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Indochine 1945
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John92



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MessagePosté le: Mer Mai 10, 2023 08:44    Sujet du message: Répondre en citant

28 mars, 5h 40 (heure locale) près de Hoà-Binh, Tonkin.
...
Vers l'est, les étoiles palissent alors que le ciel nocturne s'éclaircit. Un peu plus clair avant l'aube...
Les positions françaises sont éclairées par quelques lampes tempêtes aux limites du camp, tandis qu'un groupe électrogène alimente des ampoules électriques dans les tentes et des lampes plus puissantes montées au sommet de mâts qui éclairent (illuminent ? ) vivement les allées.
...
Sur un sol de planches mal équarries, des mortiers Brand 120mm mod.35. ont été installés dans un bac de sable , Des (soit . Des , soit , des ) filets de camouflage les masquent presque complètement.
...
Encore plus loin de la première ligne, un troisième réseau de tranchée est creusé derrière une route secondaire, reliant des nids de sac de sable plus vaste (vastes ?) que sur la seconde ligne.
...
Un pan du mur à sa droite à (a) été abattu à coup de hache pour permettre de tirer. Caché derrière une haie de buissons replanté (replantée) devant la brèche, le court canon de la pièce anti-char est sensé être invisible.
...
Il n’(à ajouter)y a que deux chars français en première ligne, des M7 "Mouflons" armés de canons de 57mm.
...
Casqué, ganté de cuir bun (brun), le jeune officier tient encore en main ses jumelles.
...
Morteau traverse un village édifié (construit) au croisement de deux routes édifiées sur des digues surplombant des rizières.
...
Il tape sur l'épaule d'un soldat qui a enfouis (enfoui) la tête dans ses bras.
...
Là bas (Là-bas ? ), un champignon de boue et de feu nait sur le côté de la digue. Deux Japonais touchés par des éclats roulent au bas de la pente en hurlant.
...
Le général Mast hoche la tête et se tourne vers un colonel dont l'uniforme était (est) orné des ailes d'une unité d'aviation.
...
Le soldat Mathieu Dupin ouvre hâtivement la culasse du canon et extrait un obus brûlant (une douille brûlante) qui fume encore, il se retourne pour prendre un autre obus pendant que son camarade réajuste le pointage. Là-bas sur la digue plusieurs cratères fument encore. L'obus suivant n'est pas plus chanceux l'impacte secoua (l’impact secoue) un char japonais qui riposte avec son canon. Les deux soldats se jettent instinctivement au sol lorsqu'une explosion secoue (fait trembler ?) la paillote. Une partie du toit s'envole, tandis qu'un geyser de boue retombe à l'intérieure (l’intérieur).
...
Le char est presque en face et, cette fois, Thierry Leblanc réussit un tir direct, la tourelle saute et tombe sur le côté, tandis que le Type 97 semble hoqueter et s'immobilise. De la fumée noire monte à présent de l'épave. Un premier homme réussit (parvient) à s'en extraire malgré des balles qui ricochent sur le métal, ...
...
Un instant plus tard le char d'assaut explose, crachant une boule de flamme vers le ciel et se transforme en ferraille noircie? (noircie.)
...
Les deux mitrailleuses browning 1919 (une en caisse, une en coaxiale) dont sont dotés chaque M7 entrent en jeu, balayant méthodiquement les rizières et surtout le remblai juste de l'autre côté du bosquet d'arbre qui suit le lacet que décris (décrit) la route en virant vers le nord-est et Hanoi.
...
Prudent eux aussi, les Français reculent mais les tourelles des deux chars se tournent. A l'intérieur, les ordres fusent. L'obus explosifs (explosif) qui était prêt au tir est remplacé par un obus APCB (3).
Les deux chars français ripostent (font feu) à quelques secondes d'écart et deux nouveaux geysers de boue apparaissent près du tank japonais. Ce dernier n'a pas été touché et riposte .
Cette fois un des chars français encaisse. Mais bien que le char français (qu’il ?) tremble et s'ébroue violemment, les mitrailleuses ne s'arrêtent de tirer que pendant quelques secondes, continuant à tenir à distance les fantassins ennemis... le canon japonais Type 97 de 57 mm à basse vélocité étant incapable de traverser plus de 20mm d'acier à 500mètres.
Les chars français avancent d'une dizaine de mètres, continuant à tirer (maintenant le tir/feu) avec leurs mitrailleuses avant que les tourelles ne tournent et visent à nouveau le blindé japonais. Cette fois l'un des tirs frappe au flanc, le Type 97 se soulève légèrement du sol retombe en crachant du diesel par son réservoir éventré et.... explose violemment, répandant autour de lui du carburant enflammé qui s'écoule jusque dans les rizières.
Sans pousser leur chance plus avant, les deux M7 reculent, repassent derrière les premières maisons du village et viennent se repositionner à l'entrée du village .



(1) On ne peut pas installer directement les mortiers sur le sol boueux où ils s'enfonceraient, d'où les planches de bois. Mais ces dernières risqueraient de prendre feu lors de la mise à feu , d'où l'installation des mortiers dans un bac rempli de sable.
...
(3) ...
Mais des études menées immédiatement après guerre (après-guerre ??) par l'armée américaine (en se servant d'un Panther allemand capturé) démontre que les obus APCBC sont plus précis.
...




