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1940 - La France continue la guerre
 
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Le Front Russe, Avril 1944
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Volkmar



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 14:29    Sujet du message: Répondre en citant

La naïveté des Hongrois est sidérante...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 14:37    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense que c'est en partie parce que, depuis le début, ils s'imaginent dans leur bon droit en récupérant les terres qui leur ont été volées par le Traité de Versailles !
Alors, bon, les Rouges, on sait qu'ils sont méchants. Mais les Anglais, les Américains, les Français… ils doivent comprendre les pauvres Hongrois, non ? Ah, non ?……
Et les Allemands, on les payés en les aidant contre les Rouges, à présent, on reprend nos billes, on n'a pas le droit ? Ah, non ?……
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 17:48    Sujet du message: Répondre en citant

Casus parle d'or - voir le long propos d'Horthy au 12 avril !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 18:32    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Je pense que c'est en partie parce que, depuis le début, ils s'imaginent dans leur bon droit en récupérant les terres qui leur ont été volées par le Traité de Versailles !

C'est un verbe irrégulier:

Je récupère les terres historiques de mon pays
Tu procèdes à des annexions unilatérales
Il envahit ses voisins
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With Iron and Fire disponible en livre!
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JPBWEB



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 21:04    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Je pense que c'est en partie parce que, depuis le début, ils s'imaginent dans leur bon droit en récupérant les terres qui leur ont été volées par le Traité de Versailles !
Alors, bon, les Rouges, on sait qu'ils sont méchants. Mais les Anglais, les Américains, les Français… ils doivent comprendre les pauvres Hongrois, non ? Ah, non ?……
Et les Allemands, on les payés en les aidant contre les Rouges, à présent, on reprend nos billes, on n'a pas le droit ? Ah, non ?……


Ce n'est pas tellement pire que la France OTL de 1940 qui s'imagine pouvoir se sortir de la guerre et s'isoler de tous ses effets en signant un armistice avec l'Allemagne.
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"L'histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées"
Konrad Adenauer
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Volkmar



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Messages: 479

MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 21:32    Sujet du message: Répondre en citant

Ah je dis pas....

C'est juste que c'est ... Confondant.
Même les Slovaques ont réussi à s'assurer de la loyauté de leurs forces armées... (A moins que ce soit l'inverse ? =/)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 22:01    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Même les Slovaques ont réussi à s'assurer de la loyauté de leurs forces armées... (A moins que ce soit l'inverse ? =/)


Ah bon ? Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil
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Archibald



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Messages: 9412

MessagePosté le: Lun Mai 02, 2022 13:36    Sujet du message: Répondre en citant

JPBWEB a écrit:
Casus Frankie a écrit:
Je pense que c'est en partie parce que, depuis le début, ils s'imaginent dans leur bon droit en récupérant les terres qui leur ont été volées par le Traité de Versailles !
Alors, bon, les Rouges, on sait qu'ils sont méchants. Mais les Anglais, les Américains, les Français… ils doivent comprendre les pauvres Hongrois, non ? Ah, non ?……
Et les Allemands, on les payés en les aidant contre les Rouges, à présent, on reprend nos billes, on n'a pas le droit ? Ah, non ?……


Ce n'est pas tellement pire que la France OTL de 1940 qui s'imagine pouvoir se sortir de la guerre et s'isoler de tous ses effets en signant un armistice avec l'Allemagne.


Mais tellement vrai, ça. Et je dirais même plus (façon Dupondt) le grand ami de Pétain - Franco - a réussi à obtenir exactement ça pour l'Espagne.
Et que je te refoules Hitler l'air de rien, et juste avant Montoire en plus. Franchement, Pétain aurait eu tors de ne pas essayer (je suis ironique là hein).
Sauf que ce qui est possible (et encore) pour l'Espagne, ne peut valoir ni pour Vichy, ni pour la France en général.

Tu a commencé cette guerre en 1939 aux côté des alliés, tu va pas te défiler comme ça en restant neutre dans ton coin. La France boira le calice jusqu'à la lie et jusqu'en 1945, des deux côtés s'il le faut - Axe contre Alliés.
Pas étonnant qu'on en arrive a de tel déchirements en 1944.
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Mai 05, 2022 12:48    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, puisque je sens que ca flotte ! En exclusivité, et cordial remplacement de Casus quoiqu'avec son accord (Ouf, pression !), la Suite ! Validée, pesée, emballée, au moins pour le moment !

14 avril
Baltique
Matraquage
Port de Dantzig – Conformément aux instructions de l’OKH préconisant un renforcement rapide des défenses de la Festung Memel, la Kriegsmarine prépare elle-même en urgence un convoi de ravitaillement destiné à livrer à la forteresse ce qu’il lui faut pour tenir – et riposter ! – aux bombardements bolcheviques. Canons de 75 mm, munitions, matériel de secours… le parfait petit nécessaire du Landser retranché.
Compte tenu des circonstances comme des avanies que subit le port de destination, le convoi en partance sera encore plus réduit que le précédent. Deux cargos : les SS Mars et Friedrich Bischoff, qui ne jaugent à eux deux à peine plus de 4 000 tonnes. L’escorte, par contre, reste la même : la 2. Torpedobootflottille (Korvettenkapitän Konrad Edler von Rennenkampf) et la 5. Torpedobootflottille (Korvettenkapitän Heinrich Hoffmann) dans le rôle des patous et le KMS Emden dans celui du berger ! Le départ est prévu pour demain soir, en profitant de ce que la lune est de nouveau presque voilée.

