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Diplomatie-Economie, Avril 1944
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John92



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MessagePosté le: Jeu Juil 14, 2022 10:09    Sujet du message: Répondre en citant

13 avril 1944
Pendant les explosions, les travaux continuent
Tirana –
Ivan Šubašić n’est pas franchement concerné par les événements en cours en Hongrie – même s’il est sans doute un peu satisfait, au fond de lui, que les magyars (Magyars) paient enfin le prix de leur agression traitresse d’il y a 3 ans. Par contre, l’offensive visible des forces alliées en Bosnie l’intéresse beaucoup plus – il est probable que les alliés gagnent bientôt du terrain, ce qui augmentera mécaniquement le territoire sous le contrôle de son ‘gouvernement fantôme’. Sylvestre Audet aura bien besoin de lui pour régler les contingences ! Et aussi, c’est vrai, pour discuter avec l’AVNOJ – ceci étant, ces derniers ont prouvé qu’ils n’avaient rien à titre personnel contre le croate (Croate) et ses démarches. En réalité, ca (ça ) serait même plutôt l’inverse. Il y a donc assurément de la place pour un arrangement – de ceux qui contenteraient chacun sans faire perdre trop visiblement la face à Belgrade …
Encore faut-il pour cela compléter son équipe. Drago Marušič vient enfin d’arriver : une conversation avec cet homme très compréhensible (compréhensif ? ) plus tard, Šubašić a trouvé son ‘délégué général en charge du maintien de l’Etat de Droit (l’État de droit) ’ – en fait, son ministre de la Justice.
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Juil 17, 2022 10:15    Sujet du message: Répondre en citant

Larmes de crocodiles
Monde entier –
La nouvelle de la ‘démission’ du régent Horthy et de la mise en place du gouvernement Szálasi ne trompe personne de par le globe – mais elle n’émeut pas véritablement non plus. Du point de vue des puissances alliées, ce n’est jamais que la triste continuité logique de 6 années d’égarement qu’ils n’ont pas pu empêcher. Les articles sont donc rares, les hommages peu sincères – ce n’est pas comme si le Royaume d’Hongrie n’était pas un adversaire depuis 3 ans. Dans le plus gros de sa littérature, la presse appuiera moins sur Budapest que sur Berlin, afin de mieux insister une fois encore sur l’évidente nature criminelle du régime nazi, indigne de confiance et avec lequel toute négociation est donc exclu. Quant aux titres roumains ou yougoslaves (ainsi que certains journaux clandestins slovaques), ceux-ci se livrent à l’encontre du vieux régent à un exercice de Schadenfreude pour le moins acide – c’est de bonne guerre dirons-nous. Et au surplus, leurs lecteurs n’iront pas les contredire sur ce point précis …
Pour le reste, la guerre continue, voilà tout - tant pis pour les hongrois, les roumains ou italiens auront eu plus de chance. Et en privé, Churchill ira même jusqu’à affirmer « Toute cette histoire de retournement hongrois n’a jamais eu la moindre chance d’aboutir. Nous ne le souhaitions même pas – il s’agissait simplement pour nous de confondre Mister Hitler sur notre prochaine offensive, et la direction qu’elle prendrait. Tout ce que les huns utilisent pour écraser la tête des hongrois, nous ne l’avons pas face à nous sur le champ de bataille. » Un calcul aussi efficace que cynique – mais il est vrai que l’accord avec Staline tient toujours. Même si ce sont les juifs, communistes et autres démocrates hongrois qui paieront l’addition.
Reste simplement, à jamais dans l’histoire du 18th GAA et du point de vue des populations d’Europe de l’Est, le crédit disparu de ceux qui n’auront rien fait trois fois : en 1938, en 1943 et en 1944.

Prise de marque
Budapest –
De fait, les Croix-Fléchées sont au déjà au travail, et elles mettent beaucoup d’ardeur à la tâche. La Hongrie est mise en coupe réglée, au bénéfice de l’Allemagne. Ferenc Szálasi fait les cents pas pour réorganiser son pays, après avoir juré sur la Sainte-Couronne (1) de le défendre – le tout avec la bénédiction d’un soi-disant nouveau Országtanács (2) s’appuyant sur moins d’un cinquième du corps législatif. Et il fait évidemment dans un seul but : la guerre totale face à l’URSS. La société hongroise ne doit plus fonctionner que dans ce seul but.
Le tout sous les auspices du tout nouvel ambassadeur du Reich le SS- StandartenFührer Edmund Veesenmayer - lequel remplace un Dietrich von Jagow devenu objectivement et absolument inutile. Le SS est déjà en pourparlers avec le major-général Vilmos Hellebronth (Ministre sans portefeuille responsable de l’industrie de l’armement ) pour déplacer les usines hongroises en territoire allemand – avec leurs ouvriers évidemment, mais à des seules fins de protections contre les bombardements (3). De fait, et sans aller jusqu’à jeter la pierre à leurs si anciens amis, les nazis s’inquiètent un peu du gouvernement Szálasi : celui-ci est d’évidence motivé, mais pas forcément très efficace, prisonnier qu’il est d’un certain manque d’expertise dans ses rangs, au surplus renforcés de considérations mystiques fumeuses. Et comme si tout cela ne suffisait pas, la population hongroise ne suit visiblement que contrainte et forcée – avec résignation, mais sans enthousiasme, alors que le souvenir du régent semble encore tenace.
Enfin … tout cela n’inquiète pas franchement les allemands. La preuve : le II.SS-PanzerKorps ainsi que le plus gros des divisions blindées déployées en Transylvanie, sont déjà en cours de redéploiement. Seule la 1.PanzerDivision de Walter Krüger semble vouée à rester pour l’heure en territoire hongrois – dans le secteur de Kaposvár, au sud du Lac Balaton. A présent que Budapest est enfin mise au pas et que le Reich a mis la main sur des ressources vitales à la poursuite de sa guerre, il ne laissera ni les anglais, ni les yougoslaves s’en approcher…
………
« Dietrich von Jagow, 1892-1944. Officier de marine et homme politique nazi. Issu de la noble famille des Altmark von Jagow, il rejoint l’école navale de Mürwik en 1912 et sers sur le paquebot SMS Hansa. Combattant sur plusieurs U-boats pendant le premier conflit mondial, il passe après l’armistice sur un plus modeste dragueur de mines, avant de quitter la marine en 1920 après son refus de serment envers la constitution de la république de Weimar.
Modeste ouvrier forestier et agricole, Jagow est de tous les combats nationalistes : putsch de Kapp, participation à l’organisation terroriste Consul, lutte contre le troisième soulèvement polonais (sous Manfred von Killinger).
Membre du NSDAP dès l’automne 1920 puis très vite responsable de la SA, l’homme est un pur nazi convaincu. Hitler l’envoie en janvier 1922 à Tübingen comme instructeur et inspecteur de la SA. Travaillant sous couverture en tant qu’étudiant puis représentant commercial, il tisse son réseau avec tous les groupes locaux, et participe vraisemblablement à l’assassinat de Walter Rathenau.
Après l’échec du putsch de 1923, Dietrich von Jagow démissionne du NSDAP – mais continue en sous-main son travail d’organisation au bénéfice du parti, auquel il adhère à nouveau en janvier 1929. Il est chef de groupe local à Eßlingen am Neckar et directeur de district du NSDAP à Wurtemberg, avant de passer enfin de la SA « Sud-Ouest » en 1931. Son zèle antisémite et de propagandiste sont remarqués, de même que son adhésion totale au Fûhrerprinzip. Il est élu membre du Reichstag en mai 1932, il le restera de fait jusqu’à sa mort.
En fidèle national-socialiste et commissaire du Reich pour la police du Wurtemberg, . Il fait construire un camp de concentration sur le Heuberg et organise le boycott des commerces juifs le 1er avril 1933. Puis, suite à des différents avec plusieurs rivaux locaux dont le Gauleiter Wilhelm Murr, il est muté à Francfort-sur-le-Main comme chef du Obergruppe V de la SA. Il passe alors au travers de la nuit des longs couteaux – peut-être grâce aux appuis de sa famille - et est à nouveau transféré au groupe SA Berlin-Brandebourg, tout en étant conseiller provincial prussien pour la province de Hesse-Nassau. Jagow accumule ensuite les fonctions : conseiller à Berlin, membre du conseil d'administration des associations nobles allemandes puis, à partir d'avril 1936, il est juge honoraire à la Cour suprême d'honneur et de discipline. En 1937, il est observateur sur le Graf Spee, où il observe la guerre civile espagnole de loin.
En 1939, il retourne vers la KM, sur des unités de second rang tel le dragueur de mines Tannenberg. Il sert ensuite en Baltique, puis fini en 1941 commandant de la 18e flottille auxiliaire, sur la manche. En mars 1942, il est nommé sur recommandation de la Marine ambassadeur du Reich en Hongrie – possiblement pour l’éloigner. Son affectation durera deux longues années, durant lesquelles il n’aura de cesse d’encourager avec maladresse le gouvernement Kállay à s’aligner sur le Reich. Ce dernier ayant remplacé le gouvernement Bárdossy, bien plus favorable à l’Allemagne, ses tentatives entre caresses et menaces n’allèrent jamais loin.
Suite au Kiugrás du 13 avril 1944, qu’il n’avait pu prévoir, il est rappelé à Berlin pour un poste sans responsabilité au ministère des affaires étrangères – un département dont le volume d’activité fondait à vue d’œil. Il n’y restera pas longtemps : en aout 1944, il est versé dans la Volksturm, devient chef de bataillon et est blessé au combat dans les opérations de Silésie, perdant un œil dans la bataille. Il se suicidera à l’hôpital avant d’être capturé. »
(Robert Stan Pratsky – Dictionnaire de la Seconde Guerre Mondiale en Méditerranée, Flammarion, 2008)

