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Diplomatie-Economie, Mars 1944
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Mar 13, 2022 20:26    Sujet du message: Répondre en citant

Si la carte est en anglais, il serait plus cohérent de traduire aussi le nom du Pirée (Piraeus).

Par ailleurs, Israël n'existe pas encore au moment des faits, c'est encore la Palestine mandataire.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

28 mars
Pologne
Perfide Albion
Front du lac Shkodër (Albanie)
– Après l’excellent repas de la veille, une nuit à peu près reposante et, dans la matinée, une cérémonie de remise de décorations, le général Kazimierz Sosnkowski repart en fin d’après-midi vers Tirana. Il compte y reprendre un avion pour filer directement vers l’Italie. « Les avions de la Balkans Air Force n’ont plus le droit de remonter vers le nord, paraît-il ! Ils ont donc du temps libre ! » Face à ce trait d’humour acide, les officier du 2e Corps ricanent avec amertume. D’ailleurs, que pourraient-ils faire d’autre… « Surtout, n’allez pas vous faire tuer pour rien ici ! » C’est le dernier conseil (le dernier ordre ?) que Sosnkowski adresse à Anders et ses hommes avant de claquer la portière de sa voiture.
Le Polonais ne prendra donc pas la peine de repasser par Athènes pour visiter Montgomery. Celui-ci relaie déjà vers Londres une salve de plaintes contre ce visiteur qui aurait tenu des propos « déplaisants, voire défaitistes » (selon les officiers de liaison britanniques). Diplomate, Béthouart a réussi à en intercepter une partie – mais pas toutes. Le War Office ne manquera pas de faire suivre le reste au gouvernement Sikorski, en s’inquiétant de « la montée de tendances autoritaires dans les forces armées polonaises ».

Chez un ancien meilleur ami, en attendant mieux…
Alger
– Au même moment, la délégation polonaise en transit vers son territoire national se retrouve coincée en AFN pour cause de mauvais temps sur toute la Méditerranée orientale. La météo devrait s’améliorer vers le 30… Dans l’attente, Jan Kwapiński, Władysław Banaczyk et les membres de leurs cabinets sont donc les invités de la République Française – laquelle ne peut pas faire grand-chose d’autre pour eux.

Les Balkans compliqués
Manœuvres croates
Une forêt au sud de Zagreb
– August Košutić, membre du HSS comme de la conjuration Lorković-Vokić, rencontre en toute discrétion les envoyés du commissaire Ivan Šibl (10e Corps “de Zagreb”). Toujours préoccupé de sa propre survie face aux hasardeuses démarches de ses complices, Košutić n’hésite pas à raconter en détail tout ce qu’il sait des tractations en cours avec l’OSS et l’Eglise catholique – il ignore les échanges avec Belgrade. L’information est transmise à Aleksandar Ranković, puis à Tito… qui prendront leur temps pour décider qu’en faire.
……….
Zagreb – L’archevêque Aloys Viktor Stepinac, qui continue à bénéficier (comme les autres dignitaires de l’Eglise catholique croate) d’une liberté de mouvement à peu près totale, lance à nouveau ses filets en direction de l’Eglise orthodoxe pour tenter de vendre la fable d’un NDH « repentant et acceptable » pour le monde en général et l’opinion américaine en particulier.
Stepinac, qui n’a lui-même pas toujours été le plus droit des hommes – notamment quand il applaudissait aux conversions forcées obtenues par les Oustachis – devrait savoir que pour qu’un repentir obtienne le pardon, il faut qu’il soit sincère. Et les popes, qui n’oublient pas les multiples horreurs du régime de Pavelic, se font un peu tirer la barbe pour accorder leur pardon, malgré les événements précédant l’insurrection de novembre dernier. Les discussions s’enliseront donc assez vite sans gain notable, malgré la promesse vague que la démarche en cours concerne aussi les Slovènes.
……
Nord de la Croatie – De son côté, le colonel MacDowell, de la mission Ranger, a réussi à décrocher une entrevue avec un très gros poisson : l’agent du SD Rudi Stärker, ancien proche de Neubacher et désormais dans l’entourage du général Glaise-Horsternau. La rencontre doit avoir lieu dans une à deux semaines, le temps pour chaque intervenant de prendre les nombreuses précautions qui s’imposent.

