Fantasque Time Line

[demolitiondan]

Quelques réflexions en rafales :
- la prise de pouvoir entre les O et les K correspond surtout au balancement pro-russes (les O) versus les pro-europeens (les K). On aurait bien besoin d'un K à Belgrade en ce moment,
- les K ont bcp de défauts. Néanmoins, ils restent factuellement légitimes aux yeux des serbes. Les enlever de force, ce n'est pas juste changer de régime. C'est aussi envoyer un message particulièrement grave en terme d'ethnie,
D'une manière générale, et je ne sais pas si ça se voit dans le texte, il faut arrêter de raisonner en gentil et méchant. Les K ont énormément de casseroles exact. Mais qu'avons nous en face ? Les titistes, qui n ont pas fait beaucoup de bêtises pour l'heure - mais ça peut venir, et peut-être qu'il en ont simplement pas eu l'occasion pour le moment. Les Oustachis alors ? Ai je vraiment besoin d'argumenter ? Il convient ici de raisonner aussi un peu cyniquement en potentiel,
- j'ai déjà eu l ocassion de parler de partie de chasse. Je suis persuadé que ça parle de la RFSY en fait - d ailleurs le père de Bilal était le tailleur personnel de Tito. Même physiquement, le vieux de l'album lui ressemble. Il y a un autre indice, une histoire de femme sanglante dont on parlera très vite. Rendez vous au 11 mai ..
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[Casus Frankie]

9 mai
Pour Paris
Des Suédois très actifs
Stockholm – Le ministre des Affaires étrangères suédois, Gunther, fait parvenir un message crypté de la part de Raoul Nordling au représentant de la firme SKF à Paris, un certain Rolf Nordling – le hasard fait bien les choses : Rolf est le frère de Raoul… Et après la guerre, dont l’issue ne fait plus de doute pour les Suédois, SKF aura bien des compromissions avec le Reich à se faire pardonner – nombre d’engins allemands utilisent des roulements à billes made in Sweden…

Yougoslavie déchirée
Echec et mat ?
Palais blanc (Domaine royal de Dedinje) – Le gouvernement royal yougoslave continue de se diviser – même si, à force de désertions et de défaillances, ce sont paradoxalement les tenants de la ligne la plus dure qui tiennent le haut du pavé.
L’ultimatum de la veille a eu des effets cataclysmiques sur le jeune souverain, qui considère (sans doute à raison, pour le coup !) qu’en accepter les termes dans les circonstances actuelles serait une véritable humiliation actant de fait la perte de toute son autorité sur le pays. Et la défection annoncée des généraux emmenés par Mirkovic a détruit le peu de confiance qu’il vouait encore à la plus grande partie de son administration et de son armée, hormis pour les hommes qui lui ont jadis prouvé leur loyauté.
A présent, Pierre II s’estime bel et bien seul. Retranché derrière son bureau, il tonne pour tous ceux qui veulent bien l’écouter, avec quelque mépris dans la voix : « Que mon épouse me pardonne, mais nous ne laisserons pas l’empire britannique placer sous tutelle notre royaume comme il l’a fait pour la Grèce. Mettre la main sur un pays maritime et commerçant comme lui ne pouvait que plaire à la City. Mais pas nous ! Pas nous ! » Et voici qu’on lui annonce que ce matin, les messagers qu’il a envoyés au général Brasic ont été repoussés… avec énergie [Les archives parleront notamment d’un nez cassé suivi d’un flegmatique « Sorry, Sir. Emergency mesures. »] par des escadrons de police militaire britanniques dépêchés sur place afin de faire barrage entre lui et son armée ! Il convoque alors d’urgence Sir Leeper pour s’expliquer. L’ambassadeur espérait peut-être une discussion constructive et professionnelle… Mais pour l’heure, Pierre n’a rien à lui apprendre, sinon tout le mal que lui inspire l’ultimatum de Londres. Le petit roi n’est décidément pas son père Alexandre – en pouvoir comme en envergure…
– Mais enfin, est-ce que votre Bomber Command demande à Winston Churchill son autorisation chaque fois qu’il rase une ville allemande ?
Face à cette question très orientée et qui esquive une fois encore le fond du sujet (soit Višegrad et non Zagreb), Son Excellence ne manque pas de répondre courtoisement qu’en fait… si, de par le système de commandement « centralisé, moderne et efficace » du Bomber Command Home, qui rend compte au War Cabinet. Leeper n’ira tout de même pas jusqu’à préciser que le rôle des aviateurs d’Arthur Harris est (en théorie au moins) d’écourter la guerre en écrasant l’industrie et le moral de l’ennemi, pas de consolider un pouvoir personnel chancelant. Sur ce, il a l’audace de prendre congé de lui-même…
« Les Anglais ne peuvent pas soutenir des communistes ! » s’exclamait-on hier encore au cabinet militaire du roi. Et pourtant si : car Pierre II est allé trop loin. Beaucoup trop loin. Et il commence à peine à s’en rendre compte.
………
Belgrade – Les militaires conspirateurs qui se sont démasqués la veille n’ont pas eu à attendre longtemps. Faute de démission – pourtant réclamée par téléphone – un câble gouvernemental diffusé à tous les bureaux du pays annonce dès l’aube à toute la Yougoslavie que les généraux Mirković, Simović et Ilić sont « démis de leurs fonctions », ainsi que tous ceux qui soutiennent leur action !
Les derniers mots sont aussi vagues que fourre-tout – de fait, si on compte tous les appuis de la conjuration, ça fait du monde. Quatre cent cinquante officiers et responsables politiques, au minimum – et il est probable que ce chiffre augmente encore les prochains jours, car le mouvement paraît devoir prospérer… C’est donc assez sereinement que les intéressés dénient toute valeur au décret qui les renvoie et refusent que le Roi s’adjuge leurs responsabilités. Ils en appellent à l’entremise d’un arbitre neutre, voire de la reine Marie de Roumanie, dont chacun sait qu’elle n’a jamais franchement cautionné l’orientation prise pas son fils…
De surcroit, au même instant, les services de la 8th Army font savoir que, « compte tenu de la qualité et de l’expérience de ces responsables, dont l’Armée de Sa Majesté (britannique !) a pu juger grâce à une longue fraternité d’armes », ils se tiennent dès à présent prêts à engager – à titre conservatoire et avec des grades et traitements équivalents – les trois responsables sus-cités aux postes de « délégué de la Balkans Air Force auprès des FARY », « représentant de la 8th Army auprès de l’état-major central yougoslave » et « chargé de liaison auprès du 1er Corps yougoslave ». Soit des responsabilités égales, voire supérieures, à celles qu’ils ont assumées ou assument actuellement, mais sous les couleurs britanniques ! La manœuvre peut sembler un peu grossière, c’est vrai – mais comme ce n’est pas Londres qui l’a déclenchée…