08h00
...
L'état major (L’état-major ??) japonais a donc envoyé ses hommes à l'assaut sans aucun soutien d'artillerie, que leur courage supplée au manque de munitions!
...
Près de (à ajouter)Savinien de Morteau, le servant du FM BAR vient d'ouvrir le feu, lâchant de brèves rafales en direction des assaillants.
...
Un char brule (brûle ? ) sur la digue. Un char?... en fait une chenillette Type 97 Te-Ke, uniquement armée d'une mitrailleuse de 7,7 mm. A peine effleuré, l'engin s'est immobilisé et a commencé à brûler . Il faut dire que le blindage très mince de cette chenillette ne lui permet même pas d'arrêter les balles de mitrailleuses.
Tandis que Mathieu Dupin éjecte l'obus fumant (la douille encore fumante) et recharge le canon 47/53 SA-39, Thierry cherche une nouvelle cible.
...
"Dix hommes avec moi" il crie (crie-t’il, mais c’est moche).
...
La scène semble se jouer au ralenti (manque ponctuation )
...
Mast à (a) un sourire furtif. Un bref instant, il s'est imaginé en Leonidas à la bataille de Thermopyles " .(à ajouter )
...
Ce qui lui a permit (permis) de déployer ses troupes pour couper toutes les approches possibles.
...
"Malheureusement, nous ne pouvons pas attendre autant, les pertes doivent être lourde (lourdes) en première ligne."
...
L'un d'eux est un char léger Ha-Go... armé d'un canon de 37 mm et de deux mitrailleuses de 7,7mm... les deux autres sont des chenillettes armés (armées), elles aussi, de mitrailleuses.
Alors que les tirs rebondissent - impuissants- contre le blindage des chars français ceux-ci ripostent calmement. Ils tirent (font feu) avec leurs canons de 57mm mais aussi avec leurs mitrailleuses brownings... et les résultats ne se font pas attendre car ce type de chars légers japonais n'est protégé que par de (des) tôles rivetées de 6 à 13mm. Un blindage si inefficace que même les balles de.30-06 peuvent le traverser!
Au troisième tir des "Mouflons' un obus percute la casemate du Ha-Go qui explose projetant la tourelle à plusieurs mètres de distance. L'épave en feu projette une colonne de fumée noire et huileuse qui se mêle à celles d'une dizaine d'autres carcasses incendiées.
...
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Mai 13, 2023 11:21    Sujet du message: Répondre en citant

Corrections effectuées.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Mai 13, 2023 13:38    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
L'état-major japonais a donc envoyé ses hommes à l'assaut sans aucun soutien d'artillerie, que leur courage supplée au manque de munitions!
D'ailleurs les soldats aussi ne doivent plus avoir de cartouches car ils foncent en avant sans tirer et le soleil qui commence à percer entre les nuages se reflète sur l'acier des baïonnettes.


Prouvant ainsi, une fois de plus, que l'armée japonaise de 41 est l'héritière de la Francaise de 14.

Citation:
Un char?... en fait une chenillette Type 97 Te-Ke, uniquement armée d'une mitrailleuse de 7,7 mm. A peine effleuré, l'engin s'est immobilisé et a pris feu. Il faut dire que le blindage très mince de cette chenillette ne lui permet même pas d'arrêter les balles de mitrailleuses.


Citation:
Les chenillettes continuent d'avancer avec un courage insensé, espérant peut-être que leurs mitrailleuses légères se révéleront efficaces à courte portée. Mais les Brownings des "Moufflons" tirent maintenant presque en continu. Une Te-Ke s'immobilise soudain, percée comme une écumoire... Puis le canon de 57mm d'un M7 crache un obus qui défonce la plaque de blindage frontale d'une chenillette.


chen, chenillette .
chen, chenillette .
chen, chenille !

Citation:
escaladant l'escalier il traverse la place du village et passe devant les hommes des troupes de réserve.
"Dix hommes avec moi" il crie.


Il pleut des hommes OUH Alléliua !

Citation:
Ils font feu avec leurs canons de 57mm mais aussi avec leurs mitrailleuses brownings... et les résultats ne se font pas attendre car ce type de chars légers japonais n'est protégé que par des tôles rivetées de 6 à 13mm. Un blindage si inefficace que même les balles de.30-06 peuvent le traverser!


Peut-être redite par rapport à plus haut.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Mai 14, 2023 13:09    Sujet du message: Répondre en citant

08h30, sur une colline entre Há-Nam et Há-Dong

Depuis deux heures les artilleurs de la 4ème RAC attendent autour de leurs pièces de 75mm modèle 1897... L'ancêtre du TAZ-39 dont sont à présent dotés les régiments formés après le Grand Déménagement.
Chaque pièce est déployée sur son affût, le pointeur (un sous-officier) est derrière le bouclier du canon, vérifiant pour la trentième fois le pointage. Le chargeur est un genou à terre près de la culasse, épongeant la sueur qui ruisselle sur son visage.
Assis près du caisson de munition, les deux pourvoyeurs se tiennent également prêts. Ils sont assistés par le déboucheur dont la tâche est d'amorcer les obus.
Tenant une planche à pince posée sur son avant-bras, un sous-officier patrouille entre les pièces. Il prend des notes et vérifie que les canons sont pointés dans la bonne direction et que les obus sont correctement chargés.
Sa tâche achevé il se presse dignement vers le bas de la colline. Près du train de munition et du train régimentaire, une table à tréteaux a été installée sous un filet de camouflage. Le colonel Martin se tient là, les yeux fixés sur une carte. Un poste radio le relie au PC du général Mast et un téléphone de campagne lui permet d'appeler les chefs de pièces.
Le sous-officier se met au garde-à-vous.
"Chaque canon est prêt à tirer, Mon Colonel. Nous attendons les ordres."
"Repos sergent.
Martin allait rajouter quelque chose, mais voyant l'opérateur radio se raidir, puis se pencher en avant tout en posant une main sur l'écouteur, il se tait.
"Répétez, Q.G."
Saisissant un bloc de papier, le jeune homme retranscris le texte qu'il vient de recevoir. Rejetant ses écouteurs en arrière, l'opérateur radio se tourne vers Martin.
"Mon Colonel, le Q.G. vient de nous envoyer un message: ' Alouette, je te plumerai la queue'. "
Le sergent sourit et se met à fredonner.
"Alouette, je te plumerais..."
Mais il s'interrompt immédiatement alors que Martin se retourne vers lui pour le considérer avec froideur.
"Je vous en prie, sergent. Les noms de code pour cette opération ont déjà l'air d'avoir été imaginé par une petite fille de 10 ans, n'en rajoutez pas!"