Entremise française
Tirana
– Ivan Šubašić arrive au QG de la 2e Armée française, doté d’une lettre de recommandation signée de la main du président du Conseil lui-même. Il n’en aura pas besoin : sitôt introduit auprès de Sylvestre Audet, ce dernier lui signifie qu’il laisse volontiers son visiteur prendre toutes décisions concernant les affaires politiques yougoslaves « pourvu qu’on me fiche la paix et qu’on me laisse faire mon métier de mon côté. »
D’ailleurs, le temps restant médiocre, le général part immédiatement en inspection sur le front du lac Scutari. Ses nerfs ont été mis à rude épreuve depuis “Présage”, en septembre 1943, et s’occuper d’affaires militaires le détendra. Šubašić est donc libre de faire comme il l’entend – il ne s’en privera pas.

Enosis !
Après match
Mer Méditerranée
– Comme pour rebattre les cartes et séparer définitivement les flottes, une assez forte tempête s’abat sur la Méditerranée Orientale : peu de houle (bien sûr), mais du vent, de la pluie et une visibilité pire que médiocre. Le convoi grec en est bien sûr retardé.

Londres – Informées par leurs contacts dans la hiérarchie alliée comme par le réseau diplomatique turc, les principales puissances alliées contactent le Foreign Office avec une curiosité amusée, pour s’enquérir des événements de la veille.
La France, puissance majeure en Méditerranée, est la première à venir aux nouvelles – il faut dire que la Turquie a tout de même une frontière commune avec le Levant… Face à un Léon Blum pour le moins circonspect, Anthony Eden se hâte de préciser qu’il s’agit là « d’un regrettable malentendu, issu d’une mauvaise compréhension de la situation à Limassol. Il n’y a aucun risque d’affrontement entre le Royaume de Grèce et la République de Turquie à l’heure actuelle – et même s’il en existait un, il va sans dire que Londres s’interposerait sans arrière-pensée, comme toutes les Nations-Unies, y compris la République Française. Nous nous efforçons bien sûr d’être sur ce dossier d’une transparence totale avec nos partenaires. »
Pas vraiment dupes de la politique pro-grecque de Londres, les Français ne diront mot… mais ils en tireront les conclusions qui s’imposent vis-à-vis du sac de nœuds yougoslave, et garderont cet épisode à l’esprit pour l’après-guerre. Après tout, la France, elle, a cédé sans barguigner Alexandrette à la Turquie (15) ! Et comme les équilibres de demain se dessinent aujourd’hui, le président du Conseil pourrait bien décider un jour d’oublier que la France n’a guère été payée de retour pour sa générosité, et de tirer également un trait sur la pénible conférence d’avril 1943. La défaite de l’Allemagne est à présent certaine – mais pour se reconstruire, la France aura bien besoin d’amis.
Après Marseille, Washington feint de se demander pourquoi l’avenir des territoires tels que Chypre n’a pas encore été décidé par les Nations-Unies. Ces vestiges d’un colonialisme et d’un nationalisme étriqué sont évidemment voués à disparaitre dans le monde de Paix que les Etats-Unis forgent (avec leurs amis)… Eden répondra très vite (mais très poliment) à Cordell Hull que cela ne le concerne pas – est-ce que lui appelle Londres chaque fois qu’il redessine la carte de l’Amérique Latine ?
En revanche, Moscou choisira de se tenir coi – l’URSS n’a plus rien à gagner dans cette affaire, la possibilité d’une intervention soviétique sur les Détroits ou dans le Caucase (sur la route du pétrole…) est hélas passée. Mieux vaut ne pas insulter l’avenir. Ankara ou Londres pourrait bien avoir besoin un jour de son arbitrage.
Cette chaude journée enfin terminée, Sir Anthony décide qu’il faut quand même tirer quelques leçons de cet… accident évité de justesse. Coupable de n’avoir rien vu, ni de l’exaspération turque, ni des fuites de sécurité qui semblent se multiplier dans ses locaux (16), Sir Hughe Montgomery Knatchbull-Hugessen est débarqué de son poste à Ankara – avec les formes toutefois. On envisage de l’envoyer à l'ambassade au Luxembourg, cela devrait bientôt être possible.