Guerre aérienne
Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
« Après le Kultur Park, on nous offrit le théâtre Bolchoï et ses somptueux ballets. Alentour, c’était le printemps, mais c’était la guerre, et les êtres comme les choses semblaient tendus dans une tragédie inhumaine – mais là, il suffisait de pousser quelques portes capitonnées de velours rouge et le miracle surgissait : tout n’était qu’ordre et grâce, lumière, scintillement des lustres, chatoiement des couleurs, beauté du geste et des attitudes, évocation d’un monde que l’on croyait à jamais mort et disparu. »
(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)

Hongrie – Ruthénie
Poing blindé
Route du col de Torun – La 13. Panzer arrive dès 00h30 sur les arrières de la 8e DI d’Árpád Maltary. Celle-ci, toujours confrontée aux assauts de la 10e Armée de Vasily Popov – valeureuse mais dispersée (offensive improvisée oblige !), gagne du temps sans trop de mal dans les gorges de la Svicha, où la bande de terrain exploitable ne dépasse pas 400 mètres de large. Partout ailleurs, ce sont des montagnes et des forêts – existe-t-il un meilleur secteur pour défendre ? De fait, pour progresser, les Soviétiques doivent multiplier les barrages d’artillerie, suivis chaque fois d’un assaut d’infanterie. Une tactique scolaire, coûteuse… et qui prend du temps.
L’apparition des panzers d’Helmutt von der Chevallerie soulage néanmoins considérablement les fantassins magyars, lesquels, malgré l’excellence de leur position, ressentaient de plus en plus leur isolement et la supériorité de leur adversaire. Le long de la Svicha, aucun désarmement, aucun malentendu, aucun silence lourd de sens : dès l’aube, grenadiers et chars allemands franchissent simplement les lignes amies pour aller contre-attaquer sous les Hurrá ! des Hongrois. Les Soviétiques ont eux aussi des blindés, mais ces derniers sont contraints d’avancer en colonnes – ils subissent donc vite de lourdes pertes. Informé, Vasily Popov insiste quand même – c’est normal, ce sont ses ordres. Mais il est évident que sa fenêtre de tir s’est refermée.
………
QG du 6e CA hongrois (Tourka), 01h00 – Autre lieu, autre ambiance. C’est dans le cadre lugubre d’une humide nuit de printemps que le major-général Béla Miklós Dálnoki, chef théorique d’une 1ère Armée hongroise en voie de dissolution, est finalement reçu par le major-général Ferenc K. Farkas, commandant du 6e CA, donc théoriquement son subordonné.
L’entrevue, bien sûr, est orageuse : Dálnoki, qui n’a jamais porté les Allemands dans son cœur, constate avec effroi que sa vie s’est effondrée en à peine une journée, à cause d’hommes tels que celui qui lui fait face. Lequel reste pourtant un patriote ! Quel gâchis… Avec du temps et de l’organisation, Dálnoki ne doute pas que son subordonné aurait pu être précieux pour la défunte tentative de soulèvement.
Mais il est trop tard. Et c’est en vain que Dálnoki rappelle Farkas à son serment envers une autorité qui n’existe plus. Le chef du 6e CA lui répond en annonçant qu’il a entrepris d’adapter son dispositif en reculant ses 1ère et 27e DI, afin de défendre le carrefour de Tourka. Bien obligé, après la… défaillance de la 24e DI…
Dálnoki n’a donc plus qu’à partir. Ferenc K. Farkas a déjà indiqué au major-général déchu – avec une pointe de regret, peut-être ? – la route de la vallée de Strilky, laquelle mène à Sambir, donc sans doute aux lignes des Rouges. Evidemment, il est libre de fuir de ce côté, avec tous ceux qui souhaiteront venir avec lui. Mais sans tarder, bien sûr : les panzers sont sans doute déjà sur ses traces. Les deux hommes se toisent une dernière fois, puis Béla Dálnoki quitte la tente sans saluer et disparaît dans la nuit. Par réflexe, Farkas commence à saluer, puis il interrompt son geste et soupire. Lui aussi a fait ce qu’il croyait préférable pour son pays…
………
Dubyna (au sud de Synovydsko Vyzhnie), 04h00 – Prise de contact entre la 11. Panzer de Wend von Wietersheim et la 5e DI de Zoltán Algya-Papp – laquelle a reculé du verrou de Synovydsko Vyzhnie jusqu’à celui de Dubyna, tout en gardant la 1ère Brigade de Montagne sur sa gauche à Korchyn. En face, les Russes n’ont pas beaucoup avancé cette nuit – ils avanceront encore moins avec une division blindée en face d’eux.
………
Village de Topil’nytsya, 05h00 – Aux premières lueurs de l’aube, profitant du fait que dans ce secteur, le front est encore imprécis – on se bat surtout vers Yasenystya-Zamkova, de l’autre côté des monts, au sud ! – le major-général Béla Miklós Dálnoki se constitue prisonnier auprès de la 3e Armée soviétique. Il avec lui une bonne part de son état-major, le major-général Antal Pál Vitéz Vattay, de la 1ère Division de Cavalerie, et un peu moins de 3 000 hommes épuisés, sans cohésion ni matériel. On le comprend, les Soviétiques sont un peu surpris… Ils mettront donc du temps à savoir quoi faire de leur prise, et plus encore à évaluer sa valeur. Dálnoki ne sera finalement transféré à Lvov qu’en fin d’après-midi.
Ainsi donc, au lieu d’une armée complète, la Hongrie ne change de camp (pour l’heure ?) qu’avec un reste de division fracassé par le destin et hors d’état de combattre. A sa tête, un major-général qui a renoncé à convaincre ses compatriotes et n’attend sans doute plus grand-chose de l’avenir. Rien de très glorieux, donc… « Oh, ça aurait pu être pire, soupire Dálnoki à ses hôtes, comme pour conjurer le mauvais sort, je finissais par croire que je n’arriverais ici qu’avec mon aide-de-camp et deux sergents ! »
………
QG du 6e CA hongrois (Tourka), 05h30 – C’est au tour de la 19. Panzer de Hans Källner d’atteindre les lignes magyares. Elle est reçue par un Ferenc K. Farkas sans doute un peu triste, mais surtout très inquiet de la progression des Russes vers Yasenystya-Zamkova. Les Rouges ne sont plus qu’à 11 kilomètres de son QG, et ses forces sont encore en train de se redéployer selon une ligne Tur’je-Yasenystya-Zamkova. Il faut donc faire vite : on a grand besoin du soutien des Panzer IV et Leopard du parrain germain ! Källner est bien sûr ravi que les choses se passent ainsi – cela lui évite des problèmes pénibles à régler. Donc au travail !
………
Lignes de la 1ère Armée hongroise, fin de journée – Les combats se poursuivent entre les forces des 1er et 2e Fronts Ukrainiens d’un côté, les troupes germano-hongroises de l’autre. Les premières continuent de s’engager avec détermination mais avec difficultés dans des vallées étroites où déborder est impossible et où la supériorité en artillerie ne suffit pas.
Dans les cieux, la 16e Armée Aérienne (Sergei Rudenko) et la 17e Armée Aérienne (Vladimir Sudets) font de leur mieux pour peser, bien sûr… Mais bois et montagnes ne sont pas le meilleur des champs de tir, tandis que la Luftwaffe – c’est nouveau – est de sortie afin de gêner les assauts des Sturmovik. Il est vrai que le FliegerFührer Ungarn n’est plus si loin ! Les Faucons perdent 22 avions contre 7 Bf 109. Surtout, ils sont incapables de forcer la décision. Le broiement continue.