Pendant les travaux, les explosions continuent
Budapest –
S’il est une arme qui n’a pas véritablement souffert du Kiugrás manqué de l’avant-veille, c’est bien la Magyar Királyi Honvéd Légierő. A Berlin et dans toutes armes du Reich, on observe avec satisfaction que l’aviation hongroise s’est abstenue de toute manœuvre hostile à l’encontre des allemands, et n’a pas non plus désertée en rase-campagne comme certains l’avaient un temps craint. La fameuse loyauté conditionnelle hongroise ! A une aventure perdue d’avance vers le Sud, les aviateurs locaux auront préféré rester ici pour défendre leurs foyers contre les raids terroristes et la horde bolchévique …
Les dividendes de cette approche réaliste ne se font pas attendre : la totalité des cadres restent en place. Jusqu’au commandant de la Magyar Királyi Honvéd Légierő István Bánfalvy, pourtant pas forcément le plus enthousiaste des supports du nouveau régime. Et les avions promis seront bel et bien livrés ! Les 102ème et 103ème escadres de défense nationale (sur Bf 109-G6 et 110-F6) seront bien des réalités. Même si, dans l’esprit des allemands, il ne s’agit pas de respecter un contrat, mais bien d’accorder une faveur. Par suite, les escadrilles hongroises ne manqueront pas de respecter les ordres et organisations allemandes à la lettre. La MKHL devient ainsi une coquille vide … c’est que la Luftwaffe commence aussi à manquer de pilotes expérimentés !

(1) La Couronne de Saint-Etienne, qui aurait été envoyée en l’an 1000 par le pape Saint-Sylvestre par l' intermédiaire de l' archevêque Astrik pour couronner István I.
(2) Conseil des pays – l’équivalent institutionnalisé d’un conseil de régent.
(3) Les allemands ont l’habitude de piller la Hongrie – en février 1934 déjà, ils signaient avec Budapest un accord commercial particulièrement vicieux ordonnant le paiement des biens agricoles achetés par l’Allemagne par des hongrois, en pengös convertis par des entreprises allemandes. Le crédit ainsi crée serait ensuite converti en achats de biens industriels allemands – s’en était suivi une augmentation vertigineuse des importations, et un apparent équilibre commercial camouflant en réalité une véritable fuite monétaire et surtout une véritable dépendance des industries hongroises, servant désormais de fait de fournisseurs/Sous-traitants pour l’Allemagne.
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houps



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MessagePosté le: Dim Juil 17, 2022 11:25    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Larmes de crocodiles
Monde entier –
La nouvelle de la ‘démission’ du régent Horthy et de la mise en place du gouvernement Szálasi ne trompe personne de par le globe – mais elle n’émeut pas véritablement non plus. Du point de vue des puissances alliées, ce n’est jamais que la triste continuité logique de 6 années d’égarement qu’ils n’ont pas pu empêcher. Les articles sont donc rares, les hommages peu sincères – ce n’est pas comme si le Royaume d’Hongrie n’était pas un adversaire depuis 3 ans. Dans le plus gros de sa littérature, la presse appuiera moins sur Budapest que sur Berlin, afin de mieux insister une fois encore sur l’évidente nature criminelle du régime nazi, indigne de confiance et avec lequel toute négociation est donc exclue. Quant aux titres roumains ou yougoslaves (ainsi que certains journaux clandestins slovaques), ceux-ci se livrent à l’encontre du vieux régent à un exercice de Schadenfreude pour le moins acide – c’est de bonne guerre dirons-nous. Et au surplus, leurs lecteurs n’iront pas les contredire sur ce point précis …
Pour le reste, la guerre continue, voilà tout - tant pis pour les Hongrois, les Roumains ou les Italiens auront eu plus de chance. Et en privé, Churchill ira même jusqu’à affirmer « Toute cette histoire de retournement hongrois n’a jamais eu la moindre chance d’aboutir. Nous ne le souhaitions même pas – il s’agissait simplement pour nous de confondre Mister Hitler sur notre prochaine offensive, et la direction qu’elle prendrait. Tout ce que les Huns utilisent pour écraser la tête des Hongrois, nous ne l’avons pas face à nous sur le champ de bataille. » Un calcul aussi efficace que cynique – mais il est vrai que l’accord avec Staline tient toujours. Même si ce sont les juifs, communistes et autres démocrates hongrois qui paieront l’addition.
Reste simplement, à jamais dans l’histoire du 18th GAA et du point de vue des populations d’Europe de l’Est, le crédit disparu de ceux qui n’auront rien fait trois fois : en 1938, en 1943 et en 1944.

