Fantasque Time Line

[JPBWEB]

[houps]

" ... Et alors là, ce sera votre bibliothèque...
- Que me conseillez-vous ?
- Eh bien, j'avais pensé à quelque chose de très design...
- Je ne vous parle pas de ça. Je vous parle de ce qu'il faut mettre dedans !
- Ah ? Ben... je vous conseille Victor Hugo. Un bon mètre. Toujours très classe, Victor Hugo. Et puis, ça parle à un tas de gens..
- Victor Hugo ? Notre-Dame de Paris ?
- C'est ça.
- Va pour Victor Hugo. Et ensuite ?
- Alors, personnellement, je verrai bien un mètre de Balzac, un demi de Flaubert. A la mode, Flaubert, en ce moment...
- Oui, mais la mode...
- C'est vrai que ça passe... Et puis, In-con-tour-na-bleu : deux mètres de FTL.
- Deux mètres ?
- Ou trois.
- Trois ?
- C'est possible.
- Va pour trois mètres, alors. Relié cuir ?
- Surtout pas ! Cela ferait très mauvais genre !
..."
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Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.

[Casus Frankie]

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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)

[Hendryk]

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With Iron and Fire disponible en livre!

[John92]

J'ai tenté "affaires sensibles " sur France inter
Pas de réponse
Je les relance en Mai pour une émission en Juin (le 12, si ma mémoire est bonne)
ou la communauté n'est pas d'accord?
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Ne pas confondre facilité et simplicité

[Casus Frankie]

Juin 2023, au mieux !!
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)

[borghese]

[demolitiondan]

D'ici là on aura sorti le tome 3 en 5 volumes
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[Wardog1]

Voir une adapatition du duel entre le richelieu et le bismarck en film uchronique sur netflix serait cool, mais je suis sur que les anglais seraient capable de le boycoter pour révisionisme...
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"You and I are opposite sides of the same coin. When we face each other, we can finally see our true selves. There may be a resemblance, but we never face the same direction."

Larry Foulke

[loic]

[Kotka]

[JPBWEB]

[Hendryk]

Il ne faudrait pas que Netflix préfère la version "australienne" non-canonique de FTL, avec ses colonies françaises qui deviennent pro-collabo parce que c'est plus rigolo comme ça, et son empire britannique qui se sort glorieux et invaincu de toute l'histoire pour rayonner sur l'humanité reconnaissante jusqu'à la fin des temps.
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With Iron and Fire disponible en livre!

[loic]

Allez zou, on en reste là.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...

[Casus Frankie]

