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Asie-Pacifique, Mai 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Oct 29, 2022 23:12    Sujet du message: Asie-Pacifique, Mai 1944 Répondre en citant

Vu le poids des infos européennes, on va commencer "doucement" le mois de Mai par l'autre côté de la planète. Vous reconnaîtrez les plumes d'Anaxagore, Hendryk et Patzekiller (dans l'ordre alphabétique) (je crois que c'est tout).
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Oct 29, 2022 23:20    Sujet du message: Répondre en citant

1er mai
Campagne de Malaisie
Opération Mary
Golfe de Thaïlande
– Depuis le lever du soleil, les PBJ (version navale du B-25) de la 17F et les Beaufighter de la 10F mènent leurs premières missions au-dessus du golfe de Thaïlande. Les Japonais, qui ont déjà réagi aux incursions de la 10th Air Force en prenant une route plus au sud pour ravitailler Singapour et les Indes Néerlandaises, mais ne s’attendaient pas à voir surgir des appareils ennemis aussi loin de leurs bases que l’archipel de Riau.
Pour cette première mission, la chance est avec les Français : la patrouille comportant quatre “Michel” et quatre “Beauf” tombe sur le cargo Nishiro Maru, vétéran de l’évacuation de la 9e DI de Birmanie, escorté du seul chasseur de sous-marins CH-18 Oki. Alors que les navires forcent l’allure, zigzaguent et que le petit Oki déchaîne ses 25 mm et son unique pièce de 3 pouces, les appareils français manœuvrent pour la mise à mort. A l’instar des Américains, les PBJ français ont enlevé les stabilisateurs de leurs bombes afin de profiter d’un effet rebond (skip bombing). Tandis que les bimoteurs de la 10F se chargent du petit escorteur, dont ils ne tardent pas à transformer les superstructures en gruyère, les PBJ s’en prennent au cargo qui louvoie au milieu des explosions et des projectiles qui ricochent à la surface de l’eau. Le capitaine japonais croit être tiré d’affaire lorsque le dernier attaquant se présente et lâche deux œufs qui semblent tomber à l’eau, mais ceux-ci ricochent avant de toucher la coque. Une soute contenant des munitions ou du carburant est touchée, déclenchant un incendie qui devient vite incontrôlable. Le navire japonais est perdu. Le soir, l’ambiance sera festive à Tavoy : un navire coulé et un autre endommagé, sans perte.

Renforts aux Andaman
Car Nicobar
– Les éléments de la 10th Air Force opérant dans l’océan Indien continuent leur montée en puissance et leur redéploiement. C’est au tour du 89th FS d’échanger ses P-40 à tête de Banshee contre des P-47. Le 80th Fighter Group va donc maintenant disposer de deux squadrons sur Jug afin d’assurer les escortes dans le cadre de l’opération Stoker.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Phuc Hoa (Tonkin, à la frontière chinoise)
« La date du lancement de l’opération “Granite” n’était pas fixée. Cependant, il fallait compter plusieurs jours pour la préparer. Donc, tout dépendait des Japonais. Le lieutenant Peyrard ne s’était jamais vu comme un stratège aux nerfs d’acier. Sa peau le démangeait sous l’effet conjoint de la transpiration et de l’anxiété. C’était comme si on lui enfonçait des aiguilles un peu partout. Il avait envie de se gratter en permanence.
Plus nerveuse encore que lui, une jeune fille blonde était assise à même le sol, au milieu de rapports formant un arc de cercle autour d’elle. Ses yeux allaient de l’un à l’autre. Elle feuilletait quelques pages de l’un, puis passait au suivant. Cela semblait incroyable, mais elle pouvait diviser son attention entre une dizaine de sujets sans perdre le fil d’aucun. Victoire Dubois appelait “chaos” les informations que lui rapportaient les agents du lieutenant Peyrard. Un amas de faits désordonnés qui arrivaient par paquets, mélange de rumeurs invérifiables, d’événements isolés… Le tout était collecté patiemment.
À l’époque de l’invasion, le Vietminh avait déjà un réseau de renseignement dans toute l’Indochine et même au-delà (en France, en Chine…). Ses agents étaient des amateurs certes diligents, mais des amateurs. Bon nombre avaient fini leurs jours aux mains de la Kempetai. De plus, lorsque Laurent Peyrard était arrivé, la France disposait encore d’une partie du réseau de renseignement de la Sécurité publique… C’est à dire de ceux de ses agents qui avaient échappé à la gendarmerie japonaise après la saisie de ses archives. Enfin, il y avait les agents du Deuxième Bureau, qui opéraient depuis la Chine et avaient été plus épargné. Mais justement, le réseau de l’Armée s’intéressait surtout à la Chine.
Le travail de Peyrard avait été justement de fondre tout ceci en un tout cohérent et opérationnel. Le lieutenant avait poussé des Vietnamiens à rejoindre les milices pro-japonaises pour agir en tant que “pénétrants” et recueillir des informations de l’intérieur. Il avait aussi retourné des agents ennemis capturés pour qu’ils servent d’agents doubles. Il avait approché des officiels du régime du fantoche Cuong De grâce à des agents “indigènes” fournis par le Vietminh – ils avaient tourné casaque lorsque la situation avait commencé à tourner au vinaigre pour le Japon. Les fameux ouvriers de la onzième heure… A l’époque des Royaumes Combattants, le bouffon du roi de Ts’in n’avait-il pas perdu son pays en travaillant pour le roi de Han ?
Réunir toutes ces informations était une gageure, mais les interpréter était plus difficile encore. Les renseignements français en Indochine n’avaient pas un personnel suffisant, ni même d’analyste qualifié. Ce n’était d’ailleurs pas un service en soi, juste une simple subdivision du département de la Chine. Ce manque de moyens avait été le principal problème de la division d’Indochine jusqu’à ce que le lieutenant Peyrard déniche la perle rare. Il lui arrivait d’être effrayé par cette jeune femme au physique de poupée.
Victoire Dubois possédait un don inné pour trouver du sens dans le chaos des données brutes, afin de prévoir les agissements des gens et même de les provoquer. Mademoiselle Dubois appelait ça Ordo ab chao, l’ordre surgi du chaos.
– Comment pouvez-vous être sûre que le général Rikichi fera ce que vous attendez de lui ?
Repoussant une mèche de cheveux blonds, Victoire continuait à lire les rapports, une ligne ici, une autre tirée de la chemise ouverte à côté. Elle ne leva pas les yeux pour répondre.
– Calmez-vous, lieutenant, nous contrôlons l’information. Nous savons ce qu’ils veulent, ainsi que leurs moyens d’action. De plus, nous leur fournissons les données sur lesquelles ils basent leur réflexion. Ils ne peuvent donc rien faire qui outrepasse nos prévisions. S’ils ne réagissent pas bientôt, nous pourrons toujours attaquer une autre de leur garnison. Au pire, il faudrait les réduire une à une, ce qui prendrait du temps et coûterait du monde… Toutefois, à chaque victoire, nos chances augmenteront de voir les Japonais suivre le scénario que j’ai imaginé. Nous avons réduit leurs possibilités à une alternative. D’un côté “rester et mourir pour rien”, enfin, pour l’honneur – je sais que cela a de l’importance pour les Japonais, mais quand même… De l’autre, “partir et vivre”. Il faut juste les pousser petit à petit vers celle que nous désirons les voir choisir.
Laurent Peyrard ressentait des sentiments d’une extrême ambiguïté lorsqu’il la voyait ainsi. Un jour, le général Mast lui demanderait d’où lui était venu l’idée de “Granite”. Il devrait alors lui faire rencontrer Mademoiselle Dubois. Regarderait-il la jeune femme comme un génie ou comme…
– Un monstre charmant.
– Pardon ?

Victoire Dubois regarda le lieutenant. Pour une fois, c’est elle qui semblait la plus étonnée : « Mon père avait les mêmes yeux que vous, lieutenant, lorsqu’il me demandait de résoudre des problèmes pour lui. Et il m’appelait ainsi : le monstre charmant. »


La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go – Préparatifs
Nankin
– Le maréchal Shunroku Hata, commandant suprême des forces expéditionnaires japonaises en Chine, n’est pas resté inactif ces dernières semaines. En réaction à l’offensive chinoise dans le Guangdong, lui et son état-major ont ébauché les plans d’une ambitieuse contre-offensive permettant de reprendre le terrain perdu : ce sera l’opération Ichi-Go. Profitant de l’essoufflement chinois, l’état-major se réunit ce jour pour en fixer définitivement la date.
………
Vallée de la Rivière des Perles – Suite à la décision d’interrompre les opérations offensives pour la prise de Hong Kong, la 52e Armée entreprend de se retrancher au nord des Nouveaux Territoires, tandis que les 1ère et 5e Armées prennent leurs quartiers à Canton. Toutes trois ont été durement éprouvées par les combats de l’opération Bailu et doivent reconstituer leurs forces.