Hué, au même moment.

Victoire du bois éternue violement entre deux bouchées de nougat vietnamien et met la main devant sa bouche.
Laurent Peyrard la regarde d'un air moqueur.
"Enrhumée? ... à moins que quelqu'un dise du mal de vous?"
Les yeux de Victoire s'étrécirent de colère. Elle a mauvais caractère et déteste que l'on se moque d'elle. Reniflant de mépris, elle se retourne et pioche un autre nougat tout en reprenant la lecture des rapports qui continuent à arriver du front.

08h35, sur une colline entre Há-Nam et Há-Dong

En alternance les vieux canons de 75mm ruent, crachant un peu de fumée grise et expulsant un obus vers le ciel. Autours des pièces, les servants s'activent pour sortir d'autres obus des casiers de munition qui passent par le débouchoir pour être amorcé avant d'être transmis au chargeur.
Chaque canon tire dix coups puis...
Des ordres fusent. Les collies vietnamiens arrivent avec les petits poneys qui tractent les pièces et tout le monde s'affaire pour atteler les batteries et partir au plus vite... avant un éventuel tir de contre-batterie.

08h36, sur la route entre Há-Dong et Hoà-Binh

Les soldats japonais se pressent sur l'étroite route. La plupart des Nippons marchent, faute de moyen de transport. Les rares camions sont utilisés par l'intendance et servent au transport de munitions.
Entendant un sifflement qui monte crescendo, plusieurs regards inquiets se tournent vers le ciel.
Et soudain une explosion crée un geyser de boue et de fumée dans une rizière à droite de la route.
En un instant, tous les soldats... des vétérans aguerris... comprennent ce qui se passe. Ils se dispersent. Certains se couchent à terre là où ils sont d'autres vont se réfugier à l'abri des digues.
L'enfer se déchaine pendant deux minutes. Les canons de 75mm français font pleuvoir des obus autour de la route. Les dégâts sont relativement faibles car les tirs sont dispersés sur plusieurs kilomètres.
Néanmoins, les pièces françaises ont tiré un mélange d'obus explosif type 1916 et d'obus A. Ces derniers sont une arme anti-personnelle. Les projectiles explosent au-dessus du champ de bataille. La charge de poudre réunie à l'arrière de l'obus propulse des billes de plomb durcies à l'antimoine comme une décharge de chevrotine est tirée par un fusil de chasse.
Peu d'obus tombent directement au-dessus de regroupement de soldats japonais et la plupart des tirs ne font que des blessés légers. Néanmoins, quelques obus chanceux font un massacre épouvantable, hachant les envahisseurs regroupés derrière les digues ou faisant exploser des camions de munition.

08h40, sur la route entre Há-Nam et Há-Dong

La longue colonne hippomobile descendant de la colline tracte les canons de 75 mm, les caissons de munitions, et l'intendance. Le 4ème RAC fait route vers une autre colline où ils vont dételer, s'installer et recommencer à faire feu.
L'artillerie française maitrise depuis le XIXème siècle sa mission de harcèlement de l'ennemi, rapide, manœuvrable, elle gêne ses mouvements, le désorganise et s'attaque à son moral.
En effet, quoi de pire qu'un ennemi insaisissable qui frappe de l'autre côté de l'horizon puis disparaît pour réattaquer plus tard?

09h00 au sud-est de la route entre Há-Dong et Hoà-Binh

Les Viethminhs avancent en tirailleur, prudemment, effectuant des "bonds tactiques" de cinquante mètres, progressant en tiroir, un groupe couvrant l'avance de l'autre. Jusque là, ils n'ont pas rencontré de Japonais.
Le lieutenant Le s'immobilise soudain et se laisse tomber à terre. Faisant signe de la main à se hommes pour qu'ils l'imitent. Se dispersant, les Vietnamiens se tournèrent vers les fourrés que leur montre leur officier.
On entend le bruit des fusils que l'on arme. Ironie de l'histoire, les Bo-dois sont presque tous armés 'à la japonaise' : fusils Arisaka modèle 38, fusil mitrailleur modèle 11, tout deux utilisant la munition 6,5mm que le tristement célèbre arsenal de Dum-Dum fournit aux Vietnamiens.
Plissant les yeux, un soldat identifie enfin la menace que le lieutenant Le a été le premier à apercevoir.
Contrairement aux treillis vert olive des Bo-Dois (les réguliers de l'armée vietnamienne) ils ont des uniformes d'une couleur moutarde et leur casque est très différent... ce sont des Japonais.
"Feu!"
Les Vietnamiens tirent sur les silhouettes ennemies. Les coups de feu claquent, soutenu par les brèves rafales du FM...
En face, les Japonais reculent et se dispersent... sans riposter.
Ce qui surprend les Bo-Dois.
Évidemment, ils ignorent tout du plan tortueux imaginé par Victoire Dubois et donc ne comprennent pas que les Japonais ont reçu l'ordre de ne pas riposter en cas de 'tirs amis'.