Et pendant ce temps-là, sur le front…

15 mars
Opération Friedericus II
Le Führer veut un miracle sur la Vistule
Région de Chorzele (HG Nord) – La 3. PanzerArmee atteint le poste qui lui a été attribué par les ordres d’Adolf Hitler le 23 février : les confins de la Pologne, en couverture de Dantzig et précisément à l’angle formé par le HG Nord en Prusse Orientale et le HG Mitte défendant la Vistule. Les jours suivants, les forces de Werner Kempf se répartiront sur un périmètre assez vaste, quoiqu’à la mesure de leurs moyens affaiblis. Le XXIV. PanzerKorps (Martin Wandel), avec trois divisions d’infanterie encore opérationnelles, sera au centre à Chorzele. Le LII. ArmeeKorps (Hans-Karl von Scheele), trois divisions très fatiguées (dont une était l’ultime survivante de feu le LVI. AK), tiendra le flanc gauche à Groß Piwnitz, faisant la jonction avec la 16. Armee. Enfin, le XLVII. PanzerKorps (Erhard Raus), avec deux PanzerDivisions éreintées, gardera le flanc droit, à Romany-Sebory, afin d’assurer la liaison avec la 2. Armee. Quant au XLI. PzK (Hellmuth Weidling) – ou plutôt ce qui en reste (une PanzerDivision en lambeaux et un StuG Abt) – il devrait venir sous peu s’adjoindre à la 3. PzA ; il sera en réserve dans les bois de Stara Wieś.
Ces forces éreintées n’ont que 25 km de front à tenir. Pour le moment, cela suffira pour voir venir, et peut-être même pour assurer la jonction entre le HG Mitte et le HG Nord au cas où la 16. Armee déciderait de sortir de ses tranchées, le moment venu, pour tendre la main à Friedericus II. En tout cas, avec un HG Nord ainsi renforcé, la route de Dantzig, de la 6. Armee et d’un encerclement de la Prusse orientale paraît désormais bien fermée.
………
Région de Varsovie (2e Front Biélorusse) – La 4e Armée de la Garde d’Ivan Muzychenko se trouve à présent seule à l’est de Varsovie. Elle a la lourde tâche de garder, sans soutien ou presque, les rives de la Vistule puis de la Narew entre les régions de Wyszków et de Garwolin – soit près de 80 kilomètres, en attendant que le 1er Front Biélorusse (sur la droite) et les formations de réserve (sur la gauche) garnissent un peu ses flancs. Cela devrait être fait d’ici 48 heures – mais pour l’heure, Muzychenko fait le dos rond en espérant ne pas être la cible d’une attaque fasciste. En effet, il est de plus en plus isolé !
Plus en amont, la chevauchée continue. La 4e Armée de Choc d’Ivan Maslennikov est à Trojanów – confrontée à un véritable embouteillage de forces dans le secteur de Puławy, elle entreprend de se décaler vers l’est, en direction de Przytoczno, suivie par la 37e Armée de Vasily Chuikov. Et encore plus à l’est, la 1ère Armée de Chars de Mikhaïl Katukov continue d’accélérer, passant de Stoczek Łukowski au carrefour de Wojcieszków (entre Przytoczno et Koch), afin de barrer la route aux panzers au plus vite.
………
Région de Siedlce (2e Front Biélorusse) – Rien de particulier à signaler ici – sinon que l’armée rouge a fini de passer la région du Boug pour enfin atteindre Siedlce. Les trois formations en jeu – 15e Armée, 7e Corps Blindé et 3e Armée de Choc – éreintées et en perte de potentiel, font ici une brève halte bienvenue pour repos et (surtout) ralliement avant de poursuivre. Une halte qui n’a rien de généreux : selon Konstantin Rokossovski, ces forces sont désormais bien placées pour se porter ultérieurement vers Lukow (au Centre) ou Międzyrzec Podlaski (à l’Est) selon le chemin que suivra l’adversaire. Et de fait, Georgiy Zakharov, Mikhaïl Purkayev et Alexei Panfilov sont à seulement 30 kilomètres de la route de l’adversaire. En vérité, ils descendent même justement de son prochain objectif : Białystok.
………
Entre Siedlce et Dęblin (2e Front Biélorusse) – Les dernières forces engagées en catastrophe dans la région de Puławy entreprennent elles aussi de se décaler, afin de préserver un peu de leur efficience en limitant les encombrements avec leurs camarades. Ainsi, la 2e Armée de la Garde de Leonid Govorov glisse vers Sierskowola, tandis que la 54e Armée de Serguei Roginski entreprend de repasser en seconde ligne, afin de laisser à la 29e Armée la place de manœuvrer. Demain, elle se retirera sûrement à son tour pour redéploiement.
………
