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1940 - La France continue la guerre
 
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Diplomatie-Economie, Mars 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Déc 31, 2021 13:46    Sujet du message: Diplomatie-Economie, Mars 1944 Répondre en citant

1er mars
Una, grande, libre
La Légion Azul rentre à la maison
Madrid
– Cette fois, c’en est trop. Alors que les Alliés ont lancé une “seconde guerre du wolfram” en reprenant un embargo qui ne saurait manquer de produire des effets néfastes sur son peuple, Francisco Franco apprend que la Légion Azul (l’ex-division du même nom, reconstituée avec des effectifs amoindris par rapport à 1942) a subi de lourdes pertes lors des dernières opérations en Ukraine. Des pertes catastrophiques même si, encore une fois, les fantassins espagnols ont brillé face aux hordes rouges. Enfin, selon le rapport envoyé du front par l’état-major du colonel Garcia Navarro. Mais si les Espagnols brillent douloureusement pour le compte des Allemands en URSS, le front français avance petit à petit vers l’ouest, et la frontière pyrénéenne risque de bientôt passer entièrement sous le contrôle des Alliés !
C’est pourquoi Franco demande officiellement au Führer et à l’OKH que la Légion Azul soit retirée du front et rentre en Espagne, prétendument pour reconstitution… tant qu’elle le peut encore ! A la fin de mars, plusieurs convois ferroviaires ramèneront en Espagne un peu plus de deux mille hommes…
A peu près autant d’Espagnols ont décidé de rester combattre le “péril rouge”. Ils seront éparpillés dans plusieurs unités, sur le front russe ou dans des unités de lutte anti-partisans, et ce jusqu’à la fin de la guerre en Europe. La plupart combattront sous l’uniforme de la Waffen SS. Une compagnie, puis une seconde dans les derniers mois de la guerre, seront affectées en même temps que le “bataillon” wallon au sein de la Division Charlemagne dans une bien curieuse union des peuples !
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Archibald



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MessagePosté le: Ven Déc 31, 2021 14:19    Sujet du message: Répondre en citant

Franco a fait avec la légion Azul ce que fit ce roi de France avec ses "écorcheurs" qui terrorisaient ces campagnes.

Une bonne croisade pour s'en débarrasser en douceur, en plus la croisade ils adorent ça, c'est des fanatiques illuminés.

Au final, les deux côtés y gagnent. "Oui oui, surtout, ne revenez pas trop vite, et pas trop nombreux surtout !"

Par contre les malheureuses populations d'Europe de l'est...
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
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"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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loic
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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 15:17    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
A la fin de mars, plusieurs convois ferroviaires ramèneront en Espagne un peu plus de deux mille hommes…

On peut préciser qu'à cette date, ces convois ferroviaires vont avoir le plus grand mal à faire le voyage ...
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 15:35    Sujet du message: Répondre en citant

... un bombardement ou mitraillage, voire un train de munition à côté qui saute, et voilà: personne ou presque ne reviens. Non pas que ce soit une perte, ni pour Franco, ni pour... l'humanité en général.
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requesens



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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 16:56    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Franco a fait avec la légion Azul ce que fit ce roi de France avec ses "écorcheurs" qui terrorisaient ces campagnes.

Une bonne croisade pour s'en débarrasser en douceur, en plus la croisade ils adorent ça, c'est des fanatiques illuminés.

Au final, les deux côtés y gagnent. "Oui oui, surtout, ne revenez pas trop vite, et pas trop nombreux surtout !"

Par contre les malheureuses populations d'Europe de l'est...


Faites-moi plaisir, arrêtez avec le discours Franco a maintenu l'Espagne hors du conflit mondial, Franco a roulé Hitler en 1940 à Hendaye, Franco s'est débarrassé des extrémistes en les envoyant sur le front de l'est, Franco a sauvé des juifs et Franco marchait sur l'eau.
Tout cela s'est qu'ont réussi a faire croire la diplomatie et la propagande franquiste à partir de 1945, il fallait bien essayer de survivre en faisant croire aux alliés et surtout à leurs opinions publiques que certes le regime etait anti-communiste mais qu'il avait joué double-jeu avec les allemands.
A l'occasion feuilletez "Un peuple trahi: l'espagne de 1876 à ce jour" de Paul Preston, il explique que le Caudillo voulait se joindre au conflit aux côtés de l'Axe et qu'il résista autant qu'il le put aux pressions et menaces des alliés
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 17:04    Sujet du message: Répondre en citant

Euh.. je n'ai rien dit de tout ça, désolé si tu a mal interprété.