09h10, au sud de Son-Tay

Parti 40 minutes plus tôt, la colonne de chars SAV-42 "Bélier" et de transports de troupes avait contourné le champ de bataille par le nord-est et venait de traverser le Fleuve Rouge par un pont au sud de Son-Tay. Ils redescendent à présent vers le sud par la route de Hanoi.
Ouvrant l'opercule supérieur de la tourelle, le chef de char François Vaudois empoigne ses jumelles pour regarder la rivière ouest du fleuve.
Il faut dire qu'il y a des raisons d'être intéressé par les affrontements qui se déroulent sous ses yeux. L'artillerie de la 36ème division vient d'entrer en action et les explosions se multiplient dans les collines ouvrant des cratères, éventrant la forêt.
Sur les pentes montent des vagues humaines. Dans ses jumelles, Vaudois reconnait les Vietnamiens à leurs casques plats couverts par un filet de camouflage et leurs drôles d'uniformes vert olive.
Ils progressent en tirailleur, montant vers le haut de la colline, juste après le feu roulant de l'artillerie qui hache la végétation.
Alors que les Bo-Dois atteignent le haut de la butte, pour la première fois l'ennemi se montre.
Vaudois voit les éclairs des coups de feu. Les Vietnamiens se jettent au sol, s'abritant derrière les arbres abattus et ripostent.
Comme la radio grésille, Vaudois s'empresse de rentrer à l'intérieur de la tourelle du "Bélier".
Le major Carnot demande aux chars "Beauce", "Valmy" et "La Hire" (le char de Vaudois) de s'arrêter pour soutenir l'assaut des Vietnamiens en tir direct.
Les trois chars désignés se rangent en épi sur la berge du Fleuve Rouge et ouvrent le feu selon les ordres. Pour eux c'est presque un tir d'entrainement, ils doivent viser une cible immobile, un quadrilatère de quarante mètres de côté...
Là-bas une explosion succède à une autre. Chaque tank crache une dizaine d'obus. Les chefs de char du "Beauce" et du "Valmy" ont fait comme Vaudois et ont sorti le buste par l'écoutille supérieure... vu la distance, ils ne risquent rien.
Dans les jumelles, ils voient le résultat de la punition qu'ils viennent d'infliger aux Japonais. Le sommet de la colline est à présent grêlé de cratères fumants. D'un commun accord, les chefs de chars décident de continuer à observer.
Les Vietnamiens se relèvent et reprennent l'assaut. Cette fois seul quelques coups de feu isolés retentissent mais cela n'arrête pas les Bo-dois qui ripostent à coup de fusil et de FM se rapprochant jusqu'à pouvoir lancer quelques grenades dans les cratères où les soldats du Tennō se sont retranchés.
"Le major Carnot nous demande où nous en sommes."
"Répondez lui que les Vietnamiens semblent s'être emparés de la cote 387, ils attaquent la cote 410."
"Le major veut que nous continuions à soutenir les Vietnamiens."
Vaudois grimace. Contrairement à la cote 387 qui est directement de l'autre côté du Fleuve Rouge, la cote 410 est derrière la cote 387, un peu plus au sud de celle-ci.
Voyant les Vietnamiens leur faire de grands signes de la main depuis l'autre rive, François Vaudois répond de même.
Enfin, vu que leur action à des conséquences directes sur le cours de la bataille, il ne va pas se plaindre.
"Je propose que l'on avance d'une centaine de mètres, on aura probablement une meilleure vue sur le 410."
"Oui, cela semble correct."
"Adopté."
De toute manière, c'est juste l'affaire de quelques minutes.

09h 20
Dans un rugissement de son puissant moteur Continental R-975, le char "La Hire" hoquète et repousse de coté l'épave encore en feu d'une chenillette Te-Ke.
Le bord boueux de la route est marqué de nombreuses traces de chenilles renversant des barricades de sac de sable et roulant sur des corps écrasés, imprimés dans la boue. Partout des cadavres de Japonais. Quelques soldats français avec un brassard à croix rouge s'occupent des blessés abandonnés par l'ennemi après son repli, mais il n'y a aucun français couché sur les civières.
Il n'y avait pas eu d'affrontement... mais un massacre unilatérale. Pour les Japonais, les "Béliers" étaient des mastodontes presque indestructibles.
"Hé regarde ça, on dirait un jouet."
Mathieu Lorrain, le chef de char du "Beauce" montre un minuscule canon peint en vert qui avait été abandonné dans un nid de sacs de sable.
"C'est un canon anti-char?"
En effet, c'est un canon anti-char de 37mm Type 94. Mais à ce stade de la guerre, il est devenu totalement obsolète... ce qui n'empêche pas qu'il reste en service dans la plupart des unités japonaise. Faute de remplacement.
Vaudois sourit.
"Ils s'en servent pour quoi? Trouer des feuilles de papier à cigarette?"
Ils se mettent à rire. La ruée des tanks de la 36ème division ressemble à une simple promenade militaire.

09h30 hôtel Métropole, Hanoi.

Andou Rikishi porte la main à sa gorge, sa moustache de morse tremblant alors qu'il halète, cherchant désespérément de l'air.
Ce n'est pas la première fois que ses subordonnées le voient faire un malaise. Pendant qu'un capitaine ouvre la fenêtre et qu'un jeune officier fait boire un verre d'eau au gouverneur militaire de l'Indochine, un capitaine est parti en courant pour chercher un médecin.
Quant à la raison de ce malaise, elle n'est pas difficile à deviner.
Les rapports signalant la présence de troupes vietnamiennes aux côtés des Français sont enfin parvenus sur le bureau du général Rikishi.
Il a joué et il a perdu.
Il suffit d'un regard sur la carte pour comprendre la situation.
En prenant l'offensive, les Japonais ont avancé de vingt kilomètres le long d'une route étroite. Leur "percée" ressemble à un long doigt de gant. En tout point, les soldats du Tennō sont exposés au feu de l'artillerie ennemie et leur avance a été bloquée par un adversaire solidement retranché et lourdement armé. De plus, les Vietnamiens contre-attaquent sur les flancs tandis que les chars français qui sont soudainement apparus sur la route de Son-Thay se sont lancés dans une ruée mécanisée qui menace de couper les troupes de la ville de Hanoi...
Si cela devait arriver, les Nippons seraient encerclés sans espoir de secours et rapidement anéantis.
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Dernière édition par Anaxagore le Ven Juin 30, 2023 08:22; édité 2 fois
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John92



