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Le Front Russe, Avril 1944
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Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Le front russe
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Ven Avr 22, 2022 22:50    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Citation:
Fregaton a écrit :

loic a écrit:
Par contre, je ne sais pas combien de temps le navire doit être immobilisé pour remplacer la propulsion (6 mois ?). Ce temps a manqué OTL, mais FTL ce n'est pas le cas.

Pour transformer une propulsion vapeur en propulsion diesel (ça s'est fait pour certain paquebots) tu comptes pas loin d'un an. Un peu moins peut-être parce que quand on est en guerre ça peut aller plus vite selon les priorités mais ,à la louche, au doigt mouillé, je dirais 9 mois minimum.


Lors de la refonte de 1933 (changement des chaudières), l'Emden a été désarmé le 1er avril 1933 et a été ré-admis au service le 29 septembre 1934 soit quasiment dix-huit mois.
Pour remplacer l'ensemble de l'appareil moteur et évaporatoire, il faut démolir les superstructures, ouvrir le pont blindé, sortir turbines, réducteurs, chaudières et tous les auxiliaires, installer le nouvel ensemble turbines-réducteurs-chaudières-auxiliaires avec peut-être une reprise des cloisonnements des compartiments pour s'adapter aux mesures des nouveaux équipements, refermer le pont blindé et reconstruire les superstructures. On est reparti sur les mêmes délais en croisant les doigts pour que la RAF ne perturbe pas trop les travaux voire inflige des dégâts au bâtiment par quelques bombes au but.
Et pour quel résultat : passer de 46.500 CV à 65.000 ou 68.000 CV et de 26 à 32 nds. Jouable en temps de paix quand on a le temps mais là on est en guerre avec une flotte au sein de la quelle les grandes unités sont à la peine et qui ne peut plus peser à l'ouest face à la RN qui monte en puissance et
fait peser une menace sur la défense de la Norvège (c'est ce que l'Adolf croit, don c'est vrai). De plus la KM va devoir s'engager à l'est dans l'optique de Barbarossa face à la Flotte de la Baltique qui n'est pas négligeable même si ses capacités tactiques sont moindres que celles de la KM.
Perso, je n'en vois pas l'intérêt surtout que la production de vapeur à haute pression a été un souci constant pour les mécaniciens des croiseurs de la KM car l'ensemble chaudières-turbines était très délicat et nécessiter des soins constants pour éviter des avaries.
Passer à une propulsion diesel est une autre optique mais je ne sais pas si les ensemble diesel des trois Graf Spee sont à classer dans la catégorie "réussite" malgré la maîtrise de l'industrie allemande dans le domaine des moteurs diesel. De toute façon, ça ne diminuera pas ni l'ampleur des travaux ni la durée de l'immobilisation. Et le gain de vitesse ne sera que de deux ou trois nœuds.
@+
Alain
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loic
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MessagePosté le: Sam Avr 23, 2022 09:07    Sujet du message: Répondre en citant

Effectivement, c'est un chantier conséquent. Cela ne veut pas dire pour autant que les Allemands ne vont pas s'y engager ; la rationalité dans le processus décisionnel - surtout nazi - n'est pas toujours de mise ! Voir par exemple le cas du Seydlitz OTL dont la construction a été stoppée alors que le navire était à 95% d'achèvement.
L'indisponibilité de l'Emden pour son rôle de navire-école peut être provisoirement compensée par un des autres CL qui se tourne les pouces du fait que Barbarossa est repoussé d'un an.

Les travaux en 1941-1942 seraient à l'abri de la RAF s'ils se déroulent à Danzig ou Gotenhafen.

Enfin, les Allemands n'ont pas hésité à mettre le navire en chantier 6 mois, de juin à novembre 1942 (à Wilhelmshaven, d'ailleurs), alors que la guerre avec l'URSS battait son plein Certes, la flotte soviétique était alors quasiment neutralisée. Mais la situation serait finalement assez comparable si les hostilités ne sont pas encore déclenchées, non ?
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En principe (moi) ...
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Sam Avr 23, 2022 10:46    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Loïc,

Les plans de l'Emden ont été dessinés en fonction de sa mission principale : accueillir 162 élèves officiers. Les concepteurs ont prévus des postes en conséquence ainsi que des locaux pour les cours théorique car l'utilisation des différents appareils du bord nécessite un rappel théorique avant d'en confier la conduite à des élèves.
Toutes choses qui manquent sur un croiseur "normal".
Quant après la guerre de 14/18, on a reconverti les vieux Patrie et République en bâtiment école, on a dû enlever les deux tourelles de 305 pur construire leur place deux locaux pour l'instruction en complément de ceux aménagés dans l'entrepont. Les élèves étant logés dans les postes libérés par une partie des canonniers et d'autres matelots de diverses spécialités moins nombreux vu le nouvel usage des bâtiments.
Là on doit conserver les autres croiseurs avec tous leurs moyens de combat. Donc aucune transformation possible. La seule solution est de diviser l'effectif de la promo en quatre bordées de 40. Il faut 4 postes à récupérer sur l'équipage soit deux croisières avec deux croiseurs pour en caser une bordée sur chaque.
Les croisières d'application seront réduites à faire des ronds dans l'eau en Baltique. De toute façon, c'était déjà la norme depuis la déclaration de guerre.
Beaucoup de contraintes pour un gain que je trouve minime mais bon la pensée nazie a ses raisons que la raison ignore !

@+
Alain
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 10:26    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé pour l'entr'acte… Je poste aujourd'hui les 11 et 12 avril Front Russe - Europe occupée - Fabrice(s).


11 avril
Baltique
Matraquage
Festung Memel
– Reprise des bombardements sous un ciel de moins en moins couvert – à ceci près que l’acier a succédé à la pluie. L’amélioration du temps a de surcroît une conséquence tangible : la 13e Armée Aérienne de Sergei Rybalchenko est de sortie ! Et elle s’en donne à cœur joie, faute de la moindre couverture assurée par la Luftwaffe, réduisant un peu plus encore en cendres les positions allemandes sous le regard dépité des fantassins de l’aviation allemande, qui ont connu des cieux plus favorables. Une fois encore, Memel appelle à l’aide – elle est ville du Reich, oui ou non ?