QG de campagne de la 1. PanzerArmee, Radom (Pologne), 15h30 – Mais au même moment, Friedericus II doute, en dépit de ses vifs progrès et du temps infâme qui protège toujours la 1. PzA de l’aviation ennemie. Pour Paul Hausser, la journée avait pourtant bien commencé, avec l’arrivée tardive (mais l’arrivée quand même) des chars qui manquaient au tout neuf 508. schw. Pz. Abt. Les panzers du Major Hudel vont aider davantage le reste du PanzerKorps GrossDeutschland de Walter Hornlein à finir de casser les pointes bolchéviques. Certes, ce ne sont pas des Tiger mais des Leopard – cependant, c’est bien mieux que rien ! Surtout que l’effort ennemi s’accroît sans cesse dans le secteur de Puławy.
Malgré tout, l’OberstGruppenführer, qui reste toujours en contact avec Wewelsburg et Rastenburg – il faut bien informer les chefs et se mettre en valeur ! – s’inquiète. Depuis plusieurs heures, il ne reçoit plus de communications claires de ses chefs ! Les informations qui lui parviennent sont confuses, éparses, parfois contradictoires mais toujours inquiétantes : on parle d’un attentat, qui aurait – blasphème suprême ! – coûté la vie au Führer. Le Dolchstoß, encore une fois ! Et le SS de se demander s’il ne va pas devoir bientôt arrêter son offensive triomphale pour courir en Prusse orientale ou à Berlin afin de remettre de l’ordre dans le Reich. Bien sûr, pour l’heure, rien n’est confirmé. Inutile d’affoler la troupe – mais les nouvelles vont vite. C’est pourquoi, toute l’après-midi, l’armée blindée qu’il commande ne sera pas éperonnée comme la veille – au contraire, elle sera même incitée à une certaine réserve… Quand les circonstances s’y prêteront, bien sûr.
………
Secteur de Puławy (Friedericus Nord) – Dans cette zone, la féroce mêlée se poursuit entre trois armées soviétiques renforcées d’un corps mixte, d’une part, et un PanzerKorps avec deux divisions blindées et une mécanisée, d’autre part. Comme la veille, la ligne de front ne bouge guère, coincée entre les deux blocs qui s’affrontent. La 60. Panzergrenadier Feldernhalle d’Otto Kohlermann, saignée à blanc par deux jours d’assauts continus ou presque, se retire vers Puławy, sur la Vistule. Elle passe ainsi en seconde ligne, derrière la Hermann-Göring et le 508. schw. Pz Abt, qui étaient initialement venus la renforcer. Un repli certes, mais un repli modéré : de Puławy à la ligne de front, il n’y a guère que 8 kilomètres ! Heureusement pour les Allemands, les derniers jours ont aussi coûté extrêmement cher à la 64e Armée de Mikhaïl Sharokine – laquelle paie visiblement ici une certaine inexpérience – ainsi qu’au Groupement Pliev, qui a dû la soutenir. Elle doit donc elle aussi commencer à céder la place à autrui – plus précisément à la 29e Armée d’Alexander Gorbatov, qui ne saurait cependant tout faire. S’ensuit un flottement évidemment favorable à la Wehrmacht, qui peut respirer et espérer reformer sa ligne.
Sur la droite allemande, la GrossDeutschland de Hasso von Manteuffel – libérée par les manœuvres soviétiques – se décale vers Wola Czołnowska, afin de prendre de flancs les Rouges tout en restant en mesure de poursuivre le moment venu. Il est désormais évident pour les Soviétiques que l’attaque directe vers Puławy n’est pas une solution. Il est probable que la bataille va s’éteindre sous peu dans ce secteur, au profit d’une sorte de course vers l’est, d’ailleurs déjà engagée. La vigoureuse poussée du 2e Front Biélorusse pour sectionner la base de Friedericus II a échoué.
Plus tard, certains en déduiront que Konstantin Rokossovski a manqué de maîtrise, qu’il a été gagné par la fébrilité, voire même par la panique. C’est probablement un jugement exagéré. D’ailleurs, pour coûteuse qu’elle ait été, cette contre-attaque improvisée n’est pas restée sans résultat ! La preuve : trois jours après le début de l’opération, le PanzerKorps GrossDeutschland ne s’est toujours pas éloigné des rives de la Vistule. Certes, devant, le IV. SS-PanzerKorps de Felix Steiner fonce et passe la Wieprz à Koch – mais il est seul et dans l’incertitude de savoir s’il doit poursuivre ou repartir en arrière. Or, aujourd’hui, le QG de Paul Hausser ne lui apportera aucune réponse.
………