Prise de marque
Budapest –
De fait, les Croix-Fléchées sont au déjà au travail, et elles mettent** beaucoup d’ardeur à la tâche. La Hongrie est mise** en coupe réglée, au bénéfice de l’Allemagne. Ferenc Szálasi fait les cents pas pour réorganiser son pays, après avoir juré sur la Sainte-Couronne (1) de le défendre – le tout avec la bénédiction d’un soi-disant nouveau Országtanács (2) s’appuyant sur moins d’un cinquième du corps législatif. Et il fait évidemment dans un seul but : la guerre totale face à l’URSS. La société hongroise ne doit plus fonctionner que dans ce seul but.
Le tout sous les auspices du tout nouvel ambassadeur du Reich le SS- StandartenFührer Edmund Veesenmayer - lequel remplace un Dietrich von Jagow devenu objectivement et absolument inutile. Le SS est déjà en pourparlers avec le major-général Vilmos Hellebronth (Ministre sans portefeuille responsable de l’industrie de l’armement ) pour déplacer les usines hongroises en territoire allemand – avec leurs ouvriers évidemment, mais à des seules fins de protections contre les bombardements (3). De fait, et sans aller jusqu’à jeter la pierre à leurs si anciens amis, les nazis s’inquiètent un peu du gouvernement Szálasi : celui-ci est d’évidence motivé, mais pas forcément très efficace, prisonnier qu’il est d’un certain manque d’expertise dans ses rangs, au surplus renforcé de considérations mystiques fumeuses. Et comme si tout cela ne suffisait pas, la population hongroise ne suit visiblement que contrainte et forcée – avec résignation, mais sans enthousiasme, alors que le souvenir du régent semble encore tenace.
Enfin … tout cela n’inquiète pas franchement les Allemands. La preuve : le II.SS-PanzerKorps ainsi que le plus gros des divisions blindées déployées*** en Transylvanie, sont déjà en cours de redéploiement***. Seule la 1.PanzerDivision de Walter Krüger semble vouée à rester pour l’heure en territoire hongrois – dans le secteur de Kaposvár, au sud du Lac Balaton. A présent que Budapest est enfin mise**** au pas et que le Reich a mis**** la main sur des ressources vitales à la poursuite de sa guerre, il ne laissera ni les Anglais, ni les Yougoslaves s’en approcher…
………
« Dietrich von Jagow, 1892-1944. Officier de marine et homme politique nazi. Issu de la noble famille des Altmark von Jagow, il rejoint l’école navale de Mürwik en 1912 et [color=blue]sert sur le paquebot SMS Hansa. Combattant sur plusieurs U-boots pendant le premier conflit mondial, il passe après l’armistice sur un plus modeste dragueur de mines, avant de quitter la marine en 1920 après son refus de serment envers la constitution de la république de Weimar.
Modeste ouvrier forestier et agricole, Jagow est de tous les combats nationalistes : putsch de Kapp, participation à l’organisation terroriste Consul, lutte contre le troisième soulèvement polonais (sous Manfred von Killinger).
Membre du NSDAP dès l’automne 1920 puis très vite responsable de la SA, l’homme est un pur nazi convaincu. Hitler l’envoie en janvier 1922 à Tübingen comme instructeur et inspecteur de la SA. Travaillant sous couverture en tant qu’étudiant puis représentant commercial, il tisse son réseau avec tous les groupes locaux, et participe vraisemblablement à l’assassinat de Walter Rathenau.
Après l’échec du putsch de 1923, Dietrich von Jagow démissionne du NSDAP – mais continue en sous-main son travail d’organisation au bénéfice du parti, auquel il adhère à nouveau en janvier 1929. Il est chef de groupe local à Eßlingen am Neckar et directeur de district du NSDAP à Wurtemberg, avant de passer enfin de la SA « Sud-Ouest » en 1931. Son zèle antisémite et de propagandiste sont remarqués, de même que son adhésion totale au Fûhrerprinzip. Il est élu membre du Reichstag en mai 1932, il le restera de fait jusqu’à sa mort.
En fidèle national-socialiste et commissaire du Reich pour la police du Wurtemberg, Il fait construire un camp de concentration sur le Heuberg et organise le boycott des commerces juifs le 1er avril 1933. Puis, suite à des différends avec plusieurs rivaux locaux dont le Gauleiter Wilhelm Murr, il est muté à Francfort-sur-le-Main comme chef du Obergruppe V de la SA. Il passe alors au travers de la nuit des longs couteaux – peut-être grâce aux appuis de sa famille - et est à nouveau transféré au groupe SA Berlin-Brandebourg, tout en étant conseiller provincial prussien pour la province de Hesse-Nassau. Jagow accumule ensuite les fonctions : conseiller à Berlin, membre du conseil d'administration des associations nobles allemandes puis, à partir d'avril 1936, il est juge honoraire à la Cour suprême d'honneur et de discipline. En 1937, il est observateur***** sur le Graf Spee, où il observe***** la guerre civile espagnole de loin.
En 1939, il retourne vers la KM, sur des unités de second rang tel le dragueur de mines Tannenberg. Il sert ensuite en Baltique, puis fini en 1941 commandant de la 18e flottille auxiliaire, sur la Manche. En mars 1942, il est nommé sur recommandation de la Marine ambassadeur du Reich en Hongrie – possiblement pour l’éloigner. Son affectation durera deux longues années, durant lesquelles il n’aura de cesse d’encourager avec maladresse le gouvernement Kállay à s’aligner sur le Reich. Ce dernier ayant remplacé le gouvernement Bárdossy, bien plus favorable à l’Allemagne, ses tentatives entre caresses et menaces n’allèrent jamais loin.
Suite au Kiugrás du 13 avril 1944, qu’il n’avait pu prévoir, il est rappelé à Berlin pour un poste sans responsabilité au ministère des affaires étrangères – un département dont le volume d’activité fondait à vue d’œil. Il n’y restera pas longtemps : en aout 1944, il est versé dans la Volksturm, devient chef de bataillon et est blessé au combat dans les opérations de Silésie, perdant un œil dans la bataille. Il se suicidera à l’hôpital avant d’être capturé. »[/color] (Robert Stan Pratsky – Dictionnaire de la Seconde Guerre Mondiale en Méditerranée, Flammarion, 2008)

Pendant les travaux, les explosions continuent
Budapest –
S’il est une arme qui n’a pas véritablement souffert du Kiugrás manqué de l’avant-veille, c’est bien la Magyar Királyi Honvéd Légierő. A Berlin et dans toutes armes du Reich, on observe avec satisfaction que l’aviation hongroise s’est abstenue de toute manœuvre hostile à l’encontre des Allemands, et n’a pas non plus déserté en rase-campagne comme certains l’avaient un temps craint. La fameuse loyauté conditionnelle hongroise ! A une aventure perdue d’avance vers le Sud, les aviateurs locaux auront préféré rester ici pour défendre leurs foyers contre les raids terroristes et la horde bolchévique …
Les dividendes de cette approche réaliste ne se font pas attendre : la totalité des cadres restent en place. Jusqu’au commandant de la Magyar Királyi Honvéd Légierő István Bánfalvy, pourtant pas forcément le plus enthousiaste des supports du nouveau régime. Et les avions promis seront bel et bien livrés ! Les 102ème et 103ème escadres de défense nationale (sur Bf 109-G6 et 110-F6) seront bien des réalités. Même si, dans l’esprit des Allemands, il ne s’agit pas de respecter****** un contrat, mais bien d’accorder une faveur. Par la suite, les escadrilles hongroises ne manqueront pas de respecter****** les ordres et organisations allemandes à la lettre. La MKHL devient ainsi une coquille vide … c’est que la Luftwaffe commence aussi à manquer de pilotes expérimentés !

(1) La Couronne de Saint-Etienne, qui aurait été envoyée en l’an 1000 par le pape Saint-Sylvestre par l' intermédiaire de l' archevêque Astrik pour couronner István I.
(2) Conseil des pays – l’équivalent institutionnalisé d’un conseil de régent.
(3) Les Allemands ont l’habitude de piller la Hongrie – en février 1934 déjà, ils signaient avec Budapest un accord commercial particulièrement vicieux ordonnant le paiement des biens agricoles achetés par l’Allemagne par des Hongrois, en pengös convertis par des entreprises allemandes. Le crédit ainsi créé serait ensuite converti en achats de biens industriels allemands – s’en était suivi une augmentation vertigineuse des importations, et un apparent équilibre commercial camouflant en réalité une véritable fuite monétaire et surtout une véritable dépendance des industries hongroises, servant désormais de fait de fournisseurs/sous-traitants pour l’Allemagne.


