Fantasque Time Line

[Hendryk]

Comme je suis en train de lire Le Suicide de la flotte française à Toulon par Henri Noguères, je me sens indulgent envers les Slovaques, et même rétroactivement envers les Hongrois. Parce que, OTL, la France n'a pas vraiment donné un brillant exemple d'anticipation ni d'initiative quand la même chose nous est arrivé. On aurait eu dix fois le temps de faire appareiller notre précieuse flotte mais tout le monde est resté les doigts dans le c*l jusqu'à l'arrivée des Allemands.

Concernant Tiso, une question que je me pose à son sujet, c'est ses relations avec le Vatican. En tant qu'ecclésiastique il était censé obéir au Pape sous peine de défroquage et pourtant il semble avoir été laissé en roue libre pendant toute sa carrière politique.
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With Iron and Fire disponible en livre!

[Anaxagore]

Ce n'est pas la première fois que l'on reproche la passivité de l'Eglise et du pape (voire... les yeux qui se détournaient). On en a fait le pcoès dans des livres et même un fil célèbre (Amen de Costa Gavras).

Ironiquement, c'est Staline qui a le mieux expliqué le comportement de l'Eglise: " Le vatican, combien de divisions?"

Pendant la 2ème Guerre mondiale, le Vatican (en tant qu'état) essaie de ne pas être envahi, pillé, et ravagé... ce qui le pousse à une Realpolitik prudente. On cache des Juifs mais on ne condamne pas trop ouvertement les compromis, les compromissions des uns et des autres.

Après guerre, l'Eglise cachera et aidera des Nazis à échapper à la potence... il y a même des cas où c'étaient les mêmes personnes qui extradaient et cachaient les Juifs... et pour les mêmes raisons. C'est un peu le rôle de l'Eglise...
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.

[demolitiondan]

Tenir la boutique, Anaxagore ... Tenir la boutique ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[Archibald]

[Capu Rossu]

Bonsoir,

Sans compter qu'à Vichy, toute la cour du tandem Maréchal - Laval et eux aussi pensaient que la flotte était intouchable puisque le furor teutonicus l'avait promis !

J'ai développé le processus d'immobilisme dans plusieurs posts initiés par Chasseur Corse / Dragon de l'Impératrice. Le départ était techniquement possible mais Laborde ne voulait le tenter que sur un ordre formel du maréchal.
Mais Laval intriguait (oui je sais c'est son habitude) pour que le vieux ne donne pas cet ordre.
Donc on pourrait partir mais on ne part pas est devenu on aurait pu partir mais on n'est pas parti et les ordres permanents de Darlan (ceux de juin 1940) ont joué : donc on saborde !

@+
Alain
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Aux Postes de Propreté - Mouillé, c'est lavé ! Lavé, c'est propre ! - Rompre des Postes de Propreté

[Wardog1]

Heureusment que quelques sous mariner on choisit de ne pas obéir au sabordage et se sont enfuit.

Comme je le dit je préfere savoir le dukerque coulé au combat contre les japonais dans la FTL que sabordé OTL misérablement....
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"You and I are opposite sides of the same coin. When we face each other, we can finally see our true selves. There may be a resemblance, but we never face the same direction."

Larry Foulke

[Archibald]

[loic]

Bon, restons dans le sujet svp.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...

[demolitiondan]

17 avril 1944
La lutte finale
Croatie – La Hrvatsko Domobranstvo se rassemble en hâte dans ses bases de Zagreb, Karlovac, Sisak et Kutina avant de descendre vers le terrain de chasse du 10e Corps de l’AVNOJ. Les gardes nationaux croates, bien qu’évidemment toujours motivés quand il s’agit de chasser du bolchévique, ne sont toutefois pas aussi enthousiastes qu’auparavant. De fait, et malgré la propagande de rigueur dans cet état totalité, ses soldats ignore peu de l’offensive en cours, du recul des alliés allemands et des réguliers ‘revers héroïques’ de l’armée régulière. Quant à leur chef, le Krilnik Ante Vokić, il fait visiblement la tête – à croire que cette prochaine bataille bouleverse tout ses plans pour le mois …