Secteur de Solec nad Wisłą (Friedericus Centre) – La 2. SS-Panzer Das Reich (Heinz Lammerding) est désormais libre de poursuivre vers l’est, couverte sur sa droite par le II. SS-PanzerKorps de Walter Krüger – donc dans une position bien peu orthodoxe, car elle est isolée du reste de son corps d’armée, mais il fallait bien garnir le centre en attendant une percée. Or, n’en déplaise aux romantiques amateurs de chevauchée blindée, l’occasion ne fait pas tout ! Sans véritable objectif (le QG d’armée ne lui en a pas fixé de nouveau, après la Vistule) et sans adversaire en face (les débris du 22e Corps Blindé sont déjà bien au-delà de Chodel, avec le 5e Corps Mécanisé), la Das Reich hésite… et va finalement, de façon assez naturelle, rejoindre son I. SS-PzK, qui défend le flanc sud. Tâche peu glorieuse, mais ô combien nécessaire ! La division oblique donc à regret vers le sud, afin de porter assistance à la 1. SS-Panzer Leibstandarte Adolf-Hitler. Au soir, elle arrive vers Kraśnik – sans s’être trop pressée, faute d’ordres clairs venus d’en haut.
………
Région de Lublin (Friedericus Sud) – Il est vrai que la LAH fait face à des assauts de l’Armée Rouge plus déterminés à chaque heure, quand bien même ceux-ci restent décousus. De fait, les hommes de Theodor Wisch ont un peu de mal à tenir la ligne face aux T-34 du 5e CB de la Garde Jitomir : Vladimir Zhdanov est de mieux en mieux soutenu par les tubes de la 5e Armée, et les débordements se multiplient face aux lignes SS étirées sur (déjà !) 25 kilomètres. Pour l’heure, la supériorité en défense des Panther et une meilleure maîtrise manœuvrière permet cependant à l’élite de l’armée nazie de contrer les pointes soviétiques – mais l’exercice ne pourra pas durer éternellement, surtout sans renforts. Au surplus, aujourd’hui, la “Garde du Führer” n’aurait-elle pas plus urgent à faire, loin de la Vistule ? La question taraudera ses officiers supérieurs une bonne partie de la journée, limitant de ce fait quelque peu leur agressivité.
Pour le II. SS-PzK de Walter Krüger, par contre, la journée commence bien. La Hohenstaufen de Wilhelm Bittrich a passé la Vistule et s’est largement déployée dans la plaine entre Bełżyce et Lublin. Elle est ainsi rattrapée sur sa gauche par la 10. SS-Panzer Frundsberg de Lothar Debes, qui a fini de jouer les voitures-balais. Cette masse blindée charge à présent vers Lublin, dont les habitants ont déjà tant souffert… et vers le 5e Corps Mécanisé d’Ivan Sukhov, dernier rempart de la révolution, renforcé par les restes sans chef du 22e Corps Blindé.
Toute la journée, T-34 et Su-122 reculent en gagnant du temps face aux panzers, profitant de la pluie (il fait si moche qu’on ne voit pas l’ennemi de très loin, ce qui réduit l’avantage conféré par les optiques allemandes), de la boue et aussi d’un certain flottement dans les rangs nazis, lesquels laissent échapper au moins deux possibilités de débordement vers Dominów –qui aurait pourtant sans doute permis de se glisser vers le centre-ville. Chaque fois, le 5e Corps de Cavalerie (V.D. Kriuchenkine) est venu en urgence boucher les trous… et derrière, le 3e Corps Aéroporté (V.A. Glazunov) – renforcé d’un fatras d’unités disciplinaires, de logistique ou de soutien – se retranche dans Lublin en se préparant à vendre chèrement sa peau, comme d’autres l’été dernier à Malyn. Ils l’ignorent, mais ils n’en auront pas besoin.
En effet, dans la soirée, Walter Krüger, écœuré par la résistance soviétique et surtout par le temps perdu (il n’a fait que 45 kilomètres en deux jours – une très bonne performance, mais au-dessous des prévisions), ordonne de contourner Lublin par l’ouest pour rattraper ses camarades plus au nord. Souhaitant s’épargner un long et coûteux combat de rues, il prend ainsi une décision logique, basée sur un plan d’opération très ambitieux – peut-être même trop ambitieux. Cependant, il laisse ainsi sur son flanc des forces certes méprisées, mais non négligeables et toujours susceptibles de se reformer pour l’assaillir plus tard…
………
QG de campagne de la 1. PanzerArmee, Radom, 18h30 – La nuit est tombée sur le troisième jour de Friedericus II et l’OberstGruppenführer-SS Paul Hausser est soulagé. Il a reçu il y a une heure à peine des nouvelles très rassurantes de la bouche du Reichsführer-SS en personne, lequel lui a annoncé que le Guide suprême était en vie, la situation sous contrôle et les traîtres – évidemment – bientôt châtiés. Il ne doit avoir aucune inquiétude : le Reich millénaire est inébranlable ! A tel point que, quand Hausser a proposé de détacher des troupes pour aider à rétablir l’ordre, il s’est attiré un refus aussi ferme que définitif. « La stabilité politique de notre nation est garantie, OberstGruppenführer. Ne vous préoccupez pas de l’arrière, c’est à l’avant que vous défendez notre civilisation en servant notre arme ! »