Surprise et agacement
Kremlin, 17h30 –
Après une nouvelle journée de carnages qu’ils ont passée dans les transports, ballotés d’avions en trains spéciaux (il a fallu attendre ce matin pour avoir une liaison correcte !), les maréchaux Joukov et Vassilievski sont finalement introduits avec retard dans le bureau du Vojd, lequel se trouve déjà en compagnie de Sergei Chtemenko.
Première étape : faire le point. « D’est en ouest… Sur la route du col de Torun, la 10e Armée n’avance plus – elle serait efficacement contrée par une force mécanique allemande qui se serait ajoutée à l’infanterie hongroise. Du côté de la 59e Armée d’Ivan Korovnikov, les choses vont un peu mieux : à force d’assauts successifs et en engageant petit à petit ses blindés, cette formation a réussi à rompre le verrou de Dubyna. Elle est désormais au sud de Skole, soit… 6 kilomètres plus loin. Une bonne nouvelle : du fait du retrait des Fascistes dans le secteur de Skhidnytsya, elle a aussi pu faire jonction avec la 9e Armée de la Garde à Rybnyk. Celle-ci collabore en ce moment même avec la 3e Armée pour faire sauter le verrou de Tourka. Hélas pour Korovnikov, le terrain ne permet pas de débordement. Vers Tourka, la 3e Armée a quand même réussi à s’emparer du village de… »
Staline maugrée en tirant sur sa pipe au fil de l’exposé de Chtemenko : « Je n’en reviens pas que nous ayons été surpris par ce millième retournement hongrois ! » Finalement, au bout du discours de Chtemenko, il lance à la cantonade : « Alors, Camarades, que faisons-nous ? » Puis il se tourne vers les cartes, pendant que les trois officiers confèrent à l’écart.
Vassilievski : « Il est évident que le coup de force de Horthy a échoué. Les Allemands ont déjà déployé des réserves. Ils en ont probablement d’autres en chemin – nous pouvons évidemment surenchérir, mais la question est : avons-nous intérêt à faire de cette zone des Carpates notre centre de gravité stratégique ? »
Chtemenko : « Sans planification ni plan d’opération, il est impossible à la Stavka de renforcer rapidement votre front ou celui de Bagramian. Les fronts biélorusses sont en cours de renforcement, suite à la contre-offensive fasciste et aux efforts déjà fournis. Toute action irréfléchie mettrait en péril l’opération Oder. Sans parler de Cluj-Debrecen – nous ne pourrions pas remplacer assez vite les pertes subies ! »
Joukov, bougon, lâche finalement avec agacement mais à mi-voix à ses deux collègues : « Moi je vous le dis, Camarades – toute cette affaire pue le fumier . Elle n’a aucun sens et ne mène nulle part ! » (1)
Staline : « Qu’est ce qui n’a aucun sens et mène nulle part ? »
Un ange passe. Le Petit Père des Peuples n’a pas décollé le regard de sa carte, le poing droit appuyé sur la table et la pipe rivée à sa main gauche. Joukov devait concéder plus tard, avec une pointe d’amertume dans la voix : « Je dois dire que je ne pensais pas que le maréchal avait l’ouïe aussi fine ! »
Les paroles de Joukov sont donc reprises par ce bon Alexandr Vassilievski – dans des termes convenables, bien sûr. Et Staline de conclure : « Parfait ! En ce cas, revenez me voir demain à la première heure avec un exposé détaillé, pour que nous puissions prendre une décision en bonne et due forme. » La séance est ajournée dans la foulée.


15 avril
Baltique
Livraison urgente… et risquée
Port de Dantzig, 18h00 –
Départ du convoi mené par le Käpitan Zs Werner Lange. Ce dernier devrait arriver à destination aux alentours de 08h00, soit juste après le lever du soleil.
Compte tenu du bombardement de Memel, la Kriegsmarine n’est pas assurée des moyens de déchargement encore opérationnels sur place – il faudra donc sans doute faire avec les moyens du bord, voir potentiellement gerber une partie de la cargaison au pied de l’ancienne forteresse, sur l’isthme. Et même cela dépendra aussi, voire avant tout, de l’activité soviétique. D’où l’intérêt de travailler de jour ! On voit mieux ce qu’on fait, le personnel est moins fatigué… et on voit venir l’ennemi de loin. De toute façon, c’était ça ou faire le trajet à la merci des avions soviétiques. Lesquels devraient – avec un peu de chance ! – être tenus à l’écart par la Flak locale …
………
Au large de Dantzig, 21h00 – Le Shch-319, ayant repéré le convoi en plongée, fait surface hors de vue pour transmettre l’information à Leningrad.
………
Kronstadt, Leningrad, 23h30 – Les trois destroyers récents de classe Ognevoy, les Okhotnik, Otlichny et Otvazhny, ainsi que les trois type-30 Odaryonnyi, Otverjdyonnyj et Surovoj, tous placés sous le commandement du contre-amiral Fyodor Zozulya et couverts par une vingtaine de vedettes rapides de type D-3, quittent l’arsenal pour aller préparer leur embuscade. Sur le chemin du retour des Allemands, évidemment : car, ici, il ne s’agit pas tellement d’empêcher quelques tonnes de matériel de parvenir à Memel que de couler des navires ennemis pour les empêcher de continuer leur trafic.
Compte tenu des risques de découverte par un avion fasciste – voire par un espion sur la côte – il est prévu que les destroyers passent une grande partie de la journée au large de l’île de Ruhnu, dans le golfe de Riga. C’est à dire hors de portée des jumelles indiscrètes, en attendant le crépuscule pour frapper. Les vedettes ravitailleront pendant ce temps sur la côte ouest de la Courlande, à Ventspils, en moins mauvais état que Liepaja. L’amiral Zozulya est impatient de voir si les nouveaux radars anglais installés sur les trois Ognevoy sont aussi utiles que le prétendent les capitalistes…