Chypre – On ne tire plus beaucoup en ville, que ce soit à Nicosie ou à Limassol – quelques coups de feu se font encore entendre dans les campagnes au nord de Larnaca, mais la situation semble bien se calmer, malgré les vrombissements des voitures de l’EOKA outrageusement pavoisées du drapeau hellène. Certains excités font – et feront encore – quelques morts, mais la paix paraît en passe de revenir.
Le calme est précaire, c’est vrai, mais il est bien là. Des commerces rouvrent, les militaires anglais patrouillent et la population sort petit à petit de chez elle – poussée par la faim, un peu hébétée, mais avec le sentiment d’avoir sans doute échappé au pire.


Notes
15- Sans doute les Arméniens et les autres chrétiens, qui constituaient la moitié (et même une grosse moitié…) de la population du sandjak, ont-ils par la suite été conduits à l’exil… Mais cela ne concernait plus la France.
16- Ce qui deviendra, pour la postérité, l’affaire Cicéron.
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Hendryk



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:07    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Coupable de n’avoir rien vu, ni de l’exaspération turque, ni des fuites de sécurité qui semblent se multiplier dans ses locaux (16), Sir Hughe Montgomery Knatchbull-Hugessen est débarqué de son poste à Ankara – avec les formes toutefois. On envisage de l’envoyer à l'ambassade au Luxembourg, cela devrait bientôt être possible.

C'est ça, qu'il aille dans un pays dont les coffres-forts sont mieux fermés que le sien.
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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:21    Sujet du message: Répondre en citant

...
Le Polonais ne prendra donc pas la peine de repasser par Athènes pour visiter (saluer?) Montgomery. Celui-ci relaie déjà vers Londres une salve de plaintes contre ce visiteur qui aurait tenu des propos « déplaisants, voire défaitistes » (selon les officiers de liaison britanniques).
...
Stepinac, qui n’a lui-même pas toujours été le plus droit des hommes – notamment quand il applaudissait aux conversions forcées obtenues par les Oustachis – devrait savoir que pour qu’un repentir obtienne le pardon, il faut qu’il soit sincère. Et les popes, qui n’oublient pas les multiples horreurs du régime de Pavelic, se font un peu tirer la barbe pour accorder leur pardon, malgré les événements précédant l’insurrection de novembre dernier.
...
La défaite de l’Allemagne est à présent certaine – mais pour se reconstruire, la France aura bien besoin d’amis.
Après Marseille, Washington feint de se demander pourquoi l’avenir des territoires tels que Chypre n’a pas encore été décidé par les Nations-Unies. Ces vestiges d’un colonialisme et d’un nationalisme étriqué sont évidemment voués à disparaitre dans le monde de Paix que les Etats-Unis forgent (avec leurs amis (partenaires?))

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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 13:55    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Sir Hughe Montgomery Knatchbull-Hugessen est débarqué de son poste à Ankara – avec les formes toutefois. On envisage de l’envoyer à l'ambassade au Luxembourg, cela devrait bientôt être possible.

Un double poste en fait :
- Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary to Belgium
- Envoy Extraordinary and Minister Plenipotentiary to Luxembourg
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 15:58    Sujet du message: Répondre en citant

29 mars
Pologne
Perfide Albion
Tirana (Albanie)
– Le général Kazimierz Sosnkowski s’envole dans un petit Goéland de la 1ère Armée aérienne française à destination de Brindisi – officiellement, il ne s’agit là que d’un vol de liaison tout à fait courant et sans rapport avec les événements en cours. En réalité, le général Weiss a reçu de Marseille, via le général Sylvestre Audet, des instructions parfaitement claires : mettre tout en œuvre pour que les relations entre Polonais et Britanniques ne s’enveniment pas davantage. Les Balkans sont déjà assez compliqués comme cela ! Le général-ministre de la Défense n’aura donc pas eu à attendre. Et une fois en Italie, il pourra facilement rentrer en Angleterre par l’AFN – une foule de vols presque réguliers sont disponibles.
Il faut toutefois espérer que, d’ici là, le gouvernement britannique ne se plaigne pas trop. De fait, ces derniers jours, la pression de Londres s’était déjà vivement accentuée sur le Premier ministre Mikołajczyk. Et à présent, les propos de Sosnkowski évoquant un éventuel renversement du gouvernement en exil font jaser. L’affaire est même montée jusqu’à Sir Winston en personne – lequel pousse désormais presque directement à ce qu’on démissionne l’encombrant personnage.

