica. La gauche de la première ligne parait près d’être tournée et encerclée. Obenaus ordonne alors en hâte le repli de cette dernière, ainsi que l’envoi de la 544e Compagnie de Fusiliers et d’une demi-douzaine de Hetzer à Sielnica pour rétablir la situation. La retraite allemande s’effectue dans des conditions catastrophiques. De fait, en face, Ján Golian vient de lancer la seconde vague, afin d’enfoncer le clou sur sa droite tout en essayant de forcer le destin à gauche – avec sa poignée de chars par exemple. Badin tombe ainsi aux mains des retardataires du 1er Groupement tactique Kriván, lesquels hissent le drapeau tchécoslovaque sur la petite mairie du village. Devant, les Partisans et les parachutistes cavalent. Même si, sur la gauche, l’infanterie piétine quelque peu, approchant à peine d’une Vlkanová que les grenadiers viennent d’abandonner.
Ces derniers ont néanmoins la mauvaise surprise d’être rattrapés en plein champ (ou presque) (7), par les éléments blindés slovaques, montés “à la soviétique” par des sections franco-slovaques, lesquelles se révèlent particulièrement agressives. Coincé par la rivière Hron, un demi-bataillon environ se retrouve très vite en grande difficulté… En dépit de l’usage abondant et efficace des Panzerfaust – lesquels prélèvent un LT-38 et un LT-40, ce qui ramène tous les autres à la prudence… – le spectre de la débâcle plane. On voit des éléments isolés se rendre spontanément à des petits groupes de chasseurs alpins, lesquels ne boudent pas leur plaisir et ont tôt fait de les dépouiller de leurs armes comme de leurs munitions.
A 10h10, la seconde vague entre en contact avec la ligne Sielnica – Sliač, laquelle a été renforcée sur sa gauche par les renforts envoyés par Otto Obenaus comme par les survivants de Badin. A ce moment, l’Axe se trouve (peut-être) en position de tenter un coup de faucille vers l’est, ce qui pourrait rabattre la pointe slovaque entre Sliač et l’Hron, pour l’anéantir ensuite. Cependant, la 545. VGD n’est pas une division d’infanterie classique : ce sont des grenadiers du Peuple, une troupe spécialement formée (et même conçue !) pour défendre. Elle manque de compétence et de moyens pour l’attaque, et ne peut donc que céder une initiative, qu’elle aurait pourtant pu reprendre pour un résultat (peut-être) dévastateur. Surtout que l’infanterie slovaque, fatiguée tout de même de ces 6 kilomètres avalés de bon matin, progresse pesamment derrière les chars, offrant de belles cibles pendant son approche en plaine.
Pendant une bonne demi-heure, on assiste alors à de curieux duels, entre un assortiment d’engins divers datant d’au moins quatre ou cinq ans et des Hetzer de 1944 (eux-mêmes sur châssis de LT-38 !), dont le canon Pak 39 de 75 mm/L48 ne laisse aucune chance aux adversaires touchés. En revanche, le blindage latéral de ces engins (20 mm à peine !) se révèle lui aussi très vulnérable… Rien d’étonnant : idéalement, le Hetzer – blindé de défense par excellence – doit affronter toutes les menaces de face et aligner tranquillement ses cibles depuis une position préparée. Mais ici, en infériorité numérique, peu ou mal soutenu par l’infanterie et soumis à une pluie de tirs d’armes légères (dont le mitraillage par des La-5 en maraude !) qui contraignent son équipage à fermer les écoutilles, il se révèle un peu pataud, vulnérable à l’enveloppement… et de surcroit complétement aveugle sur son côté droit, de par la position excentrée de son canon ! Des défauts que remarquent assez vite les Slovaques : au prix de cinq des leurs (dont deux Marder et un Panzer III), ils détruisent ainsi deux Hetzer et en mettent un troisième hors de combat. Les autres chars atteignent alors les abords de Sielnica, qu’ils entreprennent de contourner par la droite en laissant à ce qu’il reste de la première vague le soin de réduire la redoute…
A midi, la 545. VGD doit constater que son dispositif a été irrémédiablement percé. On se bat à Kováčová (où la 544e Compagnie de Fusiliers s’est retirée) et pour le franchissement de l’Hron à Tepličky – c’est à dire pour les portes de la ville. Laquelle n’est jamais tenue que par des bataillons de marche et des collaborateurs en plein doute. Aucun renfort n’est disponible – les autres régiments sont soit trop loin, soit tenus occupés par une action ennemie depuis Banská Štiavnica. Quant à Hermann Höfle, il n’est pas encore revenu d’Allemagne. Pire – on signale à l’horizon d’importantes colonnes d’infanterie, venues d’évidence pour la curée. C’est la troisième vague, envoyée par Golian achever de saisir la première ligne (et aussi récupérer le plus possible d’armes !). Ses capacités combatives sont limitées, mais cela Obenaus l’ignore. Alors, avant qu’il ne soit trop tard, il ordonne la retraite. Son aile gauche, coupée du reste, file vers Hronská Breznica afin de tenir la route de Žiar nad Hronom, tandis que son aile droite passe la Slatina pour continuer de menacer Zvolen depuis le sud – une ville sans aucune valeur intrinsèque : Obenaus n’a donc pas jugé utile de s’y accrocher. La division allemande n’est certes pas en déroute – elle a simplement perdu une bonne moitié d’un de ses régiments et elle a décroché au bon moment d’une position défavorable dans un combat mal embarqué pour mieux se rétablir sur des lignes plus solides, en attendant de voir.
En face, les Slovaques exultent, bien sûr. On les comprend. Et tandis que la tête du 1er Groupement tactique entre dans Zvolen pour s’emparer de tous les bâtiments officiels comme du château sous les acclamations d’une partie des habitants, Ján Golian doit déjà faire ses comptes. Son armée a gagné, c’est vrai… mais l’ennemi est loin d’être repoussé jusqu’à Dobrá Niva et Stožok comme espéré, il manque encore dix kilomètres ! Il va donc falloir relancer au plus tôt, et surtout avant que l’adversaire ne se ressaisisse. La nuit sera longue, entre ralliement, rééquipement et reformation, sans parler de la réparation de certains des blindés restés sur le terrain.
Dans ce contexte, l’arrivée sur l’aérodrome de Rohozná du général Rudolf Viest et du ministre František Němec, tous deux en provenance de Londres, ne reçoit évidemment pas un accueil aussi enthousiaste qu’anticipé. Le Conseil National est très occupé, on discutera demain midi au mieux, pas avant !