Mesures d’urgence françaises
Marseille - Tirana – En attendant l’arrivée aussi rapide que possible d’un émissaire des Affaires étrangères, le gouvernement français sollicite la 2e Armée française, et notamment son 2e Bureau, pour relancer tous les contacts disponibles avec les titistes à tous les échelons et rétablir au plus vite le dialogue avec les forces du maréchal Tito. Les événements survenus ce jour près de Sarajevo entre Grecs et Partisans sont encourageants… Certes, pour l’heure, le 18e GAA ne peut pas se passer de l’AVNOJ ! Mais l’inverse est tout aussi vrai, du moins tant que l’Armée Rouge n’est pas encore sur le Danube.
Il devient donc vital pour la République, si elle souhaite conserver un peu de son influence dans la région, de s’impliquer – et si besoin de vive force – pour obtenir une solution politique « globalement avantageuse » sans s’appuyer exclusivement sur la coercition mise en œuvre par Londres. Heureusement, Léon Blum a eu le nez creux – grâce à la Délégation générale à l’Administration des Territoires yougoslaves libérés, il dispose déjà sur place, en la personne d’Ivan Šubašić, d’un intermédiaire respecté de tous, et qui se trouve même dorénavant à la tête d’une proto-administration. Il convient donc de continuer à le soutenir, afin d’assoir sa crédibilité – et par là-même la réputation d’intégrité désintéressée de ses parrains tricolores.
A cette fin, on n’oubliera pas non plus de reprendre au plus vite les opérations de parachutage du DESTROMO, ainsi que les livraisons modestes – mais toujours politiquement efficaces –de l’opération Corne d’Abondance. Au travail donc, et vite !