Les Balkans compliqués
Manigances serbes
Palais Blanc, Belgrade
– Dans la capitale, l’entourage de Pierre II constate avec un plaisir mal dissimulé que l’offensive titiste semble enfin marquer le pas. On aurait pu s’en douter : le gouvernement royal n’a aucun intérêt à ce que Tito libère quelque chose d’important en Yougoslavie. Ouf, la horde de fanatiques communistes et de paysans mal dégrossis qui forme les troupes de l’AVNOJ sera donc bientôt stoppée – essentiellement grâce à l’intervention des SS et (un peu) à des renseignements opportunément fournis aux Oustachis. La fleur des Partisans repoussant les Croates, puis fuyant devant les Allemands – quelle symbole pour la propagande !
L’AVNOJ n’a donc rien fait de décisif. L’est de la Bosnie et le nord du Monténégro sont désormais sous son contrôle ? La belle affaire, il n’y a rien d’important là-bas, et les chefs tchetniks de cette région étaient déjà soit enrôlés dans les corps-francs, soit arrêtés par les Allemands (comme Jezdimir Dangic).
Par contre, les Grecs n’ont pas fini de souffrir le voisinage des communistes – un bon point de plus dans la lutte d’influence qui se joue dans les Balkans entre conservateurs et révolutionnaires. Et en parlant de lutte d’influence… le cabinet militaire du roi et Momčilo Ninčić relancent les discussions en cours avec les Oustachis, encouragés par l’attitude de nouveau constructive de leurs correspondants et rassurés par les manœuvres en cours de la part de l’OSS. Une nouvelle rencontre physique sans intermédiaire – qui n’a par contre jamais eu lieu avec l’AVNOJ – semble à prévoir bientôt.

Enosis !
Les Grecs viennent chercher leur cadeau
Limassol, 01h00
– C’est au cœur de la nuit que le premier des transports grecs fait enfin son entrée dans le port, sous une pluie froide qui semble avoir éteint les combats… mais n’a pas douché l’enthousiasme d’une bonne partie de la population, debout sur les quais et les plages pour fêter ses sauveurs.
Le port a été bouclé par une garnison anglaise sur les dents après les drames de ces derniers jours – on craint une action désespérée, un attentat, un tireur fou… N’importe quoi en vérité. Cela n’affecte pas beaucoup Grivas et les membres de l’EOKA, qui ont renoncé à se faire discrets et guettent, le drapeau à la main, les premiers soldats grecs.
Enfin, le transport accoste et… c’est un Britannique qui apparaît pour descendre le premier : Allan Francis Harding, premier baron du nom. Ce glorieux soldat [Il a été blessé lors de la campagne du Péloponnèse : un obus allemand lui a enlevé la moitié de la main gauche.] vient s’occuper au côté du gouverneur Woolley de la future transition politique, dont il doit garantir le calme. Son arrivée était prévue de longue date – les récents événements l’ont rendue urgente. Pour le symbole, le baron Harding a rejoint l’escadre grecque à bord d’une vedette rapide.
Mais peu importe les symboles pour la foule, qui voit ensuite des soldats en tenue de combat dévaler l’échelle de coupée. Joie, célébration, fanfare jouant l’Hymne à la Liberté et popes se signant – voire tombant à genoux sous la pluie. « Demain dimanche sera jour de fête ! » proclame Mgr Makarios, pour une fois d’accord avec le maire communiste – communiste mais grec !
Dans la journée, les soldats grecs se déploient petit à petit en ville, puis dans le sud de l’île, laissant pour l’instant le nord (où vit la plus grande partie de la minorité musulmane) sous le contrôle des Anglais, qui y ont leur base principale. Chacun sait déjà que les Grecs ne repartiront jamais.