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MessagePosté le: Dim Mai 14, 2023 14:11    Sujet du message: Répondre en citant

...
Tenant une planche à pince posés (posée) sur son avant-bras, un sous-officier patrouille entre les pièces. Il prend des notes et vérifie que les canons sont pointés dans la bonne direction (, ou et – à ajouter ?- )que les obus sont correctement chargés.
Sa tâche achevé (achevée) il se presse dignement vers le bas de la colline. Près du train de munition et du train régimentaire, une table à tréteaux à (a ) été installée sous un filet de camouflage.
...
"Chaque canon est prêt à tirer, Mon Colonel (mon colonel ??). Nous attendons les ordres."
"Repos sergent.
Martin allait rajouter quelque chose, mais voyant l'opérateur radio se raidir, se pencher en avant tout en (à ajouter ? ) posant une main sur l'écouteur, il se tait.
"Répétez, Q.G."
Saisissant un bloc de papier, le jeune homme retranscris (retranscrit) le texte qu'il vient de recevoir. Rejetant ses écouteurs en arrière, l'opérateur radio se tourne vers Martin.
" Mon Colonel (mon colonel ??), le Q.G. vient de nous envoyer un message: ' Alouette, je te plumerais la queue'. "
Le sergent sourit et se met à fredonner.
"Alouette, je te plumerais (plumerai ?? )..."
...
Victoire du bois éternue violement entre deux bouchées de nougat vietnamien et mit ( met – mais gaffe avec les temps, c’est pas tout au passé normalement ??) la main devant sa bouche.
Laurent Peyrard la regarda d'un air moqueur.
"Enrhumée? ... à moins que quelqu'un dise du mal de vous?"
Les yeux de Victoire s'étrécirent de colère. Elle a mauvais caractère et déteste que l'on se moque d'elle. Reniflant de mépris, elle se retourne et pioche (retourna et piocha) un autre nougat tout en reprenant la lecture des rapports qui continuent (continuaient ) à arriver du front.
...
Chaque char (blindé ?) crache une dizaine d'obus. Les chefs de char du "Beauce" et du "Valmy" ont fait comme Vaudois et ont sortis (sorti ??) le buste par l'écoutille supérieure... vu la distance, ils ne risquent rien.
...
"Le major Carnot nous demande où nous en somme (sommes ??)."
Dans un rugissement de son puissant moteur Continental R-975, le char "La Hire" hoquète et repousse de coté (côté) l'épave encore en feu d'une chenillette Te-Ke.
...
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MessagePosté le: Dim Mai 14, 2023 14:11    Sujet du message: Répondre en citant

Pinaillage d'usage:
Anaxagore a écrit:
Depuis deux heures les artilleurs de la 4ème RAC attendent autour de leurs pièces de 75mm modèle 1897...
Chaque pièce est déployée sur son affût biflèche

Le 75 mod 1897 n'a qu'une seule flèche, les quelques modifs d'avant-guerre concernent juste le remplacement des roues "bois/fer" par des pneumatiques (ce qui ne doit probablement pas être le cas ici car la traction est hippomobile).
Hormis une tentative en 1933 qui n'a pas donné satisfaction, le seul 75/97 qui a un affut biflèche est la version allemande 7,5-cm Pak 97/38 (f), en fait un 75/97 de prise monté sur un affut de 5-cm Pak 38.
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Imberator



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MessagePosté le: Dim Mai 14, 2023 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Hué, au même moment.

Victoire du bois éternue violement entre deux bouchées de nougat vietnamien et mit la main devant sa bouche.
Laurent Peyrard la regarda d'un air moqueur.
"Enrhumée? ... à moins que quelqu'un dise du mal de vous?"
Les yeux de Victoire s'étrécirent de colère. Elle a mauvais caractère et déteste que l'on se moque d'elle. Reniflant de mépris, elle se retourne et pioche un autre nougat tout en reprenant la lecture des rapports qui continuent à arriver du front.


Citation:
Le lieutenant Le s'immobilise soudain et se laissa tomber à terre. Faisant signe de la main à se hommes pour qu'ils l'imitent. Se dispersant, les Vietnamiens se tournèrent vers les fourrés que leur montre leur officier.

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Finen



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MessagePosté le: Dim Mai 14, 2023 21:58    Sujet du message: Répondre en citant

Suite du Pinaillage,


Citation:
08h36, sur la route entre Há-Dong et Hoà-Binh

...
Néanmoins, les pièces françaises ont tiré des obus A... une arme anti-personnelle.
...


Il s'agit d'obus à balles:

"LA CARTOUCHE A OBUS A BALLES dit " SHRAPNEL ":

L'obus à balles a été le premier obus conçu pour le canon de 75.
La dénomination d'obus Shrapnel n'est pas spécifique à l'obus à balles du canon de 75, mais elle vient du nom de son inventeur, un anglais, le Général Henry Shrapnel (1761-1842). A l'époque les tactiques militaires prévoyaient uniquement un engagement limité, mobile, et à découvert.
La guerre de position qui s'est installée dès 1915 a rapidement montré les limites de l'obus à balles contre les positions allemandes où les personnels étaient protégés dans des abris parfois profondément enterrés.
Cependant, il est resté largement utilisé pendant le conflit, notamment en combinaison avec les obus explosifs. Leurs effets étant complémentaires.