Joli compliment… Hausser s’est hâté de transmettre cette information à ses principaux subordonnés, afin de relancer au plus vite l’attaque. Drag Nach Osten ! Cependant, il fallait aussi confirmer officiellement la bonne nouvelle à une troupe un peu anxieuse, qui a fait halte pour la nuit. Hausser a donc fait diffuser par tous les haut-parleurs et toutes les radios le bulletin spécial d’information de Radio-Berlin : « Berlin annonce : notre vénéré Führer Adolf Hitler vient d’échapper ce jour à un ignoble attentat fomenté par des comploteurs déjà identifiés et sous les verrous. Les services de sécurité du Reich procèdent en ce moment même aux ultimes arrestations. Gloire à notre Führer ! Longue vie à l’Allemagne ! Vive la Victoire ! »
Parfait ! La guerre continue ! Plus besoin de se regarder en chiens de faïence avec la Heer. On va même pouvoir envisager de relâcher les quelques responsables de la Wehrmacht à Radom mis sous les verrous à Radom, à titre de précaution. Satisfait, Hausser quitte son bureau et pénètre dans la grande salle où tout son état-major bouillonnait encore, une seconde auparavant, de cris de joie et d’acclamations. Dès qu’on l’aperçoit, tous se mettent au garde-à-vous, le bras droit levé et s’exclament, en martelant le sol de leurs bottes entre chaque acclamation : Sieg Heil ! Sieg Heil ! Sieg Heil !
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – Le redéploiement des forces soviétiques vers Sandomierz se poursuit. Malgré tous les efforts, les premiers éléments ne seront pas à destination avant demain soir au mieux. Puis il faudra encore se préparer avant d’engager une inévitable future action.
………
Région de Rzeszów (3e Front Ukrainien) – Selon les ordres du maréchal Vassilievski – auxquels même un autre maréchal, fût-il Ivan Koniev, ne saurait s’opposer – la 2e Armée de Chars (Sergei Bogdanov), le 19e Corps Blindé (Ivan Vasilev), le 20e Corps Blindé (Pavel Poluboiarov) et le 7e Corps Mécanisé (Ivan Tutarinov) lèvent le camp en hâte vers le nord et le front dans le secteur de Lublin. Un voyage de 120 kilomètres – sous la pluie et dans la boue, il faudra sans aucun doute deux à trois jours avant d’arriver, au moins.
Le 3e Front Ukrainien, effectivement pillé de sa masse de manœuvre selon le souhait du Vojd (il ne lui reste que quatre armées), aurait sans doute un peu de mal à faire face à une éventuelle action ennemie… Sans même parler de prendre l’offensive ! Fort heureusement, dans les deux cas, rien n’est prévu. Koniev n’a pour l’heure aucune raison de s’inquiéter
………
Région de Lvov et contreforts des Carpates (2e Front Ukrainien) – Les forces d’Ivan Bagramian commencent à s’avancer vers les lignes de l’Axe. Leurs actions sont destinées tout à la fois à manifester visiblement leur présence et à gagner quelques positions qui pourront être utiles plus tard. Devant ces cinq armées, appuyées par une armée de chars et un corps blindé, se trouve pour l’essentiel la 1ère Armée hongroise du colonel-général Béla Miklós Dálnoki. Un homme totalement loyal au Régent et dont les relations avec les Allemands sont… très complexes. D’ailleurs, ses régulières convocations auprès du général Gotthard Heinrici, commandant du HG B, déchainent à chaque fois des rumeurs d’arrestation (11) – il est vrai que Dálnoki n’apprécie guère l’Allemagne, et pas davantage les Nazis… sans parler bien sûr de la tournure que prend le conflit.
Mais ça ne veut pas dire qu’il soit prêt à ouvrir aux Rouges la porte de son pays – pas sans ordres en tout cas. Quant à la troupe, elle se rappelle très bien le chaos de la guerre civile, et le souvenir infâme de la République des Conseils de Béla Kun reste dans tous les esprits. Aussi, malgré une réelle infériorité en nombre comme en armement, la Honvèd s’accroche à ses positions retranchées en Ruthénie, plus particulièrement le long des vallées menant à Tourka et Plav’ya. En face, les frontovikis n’insistent pas trop… Les échanges de tirs et les coups de main se poursuivent ainsi toute la journée, pour une colline, une route, un point d’observation, sans que jamais rien n’en sorte de vraiment décisif.