Juste dit que Franco, pas un modéré, avait trouvé encore plus facho que lui dans ses rangs et qu'il s'en était débarrassé avec un cynisme confondant, ou pragmatisme (selon le point de vue).

"Hitler me tanne pour que je le soutienne

"Les plus extrémistes des falangistes me les brises

"Eureka ! Faisons d'une pierre, deux coups: je m'en débarrasse en les envoyant se faire tuer pour Adolf, et les deux arrêtent de me faire suer."

C'est le cynisme du truc que je soulignait, rien de plus.
_________________
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requesens



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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 17:19    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Euh.. je n'ai rien dit de tout ça, désolé si tu a mal interprété.

Juste dit que Franco, pas un modéré, avait trouvé encore plus facho que lui dans ses rangs et qu'il s'en était débarrassé avec un cynisme confondant, ou pragmatisme (selon le point de vue).

"Hitler me tanne pour que je le soutienne

"Les plus extrémistes des falangistes me les brises

"Eureka ! Faisons d'une pierre, deux coups: je m'en débarrasse en les envoyant se faire tuer pour Adolf, et les deux arrêtent de me faire suer."

C'est le cynisme du truc que je soulignait, rien de plus.


Non, non j'avais bien compris et c'est pour cela que j'insiste!
Franco ne s'est pas débarrassé des plus extrémistes, il a envoyé les volontaires de son plein gré, il rêvait au contraire de rejoindre la lutte contre les judeo-bolcheviks.
Ce n'est qu'après-guerre que le régime se lance dans une grande opération de rétro-pédalage, nous ne sommes pas aussi méchants que vous le pensez, au contraire nous avons toujours été avec vous, la preuve Hendaye, les juifs....et tiens puisque nous sommes en 1945 nous arrêtons même de fusiller ces horribles rouges qui croupissent dans nos prisons..
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loic
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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 17:22    Sujet du message: Répondre en citant

En juin 1940, les plus durs du régime étaient prêts à de tailler une part de l'AFN, ils n'attendaient qu'un coup de pouce d'Hitler, étant quand même conscients que la Wehrmacht était loin et que les marines alliés constituaient un obstacle de taille.
Mais la réponse allemande n'arrive pas et entre temps le repli massif de l'AdA vers le Maroc et l'Algérie et la détermination de Noguès douchèrent les espoirs espagnols.
Au niveau alimentaire, le pays était quand même dans une situation difficile.

Mais restons dans le sujet svp.
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 17:37    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Requesens, c'est noté.
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Jan 01, 2022 18:28    Sujet du message: Répondre en citant

requesens a écrit:
Franco ne s'est pas débarrassé des plus extrémistes, il a envoyé les volontaires de son plein gré, il rêvait au contraire de rejoindre la lutte contre les judeo-bolcheviks.

L'un n'exclue pas l'autre, non ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 02, 2022 21:00    Sujet du message: Répondre en citant