Répétitions, général ! (Ce sont de modestes propositions, Dan...)
** elles montrent (on garde "mise en coupe réglé")
*** je propose des "troupes positionnées "
**** on garde la mise au pas pour avoir un Reich qui "empoche des ressources vitales..."
***** je sais bien que l'observateur observe, mais il pourrait tout aussi bien suivre la guerre civile de loin.
****** "...les escadrilles hongroises ne manqueront pas d'appliquer...."
_________________
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Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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John92



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MessagePosté le: Dim Juil 17, 2022 11:41    Sujet du message: Répondre en citant

...
Les articles sont donc rares, les hommages peu sincères – ce n’est pas comme si le Royaume d’Hongrie (de Hongrie ) n’était pas un adversaire depuis 3 ans.
...
Pour le reste, la guerre continue, voilà tout - tant pis pour les hongrois, les roumains ou italiens (Hongrois, les Roumains ou les Italiens qui) auront eu plus de chance.
...
Tout ce que les huns (Huns) utilisent pour écraser la tête des hongrois (Hongrois), nous ne l’avons pas face à nous sur le champ de bataille. » [/i]Un calcul aussi efficace que cynique – mais il est vrai que l’accord avec Staline tient toujours. Même si ce sont les juifs, communistes (Juifs, Communistes) et autres démocrates hongrois qui paieront l’addition.
Reste simplement, à jamais dans l’histoire du 18th GAA et du point de vue des populations d’Europe de l’Est (l’est ), le crédit disparu de ceux qui n’auront rien fait trois fois : en 1938, en 1943 et en 1944.
...
Ferenc Szálasi fait les cents pas (met les bouchées doubles ?) pour réorganiser son pays, après avoir juré sur la Sainte-Couronne (1) de le défendre – le tout avec la bénédiction d’un soi-disant nouveau Országtanács (2) s’appuyant sur moins d’un cinquième du corps législatif. Et il le (à ajouter ?)fait évidemment dans un seul but : la guerre totale face (contre ?) à l’URSS. La société hongroise ne doit plus fonctionner que dans ce seul but.
Le tout sous les auspices du tout nouvel ambassadeur du Reich le SS- StandartenFührer Edmund Veesenmayer - lequel remplace un Dietrich von Jagow devenu objectivement et absolument inutile. Le SS est déjà en pourparlers avec le major-général Vilmos Hellebronth (Ministre sans portefeuille responsable de l’industrie de l’armement (espace à supprimer) ) pour déplacer les usines hongroises en territoire allemand – avec leurs ouvriers évidemment, mais à des seules fins de protections contre les bombardements (3).
...
De fait, et sans aller jusqu’à jeter la pierre à leurs si anciens amis, les nazis s’inquiètent un peu du gouvernement Szálasi : celui-ci est d’évidence motivé, mais pas forcément très efficace, prisonnier qu’il est d’un certain manque d’expertise dans ses rangs, au surplus renforcés (renforcé ?? ) de considérations mystiques fumeuses.
...
Enfin … tout cela n’inquiète pas franchement les allemands (Allemands). La preuve : le II.SS-PanzerKorps ainsi que le plus gros des divisions blindées déployées en Transylvanie, sont déjà en cours de redéploiement. Seule la 1.PanzerDivision de Walter Krüger semble vouée à rester pour l’heure en territoire hongrois – dans le secteur de Kaposvár, au sud du Lac (lac) Balaton. A présent que Budapest est enfin mise au pas et que le Reich a mis la main sur des ressources vitales à la poursuite de sa guerre, il ne laissera ni les anglais, ni les yougoslaves (Anglais, ni les Yougoslaves) s’en approcher…
………
« Dietrich von Jagow, 1892-1944. Officier de marine et homme politique nazi. Issu de la noble famille des Altmark von Jagow, il rejoint l’école navale de Mürwik en 1912 et sers (sert) sur le paquebot SMS Hansa.
...
Il est chef de groupe local à Eßlingen am Neckar et directeur de district du NSDAP à Wurtemberg, avant de
passer enfin de la SA « Sud-Ouest (il passe de la SA à quoi ? – ah si, je viens de comprendre : remplacer de par à) » en 1931. Son zèle antisémite et sa qualité (à ajouter ?)de propagandiste sont remarqués, de même que son adhésion totale au Fûhrerprinzip.
...
En fidèle national-socialiste et commissaire du Reich pour la police du Wurtemberg
, (virgule et espace à supprimer).
...
En 1937, il est
observateur sur le Graf Spee, où il observe (normal pour un observateur mais il y a répétition- assiste à ? regarde ?) la guerre civile espagnole de loin.
En 1939, il retourne vers la
KM (Kreigsmarine), sur des unités de second rang tel le dragueur de mines Tannenberg. Il sert ensuite en Baltique, puis fini (finit ??) en 1941 commandant de la 18e flottille auxiliaire, sur la manche (Manche). En mars 1942, il est nommé sur recommandation de la Marine (à mettre entre , ? et majuscule ou pas à marine ?) ambassadeur du Reich en Hongrie – possiblement pour l’éloigner.
...»

...
S’il est une arme qui n’a pas véritablement souffert du Kiugrás manqué de l’avant-veille, c’est bien la Magyar Királyi Honvéd Légierő. A Berlin et dans toutes armes ( ???????toutes les armées ? ) du Reich, on observe avec satisfaction que l’aviation hongroise s’est abstenue de toute manœuvre hostile à l’encontre des allemands (Allemands), et n’a pas non plus désertée en rase-campagne comme certains l’avaient un temps craint. La fameuse loyauté conditionnelle hongroise ! A une aventure perdue d’avance vers le Sud (sud), les aviateurs locaux auront préféré rester ici pour défendre leurs foyers contre les raids terroristes et la horde bolchévique …
Les dividendes de cette approche réaliste ne se font pas attendre : la totalité des cadres restent en place. Jusqu’au commandant de la Magyar Királyi Honvéd Légierő István Bánfalvy, pourtant pas forcément le plus enthousiaste des supports du nouveau régime. Et les avions promis seront bel et bien livrés ! Les 102ème et 103ème escadres de défense nationale (sur Bf 109-G6 et 110-F6) seront bien des réalités. Même si, dans l’esprit des allemands (Allemands), il ne s’agit pas de respecter) un contrat, mais bien d’accorder une faveur. Par suite, les escadrilles hongroises ne manqueront pas de respecter (de suivre) les ordres et organisations allemandes à la lettre. La MKHL devient ainsi une coquille vide … c’est que la Luftwaffe commence aussi à manquer de pilotes expérimentés !

(1) La Couronne de Saint-Etienne, qui aurait été envoyée en l’an 1000 par le pape Saint-Sylvestre par l' intermédiaire (par l’intermédiaire – il y avait une espace entre l’apostrophe et le mot intermédiaire) de l' archevêque Astrik pour couronner István I.
(2) Conseil des pays – l’équivalent institutionnalisé d’un conseil de régent.
(3) Les allemands (Allemands) ont l’habitude de piller la Hongrie – en février 1934 déjà, ils signaient avec Budapest un accord commercial particulièrement vicieux ordonnant le paiement des biens agricoles achetés (qui achète à qui car, dans la suite, tu mets deux fois par : par Allemands par Hongrois ?) par l’Allemagne par des hongrois (Hongrois), en pengös convertis par des entreprises allemandes. Le crédit ainsi crée (créé ) serait ensuite converti en achats de biens industriels allemands – s’en était suivi une augmentation vertigineuse des importations, et un apparent équilibre commercial camouflant en réalité une véritable fuite monétaire et surtout une véritable dépendance des industries hongroises, servant désormais de fait de fournisseurs/ Sous-traitants (sous-traitans) pour l’Allemagne.
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MessagePosté le: Dim Juil 17, 2022 11:50    Sujet du message: Répondre en citant

C'est un mécanisme de chambre de compensation John, avec des intermédiaires hongrois.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Archibald



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MessagePosté le: Dim Juil 17, 2022 13:44    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Pour le reste, la guerre continue, voilà tout - tant pis pour les hongrois, les roumains ou italiens auront eu plus de chance. Et en privé, Churchill ira même jusqu’à affirmer « Toute cette histoire de retournement hongrois n’a jamais eu la moindre chance d’aboutir. Nous ne le souhaitions même pas – il s’agissait simplement pour nous de confondre Mister Hitler sur notre prochaine offensive, et la direction qu’elle prendrait. Tout ce que les huns utilisent pour écraser la tête des hongrois, nous ne l’avons pas face à nous sur le champ de bataille. » Un calcul aussi efficace que cynique – mais il est vrai que l’accord avec Staline tient toujours. Même si ce sont les juifs, communistes et autres démocrates hongrois qui paieront l’addition.