2 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Lhokseumawe (Sumatra)
– Nouveau raid des B-24 des 436th et 492nd BS, escortés par les dragons à double queue des 449th et 459th FS. Le raid a été détecté assez tôt pour permettre aux Hayabusa du 24e Sentai de se positionner correctement. Au prix de la perte de six des leurs, ils arrivent à abattre deux Liberator (dont un par collision) et deux P-38. Le Captain Walter Duke remporte là ses 10e et 11e victoires.
Afin d’éviter toute mauvaise surprise, les Alliés ont mis en place sur le chemin du retour du raid une patrouille chargée d’accueillir les bombardiers, de protéger l’Air Rescue et d’éliminer d’éventuels charognards. Le F/O Misseldine, du Sqn 132, sur Spitfire, repère un G4M suivant de loin la formation américaine. Dans son rapport, il déclare : « Nous avions croisé les Liberator une dizaine de minutes auparavant lorsque je repérai un point sur l’horizon. Le leader nous détacha, mon ailier et moi-même, pour vérifier l’identité et l’état de ce nouvel arrivant. Bientôt, le doute ne fut plus permis : il s’agissait d’un Japonais, un Betty qui tentait sans doute de s’infiltrer en suivant les formations US pour bombarder les pistes juste après leur atterrissage. J’annonçai Tally-Ho et j’ouvris le feu à environ 400 mètres avec mes 20 mm. Après tout juste une seconde de tir, le Jap s’enflamma et explosa dans la seconde suivante comme un ballon trop plein. Je revendique donc cette victoire. »

Campagne d’Indochine
La guerre est finie… au Cambodge
Frontière entre le Cambodge et la Thaïlande
– Avec un peu de retard sur le calendrier prévu, la dernière unité thaïlandaise se prépare à quitter le Cambodge. Cela donne l’occasion de mettre un peu de vernis officiel sur l’évacuation. Le drapeau thaïlandais est finalement amené avec les honneurs et remplacé par celui du royaume khmer.
Alors que la guerre d’Indochine n’est pas encore terminée, ce jour permet de faire un grand pas dans la réécriture des événements. Comme à son habitude, le roi Norodom Sihanouk, venu présider à l’événement, s’est laissé guider par son infaillible boussole intérieure pour traverser les tempêtes de l’histoire. Son discours fleuve est un exemple de funambulisme verbal digne d’être applaudi. En quarante minutes d’un verbiage truffé de citations du général de Gaulle, le jeune monarque réussit à ne pas prononcer une seule fois les termes “invasion” ou “occupation”. Oublié l’exil passé à Dien-Bien-Phu, où le roi vitupérait contre l’occupation du sol national par les Thaïlandais. A l’avenir, la Thaïlande sera pour le Cambodge un voisin amical. Par un de ces prodigieux tours de passe-passe dont les plus grands politiciens ont le secret, Norodom Sihanouk accuse les seuls Japonais, aidés du seul Son Ngoc Thanh, d’avoir conduit le royaume au désastre et au démantèlement. Les premiers feront des ennemis honnis fort convenables, le second n’est pas là pour protester et c’est bien connu, les absents ont toujours tort.
Les Thaïlandais présents applaudissent poliment – et sans doute avec plus qu’une pointe de soulagement – la fin du discours. Après une séance de serrage de mains avec les Occupants de la veille, le souverain se retire, entouré de ses porteurs de parasol et de jeunes filles qui jettent des pétales de fleurs sous ses pas.
Si les militaires thaïlandais s’en vont, ils laissent derrière eux des policiers. S’inspirant du Laos voisin, le roi Norodom vient de signer avec l’ambassadeur de Thaïlande un accord pour « encadrer et former » la nouvelle police cambodgienne. Une initiative très bien reçue à Bangkok, puisqu’elle permet à la Thaïlande de quitter Cambodge sans tout à fait en sortir. Et pour Phnom-Penh, pouvoir compter sur une force neutre pour s’interposer entre les seigneurs de la guerre locaux est un avantage inestimable. Certes, l’accord n’est pas très bien vu des Français et encore moins des Vietnamiens, mais ils n’y peuvent pas grand-chose pour l’instant…
La Deuxième Guerre Mondiale est finie au Cambodge, mais l’après-guerre promet d’être une rude épreuve. Les Japonais ont balayé l’ordre colonial français et aucune structure stable ne l’a encore remplacé.


3 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Sabang
– Le port et l’aérodrome tout proche reçoivent la visite de B-25 des 490th et 491st BS et du Sqn 18 (RAAF), escortés par le 80th FG. Si les P-40 ont besoin d’un réservoir supplémentaire, les Thunderbolt du 88th FS (renforcés de quatre appareils du 89th) sont beaucoup plus à l’aise du point de vue de l’autonomie et se payent le luxe de descendre mitrailler le port, quasiment vide. La DCA est plus que modérée et les Jug transforment en petit bois les quelques barcasses présentes, servant habituellement au ravitaillement de l’île depuis la côte nord de Sumatra.

Un Duc en cale sèche
Espiritu Santo
– Le HMS Duke of York arrive à Espiritu Santo, où l’US Navy a installé le dock flottant ABSD-1. Le cuirassé y est aussitôt installé et les travaux commencent, tandis que les plaques de blindage qui seront nécessaires pour une réparation dans les règles de l’art sont commandées à Pearl Harbor. Près d’un mois de travaux seront nécessaires.
Pendant ce temps, l’escorte du grand bâtiment retourne à Darwin.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Région de Cao-Bang (Tonkin)
– Les garnisons japonaises commencent à abandonner les avant-postes entourant Cao-Bang. Les garnisons convergent vers le chef-lieu. Si les rapports des avions de reconnaissance montrent que le mouvement est général, on ignore encore s’il s’agit d’un regroupement temporaire avant une évacuation de toute la région.
Lors de la diversion qui avait précédé l’offensive du Têt, les Japonais avaient concentré tous leurs effectifs dans la ville frontière, dans l’espoir de résister à l’assaut attendu. Officiellement, la manœuvre avait été une réussite qui avait contraint les Franco-Indochinois à la retraite. Les Japonais ne seraient pas les premiers à croire leur propre propagande et à qualifier d’imprenable une forteresse qui n’a jamais été conçue pour résister à un siège de longue durée.
Comme une vaste toile d’araignée, les services de renseignement du lieutenant Peyrard attendent, les yeux et les oreilles grands ouverts.


4 mai
Campagne de Malaisie
Opération Mary
Kampung Tegala Batin
– Les Halifax et Wellington du Bomber Command Far East basés à Rangoon attaquent à nouveau la côte est de la Malaisie. La cible est ce coup-ci l’aérodrome au nord de la capitale régionale Kuala Terengganu. Anglais, Indiens et Australiens mènent maintenant une campagne méthodique sur les routes de pénétration au-dessus du littoral oriental de la colonie. Leur but est d’éradiquer les capacités portuaires et logistiques des Japonais. Le raid rentre sans perte, en ayant réussi à placer plusieurs bombes sur la piste et sur des hangars.

Alor Setar – Après un certain temps de repos et de réorganisation depuis la fin de Black Prince, les Spitfire VIII des Sqn 81 et 136, opérant maintenant de Kampung Ulu, dans le sud de la Birmanie, mènent une mission Circus (avec réservoir) dans ce secteur. L’opposition est constituée des Ki-43 et Ki-44 des I et II Chutai du 50e Sentai. Ce premier engagement dans ce secteur se solde par un match nul : la supériorité du chasseur Supermarine est contrebalancée par son endurance limitée si loin de ses bases. Les Japonais perdent donc deux Oscar et un Tojo contre deux Spit, plus un dont le pilote est contraint de sauter sur le chemin du retour (il sera récupéré).

La guerre sino-japonaise
Les Anglais de retour en Chine
Kunming
– Le général britannique Geoffrey Scoones, ancien commandant du IVe Corps de l’Eastern Army, arrive de Birmanie pour superviser la mise en place de la toute nouvelle Commonwealth Expeditionary Force in China (CEFC), dont la création a été décidée une semaine plus tôt pour prêter main-forte aux Chinois… et accessoirement pour éviter qu’ils soient tentés de garder Hong Kong pour eux, s’ils parvenaient à libérer la ville. La CEFC sera composée de trois éléments – une division d’infanterie, une brigade blindée et l’équivalent d’un régiment “spécial” :
– la 11e East African Division (général Charles C. Fowkes) ;
– la 252e Indian Tank Brigade, récemment formée : un bataillon sur M5 Stuart (le 4th Duke of Cambridge’s Own Lancers, ou Hodson’s Horse), un bataillon sur Valentine (le 5th King Edward VII’s Own Lancers, ou Probyn’s Horse) et un bataillon sur Sherman (le 9e Deccan Horse). Ces Sherman sont des M4 des tout premiers modèles, dotés du canon de 75 standard et dont on ne veut plus en Europe, mais qui feront très bien l’affaire en Asie. Un bataillon d’infanterie mécanisée, le 2/6th Gurkha Rifles, s’ajoute à ces blindés.
– enfin, la toute neuve Force W (australienne… en théorie) : 1er Bataillon de Parachutistes australien, avec ses appuis (génie et artillerie de campagne), 154e Bataillon de Gurkhas (aérotransporté), et n°1 Commando britannique (aérotransporté).

Pour l’instant, la CEFC est encore en pièces détachées ; au général Scoones de l’organiser. De toute façon, les Chinois ne seront pas en état de lancer une nouvelle offensive dans la région de Hong Kong avant au moins deux mois, et les Japonais se terrent dans ce qui leur reste de territoire occupé.


5 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Medan
– Le matraquage des bases aériennes de la côte nord de Sumatra par les lourds de la 10th Air Force continue. En dépit du fait que le 24e Sentai tente de s’interposer, les pistes sont sévèrement endommagées. On ne note aucune perte dans les deux camps.