Commandos
« Le premier choc ne devait pas tarder. Une dizaine de jours plus tard, un ordre de mission tombait. Reconnaissance, suivie d’une éventuelle destruction : depuis le début des combats en Baltique, et plus encore au fur et à mesure que l’on se rapprochait de la Prusse orientale, le Reich avait mis en place un système de reconnaissance, de défense et de harcèlement basé sur de nombreux petits points de ravitaillement destinés à ses S-Boots et autres bâtiments légers en patrouille. Le procédé n’avait rien de nouveau : les belligérants y avaient déjà eu recours en Roumanie, dans l’estuaire du Danube, et surtout dans les pays baltes, aux côtes très boisées et riches en petites anses abritées. Néanmoins, avec la campagne à venir au printemps 1944, la présence de ces vedettes devenait insupportable, car menaçante pour les plus grandes unités de la Flotte Rouge.
Le commandement soviétique avait acquis la conviction qu’il existait au moins un point de ravitaillement pour vedettes dans l’isthme de l’embouchure du Niémen. La mission de l’équipe Kadurin était donc la suivante : explorer l’isthme en toute discrétion, trouver la base, la saboter et (si possible) détruire ou capturer les vedettes nazies arrivant pour refaire le plein. Le temps de préparer le nécessaire et d’étudier les cartes, l’insertion aurait lieu par sous-marin dans la nuit du 19 au 20 avril. »

(Yuriy Strokhnine, Commandos in the Baltic and Danuba: Soviet Naval Spetsnaz in World War II, Naval Institute Press, 1996)

Hongrie – Ruthénie
Fleur écrasée
Lignes de la 1ère Armée hongroise –
Après une nouvelle nuit de combats n’ayant pas donné beaucoup de résultats – les blindés allemands commencent même à lancer des contre-attaques locales – les forces soviétiques cessent brutalement leurs efforts aux environs de 10h00. Peu à peu, les canons se taisent, les assauts s’interrompent et un calme précaire s’abat sur le champ de bataille. La Heer ne s’y trompe pas… Dès ce soir, elle fera descendre le Wiking de son nid d’aigle du col d’Oujok (où passe la route menant au Danube), et commencera à refaire passer ses Panzerdivisions en seconde ligne – quoique toujours à portée de chenilles des Hongrois, juste au cas où …
A Moscou, le maréchal Staline a fait son choix – et l’Armée Rouge avec lui. S’acharner aussi bêtement dans un secteur au mieux secondaire du front (en tout cas, parmi les plus difficiles) ne présente aucun intérêt. Suivant le conseil de ses maréchaux, il met donc fin à « cette action idiote », dont il est évident qu’elle ne donnera plus rien. Par contre, charge à ces mêmes maréchaux, sitôt de retour à leurs postes, de préparer dans les meilleurs délais de nouvelles offensives qui devront, elles, être aussi dévastatrices que décisives.
L’URSS a donc fait son deuil d’un franchissement brusqué des Carpates. Ce qui revient, de fait, à laisser tomber les Slovaques. Et alors ? On ne va pas se fatiguer pour des Fascistes prétendument repentis !

L’art d’accommoder les restes
Lvov (Arrières du 1er Front Ukrainien, RSS d’Ukraine) –
Le major-général Béla Miklós Dálnoki est désormais l’invité – un peu contraint mais pas totalement prisonnier – des autorités soviétiques. Lesquelles sont très intéressées par les informations que peut leur fournir cet ancien proche du Régent sur les rouages de l’état magyar, et plus encore sur l’influence qu’il pourrait avoir sur les troupes hongroises encore du côté fasciste.
Certes, la tentative de retournement initiée par Budapest n’a pas été une réussite – c’est le moins que l’on puisse dire ! Mais durant les premières heures de ce désormais fameux 13 avril 1944, plusieurs unités de la 1ère Armée ont bel et bien chancelé – et cette dernière compte aujourd’hui deux divisions de moins. Quant à la 2e Armée, le peu qu’on sache sur ce qui lui arrive laisse à penser qu’elle a été encore plus rudement secouée – mais si, ça, c’est l’affaire des Anglais.
Alors, qui peut dire si aujourd’hui, il ne se trouve pas dans la 1ère Armée de valeureux Hongrois revenus de leur erreur et qui voudraient bien déserter ? Non pas vers l’Armée Rouge, bien sûr, mais plutôt vers une authentique armée hongroise en exil, bâtie sur le modèle polonais et commandée par le général Béla Dálnoki ? L’intéressé, qui a déjà pu juger sur pièce de la motivation de ses compatriotes, est toujours en proie à une légitime déprime. Le projet ne lui semble pas particulièrement prometteur – mais il veut prouver sa bonne foi aux Soviétiques et accepte donc. On verra bien !