Région de Požega, nord de la Croatie – Début de l’offensive croate en direction de la ville libérée par le 6e corps slavon – avec des moyens toutefois assez limités attendu que le général Slavko Štancer exige, depuis son QG de Zagreb, que la voie d’accès au front soit défendue en priorité absolue. Forcement, les effectifs déjà chancelants que le général Vjekoslav Servatzy peut aligner au front s’en ressentent – déjà que la motivation de ses troupes reste pour le moins perfectible, sans parler de leur encadrement …
Face des forces de l’AVNOJ toujours particulièrement agressives, appuyées indirectement par l’aviation allié et renforcées – c’est nouveau ! – par un certain nombre d’engagés croates visiblement inquiets qu’on puisse leur reprocher leur attitude non-patriotique lors de la prise passée de la ville, ou même tout simplement qui jugent que le rapprochement régulier du front justifie bien une révision dans leurs opinions. Tout le monde ne peut pas être Milivoj Ašner (1) ! Et c’est d’ailleurs heureux pour l’humanité…Quoiqu’il en soit, l’armée du NDH n’en commence pas moins à pousser vers le Nord. Vers Opatovac – c’est l’affaire de la 6e DI d’Ivan Sarnbek - mais aussi vers Pieternica – c’est pour la Légion noire de Rafael Boban. Sans vraiment beaucoup plus de résultat pour l’heure que la veille c’est vrai … mais les hommes de l’AVNOJ restent néanmoins en infériorité numérique nette, tandis que leurs munitions s’épuisent ! Heureusement pour Petar Drapšin –quoiqu’il l’ignore pour l’heure – le 5e corps bosniaque de Slavko Rodić et Velimir Stojnic a bien avancé depuis son départ la veille à Banja Luka. Il est même déjà à Derventa. Demain, il sera donc vraisemblablement position pour frapper à droite du Ve corps oustachi …

Entre Gospić et Knin – La 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” continue d’être la seule unité à faire quelque chose de vraiment et immédiatement significatif dans ce secteur. En l’espèce, à force d’avancer vers le Nord, elle approche désormais de la route de Rijeka-Fiume – ce qui ne peut bien sûr que déplaire aux allemands, toujours inquiet d’un éventuel débarquement en adriatique. En conséquence, et selon les ordres de Ludwig Kübler – lui-même pas très aimablement poussé par Friedrich-Wilhelm Krüger – les éléments de la 713.ID autrefois déployés au bénéfice des locaux (et bientôt renforcés de troupes venus de Trieste, à hauteur d’un petit régiment) se redéplient vers la descente de Senj, en laissant la Domobranci lutter seule entre Jezerane et Modruš sur l’autre voie descendante du plateau d’Otočac. Un secteur au moins aussi facile à défendre que Senj. Et surtout sans enjeu – de fait, ici, les plus proches villes d’importance sont Vrbovsko et Karlovac, à 40 kilomètres environ.

Dernier carré
Budapest – Début des formations des 102ème et 103ème escadres de défense nationale ‘Fehér sas' (2) et ‘Gyorsbombázó’, dédiées respectivement à la chasse et à l’appui au sol. Celles-ci iront se positionner respectivement à Debrecen et Miskolc, afin de soutenir les troupes du Royaume en Ruthénie.
Les ‘Pumas rouges’ de la 101e du colonel Heppes Aladár – laquelle concentre toujours à ce jour l’essentielle et le meilleur de la chasse magyare, reste quant à elle positionnée à Veszprém, afin de défendre la capitale. Il est vrai que les allemands n’ont plus de doute désormais sur l’alignement de leurs ‘amis’. Reste par contre l’écrasante puissance de leur ennemi. Vezérünk a bátorság, kísérőnk a szerencse - Nous sommes menés par le courage, notre compagnon est la chance. Telle est la devise de l’unité. Et elle risque d’avoir bien besoin d’ami dans les jours à venir. Car l’US Air Force vient de décider d’achever l’écrasement industriel de la Hongrie. Ce que l’histoire de l’aviation magyare retiendra comme Az amerikai szezon ‘la saison américaine’ commence …

