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1940 - La France continue la guerre
 
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Diplomatie-Economie, Février 1944
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Etienne



Inscrit le: 18 Juil 2016
Messages: 2824
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Dim Oct 24, 2021 16:29    Sujet du message: Répondre en citant

Ouais.

Enfin, c'est quand même une région en guerre depuis (au moins) trois-quatre millénaires...
Que certains en aient profité n'en fait pas une zone riche et paisible ...
_________________
"Arrêtez-les: Ils sont devenus fous!"
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demolitiondan



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Messages: 9248
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MessagePosté le: Dim Oct 24, 2021 16:47    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours le problème sunnite, chiite. Mais un état stable de 752 à 1258.
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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JPBWEB



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Localisation: Thailande

MessagePosté le: Dim Oct 24, 2021 17:19    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Toujours le problème sunnite, chiite. Mais un état stable de 752 à 1258.


Ou comme disait le Commandant Sylvestre, "les Sistites, les Sinusites et les Pêche Melbas" Very Happy
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"L'histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées"
Konrad Adenauer
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Etienne



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MessagePosté le: Dim Oct 24, 2021 17:26    Sujet du message: Répondre en citant

Euh, la Mésopotamie, c'est avant l'islam. Mais ça se battait quand même. Rolling Eyes
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houps



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MessagePosté le: Dim Oct 24, 2021 17:58    Sujet du message: Répondre en citant

Sans vouloir être exhaustif, c'est vrai que cette contrée est bénie.
Se sont joyeusement et virilement expliqué entre eux, ou avec leurs voisins, ou avec des touristes mal perçus, dès - 3400 (Uruk, Mésopotamie), et sans doute avant, mais les traces écrites manquent, Akkadiens, Assyriens, Babyloniens, Israëlites, Hittites, Egyptiens, Elamites, Sassanides, Phéniciens, Sumériens, Grecs, Romains, (Romains de l'Est et Romains de l'Ouest), Arabes, Croisés ( grand sac fourre-tout à remplir par vos soins: des "Francs", lourds ou légers, mais pas que), Mongols, Turcs, Européens (hors Croisés), Américains... j'en oublie, y'en a trop... Et je ne vous fais pas les sous-catégories... Rolling Eyes
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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loic
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MessagePosté le: Dim Oct 24, 2021 22:12    Sujet du message: Répondre en citant

Fin de la récré Drapeau blanc
Churchill parle d'élections française de 1943, on peut rappeler ici de quoi il s'agit ?
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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LaMineur



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MessagePosté le: Lun Oct 25, 2021 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

20 février

Churchill, retour de mission
Démocratie
Chambre des Communes (Londres)
– Il n’est pas encore tea time quand le vieux Lion remonte sur la tribune pour une « courte » déclaration relative à sa récente tournée méditerranéenne (ce qui n’inclut évidemment pas son escale à Moscou (20)…).


La note (20) n'est pas au bon endroit.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 11:41    Sujet du message: Répondre en citant

LaMineur a écrit:
La note (20) n'est pas au bon endroit.


Corrigé.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 11:47    Sujet du message: Répondre en citant

21 février
Pologne
Sauter le mur
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– Même si les Polonais sont évidemment satisfaits des suites inespérées de l’entrevue de la veille, les conséquences des événements de Vilnius (et plus généralement de la progression fulgurante des armées soviétiques en Pologne) se font également sentir.
Toujours divisé en deux coteries – “pragmatiques” d’un côté, “idéalistes” de l’autre – le gouvernement paraît décidément incapable de fixer une ligne claire concernant l’attitude à adopter dans l’attente des entrevues avec le “comité de Lublin” – lequel pourrait d’ailleurs mériter bientôt son nom ! Certes, il est prévu qu’on reverra dès demain les représentants des armées de sa Gracieuse Majesté pour discuter du déploiement de la brigade Sosabowski… Mais il est déjà évident que les Anglais ne collaboreront qu’en traînant les pieds.
Or, parachutistes ou pas, corps d’armée Anders ou pas, il est certain qu’au train où vont les choses, les Soviets seront à Varsovie avant la fin du mois de mars. Et lorsqu’ils y seront et que le drapeau rouge flottera sur le Pałac Viceregal (1), il sera beaucoup plus difficile de négocier… si tant est qu’on puisse encore négocier.
A moins, bien sûr, que les Russes ne puissent pas prétendre avoir libéré seuls le pays. A moins, bien sûr, que les Anglais ne soient contraints par une vive pression extérieure de suivre l’exemple de la compréhension française et du pragmatisme américain.
Les premières actions de Tempête, qui prétendaient devancer l’Armée Rouge de quelques heures, sont d’évidence un échec ? Certes, mais c’est parce qu’elles manquaient d’envergure, face à une armée allemande pourtant en pleine débandade. Alors, déclare Tadeusz Bór-Komorowski à ses compatriotes : « il faut déclencher Tempête sur la totalité du territoire sans attendre, pour précipiter l’envoi des troupes régulières. Pressés par l’opinion mondiale, les Britanniques seront obligés de nous assister en urgence… et les Soviétiques n’oseront plus agir comme à Vilnius. » Le général commandant l’AK a sans doute raison – enfin, pour une partie au moins de ses prévisions…