16 avril
Baltique
Opération Gloire polaire
Festung Memel
Le convoi du Käpitan Zs Werner Lange est arrivé à destination ce matin, comme prévu. Ayant réussi, contre toute attente, à décharger leurs cargaisons sans trop de mal sur des quais ravagés par les cratères d’obus, les cargos SS Mars et Friedrich Bischoff sont désormais vides. Seul incident dans la journée : le passage d’un avion soviétique, haut dans le ciel. Mais le probable repérage de la petite flotte n’a pas semblé mériter un raid aérien.
Au coucher du soleil, les navires repartent donc vers l’ouest, laissant Memel tout aussi en difficulté que la veille – quoique désormais dotée d’une bonne quantité de matériel stocké sur l’isthme, au pied ou presque de la vieille forteresse. Cheminant à 10 nœuds, le convoi devrait d’arriver à Dantzig vers 8h00 le lendemain matin…
………
Au large de Ventspils, 20h00 – Pendant ce temps, la force dirigée par le contre-amiral Fyodor Zozulya descend à 30 nœuds le long de la péninsule de Courlande – pas le régime le plus économique c’est vrai, mais les Type 30 et Ognevoy, qui viennent de retrouver les vedettes G-5, sont capables de donner jusqu’à 37… Le trajet des Fascistes est évident. Ils seront interceptés avant de passer le cap Taran.

Hongrie – Ruthénie
L’art d’accommoder les restes
Lvov (arrières du 1er Front Ukrainien, RSS d’Ukraine) –
Comme gentiment suggéré par ses nouveaux amis soviétiques, le major-général Béla Miklós Dálnoki prononce un discours à la radio, invitant « soldats, sous-officiers et officiers de la 1ère Armée à venir [le] rejoindre dans les rangs de la nouvelle armée nationale hongroise, sous l’égide de l’esprit du Régent ». Cette supplique sera entendue, mais assez peu écoutée – ceux à qui elle est destinée ont déjà fait leur choix. En l’espèce, seul le colonel d’un régiment de la 1ère DI déserte – ou plutôt il essaie. Car le malheureux, rattrapé par ses camarades et livré aux Allemands, sera fusillé dans l’heure.
En réalité, la proclamation de Dálnoki aura surtout un effet… auprès de certains Allemands, et notamment du lieutenant-général Alexander von Daniels, dont les NKFD et BDO pro-soviétiques tenteront les jours suivants de grossir l’événement, afin de semer le trouble dans les relations germano-hongroises en faisant croire au Landser qu’il ne peut plus du tout se fier aux Magyars. Mais ce n’est pas comme si le Landser en question comptait beaucoup sur ses collègues hongrois ! Décidément, c’est la saison des appels inutiles…

Renforts
Grenadiers du peuple
Front de l’Est –
Comme programmé par l’OKH, les 59., 64. et 226. VGD rejoignent la 18. Armee, au HG Nord. Une prochaine fournée est prévue le mois prochain – le Reich continue de faire monter en ligne ses enfants, et jette ses derniers feux à l’est comme à l’ouest.


(1) L’expression est tirée des mémoires de Joukov – au vu des manières habituelles du maréchal, il est possible qu’elle ait été sensiblement moins châtiée…
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MessagePosté le: Jeu Mai 05, 2022 23:28    Sujet du message: Répondre en citant

Je reviens sur le passage du 10 avril :
Citation:
Vu de la forteresse Wilhelm, à l’extrémité de l’isthme de Courlande, le spectacle est terrifiant.

Où se trouve cette forteresse précisément ?
À mon avis, la front n'étant pas allé très loin vers l'est (avec en particulier le port important de Tallinn qui est resté opérationnel côté soviétique même si la LW l'aura sans doute bien matraqué en 1942-43), on a sûrement autre chose à Memel que "quelques 76 mm de prise". Perso, je vois bien des batteries côtières avec 2-3 canons de 150 pour défendre les ports de l'est de la Baltique.

14 avril :
Citation:
Le broiement continue.

Pas très courant comme terme...
Larousse : Broiement / broyage. Les deux termes renvoient à l'action de broyer, mais broyage évoque davantage l'action ou l'opération et broiement son résultat.

Le timing pour Gloire Polaire m'interpelle. Quand les navires soviétiques atteignent-ils le Golfe de Riga ? S'ils y patientent en pleine journée, le risque de détection est forte (U-boot, S-boot, avions).
Je propose que les navires partent plutôt de Tallinn dès que le soleil se couche (pour éviter au moins une hypothétique reconnaissance aérienne allemande, mais il reste les U-boots bien sûr), sans passer par une attente dans le Golfe de Riga, dont les accès doivent être archi-minés ; il vaut mieux passer au large de Hiiumaa/Saaremaa.
Seules les vedettes seraient déjà dans le Golfe de Riga.
Par ailleurs :
- le sous-marin soviétique, s'il se contente de pister la sortie du Golfe de Danzig, ne peut pas savoir si le convoi vise Memel ou juste Pillau/Königsberg (voir même pourquoi pas un assaut sur Libau ou Windau)
- mettons que la probabilité aille pour Memel : les Soviétiques ne peuvent pas savoir quand les navires allemands vont repartir (sachant que l'aviation soviétique serait la mieux placée pour les frapper à l'arrêt). Ils vont soit espérer les coincer en plein déchargement (situation idéale), soit lors du trajet de retour. Donc trajet direct depuis le port de départ.
- je pense que les Allemands ont des cargos qui, surtout à vide, peuvent donner bien mieux que 10 noeuds.
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MessagePosté le: Ven Mai 06, 2022 08:33    Sujet du message: Répondre en citant

Dans l'ordre, sur ce texte validé aussi par nos marins :
1) comme précisé au bout de l'Isthme, de l'autre côté du chenal du port. Elle n'avait rien OTL, elle n'aura rien FTL,
2) C'est justement bien de l'action dont on parle,
3) Le Golf de Riga est assez grand et facile à sécuriser pour qu'on y dégage un chenal. Les avions ... au risque de me répêter, il pleut. A contrario, Tallinn est un nid d'espion Balte,
4) Aucun Convoi Dantzig-Königsberg n'existe - il y a des trains pour ca. Et je ne parle pas d'un assaut amphibie, il faut arrêter les bêtises
Wink ,
5) Dans un port assiégé soumis à artillerie, on ne traine pas. Il pleut, et il est évident que les allemands vont aller vite. Dois-je aussi rappeler que les soviétiques ont vue sur le port ?
- Les Hansa vont 12 noeuds en croisière, pas plus.
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MessagePosté le: Ven Mai 06, 2022 09:32    Sujet du message: Répondre en citant

Aucune remarque, John ? Wink
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MessagePosté le: Ven Mai 06, 2022 14:23    Sujet du message: Répondre en citant

Bon ben la suite alors !