Grande lessive en Croatie
Territoire du NDH – Les arrestations se poursuivent en Croatie et au-delà. Elles s’étendent désormais à toutes les armes, ainsi qu’au personnel politique – dont les membres du Parti paysan croate, visiblement en voie d’extinction.
Mais si la disparition du Parti paysan n’aura pas la moindre conséquence en elle-même, les effets de cette saignée se font sentir sur le moral de tous. Outre la réorganisation inévitable à venir après le… capharnaüm généré par les événements (quand bien même l’ordonnancement des forces oustachies a toujours été très perfectible !), chacun sent bien que l’atmosphère autour du damier est de plus en plus crépusculaire et que les jours de l’état indépendant de Croatie sont à présent comptés. Mais pour l’heure, rien ne transparait trop visiblement dans la capitale, préoccupée par l’organisation des obsèques des morts du stade. Du point de vue de Pavelic comme de ses proches, tout est sans doute encore sous contrôle.
………
Ascoli Pisceno (Italie) – On a retrouvé Vladimir Kren, le chef de la ZNDH ! Enfin, l’ex-chef de ce qui reste de la ZNDH… Il est sur la côte italienne de l’Adriatique, quelque part entre Ancône et Pescara, près d’un bourg qui s’appelle Campolungo, au bord du fleuve Tronto – qu’il aura suivi aux commandes de son Fieseler 156 Storch à la recherche d’un terrain, avant de finalement se poser en campagne. On mesure la peur qui a dû saisir le général oustachi, pris entre la menace des sbires de Pavelic et celle des Partisans, pour qu’il ait choisi de se risquer à traverser l’Adriatique sur un avion léger porteur de cocardes de l’Axe, malgré le grand nombre de chasseurs alliés en maraude !
Quoiqu’il en soit, son arrivée en Italie ne lui a pas vraiment porté chance. Les uniformes fascistes n’ont plus franchement la cote dans la péninsule et les soldats du Xth Corps britannique l’ont sans doute sauvé de justesse d’un sort fatal – par exemple, pendu par les pieds à un arbre en rase campagne. Le général croate est envoyé en camp de prisonniers – ses interrogatoires ne donneront pas grand-chose d’utile. Il passera la fin de la guerre dans l’indifférence complète de ses geôliers (voir appendice 2).

Tito au Pays des Soviets
Moscou – Depuis la splendide réception de la veille, le maréchal Tito est au centre de l’attention de toutes les autorités soviétiques – ce qui veut dire qu’il fait beaucoup de tourisme, dans des conditions auxquelles il n’était peut-être pas habitué, surtout depuis son dernier passage en 1942. Ce matin, on lui a expliqué que le Petit Père des Peuples était fort occupé aujourd’hui… mais que, dès demain, le maréchal aura assurément toute son attention.
Quoi qu’il en soit, après son entretien de la veille avec Molotov, on le voit aujourd’hui faire le tour des monuments de la capitale, avant de se rendre dans un centre d’entraînement de la périphérie inspecter les troupes du général Vladimir Terzic. La mission de l’AVNOJ en URSS continue de former, avec la bénédiction et l’expertise de l’Armée Rouge, ce qui deviendra bientôt la 1ère Brigade yougoslave.
Ses effectifs ne sont pas pléthoriques – deux bataillons pour environ 2 000 combattants – mais incluent une large variété de nationalités :
- 593 Bosniaques,
- 525 Croates,
- 440 Slovènes,
- 293 Serbes,
- 14 Juifs (ou du moins classés comme tels par les archives),
- 6 Russes (de l’encadrement),
- 2 Hongrois de Voïvodine,
- 1 Monténégrin.
Est-il utile de préciser qu’une bonne part des Croates sont d’anciens prisonniers issus des légions croates autrefois déployées sur le front russe et que l’essentiel des Serbes sortent d’un groupe de travailleurs forcés utilisés par les Allemands en Russie entre 1942 et 1943 ? Le reste est composé d’émigrés politiques d’avant-guerre, de migrants économiques qui s’étaient installés en Iran et – tout de même – d’un noyau dur de Partisans arrivés l’année dernière par avion. Evidemment, Broz est satisfait. Mais pas autant qu’escompté. Car cette brigade, certes assurément valeureuse et bien équipée, ne saurait guère peser dans la bataille en cours en Yougoslavie. Pour l’heure, il n’a pas été possible d’embrigader la totalité des 5 000 Partisans présents en Union Soviétique, en raison de difficultés techniques et d’impératifs des tâches de liaison…
Au surplus, la brigade n’a toujours pas de commandant en titre, et ne compte que fort peu d’officiers – en vérité, seulement un commissaire : Dimitrije Georgijević, ancien des Brigades Internationales et membre du PCY, dont la loyauté ne fait aucun doute. Las ! Les cadres manquent à l’AVNOJ et sont déjà déployés là où ils sont utiles. Terzic a voulu se dévouer, bien sûr, mais sa présence à Moscou est jugée indispensable, de l’avis de tous (en tout cas, de tous les membres de l’AVNOJ). Les Soviétiques ont bien proposé des officiers à eux, mais ils se sont alors heurtés à un refus catégorique des Yougoslaves. Depuis, les choses en sont restées là…
Par ailleurs, les Soviétiques ont été quelque peu étonnés d’apprendre que l’AVNOJ ne manquait pas tant que ça d’armement, et plus encore de découvrir que les capitalistes de tous poils y pourvoyaient – d’une manière ou d’une autre… Les armes légères qu’ils ont fournies n’ont donc pas déchaîné la ferveur attendue. Il conviendra assurément, en temps utile, de renforcer voire de remplacer les armes occidentales, dans un souci de standardisation bien naturel – ce que à quoi Tito ne manque pas de consentir, bien sûr… quand les volumes livrés par l’URSS le permettront.
C’est donc assurément enthousiaste mais tout de même, in petto, un peu déçu que le maréchal repart vers la capitale. Là, il n’a plus aucun contact avec son pays ni avec les Occidentaux, lesquels multiplient pourtant les sollicitations par le canal des ambassades françaises et britanniques, dont les représentants seraient « ravis » de conférer avec lui. Mais les Soviétiques ont bien verrouillé la communication, avec l’expertise que l’on sait – et le Directoire aux Affaires Etrangères se contente pour l’heure de préciser aux Occidentaux qu’il « refuse catégoriquement de jouer les intermédiaires entre eux et le maréchal Tito tant que la question du régime proto-fasciste de Belgrade n’est pas réglée. »