Les Balkans compliqués
Tout le monde aime Tito !
Yougoslavie
– Il pleut encore aux confins de la Serbie et du Monténégro. Mais cela ne gêne pas Jozip Broz Tito qui, bien à l’abri dans sa grotte confortablement aménagée, se laisse aller à quelques confidences devant sa cour : Milovan Đilas, Aleksandar Ranković, Edvard Kardelj et bien sûr Zdenka, sa “secrétaire”. La chose est rare – le “Vieux” est réputé très secret. Ne dit-on pas qu’il va jusqu’à cacher dans ses bottes les dépêches en provenance de Moscou ? Ses paroles n’en ont donc que plus d’importance, surtout peu après son retour de sa mystérieuse escapade en Grèce. Que s’est-il dit au bord de la Méditerranée ? Et quand Tito compte-t-il se rendre de nouveau à Moscou pour discuter avec le Petit Père des peuples, plutôt qu’avec les capitalistes décadents ? Car il est évident que les Occidentaux n’offriront jamais à l’AVNOJ le centième du soutien que lui assure le Paradis des Travailleurs. Sans doute, la plupart des armes parachutées en Yougoslavie depuis trois ans ne sont pas venues des arsenaux soviétiques… Mais à présent, l’Armée Rouge est toute proche des frontières de la Yougoslavie, et elle ne se contentera pas de leur envoyer de vieux fusils et une poignée de grenades !
Face aux questions de ses camarades, le chef des Partisans reste peu disert. Il interroge plus qu’il ne répond, évoque longuement l’état de préparation de ses forces en Bosnie, Slovénie et Croatie, questionne Đilas sur l’état d’esprit qui règne à Zagreb, sonde Ranković sur ce qu’il devine des intentions des agents occidentaux présents parmi ses troupes. Finalement, il conclut : « L’heure de la Révolution approche. Je sais que mes déclarations et mes récentes rencontres ont pu semer le trouble dans les esprits. Je répondrai seulement : fiez-vous à moi et aimez-moi comme je vous aime. Comme j’aime tous les Yougoslaves ! »
– Même les Croates du NDH ?
interroge Zdenka, sentencieuse.
– Même les Croates du NDH, qui reviendront immanquablement à la raison le moment venu. T’ai-je déjà raconté l’histoire de ce petit faucon que les camarades m’avaient offert ? Je l’ai dressé, nourri de viande, appris à venir se poser sur mon épaule. Un jour, une fois qu’il fut devenu grand, je lui ai rendu sa liberté. Et bien il est revenu de lui-même deux jours plus tard, de lui-même, pour se poser sur mon épaule afin que je le nourrisse ! Je crois bien qu’il est revenu quatre fois vers moi avant de disparaitre pour de bon. Ahahah ! Depuis ce jour, il est des camarades qui me disent « Tout ce qui est vivant devrait aimer un homme tel que toi ! » Je ne suis pas inquiet pour les Croates en tant que peuple – ils ne sont pas différents des autres Yougoslaves. Ils souffrent autant que les autres de l’oppression fasciste. On leur a simplement un peu mieux bourré le crâne, grâce à la complicité de quelques traîtres.
– Puisses-tu avoir raison…

Aleksandar Ranković intervient, en bon membre du Politburo et chef de la police de l’AVNOJ : « L’Histoire a toujours donné raison au maréchal ! Déjà, lors du 5e Congrès-conférence du PCY, en 1940, il avait eu la sagesse d’appeler à lutter immédiatement contre les Fascistes, sans actions hâtives certes, mais sans jamais se compromettre avec eux (2). »
– Hélas, Aleksandar, la situation s’est encore dégradée depuis. La Yougoslavie est aujourd’hui menacée d’implosion face aux menées fascistes et au retour des capitalistes.