17 avril
Baltique
Opération Gloire polaire – 1ère bataille du cap Taran

Au large du cap Taran, 04h00 – La nuit est froide sur la Baltique – et il pleut des cordes. Malgré la calme chaleur de la passerelle, le Käpitan zS Werner Lange, dont l’Emden ferme la marche de son modeste convoi, est anxieux. Devant lui, ses deux marchands, les Mars et Friedrich Bischoff, suivent l’un derrière l’autre les trois bâtiments de la 5. Torpedobootflottille (Korvettenkapitän Heinrich Hoffmann) déployés en bouclier. Une précaution nécessaire dans ce secteur dangereux, plein de sous-marins rouges ou de vedettes rapides, toujours promptes à frapper avant de fuir dans l’obscurité ! Le flanc tribord est couvert à quelque distance par les quatre petits torpilleurs de la 2. Torpedobootflottille (Kk Konrad Edler von Rennenkampf). Pour le côté bâbord, bien sûr, c’est la terre ferme.
Faute de moyens anti-aériens, Lange a privilégié la rapidité. Sa flottille marche donc au 225, droit vers Gotenhafen, sans chercher à suivre la côte – ce qui aurait peut-être réduit le risque de rencontrer des sous-marins, mais l’aurait davantage exposé à tomber dans un champ de mines, tout en gênant ses manœuvres et surtout en lui faisant perdre un temps précieux. Bien sûr, en surface, il y a toujours le risque d’une interception par des vedettes rapides. Mais ses torpilleurs peuvent les tenir à distance et on ne passe pas loin de Königsberg – au pire, on n’aura qu’à aller s’y réfugier. Quant aux grands bâtiments des Rouges, ils sont tenus en respect par la peur du Tirpitz et (avec de la chance) par les dernières glaces.
Avec un soupir, Lange se demande s’il a bien fait de suivre les consignes de l’amirauté en ordonnant à ses navires de ne pas allumer leurs radars (un FuMo 25 pour le croiseur, un FuMo 28 pour les torpilleurs) de peur d’être détectés. Enfin – ses T-14, T-15 et T-16 ont reçu il y a quelques semaines des détecteurs d’ondes électromagnétiques : un FuMB 4 Sumatra et un FuMB 6 Palau, ainsi qu’un supplément de Flak, à la place d’un de leurs deux affûts lance-torpilles triples. Et eux sont bien allumés !
Lange chasse ses inquiétudes comme autant de mouches importunes. Dans une poignée d’heures, Dantzig sera en vue…
………
Dix nautiques plus au nord, le contre-amiral Fyodor Zozulya lâche ses chiens. Le Soviétique a découplé ses forces en quatre groupes : un des Ognevoy, l’Okhotnik, sur lequel il a mis son pavillon, ira avec les type-30 Odaryonnyi et Otverjdyonnyj frapper de flanc l’escadre fasciste, parfaitement visible sur ses écrans. Les deux autres destroyers dotés de ce cadeau des Anglais, l’Otlichny et l’Otvazhny, feront un crochet par l’est avec le Surovoj, afin de prendre à revers les navires ennemis. Enfin, à distance, les deux escadrilles de vedettes type D-3 auront pour tâche principale de parer à l’arrivée d’éventuels renforts ennemis venant de Königsberg d’une part, de Gotenhafen ou Dantzig d’autre part. Cependant, une fois la bataille commencée, il est prévu que la première se rabatte vers l’est pour compléter l’encerclement.
Sur les navires de la 2. Torpedobootflottille, l’alerte est donnée par les détecteurs de radar. Mais si ceux-ci dévoilent la présence d’un bâtiment équipé d’un radar actif, ils ne renseignent que très vaguement sur la position de l’ennemi et pas du tout sur le nombre de navires. Les commandants des torpilleurs font donc mettre en route leurs propres radars, mais c’est trop tard (1) ! Surgissant de l’obscurité comme trois Hollandais volants, le groupe de l’Okhotnik frappe la flottille de von Rennenkampf de ses douze 130 mm. Le T-3 est immédiatement incendié par le tir très précis de l’Okhotnik. Les deux type-30, dépourvus de radar de réglage de tir, sont moins heureux, et les T-9, T-15 et T-16 répondent avec agressivité en se jetant sur l’ennemi. Ce ne sont certes pas leurs 105 mm (trois à eux trois !) qui peuvent effrayer les Rouges… mais chacun porte six tubes lance-torpilles !
La bravade allemande surprend les Soviétiques. Pendant que le T-3 rompt le combat (il devra être sabordé à l’aube pour ne pas être achevé par des attaques aériennes), l’Okhotnik reporte son tir sur le T-16, mais il est toujours le seul de son groupe à faire preuve de précision. Préférant éviter une mêlée toujours risquée, Zozulya ordonne alors à ses navires de se retirer vers l’est en zigzaguant – il n’est pas là pour encaisser une anguille ! Commence alors une course-poursuite confuse, hachée de part et d’autre par des manœuvres de lancement ou d’esquive de torpilles – aucune de celles-ci ne trouvera sa cible.
Pendant ce temps, sur la passerelle de l’Emden, Lange a très bien compris que le vague cauchemar qu’il écartait il y a encore un instant vient de prendre corps. Ignorant la force exacte de son ennemi, il ordonne, non sans hésitation (il craint la présence d’une autre force ennemie !), à la flottille d’Heinrich Hoffmann d’accélérer et de se porter à toute vitesse au secours de la 2. Flottille, pendant qu’il fait abattre les Mars et Friedrich Bischoff plein sud, vers la côte. De son côté, l’Emden s’efforce de couvrir leurs arrières. Le vieux croiseur de 1921 accélère de son mieux en zigzaguant – Lange a fini par ordonner de mettre en marche son FuMo 25, mais celui-ci ne pourra que l’avertir de ce qui va lui arriver, sans lui permettre de faire grand-chose pour y remédier.
Cinq minutes plus tard, c’est le choc : le vieux croiseur voit arriver à plus de 30 nœuds trois destroyers qui l’arrosent d’obus de 130 mm – douze tubes, auxquels Lange ne peut riposter qu’avec six de ses huit 150 mm (2) . L’Emden se bat assurément de son mieux, mais subit une véritable correction – il est vrai que sa ceinture blindée ne dépasse pas 50 mm. Le vieux bâtiment riposte pourtant ! Il touche même le Suvoroj à la proue, sans réduire pour autant ses capacités combatives.