Guerre aérienne
Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Moscou
« Sauvage, Marchi et moi, nous avons la même chambre au Savoy. L’hôtel est luxueux. Il y fait très chaud. On commence à retrouver notre assurance. Et voilà que le téléphone sonne.
– Vas-y Marchi, réponds, dis-je.
– Réponds quoi ?
– Bien, donne le numéro de la chambre.
– C’est lequel ?
– Le 17.
– Et ça se dit comment 17, déjà ?
– Siemnatsat.
– Siemnatsat… dit Marchi au téléphone.
C’est une jeune fille qui baragouine à l’autre bout du fil des phrases inintelligibles. Une voix charmante : Marchi commence à faire des ronds de jambe. Il répète à plusieurs reprises Siemnatsat avec des modulations éprouvées. Dix minutes après, on frappe à la porte. Nous ouvrons. Et deux charmantes jeunes femmes russes entrent, rieuses, enjouées, sans fard, habillées très simplement. Nous n’arrivons pas nous rappeler un seul mot, même en nous aidant de notre dictionnaire, notre “Slavar”. C’est tellement inattendu, stupéfiant. Elles rient de plus belle et arrivent quand même à nous faire comprendre qu’elles sont nos… mentors, chargées de nous diriger dans Moscou.
– Padiom Kultur Park (Allons au parc culturel) proposent-elles tout de suite.
Ce doit être l’itinéraire classique, un peu comme le triangle Tour Eiffel-Arc de Triomphe-musée Grévin à Paris.
Le Kultur Park ressemble moitié à Hyde-Park, moitié au bois de Boulogne. Il s’étale sur les bords de la Moskowa et, entre ses bosquets, sont exposés des trophées de guerre pris aux Allemands : tanks, canons, avions, jusqu’à des voiturettes de ravitaillement, des armes légères, des équipements. Il y a même du matériel… français ! »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)


12 avril
Baltique
Matraquage
OKH, bunker Maybach I (20 km au sud de Berlin)
– Prenant acte de la dégradation visible de la situation à Memel, l’OKH ordonne à la Kriegsmarine de constituer et d’envoyer au plus tôt un second convoi à destination de la Festung. Celui-ci devra livrer à Wolfgang Erdmann canons, munitions, matériel de soin et autres fournitures bien nécessaires au Landser gavé d’obus rouges. Compte tenu de l’urgence comme des capacités de transport limitées de la KM en Baltique, il est aussi décidé de surseoir pour l’heure au transfert de la 237. VGD vers la Festung. En attendant de voir l’évolution de la situation. Voire de décider d’évacuer – mais cela, les généraux allemands ne sauraient bien sûr l’exprimer qu’en tout petit comité.

Guerre aérienne
Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Moscou – 
« Au Kultur Park, je fis la connaissance d’une marchande de pivo (bière). Une fameuse luronne ! Au second rendez-vous, cette Mme Angot russe, taillée en hercule, me traîna, quasiment de force, moi, pauvre loque misérable, grelottante et muette, jusque chez elle. Une seule chose m’intéressait. Une bonne ration de pivo (introuvable en 44) d’abord, et de vodka ensuite. C’est ainsi que j’entrai pour la première fois de ma vie dans un intérieur russe. Aujourd’hui, ce qui m’étonne encore, c’est qu’après avoir lampé pivo et vodka, j’aie pu, sans plus savoir bredouiller un seul vrai mot de russe, sans connaitre l’adresse de mon hôtel, et vêtu du plus étrange des uniformes, revenir du fin fond de la banlieue de Moscou jusqu’au douillet Savoy. »
(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)

Partisans… et autres
Pudeurs ukrainiennes
Un village perdu en Ukraine
– Après avoir longuement fait mine de réfléchir à la question, Andriy Melnyk rejette finalement l’amicale requête de former « un comité politique germano-ukrainien, base d’une future alliance ». Il ne se sentirait pas prêt, pas représentatif… et les circonstances ne s’y prêteraient pas. En réalité, Melnyk a surtout vu venir de très loin l’escroquerie (1). De toute façon, entre les nationalistes ukrainiens et le Reich, il est désormais évident que retrouver la confiance est impossible – si tant est qu’elle ait existé un jour !
Evidemment, ce refus aura des conséquences sur la manière dont Berlin considère l’aide qu’il est souhaitable d’apporter aux indépendantistes ukrainiens. Toutefois, le RSHA n’envisage pas de stopper toute collaboration et de renvoyer Bandera et ses amis à Sachsenhausen. Ils ne coûtent pas bien cher à nourrir, en tout cas toujours moins que ce qu’ils peuvent apporter. Et puis, avec le temps, peut-être reviendront-ils à de meilleurs sentiments ? Sous la pression des événements, par exemple, quand l’Allemagne sera l’ultime rempart de la Nouvelle Europe face à la vague bolchevique. A cette heure décisive, on verra bien si les Ukrainiens auront encore des pudeurs de gazelle !

Note
1- Il est significatif que, dans leurs mémoires respectifs, Bandera comme Melnik partagent (sans s’être concertés !) la même analyse de la situation, pour en tirer les mêmes conclusions. Comme le notera avec amusement l’historien américain John Armstrong, la seule différence entre leurs récits réside dans le fait que tous deux s’attribuent le mérite de n’avoir pas collaboré à cette époque, chacun étant d’évidence persuadé que c’est sa seule décision qui a été déterminante !


Dernière édition par Casus Frankie le Mer Avr 27, 2022 11:27; édité 2 fois
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John92



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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 11:22    Sujet du message: Répondre en citant

...
Et elle s’en donne à cœur joie, faute de la moindre couverture assurée par la Luftwaffe, réduisant un peu plus encore en cendres les positions allemandes sous le regard dépité des fantassins de l’aviation (des fantassins dans l’aviation ? j’ai dû rater un truc ou alors c’est une erreur)allemande, qui ont connu des cieux plus favorables.
...
Après avoir longuement fait mine de réfléchir à la question, Andriy Melnyk rejette finalement l’amicale requête de former « un comité politique germano-ukrainien, base d’une future alliance ». Il ne se sentirait (petit doute sur la concordance des temps. Se sent ? car il rejette ?) pas prêt, pas représentatif… et les circonstances ne s’y prêteraient pas. En réalité, Melnyk a surtout vu venir de très loin l’escroquerie.. (manque un espace et un .).
...
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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 11:29    Sujet du message: Répondre en citant

@ John
1) Mais oui, des fantassins de l'aviation : Göring avait fait lever plusieurs divisions d'infanterie, fort médiocres, qui s'ajoutaient à "sa" division blindée, qui, elle, était de qualité.