Bien calé sur la caisse qui lui sert de fauteuil, face à la petite assemblée qui l’observe, le chef de guerre reprend d’un ton professoral : « Plus que jamais, notre Nation a besoin d’un gouvernement réellement populaire pour mener la résistance armée, réunir ses composantes et lutter contre les tentatives de dépeçage du pays. Ce n’est pas l’imposteur, le parasite social de Belgrade qui pourra mener à bien pareille tâche ! Pourquoi ? L’histoire de la Révolution elle-même nous l’apprend ! En Russie, en 1917 – j’y étais, je peux vous en parler – le changement est d’abord venu d’une révolution bourgeoise, soutenue par les masses laborieuses et les classes moyennes libérales. C’est cette union qui a renversé le tyran Nicolas II et qui a accompli la première étape de la révolution. Nous sommes à présent dans une situation analogue : plus personne dans le pays ne croit au pouvoir royal. Et nous devons nous aussi nous unir, sinon les pays yougoslaves seront séparés et deviendront des protectorats anglais ou américains – comme ils auraient pu devenir allemands ou italiens – mais cette fois, sans même qu’une invasion étrangère soit nécessaire. C’est au Parti de s’opposer dès à présent à cette catastrophe en organisant la lutte populaire et en démasquant la trahison bourgeoise et les violences exercées par les puissances capitalistes étrangères. »
Tito laisse à son auditoire le temps d’assimiler cette leçon de communisme quelque peu scolaire, avant de poursuivre. « Voilà pourquoi il faut dès à présent travailler à l’union du prolétariat, à l’union des classes laborieuses, pour éliminer toutes les possibilités d’action des réactionnaires. Par la lutte armée s’il le faut ! Vous avez évidemment tous lu mon livre à ce sujet (3) ? » Tous hochent la tête à l’unisson. « Alors, n’oubliez pas ce qu’a dit Lénine : la révolution prolétarienne est la forme la plus élevée de la lutte des classes. Et l’agitation des masses provoquée par la guerre nous en offre enfin l’occasion. »
L’orateur ouvre les bras dans un geste affectueux vers son auditoire. « Et grâce à vous tous ici, nous en avons enfin les moyens. La longue expérience tirée de la guerre en Espagne ou de la lecture des œuvres de grands esprits comme Clausewitz ou Napoléon – réactionnaires mais valeureux tout de même – tout cela va enfin porter ses fruits ! »
Milovan Đilas assure l’un des répons de ce rituel : « Notre armée sera le poing de fer du prolétariat, qui mènera la lutte et entraînera avec elle les ouvriers, les paysans et les différents mouvements de libération nationale. Au passage, elle neutralisera puis détruira l’ancien système administratif et militaire. »
– Je l’ai dit il y a déjà trois ans, le 15 avril 1941 : un nouveau monde naitra de cette sanglante guerre impérialiste. Une communauté véritablement fraternelle se formera sur la base de l’indépendance réelle de tous les peuples de Yougoslavie.

Tito fait une brève pause après cette auto-citation, puis reprend : « Il est vrai que les camarades de Moscou m’ont à l’époque trouvé trop aventureux – mais la réalité est là. Par la volonté populaire, je serai le chef de cette communauté. Je peux, je veux et je dois être son chef ! Pour le bien de tous ! Enfin, si Moscou n’y voit pas d’objection bien sûr. »
Ranković éclate de rire : « Aucun risque – c’est aussi grâce à nos informations que l’Armée Rouge a pu châtier si vite les armées fascistes qui ont attaqué l’Union Soviétique (4) ! C’est grâce à notre participation à l’effort collectif que le jardin des Ouvriers et Paysans a pu fleurir sans craindre l’invasion ! »
Edvard Kardelj ne peut s’empêcher de montrer un peu d’amertume : « Oui, nous avons immédiatement répondu à l’appel du camarade Dimitrov : “Le PCY doit faire tout son possible pour soutenir et faciliter le juste combat mené par les peuples révolutionnaires ! Chaque membre du Parti est aujourd’hui un soldat de l’Armée Rouge !” Hélas, il est dommage que la solidarité de l’Armée Rouge ait mis aussi longtemps à se concrétiser. Je ne crois pas que certains de ses officiers aient attendu comme Moša Pijade durant 37 nuits d’affilée un ravitaillement qui ne devait jamais arriver. »
Ce désagréable rappel historique de la part de l’intellectuel slovène refroidit un instant l’atmosphère. Tous ici savent que Moša Pijade et ses hommes se sont effectivement longtemps gelés dans la plaine sous le mont Durmitor en espérant une aide promise mais qui n’était pas venue. Le Komintern s’était contenté d’envoyer des recettes de fabrication d’explosifs !
Tito corrige, pour la forme mais avec autorité : « Camarades, les bavardages nuisent à la lutte. Le grand-père Ded l’a encore dit très récemment à nos camarades grecs… Et d’ailleurs, à l’époque de cette histoire, ce n’est pas nous qui étions en tort, mais notre politique jugée, j’en ris aujourd’hui, trop à gauche ! Cela m’avait vexé, mais j’ai compris à présent. J’ai compris que la Patrie des Travailleurs ne voulait pas soutenir trop visiblement notre combat de crainte de déclencher une réaction des capitalistes ! Ce qui explique mes déclarations récentes. Mais rien n’a changé dans notre projet. Vous savez tous ce qu’exprime notre slogan “Pas de retour à l’ordre ancien !” Nous ne renonçons pas à la Révolution, nous sommes simplement désormais en accord avec la doctrine soviétique qui met l’accent sur le caractère patriotique du combat. »
– Dans le combat contre l’occupant, la Révolution se trouvera d’elle-même !
– Oui, camarade Đilas ! Brillant ! Et pour ce combat, nous avons des armes, des hommes, des femmes, et même des bateaux ! Ah – et deux avions je crois, même si je ne suis pas sûr qu’ils puissent encore voler. Dommage que le camarade Jovanović ne soit pas parmi nous, il aurait pu me le confirmer. Enfin, chacun sait le bien qu’il fait à présent en Slovénie.