Pendant ce temps, plus au nord, la 5. Torpedobootflottille arrive à près de 40 nœuds à la rescousse de von Rennenkampf. Apercevant les destroyers de Zozulya et les prenant apparemment pour des croiseurs légers, Hoffman fait alors tirer une salve complète de 15 torpilles (quinze seulement, rappelons que le T-14 a perdu l’année précédente un affût triple). Mais l’approche des trois navires a été signalée par radar, et leur changement de cap marquant le lancement est observé – Zozulya décide aussitôt qu’il est temps de tourner les talons et de filer au plus vite. Chacun dans la Flotte du Drapeau Rouge se rappelle ce qui est arrivé à Vladimirskiy quand il avait dû expliquer la perte du vieux Krasnyi Krym (3) ! Et les Ognevoy, Odaryonnyi et Otverjdyonnyj s’éloignent dans la nuit vers le nord-est.
Les six torpilleurs survivants ont un instant de confusion – faut-il pourchasser l’ennemi en fuite ? Evidemment non, car au même moment, l’Emden est à la dernière extrémité !
En effet, ses trois bourreaux ont finalement porté le coup de grâce. Touché par au moins deux des douze torpilles type 53-38 qui le visaient, le vieux croiseur accuse très rapidement une gite de 15°, tandis que sa vitesse tombe à 5 nœuds… puis à zéro. Désemparé, il est évident qu’il n’en a plus pour longtemps. Il va chavirer et couler à 04h27, après avoir semble-t-il réussi à limiter les voies d’eau et à relancer une de ses machines pour se rapprocher de la côte, peut-être pour s’échouer sous le couvert des batteries côtières. Le tout pendant que les Okhotnik, Otlichny et Otvazhny s’acharnaient sur lui, tuant une bonne partie de son équipage qui aurait peut-être pu évacuer… Il y a moins de cinquante survivants, Werner Lange n’en est pas.
Fyodor Zozulya est évidemment informé de cette bonne nouvelle, mais il en reçoit presque en même temps une mauvaise : l’une des chaudières à soufflage de l’Otvazhny (4) est tombée en panne. Le bâtiment ne peut plus donner que 20 ou 22 nœuds… et ses deux équipiers l’attendent au lieu de foncer vers le sud massacrer les cargos sans défense ! Réfrénant sa colère, le contre-amiral songe que les adversaires qu’il a semés vont aller secourir le croiseur (il ignore que ces bâtiments n’ont plus guère de torpilles). Il ordonne donc la retraite de ses précieux destroyers. A présent que l’escorte est détruite ou dispersée, les vedettes rapides ne sauraient manquer de couler à elles seules ces cargos fascistes, n’est-ce pas ?
Mais non. Les chefs des deux escadrilles, mal coordonnés et tous deux persuadés que c’était à l’autre de mettre le cap à l’est pour assaillir le convoi, sont d’abord restés dans l’expectative… Et quand l’un des deux s’est décidé, il était déjà trop tard. Enfin – trop tard pour le convoi. Mais pas trop tard pour tomber sur le pauvre T-14, lâché par sa turbine à haute pression, laquelle n’a pas supporté le sprint nécessaire à courir sus aux Rouges ! Le torpilleur immobilisé sert de cible d’entraînement aux Soviétiques… à ceci près que la Flak supplémentaire qu’on lui a récemment installée se déchaîne ! Il emporte avec lui l’une des G-5, qui s’est trop rapprochée pour assurer sa visée.
Au lever du soleil, le calme revient enfin sur la Baltique. Mais le mauvais sort n’a pas fini de s’acharner sur la petite escadre de Werner Lange. En vue de la Prusse Orientale, alors qu’il se croyait sauvé, le Friedrich Bischoff est secoué par une explosion. Il coule – assez lentement toutefois pour permettre à son équipage d’évacuer. Un sous-marin ? Non, une mine : aucun Loup rouge ne revendiquera cette destruction. Peut-être même une mine allemande, dont les environs de Königsberg ont été truffés – mais on ne le saura jamais avec certitude.
………
Kiel, 07h00 – Alors qu’au même moment, les marins soviétiques victorieux remontent vers Leningrad, les services de l’amirauté allemande apprennent le désastre qui vient de frapper le convoi Lange. Un croiseur (vieux mais qu’importe), deux torpilleurs et un transport perdus contre… pas grand-chose en face ! C’est un désastre – pire, un affront.
Karl Dönitz sent déjà qu’on va lui demander pourquoi il a tant insisté pour remettre en état le Tirpitz. Et qu’il ne sera pas entendu s’il cherche à expliquer qu’il ne voulait pas risquer son cuirassé pour chaque petit convoi de ravitaillement ! Le Grand Amiral décide donc de tenter de faire de ces pertes quelque chose de douloureusement utile. Le courage des marins du Reich n’est pas en cause. Il n’est qu’à voir le destin de l’Emden, qui s’est courageusement sacrifié afin de tenter de sauver les transports – et qui a d’ailleurs réussi en partie. Non – le problème, c’est les moyens, donc la stratégie. Et Dönitz de commencer à préparer, en toute discrétion, un plan pour évacuer Memel, qu’il compte bien présenter en personne à Hitler.
………
15h15 – Ce projet n’ira pas bien loin… Avant la fin de l’après-midi, sitôt qu’il apprend les résultats de la bataille de cette nuit, le Führer décide de téléphoner lui-même à l’amiral. Parlant avec cette nervosité et ce ton rapide qui semble devenir peu à peu la norme depuis ce funeste 15 mars, Hitler comprend tout de suite où son subordonné veut en venir. Et il lance sur un ton sans appel : « Dönitz, si vos bateaux peuvent emmener des troupes d’est en ouest, elles peuvent aussi le faire d’ouest en est. La perte de la Festung Memel serait inacceptable, vous m’entendez ? Il faut donc renforcer sans délai cette ville. Elle fait partie du Reich – nous devons donc la défendre comme si nous défendions Frankfort ou Breslau ! »
Evidemment, le Grand amiral du Reich ne peut qu’obéir – son poste, ainsi probablement que la survie de tout ce qui reste de sa marine de surface, en dépendent. Le dossier d’évacuation de Memel part à la corbeille. Mais Dönitz réussit tout de même à obtenir cinq jours de délai pour organiser une véritable flotte de transport de troupes, ainsi que le principe d’une relève qui permettra de sortir de là le Marine Abteilung Lesewitz… Et la 18. Luftwaffen-Feld-Division ? Ah, que la Heer et Göring se débrouillent !