Chine-URSS
Gardez-moi de mes amis…
Dzoungarie (partie nord-ouest du Xinjiang)
– La situation aux marches du Xinjiang ne s’arrange pas pour les Chinois.
Déjà, en décembre précédent, les troupes de la Deuxième Armée avaient été défaites par les cavaliers du chef rebelle Osman Batur. Le gouverneur de la province, nul autre que l’honorable Sheng Shicai, avait alors publiquement déclaré : « Le Xinjiang ne connaîtra jamais la paix ou la prospérité tant que les rebelles Kazakhs n’auront pas été éradiqués ! Et le principal obstacle à cette éradication est l’aide apportée par l’Union Soviétique au chef rebelle, le brigand Osman Batur ! » Ce à quoi le consul Pouchkine avait répondu que l’URSS respectait scrupuleusement les Accords d’Imphal et que les liens d’amitié entre elle et la Chine étaient indissolubles et éternels. Sur quoi, le camarade Pouchkine avait été rappelé à Moscou et remplacé par le camarade Evseev.
Au début de l’année, des moyens supplémentaires sont parvenus aux troupes provinciales, notamment du matériel occidental. Mais cela n’a pas suffi ! Les Kazakhs ont un matériel similaire voire même parfois de meilleure qualité – ils ont depuis longtemps mis au rebut les fusils datant des empires de Chine et de Russie dont se gaussaient les officiers chinois et leurs armes soviétiques ne gèlent pas, au contraire des armes américaines. Même leurs tactiques de combat ont évolué…
Du coup, quelques jours plus tôt, les hommes d’Osman Batur ont à nouveau triomphé de ceux du général Zhu. Ils contrôlent à présent toute la Dzoungarie. Mais soyons justes pour les forces chinoises : en réalité, elles n’ont pas eu affaire aux seuls Kazakhs de Batur, mais à la Force Pogudine, c’est-à-dire à toute la 105e Division de Cavalerie de l’Armée Rouge, à l’exception des unités blindées, un peu trop voyantes tout de même.
Aujourd’hui, le ministère des Affaires Etrangères, à Chongqing, ainsi que du commissariat aux Affaires Etrangères du Xinjiang, à Dihua, protestent avec vigueur (cette fois, le gouverneur Sheng ne s’est pas associé à cette protestation, un oubli sans doute). Wu Zexiang souligne notamment « l’aide apportée par l’aviation soviétique et les troupes mongoles aux rebelles kazakhs de Dzoungarie ». Aide démentie fermement, la main sur le cœur et le soir même, par Moscou comme par son nouveau consul. Notons que le Commissaire Wu n’a pas évoqué la participation active de la 105e DC – ignorance ou désir de ne pas (trop) envenimer la situation ?
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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 16:27    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Wu Zexiang souligne notamment « l’aide apportée par l’aviation soviétique et les troupes mongoles aux rebelles kazakhs de Dzoungarie ». Aide démentie fermement, la main sur le cœur et le soir même, par Moscou comme par son nouveau consul. Notons que le Commissaire Wu n’a pas évoqué la participation active de la 105e DC – ignorance ou désir de ne pas (trop) envenimer la situation ?

Moscou, soutenir des rebelles séparatistes dans un pays frontalier? Quelle idée!
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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 16:51    Sujet du message: Répondre en citant


C’est au cœur de la nuit que le premier des transports grecs fait enfin son entrée dans le port, sous une pluie froide qui semble avoir éteint les combats… mais n’a pas douché l’enthousiasme d’une bonne partie de la population, debout sur les quais et les plages pour fêter ses sauveurs.
Le port a été bouclé par une garnison anglaise sur les dents après les drames de ces derniers jour – on craint une action désespérée, un attentat, un tireur fou… N’importe quoi en vérité. Cela n’affecte pas beaucoup Grivas et les membres de l’EOKA, qui ont renoncé à se faire discrets et guettent, le drapeau à la main, les premiers soldats grecs.
Enfin, le transport accoste et… c’est un Britannique qui apparaît pour descendre le premier : Allan Francis Harding, premier baron du nom. Ce glorieux soldat

Mais peu importe les symboles pour la foule, qui voit ensuite des soldats en tenue de combat dévaler l’échelle de coupée. Joie, célébration, fanfare jouant l’Hymne à la Liberté et popes se signant – voire tombant à genoux sous la pluie. « Demain dimanche sera jour de fête ! » proclame Mgr Makarios, pour une fois d’accord avec le maire communiste – communiste mais grec !
Dans la journée, les soldats grecs se déploient petit à petit en ville, puis dans le sud de l’île, laissant pour l’instant le nord (où vit la plus grande partie de la minorité musulmane) sous le contrôle des Anglais, qui y ont leur base principale. Chacun sait déjà que les Grecs ne repartiront jamais.