2) C'est un conditionnel pour indiquer le doute des auditeurs… "Il ne se sentirait" au lieu de "Il prétend qu'il ne se sent".

3) En fait, j'avais oublié une note ! J'ai corrigé.
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John92



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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 13:32    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
@ John
1) Mais oui, des fantassins de l'aviation : Göring avait fait lever plusieurs divisions d'infanterie, fort médiocres, qui s'ajoutaient à "sa" division blindée, qui, elle, était de qualité.

a) Je note pour plustard
b) Du coup, petite remarque: il n'y a que l'infanterie de la Luftwaffe qui défend Memel (surtout si fort médiocre)?
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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 13:46    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
b) Du coup, petite remarque: il n'y a que l'infanterie de la Luftwaffe qui défend Memel (surtout si fort médiocre)?


Extrait de l'OdB au début avril :
* Groupe Memel (ex-Courlande) (Wolfgang Erdmann)
- 18. Luftwaffen-Feld-Division (Wolfgang Erdmann)
- Marine Abteilung Lesewitz (KK Louis Lesewitz) [formée autour des troupes de marine de Libau et Ventspils, cette unité dispose de quelques pièces antichars légères et de blindés SdKfz 222]
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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 19:47    Sujet du message: Répondre en citant

Casus, pourquoi " prolétaires aviateurs de tous les pays..."" est en bleu au 11 avril, mais pas au 12 ?
Je pinaille...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Avr 27, 2022 21:13    Sujet du message: Répondre en citant

Parce que j'oublie parfois des enrichissements !
Mais les couleurs sont bonnes sur l'original et le seront dans la version archivées.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 09:52    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques explications…
Toutes les rubriques ont avancé jusqu'au 12 avril 44 inclus.
Plusieurs sont allées plus loin. Mais toutes ne sont pas déjà rédigées jusqu'à la fin du mois. Ce qui suit, sur le Front Russe, va parfois faire allusion à ce qui se passe dans les Balkans par exemple et cela pourra sembler bizarre. Désolé. Mais les textes en question suivront !