2 mars
Pologne
Notre meilleur ami
Monde entier
– Suite aux dernières tractations, relances et entremises entre les services diplomatiques polonais et ceux du Quai de la Joliette, la presse tricolore libérée lance une importante campagne de communication en faveur de Varsovie. Plusieurs titres français, tels le Monde, Le Matin ou encore le tout nouveau Libération consacrent une bonne partie de leurs quatre pages aux événements de Varsovie, sur la base des informations fournies par le gouvernement en exil. Curieusement, les titres communistes ou sympathisants sont un peu moins diserts, préférant évoquer la fulgurante progression de l’Armée Rouge qui, selon plusieurs auteurs, « ne manquera pas de mettre un terme au plus vite aux souffrances du peuple polonais, qui a déjà tant souffert par le passé sous le joug d’oppressions de toutes sortes. » On appréciera la formule.
En tout cas, il en est qui n’apprécient pas du tout la campagne de presse française, et ce sont les Anglais ! Cette tentative transparente de leur forcer la main leur paraît prodigieusement inélégante… On murmure même que le Foreign Office se serait discrètement ému de ce qu’il considère comme « un geste d’une rare impulsivité (1), alors que notre allié sait bien l’infinie difficulté qu’i y a à mélanger politique et opérations militaires. » Sans aucun doute, en Yougoslavie (par exemple !), les choses sont-elles un peu plus embrouillées – et les intérêts français et britanniques pas toujours complètement convergents. Mais pour ce qui concerne la Pologne, il semble bien que pour les plus hautes autorités de la France Combattante, les choses soient au contraire parfaitement claires. Comme l’écrira plus tard Charles De Gaulle dans ses Mémoires de Guerre : « Dans les entreprises où l’on risque tout, un moment arrive, d’ordinaire, où celui qui mène la partie sent que le destin se fixe. Par un étrange concours, les mille épreuves où il se débat semblent s'épanouir soudain en un épisode décisif. Ce moment, c’était celui que les Polonais devaient saisir. Nous ne pouvions les en empêcher, cela dût-il nous coûter de subir mille mécontentements et autant de mesquineries. Dans sa justice, le Dieu des batailles allait offrir à leurs soldats un grand combat et une grande gloire. »
Sans doute la plume du Général s’est-elle faite quelque peu lyrique, peut-être sous l’influence de ses souvenirs de 1921. Mais du point de vue de Londres, les envolées lyriques ne valent pas le poids des armes. Et si Lord Selborne, ministre de l’Economie de Guerre, veut bien encore féliciter le général Kukiel pour les brillants résultats de l’opération Jula« Une opération conduite avec efficacité et efficience, qui mérite toute notre admiration et notre appréciation » – chacun aura compris depuis longtemps que la Pologne, pour Londres, ne saurait, dans le fond, servir à rien d’autre qu’à faciliter la défaite des armées nazies par les Russes. De Gaulle aura beau évoquer en personne le sujet du 2e Corps d’Armée polonais par téléphone avec Churchill (2), il sait bien que c’est sans espoir et que Montgomery ne voudra jamais se passer de ces troupes.
D’où le recours à des moyens détournés pour contraindre à agir – selon une méthode pas très éloignée de celle que le gouvernement de Pierre II tente au même moment d’utiliser. Les galas de charité et autres événements permettant des prises de parole d’attachés militaires ou de diplomates polonais se multiplient déjà Outre-Atlantique, dans un grand élan destiné à émouvoir le peuple américain afin que, du côté de la Maison Blanche, on se décide à faire enfin quelque chose (3).
Et tous ces signaux convergent finalement vers Moscou. Où ils sont assez mal reçus, il faut bien le dire. Car on ne force pas la main à l’URSS de Staline, surtout quand le Vojd se sent si fort.

Notes
1- Impulsiveness – ce qui peut se traduire aussi par impétuosité…
2- Churchill restera muet sur l’épisode de Varsovie dans ses Mémoires… Par contre, il aurait eu à l’époque envers ses agaçants contradicteurs un mot des plus assassins : « Quand les aigles sont silencieux, les perroquets se mettent à jacasser. » Nul ne lui avait rappelé qu’en août 1920, il avait déclaré : « Poland has saved herself by her exertions and will I trust save Europe by her example » (La Pologne s’est sauvée elle-même par ses efforts et j’ai confiance qu'elle sauvera l’Europe par son exemple)…
3- Les liens d’amitiés américano-polonais, entretenus par une forte diaspora (comme en France…) étaient particulièrement puissants. Par exemple, en 1926, le gouvernement polonais eut l’idée d’envoyer à Washington pour les 150 ans de la déclaration d’indépendance américaine une “carte d’anniversaire” que tous pouvaient signer. Elle arriva… en 110 volumes, car abondée par plus de 5 millions de personnes (sur un pays de 30 millions d’habitants !). Remise officiellement par Leopold Kotnowski à la Maison Blanche et parsemée de poèmes, photos, dessins et autres fleurs séchées, elle est toujours consultable à la Library of Congress.


Dernière édition par Casus Frankie le Dim Jan 02, 2022 23:07; édité 1 fois
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Dim Jan 02, 2022 22:44    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Dans les notes de bas de page, il manque "3-" devant "Les liens américano-polonais..."

@
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John92



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MessagePosté le: Lun Jan 03, 2022 08:23    Sujet du message: Répondre en citant

...
Sans doute la plume du Général s’est-elle faite quelque peu lyrique , peut-être sous l’influence de ses souvenirs de 1921. Mais du point de vue de Londres, les envolées lyriques (de telles envolées? pour éviter la répétition de lyrique) ne valent pas le poids des armes.
...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Jan 04, 2022 01:41    Sujet du message: Répondre en citant