Hongrie écrasée
Retour à zéro
Budapest
– Lors de ce qui n’est pourtant qu’une de ses premières réunions, le Comité hongrois pour le Soulèvement de Libération nationale (Magyar Nemzeti Felkelés Felszabadító Bizottsága) est arrêté sur dénonciation par la gendarmerie royale. Tous ses membres sont incarcérés à la prison de Sopronkőhída (Sopron), avant leur procès par la cour spéciale des Croix-Fléchées, la Nemzeti Számonkérő Szék (le Conseil national d’Audit). La plupart seront ensuite condamnés à mort et exécutés fin juin, avant l’arrivée des troupes alliées…
Ainsi s’achève la très courte histoire de l’unique organisation de Résistance hongroise – désormais, les Croix-Fléchées n’ont plus dans le pays aucun adversaire politique, même clandestin.

Notes
1- En 1944, beaucoup de ces Zipser avaient déjà émigré vers les terres de l’ancien empire austro-hongrois, notamment à l’occasion du Premier Conflit mondial. Et dès l’année suivante, les survivants seront cordialement invités à rejoindre l’Allemagne avec leurs valises.
2- Où l’on découvrira en 1973 la petite grotte de Munticelu, appréciée des spéléologues, ainsi que plusieurs via-ferrata (parcours d’obstacles sur falaise le long d’une ligne de vie) pour escaladeurs…
3- Massifs dont le calcaire est aujourd’hui exploité par une carrière.
4- Jauer est un Prussien de la région de Lebus – la grande plaine au nord de la Silésie.
5- Essentiellement des étudiants de la Faculté de Brastislava, qui avaient décidé de suivre leurs cours en Slovaquie plutôt qu’à Berlin à la suite des événements de l’été 1943 (voire de mai 1942 pour certains !). Intégrés naturellement à la communauté bulgare locale – laquelle comprenait de nombreux ouvriers agricoles travaillant autour de la capitale – l’impossibilité de rentrer chez eux ainsi que la fougue de la jeunesse ont fait le reste.
6- Construit au XIVe siècle par Louis 1er de Hongrie et largement rénové au fil des siècles.
7- Au moins en terrain dégagé : aujourd’hui s’y trouve l’aéroport Letisko Sliač.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Hendryk



Inscrit le: 19 Fév 2012
Messages: 3244
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Avr 05, 2023 18:24    Sujet du message: Répondre en citant

Passionnante bataille en Slovaquie!
_________________
With Iron and Fire disponible en livre!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Imberator



Inscrit le: 20 Mai 2014
Messages: 5468
Localisation: Régions tribales au sud-ouest de Nîmes.

MessagePosté le: Mer Avr 05, 2023 19:00    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, sympa.

Et allez savoir. Avec les forces allemandes éparpillées sur les différents fronts et globalement bien mal en point Berlin sera peut-être opportunément prise par des slovaques et des tabors marocains... Smile
_________________
Point ne feras de machine à l'esprit de l'homme semblable !
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Le front russe Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 20, 21, 22 ... 28, 29, 30  Suivante
Page 21 sur 30

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com