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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 16:52    Sujet du message: Répondre en citant

Un maire communiste et un curé... orthodoxe.
Il y aurait un coloriage à faire... (Don Camillo en Grêce!)
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 18:06    Sujet du message: Répondre en citant

Déjà fait - je te laisse retrouver ! Wink
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 21:20    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
Moscou, soutenir des rebelles séparatistes dans un pays frontalier? Quelle idée!

Excellent ! Applause
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mar 21, 2022 11:31    Sujet du message: Répondre en citant

30 mars
Pologne
Notre (nouveau et sympathique) meilleur ami
Alger
– A la faveur d’une amélioration de la météo – enfin, au moins ce matin et sur leur trajet – la délégation Kwapiński-Banaczyk reprend la route d’Athènes. Son Excellence Feliks Frankowski, ambassadeur de Pologne en France, a tenu à faire le déplacement d’Alger pour dire au revoir à ses compatriotes. On se salue une dernière fois sur la piste, on se serre la main – puis la porte se ferme et le DC-3 s’éloigne…
A Athènes, le 18th GAA est déjà prévenu (Montgomery est bien sûr enchanté…). Les Soviétiques, eux aussi informés, ont confirmé l’envoi d’un avion dès demain, pour venir chercher les Polonais et les acheminer enfin à bon port, dans la sérénité… mais sans trop d’entrain. En effet, l’URSS désire avant tout mettre en scène ce retour absolument triomphal pour elle, en soulignant l’impuissance des exilés, dont il apparaîtra qu’ils doivent tout à Moscou. A l’exact inverse des communistes des autres pays occupés (grecs ou yougoslaves, par exemple…) qui, eux, n’ont jamais déserté le sol natal !

Notre (ancien et plus aussi dévoué) meilleur ami
Département d’Etat US (Washington DC)
– Au même moment, au cours d’une conférence de presse, le secrétaire d’Etat Cordell Hull reconnait « la nécessité évidente de procéder, à l’issue du conflit, à des rectifications de frontière en faveur de la Pologne mais aussi de l’Union Soviétique. La courageuse et magnifique performance de l’Armée Rouge conduira naturellement à réévaluer les différends de ces dernières décennies, issus de circonstances et de configurations politiques fort différentes de celles que nous connaissons actuellement. La question de la Prusse orientale, de la Silésie et de la Poméranie – sans parler de Dantzig – sera assurément au cœur des débats, comme l’ont d’ailleurs déjà indiqué nos alliés britanniques. »
Ainsi donc, sous couvert d’un très étonnant et très vague arbitrage parrainé par Londres, la République polonaise vient de se faire lâcher par le seul de ses alliés qui aurait sans doute été capable de faire barrage aux ambitions de Moscou – ou au moins d’essayer. Quoiqu’à la réflexion, Hull n’a fait aujourd’hui qu’entériner le mot de Molotov à la conférence de l’Attique : qui contrôle décide !

Enosis !
Le printemps de Chypre
Base navale d’Izmir, 05h30
– Un reste de pluie froide – pas tout à fait une douche… – accueille l’escadre turque, qui est rentrée chez elle sans se presser. L’amiral Sait Halman observe calmement le comité d’accueil qui l’attend sur le quai. En tant que marin, il sait qu’il n’a rien à se reprocher : que pouvait-il faire avec une flotte vieillissante, sans même des instructions claires, pour stopper ce convoi protégé par les Anglais ? Certes, il aurait pu le couler avant l’arrivée de la Royal Navy ! Mais il aurait fallu ensuite subir à la riposte des avions du Caire, des croiseurs d’Alexandrie, puis de tout ce qui serait encore venu après… sans parler des conséquences aux frontières terrestres de la Turquie.
Halman a donc la conscience résolument tranquille sur le plan militaire. Mais il est certain que ce qu’on va lui reprocher n’a absolument rien de militaire. C’est politique en vérité. Oh, il ne craint pas pour sa carrière ! Un héros de l’indépendance comme lui ne saurait être sacqué. Par contre, son avenir et celui de son arme paraissent désormais bien compromis. Dans les décennies qui viendront, la Marine turque devra lutter pour son autonomie. Réduite au statut de « sous-commandement naval », elle ne redeviendra une arme à part entière qu’en 1954, soit dix ans après l’affaire de Chypre.