Reste simplement, à jamais dans l’histoire du 18th GAA et du point de vue des populations d’Europe de l’Est, le crédit disparu de ceux qui n’auront rien fait trois fois : en 1938, en 1943 et en 1944.


Si Kissinger lisait ta prose, il aurait exactement une réaction et un seul mot
a) un orgasme
b) "realpolitik"
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Juil 17, 2022 14:12    Sujet du message: Répondre en citant

Phrase OTL, du reste.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Juil 19, 2022 20:25    Sujet du message: Répondre en citant

Pendant les explosions, les travaux continuent
Tirana –
Le délégué général à l’administration des territoires yougoslaves libérés Ivan Šubašić prend sa plus belle plume à destination du ministre Léon Blum, afin de lui faire rapport de ses démarches en cours aux confins du territoire yougoslave. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le croate est optimiste ! En dépit des circonstances tragiques que traverse sa Nation, en témoigne sa prose.

"Monsieur le ministre de la République, Cher ami,

Suite à notre conversation d’il y a déjà trois semaines, sur la terre libérée de France, je viens vers vous afin de vous donner en personne des nouvelles de la démarche que vous avez bien voulu me confier. Celle-ci parait pour l’heure couronnée de succès : les territoires sous les responsabilités de vos armées sont situées aux marges du Royaume, dans des régions traditionnellement sous-dotées en infrastructures et fonctionnaires – l’arrivée de mes services, lesquels se renforcent naturellement avec le temps comme l’avance des troupes, ne peut donc qu’être bien accueillie par une population ayant tant souffert d’une occupation cruelle, ainsi que par vos propres responsables, assez heureux, je dois bien le dire, de laisser à d’autres les subtilités locales.
Notre embryon d’administration provisoire militaire prend donc naturellement racine. Elle supplée aux manques de ces dernières années, ainsi qu’au vide béant laissé par les morts et les crimes – un vide que le gouvernement royal n’a pas les moyens ou la volonté de combler pour l’heure. Comme vous pourrez le constater à la lecture des rapports ci-joint, celle-ci ne manque déjà pas de projets ou réalisation engagées, sous l’égide des responsables ci-dessous, que je soumets formellement quoiqu’à postériori à votre approbation :
- Sava Kosanović - chargé de relation entre les forces de police civile et militaire’ ,
- Général Borisav Ristic - charge des liaisons entre la 2e Armée française, l’AVNOJ et Belgrade - responsable de la distribution du ravitaillement aux troupes yougoslaves « non régulières ».
- Emanuel Cuckov – délégué spécial en Macédoine,
- Isidor Cankar – représentant de l’administration provisoire auprès des autorités tierces,
- Drago Marušič - délégué général en charge du maintien de l’Etat de Droit,

Vous constaterez la qualité des personnes engagées en si peu de temps, signe évident de l’espoir qu’entraine notre démarche, tout comme de son évident avenir. Je ne peux donc que vous encouragez, Monsieur le Ministre, a continuer de soutenir ma mission – celle que vous avez bien voulu me confier et qui ne peut que réussir, entre patriotes de bonne volonté. A ce propos, je me dois d’ailleurs de vous signifier les points particuliers suivants :
- Afin de prévenir à tout chevauchement de responsabilité entre mes organisations et celle que le gouvernement royal pourrait éventuellement être naturellement tenté de mettre en place au fil du temps, il me parait indispensable que les autorités de la 2nd armée française maintiennent leur responsabilité sur toute la zone où elles exercent contrôle de fait, à des fins évidentes d’efficacité au front. Cette explication évidente ne saurait que satisfaire tout le monde - elle permettra surtout à mes propres responsables de consolider leurs assises, au profit de tous et notamment des soldats en lignes,
- A contrario, les relations avec les forces du maréchal Tito ne sont pas problématiques – l’AVNOJ, malgré sa pléthore d’institutions politiques, manque de cadres expérimentés et surtout d’une légitimité immédiate lui permettant d’actionner sans contrainte les reliquats d’administration qu’il semble voué à rencontrer au fil du conflit. En cela, notre intermédiaire offre à tous une solution convenable et apaisante,
- J’envisage assez rapidement de faire envoyer Monsieur Cankar en une tournée discrète vers les capitales européennes, afin de procéder sous le couvert de votre gouvernement – par la mission que vous m’avez confié – à des achats et démarches de première nécessité (voir liste ci-joint). Est-il envisageable que la République Française débloque à ce sujet une ligne de crédit, selon la modeste estimation également présentée ci-après ? Il va sans dire que vous conviendrez avec moi du caractère humanitaire et urgent de ces éléments, lesquels ne peuvent que contribuer à consolider l’image de libérateur dont les forces alliés bénéficient dans la région, y compris auprès de populations autrefois tenté par les sirènes de la collaboration. Auquel cas, ces vivres seraient distribués par les services du général Borisav Ristic, avec la contribution des forces de police sous l’autorité de Monsieur Kosanović,
- Enfin, je sollicite de votre part la mise à disposition d’un ou plusieurs camps d’internement discrets pour un certain nombre de ressortissants et prisonniers suspects de crimes et actes de collaboration durant la période passée d’occupation. Ceux-ci sont actuellement dans les mains des maigres forces de Monsieur Kosanović – qui les a lui-même reçu de Monsieur Cuckov, lequel a eu le plus grand mal à les arracher à plusieurs potentats locaux ! En effet, sur ce sujet comme sur tant d’autres, il est à craindre que seul le temps permette à la Justice de faire son œuvre. Dans une période où les règlements de compte et perfides coups de poignards sont légions, seule une instruction rigoureuse issue d’une enquête basée sur les faits permettra aux citoyens yougoslaves de reprendre confiance en leurs institutions judiciaires, et par suite de recourir à elles plutôt qu’à la sombre vengeance. Monsieur Marušič et sa poignée de juristes s’y emploient déjà, à la mesure de leurs effectifs évidemment insuffisants, et en complément de leur tâche ingrate, discrète mais essentielle – laquelle reste la construction d’un cadre légale à la globalité de nos actions,

Je sollicite évidemment votre approbation sur ces termes, et vous informe dès à présent de mon souhait de continuer à recruter et agglomérer autour de moi tous les gens de bien, dans un esprit de construction humaine et de concorde,

Vous priant de croire en ma volonté indéfectible d’aider de mon mieux mon malheureux pays, en attendant d’assister à l’inévitable et heureuse réconciliation nationale qui viendra, je vous prie de croire …"


Etc, etc, etc … On ne saurait dire autre chose que le fait qu’Ivan Šubašić a décidément foi en l’homme. Néanmoins, la missive n’en fera pas moins assez plaisir à son destinataire – lequel ne manquera de faire obtenir tous les accords nécessaires à qui de droit. Après tout … et si c’était cela qui manquait en Yougoslavie ? Un peu d’optimisme ?
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MessagePosté le: Mar Juil 19, 2022 22:39    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Pendant les explosions, les travaux continuent
Tirana –
Le délégué général à l’administration des territoires yougoslaves libérés Ivan Šubašić prend sa plus belle plume à destination du ministre Léon Blum, afin de lui faire rapport de ses démarches en cours aux confins du territoire yougoslave. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le croate est optimiste ! En dépit des circonstances tragiques que traverse sa Nation, en témoigne sa prose.