Grèce agitée
Mauvais bouillon
Port du Pirée – Rien à signaler. Les autorités du royaume de Grèce continuent de jouer la montre, en attendant que la mutinerie se tarisse d’elle-même… ou, à défaut, qu’elles aient les moyens et l’autorisation de réduire les mutins.

¡ Viva España !
Franco tend la main aux Anglais
Londres – Jacobo Fitz-James Stuart, 17e duc d’Albe, duc de Berwick, de Liria et Jerica et d’Arjona, comte-duc d’Olivares, marquis de Carpio, de Coria, de La Mota, de Moya, de Sarria, de Barcarrota, de Villanueva del Fresno, de Villanueva del Rio, de la Albaga, d’Eliche, de San Leonardo, d’Osera et de Tarazona, comte de Lemos, Siruela, Lerin, d’Osorno, de Monterrey, de San Esteban de Gormaz, de Miranda del Castanar, de Modica, de Vilalba, d’Andrade, de Gelves, de Galve, de Casarrubios del Monte, de Fuentes de Valdepero, d’Ayala, de Santa Cruz de la Sierra et de Fuentidena, comte de Tinmouth, vicomte de la Calzada, baron Bosworth, pair d’Espagne et connétable de Navarre… est l’aristocrate le plus titré d’Europe. On ne s’étonnera pas qu’il fasse preuve d’un sens certain de l’étiquette et d’un raffinement sans faille en société. Hélas, il se trouve que le duc d’Albe est depuis cinq ans l’ambassadeur du régime franquiste en Angleterre. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le Caudillo n’a pas eu la même éducation que Fitz-James Stuart – aussi ce dernier est-il quelque peu gêné de la tournure du message qu’il est chargé de transmettre au ministre des Affaires Étrangères de Sa Majesté.
« Des trois nations européennes fortes et viriles qui subsistent aujourd’hui sur notre continent dévasté – le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne – seules l’Espagne et le Royaume-Uni peuvent à présent choisir de développer une profonde amitié mutuelle » déclare le duc d’Albe au nom du Caudillo. Voyant la mine interloquée d’Anthony Eden, l’ambassadeur espagnol tente de s’expliquer sur les raisons de cette main tendue aux Anglais “par-dessus” la France, de la part du régime franquiste. D’abord, la défaite subie par la France quatre ans auparavant est l’une des plus importantes de l’Histoire moderne. Sa capitale est toujours provisoire et qui sait ce qui va advenir de son gouvernement d’union nationale infiltré par les communistes, maintenant qu’il a pu remettre les pieds en métropole ! Quant à l’Allemagne, si elle est toujours debout, il semble évident qu’elle succombera bientôt à la manœuvre en tenaille qui se dessine à l’échelle du continent. Et comme les puissances alliées semblent fermement décidées à exiger une reddition sans conditions…
Eden est pour le moins surpris de cette manœuvre de la part de l’Espagne. Franco se rappelle ainsi à la mémoire des diplomates britanniques, il est vrai fort occupés depuis plusieurs mois par le devenir de l’Europe Centrale et Balkanique et par l’organisation générale du monde d’après-guerre. Les conférences de Bretton Woods et de Dumberton Oaks (celle-ci bat actuellement son plein) sont là pour rappeler que le nouvel ordre de la planète est en train de se dessiner. Et il semble que l’Espagne – l’Espagne de Franco ! – veuille y avoir sa place !
Anthony Eden est francophile certes, mais il n’en reste pas moins britannique. Il sait que l’allié français s’est beaucoup appuyé sur la diaspora républicaine espagnole pour guerroyer depuis l’époque du Grand Déménagement et s’est attaché à soutenir le gouvernement en exil de Juan Negrin… sans oublier de renouer des contacts “normaux” avec le régime de Franco. Si Eden (contrairement à son second Cadogan, qui participe à la conférence de Dumberton Oaks) est partisan de sanctions contre le régime de Franco, il sait aussi qu’il faut manœuvrer avec prudence concernant ce pays dont personne n’a envie de le voir devenir un refuge européen pour fascistes de tout poil, ni le voir basculer dans une nouvelle révolution rouge qui en ferait une autre Bulgarie ou Roumanie… Il compte donc mettre la question espagnole à l’ordre du jour de la prochaine réunion du War Cabinet, quand bien même l’euphorie de la seconde phase de la deuxième campagne de France dominera probablement les débats. Car il est grand temps que le War Cabinet et le Premier ministre prennent une décision tranchée concernant cette Espagne qu’on a tenté de ménager tout au long du conflit tout en la regardant un peu de travers. Doit-on prendre la main tendue par les franquistes ? La repousser ? Ou la trancher ?