Limassol – Sous une pluie diluvienne qui refroidit les ardeurs et noie les derniers combats, les forces grecques affermissent leur contrôle sur l’île. De leur côté, les Britanniques envisagent de rapatrier sous peu le régiment de volontaires chypriotes, qui fait de la figuration en Irak depuis deux ans. C’est une unité mixte sous commandement britannique : un bon symbole de plus, donc, de la confiance qu’on peut accorder à Londres en tant que médiateur.
Vers 16h00, les nuées se dissipent enfin : le soleil du printemps inonde l’île, dont l’avenir s’annonce décidément radieux. La Turquie en profite, en accord avec Londres, pour envoyer un avion qui dépose une dizaine d’officiers “observateurs” chargés de représenter Ankara et de rendre compte de la situation sur place. Sortant de la base de Nicosie sous escorte britannique, ils sont assez mal reçus par la population locale, qu’il s’agisse des Turcs, qui estiment que la mère-patrie les abandonne, ou des Grecs, qui leur demandent ouvertement ce qu’ils viennent faire là.

Ankara – Contacté avec une discrétion obséquieuse par le ministre des Affaires étrangères turc Mehmet Şükrü Saracoğlu, l’ambassadeur René Massigli, au nom de la République française, « oppose à regret une fin de non-recevoir catégorique à sa demande d’intercession auprès de la Grande-Bretagne sur la question de Chypre ». Marseille se considère neutre sur ce dossier – et surtout, les Français ne voient pas l’intérêt de s’y impliquer maintenant que tout est dit.
On comprend que Şükrü Saracoğlu soit déçu… Mais il est contraint d’assumer seul plusieurs années de louvoiements entre une France admirée mais battue, une Allemagne triomphante mais crainte et une Angleterre qu’on a cru trop éprise de la Turquie pour changer d’avis.
Pourtant, Massigli se veut constructif – et il ne s’agit pas seulement ici de diplomatie de circonstance : « Le président du Conseil est encore très… désappointé du résultat de ses échanges avec le président İnönü il y a un an au Caire. Toutefois – permettez-moi de vous le confier – je le connais bien. Très bien même, au point que je m’honore de me considérer comme l’un de ses proches. La République française et le général De Gaulle ont une vision particulière du Moyen-Orient, une région dans laquelle votre pays est une puissance majeure. J’espère avoir le plaisir de la défendre bientôt, et d’échanger avec vous sur ce sujet sitôt le conflit enfin terminé. »
L’après-guerre n’est plus loin – il faut ménager l’avenir, même s’il est encore trop tôt pour tout pardonner. Le ministre turc remercie cordialement Son Excellence, avant qu’Elle ne prenne congé.
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John92



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MessagePosté le: Lun Mar 21, 2022 11:48    Sujet du message: Répondre en citant

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MessagePosté le: Lun Mar 21, 2022 12:00    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Marseille se considère neutre sur ce dossier – et surtout, les Français ne voient pas l’intérêt de s’y impliquer maintenant que tout est dit.
On comprend que Şükrü Saracoğlu soit déçu… Mais il est contraint d’assumer seul plusieurs années de louvoiements entre une France admirée mais battue, une Allemagne triomphante mais crainte et une Angleterre qu’on a cru trop éprise de la Turquie pour changer d’avis.

Sans parler de l'affaire du Sandjak d'Alexandrette !
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En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Mar 22, 2022 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

Ladite affaire a été rappelée à plusieurs reprises, le 28 mars 44 par exemple !
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