Blocus naval
Bornéo
– La perte du Timor a ouvert une brèche dans les défenses japonaises en mer de Java, par laquelle s’engouffrent nombre de sous-marins de diverses nationalités. Le HMS Taurus arrive ainsi à placer une torpille sur le pétrolier Enoshima Maru avant d’être repoussé par le chasseur de sous-marins qui l’escorte, aidé par un hydravion Mavis. L’Enoshima Maru, ex RFA Enobol britannique, avait été capturé endommagé à Hong Kong, avant d’être remis en état et rebaptisé. Il arrivera à rallier Banjarmasin avec une forte gite mais ne reprendra pas la mer avant la fin du conflit.


6 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Bandah Aceh
– Les bombardiers moyens basés sur Car Nicobar (490th, 491st BS, Sqn 18) attaquent les pistes de cette localité située à l’extrémité nord de Sumatra. Le raid est mené à bien, mais ne cause aucun dégât à des pistes abandonnées par l’IJA depuis le raid précédent. En effet, le 24e Sentai, manquant d’effectifs, s’est regroupé plus au sud, le long de la côte, essayant de couvrir l’ile de Sabang depuis Lhokseumawe (et la piste de desserrement de Sigli), à environ 150 kilomètres de là. Profitant de l’absence d’opposition, les P-47 du 80th FG en profitent pour mitrailler le port. La DCA, dépendant de l’Armée, est toutefois plus mordante que quelques jours auparavant. Elle réussit à abattre un P-47 tandis qu’un Mitchell, endommagé, est contraint d’atterrir sur la piste en cour d’achèvement de Campbell Bay, sur Great Nicobar.

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go – Préparatifs
Province du Zhejiang
– La 39e Division de la 11e Armée japonaise prend position au sud de Hangzhou, sur la ligne de chemin de fer vers Nanchang.
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Etienne



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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 06:23    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Les Japonais, qui ont déjà réagi aux incursions de la 10th Air Force en prenant une route plus au sud pour ravitailler Singapour et les Indes Néerlandaises, mais ne s’attendaient pas à voir surgir des appareils ennemis aussi loin de leurs bases que l’archipel de Riau.


En trop?
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John92



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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 08:45    Sujet du message: Répondre en citant

...
« ...
Toutefois, à chaque victoire, nos chances augmenteront de voir les Japonais
suivre (suivrent ?) le scénario que j’ai imaginé.
...

...
Les garnisons japonaises commencent à abandonner les avant-postes entourant Cao-Bang. Les garnisons (Elles ? ) convergent vers le chef-lieu.
...
Les bombardiers moyens basés sur Car Nicobar (490th, 491st BS, Sqn 18) attaquent les pistes (terrains ?) de cette localité située à l’extrémité nord de Sumatra. Le raid est mené à bien, mais ne cause aucun dégât à des pistes abandonnées par l’IJA depuis le raid précédent. En effet, le 24e Sentai, manquant d’effectifs, s’est regroupé plus au sud, le long de la côte, essayant de couvrir l’ile de Sabang depuis Lhokseumawe (et la piste de desserrement de Sigli), à environ 150 kilomètres de là. Profitant de l’absence d’opposition, les P-47 du 80th FG en profitent pour mitrailler le port.
...
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 09:36    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Au 2 mai pour le départ des Thaïlandais du Cambodge.

Citation:
Le drapeau thaïlandais est finalement rentréavec les honneurs et remplacé par celui du royaume khmer.


"Amener le drapeau ou le pavillon, signifie se rendre. Là on est en Extrême Orient , région où la "Face" est primordiale.

Pour que les Thaïlandais ne la perdent pas, le protocole aura prévu que le drapeau sera lentement descendu devant les officiels des dux pays et un détachement présentant les armes. Puis, il sera plié cérémonieusement (par exemple comme lors des funérailles au cimetière d'Arlington) et remis à la plus haute autorité thaïlandaise présente avant que le drapeau Khmer ne soit envoyé.

@+
Alain
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 10:02    Sujet du message: Répondre en citant

Merci aux relecteurs. Mais, John, "suivrent" n'existe pas…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 10:17    Sujet du message: Répondre en citant

7 mai
Campagne de Malaisie
Opération Mary
Kuala Terengganu
– Pour la deuxième fois en quelques jours, un menaçant bruit de moteurs se fait entendre dans la nuit. Si les cloches et sirènes de la défense civile sonnent, les habitants ne s’en préoccupent guère. Mal leur en prend, car la cibles des lourds de la RAF est le port situé dans l’estuaire. L’attaque est une réussite et les quelques installations de ce modeste port sont mises à mal. La propagande japonaise ne manquera pas d’exploiter les victimes civiles de ce raid, mais ce que retiendront les habitants dans les semaines à venir sera le déménagement forcé de nombreuses familles près de l’aérodrome et du port, pour servir d’otages en cas de nouvelle attaque.
………
Penkalan Chepa – Cet aérodrome, le plus au nord sur la côte orientale de la Malaisie, reçoit la visite d’une formation hétéroclite composée de Beaufighter du Sqn 27 et de Banshee du 2 Sqn RIAF, couverts par les Spitfire du Sqn 113. Les bimoteurs arrivent par la mer à basse altitude et surprennent la défense qui ne peut faire décoller que quelques Hayabusa du 77 Sentai, alors que les attaquants sont déjà sur le chemin du retour après avoir semé la désolation. Le sergent Aran Singh sur Banshee, a même incendié un Ki-43 juste après son décollage ; il sera crédité de cette victoire, ses ciné-mitrailleuses confirmant le rapport de son ailier. La DCA a tout de même prélevé son dû en abattant un Beaufighter et en endommageant un Banshee.
Les pilotes japonais s’élancent avec rage à la poursuite des bimoteurs, qui continuent à voler bas. Ces derniers sont presque à portée de tir lorsqu’interviennent les Spitfire V postés en recueil, qui tombent du soleil et sauvent la mise au Banshee endommagé en abattant deux appareils de l’IJA. Les pilotes de l’Armée japonaise revendiqueront quatre victoires, mais tous les Spitfire rentreront à leur base.

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go – Préparatifs
Province de l’Anhui
– Le transfert de deux divisions de la 13e Armée japonaise, les 15e et 116e, de Nankin à Zhengzhou, n’est pas passée inaperçu des partisans chinois du maquis de l’Anhui, qui font remonter l’information auprès d’officiers de la Nouvelle 4e Armée. Mais ceux-ci, qui gardent une rancune tenace contre les Nationalistes depuis les heurts de 1941, n’ont pas encore digéré la nouvelle ligne pro-Chongqing imposée par le général Peng Dehuai, et se gardent bien d’en informer ce dernier. L’état-major nationaliste ne recevra que quelques vagues échos de mouvements de troupes japonais par ses propres réseaux de renseignement, mais sans pouvoir en déduire la portée.


8 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Langsa
– Les Liberator à damier des 436th et 492nd BS, escortés des 449th et 459th FS, s’en prennent à l’aérodrome proche de cette localité. La piste est à nouveau touchée et semée d’un peu plus de cratères. Les Ki-43 du 24e Sentai n’arrivent à n’endommager qu’un B-24 au prix de l’un des leurs, abattu par le Captain Walter Duke, qui engrange ainsi sa douzième victoire

Renforts navals
Darwin
– L’Implacable (24 Seafire, 24 Firefly et 12 Tarpon) rejoint l’Eastern Fleet, escorté par les destroyers Bedouin, Mashona, Tartar et Zulu. Il s’ajoute à la TF-57.2, où il devient l’équipier de son jumeau l’Indefatigable. L’Indomitable va quant à lui renforce la TF-100, qui devient franco-anglaise.

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go – Préparatifs
Province du Hubei
– Tandis que la 34e Division de la 11e Armée japonaise se déploie au sud de Wuhan, les 3e et 40e Divisions en font autant au nord de la conurbation dévastée. Ces mouvements s’effectuent sans effort de discrétion, et les reconnaissances de la 30e Armée chinoise ne tardent pas à les repérer. Le général Wang Lingji ordonne le renforcement du dispositif défensif de la ligne Jiugong et fait mettre ses troupes en état d’alerte.


9 mai
Campagne de Malaisie
Opération Mary
Iles Anambas
– Les Beaumont des Sqn 3 et 4 (BVAS) et les Banshee du Sqn 2 (RIAF) écument la mer autour de l’archipel depuis le petit matin. Ils n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent, mais leurs vols précédents ont été repérés et l’information est remontée à Singapour. Le 103e Sentai a donc été désigné pour envoyer ses Toryu sur zone afin d’essayer d’intercepter les appareils ennemis.
C’est ce qui se passe lorsqu’un groupe de huit Ki 45 aperçoit un groupe de quatre Beaumont du 4 BVAS volant à basse altitude au-dessus de la mer. Croyant avoir à faire avec des cibles non escortées, les Japonais se lancent dans la bagarre sans apercevoir les quatre Banshee de couverture. Ouvrant le feu sur les Beaumont et en endommageant un, les Nick se voient bientôt encadrés eux-mêmes par des 20 mm. Dans le combat qui suit, les Japonais perdent un bimoteur contre un aux Anglais, tandis que le Beaumont endommagé au départ de l’action est obligé de se dérouter sur… Saigon. Bien que l’appareil ne puisse y être réparé (on peut toujours l’admirer aujourd’hui, restauré, au musée de l’Histoire de la ville), l’équipage finira par rallier son unité au prix d’un périple d’une quinzaine de jours à travers l’Indochine et la Chine.