13 avril
Hongrie – Ruthénie
De la marguerite d’acier au poing blindé
QG de la 1ère Armée hongroise, Szarvasháza (Ruthénie), 05h00
– La déclaration par le régent Horthy de la neutralité de la Hongrie – que certains pourraient considérer comme une capitulation – explose comme une grenade. Le major-général Béla Miklós Dálnoki, à peine réveillé (il ne dormait guère, comme pris d’un mauvais pressentiment…), fait sonner le clairon et tente de préparer son armée à une inévitable réaction allemande.
Plus facile à dire qu’à faire ! Dálnoki n’anticipait pas – c’est bien dommage – une évolution aussi rapide de la situation. Et sa troupe, déployée sur pas moins de 130 kilomètres et coupée en deux pour défendre pas moins de quatre vallées et trois cols, n’est pas vraiment à même de se reconcentrer rapidement. Plus grave encore, de son point de vue : lui, Béla Dálnoki, est à Szarvasháza, à soixante kilomètres de la plupart de ses troupes… et à quarante des chars allemands se trouvant à Munkács. Il peut donc à tout moment voir surgir devant sa tente un peloton de Panzermanner énervés ! Et ce n’est pas la 1ère Division de cavalerie hongroise (Antal Vattay) – valeureuse, globalement loyale et proche de son QG, mais… bien esseulée ! – qui va le défendre. Aussi, sans perdre plus de temps, le major-général hongrois prépare son rapide déplacement vers le front et les lignes soviétiques. Du côté du 6e ou du 8e Corps d’Armée ? Cela dépendra de leurs réactions…
………
QG des Panzerdivisions allemandes en Hongrie (Munkács Huszt), 05h30 – Les généraux Wend von Wietersheim, Helmutt von der Chevallerie et Hans Källner (11., 13. et 19. Panzer) reçoivent par radio de Berlin un bref ordre codé : « Exécutez Panzerfaust ! » Tous trois savent ce que cela veut dire : la contrainte en douceur de Budapest a échoué. Il ne reste que la force – autant que de besoin, jusqu’à désarmer les Hongrois pour s’assurer surtout des cols qu’ils défendent. Pas de temps à perdre ! Panzer Marsch, les Leopard bondissent vers le nord, en laissant à d’autres le soin de s’assurer du cœur de la Hongrie.
………
QG du 6e CA hongrois (Tourka), 05h35 – Du côté du major-général Ferenc K. Farkas, les choses sont tout aussi claires. L’homme est un patriote loyal au Régent, oui… Mais c’est aussi un farouche anticommuniste (2), qui a héroïquement défendu la route du col d’Oujok sans ménager le sang de ses hommes. Et il sait une chose : le Régent a voulu lever un maximum de divisions afin de défendre la Hongrie éternelle, mais il n’a pas non plus souhaité trop aider les Allemands. Cette réserve a une conséquence tangible : il manque un régiment à chacune des divisions qui se trouvent sur le front des Carpates. En outre, celles-ci ne disposent que de la moitié environ des armes antichars et mitrailleuses de leurs homologues allemandes, pour un dixième de leurs transports motorisés. Et pourtant, la Heer n’est plus ce qu’elle fut…
Au surplus, ses trois divisions sont étirées sur 40 kilomètres, pour défendre trois vallées à hauteur de Spas, Pidmonastyrok et Boryslav. Impossible de les concentrer dans l’instant, même si, d’aventure, il le voulait. Disons-le franchement – Farkas ne croit pas possible de résister aux Allemands et ne souhaite pas le faire au bénéfice des Rouges. Toutefois, il ne désire pas non plus tirer sur ses compatriotes. Alors, le major-général décide de camper tranquillement sur ses positions pour défendre la Hongrie éternelle, en laissant Dálnoki se débrouiller seul.
………
QG du 8e CA hongrois (Plav’ya), 05h35 – Pour le major-général Jenö Halmaji Bor, les choses ne sont pas beaucoup plus simples. Sa troupe, divisée en deux forces égales pour défendre les cols de Verecke et Torun (5e DI, 1ère Brigade de Montagne d’un côté, 8e DI, 2E Brigade de Montagne de l’autre) n’est pas davantage à même de résister aux Allemands que le 6e CA. Militaire compétent mais sans éclat, Bor choisit finalement d’attendre et de voir venir. Ce qui va bien à ses généraux d’ailleurs – de fait, tous sont soit dans le même état d’esprit, soit ouvertement pro-allemands.
………
Lvov (arrières du 2e Front Ukrainien), 6h00 – La nouvelle radiodiffusée de la capitulation hongroise surprend également au sortir du sommeil 2e Front Ukrainien d’Ivan Bagramian – lequel n’a pas reçu d’ordres de Moscou pour ce cas de figure. A vrai dire, on attendait plutôt des nouvelles des Slovaques… Heureusement, son voisin le maréchal Aleksandr Vassilievski, lui aussi au contact des Hongrois, est justement dans le coin – après un court conciliabule avec lui au téléphone, il est décidé… de contacter la Stavka pour définir la marche à suivre. Certes, Antonov et Chtemenko répondent immédiatement, mais on n’en finit pas de perdre du temps. La réforme du commandement de l’Armée Rouge imposée par Staline le mois dernier vient de faire ses premières victimes.
………
QG de la 1ère Armée hongroise, Szarvasháza, 07h30 – Alors que le soleil se lève sur un camp en plein chaos, le major-général Béla Miklós Dálnoki n’arrive toujours pas à mobiliser son armée, ni même à savoir précisément quelles forces il a à sa disposition. Au 8e CA, Jenö Bor ne répond pas. Au 6e CA, Ferenc K. Farkas garantit certes à Dálnoki « la sécurité dans ses lignes » mais refuse de se porter vers le sud en abandonnant ses positions face aux Rouges. Pourtant, ses hommes pourraient tout à fait descendre vers son chef et prendre position sur les cols d’Oujok et Verecke pour les défendre face aux Allemands ! Tout cela ne sent décidément pas très bon… Mais Dálnoki n’a plus le choix – il a brûlé ses vaisseaux en ordonnant la mise en alerte il y a deux jours, et le Régent en a fait autant. Alors… direction Tourka et le QG de Farkas avant qu’il soit trop tard – même s’il est probable qu’il y ait des désertions en chemin.
De fait, Antal Vattay (1ère DC) lui-même n’est pas particulièrement heureux de monter vers la Pologne. C’était lui qui commandait la force territoriale très récemment mis à disposition du Reich lors des événements de Varsovie. Et même s’il n’est pas resté bien longtemps là-bas (cinq jours à peine, le temps de se faire remarquer pour sa « complaisance » envers une Armée secrète qui exploitait volontiers les trous béants laissés à dessein dans ses lignes…), il se doute que là-bas, on ne l’accueillera sans doute pas avec des roses. Enfin, il reste loyal au Régent. Et il tient sa troupe, c’est déjà ça.
………
Lvov (arrières du 2e Front Ukrainien), 7h30 – Réunis sur une même ligne téléphonique, Bagramian, Vassilievski et Antonov conviennent que l’affaire dépasse le cadre purement militaire. Aller ainsi vers les Hongrois, c’est d’abord prendre le risque de rencontrer une résistance, peut-être affaiblie par la récente volte-face de leur gouvernement mais toujours possible. Néanmoins, c’est aussi et surtout accepter leur repentir tardif – donc pardonner leur attitude passée.
Encaisser des pertes, c’est admissible. Mais frayer avec des Fascistes, c’est dangereux. Alors, mieux vaut être certain avant d’agir. Le général Chtemenko est allé voir Staline, lequel ne dormait pas, de toute façon. On attend sa décision. D’ici là, les 1er et 2e Fronts Ukrainiens vont se préparer à un assaut – d’infanterie, évidemment. Inutile de secouer les Magyars au 122 mm si d’aventure le Vojd décidait d’accepter leur changement de camp…
………