Mauvaise volonté
Budapest – De son côté, Herr Veesenmayer n’est absolument pas satisfait. Et pour cause : le nouveau gouvernement collaborateur ‘Croix-Fléchées’, dont il a pour ainsi dire la charge au Nom et pour le Bénéfice du Reich, se distingue pour l’heure et avant tout par son inefficacité totale sur tous les sujets ! Il semble bien que, tout compte fait, la bravade du régent ait fait plus de dégâts qu’escompté – si l’armée veut bien défendre encore son territoire contre le péril bolchévique, les industries sont totalement désorganisées et ne tournent presque pas, tandis que la population cache pour l’heure fort bien son enthousiasme envers le nouveau régime. Décidément, les seuls hongrois aptes à servir la cause sont ceux qui ne sont pas aux commandes – tel Mussolini, le dernier romain, étranger à son propre pays ! Il va falloir mettre tout cela en ordre. Se mêler de tout, menacer, caresser, sévir, maltraiter, expulser, éliminer … cela prendra bien sûr du temps comme des moyens.
Et le SS d’envoyer sur l’ensemble de ces sujets un rapport rageur à Berlin (copie Wewelsburg), afin d’inviter ses chefs à lui donner les moyens de taper du point sur la table. Le tout sans savoir que, si la Hongrie est aussi faible, c’est aussi et avant tout parce que le Reich a passé les 5 dernières années à en faire un pays complétement dépendant de lui sur tous les sujets. Enfin … Le Führer soit loué, il est tout de même un sujet sur lequel il peut faire état d’énergiques progrès grâce aux magyars. Mais pour ce faire, il attend les données chiffrés qui lui permettront de mettre à jour son rapport.

Mauvaise volonté (Bis)
Un village isolé de Bosnie, en territoire contrôlé par l’AVNOJ – Au même moment, dans une de ces petites maisons perdues au fond des Balkans, le major William Jones réfléchit. Cela fait plusieurs mois (un an bientôt, alors qu’il ne parlait même pas la langue en arrivant !) que le canadien de Nouvelle-Ecosse, envoyé ici par le SOE afin de servir comme tant d’autres d’espion-agent de liaison – conseiller militaire (3). Il vient d’être informé par des maladresses et indiscrétions des pourparlers en cours entre l’OSS, le Reich et l’Eglise catholique. Une information stratégique – une bombe même, de celle qui peuvent mettre en pièce des mois de planification. Par exemple en forçant Londres a s’aligner sur Washington et à devoir jouer, tout compte fait, la carte Pierre II + Oustachis ‘repentis’ contre Tito.
De son œil de verre, le major analyse calmement la situation. Lui qui n’était rien en arrivant ici a été mieux qu’accepté par ces gens – des gens qu’il a accompagné dans toutes leurs luttes, avec lesquels il a combattu (par exemple en détruisant un train blindé). Il a partagé avec eux la faim, le froid, la misère … la peur aussi comme lorsque lui et un groupe sont restés cachés 10 jours durant dans une grotte devant laquelle campait un régiment allemand … Il ne sent pas capable de les trahir, ou de leur nuire en quoique – quitte à passer, dans les faits et pour certains, pour une véritable partisan des partisans (sic !).
Sa morale chrétienne, très profonde et ancrée dans sa lointaine vocation de missionnaire, s’heurte à cette éventualité. Comme il le dira plus tard :’ Ce que j'ai vu là-bas n'a certainement aucun parallèle dans l'histoire. C'était un peuple qui se relevait par ses propres bottes jusqu'au dernier fossé.’ Il est aussi enthousiaste pour le processus de rétablissement de l’Etat mis en place par l’AVNOJ – ‘une renaissance de la démocratie dans le sens le plus vrai’ écrivait-il encore récemment dans son rapport à destination de Londres. Un rapport dont il sait déjà qu’il ne plaira sans doute pas à tous …Alors, Jones décide finalement de laisser filer – retenant ainsi sous son coude des informations potentiellement critiques pour le futur des opérations militaires.