Opération Stoker
Lhokseumawe
– Une fois n’est pas coutume, les B-25 basés à Car Nicobar et participant à l’opération Stoker sont accompagnés des P-38 des 449th et 459th FS. L’opposition aérienne ennemie, décrite comme modérée, permet malgré tout au major Glenn d’enregistrer sa cinquième victoire. Il fêtera dignement la chose au mess le soir. Quelques jours plus tard, un court article du Stars and Stripes le montrera en train de peindre sur son appareil son cinquième Hino Maru.
Sur l’aérodrome japonais, c’est l’habituel lots de cratères et d’épaves d’avion, que les mécanos s’empresseront de cannibaliser et d’exposer en leurre en bout de piste. Le 24e Sentai subit une triple attrition : sur ses appareils, ses autres matériels et ses personnels.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Dien-Bien-Phu
« En dépit de la chaleur qui stagnait dans la cuvette de la base Epervier, le général Mast était vêtu d’un uniforme impeccable, cravate soigneusement nouée, vareuse repassée. Il porta la main à son képi soutaché d’or en descendant de sa Jeep de fonction, répondant au salut des deux légionnaires gardant son bureau – une simple case comme des dizaines d’autres.
L’intérieur était divisé en deux par un simple rideau, produit de l’artisanat local offert à son prédécesseur, le général Martin. La première partie, où était installée la table de travail de son secrétaire, servait de salle d’attente. Chaque matin, en entrant, Charles Mast lançait un coup d’œil vers le fauteuil en rotin où Hô Chi-Minh avait l’habitude de l’attendre lors de ses visites. Non que le président du Front Unifié du Vietnam vînt le voir chaque matin, à Dieu ne plaise ! Mais ce coup d’œil était devenu un réflexe et suffisait au général pour savoir s’il allait passer une bonne ou une mauvaise journée.
Ce matin, Charles Mast s’immobilisa, surpris par la présence du jeune homme qui venait de se lever du fauteuil hanté. Ce n’était pas – heureusement – le chef du Vietminh. C’était un lieutenant français qui salua très réglementairement.
– Lieutenant Laurent Peyrard, Deuxième Bureau, au rapport selon les ordres, mon général.
– Ah, vous avez fait vite, lieutenant. Passez dans mon bureau.

Mast s’installa derrière la table envahie de dossiers et Peyrard prit place dans le fauteuil qu’on lui désignait. Ses yeux parcoururent rapidement les armoires de rangement et les cartes sur les murs. L’ordonnance du général, arrivée silencieusement, servit le thé. Tout le monde à Épervier s’était mis au thé, un thé de fort bonne qualité qui arrivait directement de Chine, alors que le peu de café qui parvenait jusque là était parfaitement imbuvable… sauf par les aviateurs américains. Mais les Américains buvaient n’importe quoi – la preuve, on avait récemment installé sur la base une machine qui distribuait une boisson noire, pétillante et sucrée au goût de médicament et dont ils raffolaient.
Lorsque ses yeux revinrent sur le général Mast, Peyrard vit que ce dernier l’observait avec attention.
– Je crois que c’est la première fois que nous nous rencontrons, lieutenant.
– En effet, mon général.
– Il n’est pas si courant dans l’armée qu’un homme de votre grade et de votre ancienneté envoie autant de rapports à un général.

Charles Mast venait d’ouvrir un épais dossier cartonné rempli de chemises colorées contenant les rapports d’analyse et les prévisions soumises par Peyrard.
– Je dois dire qu’au départ, je ne croyais pas du tout à votre plan “Granite”. J’aurais refusé de l’appliquer sans l’assurance qu’un éventuel échec ne contrarierait pas un assaut contre Cao-Bang.
– Il me semblait qu’on ne pouvait ignorer une chance de vaincre l’ennemi en une seule bataille au lieu de l’assiéger une ville après l’autre. Non seulement nous éviterons des victimes innocentes, mais nous préserverons aussi nos troupes. Sans compter le gain de temps et l’avantage pour la propagande de nous montrer capable de manœuvrer l’ennemi pour le conduire à un désastre militaire.

Le général Mast leva une main impérieuse : « Lieutenant, j’ai déjà accepté votre plan. C’est simplement… que ce genre de stratégie est inhabituel dans l’armée française. »
– Pas tellement, mon général. L’intoxication est un instrument bien pratique pour piéger l’ennemi et apporter un avantage crucial. Tromper l’ennemi n’est-il pas la base de toute stratégie ? Napoléon n’a-t-il pas joué un mauvais tour de ce genre aux Autrichiens à Ulm, en les amenant à s’enfermer dans la ville ? Et n’a-t-il pas intoxiqué les empereurs d’Autriche et de Russie avant Austerlitz en demandant à négocier, pour faire croire qu’il pensait perdre ?

D’abord un peu agacé par l’enthousiasme du jeune homme, Charles Mast finit par sourire, amusé.
– Vous êtes passionné et convaincant, lieutenant. Je vous le répète, j’ai compris. Vous avez fait un travail des plus impressionnants. Quand j’en aurai l’occasion – autant dire, pas tout de suite – je n’hésiterai pas à le rapporter au Général, il adore ce genre de démarches originales.
La majuscule ajoutée au titre s’entendait clairement dans la bouche de Mast. En France, il n’y avait qu’un seul Général. Laurent Peyrard se sentit rougir. Il se raidit dans son fauteuil, presque au garde-à-vous.
– Veuillez m’excuser, mon général. Seulement, je dois préciser que si l’application est mienne, l’idée de départ de Granite n’est pas de moi.
Mast se rembrunit : « Le Vietminh ? Si je dois encore annoncer au Général que nous servons d’auxiliaires à l’Oncle Hô, je ne risque pas d’être mis à la retraite, mais peut-être bien de me retrouver en poste à Fort Lamy ! »
Peu de gens ignoraient que le général Martin – prolongé à son poste après la bataille de Dien-Bien-Phu – avait finalement payé d’une semi-retraite (avec décorations et étoiles supplémentaires sur son képi) l’influence croissante du Vietminh, mal acceptée à Alger (car elle rendait l’indépendance complète du Vietnam inéluctable). Certes, Martin était épuisé et avait droit au repos, mais tout de même, c’était un général victorieux !
– Non, mon général… c’est une collaboratrice du service, une Française, arrivée ici comme infirmière et que j’ai recrutée. Elle s’appelle Victoire Dubois. Je pense que si je vous avais dit que l’idée était sortie de la tête – d’ailleurs ravissante – d’une infirmière d’une vingtaine d'années, je me serais retrouvé à patrouiller la Rivière Noire dans un canot à une place.
Mast resta sans mot dire une longue minute.
– Vous avez communiqué des informations confidentielles à une infirmière ?
– Mon général, j’ai découvert l’esprit le plus brillant de l’Indochine, et peut-être le seul cerveau français capable de raisonner comme un Japonais. Elle m’a aidé à synthétiser les masses d’informations que nous recueillons et elle a eu l’idée de
Granite. Je me suis contenté de l’adapter pour en faire un plan d’opération militaire.
Le général Mast se leva dans un silence lourd et regarda la carte accrochée derrière son bureau. Les unités alliées avaient commencé à se positionner autour d’un secteur de la RC-4 nommé “Les Calcaires” – un paysage karstique particulièrement impressionnant. Le piège imaginé par cette Victoire Dubois ne l’était pas moins.
– … Vous avez raison, pour le canot sur la Rivière Noire.
– Euh… Oui… mon général.

Mast secoua la tête. Jusque là, il n’avait pas réfléchi au choix du nom de code : “Granite”. Avec la carte sous les yeux, il comprenait soudain. “Granite” désignait, par contraste, le site de l’embuscade, “Les Calcaires” ! Un résumé étonnant de cette manipulation où chaque phase était parfaitement visible de l’ennemi et pourtant conçue pour lui masquer la réalité !
– J’aimerais rencontrer votre collaboratrice.
– A vos ordres, mon général. Je tiens cependant à vous prévenir qu’elle est un peu étrange.
– Le contraire serait étonnant. Qu’est-ce qui peut bien conduire une si jeune femme à élaborer une stratégie aussi brillante ?
– Mon général, la plus simple des choses… L’amour. C’est ce qui lui a déjà permis de si bien connaître le fonctionnement intellectuel des Japonais. Son Roméo s’appelle le caporal Kazuya Kujo, un soldat japonais, certes, mais un francophile. C’est pourquoi le plan élaboré devrait nous permettre de faire, pour une fois, un bon nombre de prisonniers.

Un instant, Mast douta d’avoir bien entendu. C’était un jeune général, né juste à temps pour participer à l’Autre Guerre. Il ne pensait pas tout savoir du métier des armes, et l’actuel conflit avait été une dure école. Il était souvent incompris des autres généraux français. Ceux qui l’aimaient le moins, comme le général Georges Revers, l’ancien chef d’état-major du général Frère, le surnommaient “le stratège des salons de thé”, parce que, depuis son séjour en Chine, il passait du temps auprès des personnes influentes pour obtenir leur soutien. Mast était conscient qu’une guerre se gagnait d’abord dans l’opinion et que celle-ci ne s’influençait pas sans efforts. Il se croyait avant-gardiste… cependant, il venait de constater que d’autres imaginaient encore des manières de faire la guerre qu’il ne comprenait pas. »



10 mai
Campagne de Malaisie
Opération Mary
Port de Cukai
– C’est très au sud que frappent cette nuit les Halifax et les Wellington des Sqn 544, 624, 215 et 1 (BVAS). Le port minéralier est durement touché et les bombardiers repartent sans pertes.