Les différents modèles d'obus à balles étaient équipés de fusées à double effet (DE 22/31 Mle 97 - fusante et percutante) pour les obus d'artillerie de campagne, et de fusées uniquement fusantes pour la DCA (F 30/55 Mle 13).

Ces deux modèles de fusées étaient " à barillet " et se réglaient au moyen du débouchoir situé au pied du coffre à munitions du canon. Le retard était déterminé par la longueur du cordon fusant (24 secondes maxi de retard) afin que l'obus fonctionne avant de toucher le sol. Il fallait moins de deux secondes à un servant pour régler une fusée à l'aide du débouchoir.

L'obus fonctionne comme un "mini canon" à plusieurs mètres au dessus du sol (hauteur type) en envoyant des centaines de balles sur l'adversaire à découvert.

La charge contenue dans l'obus est insuffisante pour déchirer les minces parois de métal de l'obus, mais suffisante pour arracher l'ogive (visée avec de minces filets) et pour projeter une gerbe de plusieurs centaines de balles vers le sol. A la vitesse restante de l'obus sur sa trajectoire (535 mètres/sec), s'ajoute celle des balles, accélérée d'environ cent mètres/sec.

La hauteur type d'éclatement d'un tir fusant est donnée par les tables de tir du canon de 75 sous forme d'un angle.
Il est de 2 millièmes aux distances inférieures à 3000 mètres, de 3 millièmes au delà."

Vous trouverez sur le site source tout ce que vous avez toujours (ou jamais) voulu savoir sur le canon de 75 modèle 1897 Wink
source:
https://canonde75modele1897.blogspot.com/p/les-munitions-du-canon-de-75.html
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FREGATON



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MessagePosté le: Dim Mai 14, 2023 22:18    Sujet du message: Répondre en citant

C'est ce que j'adore dans la FTL, on commence par causer d'un bête canon de 75 et on en arrive à discuter du nombre de millièmes donné par les tables de tir du susdit 75!
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 15, 2023 09:12    Sujet du message: Répondre en citant

Corrigé.
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Lun Mai 15, 2023 11:28    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Peu d'obus tombent directement au-dessus de regroupement de soldats japonais et la plupart des tirs ne font que des blessés légers. Néanmoins, quelques obus chanceux font un massacre épouvantable, hachant les envahisseurs regroupés derrière les digues ou faisant exploser des camions de munitions.


Le 4e RAC tire des shrapnels. Que sur une troupe plus ou moins à découvert, ces obus fassent un massacre, c'est OK.
Par contre, ce type d'obus ne peut pas faire exploser un camion de munitions.

@+
Alain
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Finen



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MessagePosté le: Lun Mai 15, 2023 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

Pas si fou, des balles durcies à presque mach 2 qui casses les enveloppes de munition plus de la chaleur et des frappes cinétiques sur des poudres moins stables que celles d'aujourd'hui...
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solarien



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MessagePosté le: Lun Mai 15, 2023 17:02    Sujet du message: Répondre en citant

On peux aussi dire que des balles ont percé les réservoirs puis une autre volet à enflammer l'essence au sol et provoquer un début d'incendie qui a vite dégénéré et atteint les munitions.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 15, 2023 17:10    Sujet du message: Répondre en citant

solarien a écrit:
On peux aussi dire que des balles ont percé les réservoirs puis une autre volet à enflammer l'essence au sol et provoquer un début d'incendie qui a vite dégénéré et atteint les munitions.


En fait, c'est à ça que je pensais.
Mais vous savez, des étincelles ont fait sauter des caisses de munition et des cigarettes mal éteintes aussi.

N'oubliez pas non plus que les obuis type A ont utilisé avec succès comme arme anti-aérienne! Les billes de plomb traversent sans problèmes une mince parois de bois... comme une caisse de munition.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Mai 21, 2023 12:26    Sujet du message: Répondre en citant

09h35 près Hu'ng-Han, Tonkin

L'officier météo se rapproche de Mast et se met au garde-à-vous.
- Mon Général, je viens de recevoir un rapport d'un mes collègues basés sur un des navires patrouillant dans le golfe du Tonkin. Le vent souffle de plus en plus fort, chassant les nuages plus vite que le précédent rapport ne le laissait entendre. L'éclaircie que nous attendions devrait finalement survenir avant la fin de la matinée.
Mast relève le nez de la carte où il suit la progression des opérations.
- Excellente nouvelle, transmettez immédiatement à toutes les bases aériennes de se tenir prêt à lancer leurs appareils.
- Oui, Mon Général.
Se retournant vers la grande table, Charles Mast balaye du regard les officiers présents avant de poser le doigt sur les positions occupées par les troupes ayant initialement arrêtée l'offensive japonaise.
- Il faut presser la contre-attaque, nous ne devons laisser aucune chance aux Japonais!
Un des colonels regarde sa montre.
- Normalement, l'attaque vient de commencer dans ce secteur, Mon Général.
Mast acquiesce sans répondre. Il a les yeux fixé sur deux flèches rouges qui forment comme une mâchoire en train de se refermer sur les unités de têtes de l'armée impériale.