Stratégie stalinienne
Mise sous pression
Kremlin (Moscou) – Pour Joseph Staline, l’heure n’est pas à la sérénité. Lui qui a déjà l'impression tenace et désagréable que le destin se paie sa tête en lui rejouant la même pièce à 23 années d’intervalle, se retrouve à présent contraint d’envisager les éventuelles conséquences politiques d’un possible désastre sur la Vistule. Que diront les Roumains et les Bulgares, si l’Armée Rouge devait subir un grave échec ? Et les Hongrois, avec lesquels on devra bientôt discuter – au moins pour la forme ? Et les Polonais, qu’on est pourtant supposé secourir ? Et les Yougoslaves – du moins ceux de Tito – qu’on va bien devoir aider, eux aussi, pour ne pas les laisser en tête-à-tête avec les Occidentaux ? Et les Occidentaux, justement, assurément déjà trop heureux d’assister aux déboires de l’URSS ?
Toute cette affaire est ridicule ! Les Fascistes étaient en déroute il y a une semaine encore, et aujourd’hui ils nous rejouent Barbarossa ? Il faut mettre les choses au clair avec les responsables concernés, et au plus vite – tous ces généraux se sont endormis sur leurs médailles, oui ! Aussi, après avoir brisé deux ou trois pipes dans la journée, faute qu’elles brûlent à son gré, le Camarade maréchal passe trois coups de téléphone.
Le premier à Vassilievski, afin de s’informer de l’exécution des décisions actées avec lui la veille. Elle est engagée ? Parfait, alors qu’elle aille plus vite. Ensuite, à la Stavka – Aleksei Antonov et Sergueï Chtemenko. Pour eux, une seule consigne : défendre la route de la Biélorussie en engageant toutes les réserves dont l’état-major dispose dans ce secteur du front. « Je vous tiendrai personnellement responsables de la moindre défaillance, est-ce clair ? » Très clair – le Fasciste ne remettra pas les bottes en URSS. Parfait ! Et maintenant, pour la forme et après en avoir informé Chtemenko, Georgui Joukov. Son 1er Front Biélorusse ne sert à rien là où il se trouve – qu’il envoie immédiatement ses forces mécanisées en arrière, vers Ostrów Mazowiecka, afin de servir d’ultime réserve mobile en cas de percée des panzers. La manœuvre a été suggérée hier par Antonov, on ne s’étonnera donc pas que Staline suive son avis.
En vérité, contrairement à une légende datant de Barbarossa – et soigneusement entretenue jusqu’à aujourd’hui – cette fois comme aux premiers jours du conflit, Staline ne panique pas. Il réagit avec vigueur, voire avec brutalité et (parfois) avec sagacité à un événement majeur contrariant ses plans. Sans forcément réfléchir à toutes les conséquences à long terme, quitte à bousculer les uns ou les autres, et même à renverser la table – un comportement qui, toutes choses égales par ailleurs, ressemble beaucoup à celui de Joukov il a six mois, devant Malinovski et feu Vatoutine.