Départ
Sud de la Hongrie – Dans un petit village sur la route du front, une jeune femme élégante à vélo passe un barrage routier, en toussant grassement du sang – un signe évident de tuberculose. Elle s’appelle Krystyna Skarbek : agente polonaise du SOE, experte en espionnage rentrant partout au culot et ayant déjà fait plusieurs fois le chemin entre Budapest et Londres, avec à chaque fois des renseignements précieux pour la cause alliée, qu’elle a eu à cœur de transmettre en prenant tous les risques et par des moyens improbables. Ainsi, il lui est arrivé de passer des documents par … les services d’un officier allemand pris sous son charge, en faisant croire qu’il ne s’agissait là que d’une boite de thé issue du marché noire.
Madame Skarbek - dite Christine Granville pour les anglais – n’est donc absolument pas malade. Elle s’est simplement mordue la langue jusqu’au sang, afin de tenir à distance la soldatesque nazie. Une petite ruse, alors qu’il lui est arrivé de franchir les Alpes ou les Tatras à skis, en évitant les routes – sans parler de toutes les fois où elle aura passé un barrage en se prévalant d’une relation ‘suivie’ avec un colonel allemand que la sentinelle de garde ne risquait évidemment pas d’appeler ...
La situation en Hongrie et en Pologne étant hélas devenue ce qu’elle est (c’est-à-dire que les services secrets britanniques n’y ont plus d’intérêt), c’était sa dernière mission. Sitôt son retour en Angleterre, Krystyna Skarbek sera déchargé de mission, affectée à des postes sans enjeu dont plusieurs tours loin du front en France avant de rejoindre la First Aid Nursing Yeomanry puis d’être finalement démobilisé après la capitulation avec un généreux pécule de 100 livres. Elle vécu alors de travails divers dans l’industrie – du moins jusqu’à ce qu’un maudit 15 juin 1952, un collègue amoureux mais vexé qu’elle refuse ses avances ne la poignarde à mort. Objectivement abandonnée par ses paires, elle a depuis reçu un peu tard nombre de décoration : Croix de Guerre, Medal for Special Service, Order of the British Empire, Badge de la résistance, George Medal ainsi que différentes récompenses polonaises.


(1) Chef de la police oustachie de Požega de 1941 à 1942, coupable de nombreux crimes contre l’Humanité envers les juifs, serbes et partisans de la région. Lors de l’effondrement final du NDH, il se réfugiera en Autriche avant de refaire sa vie sous le nom de Georg Aschner. Dans les années 90, lors de la dislocation finale de la Yougoslavie, Ašner décida de retourner en Croatie, pour reprendre son nom et vivre à nouveau à Požega ! Les travaux du centre Simon Wiesenthal conduisirent à son identification ultérieure, soulevant une bronca internationale telle que Zagreb se hâta d’ordonner son arrestation. L’intéressé fuit alors … vers l’Autriche, laquelle refusa de l’extrader au motif qu’il avait acquis la nationalité autrichienne et serait atteint de démence sénile ! Il restera ensuite pendant plusieurs années un pénible sujet pendant entre Zagreb, Vienne et Tel Aviv – cette dernière jugeant que les deux parties ne faisaient aucun effort véritable pour arriver à une conclusion, entre absence de volonté et déclaration ambiguë ! – le premier ministre de l’époque Jörg Haider devant même déclarer à son sujet : ‘Il a vécu paisiblement parmi nous depuis des années, il devrait avoir le droit de finir sa vie parmi nous’ ! Finalement, Milivoj Ašner s’éteint tranquillement dans une maison de retraite de Klagenfurt en 2011, alors même qu’il était pourtant sur la liste des personnalités les plus recherchées par Interpol. On rappellera que, tout dément qu’il était, il affirmait pourtant encore en 2008 que les déportés étaient simplement expulsés hors de Croatie et non pas massacrés ... Décidément, en Autriche, les placards n’en finissent pas de déborder de squelettes porteurs de brassards fascistes…
(2) Quelqu’un aura jugé préférable de débaptiser la 102e de son précédent parrain – le fils défunt de l’amiral Horthy. Par suite, ‘on’ a également changé le nom de la 103e …
(3) Jones a connu le premier conflit mondial, y gagnant une DCM, 3 blessures … et y perdant un œil.
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[loic]

[Archibald]

100% d'accord. En plus, c'était une raclure. Ce qui fait une deuxième raison de ne point lui faire cet honneur.


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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."