3 mars
Les Balkans compliqués
Difficile rapprochement de points de vue
Athènes
– Ragaillardi par les gestes de bonne volonté consentis par Belgrade et s’appuyant sur les présents de Marseille, l’ambassadeur de France Roger Maugras revient à la charge face à son interlocuteur serbe, le ministre des Affaires étrangères Milan Grol. Tout en exprimant, au nom de la République française, « le vif souhait que la campagne à venir conduise à une libération rapide de tout le royaume de Yougoslavie », notamment « avec l’aide du matériel fraternellement fourni par la France », Son Excellence évoque longuement son « espoir de voir sous peu le retour des services plénipotentiaires à Belgrade, retour qui sera évidemment le signe du rétablissement du fonctionnement normal et apaisé des institutions du pays. » Maugras prend la peine d’appuyer sur le terme « apaisé » – chacun aura compris qu’il ne s’agit pas ici de faire économiser des pas et des coups de téléphone aux chargés d’affaires de l’ambassade…
Grol ne peut qu’acquiescer. Evidemment, les choses vont rentrer dans l’ordre, évidemment le Royaume n’oublie pas le soutien indéfectible que la France lui a apporté, elle qui est son amie depuis 1914 et même avant… Evidemment, Sa Majesté se fait fort de mettre un terme aux troubles qui secouent le pays, dans les meilleurs délais et en respectant l’intérêt de chacun.
On ne saurait mieux dire. Maugras conclut donc, avec le sourire : « Je m’en réjouis, tout comme Monsieur le ministre Léon Blum et le Président du Conseil s’en réjouiront aussi, j’en suis certain. Vous savez – je m’en suis déjà ouvert à vous – l’intérêt amical qu’ils vouent à votre Nation. Nous attendons donc avec impatience les contre-propositions que votre gouvernement voudra bien apporter aux ouvertures de Monsieur Šubašić. Nous nous ne doutons pas qu’elles sauront enfin dissiper le regrettable malentendu qui vous sépare. Soyez assuré, Monsieur le ministre, de notre appui dans vos négociations avec le Foreign Office, dont nous ne partageons pas forcément l’approche directe et quelque peu intrusive du sujet. »
Le message est clair : soyez raisonnables, ou Londres risque de montrer les crocs en notre nom. La traditionnelle tactique du gentil et du méchant policier en somme… Milan Grol l’a bien compris – et en raccompagnant Son Excellence à la porte, il s’apprête à alerter le cabinet du Roi.

Pologne
Notre meilleur ami
USA-URSS
– Alors que Bernard Montgomery vient de fournir au War Office une note des plus sèches réglant une fois pour toutes (selon lui) la question d’un éventuel retrait du Corps d’Armée Anders, l’Union Soviétique est officiellement informée ce jour par les Etats-Unis des opérations en cours pour assister Varsovie… dont l’envoi de la brigade parachutiste polonaise ! Cette donnée cruciale a été lâchée tôt ce matin par l’ambassadeur William A. Harriman au ministre Molotov lui-même, à l’occasion d’une démarche d’une candeur sidérante de l’ambassadeur, qui venait demander pour les Alliés l’autorisation d’utiliser des bases soviétiques pour ravitailler les Polonais !
Cette erreur ne pourra bien sûr qu’avoir les plus graves conséquences les jours suivants, et les Alliés européens ne manqueront pas d’évoquer longuement le sujet avec le Département d’Etat, dont le professionnalisme n’est sans doute pas aussi grand que Londres ou Marseille pouvaient l’espérer. Quoique… en agissant ainsi, les Américains ont-ils été vraiment naïfs ? Ou ont-ils simplement provoqué en toute connaissance de cause une crise qui leur permettra de se défausser de toute responsabilité en accusant la cruauté de l’Ours ? Aujourd’hui encore, la question n’est pas tranchée…
Bref : pour les bases, évidemment c’est non – même si, en langage diplomatique, Molotov promet que « la question sera étudiée ». Ensuite, l’Union Soviétique considère comme une agression le déploiement de cette brigade parachutiste, dont elle n’a même pas été informée – quelle ingratitude, alors qu’elle met toute son armée au service de la libération de la Pologne ! Les relations entre le gouvernement polonais en exil et l’URSS sont donc suspendues jusqu’à nouvel ordre. De plus, les jours à venir, toute la presse soviétique se répandra à longueur d’articles sur « l’attitude irresponsable et criminelle du groupe de Londres (sic !) dont les partisans persistent, par leur opportunisme forcené et leur nationalisme obtus, à nier l’apport fraternel de l’URSS, à gêner par leurs actions désordonnées les efforts de l’Armée Rouge des Ouvriers et Paysans, et finalement à faire le jeu de l’occupant nazi. »
Staline ira plus loin, tout à la fois dans l’outrance et le cynisme : dans l’une de ses prises de parole à la radio, il fera carrément référence à l’Armée Secrète comme à « une bande de bandits sans valeurs ». La messe est dite, le monde devra faire avec. Il n’est plus question d’espérer faire quoi que ce soit en Pologne sans l’URSS.