[Casus Frankie]

Appendice 2
Un aviateur croate malavisé

« Vladimir Kren, 1903-1948 – Homme politique oustachi, aviateur yougoslave et croate, chef de la Zrakoplovstvo Nezavisne Države Hrvatske, la force aérienne de l’état indépendant de Croatie. Né le 8 décembre 1903 à Vaška (banlieue de Slatina) d’un père instituteur de village et d’une mère au foyer, il accède à l’académie militaire de Belgrade, dont il sort diplômé avec le grade de capitaine. Son goût pour l’aviation le fait affecter au 8e Régiment de bombardiers, sur Bristol Blenheim, basé à Zagreb-Borongaj. Parallèlement, par l’intermédiaire de son cousin Jure Vidaka, il rejoint les rangs des indépendantistes croates et travaille comme espion à leur bénéfice.
Le 4 mai 1941 à 05h00, l’Axe attaque le royaume de Yougoslavie. Le même jour, à 14h00, le commandement de la base de Zagreb (major Stanko Balanč) informe que le capitaine Kren s'est envolé sans ordre au matin sur un Potez 25 et qu’on ne l’a pas vu revenir. De fait, avant de partir, le déserteur a écrit une lettre remise à un mécanicien civil chargé de l'entretien des appareils... Les autorités militaires retrouvent le mécanicien, qui indique le destinataire de la missive : le capitaine Ferenčina Vladimir. Ce dernier, dûment interrogé à son tour, qualifie le texte de « ridicule », dit ne même pas comprendre pourquoi Kren s’est adressé à lui et affirme finalement avoir « déchiré ce bout de papier puis [l’avoir] balancé les morceaux par la canopée de [son] bombardier » ! Les policiers militaires vont alors passer un long moment à ratisser le terrain à la lueur de lampes-torches, jusqu’à retrouver les morceaux pour les assembler : « Sur l’ordre du chef de notre peuple, je pars pour l’aéroport de Klagenfurt (Autriche). Vous, Matija [commandant du 218e Escadron], Đura [sans doute Đura Pihler, mécanicien au 8e Régiment], et tous les autres aviateurs de tous les régiments dont je ne puis me rappeler le nom – suivez-moi ! » Signé : Kren.
Force est de constater que l’invite n’a pas eu grand succès. Ferenčina, interrogé à nouveau, nie tout contact, de même que le capitaine Petrović Matija (qui n’était même pas sur place à ce moment !). Le conflit suspend ensuite les investigations. Il faut préciser que les destinataires du message de Kren resteront loyaux à leurs armes et combattront contre l’Axe au moins jusqu’à la fin de l’invasion (1)…
Hélas, s’il est parti seul, Kren a emporté des “bagages”. Sitôt arrivé à Graz, il livre à la Luftwaffe la position d’un certain nombre de terrains de dispersion utilisés par la VVKJ, ainsi que ses codes radios – cette trahison fera beaucoup de dégâts durant l’opération “25” ! Rentré en vainqueur à Zagreb lors de la proclamation du NDH, après peut-être un petit tour dans le nez d’un Heinkel 111 bombardant Belgrade lors de l’opération Châtiment, il est naturellement bombardé chef de l’aviation croate – une aviation, faut-il le préciser, faite d’un mélange hétéroclite d’appareils – essentiellement des avions royaux capturés, auxquels se joindront assez vite de généreux dons italiens, puis d’autres prises issues du retournement de la Noël 1942.
L’objet de ces lignes n’est pas de décrire dans le détail la tumultueuse existence de l’aviation croate, laquelle réussit toutefois – indépendamment de la très mauvaise cause qu’elle servit –le triple exploit de survivre jusqu’à la fin du conflit, d’infliger quelques pertes à ses ennemis et de maintenir une indéniable compétence technique, du moins au niveau individuel. Vladimir Kren se battit à la hauteur de ses moyens, alors que la ligne de front se rapprochait sans cesse depuis la Grèce et que la supériorité aérienne alliée se faisait écrasante…
Les événements du 7 mai 1944 lui portent un coup fatal : après le bombardement du stade Maksimir, craignant sans doute qu’on lui reproche l’échec de sa couverture aérienne (2), il s’enfuit sur son Fieseler 156 pour passer l’Adriatique et se rendre aux Alliés, échappant de peu à un lynchage par des paysans italiens !
Livré par les Britanniques au gouvernement yougoslave en 1946, il est reconnu coupable de trahison, déchu de tous ses droits civiques, exproprié de tous ses biens et exécuté en 1947 à la prison de Zagreb. En avril 2010, sa petite-fille Jasna Mieržvinski a déposé auprès du tribunal du comté de Zagreb une demande en révision pour procès inéquitable. Cette demande a été rejetée. »
(Robert Stan Pratsky – Dictionnaire de la Seconde Guerre Mondiale en Méditerranée, Flammarion, 2008)