Effectivement, chacun sait qu’Arso Jovanović est près de Ljubjana. Et ce pour une raison simple : si Tito l’y a expédié, c’est pour s’en débarrasser ! Sans y parvenir totalement d’ailleurs, car cet ancien capitaine de l’armée yougoslave se distingue par son étroitesse d’esprit et ses innombrables maladresses. En effet, sitôt arrivé chez les Slovènes, ce Monténégrin a refusé avec morgue de tenir compte des avis du PCS et du Comité Exécutif du Front de Libération Nationale, et même d’en recevoir les représentants ! Pire, il a ordonné une série de changements qui ont fortement déplu aux Partisans locaux. Obligation du port de l’étoile rouge. Changements arbitraires dans l’état-major au profit de ses proches Serbes (tous arrivés armés jusqu’aux dents, fiers d’être « terrifiants » !). Enfin, déploiement des Slovènes en Croatie (au sud de la rivière Kolpa), au motif que la Slovénie ne serait pas « un terrain propre au combat de masses de Partisans » ! Kardelj en personne avait dû le convoquer pour arrêter le massacre et – situation inédite pour un chef militaire – lui interdire de mener tout action sans l’accord express de l’état-major central ! Les mesures litigieuses avaient bien sûr été immédiatement abrogées, mais sans que cela suffise à calmer totalement la grogne. Comme Kardelj devait tenter plus tard – vainement – de le lui expliquer, « si une armée régulière peut se déplacer comme bon lui semble, une armée révolutionnaire doit croître à partir de ses propres racines révolutionnaires dans son propre pays ». Attiser la défiance slovène, toujours aussi forte, en tentant d’imposer par la force une réforme centralisatrice était bien la dernière chose à faire.
Jovanović n’en était d’ailleurs pas à son coup d’essai. Ce n’est pas pour rien que Kardelj dit de lui qu’il est « de ces anciens officiers d’état-major qui ne comprennent pas que les méthodes caractérisant la guerre menée par les partisans sont très différentes de celles propres aux guerres frontales. » Illustration de cette incompréhension coûteuse et déjà ancienne : le 1er décembre 1941, à Levja (province du Sandzak), il a fait massacrer près de cinq cents combattants (203 morts et 269 blessés) en ordonnant de stupides attaques frontales contre les Allemands. Pourtant, Tito l’a nommé au commandement suprême en Slovénie – le Vieux est vraiment fidèle en amitié (5).
Devinant les sombres pensées de chacun, Josip Broz reprend d’une voix forte : « Fraternité et unité, camarades ! On nous a dit morts, finis, ayant renoncé à la Révolution mondiale ! Et pourtant nous sommes toujours là, plus puissants que jamais ! Avec l’AVNOJ, nous touchons au but ! Alors soyez exigeants avec vos hommes, mais apprenez aussi à pardonner. Comme j’ai pardonné aux camarades Kardelj et Đilas, ici présents, de m’avoir fourni des passeports d’une qualité déplorable, ou encore de m’avoir fait lanterner deux mois à Istanbul. »
Le tout avec un grand sourire – évidemment rendu. Si le Vieux pardonne facilement, il oublie beaucoup moins facilement… La cordialité n’exclut pas le contrôle (6).
– Et je n’ai pas besoin de vous dire qu’il n’y a rien à pardonner au maréchal Staline, qui nous enverra bientôt une mission militaire que l’on annonce nombreuse, et qui a consenti à nous offrir, non pas un prêt, mais un don important. N’est-ce pas, camarade Đilas ?
– C’est vrai, Tito. Quand j’ai parlé de rembourser, il m’a dit : « Vous m’offensez. Vous répandez votre sang et vous voudriez que j’accepte que vous me remboursiez un argent qui vous aura servi à acquérir des armes. Je ne suis pas un marchand. Nous ne sommes pas des marchands, nous autres ! »
– Voilà, il nous fait l’honneur de sa confiance. Il a toujours eu droit à la nôtre. Ce qui n’est pas le cas de ces capitalistes occidentaux qui nous soutiennent par opportunisme. Ne baissez pas la garde, amis ! Je crois avoir été clair ? En revanche, nous devons ouvrir grandes les portes du Parti à tous les repentants. Mêmes aux anciens soldats de Mihailovic, ce vieux grigou qui se vantait de nos exploits, avec qui nous partagions notre butin et qui ne cessait de tenter de nous poignarder dans le dos (7). »