Précautions soviétiques
Suwałki (Pologne libérée… des Allemands)
– De fait, la bravade du gouvernement en exil ne déchaine pas que les insultes en URSS – on peut aussi déceler à Moscou une sourde inquiétude, que la gaffe américaine n’a en fait qu’aggraver. Pour y remédier le Comité polonais de Libération Nationale (dit Comité de Lublin) est officiellement institué ce jour comme l’autorité légale de la province « libérée » de Suwałki. Une démarche peut-être un peu précipitée et qu’on n’a d’ailleurs pas osé, pour l’heure, infliger à… Lublin (justement), au vu des événements qui viennent de s’y dérouler comme des tensions qui y persistent. Cependant, la province de Suwałki est on ne peut plus calme – autant en profiter !
Ainsi, le 3 mars à 15h00, Stanisław Łapot – un survivant de feu le PC polonais et un des principaux organisateurs du Parti des Travailleurs polonais de Bialystok – arrive place Mickiewicz en compagnie de plusieurs officiels (Edmund Przybylski et Tadeusz Sobolewski notamment) pour prendre la parole sous le drapeau rouge et devant une foule “spontanément” rassemblée. Il proclame la déchéance des anciennes institutions. Tadeusz Sobolewski est désigné maire de la ville – en complément de ses nombreuses autres fonctions (4). Un nouveau conseil municipal est établi – il siègera dès ce soir (5). La police est immédiatement dissoute puis reformée selon le modèle bulgare. Des cadres sont déjà prêts.
L’événement sera suivi d’un meeting dans le cinéma Rusałka, en présence de divers représentants de la population locale, cordialement invités pour l’occasion à ne pas donner leur avis. On explique, on dénonce, on démontre… on aura l’occasion de le faire à nouveau : les jours suivants, de multiples conférences de presse se tiendront, toujours avec l’aimable participation du NKVD, qui n’hésitera pas à fournir la liste des invités et à assurer leur transport.
Ce faisant, l’Union Soviétique viole évidemment à peu près tous les traités conclus avec la Pologne et les autres grands Alliés à grand renfort de serments solennels. En effet, elle met ainsi en place, sous son égide mais sans aucun droit, une autorité de fait n’ayant d’autre valeur que celle de ses armes. Une politique pas très éloignée de celle du Reich en France il y a quatre ans. Mais ce n’est pas grave : la Pologne est loin de la France !


Notes
4- L’intéressé était déjà auparavant maire de Sejny… un simple village.
5- Du fait des destructions en ville, la mairie sera un immeuble sis 62/64 rue Kościuszki, ayant servi de centre administratif aux Allemands, qui l’avaient confisqué à des Juifs depuis déportés… Mais les réunions seront fort rares et Tadeusz Sobolewski prendra personnellement (en apparence…) la majorité des décisions.
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John92



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MessagePosté le: Mar Jan 04, 2022 09:08    Sujet du message: Répondre en citant


On ne saurait mieux dire. Maugras conclut donc, avec le sourire : « Je m’en réjouis, tout comme Monsieur le ministre Léon Blum et le Président du Conseil (Comme on nomme Léon Blum, ne pourrait-on pas faire de même pour le président du conseil, quand même, De Gaulle) s’en réjouiront aussi, j’en suis certain.
...
Cette donnée cruciale a été lâchée tôt ce matin par l’ambassadeur William A. Harriman au ministre Molotov lui-même, à l’occasion d’une démarche d’une candeur sidérante de l’ambassadeur, qui venait demander pour les Alliés l’autorisation d’utiliser des bases soviétiques pour ravitailler les Polonais !
...
De plus, (manque?) dans les jours à venir, toute la presse soviétique se répandra à longueur d’articles sur [i]« l’attitude irresponsable et criminelle du groupe de Londres (sic !) dont les partisans persistent, par leur opportunisme forcené et leur nationalisme obtus, à nier l’apport fraternel de l’URSS, à gêner par leurs actions désordonnées les efforts de l’Armée Rouge des Ouvriers et Paysans, et finalement à faire le jeu de l’occupant nazi. »

Staline ira plus loin, tout à la fois dans l’outrance et le cynisme : dans l’une de ses prises de parole à la radio, il fera carrément référence à l’Armée Secrète comme à « une bande de bandits sans valeurs (valeur?) ».
...
L’événement sera suivi d’un meeting dans le cinéma Rusałka, en présence de divers représentants de la population locale, cordialement invités (encouragés?) pour l’occasion à ne pas donner leur avis. On explique, on dénonce, on démontre… on aura l’occasion de le faire à nouveau : les jours suivants, de multiples conférences de presse se tiendront, toujours avec l’aimable participation du NKVD, qui n’hésitera pas à fournir la liste des invités et à assurer leur transport.
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