Blocus naval
Au large de Kuching (Bornéo)
– Le pétrolier Aiten Maru est torpillé par le MN Casabianca. Touché par deux engins, le navire brûlera longuement avant de se briser en deux et de couler. En dépit d’un grenadage par les deux chasseurs de sous-marins d’escorte et de l’arrivée d’un G4M sur zone, le submersible français rentrera à Darwin avec le traditionnel balai accroché au périscope, signifiant qu’il a fait le ménage.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Hôtel Métropole, Hanoi
« On dit que la nature a horreur du vide… »
Le major Sakai réajuste ses lunettes rondes cerclées de métal pour regarder la carte qui occupe un mur entier de la salle de conférence transformée en PC stratégique. Elle représente la RC-4 entre Cao Bang, Dong Khé et That Khé. Il parlait pour lui-même, mais le sergent Yamada acquiesce. Il a compris que son supérieur parlait des plaquettes représentant des unités ennemies, qui avaient fleuri depuis son dernier passage.
– Près de vingt-cinq unités françaises ou vietnamiennes se sont massées dans les secteurs évacués par nos troupes.
– Comment l’avons-nous appris ? Est-ce sûr ?
– Nos “grandes oreilles” de la section radio ont cassé le code utilisé par les Colonialistes. Nous avons appris le nom et le positionnement des unités. Le capitaine Sato, des Renseignements, et le capitaine Sugimoto, des Communications, sont tous les deux d’accord pour dire qu’elles ont été réunies pour une opération baptisée “Granite”.
[Ce qui, prononcé à la japonaise, donne quelque chose comme “Glanite”.]
Le major Sakai est soudain très intéressé.
– Et en quoi consisterait cette “opération Glanite” ?
Le sergent Yamada s’incline respectueusement pour s’excuser : « Nous l’ignorons. L’essentiel des communications radio du Vietminh consiste en cours politiques et en discours sur la victoire prochaine. Le capitaine Sato pense cependant que nous devons nous attendre à un gros coup. »
Le major Sakai reste silencieux un long moment, puis : « Parlez-moi des unités ennemies. »
– Pour le moment, nous n’avons triangulé que les positions de douze unités, toutes vietminh. Les Français sont plus prudents dans leurs vacations radios et n’émettent pas de discours politiques. Les formations vietnamiennes sont des bataillons chu luc.
– Chu luc ?
– Des unités de la réserve générale viethminh, bien armées, bien encadrées. Ce sont des troupes mobiles utilisées pour les offensives. On estime ces forces dans la région de la RC4 à vingt-trois ou vingt-cinq unités sur le terrain, plus six à huit en réserve. Selon les Colonialistes eux-mêmes, l’ensemble représenterait vingt-cinq mille hommes, donc au moins six régiments vietnamiens.

Le sergent Yamada a pris la longue baguette posée près de la carte. Il s’en sert pour désigner deux planchettes cartonnées situées au sud, derrière un cours d’eau appelé Song Bac Khê.
– Voici les TD 88 et TD 174. [TD est le sigle de Trung Doàn (régiment en vietnamien).]
L’extrémité de la baguette remonte vers le nord. À cheval sur la frontière de la Chine se trouve réuni un dispositif plus impressionnant.
– Le TD 209 coupe la route entre Dongh Khé et Phuc Hoa. Le TD 36 se trouve un peu plus à l’est, couvrant l’embranchement de Talung. Le TD 102 protège une batterie d’artillerie indépendante au nord de Bo Bach et le TD 246 fait de même à l’ouest du village de Fu Ma. La présence du 1er RIMP, un régiment français armé à l’américaine, est également signalée quelque part dans ce secteur.
Yamada tapote la carte de sa baguette et reprend : « De plus, les forces ennemies comprennent des unités dan quan, que nous ne pouvons pas compter. Il s’agit de combattants très mal armés – des lances et des grenades artisanales. Ils ne représentent pas une force combattante notable, mais il s’agit de natifs. Ils connaissent parfaitement les sentiers et servent de guides, de sentinelles et d’espions. Enfin, on peut ajouter des milliers de coolies à l’œuvre dans les montagnes pour réparer les routes, porter les munitions et d’une manière générale effectuer tous les gros travaux. »
Le major Sakai se tait, mal à l’aise. Ses précédents rapports ont été ignorés par ses supérieurs. Ceux-ci sont persuadés que le rassemblement de troupes colonialistes sert un but de propagande et non militaire. D’ailleurs, les longs discours radiodiffusés, les véritables manuels politiques dictés chapitre par chapitre d’une unité à l’autre – tout ça est à mille lieues d’un comportement militaire rationnel. Les Vietminh semblent n’avoir d’autre but que de clamer leur présence le plus fort possible. Et puis, ce n’est pas la première fois que les Colonialistes feignent d’attaquer la RC-4. Ils l’ont fait avant l’offensive du Têt.
Enfant, lorsqu’il jouait à pierre-papier-ciseau, le jeune Sakai ressortait souvent le coup qui lui avait permis de remporter la manche précédente. Une erreur que tout le monde faisait. Cependant, s’il s’agit encore d’une diversion, où va se porter l’attaque principale ?
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 10:39    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Bien que l’appareil ne puisse y être réparé (on peut toujours l’admirer aujourd’hui, restauré, au musée de l’Histoire de la ville), l’équipage finira par rallier son unité au prix d’un périple d’une quinzaine de jours à travers l’Indochine et la Chine.

On trouve de tout dans ce musée, même une Traction avant rutilante et devant laquelle les jeunes mariés aiment se faire photographier. Si exotique, si romantique!

Casus Frankie a écrit:
Tout le monde à Épervier s’était mis au thé, un thé de fort bonne qualité qui arrivait directement de Chine, alors que le peu de café qui parvenait jusque là était parfaitement imbuvable… sauf par les aviateurs américains.

C'est dommage, on trouve du très bon café au Vietnam--l'une des cultures introduites par les colonisateurs français, et auquel les Vietnamiens ont pris goût. Personnellement il ne m'a fallu que quelques jours pour devenir accro au cà phè sữa.
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 12:49    Sujet du message: Répondre en citant

C'est inattendu dirons nous !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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John92



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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 16:20    Sujet du message: Répondre en citant

...
Croyant avoir à faire avec (à ? ) des cibles non escortées, les Japonais se lancent dans la bagarre sans apercevoir les quatre Banshee de couverture.
...
Sur l’aérodrome japonais, c’est l’habituel lots ( lot ?) de cratères et d’épaves d’avion, que les mécanos s’empresseront de cannibaliser et d’exposer en leurre en bout de piste.
...
« ...
Quand j’en aurai l’occasion – autant dire, pas tout de suite – je n’hésiterai pas à le rapporter au Général, il adore ce genre de démarches originales (pourquoi le pluriel ?).
...

...
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Ne pas confondre facilité et simplicité
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 17:47    Sujet du message: Répondre en citant

Il me semble que c’est Bandar Aceh.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 18:07    Sujet du message: Répondre en citant

Heu… C'est Banda Aceh.
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 18:19    Sujet du message: Répondre en citant

Mea culpa, c’est exact. En vérifiant, j’ai vu que dans mars 44 11-20 Asie, il y a des titres en couleur et surtout des photos (il me semble que nous avons décidé de les enlever).
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MessagePosté le: Dim Oct 30, 2022 18:54    Sujet du message: Répondre en citant

@ Loïc - Je t'envoie un fichier sans photos, plus les Hippopotames et deux rectifications.
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MessagePosté le: Lun Oct 31, 2022 11:57    Sujet du message: Répondre en citant