Se rendant compte que son jugement risque d’être mal interprété, Tito corrige immédiatement : « A la réflexion, je n’avais rien contre Draza lui-même. Mais il était mal entouré, par des officiers indignes de confiance, des ivrognes indisciplinés, des pillards, des violeurs ! Ceux qui sont désormais à Belgrade ! Eh, qui sait si les Anglais n’étaient pas derrière certains affrontements fratricides – ce Hudson qui a conseillé Draza… »
A cet instant, un gros berger allemand surgit de l’ombre pour se jeter sur le Maréchal. Le redoutable chef des Partisans abandonne alors son discours pour flatter, caresser et embrasser l’affectueux animal, qui multiplie les coups de langue.
– Oh ça, c’est un bon chien ! Tiger, tu es plus fidèle que les Anglais, j’en suis sûr ! Loyal comme Luks l’était ! J’espère que tu ne connaîtras pas le même sort. Non, sûrement pas – les mauvais jours sont passés !
Tout l’AVNOJ connait l’histoire de Luks, le fidèle compagnon du chef qui s’est sacrifié durant les combats de 1942 pour protéger son maître blessé au bras. Le chien s’était couché au milieu de la mitraille sur la tête de Tito, retombant sur son visage « comme un sac de blé plein » (un sac sale, puant et infesté de puces) au risque de l’étouffer et malgré les tentatives de son maître pour l’écarter. Puis, alors que ce dernier allait finir par le frapper, Luks avait soudainement frissonné pour tomber raide mort sur le Croate stupéfait. Le chien venait d’encaisser un shrapnel qui, sans lui, eût décapité Tito !
L’histoire est belle – et elle est même authentique. Inspirante aussi : bien des Partisans seraient prêts à imiter le pauvre Luks, si cela s’avérait un jour nécessaire…

Manœuvres roumaines (et soviétiques)
Tensions
Bucarest
– Le précédent remaniement ministériel, imposé par le PC roumain sous l’amicale pression du nouveau partenaire soviétique, n’en finit pas faire des vagues dans l’appareil d’état royal. Jugé coupable d’avoir cédé trop facilement aux communistes, le général Constantin Sănătescu se retrouve à présent confronté à une véritable crise de défiance de la part de ses anciens partenaires des partis National Paysan et National Libéral. Le tout sous le regard amusé d’un Lucrețiu Pătrășcanu, qui observe – discrètement sans doute, mais avec plaisir – tous ces réactionnaires s’écharper.
Finalement, à bout d’arguments et dans l’espoir de déclencher un sursaut, Sănătescu offre sa démission. Tollé autour de la table. Les tractations commencent sans délai pour former un nouveau gouvernement – lequel sera évidemment encore plus faible que le précédent.