09h40 près de Hoà-Binh, Tonkin

Dans un rugissement mécanique, le char SAV-42 "Marne" escalade la colline, ses chenilles peinant à remonter les ornières boueuses d'une route secondaire. Comme une dizaine d'autres blindés il avance le plus rapidement possible. Sur la carte, le mouvement de ce groupe de tanks ressemble à un crochet parti de derrière les positions tenues par l'infanterie française et se rabattant après les premières lignes japonaises.
En fait, il s'agit même de la branche nord de la contre-offensive. Car en parfait miroir de ce coup de faux, un mouvement similaire est parti du sud...
Un mouvement en pince classique tiré du bréviaire de la blitzkrieg, exécuté dans les règles de l'art. Le but? Trancher la tête du serpent...
Le "Marne" ouvre le feu à peine arrivé au sommet de la colline. Devant lui, les Japonais se dispersent tandis que les mitrailleuses browning fauchent les fantassins désarmés face à un tel monstre mécanique.
Quelques soldats jettent des grenades mais les explosions n'entament pas le blindage et les impudents payent leur audace de leurs vies.
Un type 95 Ha-Go approche alors, lent pour un char léger, peu blindé (même selon les standards japonais!) c'est un engin qui était déjà considéré comme obsolète au début de la guerre.
Il fait feu!
Le léger obus craché par le canon anti-char de 37mm ricoche contre la casemate de son rival, impuissante contre son blindage plus épais. Le "Marne" vire, sa tourelle tourne et le SAV-42 éructe un nuage de fumée noire. Touché de plein fouet, le Ha-Go s'arrête net, perforé, et se transforme en volcan projetant en tous sens des débris fumants. L'explosion hache l'infanterie proche.
Deux autres "Béliers" ont fait leur apparition au sommet de la colline. C'est l'hallali, les mitrailleuses et les canons font un massacre. Pourtant, les Japonais ne reculent pas. Menés par un officier reconnaissable à ses bottes, mais surtout au sabre qu'il brandit, les Nippons... chargent!
Cet assaut dément revient plus au moins à se jeter volontairement dans un hachoir. Mais certains des Japonais ont été dotés d'une arme antichar de conception récente que les Occidentaux regarderaient d'abord avec stupeur avant de douter de la santé mentale de ses créateurs.
Le shitotsu bakurai ou "épine-tonnerre" se résume à un bâton se terminant par une sorte de trident enserrant une grenade anti-char.
Le mode d'utilisation est simpliste: amorcer la grenade, courir jusqu'au tank... exploser au contact.
L'arme n'est certainement pas le moyen antichar le plus efficace de la guerre, mais il établit cependant un record. Car, indéniablement, le shitotsu bakurai occupe la première place parmi les armes antichars les plus dangereuses... pour leur utilisateur.
En effet, c'est une arme kamikaze.
Un seul des porteurs de shitotsu bakurai arrive au contact, mais c'est suffisant. La charge-creuse de 105 mm est la plus puissante grenade anti-char fabriquée au cours de la deuxième guerre mondiale.
Secoué par l'explosion, le "Marne" s'immobilise. Une fumée noire montre de son moteur, à l'arrière... juste là où la charge a détonné. Deux hommes sortent rapidement par l'écoutille de la tourelle. Il s'agit de Pascale Andreotti (le chef de char) et de Nicolas Ferry (le canonnier), les autres membres de l'équipage sont morts.
Les deux Français courent se réfugier dans une case servant à entreposer des outils agricoles utilisés dans les plantations proches. En dépit des deux chars restants qui continuent à ouvrir le feu sur les Japonais, une meute de poursuivants les course.
S'abritant derrière des caisses, Andreotti et Ferry se redressent et tirent en se servant de leurs PM Aral 41. Les giclées de balles font le vide parmi les adversaires qui ont réussi à survivre aux tirs des tanks.
Mais un officier japonais sabre en main se jette dans le cercle de caisses, Andreotti ne doit qu'à ses réflexes de ne pas terminer coupé en deux. Il écrase la détente de son arme et vide son chargeur dans la poitrine de l'assaillant.
Le silence s'abat soudain parmi les cocotiers.
Plus un tir, tous les Japonais sont morts ou mourants. Les deux chars survivants reprennent leur avance bientôt rattrapé par les autres "Béliers" qui avancent derrière eux.
Andreotti et Ferry restent seuls au milieu des cadavres et des deux épaves de tanks.
Ils sont rejoint une demi-heure plus tard par des soldats avançant en tirailleurs, des Vietnamiens qui nettoient méthodiquement les positions japonaises renversées par les chars français.

10h00

Les chars "Bélier" n'ont plus rencontré de résistance, progressant rapidement entre les arbres, ils n'ont pratiquement plus fait usage de leurs armes. A la boussole, ils se dirigent approximativement vers le Sud. Mais la route louvoie entre les cocoteraies et les exploitations de bois.
Malgré le bruit du moteur et les vibrations, les équipages entendent un violent affrontement devant eux... un affrontement qui gagne en violence alors que les "Béliers" font route vers le Sud.

10h 10

Les SAV-42 qui viennent du Nord débouchent dans des rizières et découvrent un paysage dantesque: épaves en feu, cadavres. Tout autour de la route passant sur la digue des obus explosent et des mitrailleuses crachent la mort en long rubans d'impacts qui créent de minuscules geysers dans la boue.
Les Japonais s'accrochent à la moindre parcelle de terrain, combattant sans esprit de recul, mais ils n'ont que des canons antichars de 37mm et des grenades pour s'opposer aux tanks qui arrivent du Sud.
Lorsque le bruit des chars retentit venant du Nord, même le légendaire courage des Japonais vient à manquer. La détermination se transforme en résignation. Les hommes sortent des cratères d'obus.
"Banzaï!"
Menés par leurs officiers sabre au clair, les derniers survivants chargent à la baïonnette... contre les canons et les mitrailleuses des tanks qui les encerclent.