Notes
1- Vladimir Ferenčina devait sans doute devenir ultérieurement un as de la légion croate (6 victoires confirmées). Mais il eut l’élégance d’attendre la dissolution de son régiment yougoslave pour cela.
2- Outre la curieuse absence des Bf 109 G de la 10e Escadre, il faut reconnaître que la ZNDH était littéralement mitée de cellules politiques clandestines. Pas moins de trois existaient à Zagreb-Borongaj, dont une devait rester active jusqu’à la fin de la guerre, sous la direction du pilote Ivan Cvencek ! Ce qui peut d’ailleurs expliquer les très nombreux manquements de l’aviation croate dans les derniers mois du conflit, ainsi que le nombre important de désertions dans ses rangs… En vérité, Kren n’a sans doute jamais eu le contrôle de son arme, mais seulement l’illusion de ce contrôle.

[LaMineur]

[Casus Frankie]

Désolé, faute de frappe.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)

[demolitiondan]

Moi cruel avec Kren ? Boh ! Comme vous y allez ...
Je vais t'offrir une mort de traitre ... (comme dirait l'autre).
Quelques photos ...

Vladimir Kren, pilote de Blenheim en Avril 41.


Le même 3 ans plus tard.


Le Storch de fonction de Monsieur.


Vladimir Ferenčina, au 8e RB. Le 4eme en bas à droite.


Les généraux Mirković, Simović et Ilić - toute cette histoire est très inspirée des événements du Caire 41 OTL où, dans un contexte post effondrement total, les légalistes (et pourtant soutien du coup de 41) s'étaient écharpés avec les initiateurs du coup que vous savez ... Absolument pas des gars plus sympathiques j'insiste. Juste plus réaliste. Plus gracieux aussi.






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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[loic]

[demolitiondan]

Ukraine probablement car Crimée OTL.
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[loic]

[loic]

[demolitiondan]

Bof - ils ont été rapatriés OTL comme FTL sans attendre l'effondrement, pour raison de fiabilité.
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[Casus Frankie]

Le mot légion ne doit pas faire illusion - il n'y en a pas eu beaucoup !
Et les quelques troupes en question ont dû être rapatriées bien avant les avions.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)

[John92]