Notes
1- Résidence du Premier ministre et siège du conseil des ministres.
2- Du 19 au 23 octobre 1940, 108 délégués s’étaient réunis à Dubrava (en Croatie) pour étudier l’orientation future qu’il convenait de donner au Parti, sous la surveillance étroite de Moscou. En réalité, Tito avait précisément décidé l’inverse : à savoir, de ne pas s’opposer immédiatement aux “Fascistes”…
3- Technique et stratégie de l’insurrection armée – étude rédigée par Tito entre février et mars 1941 pour une conférence tenue à l’école du Parti.
4- Au printemps 1942, le PCY a envoyé à Moscou de nombreux rapports faisant état de mouvements de troupes vers la Roumanie, de blindés porteurs de mentions “Nach Moskau” et même de conversations d’officiers avinés se vantant, au comptoir d’un bar quelconque, du fait qu’ils allaient « entrer en Russie comme dans du beurre ».
5- Tito écrira plus tard : « Les Slovènes ne me le pardonneront jamais, car cet homme a fait dans leur pays toutes sortes de choses. Mais j’ai ainsi réussi à m’affranchir de sa présence néfaste durant les ultimes offensives ! »
6- Ainsi en fut-il de sa relation amicale avec l’écrivain Miroslav Krleža, qui revint volontairement à Belgrade en 1945, bien qu’il fût très critique envers le pouvoir titiste. Informé, Tito le reçut très froidement dans son bureau, sans lui serrer la main et en lui ordonnant sèchement de s’assoir face à lui. Une demi-heure après, il l’invitait à déjeuner. La camaraderie née de la Première guerre mondiale avait toutefois ses limites – Krleža déclarera par la suite à de jeunes cadres communistes : « Vous n’avez aucune idée de ce qu’est le Parti (…) c’est une meule à grains qui broie. »
7- Tito fait ici référence à l’épisode de la prise d’Užice, en 1941, après laquelle Partisans et Tchetniks se partagèrent 15 000 fusils et 5 millions de dinars en espèces. Le chef du PCY espérait alors conclure un cessez-le-feu durable avec ses rivaux – mais deux jours plus tard, des émissaires tchetniks sollicitaient la Wehrmacht pour obtenir des armes supplémentaires « afin de lutter contre les communistes » !
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Hendryk



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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 12:35    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Alors, déclare Tadeusz Bór-Komorowski à ses compatriotes : « il faut déclencher Tempête sur la totalité du territoire sans attendre, pour précipiter l’envoi des troupes régulières. Pressés par l’opinion mondiale, les Britanniques seront obligés de nous assister en urgence… et les Soviétiques n’oseront plus agir comme à Vilnius. »

Tchang Kai-chek pourrait lui dire qu'il a tenté la même chose en 1937, et qu'effectivement, le soutien international est arrivé... fin 1941.
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Archibald



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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 14:48    Sujet du message: Répondre en citant

Pauvre clébard ! Rolling Eyes Mais c'était un bon tito, pardon, un bon toutou... no luks for the poor dog, diraient les anglais.

Tito parle vraiment comme un livre... et les autres boivent ces paroles. La Yougoslavie, charmant pays...
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Hendryk



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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 15:04    Sujet du message: Répondre en citant

Les Balkans étant ce qu'ils sont, Tito est sans doute ce qui pouvait leur arriver de mieux par défaut.

Parce qu'à part lui, franchement, on ne voit guère que des crapules, des égorgeurs et des imbéciles...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 15:32    Sujet du message: Répondre en citant

22 février
Les Balkans compliqués
La stratégie du pire
Belgrade, 09h00
– Dans la partie libérée de la Yougoslavie, le blanc pur de la neige contraste avec de nouveaux drames. Alors même que le cabinet royal se réunissait pour évoquer la création d’une commission d’enquête sur les fuites constatées sous le précédent gouvernement, la capitale est secouée par une puissante détonation.
Un attentat vient de frapper Belgrade dans le secteur de l’ancienne gare, zone toujours en cours de déblaiement dans un but de récupération de matériaux. Et il ne s’agit assurément pas d’une bombe oubliée qui viendrait de détoner avec deux mois de retard ! En effet, sitôt arrivée sur les lieux, la police royale constate que l’explosion a eu lieu sur l’avenue Karađorđeva, au passage d’un convoi des corps-francs yougoslaves. Ceux-ci déplorent une dizaine de morts et une vingtaine de blessés – lesquels sont en train d’être secourus au milieu des flammes dans une confusion pour le moins inquiétante. Il faudra la prompte intervention d’une patrouille britannique de passage pour éloigner un stock de carburant situé tout près du sinistre.
Une fois l’urgence traitée, on passe bien vite à la recherche des coupables. Naturellement, on soupçonne tout de suite des espions oustachis. A moins que ce ne soit des terroristes communistes… ou même des agents hongrois ! De fait, le royaume ne manque certainement pas d’ennemis. Cependant, le mode opératoire fait clairement penser au travail d’une petite structure, voire d’amateurs. Si les Allemands étaient responsables, murmure-t-on dans les ruines de Belgrade, il y aurait eu bien plus de morts.
Il sera toutefois difficile d’en savoir plus. L’enquête s’annonce très compliquée – la police a peu de moyens et le gouvernement a d’autres priorités. Mais, sans même que ses auteurs soient identifiés, l’attentat a d’ores et déjà une conséquence très nette : il dissipe le peu de doutes qui subsistaient encore dans l’esprit de Pierre II sur l’évolution future de sa politique. Et le souverain, observant de sa fenêtre la rue agitée, de demander au général Petar Živković où en est la livraison des bombardiers qu’on lui a promis…