10h 20

Depuis une quarantaine de minutes, la palmeraie résonne d'une fusillade nourrie. Les Vietnamiens avancent prudemment, d'arbre en arbre s'agenouillant ou se couchant dans la boue pour tirer quelques coups de feu en direction des ombres qui jouent au même jeu.
C'est littéralement un combat d'égal à égal, l'armement étant pratiquement identique des deux côtés: fusils Arisaka, PM en 6,5mm, grenades à main, Knee-mortars (lance-grenades type 89) et mortiers de 70 mm type 11. Quelques Vietnamiens ont bien des mitraillettes Thompson, mais ils ne sont pas assez nombreux pour influer sur le cours de la bataille.
Au milieu des explosions d'obus de mortiers et de grenades, des soldats jouent à un cache-cache mortel: se lever, courir jusqu'à un autre abri, tirer deux ou trois fois, changer à nouveau de position parmi les claquements de fusils et les giclés de frelons de plomb vomis par les FM.
Entre les palmiers aux troncs grêlés de balles et aux branches hachées par la mitraille, de nombreux morts et mourants gisent au sol. L'air est empuanti par l'odeur cuivrée du sang et celle de la cordite.
Pourtant les combats ne connaissent aucune accalmie, en fait l'affrontement devient de plus en plus désespéré. Toujours plus de Japonais convergent vers la palmeraie.
Ils essayent de franchir le cordon des troupes vietnamiennes pour briser leur encerclement et regagner Hanoi. De leur côté, les Vietnamiens reçoivent continuellement des renforts pour tenir le périmètre.

10h 30, non loin, sur la route de Hanoi

Le tank "Arras" est là au milieu de la chaussée.
Véritable forteresse mobile, c'est un engin pratiquement indestructible... du moins avec l'armement anti-char des Japonais.
Refluant vers Hanoi depuis le front, des véhicules et des soldats arrivent par petits groupes, essayant d'échapper à l'encerclement. Malheureusement pour eux, les mâchoires blindées de la 36 DI se sont déjà refermées derrière eux.
Etienne Épierras regarde le camion Isuzu Type 94 qui se dirige vers eux.
"Feu!"
Le canonnier obéit. Il vise calmement, sans se presser et....
Un champignon de fumée s'éleve. Le camion semble bondir, la bâche se déchire hachée par les éclats et il se couche sur le côté avant de prendre feu.
Une petite voiture peinte en verte avec un haut radiateur et des gros phares ronds, surgit à cet instant. Elle contourne l'obstacle, descendant dans la rizière. Comme une barque à moteur, elle trace sa route en laissant derrière elle un sillage dans la boue.
"Hé bien, le conducteur a de bons réflexes. Il a manqué une carrière de pilote automobile! Qu'est-ce que tu attends? Tire"
Actionné par le canonnier, la mitrailleuse coaxiale crée une ligne d'impacts dans la boue, pourchassant la Kurogane Type 95 "Yonki". La voiture fait une embardée brutale tandis que ses tôles sont traversées d'impacts. L'automobile s'arrête brutalement contre la diguette d'une rizière et fait entendre le son lugubre de l'avertisseur bloqué par le corps du conducteur qui s'est effondré sur le volant.
Autour de l' "Arras" les autres chars se sont déployés en ligne parmi les rizières. Ils tirent sur les véhicules et les groupes de soldats qui essayent de franchir la ceinture de fer chargé d'empêcher leur fuite. Les voitures et les camions sont rarement armés. Quant aux semi-chenillés type 1 Ho-Ha, ils n'ont que trois mitrailleuse de 7,7mm.
Écœuré, Etienne Épierras regarde le massacre.
"Peuchère, c'est ça la guerre? J'imaginais que c'était héroïque... Là, on tire juste sur des types qui ne peuvent même pas se défendre."


10h 40

"Banzaï!"
L'ordre fait frémir le soldat Ngo. Le Vietnamien arme son fusil, la bouche soudain sèche. Son regard erre nerveusement dans la palmeraie dévastée.
Dans un cri collectif, des ombres sortent des tourbillons de fumée et les écharpes de poudre consumées qui stagnent parmi les troncs d'arbres lacérés par la violence de l'affrontement. Des hommes en uniforme couleur de moutarde avec une étoile jaune sur leur casque: des Japonais.
Ngo n'essaye pas de comprendre pourquoi les Japonais montent à l'assaut. Son fusil type 38 claque, il réarme en tirant la culasse, clic-clac, tire, clic-clac, tire à nouveau.
Autour de lui, tous les Vietnamiens se sont spontanément abrités derrière des troncs ou d'autres obstacles quelconques et se sont mit à tirer. La fusillade monte crescendo. Les FM, les lance-grenade et les mortiers se joignent à la cacophonie.
En face, les Japonais ont cessé de tirer... ils se jettent dans le hachoir à viande et se heurtent à une grêle de plomb. Les poitrines explosent, les shrapnels forment des guillotines de fumée allant et venant dans la masse de chair. Rouge, le sang asperge les feuilles de palme et les troncs.
Combien de temps cela dure? 10 minutes? 10 000 ans?
Lorsque Ngo baisse son fusil, un spectacle de désolation lui soulève l'estomac... il est dans un abattoir à ciel ouvert. Ce qui vient d'arriver ne peut être appelé un "acte de guerre", c'est juste de la boucherie.
Presque aucun Japonais n'est arrivé au contact, et aucun vVetnamien n'est mort dans cette dernière charge suicide.
Alors pourquoi cette folie?
Entendant un bruit mécanique, Ngo relève les yeux.
Émergeant de la fumée, un char avance pesamment vers eux. Un peu en retrait, une deuxième silhouette pataude zigzague entre les arbres.
Il épaule son fusil, mais le camarade Dinh le retient.
"Non, regarde! Ce ne sont pas des Japonais."
En effet, il s'agit de deux M7-F1 "Moufflon". Derrière les tanks, une longue ligne de soldats s'est déployée en tirailleur. Ils ont des casques Adrian et la tenue française mod.41.
Ngo comprend alors pourquoi les Japonais ont lancé cette attaque suicide... ils avaient plus de chance de passer face aux Vietnamiens que face aux blindés des Français. Ils ont joué leur va-tout... et perdu.
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Dernière édition par Anaxagore le Lun Mai 22, 2023 09:15; édité 2 fois
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