"Monsieur le ministre de la République, Cher ami,

Suite à notre conversation d’il y a déjà trois semaines, sur la terre libérée de France, je viens vers vous afin de vous donner en personne des nouvelles de la démarche que vous avez bien voulu me confier. Celle-ci paraît pour l’heure couronnée de succès : les territoires sous les responsabilités de vos armées sont situés aux marges du Royaume, dans des régions traditionnellement sous-dotées en infrastructures et fonctionnaires – l’arrivée de mes services, lesquels se renforcent naturellement avec le temps comme l’avance des troupes, ne peut donc qu’être bien accueillie par une population ayant tant souffert d’une occupation cruelle, ainsi que par vos propres responsables, assez heureux, je dois bien le dire, de laisser à d’autres les subtilités locales.
Notre embryon d’administration provisoire militaire prend donc naturellement racine. Elle supplée aux manques de ces dernières années, ainsi qu’au vide béant laissé par les morts et les crimes – un vide que le gouvernement royal n’a pas les moyens ou la volonté de combler pour l’heure. Comme vous pourrez le constater à la lecture des rapports ci-joints, celle-ci ne manque déjà pas de projets ou réalisation engagés, sous l’égide des responsables ci-dessous, que je soumets formellement quoiqu’à postériori à votre approbation :
- Sava Kosanović - chargé de relation entre les forces de police civile et militaire’ ,
- Général Borisav Ristic - chargé des liaisons entre la 2e Armée française, l’AVNOJ et Belgrade - responsable de la distribution du ravitaillement aux troupes yougoslaves « non régulières ».
- Emanuel Cuckov – délégué spécial en Macédoine,
- Isidor Cankar – représentant de l’administration provisoire auprès des autorités tierces,
- Drago Marušič - délégué général en charge du maintien de l’Etat de Droit,

Vous constaterez la qualité des personnes engagées en si peu de temps, signe évident de l’espoir qu’entraîne notre démarche, tout comme de son évident avenir. Je ne peux donc souhaiter, Monsieur le Ministre, que vous encouragiez à continuer de soutenir ma mission – celle que vous avez bien voulu me confier et qui ne peut que réussir, entre patriotes de bonne volonté. A ce propos, je me dois d’ailleurs de vous signifier les points particuliers suivants :
- Afin de prévenir à tout chevauchement de responsabilité entre mes organisations et celle que le gouvernement royal pourrait éventuellement être naturellement tenté de mettre en place au fil du temps, il me paraît indispensable que les autorités de la [color=blue]seconde
armée française maintiennent leur responsabilité sur toute la zone où elles exercent contrôle de fait, à des fins évidentes d’efficacité au front. Cette explication évidente ne saurait que satisfaire tout le monde - elle permettra surtout à mes propres responsables de consolider leurs assises, au profit de tous et notamment des soldats en ligne,
- A contrario, les relations avec les forces du maréchal Tito ne sont pas problématiques – l’AVNOJ, malgré sa pléthore d’institutions politiques, manque de cadres expérimentés et surtout d’une légitimité immédiate lui permettant d’actionner sans contrainte les reliquats d’administration qu’il semble voué à rencontrer au fil du conflit. En cela, notre intermédiaire offre à tous une solution convenable et apaisante,
- J’envisage assez rapidement de faire envoyer Monsieur Cankar en une tournée discrète vers les capitales européennes, afin de procéder sous le couvert de votre gouvernement – par la mission que vous m’avez confiée – à des achats et démarches de première nécessité (voir liste ci-joint). Est-il envisageable que la République Française débloque à ce sujet une ligne de crédit, selon la modeste estimation également présentée ci-après ? Il va sans dire que vous conviendrez avec moi du caractère humanitaire et urgent de ces éléments, lesquels ne peuvent que contribuer à consolider l’image de libérateur dont les forces alliés bénéficient dans la région, y compris auprès de populations autrefois tentées par les sirènes de la collaboration. Auquel cas, ces vivres seraient distribuées par les services du général Borisav Ristic, avec la contribution des forces de police sous l’autorité de Monsieur Kosanović,
- Enfin, je sollicite de votre part la mise à disposition d’un ou plusieurs camps d’internement discrets pour un certain nombre de ressortissants et prisonniers suspects de crimes et actes de collaboration durant la période passée d’occupation. Ceux-ci sont actuellement dans les mains des maigres forces de Monsieur Kosanović – qui les a lui-même reçus de Monsieur Cuckov, lequel a eu le plus grand mal à les arracher à plusieurs potentats locaux ! En effet, sur ce sujet comme sur tant d’autres, il est à craindre que seul le temps permette à la Justice de faire son œuvre. Dans une période où les règlements de compte et perfides coups de poignards sont légion, seule une instruction rigoureuse issue d’une enquête basée sur les faits permettra aux citoyens yougoslaves de reprendre confiance en leurs institutions judiciaires, et par suite de recourir à elles plutôt qu’à la sombre vengeance. Monsieur Marušič et sa poignée de juristes s’y emploient déjà, à la mesure de leurs effectifs évidemment insuffisants, et en complément de leur tâche ingrate, discrète mais essentielle – laquelle reste la construction d’un cadre légal à la globalité de nos actions.

Je sollicite évidemment votre approbation sur ces termes, et vous informe dès à présent de mon souhait de continuer à recruter et agglomérer autour de moi tous les gens de bien, dans un esprit de construction humaine et de concorde.

Vous priant de croire en ma volonté indéfectible d’aider de mon mieux mon malheureux pays, en attendant d’assister à l’inévitable et heureuse réconciliation nationale qui viendra, je vous prie de croire …"
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Etc, etc, etc … On ne saurait dire autre chose que le fait qu’Ivan Šubašić a décidément foi en l’homme. Néanmoins, la missive n’en fera pas moins assez plaisir à son destinataire – lequel ne manquera de faire obtenir tous les accords nécessaires à qui de droit. Après tout … et si c’était cela qui manquait en Yougoslavie ? Un peu d’optimisme ?


A propos de "2nd armée" que j'ai arbitrairement remplacé ici par "seconde armée", ne doit-on pas garder "2nd" pour les troupes anglophones et "2nde" pour les troupes francophones ?
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MessagePosté le: Mer Juil 20, 2022 05:42    Sujet du message: Répondre en citant

Si l'on parle de l'armée française ce serai plutôt deuxième armée et 2ème en abrégé avec "ème" en exposant mais apparemment les exposants ne passe pas sur le site.
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MessagePosté le: Mer Juil 20, 2022 08:51    Sujet du message: Répondre en citant

Finen a écrit:
Si l'on parle de l'armée française ce serai plutôt deuxième armée et 2ème en abrégé avec "ème" en exposant mais apparemment les exposants ne passe pas sur le site.


En fait, on devrait écrire "2e", pas "2ème".

https://www.academie-francaise.fr/abreviations-des-adjectifs-numeraux

(C'était ma minute "graphiste chiant sur la typographie") Wink
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Archibald



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MessagePosté le: Mer Juil 20, 2022 13:41    Sujet du message: Répondre en citant

Et si on parle de l'ancien général commandant cette armée en 1940 (Huntziger) c'est 2 de... jugeotte.

"Ah ben non les allemands, ils attaqueront jamais moi ou l'autre Corap là, dans les Ardennes." 8 avril 1940, quel flair. Et au cas ou, le bonhomme remet le couvert le 7 mai 1940, trois jours avant l'offensive qu'il va se manger en pleine tronche."Passerons pas par chez moi, les Ardennes".