Légère divergence de points de vue
Belgrade, 14h00
– Harcelé comme jamais auparavant par tous les acteurs politiques de Yougoslavie, et malgré l’atmosphère délétère qui règne dans la capitale yougoslave, Ivan Šubašić rend sa première proposition… d’arbitrage (?) relative à la formation d’un gouvernement d’union nationale dans le royaume de Yougoslavie.
Les exigences de l’AVNOJ – c’est-à-dire de Tito – sont simples mais rudes. Et la neige qui tombe n’adoucit pas vraiment leurs termes. Pour que le Comité National de Libération de la Yougoslavie s’unisse avec le gouvernement royal de Belgrade, il faut que le roi Pierre II dénonce officiellement « les crimes commis par les Tchetniks et par la clique des intrigants qui se réclament de lui » et prononce une amnistie envers tous les combattants (des Tchetniks aux Partisans), « amnistie valable jusqu’à la fin du conflit, quand la Justice pourra sereinement faire son œuvre ». Puis il doit dissoudre son gouvernement actuel et nommer un nouveau cabinet d’union nationale, ainsi qu’un commandement militaire où « les postes seront répartis en fonction des efforts de chacun. » Ces menus ajustements effectués, les Partisans sont prêts à « engager à fond leurs puissantes armées pour libérer au plus vite le reste du pays. »
Chacun se doute que, pour les communistes, le nom du nouveau Premier ministre commence par un B et finit par un Z. Tito se sent en position de force, il n’est pas disposé à céder grand-chose. Et même si Šubašić est – à titre personnel – favorable à la monarchie, il transparaît dans son rapport que cette solution est désormais la seule voie d’avenir pérenne pour la Yougoslavie.
Ce n’est bien sûr pas l’avis des principaux responsables de Belgrade, remontés comme jamais par l’attentat commis dans la matinée (entre autres choses) : le Premier ministre Bozidar Purić aura tôt fait de rejeter en bloc cette « inadmissible prise en otage de l’unité nationale ». Et les frères Knežević, du cabinet militaire du roi, passeront de longues heures à expliquer à leur souverain les multiples pièges de l’offre titiste puis à lui révéler la duplicité des Partisans grâce aux nombreux messages déchiffrés par leurs services. Pour ce qui les concerne, Ninčić et Živković ont choisi prudemment de s’éclipser – du moins cette fois-ci. Inutile d’user leur crédit sur ce sujet joué d’avance. Et puis, il ne faudrait pas surcharger le jeune roi d’informations…
Du côté des grands Alliés européens, on est assez peu satisfait de ce début de dialogue, dont on pressent qu’il lui sera difficile de déboucher sur une solution. Toutefois, Churchill se fait fort de forcer la main du Roi – « les pièges de la politique serbe ne doivent pas contrecarrer nos plans ! » gronde-t-il devant Anthony Eden. Ce dernier regrette ouvertement que les Français n’aient pas procédé à un grand nettoyage de l’entourage de Pierre II quand ils l’avaient sous la main… Mais à Marseille, Léon Blum argumente, professoral : « C’est une base de travail. Ils se parlent désormais, même si c’est pour s’insulter. Et ils continueront à se parler demain, car c’est l’intérêt de leur pays ! »
Malgré les nombreux aléas de sa carrière, Blum a décidément toujours eu confiance dans la nature humaine…