(1) Les composants électroniques de ces appareils sont des triodes, des pentodes et autres tubes. Il leur faut un temps de chauffage pour être opérationnels, comme pour les postes de TSF de jadis et les télés de naguère.
(2) Son artillerie principale, huit pièces de 15 cm L/45 sous masque, est disposée comme celle des croiseurs légers de la Première Guerre : quatre pièces axiales (deux superposées en chasse et deux superposées en retraite), et quatre pièces latérales, deux de chaque bord.
(3) Torpillé par le sous-marin roumain Delfinul le 4 août 1943, le vieux croiseur s’était traîné jusqu’à Odessa, où il avait été déclaré irréparable et ferraillé après la guerre.
(4) Ce système n’était plus utilisé dans les autres marines depuis les années 30, du fait d’une très grande sensibilité aux secousses, notamment dans le cas d’un near-miss. Or, les soudures industrielles soviétiques furent toujours très perfectibles…
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MessagePosté le: Ven Mai 06, 2022 14:41    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
1) comme précisé au bout de l'Isthme, de l'autre côté du chenal du port. Elle n'avait rien OTL, elle n'aura rien FTL,

OK, c'est juste que je n'arrive pas à la situer.
demolitiondan a écrit:
2) C'est justement bien de l'action dont on parle,

Donc broyage ?
demolitiondan a écrit:
3) Le Golf de Riga est assez grand et facile à sécuriser pour qu'on y dégage un chenal. Les avions ... au risque de me répêter, il pleut. A contrario, Tallinn est un nid d'espion Balte,

FTL, Tallinn n'a jamais été prise par les Allemands, ni même approchée. Aucun doute que les Soviétiques auront eu le temps de faire le ménage (OTL, annexion en août 1940 et prise par les Allemands en septembre 1941).
demolitiondan a écrit:
4) Aucun Convoi Dantzig-Königsberg n'existe - il y a des trains pour ca.

Sauf qu'un convoi naval est beaucoup efficace en termes de tonnage et que les VF en Prusse orientale doivent être dans un sale état.
demolitiondan a écrit:
5) Dans un port assiégé soumis à artillerie, on ne traine pas. Il pleut, et il est évident que les allemands vont aller vite. Dois-je aussi rappeler que les soviétiques ont vue sur le port ?

Du coup, les navires russes attendent d'avoir l'info que les Allemands lèvent l'ancre pour sortir du Golfe de Riga ?
Et aucun U-Boot ne les voit entrer puis sortir plusieurs heures après du Golfe de Riga ?
demolitiondan a écrit:
5- Les Hansa vont 12 noeuds en croisière, pas plus.

Tu as par exemple le Franken, navire de soutien de classe Dithmarschen, qui monte à 21 noeuds (OTL, opère en Baltique en soutien des navires de guerre allemands, pour l'appro en fuel, munitions, vivres, pièces détachées).
On peut trouver plein d'autres navires plus rapides, cf. ces deux liens et d'autres à suivre depuis ces pages :
https://en.wikipedia.org/wiki/Baltic_Sea_campaigns_(1939%E2%80%931945)
https://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Hannibal
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MessagePosté le: Ven Mai 06, 2022 14:48    Sujet du message: Répondre en citant

1) Juste à la pointe,
2) si tu veux,
3) Et la traditionnelle paranoïa stalinienne, en plein milieu d'une campagne contre les frères de la Forêt ?
4) Sauf qu'un convoi naval est environ 10^9 fois plus risqué - on ne va pas prétendre faire passer des navires sous les sous-marins pour gagner du temps,
5) Ben oui. Quant aux U-boats, c'est effectivement un risque. Comme ailleurs d'ailleurs. Mais la force de frappe SOV est loin d'être seule !
6) on a aussi beaucoup plus de pertes qu'OTL, avec du carburant en moins (la Roumanie est plus là - tiens ca met aussi de l'eau au moulin du point 4 ...), et qu'on ne va pas faire un express à chaque fois. C'est de la routine, pas de l'exceptionnel.
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