Notre (nouveau et sympathique) meilleur ami
QG de la 4e Armée de la Garde (2e Front Biélorusse), près de Wolomin – Tard dans la soirée, le général Ivan Muzychenko fait son rapport par téléphone à la Stavka – il a au préalable été informé que le camarade Staline serait lui aussi à l’écoute. Le général se garde donc bien de la moindre apparence de défaitisme ou même d’inquiétude. Néanmoins, après avoir précisé le déploiement de ses forces en attendant les renforts promis, il évoque l’état de sa progression vers la capitale polonaise et les événements qui se sont déroulés là-bas dans la journée, tels que rapportés par ses éclaireurs sur la rive est de la Vistule. Il conclut alors, avec fatalisme : « En l’état actuel de mes forces, il est douteux que je puisse accomplir quelque chose de significatif avant plusieurs jours. Evidemment, nous pouvons toujours tenter quelques opérations de diversion et tendre la main aux insurgés depuis notre côté du fleuve – mais l’ennemi a visiblement décidé d’éliminer l’insurrection jusqu’au dernier combattant. Et le reste de la population de Varsovie risque de subir le même sort. »
Des affirmations implacables. Sur le plan strictement militaire, Chtemenko lui-même n’y trouve rien à redire. Sur le plan politique, par contre… Staline prend le micro : « Je vois, Ivan Nikolaevich. C’est regrettable. Néanmoins, c’était prévisible – il faut s’occuper de cette maudite offensive fasciste, et nous ne pouvons pas non plus tout faire ! Cependant, nous avons une solution. » La voix se fait plus forte : « Le général Berling est bien avec vous ? »
Muzychenko : « Assurément, Camarade maréchal, il vous écoute. »
Staline : « C’est votre heure de gloire, général Berling. Je suis sûr que vous avez hâte de voler au secours de vos compatriotes. »
A Wolomin, face au micro dirigé vers lui, Berling s’est levé et se fige dans un garde-à-vous de statue, à tel point que Staline jurerait avoir entendu claquer ses talons : « Evidemment, Camarade maréchal. C’est un immense honneur. » Raide à soutenir des poutres, le commandant de la 1ère Armée polonaise n’imaginait pas sans doute pas que son entrée triomphale à Varsovie prendrait des allures de mission suicide.

Note
11- Ancien chef du renseignement militaire, attaché militaire à l’ambassade de Berlin puis directeur du cabinet militaire de l’amiral Horthy, Dálnoki est évidemment parfaitement informé du jeu de dupes constant qui se joue entre Berlin et Budapest !