Kremlin (Moscou), 7h45 – Le général Serguei Chtemenko est introduit dans le bureau du Petit Père des Peuples, lequel est évidemment tout sourire au vu de cet énième heureux événement. Staline sait pourquoi on vient le voir – il a donc décidé de faire court. Les 1er et 2e Fronts Ukrainiens doivent se porter sans tarder au-devant des lignes hongroises, pour les désarmer avec toute la vigueur nécessaire avant de poursuivre vers le sud. « Nous allons pouvoir anticiper sur Cluj-Debrecen, mon cher Serguei ! Sans rien avoir eu à faire ! Excellente nouvelle. »
Staline est tout heureux et même enthousiaste – rien d’étonnant, la défection d’Horthy ne saurait qu’affaiblir encore davantage l’Axe. Pourtant, et contrairement à son habitude, il ne fixe pas d’objectif spécifique et ne dépêche pas non plus de troupes supplémentaires. Sans doute le maréchal ne fait-il pas complètement confiance à la déclaration du Régent et n’est-il pas certain des chances de succès de la manœuvre. Mais cela ne coute rien d’essayer d’en profiter.
………
QG de la 1ère Armée hongroise, Szarvasháza, 09h30 – Dálnoki et son état-major lèvent le camp dans la précipitation et partent vers le nord. On a repéré des éléments motorisés allemands traversant Szolyva, soit à 20 kilomètres à peine. Même ralentis par les gorges, la météo, et le désarmement des polices locales (qui ne résistent absolument pas !), ils peuvent être ici dans une heure ou deux. La 1ère Division de Cavalerie embarque donc tous ceux qui le veulent dans ses camions, voitures et… carrioles, pour filer vers le col de Verecke avant qu’il ne soit trop tard.
En partant, Béla Miklós Dálnoki tente un dernier coup de dé : face à la passivité de ses subordonnés, il lance un message en clair à la radio, à destination de… tous ceux qui peuvent l’entendre : « Soldats et officiers de l’armée hongroise ! En cette heure terrible, rappelez-vous votre serment ! Obéissez au Régent, affrontez l’ennemi allemand ! Et si demain, la bataille devenait inégale, allez chercher refuge dans les lignes des Nations alliées pour pouvoir, demain, reprendre la lutte. Servez la régence, défendez la Hongrie ! »
C’est dire la déconfiture de la 1ère Armée hongroise : son chef en est réduit à s’adresser ainsi à tous ses soldats. Mais il est trop tard pour avoir des regrets. Le major-général coiffe son képi, enfile son manteau porteur de la Croix de Vitez puis prend sa voiture. Une Mercedes… désagréable, mais c’est ainsi. En claquant la portière, il ne peut s’empêcher de remarquer que son QG semble déjà compter moins d’hommes qu’hier…
09h45 – Départ sous la pluie de la 1ère Division de Cavalerie et de l’état-major de la 1ère Armée hongroise. Antal Vattay laisse à Szarvasháza une poignée d’éléments volontaires pour retarder les panzers au moins quelques heures. Même s’il n’y croit guère – parmi ces volontaires, il se doute bien qu’il se trouve un grand nombre de sympathisants du Reich… ou de lâches, lesquels auront vite fait de se rendre à la vue du premier Landser. Mais a-t-il le choix ? Rester c’est périr. Faire le tri dans ses hommes, c’est faire périr les meilleurs… Il y a 12 kilomètres jusqu’à Verecke et 60 jusqu’à Tourka. Avec un peu de chance (et en abandonnant une bonne partie du matériel lourd !) on y sera cette nuit…
………
Lignes des 1er et 2e Fronts Ukrainiens, 10h00 – Après un tir de barrage de… haut-parleurs destiné à expliquer aux Magyars que, pour eux, la guerre est finie, les forces soviétiques s’avancent en colonnes motorisées vers les lignes magyares. Pour cette opération aussi opportuniste qu’improvisée, des éléments de trois formations sont immédiatement engagés : 3e Armée (Mikhaïl Shumilov, à Sambir et sur la route de Tourka), 9e Garde (Nikolaï Pukhov, à Boryslav et aussi vers Tourka) et 59e Armée (Ivan Korovnikov, au sud de Stryï, vers le col de Verecke). La 10e Armée (Vasily Popov, vers Dolyna, sur la route du col de Torun) est un peu plus éloignée des lignes ennemies – elle se joindra plus tard au mouvement.
Derrière, et même si bien sûr ils s’en défendent, les généraux de ces forces ne sont pas franchement sereins. Leurs frontovikis partent en aveugle – il pleut, impossible de demander à l’aviation une reconnaissance préalable. Qui pourrait voir quoi, d’ailleurs ? Au surplus, ils ont eu l’occasion de juger sur pièce, le mois dernier, de la solidité des positions ennemies comme du fait que les Hongrois semblent encore assez motivés pour leur opposer une ferme résistance…
………
Positions de la 5e DI hongroise, Nyzhnya Stynava (Ruthénie), 10h45 – La 59e Armée, au contact ou presque des lignes magyares depuis les combats pour Lyubyntsi, s’avance avec force mais de façon relativement pacifique vers les gorges de Stryi. Hélas, ici, c’est le secteur du général Zoltán Algya-Papp, pour qui les choses sont claires pas question de laisser les Rouges entrer en Hongrie. Et ses officiers sont d’accord – comme le dit un de ses capitaines aux servants d’une mitrailleuse : « Hé bien, qu’est-ce que vous attendez ? Ouvrez le feu ! » Ce qui est bientôt fait, comme presque partout ailleurs sur le front de la 5e DI.
………
QG de la 1ère Armée hongroise et 1ère DC, route du col de Verecke, 10h50 – Coincé dans sa voiture qui cahote au milieu d’un convoi auquel le général Antal Vattay s’efforce constamment de garder une sorte de cohésion, le major-général Dálnoki ignore évidemment ce qui se passe sur le front. Les communications n’ont jamais été le point fort de l’armée hongroise, sans parler de la mobilité… Seul point positif dans ce chaos : étant motorisé, il aura bientôt passé le col et devrait donc bientôt être à l’abri. Ce n’est pas forcément le cas de tout le monde derrière lui.
………
Szarvasháza, 10h50 – La tête de la 11. Panzer de Wend von Wietersheim entre dans une localité désertée, pour se saisir d’autorité mais sans guère de violence des installations et des stocks hongrois, que bien évidemment personne n’a eu le temps ou le désir de détruire. Antal Vattay a eu raison de douter : entre authentiques soldats pro-allemands qui sortent la crosse en l’air face au premier semi-chenillé venu et combattants moins politisés mais suffisamment raisonnables pour constater que leurs 47 mm ne peuvent pas grand-chose face à un Leopard, il n’y a pratiquement pas de combats ici…
Von Wietersheim a donc tôt fait de se saisir de la ville – et de toute la vallée. Au même moment, un peu à l’est, la 13. Panzer (Helmutt von der Chevallerie) et la 19. Panzer (Hans Källner) arrivent à Ökörmező depuis Huszt – un peu tard, à cause d’une sorte de gros embouteillage sous la pluie. Les traîtres hongrois se sont envolés ! Ces deux divisions se préparent donc à poursuivre dès à présent afin de prendre les cols, toujours sans vraiment savoir si elles doivent ou non s’attendre à rencontrer une résistance.
Et pour ne rien gâter, les rares nouvelles du front sont aussi parcellaires que confuses…
………
Lignes des 1er et 2e Front Ukrainiens, 11h00 – Une heure à peine après le démarrage de l’opération destinée à “aider” les Hongrois censément devenus neutres à changer de camp, l’Armée Rouge est contrainte de constater que tout ne se déroule pas exactement comme espéré.
Partout ou presque, les frontovikis rencontrent une opposition réelle, et aussi vigoureuse ou presque qu’auparavant. Il n’y a guère que sur l’aile droite, entre Staryï Sambir et Tershiv, que la 3e Armée de Mikhaïl Shumilov s’est retrouvée face à une 24e DI dont le chef – le major-général Aldár Pintér – paraît disposé à… disons, travailler avec les Soviétiques. Une attitude louable, certes, mais qui n’est hélas pas forcément partagée par toute sa troupe. Du coup, au lieu d’ouvrir grand ses lignes, la division magyare a sombré dans une confusion totale : on se toise et même on s’affronte même au sein des régiments, des bataillons – voire des compagnies ou carrément des sections. Cette unité est incapable d’aider l’Armée Rouge à avancer. Mais bon, au moins, elle ne lui barre plus franchement la route.