[demolitiondan]

On verra - mais c'est comme les parallèles crimes contre l'humanité FTL/OTL. Je trouve ca ... instructif.
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[Wardog1]

Dmange que ce genre de personne ne soient pas plus fréquement victime de "suicide" ou mort dans un cambriolage ayant mal tournée...la présence d'agent du mossad dans le secteur au meme moment étant bien entendu parfaitement fortuite!
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Larry Foulke

[demolitiondan]

Vous n'avez pas fini de vous amuser, si vous aimez le sujet ...
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[demolitiondan]

Aujourd'hui, on parle slovaque !

17 avril 1944
Etat-croupion
Sans espoir ?
Slovaquie “insurgée” – Alors que dans l’est et l’ouest du pays, tout est déjà joué, les insurgés – sous le commandement direct et désormais unique du lieutenant-colonel Ján Golian – font le point des forces à leur disposition.
Celles-ci sont hélas bien moindres qu’espérées – néanmoins, avec le renfort des partisans prosoviétiques, elles n’en restent pas moins significatives. Outre les 18 000 hommes issus de la défection de l’ancienne armée, maintenus en 16 bataillons et 8 compagnies (à des fins d’organisation autonome, mais aussi parce qu’on envisage de revenir à plein effectif, même si le moyen pour y parvenir reste à préciser), les Slovaques peuvent également compter sur les 10 500 Partisans (environ) de la 1ère Brigade partisane Joseph Staline (1). Celle-ci, qui opère surtout dans le secteur de Javorina et dans l’ouest du pays, compte quatre « divisions » : Khrouchtchev, Pour la liberté des Slaves, Liberté et Pour la victoire, toutes supposées appuyer la prochaine offensive soviétique dans le secteur. Encore récemment en formation, elles sont évidemment valeureuses … mais perfectibles.
Du côté du matériel, le tableau est tout aussi coloré. L’escadrille combinée de Mikuláš Šinglovič compte 34 appareils : quatre chasseurs biplans Avia B.534, trois Letov 328, deux Bf 109 G6 récupérés en catastrophe cette nuit de l’est du pays, un Bf 109 E rafistolé, une vingtaine d’avions d’entrainement et de liaison Klemm Kl 35, He 72 Kadett et Praga E.39 ainsi que … deux bombardiers moyens Savoia-Marchetti SM.84 et un Fw 189 en panne. Du côté de l’armée de terre, les stocks sont pour le moins inégaux : 46 000 fusils d’âge et d’états divers, 4 000 mitraillettes, 2 700 mitrailleuses, 200 pièces d’artillerie et mortiers… mais assez peu de munitions pour garantir à ces armes et sur le long terme le volume de feu qu’on pourrait en attendre. Au surplus, les antichars et la DCA font défaut… même si, paradoxalement, les Slovaques disposent de blindés (ou supposés tels) : un bataillon de 24 engins sur LT-35, LT-38, LT-40 et Panzer III N, plus 4 Marder II ! Et enfin, Golian peut aussi compter sur trois trains blindés, lesquels serviront à tout du moins de points d’appui.
Comme quoi, les précautions prises depuis le mois de février n’ont pas été complétement inutiles ! Et contrairement à ce qu’on pourrait craindre, le soulèvement slovaque n’est donc pas en infériorité numérique et il ne manque pas non plus d’armes ou de munitions, au moins pour le moment. Par contre il manque clairement d’organisation et de soutien : les Slovaques se trouvent ainsi dans la situation paradoxale d’une armée sans chaîne logistique sur son propre territoire.
Dieu merci, pour l’instant, les Allemands ne semblent pas avoir les moyens ou (surtout…) la volonté d’écraser immédiatement l’insurrection. La Heer a certes pris la première ville du triangle Zvolen – Banská Bystrica – Brezno. Mais son effort parait s’arrêter là, confinant les insurgés à la marge des voies de communication allemandes. En ce moment, seules deux régions connaissent encore véritablement des combats.
Près de Žilina, la garnison du major J. Dobrovodský tient les gorges de Strečnianska, fermant ainsi la voie venant du nord avec le concours de trois bataillons renforcés de… prisonniers de guerre français, libérés d’un Stalag local et auxquels on a donné des armes. Un appui bienvenu ; ne dit-on pas, depuis juin 40, que les Français ne renoncent jamais ? Et de fait, pour l’heure, l’Axe n’avance absolument pas en ces lieux, bloquée par le terrain une résistance farouche.
De même, dans l’Est, du côté de Kežmarok, les choses ne se passent pas non plus aussi mal que craint. Laissant la ville à l’ennemi après une nuit de ravages et de batailles – hélas en défaveur des Slovaques, plus nombreux mais n’ayant rien à opposer aux Panther de la SS-Totenkopf – les débris des garnisons de Levoča et Poprad ont tout de même réussi à se replier en direction de Štrba ainsi que dans la vallée de Vernár, sur la route Hranovnica – Telgárt. Renforcés par des Partisans, dans ce secteur montagneux, ils peuvent espérer tenir… un certain temps.
Pour l’heure, entre indifférence allemande et difficultés d’accès, la région de Brezno, Telgárt et Tisovec reste donc sûre. Pas exactement ce qui était prévu, mais c’est toujours mieux qui rien… Et pendant ce temps, à l’aérodrome de Rohozná – encore sous contrôle insurgé et qui servira sans doute bientôt de base aérienne en lieu et place de l’aéroport de Tri Duby, déjà évacué – on repeint l’emblème de l’insurrection sur les avions de l’escadrille combinée, entre deux mitraillages par des Bf 109 en maraude. Le tricolore d’avant-guerre, avec en sus une vue stylisée des monts tenus par le groupe, couronnés par une croix slovaque.