Manœuvres roumaines (et soviétiques)
Tensions
Bucarest
– Après vingt-quatre heures de tractations politiques rendue très difficiles par une tension extrême entretenue par de vieilles et multiples rancœurs, par d’authentiques angoisses quant à l’attitude soviétique, mais aussi par l’espoir d’une future intervention occidentale à partir de la Yougoslavie, la montagne tremble, s’ébranle et accouche, bien entendu, d’une souris.
En l’espèce, le remaniement du gouvernement roumain est minime : le ministère de la Guerre est désormais confié au général Ion Negulescu. Quant au général Nicolae Rădescu – autre militaire de carrière, mais aussi authentique adversaire des Allemands – il hérite du poste de ministre de l’Intérieur, officiellement à titre transitoire – dans les faits, cet état ne manquera pas de se prolonger pour des raisons d’union nationale.
On pourrait donc penser que les militaires sont de retour aux affaires… D’ailleurs, Constantin Sănătescu a réussi son pari : il redevient Premier ministre, dans la concorde générale. Cependant, tout n’est peut-être pas aussi positif qu’il y paraît. D’abord parce que Gheorghe Gheorghiu-Dej lui-même fait son entrée aux affaires, au poste (théoriquement mineur) de ministre des Communications. Ensuite parce que, miné par les mésententes, les dissensions et le manque de confiance, le gouvernement roumain sort terriblement affaibli de cette première épreuve.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Oct 26, 2021 18:48    Sujet du message: Répondre en citant

La solution violente à un problème violent. Évidemment, l'histoire du chien est vraie - belle illustration même pas inventée. Et Évidemment, Tito, en bon communiste, aime à s'écouter parler. Ce qui me permet d'expliciter ce que je comprend de sa pensée sans paraître trop scolaire.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Oct 29, 2021 23:14    Sujet du message: Répondre en citant

24 février
Pologne
Pas dupe
Ambassade d’URSS à Londres (6/7 Kensington Palace Gardens)
« Tout ceci est évidemment risqué. Vous auriez sans doute pu… nous prévenir… » Retranché derrière son bureau, Son Excellence Fedor Tarasovich Gusev – qui a remplacé Ivan Maisky, rappelé cet hiver à Moscou par un oukaze soudain – réagit avec une froideur très calculée aux annonces du ministre des Affaires étrangères de la République polonaise, venu cet après-midi évoquer les opérations en cours sur son territoire ainsi que l’inévitable négociation à venir avec le comité de Lublin – selon des modalités que l’on souhaite visiblement préciser sans attendre.
« C’est que nous ne voulions pas perturber le cours de vos opérations en évoquant ce qui n’était encore qu’hypothétique. Mais tout ceci est du passé ! » Comme certains tiraillements, ajoute en pensée Edward Raczyński, plein d’espoir… « Il faut mettre à profit dès aujourd’hui l’effondrement du front allemand – nous improvisons donc, comme vous peut-être. Et le gouvernement de la République souhaite désormais, sous l’égide des Nations-Unies et en tant que nation rétablissant son autorité sur son territoire, collaborer militairement avec vos forces pour une défaite rapide des Nazis. »
Sans aller, bien sûr, jusqu’à inviter l’Armée Rouge à se hâter, songe Gusev… Ainsi donc, voici enfin venue l’offre polonaise d’une collaboration loyale ! Ce qui impliquerait, de fait, la reconnaissance par l’URSS de l’Armée Secrète, donc de l’Autorité Réactionnaire sur les territoires libérés par celle-ci. A l’évidence, avec l’insurrection en cours, cet Edward Raczyński s’imagine en position de force. Ne se prévaut-il pas, d’ailleurs, du soutien des Français, voire des Américains ? Un peu moins de celui des Britanniques, bizarrement – à l’évidence, les instructions du Kremlin de modération envers le Royaume-Uni sont plus que justifiées.
En réalité, les Soviétiques ne sont pas dupes de la potion apparemment appétissante qu’on voudrait leur faire avaler – par cette manœuvre désespérée, les Polonais tentent visiblement de leur forcer la main en bluffant. Et s’ils agissent de la sorte, cela ne peut signifier qu’une seule chose… Loin d’être inquiet, Gusev se contente donc de mots creux et de paroles vagues et glacées – de celles qu’on adresse, non à un allié ni même à un partenaire, mais à un presque adversaire. Bien entendu, il fera un rapport détaillé à Moscou. Gagnons du temps, Camarades ! La montre et le Reich travaillent pour nous ! On attendra donc sans aucun doute avril, au moins, avant d’organiser une rencontre des exilés avec le Comité de Lublin.
En sortant de la pièce, Raczyński n’est bien sûr que très modérément satisfait. Certes, il a fait ce qu’on lui a demandé, mais il a surtout l’impression d’avoir dansé pour tenter de charmer un tigre – ou plutôt un ours. Ceci alors que le soutien français est aussi modeste que fraternel, que celui des Américains reste incertain – mais on y travaille – et que les Anglais viennent de refuser définitivement l’engagement régulier de la Balkans Air Force en Pologne, en prenant prétexte de la météo et de la préparation d’une importante opération. Ils semblent d’ailleurs fort mécontents du tour que prennent les événements – les choses s’annoncent donc encore plus complexes que prévu.
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