Toutefois, c’est mieux que rien. Car ailleurs, c’est l’échec, qui tourne à la mêlée. Au sud de Boryslav, sur la route de Skhidnytsya, la 1ère DI de Gusztáv Deseö n’est pas restée longtemps dans l’attentisme. Prise dans les premiers instants par une forme de doute qui a permis aux Soviétiques de s’approcher, elle s’est cabrée violemment une demi-heure à peine après les premiers contacts, comme sous l’effet d’un coup de cravache, et tient désormais avec énergie la route du col d’Oujok. De plus, elle est soutenue sur sa gauche par une 27e DI (András Zákó), dont l’anti-soviétisme n’a jamais connu la moindre ambiguïté ! L’assaut patine ainsi, face à deux divisions défendant farouchement leurs montagnes comme d’autres le firent jadis ici face aux Tatars. Evidemment, l’armée hongroise reste inférieure en tout – mais l’assaut sera long et rude, surtout qu’il a été improvisé.
A Nyzhnya Stynava, comme on le sait, la 59e Armée affronte la 5e DI de Zoltán Algya-Papp, laquelle n’a qu’une gorge de moins de 2 kilomètres de large à défendre. Elle est en effet appuyée sur ses flancs par les 1ère et 2e Brigades de Montagne (Ferenc Lóskay et Géza Fehér), parfaitement loyales à l’Axe ou du moins à la défense de la Hongrie face aux Rouges. Evidemment, on n’avance pas ici non plus – Ivan Korovnikov sollicite déjà l’engagement de réserves blindées (le 2e Corps Blindé d’Ivan Lazarev, en l’espèce), qu’il faudrait rameuter depuis la région de Bourchtyn – c’est que Bagramian prévoyait plutôt un assaut vers le sud à partir de Stanyslaviv !
Enfin, à Dolyna, la 10e Armée de Vasily Popov, à peine sortie de ses positions, signale qu’elle essuie des tirs d’artillerie. En face, la 8e DI d’Árpád Maltary a elle aussi d’évidence fait son choix…
Bref, tout cela ne sent pas bon. Il n’y a qu’à l’extrême droite de ses lignes que l’Armée Rouge progresse. Dommage, c’est le chemin le plus long jusqu’au col d’Oujok, environ 55 kilomètres.
………
Ökörmező, 11h55 – Alors qu’elles achèvent de sécuriser la vallée avant de poursuivre vers le nord et l’ouest, la 13. Panzer (Helmutt von der Chevallerie) et la 19. Panzer (Hans Källner) reçoivent un appel en clair : la 8e DI hongroise, à Vyhoda, demande de l’aide ! Elle est complétement isolée (c’est exact !) et, soumise à un féroce assaut bolchevique, va devoir se replier en abandonnant la trouée de Shevchenkove pour mieux défendre le col de Torun. On le comprend, les Allemands sont surpris – heureusement surpris même. Après tout, ils ont donc encore des alliés dans la région ! Raison de plus pour faire vite. Les deux divisions se séparent : la première ira aider ces loyaux camarades vers Torun, pendant qu’ils se retirent. La seconde poursuit vers Szarvasháza et le col de Verecke, afin d’aller assister la 11. Panzer, qui aurait des (petites) difficultés.
………
QG de la 1ère Armée hongroise et 1ère DC, col de Verecke, 12h00 – Les forces hongroises loyales au Régent franchissent le col à 841 mètres d’altitude, au bout d’une longue route en lacets assez facile à défendre. De là-haut, les Hongrois observent sans mal les Allemands qui commencent à monter vers eux depuis Szarvasháza, motards et semi-chenillés en tête, mais panzers dans leur sillage. Un spectacle déprimant… Les officiers magyars décident qu’il ne sert à rien de traîner – cela ne peut qu’encourager les désertions. La division de cavalerie a utilisé ses explosifs pour tenter de retarder l’ennemi : barrage d’arbres, destruction de routes – hélas, il n’y a pas ici de falaise à faire s’effondrer. La colonne reprend sa route, toujours moins ordonnée et toujours plus pressée.
………
Route du col de Verecke, 12h30 – Cinq kilomètres derrière et deux cent cinquante mètres plus bas, l’Oberst Meinrad von Lauchert (11. PanzerRgt) ne décolère pas. La division à laquelle il appartient – la Gespensterdivision, Division fantôme depuis ses exploits de l’an 40 – va finir par perdre son nom, à force de traîner sur des routes infâmes perdues au milieu des forêts. En partant, les Hongrois n’ont pas laissé beaucoup d’hommes, c’est vrai – et encore moins qui tentent de se battre pour retarder les panzers. Par contre, ceux-ci n’en finissent pas d’être bloqués par des troncs d’arbres, des rochers, voire des camions en panne barrant la route. On se croirait dans la vallée du Rhône en 40. Un bon souvenir – mais à l’époque, il ne pleuvait pas, et surtout on avait des avions et une infanterie nombreuse pour les travaux sans gloire. Cette année, dans ce coin perdu, les glorieux panzers patinent dans la boue et sur les galets, tandis que les grenadiers pataugent, de l’eau jusqu’en haut des bottes, pour aller dégager la voie – parfois avec l’aide de leurs SdKfz, quand ceux-ci peuvent approcher sans s’embourber !
En vérité, toute cette affaire est plus que frustrante. On perd du temps pour rien, entre médiocrité et contingences. Et pendant ce temps-là, l’ennemi – l’ancien allié – s’échappe.
………
QG de la 1ère Armée hongroise et 1ère DC, Tukhol’ka, 13h30 – Les unités de Dálnoki et Vattay, étirées jusqu’à l’effilochage, ont finalement débouché sur le plateau des Carpates – plus de montée à faire, juste de la route. Beaucoup de route : 45 kilomètres jusqu’à Tourka à compter de cette intersection. Et juste devant eux se trouve aussi la route de Plav’ya, donc du QG du 8e CA, dont il semble bien qu’il affronte avec vigueur l’Armée Rouge. Car même si Béla Dálnoki n’a pas pu joindre Jenö Bor, son absence de réaction ce matin ne laisse aucun doute.
Alors, que faire ? La tente de Bor n’est pas à dix kilomètres ! Sans doute, la division de cavalerie pourrait l’atteindre et écarter son chef afin de permettre à Dálnoki d’ordonner au 8e Corps de cesser de s’opposer aux Soviétiques. Mais il n’est pas certain que cette instruction soit attentivement écoutée pour autant – et pour parvenir à la donner, il faudrait sans aucun doute commencer par tuer des Hongrois.
Alors, va pour Torkun. Plus loin, plus pénible, mais paradoxalement moins risqué. Dálnoki et Vattay ne tiennent pas à verser le sang hongrois avant de finir par se retrouver broyés entre leurs compatriotes et les panzers surgis de l’arrière. Cette décision leur sera reprochée, bien plus tard – mais dans le fond, elle ne faisait que couronner l’échec lamentable et complet du retournement de la 1ère Armée hongroise.
………
Col de Verecke, 14h00 – La 11. Panzer, qui s’est enfin sortie de la boue et des troncs d’arbre, s’empare du col – sans aucun mal, cela va sans dire. Plus qu’énervé par cette situation grotesque, von Wietersheim a donné ses ordres : direction le nord, à toute vitesse, pour aller se saisir de la route de Stryï et du QG du 8e CA hongrois. C’est le chemin naturel de l’ennemi en débâcle, et la première voie à sécuriser face au péril rouge. D’ailleurs, faute de reconnaissance et d’informations sur l’attitude du 8e CA, impossible d’envisager autre chose !
………
Col de Torun, 14h30 – La 13. Panzer d’Helmutt von der Chevallerie prend cette passe située à 940 m d’altitude, sans avoir, elle non plus, rencontré la moindre résistance. Elle commence donc à descendre vers Myslivka, à la rencontre d’une 8e DI hongroise peut-être pas aussi en difficulté qu’elle l’affirmait tout à l’heure à la radio.
………