Dépeçage
Brastislava (Slovaquie “occupée”) – Du côté des Allemands, on fait le point. Pour des raisons d’efficacité, le plan d’occupation de la République a prévu de la dépecer en deux districts, séparés par une ligne Poprad – Spišská Nová Ves – Gelnica :
– le secteur Est est déclaré zone opérationnelle de l’Ostheer (cela se comprend, au vu de sa proximité avec le front). A ce titre, elle relève désormais du HG A, de Ferdinand Schörner, lequel assume les prérogatives d’une puissance occupante ;
– le secteur Ouest est déclaré zone opérationnelle du ministère de la Défense nationale de la République slovaque. Ce ministère est en théorie dirigé par Ferdinand Čatloš, mais c’est en réalité le général allemand Alfred von Haubicky, représentant de Berlin auprès du ministre, qui prend toutes les décisions (rien d’étonnant, au vu de la fiabilité de Čatloš…).
Les Allemands ont bien des raisons d’être satisfaits : ils ont démantelé l’armée slovaque, occupent ou sont en voie d’occuper le plus gros (et le plus utile…) du territoire et ont même capturé le général Augustín Malár – le plus compétent des locaux, désormais en route pour Sachsenhausen (2). Au surplus, grâce aux ordres de modération dûment édictés avant l’intervention, la population n’est absolument pas hostile.
Tout cela est bel et bon. L'objectif a été atteint. Néanmoins, il reste à gérer ce minable reliquat d’insurrection dans le centre du pays.
Cela pose comme un petit problème : d’un point de vue militaire, le terrain de cette région est idéal pour mener des batailles défensives. Les vallées montagneuses étroites parsemées les nombreux cols sont autant d’endroits capables de tenir contre un ennemi plus fort et avec une défense déterminée, même moins nombreuse. Or, l’Ostheer n’envisage pas de s’enferrer encore une fois dans un interminable combat en montagne contre les Slovaques, alors qu’elle sort à peine d’une empoignade en terrain urbain face aux Polonais. Ses forces sont certes aussi nombreuses et organisées – mais les précieuses Panzerdivisions sont déjà en train de se redéployer : il est évident que ce n’est pas à elles de courir le terroriste en montagne. En vérité, devant la stupide résistance des Slovaques, la Heer laisserait bien pourrir la situation, n’eut-été les ambitions de la SS…
Heureusement, l’OKH avait prévu le coup. Karl Hermann Frank, Sudète, ministre d’État du Reich et général de la police dans le protectorat de Bohême-Moravie, a depuis longtemps mis en garde sa hiérarchie contre un tel scénario. Certes, il a un peu sous-estimé la détermination de certains Slovaques, mais pour répondre à ses avertissements, deux unités ont néanmoins été prévues afin de prendre le relais des panzers :
– le Kampfgruppe Ohlen (Oberst Conrad von Ohlen) : c’est une unité professionnelle constituée autour d’un noyau représenté par le 82. Ersatz-VolksGrenadier Rgt (sic…), qui dispose d’un Abteilung de Panzer 38t (sic, bis). S’y ajoutent trois éléments slovaques : deux bataillons de la Garde Hlinka et un groupement tactique ad hoc baptisé Senica ;
– le Kampfgruppe Junck (Oberst Stephan Junck) : constitué autour du 85. Ersatz-Panzergrenadier Rgt, renforcé de bataillons de réserve.
Ces deux troupes ne pèsent pas à elles deux plus de 3 900 soldats. Il leur faudra donc du temps pour ratisser le terrain, même avec l’aide de la 12. SS-Grenadier-Division Galizien de Fritz Freitag. Constituée d’Ukrainiens antisoviétiques et de Galiciens volksdeutsche, cette unité a subi de très lourdes pertes durant Zitadelle et se trouvait justement en Slovaquie pour s’y refaire une santé. Evidemment, elle n’a pas apprécié la qualité de l’accueil qu’on lui a offert et brule de se venger. Cela pourrait d’ailleurs poser problème, à terme, Son aide n’était donc pas vraiment souhaitée par les Oberst de la Wehrmacht - mais on ne leur a pas vraiment laissé le choix…
Ainsi soit-il. Dans un premier temps, le Kampfgruppe Ohlen ira dégager les gorges de Strečnianska, tandis le KG Junck remontera de Kremnica afin de dégager Martin, lieu d’humiliations passées – et surtout zone ferroviaire majeure pour la suite des opérations. Ensuite, on avisera sur la suite des opérations à venir, afin de s’emparer de Zvolen, en coordination avec les troupes venant de l’Est.
Ces dernières n’étaient pas prévues, car jugées initialement non nécessaires …. Néanmoins, dans l’armée allemande et à la lueur des engagements en cours, on constate que les forces de répression nécessaires ont visiblement été sous-estimées face à leur pourtant modeste adversaire. Ce point a été dûment noté. Par Schörner bien sûr – lequel envoie déjà un régiment de son HG A dans le secteur de Kežmarok pour remplacer la Totenkopf. Et par Wewelsburg aussi, où Himmler est toujours à l’affût d’un mauvais tour à jouer à la Heer…