11 mai
Campagne de Malaisie
Dans “l’entonnoir” du détroit de Malacca
– Les Beaufort des Sqn 60 et 217, couverts par les Beaufighter du Sqn 211 opérant sans torpille, coulent le pétrolier Akatsuki Maru, qui venait d’emplir ses cuves de brut au terminal de Dumai. Cette attaque surprend les Japonais et notamment le 87e Sentai, dont les défenses sont tournées vers la côte sud, suite aux récentes opérations aéronavales. C’est la première fois que les bombardiers torpilleurs basés aux Andaman opèrent aussi loin au sud, dénotant ainsi un changement de posture des Britanniques dans ce secteur.
………
Alor Setar – Les Sqn 81 et 136 mènent, une semaine après la précédente, une nouvelle mission Circus contre les terrains du 50e Sentai. Les Japonais, prévenus par un réseau de guetteurs dont certains sont postés au-delà de la frontière thaïe, ont cette fois eu le temps de faire décoller leurs appareils pour contrer les Anglais dans le plus pur esprit samouraï. L’objectif est atteint : Ki-43 et Ki-44 s’opposent efficacement aux Spitfire, qui sont interceptés avant d’atteindre les aérodromes. Le bilan est en faveur des Japonais qui abattront trois Spitfire contre seulement un Hayabusa et un Tojo – l’un des pilotes japonais est même récupéré.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Au sud de Ha-Tinh (partie nord de l’Annam)
– Depuis la libération de Saigon, le front entre Hué et Ha-Tinh est très calme. Les Japonais n’ont lancé aucune contre-offensive et les combats se résument le plus souvent à quelques échanges de tirs. Seules les patrouilles sont dangereuses car on peut tomber dans une embuscade, d’un côté comme de l’autre. Cependant, la brigade d’Annam-Laos du général Bourdeaux a reçu un ordre précis pour le 11 mai : exécuter l’opération “Gneiss”.
L’aube est saluée par le bruit des moteurs de dizaines d’avions. Escortés par des Warhawk américains, des B-25 H et J se lancent dans une opération de neutralisation de la DCA et de l’artillerie des positions japonaises couvrant Ha-Tinh. La domination du ciel par les Alliés n’est pas contestée – craignant un piège, les Japonais ont refusé d’envoyer leurs derniers chasseurs. Ils ont eu raison : les 24 Mustang du Régiment Mahenge, de la Force Publique, attendaient en couverture, planqué dans les nuages.
Au bout d’une demi-heure, trois Piper Cub apparaissent, escortés de deux groupes de quatre P-39 chargés de s’occuper de toute DCA qui voudrait s’en prendre aux Piper. Les petits appareils règlent le tir de l’artillerie régimentaire du 10e RIC contre les positions japonaises. Ce bref bombardement (vingt minutes) achève la phase de préparation de l’assaut.
Sortant des tranchées, les Laotiens du 1er Régiment Royal, les Belgo-Congolais de la Force Publique et les Français (de toutes origines) du 10e RIC montent à l’attaque. Comme à leur habitude, les Japonais résistent férocement. Cependant, ils font face à des adversaires chevronnés. Chaque position est encerclée, arrosée au mortier et au FM, assaisonnée si besoin au canon de 37 par les P-39, enfin réduite par un assaut convergent.
Les combats durent toute la journée et s’achèvent dans la nuit par la prise de Ha-Tinh. Les pertes alliées sont relativement faibles.

Hôtel Métropole, Hanoi – La nouvelle de l’assaut ennemi en Annam soulève de vives inquiétudes à l’état-major japonais. Ils n’ont pas oublié que Cao Bang a servi de diversion lors de l’offensive du Têt. Certains craignent d’assister au début d’une offensive contre ce qui reste de l’Annam occupé, puis contre le sud du Tonkin, peut-être jusqu’au delta. Cette offensive serait un préliminaire à une attaque du Hanoi par le sud.
Les Japonais ignorent que l’opération Gneiss est une diversion. L’objectif des troupes du général Bourdeaux est seulement de s’emparer d’Ha-Tinh.


12 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Sabang
– Nouveau raid des Mitchell contre les installations de l’île, qui n’est plus occupée que par un gros bataillon de fusiliers marins. Le ravitaillement arrive dans l’île au compte-goutte par manque de navires, et l’Armée n’est pas très coopérative pour fournir le matériel. Il faut compter sur quelques hydravions Kawanishi H6K ou H8K pour livrer à la nuit des munitions anti-aériennes, des médicaments… Mais ces appareils sont très demandés sur tous les fronts.
Une partie de la population civile a été contrainte de cultiver la terre afin de fournir quelque nourriture à la troupe, dont le moral est en baisse. Isolés au sein d’une population de plus en plus hostile, subissant des privations et des raids aériens réguliers, les hommes commencent à se sentir oubliés de tous… Et la mousson n’arrange évidemment pas les choses.
………
Singapour – Les terrains dans le nord de la Malaisie étant trop exposés, il est décidé de concentrer plus au sud les 50e et 77e Sentai. Le 50e rebasera ses I et II Chutai avec le III, sur les installations de Kampung Pengkalan, un peu au nord de Penang. Le 77e, qui protège la côte orientale du pays, se concentrera autour de Kuala Terengganu. On demande aussi à Tokyo (sans trop d’espoir) d’envoyer en renfort un groupe de Ki-45 capables d’opérer de nuit pour essayer de contrer ces lâches de bombardiers lourds britanniques.

Des “heavies” anglais pour le Timor
Darwin
– Les pilotes australiens du Squadron 115 et qui ont débarqué la veille en provenance d’Europe avec quelques mécanos découvrent le lot de Wellington III qui leur est attribué. Ils ne manquent pas de remarquer sur le tarmac d’autres bombardiers Vickers avec des marquage néozélandais. Après avoir pris leurs quartiers, ils la connaissance de leurs homologues Kiwis du Sqn 75 RNZAF, qui vont leur servir de parrains sur ce nouveau théâtre.
Personne ne doute que la transition sur le nouveau matériel sera facile : après tout, les pilotes du 115 volaient déjà sur cet appareil lors de l’opération Millenium au-dessus de l’Allemagne. Les conversations vont bon train sur les expériences respectives des uns et des autres. Les Néo-Zélandais narrent leur campagne des Salomon et le “siège aérien” de Rabaul, Tandis que les Aussies leur détaillent la densité de la Flak au-dessus de la Ruhr, les techniques de leurre des radars ennemis, la chasse de nuit… C’est dans cette ambiance bon enfant que tout le monde va finalement se coucher, les premiers vols ayant lieu dès le lendemain.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Hué (Annam)
– Un nouveau numéro de La Patrie Annamite est entre les mains des crieurs de journaux vietnamiens. En première page, le dispositif visant à « libérer Cao-Bang » est à nouveau à l’honneur, avec une carte. En revanche, les affrontements qui continuent dans le nord de l’Annam sont relégués dans un entrefilet, qui n’évoque que « quelques combats dans la région d’Ha-Tinh ».

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go – Préparatifs
Shantou (Swatow)
– Les unités affectées à la seconde phase d’Ichi-Go entament leur déploiement dans ce port sous occupation japonaise. Il s’agit des 17e et 70e Divisions de la 13e Armée, transportées par voie maritime depuis Nankin et Ningbo respectivement.


13 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Lhokseumawe
– Cette ville est devenue la base principale du 24e Sentai en Malaisie. L’unité dispose ainsi de deux aérodromes et de plusieurs pistes de desserrement. C’est là qu’elle a replié et concentré ses Hayabusa revenus de la pointe nord de l’ile avec ceux déjà présents. C’est l’un des aérodromes que les B-24 des 436th et 492nd BS prennent à partie aujourd’hui. Ces derniers ont feinté en passant par la côte sud et en descendant à plus basse altitude pour la traversée des terres vers le nord. Lorsque les lourds sont signalés, les pilotes japonais ont à peine le temps de se mettre en position. Ils réussissent à abattre un Liberator en échange de quatre des leurs, l’un d’eux constituant la 13e victoire du Captain Duke, du 459th FS.