Pour moi Huntziger sur ce coup là, c'est le Docteur Galipeau dans Le viager. "Allons... faites moi confiance !"

Et d'ailleurs après aussi, quand il va a Vichy. "Le pays va mal. Nous aurions bien besoin d'un Franco !" (encore Galipeau !)

Ah oui on a vu. Misère... on peut remercier le Mont Aigoual (et le Maroc en FTL, même jour même heure, la mare, le pantalon, etc.) de nous avoir débarrassé de cet idiot et triste sire. C'est juste dommage pour l'équipage de l'avion par contre.

Le pire, c'est que Vichy lui a érigé un monument sur le Mont Aigoual, justement. A l'abandon, on se demande bien pourquoi !
https://www.aerosteles.net/stelefr-breau_huntziger
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Juil 25, 2022 14:45    Sujet du message: Répondre en citant

17 avril 1944
Visite
Zemun (Ouest de Belgrade) –
A présent que le front s’est bien éloigné de Belgrade et que la région est sure, le gouvernement royal de Pierre II organise une tournée pour les correspondants de guerre sur la rive nord de la Save, sur un cite que les allemands ont baptisés Judenlager Semlin puis Anhaltelager Semlin. Un nom qui se passe de commentaires depuis Lublin : c’est ici que le Reich a exterminé au Gaswagen (1) et par fusillade juifs, roms, Tchetniks et partisans de la région.
Le vaste complexe – conçu pour accueillir dans des conditions effroyables jusqu’à 500 000 personnes issues des régions ‘rebelles’ de Yougoslavie’ – est évidemment détruit depuis l’an dernier. D’ailleurs, depuis septembre 1943, il ne servait dans les faits à plus rien sinon de centre de transit vers Jasenovac, un lieu sur plusieurs documents éparses et dont personne ne sait encore complétement ce qu’il recouvre. C’est que l’ambassadeur de l’époque avait écrit à Berlin pour s’inquiéter des conséquences de la présence de l’installation ‘sous les yeux de la population de Belgrade, ce qui est politiquement intolérable pour des raisons d’ordre public !’. Il n’y a donc plus rien à Zemun, sinon des gravats et de la cendre. Avec hauteur, les services du Ministre des Affaires étrangères Milan Grol ne manqueront pas de signaler les 100 000 victimes de la barbarie allemande et oustachie (2) ! S’il fallait une preuve de qui les pays civilisés se doivent de soutenir en Yougoslavie, entre génocidaires nazis et terroristes collectivistes …
Pourtant, n’en déplaise aux royalistes, Semlin n’a rien d’une découverte – et pour cause, plusieurs juives mariées avec des chrétiens en avait été relâchée en 1942. Soi-disant soumises au secret, elles ont évidemment contribué aux rumeurs atroces entourant le lieu (3). Et d’ailleurs, il n’est pas non plus certain que des serbes n’aient pas non plus contribué à son fonctionnement – au moins à titre individuel et hors de son enceinte (4). Autant de sujet qu’on passera rapidement et définitivement sous le tapis – l’heure n’étant vraiment pas à la récupération politique et aux polémiques stériles. Et une large campagne de diffusion dans les médias américains, toujours bien aiguillonnés par la diaspora, donnera à l’évènement le retentissement qu’il convient.
Aujourd’hui, le camp de Zemun est devenu un lieu de mémoire – mais très partiellement et pas avant 1985 car auparavant c’était un quartier-général scout avant de devenir une zone HLM du Novi Beograd. Les autorités arrêtèrent d’ailleurs de justesse un projet de complexe de loisirs, avec crèche, club de sport et boite de nuit ( !). L’édification d’un seul monument a certes été décidée, en 2015 – mais il reste encore à l’exécuter dans les faits. Hormis les fondations de la porte du camp de la mort, et plusieurs tentatives avortées de reconstruction à des fins éducatives (soutenues en cela par le maire de Belgrade Zoran Radojičić, lequel avait déjà donné quitus à plusieurs associations scolaires pour faire vivre le lieu dans le cadre du projet de monument virtuel ‘Lumière des Lucioles), Zemun semble donc encore condamné aujourd’hui a rester coincée entre deux eaux, otages comme beaucoup d’autres choses des contingences politiques et diplomatiques complexes entre Belgrade et Zagreb – lesquelles se rejettent mutuellement la responsabilité des mânes des morts du camp.

(1) Que les serbes appelaient dušegupka – le tueur d’âme.
(2) Dans les faits, on serait plus proche de 40 000 dont 7 000 juifs – mais 100 000 prisonniers environ sont effectivement passés à Zemun. Pr2cisons que la plupart des responsables ont été jugés et condamnés à de faibles peines d’emprisonnement. Les gardes n’ont pour leur part été que très peu traduits en justice.
(3) David Albahari : ‘Cet endroit n’est pas simplement humiliant par son inhumanité, mais aussi par son exposition complète aux yeux de Belgrade, qui l’a silencieusement regardé fonctionner par-dessus la rivière.’
(4) Il existe cependant aujourd’hui un consensus pour acter le fait qu’aucun serbe n’a collaboré aux tueries de Zemun.
_________________
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MessagePosté le: Mer Juil 27, 2022 10:49    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
17 avril 1944
Visite
Zemun (Ouest de Belgrade) –
A présent que le front s’est bien éloigné de Belgrade et que la région est sure, le gouvernement royal de Pierre II organise une tournée pour les correspondants de guerre sur la rive nord de la Save, sur un site que les allemands ont baptisés Judenlager Semlin puis Anhaltelager Semlin. Un nom qui se passe de commentaires depuis Lublin : c’est ici que le Reich a exterminé au Gaswagen (1) et par fusillade juifs, roms, Tchetniks et partisans de la région.
Le vaste complexe – conçu pour accueillir dans des conditions effroyables jusqu’à 500 000 personnes issues des régions ‘rebelles’ de Yougoslavie’ – est évidemment détruit depuis l’an dernier. D’ailleurs, depuis septembre 1943, il ne servait dans les faits à plus rien sinon de centre de transit vers Jasenovac, un lieu sur plusieurs documents éparses et dont personne ne sait encore complétement ce qu’il recouvre. PASSAGE MALADROIT C’est que l’ambassadeur de l’époque avait écrit à Berlin pour s’inquiéter des conséquences de la présence de l’installation ‘sous les yeux de la population de Belgrade, ce qui est politiquement intolérable pour des raisons d’ordre public !’. Il n’y a donc plus rien à Zemun, sinon des gravats et de la cendre. Avec hauteur, les services du Ministre des Affaires étrangères Milan Grol ne manqueront pas de signaler les 100 000 victimes de la barbarie allemande et oustachie (2) ! S’il fallait une preuve de qui les pays civilisés se doivent de soutenir en Yougoslavie, entre génocidaires nazis et terroristes collectivistes …
Pourtant, n’en déplaise aux royalistes, Semlin n’a rien d’une découverte – et pour cause, plusieurs juives mariées avec des chrétiens en avait été relâchée en 1942. Soi-disant soumises au secret, elles ont évidemment contribué aux rumeurs atroces entourant le lieu (3). Et d’ailleurs, il n’est pas non plus certain que des serbes n’aient pas non plus contribué à son fonctionnement – au moins à titre individuel et hors de son enceinte (4). Autant de sujet qu’on passera rapidement et définitivement sous le tapis – l’heure n’étant vraiment pas à la récupération politique et aux polémiques stériles. Et une large campagne de diffusion dans les médias américains, toujours bien aiguillonnés par la diaspora, donnera à l’évènement le retentissement qu’il convient.
Aujourd’hui, le camp de Zemun est devenu un lieu de mémoire – mais très partiellement et pas avant 1985 car auparavant c’était un quartier-général scout avant de devenir une zone HLM du Novi Beograd. Les autorités arrêtèrent d’ailleurs de justesse un projet de complexe de loisirs, avec crèche, club de sport et boite de nuit ( !). L’édification d’un seul monument a certes été décidée, en 2015 – mais il reste encore à l’exécuter dans les faits. Hormis les fondations de la porte du camp de la mort, et plusieurs tentatives avortées de reconstruction à des fins éducatives (soutenues en cela par le maire de Belgrade Zoran Radojičić, lequel avait déjà donné quitus à plusieurs associations scolaires pour faire vivre le lieu dans le cadre du projet de monument virtuel ‘Lumière des Lucioles), Zemun semble donc encore condamné aujourd’hui a rester coincée entre deux eaux, otages comme beaucoup d’autres choses des contingences politiques et diplomatiques complexes entre Belgrade et Zagreb – lesquelles se rejettent mutuellement la responsabilité des mânes des morts du camp.