QG du 8e CA hongrois, Plav’ya, 15h15 – Le major-général Jenö Halmaji Bor, commandant d’un corps hongrois qui reste – par défaut peut-être – l’allié du Reich, a la surprise de voir débouler derrière lui une 11. Panzer plutôt de mauvaise humeur, qui a vite fait de mettre tout son monde aux arrêts et de consigner véhicules, stocks et transmissions. Désormais prisonnier de ceux auxquels il était pourtant resté fidèle, Bor doit attendre l’arrivée du général von Wietersheim. Lequel sera là sitôt que la route sera jugée sûre et dégagée… Le 8e CA est ainsi décapité et les opérations de soutien et coordination des divisions sont interrompues – ce qui entraîne bien sûr comme un flottement dans les lignes hongroises. Pas assez, toutefois, pour que ce flottement tourne à la débandade face à l’Armée Rouge.
………
QG de la 1ère Armée hongroise et 1ère DC, entre Matkiv et Verkhnje Vysots’ke, 15h15 – Pendant ce temps, les forces loyales au Régent constatent avec surprise que personne ne paraît les poursuivre, au moins pour l’heure. Plus que moins de 30 kilomètres jusqu’à Torkun – elles y arriveront donc sans doute, mais dans quel état !… En effet, à force de courir par monts et par vaux, la 1ère Division de Cavalerie hongroise se disloque peu à peu, entre désertions et abandon ou destruction de matériel… En réalité, elle n’est déjà plus une unité combattante. Et pourtant, Dálnoki et Vattay ont eu de la chance .
………
Szarvasháza, 15h55 – Arrivée de la 19. Panzer d’Hans Källner dans l’ancien QG de la 1ère Armée hongroise – où il ne trouve pas plus d’animation que la division précédente. La division allemande, supposée aider au contrôle de la route du col de Torun, se retrouve bien sans emploi. La résistance des traîtres s’est véritablement effondrée ! Sacrés Hongrois… On n’attendait rien d’eux, pourtant ils réussissent quand même à décevoir. Informé par radio du fait que la 11. Panzer se dirige vers Stryï, il ne reste donc plus à Källner qu’un ultime couloir à sécuriser : celui qui mène vers Tourka. Et encore : au même moment, d’autres s’occupent du col d’Oujok !
………
Ensemble de la 1ère Armée hongroise, 16h00 – L’annonce de la déchéance du gouvernement hongrois, claironnée par Ferenc Szálasi avec la bénédiction des autorités allemandes, achève de dissiper les illusions de certains et de doucher les espoirs des autres. Il est désormais évident que le retournement hongrois a échoué – la cohésion des rares unités loyales au Régent de la 1ère Armée s’en ressent. Quant aux autres, qu’elles aient fait le choix de l’alignement ou celui – plus prudent – de l’attentisme, elles verront dans cette tragi-comédie la preuve de la justesse de leur attitude… dont il est urgent de ne pas changer ! De toute façon, il est désormais bien trop tard pour faire autre chose…
………
Lignes des 1er et 2e Front Ukrainiens, 16h30 – L’amicale offensive soviétique – il semble bien que c’est ainsi que Moscou escomptait que l’affaire se déroule – patine, à tout le moins.
Au sud de Boryslav, la 9e Garde de Nikolaï Pukhov a repoussé de 6 kilomètres la 1ère DI de Gusztáv Deseö jusqu’aux hauteurs à la périphérie de Skhidnytsya, mais en terrain difficile (c’est-à-dire sans espoir de percée rapide…). Problème : devant cette avancée, la 27e DI d’András Zákó s’est à son tour retirée vers Opaka, d’où elle soutient désormais à fond sa voisine. La situation, pas encore bloquée, apparaît néanmoins stérile dans l’immédiat. Il faudra du temps pour passer.
A Nyzhnya Stynava, mêmes causes et mêmes effets – à ceci près que les progrès sont encore plus médiocres. La 59e Armée d’Ivan Korovnikov se bat toujours pour forcer le verrou mis en place par la 5e DI de Zoltán Algya-Papp, laquelle recule pied à pied vers Synovydsko Vyzhnie, toujours bien couverte sur ses flancs par les brigades de montagne… et la montagne. On n’a pas progressé de plus de 5 kilomètres, et pourtant l’occasion était censée être historique.
Quant à la 10e Armée de Vasily Popov, dans le secteur de Dolyna, malgré un départ calamiteux, elle a semble-t-il réussi à repousser la 8e DI d’Árpád Maltary jusqu’à Shevchenkove, en terrain découvert par-delà la Svicha. Les Hongrois seraient à présent en train de se retirer dans les montagnes sur la route du col de Torun, qu’ils comptent sans doute défendre. Un succès certes – mais un succès en trompe-l’œil. Les Fascistes n’ont cédé qu’un terrain sans importance, voire indéfendable.
Enfin, du côté de la 3e Armée, les choses se passent un peu moins mal. Mikhaïl Shumilov a fini par percer les lignes de la 24e DI (désormais fractionnée, voire détruite) pour progresser en direction de Tourka. Il approche de Strilky – sans beaucoup d’opposition, mais sans plus de perspective. D’ici à ce qu’il atteigne le col d’Oujok…
………
Kremlin (Moscou), 17h30 – Devant l’absence de résultats très favorables de la journée et la confusion régnant sur les opérations en cours, le Vojd rappelle auprès de lui, pour avis, les maréchaux Vassilievski et Joukov. Ceux-ci sont attendus demain matin première heure – charge à eux de trouver un moyen de transport rapide en dépit de la pluie.
………
QG du 8e CA hongrois, Plav’ya, 18h00 – Wend von Wietersheim est bien arrivé sur place, et a rencontré le major-général Jenö Halmaji Bor – lequel dispose, fort heureusement pour lui, de quelques éléments à faire valoir pour ne pas être expédié incontinent en Oflag ! Ses forces continuent la lutte face à l’adversaire bolchevique, et n’ont pas fauté. Mieux, elles se défendent avec un certain succès : chez lui, le Rouge n’a percé nulle part ! Enfin si, peut-être vers Dolyna… Mais ce ne serait pas la première fois qu’une unité hongroise isolée se retrouve en difficulté et en quête d’un urgent soutien.
Von Wietersheim n’a pas autorité pour décider ou non du sort de Bor et des hommes du 8e CA. Par contre, c’est un pragmatique, réputé pour éviter de trop faire couler le sang pour rien. Un modus operandi provisoire est donc arrangé – le corps d’armée de Jenö Halmaji Bor devient une force, non plus alliée mais bien cobelligérante de l’Axe, et aucun acte hostile ne sera commis envers lui. Dans l’attente, bien sûr, d’un règlement plus global de la question hongroise, dont le Silésien n’a nullement le désir de se mêler !
………
Tukhol’ka, 18h25 – La 19. Panzer de Hans Källner a fini de passer le col de Verecke et ses éléments de tête arrivent au carrefour proche de Tukhol’ka, où se trouvaient il y a cinq heures à peine les forces loyalistes désormais sur la route de Tourka. Celles-ci n’ont qu’une trentaine de kilomètres d’avance – mais Källner, qui doit déjà faire avec la météo, l’état des routes et son ravitaillement, répugne à s’avancer imprudemment. Il ordonne donc de progresser avec précaution cette nuit. Après tout, rien ne sert de se presser, à présent.
………
Col d’Oujok, 20h00 – Au bout d’un long et très pénible voyage depuis Perecseny – heureusement sans opposition, ce qui a permis aux motards d’ouvrir la voie ! – la 5. SS-Panzer Wiking s’empare de ce passage à 889 mètres d’altitude, qui relie la région de Tourka et celle d’Ungvár – soit vers le cœur de la Slovaquie et le Danube. Désormais, tous les cols des Carpates sont tenus par des unités allemandes.
………
QG du 6e CA hongrois, Tourka, 22h30 – Les forces loyales au Régent (un GQG d’armée déprimé et une division de cavalerie dépareillée…) atteignent enfin le QG du 6e CA hongrois, où les attend un major-général Ferenc K. Farkas non point hostile, mais pas non plus franchement cordial. De fait, il a depuis longtemps annoncé par radio à qui voulait l’entendre qu’il obéirait « évidemment » aux nouvelles autorités de son pays…