...
Le ministre des Affaires étrangères suédois, Gunther, fait (transmet ? ) parvenir un message crypté de la part de Raoul Nordling au représentant de la firme SKF à Paris, un certain Rolf Nordling – le hasard fait bien les choses : Rolf est le frère de Raoul… Et après la guerre, dont l’issue ne fait (est maintenant certaine ? ) plus de doute pour les Suédois, SKF aura bien des compromissions avec le Reich à se faire pardonner – nombre d’engins allemands utilisent des roulements à billes made in Sweden…
...
Sur ce, il a l’audace (ALERTE HUMOUR RUGBY : l’audace est un mot français inconnu des Anglais. Je verrai plutôt outrecuidance si on veut être gentils avec nos alliés britanniques ou arrogance si on veut être réaliste ^^) de prendre congé de lui-même…
...
Quatre cent cinquante officiers et responsables politiques, au minimum – et il est probable que ce chiffre augmente encore dans (à ajouter ? ) les prochains jours, car le mouvement paraît devoir prospérer…
...
A cette fin, on n’oubliera pas non plus de reprendre au plus vite les opérations de parachutage ( les parachutages ? tout simplement) du DESTROMO, ainsi que les livraisons modestes – mais toujours politiquement efficaces –de l’opération Corne d’Abondance. Au travail donc, et vite !

Grande lessive en Croatie
Territoire du NDH – Les arrestations se poursuivent en Croatie et au-delà. Elles s’étendent désormais à toutes les armes (armes ou armées ? ), ainsi qu’au personnel politique – dont les membres du Parti paysan croate, visiblement en voie d’extinction.
Mais si la disparition du Parti paysan n’aura pas la moindre conséquence en elle-même, les effets de cette saignée se font sentir (jouent ? ) sur le moral de tous. Outre la réorganisation inévitable à venir après le… capharnaüm généré par les événements (quand bien même l’ordonnancement des forces oustachies a toujours été très perfectible !), chacun sent bien que l’atmosphère autour du damier est de plus en plus crépusculaire et que les jours de l’état indépendant de Croatie sont à présent comptés.
...
Ce matin, on lui a expliqué que le Petit Père des Peuples était fort occupé aujourd’hui … mais que, dès demain, le maréchal aura assurément toute son attention.
Quoi qu’il en soit, après son entretien de la veille avec Molotov, on le voit aujourd’hui faire le tour des monuments de la capitale, avant de se rendre dans un centre d’entraînement de la périphérie inspecter les troupes du général Vladimir Terzic.
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Les armes légères qu’ils ont fournies n’ont donc pas déchaîné la ferveur attendue. Il conviendra assurément , en temps utile, de renforcer voire de remplacer les armes occidentales ( équipements occidentaux ?), dans un souci de standardisation bien naturel – ce que à quoi ( ce à quoi ??) Tito ne manque pas de consentir, bien sûr… quand les volumes livrés par l’URSS le permettront.
C’est donc assurément enthousiaste mais tout de même, in petto, un peu déçu que le maréchal repart vers la capitale. Là, il n’a plus aucun contact avec son pays ni avec les Occidentaux (Capitalistes), lesquels multiplient pourtant les sollicitations par le canal des ambassades françaises et britanniques, dont les représentants seraient « ravis » de conférer avec lui. Mais les Soviétiques ont bien verrouillé la communication, avec l’expertise que l’on sait – et le Directoire aux Affaires Etrangères se contente pour l’heure de préciser aux Occidentaux qu’il « refuse catégoriquement de jouer les intermédiaires entre eux et le maréchal Tito tant que la question du régime proto-fasciste de Belgrade n’est pas réglée. »

Grèce agitée
Mauvais bouillon
Port du Pirée – Rien à signaler. Les autorités du royaume de Grèce continuent de jouer la montre, en attendant que la mutinerie se tarisse (terme étrange – calme ? termine ? ) d’elle-même… ou, à défaut, qu’elles aient les moyens et l’autorisation de réduire les mutins.