Iles Andaman
Port Blair
– Les sirènes hurlent dans la nuit pour signaler l’arrivée d’un groupe de G4M envoyés de Malaisie pour bombarder le port. En effet, les quelques reconnaissances japonaises ayant réussi à passer ont montré l’arrivée d’un navire identifié comme un bâtiment de soutien aux submersibles, ce que les Japonais ne manquent pas de mettre en relation avec la récente intensification de la campagne sous-marine alliée. Leur objectif est de le couler ou de l’endommager. Les Beaufighter de la chasse de nuit (Sqn 176) décollent. Ils ne peuvent empêcher le raid de passer, mais les dégâts causés sont très modérés.
Les Japonais ne savent pas que le HMS Maidstone, arrivé là quelque temps auparavant, a déjà déménagé vers le nord des Andaman. Il s’est ancré sur l’île d’Havelock, une soixantaine de kilomètres au nord de Port Blair, pour y établir une base de sous-marins.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Hôtel Métropole, Hanoi
– La salle où le grand état-major se réunit autour du général Andou Rikichi est comble. Outre les officiers supérieurs, de nombreux subordonnés sont présents. Certains à titre de témoin, d’autres parce qu’ils appartiennent au service des interceptions radio ou à celui du renseignement militaire. L’un après l’autre, ils comparaissent devant leurs redoutables supérieurs, font leur rapport, puis subissent un feu roulant de questions.
Deux problèmes sont en fait étudiés : d’une part l’offensive de la brigade d’Annam-Laos vers le sud du Tonkin, d’autre part le siège de Cao-Bang. Depuis la chute de Dong Khé, le 28 avril, la RC-4 est coupée et la ville frontière n’est plus ravitaillée.
La question des effectifs ennemis est cruciale. Les estimations les plus réalistes quant aux effectifs totaux de l’ennemi tournent autour de quatre-vingt-dix mille combattants, dont au moins la moitié intégrés dans des unités de l’ordre du bataillon et bien armés. Les troupes identifiées le long de la RC-4 représenteraient vingt à vingt trois mille hommes, ce qui est cohérent avec les effectifs de vingt-cinq mille hommes claironnés par les “Colonialistes”. L’offensive sur Ha-Tinh impliquerait neuf à dix mille soldats français, laotiens et belges. Cependant, le renseignement japonais estime que ces chiffres constituent une forme de trompe-l’œil. Car les Colonialistes font tout pour attirer l’attention sur les troupes déployées le long de la RC-4. De ce fait, même les combattants irréguliers et les réserves se sont dévoilés à un moment ou à un autre. Au contraire, l’estimation des forces du général Bourdeaux ne comprend pas les auxiliaires, ni les unités vietminh qui n’ont pas encore été engagées. Sur la base d’indices assez flous, les renseignements supputent que dix mille à vingt mille de ces combattants seraient prêts à exploiter une percée vers le Tonkin en cas de victoire des Colonialistes à Ha-Tinh.
Pour contrer l’offensive du général Bourdeaux, l’armée du Tennô ne peut compter que sur le courage des 213e et 214e Régiments d’Infanterie, ainsi que sur quelques éléments de la compagnie de chenillettes de la 33e Division.
Sur la RC-4, le 215e RI, les neuf cents hommes du 33e Rgt du Génie et la garnison de That Khé, placés sous le commandement du colonel Shinishi Tanaka, doivent reprendre Dong Khé. L’ensemble est appelé colonne Tanaka.
Un analyste stratégique s’est attelé à la tâche de produire une synthèse de la situation à Cao-Bang, qu’il présente sur un plan de la ville accroché au mur. Comme l’explique le jeune officier, Cao-Bang est une place très difficile à prendre. La position est une presqu’île globalement orientée vers le nord, entourée de trois côtés par le Song Bang Giang et son affluent, le Song Hiem. En 1940, les Colonialistes ont décidé de verrouiller l’étroit accès terrestre par une position fortifiée de type Maginot : la citadelle. Celle-ci est constituée d’une ligne de casemates bétonnées avec leurs dépôts enfouis, le tout relié par des chemins de communication souterrains. Certes, si l’ennemi attaquait Cao-Bang avec tous ses moyens, la place finirait par tomber, mais cette victoire serait payée de la mise hors de combat d’au moins dix mille hommes au terme de deux mois d’affrontements.
………
De fait, l’état-major du général Charles Mast partage cette opinion, ce qui a conduit Mast à adopter avec un certain enthousiasme l’opération “Granite”. Après la guerre, l’analyse des forces réelles en présence devait d’ailleurs montrer qu’un assaut sur Cao-Bang aurait abouti à un massacre, le vaincu étant exterminé et le vainqueur finissant exsangue.
………
Le général Andou Rikishi intervient à cet instant.
– Dans une guerre, il ne faut jamais perdre de vue l’objectif. L’Armée Impériale n’a pas reçu l’ordre de tenir Cao-Bang, mais l’Indochine tout entière. Certes, la position en question est idéale et peut retenir un grand nombre de soldats ennemis. Cependant, nous avons évacué toutes les autres garnisons car celles-ci étaient trop exposées. Et voici que nous réunissons une nouvelle colonne pour dégager Cao Bang, en sachant parfaitement que les Colonialistes n’attaqueront jamais la ville. Depuis des mois, l’ennemi se contente de nous harceler et d’immobiliser nos forces. Il se dérobera comme il l’a toujours fait, plutôt que de livrer bataille. Pendant ce temps, les combats dans le Delta s’embourbent littéralement. Nous n’avons que deux mille hommes à opposer à des hordes de bandits qui se déplacent de nuit et en profitent pour mitrailler les embarcations de la Marine, ce qui nous vaut des reproches hélas justifiés.
Un murmure parcourt l’assistance. Seule la discipline très stricte de l’Armée empêche certains de s’exprimer avec virulence sur ce sujet très sensible.
Le gouverneur militaire de l’Indochine japonaise (ou de ce qui en reste) brandit alors un document à l’en-tête du dragon et portant le sceau personnel de l’empereur du Vietnam : « Sa Majesté l’empereur Cuong De s’est émue des souffrances de ses sujets opprimés par les bandits. Elle m’a personnellement demandé d’envoyer des renforts pour soulager la population civile. Nous ne pouvons refuser cette requête d’un de nos alliés sans porter atteinte à l’honneur de l’Armée en trahissant la confiance de Sa Majesté le Tennô. »
Le général Rikishi se lève et s’incline devant le portrait de l’empereur Hiro-Hito, imité par toute l’assemblée.
– Malheureusement, nous manquons d’effectifs. Ce qui veut dire que nous allons devoir trouver ces soldats ailleurs. Aussi, j’ordonne que la garnison de Cao-Bang abandonne la ville et se dirige vers Dong Khé. L’intérêt de Cao-Bang, à la frontière d’un pays dont le gouvernement légal est l’allié du Japon, est de toute manière infime. J’ordonne au colonel Tanaka de reprendre Dong Khé et de garder le contrôle de cette ville jusqu’à ce que les forces venant de Cao-Bang le rejoignent. Ensuite, ces forces seront redéployées dans le delta du Fleuve Rouge, tandis que la colonne Tanaka ira renforcer la garnison d’Hanoi.
………
Annam – L’avance des forces alliées est très lente. Le lieutenant-général Yanagita alterne reculs et résistance, sans hésiter à lancer ses chenillettes dans des contre-attaques ponctuelles. Le rapport de force est cependant en faveur du général Bourdeaux à raison d’environ trois contre deux – hélas, l’aile droite de l’ennemi s’appuie sur la Cordillère Annamite, ce qui lui facilite la tâche. De plus, l’artillerie japonaise possède deux fois plus de tubes que son adversaire. Les 75 nippons, plus légers que leurs homologues français, se déplacent plus vite, ce qui accentue encore leur supériorité. En ce troisième jour de bataille, seule l’activité soutenue de l’aviation permet aux Alliés de continuer à avancer.

La guerre sino-japonaise
Un aventurier dans le siècle
Canton
– Un membre de la représentation diplomatique française en Chine descend d’un Lockheed Lodestar de liaison arrivé de Chongqing : Lucien Bodard, journaliste en herbe, va commencer son premier reportage !
« Né en 1914 à Chongqing, future capitale de la Chine libre, où son père était diplomate, Lucien Bodard a grandi à Chengdu, et été éduqué au rythme des révoltes et des seigneurs de la guerre. A l’heure où les gamins de son âge couraient après des cerceaux dans le jardin du Luxembourg, lui observait sans faillir les décapitations publiques ordonnées par le tyran local. Il connaissait l’odeur de la terre et du sang, les hurlements d’une foule, l’agitation des ruelles débordant d’idéogrammes, la sapidité du piment dans les paniers d’osier et les caresses précoces et sensuelles de son amah Li, la jeune Chinoise qui lui tenait lieu de nourrice.
Avant de gagner la France pour y suivre ses études (à 11 ans, il entrera à l’école des Roches, le pensionnat le plus chic de l’Hexagone, puis étudiera à Sciences-Po), il fait son éducation entre son amah et son mafou, qui lui apprennent respectivement la Chine de la douceur et la Chine du cauchemar. Li, dont la jeune sœur cadette est putain, le familiarise avec les bordels qui abondent en ville, à commencer par celui où officie sa cadette et, dans l’intimité de sa chambre d’enfant, le berce, aux heures de la sieste, avec une sensualité toute chinoise, lui apprenant les caresses sources de ses premiers émois, tout en lui chuchotant à l’oreille les légendes des dragons, des génies, des forces obscures qu’il convient de ne pas réveiller. En compagnie de son mafou, il perfectionne son chinois et observe, dissimulé sous le costume local, de nouveaux lieux de plaisir où se vend la virginité de “petites fleurs” de son âge et où se fume l’opium dont il usera si souvent lorsque, adulte, il reviendra en Asie… Mais il visite aussi les hauts lieux de cruauté et de supplice dont la ville regorge. Le mafou, qui fut soudard, tueur à gages, mercenaire et pilleur de convois, comme ceux que l’on châtie en place publique pour la grande distraction du bon peuple, est expert en la matière. L’enfant, devenu homme, n’oubliera pas plus les corps enchevêtrés et le regard de la jeune prostituée qui se lave après l’amour que les têtes coupées, les corps sanguinolents écorchés vifs, les morts lentes infligées par petits coups de couteau sur les épaules et la poitrine, les sexes coupés délicatement posés auprès de cadavres décapités, l’habileté du bourreau qui dissèque, décortique, tenaille au son d’une fanfare le corps d’un supplicié qui hurle, râle, suffoque, implore, les plus heureux bourrés d’opium grâce à la générosité de leur famille.
Affecté au Train de la 1ère Division légère de cavalerie lors de la mobilisation de 1939, Lucien Bodard est à Riom, au terme d’une retraite désordonnée depuis les Ardennes, lorsque retentit le signal du Sursaut. Ses appuis familiaux – son père est alors ambassadeur de France au Mexique et partisan affiché de la poursuite de la lutte – lui permettent de faire partie du Grand Déménagement ainsi que son épouse, qui l’a rejoint dans des circonstances rocambolesques. Vite repéré par Zinovi Pechkoff pour sa connaissance de la Chine, il est envoyé étoffer la maigre équipe diplomatique française auprès du régime de Tchang Kai-chek… et retrouve ainsi sa ville natale.
Mais jouer les ronds-de-cuir à l’ambassade le lasse vite, malgré les visites régulières à la “jonque des fleurs” amarrée juste en contrebas pour éviter aux marins et soldats français d’avoir à se rendre en ville pour courir la gueuse. En mai 1944, à force d’insistance, il parvient à se faire affecter au service de presse pour enfin tâter du terrain, et c’est ainsi qu’il arrive à Canton. »