Notes
2- Le colonel Stephen L. Renner, dans son livre Broken Wings: The Hungarian Air Force, 1918-1945, parlera de « loyauté conditionnelle ». La même qui fit que les soldats hongrois (par exemple, et déjà !) défendirent férocement la Slovaquie pour le compte de la République des Conseils de Béla Kun en 1919, avant de déserter en masse cette “Armée rouge” sitôt reçu l’ordre d’abandon. On avait vu des officiers rejoindre les troupes de Kun en lançant « Même si nous commençons la lutte sous le drapeau rouge, en arrivant dans les Carpates, il sera devenu rouge-blanc-vert ! » Plus tard, dans un curieux compliment a posteriori, un commissaire politique devait écrire dans une revue communiste : « L’armée rouge [de Kun] était par essence une armée hongroise – elle avait pour but de défendre la Hongrie des attaques étrangères. »
3- Il existe aujourd’hui une autre route reliant directement Szarvasháza à la région de Matkiv – construite à grand renforts de terrassements sur un flanc de vallée propice aux rampes. Si cet ouvrage avait existé en 1944, la situation eut été fort différente…
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

On va ensuite voir comment les Croates et les Slovaques gèrent leur retournement de veste, mais pour l'instant la tendance n'est pas encourageante. Finalement aucun des vassaux de l'Allemagne ne s'est fait une idée réaliste de la situation.

Stratégiquement, le fait que les Allemands aient réussi à prendre le contrôle de tous les cols des Carpates les met en bonne position défensive sur leur flanc sud.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 11:36    Sujet du message: Répondre en citant

Vous pardonnerez au Coon de pousser une seule pierre de pyramide à la fois ... Wink En terme de retournement, nous en sommes officiellement (hors Hongrie) à deux réussis (la Roumanie, l'Italie) pour un raté (la Bulgarie). La Hongrie rééquilibre effectivement la balance ... mais ensuite ?
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patzekiller



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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 11:38    Sujet du message: Répondre en citant

dans la mesure où c'est le même auteur qui s'occupe des 2 fronts, pas de soucis, ça va etre parfaitement coordonné, avec un plus un vision grand strategique de l'ensemble
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www.strategikon.info
www.frogofwar.org
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 01, 2022 12:49    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
Stratégiquement, le fait que les Allemands aient réussi à prendre le contrôle de tous les cols des Carpates les met en bonne position défensive sur leur flanc sud.


Sud-EST ! Le flanc sud, c'est la Yougoslavie.
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Casus Frankie

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