De l’état-croupion à l’état fantôme
Dernière carte
A l’arrière du 2e Front Ukrainien – Les Slovaques de la mission Šmidke, visiblement catastrophés par le cours des événements comme par l’indifférence soviétique (lesquels sont encore à 250 kilomètres de l’insurrection) constatent avec effroi qu’ils ne peuvent plus rien faire sinon supplier l’Armée Rouge d’intervenir sur leurs terres. Précisément comme les Polonais l’ont fait le mois dernier. Est-ce à dire que Karol Šmidke, Gustáv Husák, Ladislav Novéeský et tous les autres ont été dupés ? Hé bien… Sans doute.
Cependant, il leur reste une ultime carte à jouer : le gouvernement tchécoslovaque de Londres – que personne n’avait véritablement prévenu et qui découvre tout à coup l’importance des événements… comme celle de la duplicité des Slovaques, ainsi que de leur impréparation. Les exilés ont donc dépêché en hâte un représentant à Moscou. Lequel devrait arriver demain dans la capitale soviétique, afin de conférer directement avec le ministre Molotov. Si les deux hommes parvenaient à une ébauche d’accord, cela serait éminemment utile aux insurgés – lesquels pourraient bien passer tout d’un coup du statut de Fascistes repentis à celui d’authentiques combattants d’un régime allié ! A fortiori si, contre toute attente et malgré ses débuts proprement catastrophiques, le soulèvement slovaque devait réussir à tenir… au moins, plus longtemps que son voisin hongrois !

(1) Parfois appelée Brigade Egorov, du nom de son chef.
(2) Malár survivra à la déportation – mais pas à la bascule de son pays dans l’orbite soviétique. Il disparaitra en 1947 à Prešov sans laisser de traces.
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