(1) Que les serbes appelaient dušegupka – le tueur d’âme.
(2) Dans les faits, on serait plus proche de 40 000 dont 7 000 juifs – mais 100 000 prisonniers environ sont effectivement passés à Zemun. Précisons que la plupart des responsables ont été jugés et condamnés à de faibles peines d’emprisonnement. Les gardes n’ont pour leur part été que très peu traduits en justice.
(3) David Albahari : ‘Cet endroit n’est pas simplement humiliant par son inhumanité, mais aussi par son exposition complète aux yeux de Belgrade, qui l’a silencieusement regardé fonctionner par-dessus la rivière.’
(4) Il existe cependant aujourd’hui un consensus pour acter le fait qu’aucun serbe n’a collaboré aux tueries de Zemun.

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MessagePosté le: Jeu Juil 28, 2022 12:06    Sujet du message: Répondre en citant

18 avril 1944
Dangereux symptômes
Belgrade –
Informé par des agents sur le terrain qu’on ne nommera pas - mais chacun soupçonne déjà que les corps-francs de Dobroslav Jevđević et Vojislav Lukačević (notamment !) sont ici à la manœuvre … - le gouvernement royal de Belgrade adresse aux gouvernements français et britanniques une protestation officielle relative à la ‘coopération militaire avérée, cordiale et choquante que les forces armées de nos alliés mènent avec des bandes ne reconnaissant pas à ce jour l’autorité légalement constituée.
Il est vrai que la situation du 18th Groupe d’Armées Alliées – et de la 2nd Armée française en particulier – n’est pas ici la plus confortable. La coopération avec l’AVNOJ est certes à ce jour loyale … mais pas forcément cordiale pour autant, sans parler des responsables grecs royalistes ou républicains toujours on ne peut plus inquiet d’un risque de contagion communiste au sein d’une armée supposée tout de même défendre les intérêts d’un état ayant échappé de très peu à la guerre civile l’an dernier. Pour autant, il n’est pas davantage possible de se passer à cette heure de l’appui – ou à tout du moins d’une forme de coexistence pacifique – avec les hommes du maréchal Tito. Les moyens alliés sont largement insuffisants à la sécurisation des voies de communication en Yougoslavie et Veritable n’y survivrait évidemment.
Sylvestre Audet, un peu embêté pour répondre, décidera donc très vite d’envoyer l’encombrant bambin vers Marseille, à destination du ministère des affaires étrangères – d’accord en cela avec Antoine Béthouart et sans doute général Panagiotis Spiliotopoulos. C’est un problème politique : que les politiques se débrouillent. Quant à Montgomery, tout occupé qu’il est à mener sa guerre sur le Danube, il décidera de traiter l’affaire par le mépris, renvoyant tout à plus tard du fait de considérations bien plus urgentes.
Le gouvernement de Pierre II n’en prendra pas forcément un ombrage immédiat. En l’espèce, il est pour l’heure plutôt occupé à faire visiter à tous les correspondants qui le veulent la ville de Novi Sad – anciennement Újvidék – afin d’évoquer avec le monde le souvenir du massacre de 1942, où la Honvèd et la police hongroise tuèrent ensemble des centaines de serbes et de juifs avant de les jeter dans le Danube. Une preuve, s’il en fallait, que la Yougoslavie fait face à des barbares – des corps étrangers, dont elle devra sans doute se purger. On parle déjà d’un monument destiné à commémorer l’évènement (1) .

Impérieuse nécessité
Zagreb –
Alors que l’offensive alliée dirigée – en apparence au moins ! – en direction de la Croatie via la vallée de la Save bat son plein, le gouvernement de l’état (de moins en moins) indépendant de Croatie adresse par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Mile Budak une supplique demandant le rapatriement ‘dans les plus brefs délais’ de la Hrvatska zrakoplovna Legija – la Kroatische Legion Luftwaffen dont les pilotes expérimentés sur Bf 109 G et dornier 17 Z seraient éminemment utiles à l’appui des troupes engagées en Bosnie comme au Monténégro. ‘Songez, cher général, que nos troupes combattent presque sans aucun soutien aérien, face à un adversaire disposant d’une puissance de feu redoutable. Il nous faut les moyens de riposter !’
Face à ce discours, l’ambassadeur Siegfried Kasche – qui a bien dû recevoir ce visiteur – s’abstient de préciser que les forces allemandes non plus n’ont pas forcément beaucoup d’avions au dessus de leurs têtes. Ca soulagerait sans doute de le dire … mais cela pourrait aussi passer pour du défaitisme. Aussi, d’accord avec le général Glaise von Horstenau, accepte toutefois de transférer la demande au RLM, pour avis…

Discrète assistance
Tirana –
Au moment précis où, du côté de Belgrade, on s’inquiété de la ‘proximité’ visible entre forces alliées et troupes de l’AVNOJ, la 2nd armée française reçoit officiellement réponse à la requête formulée par le général Audet, relative au ravitaillement qu’il est possible d’apporter aux titistes. Comme on l’imagine, le gouvernement français a pris le temps d’en peser soigneusement les enjeux … Mais la réponse n’en est pas moins positive ! Portée à son plus haut niveau par la présidence du Conseil (De Gaulle, notamment, aurait dit à ce sujet : ‘Toutes les révoltes, n’ont qu’un temps. Le communisme passera.’), l’armée française est officiellement autorisée à procéder à du ravitaillement d’armes à destination de l’AVNOJ, hors cadre précédemment établi avec les services secrets britanniques et à des fins d’avancée tactique. Pour ce faire, elle pourra mobiliser autant que de nécessaire le fameux Détachement Spécial de Transport Opérationnel en Méditerranée, ne dépendant de personne sinon des français et qui saura agir dans la discrétion pour amener les cargaisons à destination. Du reste, ces armes et munitions ne manqueront à personne, ayant déjà été rayées des dépôts car supposées envoyées aux polonais de Varsovie …

Appel à la bonne volonté
Lvov –
Depuis les arrières du 1er front ukrainien, l’as slovaque František Hanovec – anciennement du 13./JG 52, du moins jusqu’à il y a deux jours – lance à destinations de tous ses compatriotes anciennement tchécoslovaques servant dans l’armée allemande un vibrant appel à la défection, afin de défendre aujourd’hui, la nouvelle Tchécoslovaquie de demain. Cette démarche, évidemment inspirée par le NKVD, connaitra un succès très mesuré – au moins pour le moment. Mais ca ne coute rien d’essayer…

(1) Ce sera finalement le monument sur le quai, érigé en 1971 face à la la forteresse de Petrovaradin par le sculpteur Jovan Soldatović – un trio familial se tenant la main et regardant dos au Danube, avec 78 plaques de bronze gravées du nom des victimes.
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