14 mai
Campagne de Malaisie
Opération Mary
Singapour
– Suite aux pertes subies lors de la dernière attaque, il a été décidé de changer de route d’approche. Les lourds britanniques longent donc la côte occidentale de la Thaïlande pour aller s’en prendre au port de l’île-forteresse. La chasse de nuit décolle – en fait, le seul Ki-45 Toryu du lieutenant Kashiide du 103e Sentai, qui ne parvient sans à intercepter le raid. Au sol, les dégâts sont modérés, de nombreux projectiles tombant dans l’eau, mais entre la présence récente d’appareils alliés au-dessus du golfe de Thaïlande et ces attaques sur la Malaisie qui deviennent régulières, on se demande à l’état-major de la Marine Impériale s’il ne vaudrait pas mieux retirer vers Kuching les navires mouillés à Singapour.
Le voyage de retour des Halifax et Wellington se déroule sans incident – en effet, si le Surcouf, qui jouait le rôle de balise radio, a quitté l’océan Indien, il est efficacement suppléé par une nouvelle station radio, qui émet de Saigon.
………
Golfe de Thaïlande – Les Beaumont des Sqn 47 et 84 et les Beaufighter du Sqn 27 viennent de mitrailler quelques barcasses. Soudain, en fin de journée, les aviateurs de la RAF repèrent des Betty se dirigeant vers Singapour. Il s’agit de quatre appareils du 202e Kokutai amenant de Hong Kong du personnel et du ravitaillement. Tally ho ! Bientôt, quatre épaves fumantes percutent la mer.
Avec les quatre appareils disparaissent une dizaine d’officiers d’état-major. En effet, depuis la perte du sud de l’Indochine, les Japonais ne peuvent plus utiliser le câble téléphonique sous-marin qui relie Singapour à Hong Kong, car il passe par Saigon. Pour éviter le risque d’écoutes radio, les ordres et instructions diverses doivent donc transiter par des messagers qui voyagent par avion. Les Japonais vont donc devoir rallonger leur parcours et les faire passer par Bornéo afin d’assurer leur sécurité.

Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Près de Fo Ma, au sud-est de Cao Bang (Tonkin)
– Le caporal Kazuya Kujo a l’habitude des reconnaissances en force dans les parages de la RC-4. Affecté depuis un mois à la garnison de That Khé, il participe souvent à des patrouilles… si on peut appeler ainsi les colonnes d’hommes et de véhicules qui se risquent dans les collines. Tout groupe moins important fait une cible facile pour les Vietminh qui grouillent dans le coin.
Cette fois, l’objectif désigné est un village que les renseignements considèrent comme potentiellement occupé par l’ennemi. Le but est de confirmer la présence d’artillerie ennemie et si possible de la neutraliser. Cette opération de reconnaissance en force regroupe trois compagnies d’infanterie, mais Kujo doit faire un effort pour cacher sa peur. C’est de la folie ! On signale la présence d’au moins deux régiments ennemis dans ce secteur. Si jamais la colonne se fait repérer, ce sera un massacre. Au moins le déplacement se fait-il de nuit, pour échapper aux avions d’observation alliés.
Une centaine de mètres devant le peloton de Kujo, celui du sergent Hono se disperse soudain. Avec l’habitude née de très nombreuses répétitions, les soldats japonais commencent à se déployer. Kujo double la pointe de la formation par la gauche, longeant la route en restant à l’abri de l’épaisse végétation. A quelque distance en avant, les premiers rayons du soleil révèlent une paillotte isolée. Pas une simple maison de paysan, elle mesure bien une dizaine de mètres de long. Tandis que la section de Hono se rabat, celle de Kujo boucle l’autre côté. L’encerclement terminé, les Japonais entrent simultanément par les deux portes extérieures.
Leur ruée provoque le réveil d’une dizaine de bo-doi. Ces derniers lèvent immédiatement les bras, les yeux agrandis de terreur, à la vue des armes braquées sur eux. Tandis qu’Hono sort avec les prisonniers, Kujo fouille les lieux. Il récupère une sacoche remplie de documents et un télémètre de fabrication américaine.
Alors que Kujo quitte la paillotte, des coups de feu claquent un peu en avant. Inquiet, il voit revenir des soldats. Ils entourent des coolies effrayés qui tirent derrière eux de petits chevaux de montagne. On s’explique rapidement. La patrouille qui a doublé la route sur la droite s’est mise en embuscade. Elle a cueilli une colonne de ravitaillement et l’a capturée.
On fouille les bâts. Certains contiennent des sacs de riz, d’autres des obus de 75 mm ! Avec ça, plus aucun doute, il y a bien une batterie ennemie dans le secteur.
Le jour est maintenant bien levé, tout comme de nombreux autres bo-doi que la fusillade a mis de mauvaise humeur. Rapidement, la cuvette de la vallée se transforme en chaudron bouillonnant. Les pelotons placés sur les flancs sont violemment pris à partie et commencent à décrocher en tiroir.
L’ensemble de la force de reconnaissance n’a d’autre choix que de décrocher. Il s’agit d’une véritable course de vitesse. Tandis qu’un FM cherche à fixer les Japonais en retraite, une compagnie ennemie court parallèlement au chemin, pour tenter de les dépasser et de leur couper la route. Miraculeusement, aucun soldat n’est touché, mais deux des prisonniers s’écroulent… Tués ou seulement blessés ? Dans le doute, ils sont achevés d’un coup de baïonnette.
C’est à ce moment que l’artillerie – alertée par radio – commence à matraquer le Vietminh. Cette intervention opportune permet aux Japonais d’arriver, essoufflés mais vivants, jusqu’à la zone de repli, défendue par des éléments avancés du 215e RI.
En représailles, sept P-40 surgissent dans le ciel et commencent à mitrailler les lignes japonaises. Les pertes sont légères, mais la rapidité de la réaction surprend. Comment ont-ils faits pour arriver sur zone aussi rapidement ? Dien-Bien-Phu, c’est loin ! En fait, les avions viennent de la piste de Phuc Hoa, construite en préparation de l’opération Granite
À peine revenu à That Khê, Kujo se plonge dans les liasses de documents récupérés le matin même. Sa connaissance du français et du vietnamien lui vaut de se voir fréquemment assigné ce genre de tâche. Et le coup de filet a ramené un assez gros poisson. Un des prisonniers est un capitaine d’artillerie. Méticuleux comme bon nombre de cadres viets, il tenait un journal. Les dernières pages mentionnent la présence de huit 75 destinés à l’attaque d’une position désignée sous le nom de code “V2”. La sacoche saisie dans la paillotte contient des ordres de mouvements, ainsi que des calques de positions utilisées par les pièces d’artillerie. Mais pas la carte à laquelle ces calques correspondent.
Iwai Keoshiro, chef du renseignement dans le secteur de Cao-Bang, a pris en charge les prisonniers. Grâce aux explications de Kujo, il ne lui est guère difficile de faire croire au capitaine vietnamien qu’il est déjà au courant de tout. Habilement mené, l’interrogatoire offre une ample moisson d’informations très inquiétantes.
La Division 308 et les TD 102 et 36 forment la réserve opérationnelle d’une opération baptisée Granite. La 308 est l’unité que commande le colonel Giap. Les Japonais l’ont déjà affrontée, mais ils sont convaincus qu’elle n’a de division que le nom puisqu’elle est commandée par un colonel ; ils estiment sa force à celle d’une brigade.
Quoi qu’il en soit, les trois unités en question se trouvent à la frontière de la Chine, quelque part près de la rivière Song Bang Giang, donc non loin de Cao-Bang. La batterie indépendante d’artillerie du capitaine fait prisonnier a participé à l’attaque de Dong Khê, l’objectif V1. Elle a été déplacée près de Fo Ma pour participer à la prise de l’objectif V2, c’est à dire That Khê.
Désinformation ? Iwai confie les calques d’artillerie à un de leurs spécialistes. Celui-ci ne tarde guère à confirmer que les hauteurs et les angles correspondent à des collines autour de That Khê et non à des positions à proximité de Dong Khê.
Iwai considère les informations recueillies comme extrêmement préoccupantes et les transmet directement à Hanoi. Mais en recevant la réponse du GQG, il manque de s’étouffer ! Se tournant vers le capitaine Uchida, il gémit : « Ils n’ont rien compris. Ils nous félicitent de… de “l’éclatante supériorité de nos armes” comme ils disent. »
– Pour avoir capturé le capitaine vietminh, Iwai-san ?
– Oui ! Mais ils n’ajoutent rien d’autre !

Le caporal Kazuya assiste à la colère impuissante de ses supérieurs. Leur message n’a pas été compris. Qu’ils aient survécu sans perte à l’attaque du matin est un miracle… ils auraient dû se faire tailler en pièces ! Seulement, le QG a déduit du rapport que trois compagnies peuvent se risquer sans perte dans les montagnes. Ce que confirme Iwai.
– Les officiers du QG sont persuadés que les unités que nous avons repérées par triangulation radio n’existent pas. Elles seraient le résultat d’une manipulation. Pourtant, les documents saisis et les interrogatoires le confirment ! La plupart des forces ennemies au Tonkin sont présentes le long de la RC-4. Alors même que les Colonialistes et leurs alliés se préparent à attaquer That Khê, nous avons ordre d’avancer et de reprendre Dong Khê.
Le capitaine Uchida serre les poings.
– Les gens de l’état-major ont arrêté leur plan… et ils ne vont pas écouter un capitaine qui leur dit qu’ils se trompent.
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