¡ Viva España !
Franco tend la main aux Anglais
Londres – Jacobo Fitz-James Stuart, 17e duc d’Albe, duc de Berwick, de Liria et Jerica et d’Arjona, comte-duc d’Olivares, marquis de Carpio, de Coria, de La Mota, de Moya, de Sarria, de Barcarrota, de Villanueva del Fresno, de Villanueva del Rio, de la Albaga, d’Eliche, de San Leonardo, d’Osera et de Tarazona, comte de Lemos, Siruela, Lerin, d’Osorno, de Monterrey, de San Esteban de Gormaz, de Miranda del Castanar, de Modica, de Vilalba, d’Andrade, de Gelves, de Galve, de Casarrubios del Monte, de Fuentes de Valdepero, d’Ayala, de Santa Cruz de la Sierra et de Fuentidena, comte de Tinmouth, vicomte de la Calzada, baron Bosworth, pair d’Espagne et connétable de Navarre… est l’aristocrate le plus titré d’Europe ( du coup j’ai eu la flemme de les vérifier, si une bonne âme très courageuse passe par là ...). On ne s’étonnera pas qu’il fasse preuve d’un sens certain de l’étiquette et d’un raffinement sans faille en société.
...
D’abord, la défaite subie par la France quatre ans auparavant est l’une des plus importantes de l’Histoire moderne MODE HUMOUR : ça pourrait être pire, la France aurait pu demander l’armistice ...).
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Et comme les puissances alliées semblent fermement décidées à exiger une reddition sans conditions ( capitulation sans condition ?) …
Eden est pour le moins surpris de cette manœuvre de la part de l’Espagne. Franco se rappelle ainsi à la mémoire des diplomates britanniques, il est vrai fort occupés depuis plusieurs mois par le devenir de l’Europe Centrale et Balkanique et par l’organisation générale du monde d’après-guerre. Les conférences de Bretton Woods et de Dumberton Oaks (celle-ci bat actuellement son plein) sont là pour rappeler que le nouvel ordre de la planète est en train de se dessiner. Et il semble que l’Espagne – l’Espagne de Franco ! – veuille y avoir sa place !
Anthony Eden est francophile certes, mais il n’en reste pas moins britannique. Il sait que l’allié français s’est beaucoup appuyé sur la diaspora républicaine espagnole pour guerroyer depuis l’époque du Grand Déménagement et s’est attaché à soutenir le gouvernement en exil de Juan Negrin… sans oublier de renouer des contacts “normaux” avec le régime de Franco). Si Eden (contrairement à son second Cadogan, qui participe à la conférence de Dumberton Oaks) est partisan de sanctions contre le régime de Franco , il sait aussi qu’il faut manœuvrer avec prudence concernant ce pays dont personne n’a envie de le voir devenir un refuge européen pour fascistes de tout poil, ni le voir basculer dans une nouvelle révolution rouge qui en ferait une autre Bulgarie ou Roumanie… Il compte donc mettre la question espagnole à l’ordre du jour de la prochaine réunion du War Cabinet, quand bien même l’euphorie de la seconde phase de la deuxième campagne de France dominera probablement les débats. Car il est grand temps que le War Cabinet et le Premier ministre prennent une décision tranchée concernant cette Espagne qu’on a tenté de ménager tout au long du conflit tout en la regardant un peu de travers. Doit-on prendre la main tendue par les franquistes ? La repousser ? Ou la trancher ?
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Ne pas confondre facilité et simplicité

[demolitiondan]

[John92]

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Ce dernier, dûment interrogé à son tour, qualifie le texte de « ridicule », dit ne même pas comprendre pourquoi Kren s’est adressé à lui et affirme finalement avoir « déchiré ce bout de papier puis [l’avoir] ([avoir] ? ) balancé les morceaux par la canopée de [son] bombardier » !
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Le conflit suspend ensuite les investigations. Il faut préciser que les destinataires du message de Kren resteront loyaux à leurs armes (leur arme ? leur arme = l’aviation ) et combattront contre l’Axe au moins jusqu’à la fin de l’invasion (1)…
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Rentré en vainqueur à Zagreb lors de la proclamation du NDH, après peut-être un petit tour dans le nez d’un Heinkel 111 bombardant Belgrade lors de l’opération Châtiment, il est naturellement bombardé ( mais je suppose qu’elle est volontaire-même si je la trouve incongru voire indécente dans le cadre de Châtiment) chef de l’aviation croate – une aviation, faut-il le préciser, faite d’un mélange hétéroclite d’appareils – essentiellement des avions ( appareils ?) royaux capturés, auxquels se joindront assez vite de généreux dons italiens, puis d’autres prises issues du retournement de la Noël 1942.
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Vladimir Kren se battit à la hauteur de ses moyens, alors que la ligne de front se rapprochait sans cesse depuis la Grèce et que la supériorité aérienne alliée se faisait écrasante…
Les événements du 7 mai 1944 lui portent un coup fatal : après le bombardement du stade Maksimir, craignant sans doute qu’on lui reproche l’échec de sa couverture aérienne (2), il s’enfuit sur son Fieseler 156 pour passer l’Adriatique et se rendre aux Alliés, échappant de peu à un lynchage par des paysans italiens !
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Ne pas confondre facilité et simplicité