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France et Europe Occupées - Février 1944
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loic
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MessagePosté le: Jeu Oct 28, 2021 20:20    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Devant ce tableau des plus irritants, le QG allemand de Cracovie demande donc l’envoi en urgence de la terrible 8. SS-Kavalerie-Division Florian Geyer d’Hermann Fegelein – le beau-frère du Führer ! – pour rétablir l’ordre.

Le mariage de Fegelein avec la soeur d'Eva Braun n'a lieu qu'en avril, cf. passage du 20 avril.

Citation:
A peine 40 % des armes ont été livrées à l’heure et à l’endroit prévu.

délivrées étant un anglicisme (ou un américanisme, je ne sais plus).

Citation:
le bâtiment CIWF

Mouh ?

Citation:
les chiffres donnés sont approximatifs

"nombres", plutôt (les chiffres allant de 0 à 9.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Oct 28, 2021 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

Le fameux Fegelein... quand un film tout a fait respectable, et salué par la critique, deviens bien malgré lui, un phénomène Internet...

https://www.youtube.com/watch?v=RElwKjgn490

https://hitlerrantsparodies.fandom.com/wiki/Hermann_Fegelein

"Bringen Sie mir Fegelein, Fegelein, FEGELEIN! "

"Bring a singing Fegelein".
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
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"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Oct 28, 2021 21:28    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé pour Fegelein (n'ayant pas été invité, j'ai oublié la date du mariage ! Wink et surtout pour délivrées (anglicisme que je n'aime pas non plus !).
CIWF : un peu débordé par les Polonais j'ai oublié de demander à Demo Dan la signification de ce sigle, sûrement pleine de w et de z. Demo Dan ???
Chiffre : signe servant à représenter les nombres - certes ! Mais aussi, dès la deuxième acception (Larousse), total d'une somme - et là, il s'agit bien de totaux de sommes…
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Casus Frankie

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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Oct 28, 2021 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

Centralnym Instytutem Wychowania Fizycznego, - Institut central d'éducation physique (pour les professeurs aux armées et aux écoles).
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Archibald



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MessagePosté le: Ven Oct 29, 2021 07:38    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
et surtout pour délivrées


Peut être une réminiscence latente d'un visionnage de "La reine des neiges" avec les petits enfants ? Libéréééééé, délivréeee...
(un vrai cauchemar de parents, cette chanson. Je suis un papa très chanceux, mon gamin n'a jamais accroché a ce truc.)
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LaMineur



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MessagePosté le: Ven Oct 29, 2021 09:04    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Le mariage de Fegelein avec la soeur d'Eva Braun n'a lieu qu'en avril, cf. passage du 20 avril.

Et le mariage d'Eva Braun elle-même n'a lieu que le 29 avril 45 OTL (d'ailleurs il va falloir penser à une date !) ; donc administrativement, Fegelein n'a aucun lien avec le Führer. Officieusement, par contre...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Oct 29, 2021 23:12    Sujet du message: Répondre en citant

24 février
Pologne
Opération Tempête – La levée
Pologne occupée
– L’insécurité est à présent générale pour l’Occupant, ce qui se traduit, non seulement par des sabotages, mais aussi par un fort accroissement de l’hostilité de la population – laquelle n’hésite plus, dans les villages les plus isolés, à faire le coup de feu avec l’Armia Krajowa.
Evidemment, l’armée allemande est dépassée par la tâche – pour toute la Pologne, en plus des garnisons et des unités de police SS, les forces d’Occupation ne comptent que trois unités de maintien de l’ordre, les 390., 391. et 707. SicherungDivisionen, aussi mal commandées que mal armées. Ces maigres troupes réagissent avec d’autant plus de violence – mais ça, les Polonais ont l’habitude… Et l’opération Tempête de se poursuivre dans les différents districts, avec un manque de coordination qui semble hélas devenir déjà une sorte de coutume.
………
District de Rovne – Avant sa dispersion temporaire pour retour vers leurs foyers, les officiers de la 27e Division “de Volhynie” sont cordialement conviés à une ultime réunion de travail, organisée en théorie en présence du maréchal Koniev. Arrivés à Holoby – c’est-à-dire au milieu de nulle part, quoique sur la route de Lutsk (et non pas Loutsk), les responsables de l’Armée Secrète sont confrontés, non pas à Koniev, mais bien au général Alexander Pokrovsky, son chef d’état-major. Lequel n’a qu’une dernière demande à formuler aux Polonais avant de partir – qu’ils déposent les armes.
Stupéfaction dans les rangs de l’Armée Secrète, et notamment pour le colonel Bąbiński, qui pensait naïvement que l’Armée Rouge allait tenir une parole qu’elle n’avait même pas formellement donnée. Evidemment, dans les circonstances présentes – en plaine, encerclés par des éléments motorisés – il est difficile de prétendre résister. La 27e Division “de Volhynie” a donc vécu – elle est démantelée le jour même, ses bataillons isolés puis désarmés les uns après les autres, tandis que son chef et ses adjoints sont envoyés au Goulag. Le gros de la troupe reste pour l’heure dans un camp de « filtrage » où il leur sera offert un choix : Berling ou… Borowicze (ville située entre Moscou et Leningrad) [Seuls 48 Polonais réussiront à s’échapper, déguisés en soldats soviétiques.].
………
District de Lvov – Au même moment, le colonel Ludwik Czyżewski “Julian” et sa 5e Division d’Infanterie de l’Armée de l’Intérieur Enfants de Lvov prennent contact avec l’Armée Rouge, qui entre dans une Lvov entièrement libérée (ou presque !). Maître du terrain, retranché au milieu d’une population majoritairement polonaise, donc amicale, Czyżewski ne tarde pas à demander aux Soviétiques de venir le rencontrer – mais chez lui, en zone sécurisée. Si l’on en croit le major Stasiewicz, en charge des négociations, les Russes auraient accepté. Et vers 21h00, dans le bâtiment de l’avenue Kochanowski qui sert de QG à l’Armia Krajowa, l’état-major de la 5e DI décide de poursuivre les discussions avec le nouvel occupant, au moins demain…
………
District de Białystok – Sur la ligne de chemin de fer Augustów-Grodno, ce ne sont pas moins de quatre trains qui sautent, à différents endroits mais dans la même journée. Franciszek Slęczka n’a peut-être pas beaucoup de moyens – par contre, il met du cœur à l’ouvrage… Bien évidemment, dans le contexte de la manœuvre de redéploiement ordonnée la veille par Hitler, ces grosses piqûres d’insecte font pire qu’agacer l’HG Mitte – elles le gênent au plus haut point. Celui-ci demande donc aux troupes de l’arrière d’y mettre bon ordre au plus tôt. Ou alors elles devront aller remplacer leurs camarades sur le front…
………
District de Cracovie – Situation relativement calme autour de la capitale du Gouvernement général – si l’on excepte bien sûr la misère, la faim et la mort qui font le quotidien de la vie depuis bientôt cinq longues années. Pour l’instant, les occupants nazis – et au premier rang le SS-Gruppenführer Baron Otto Gustav von Wächter, le père de la Galizien – tiennent ferme la nuque polonaise sous leurs bottes. Toutefois, ce n’est pas le cas partout ailleurs, et von Wächter commence donc à envisager d’envoyer quelques troupes vers d’autres villes, pour aider à la répression. Après tout, il a l’habitude de la logistique, en tant que principal organisateur de la déportation de très nombreux Juifs vers les camps de la mort…
Région de Rzeszów – Ici, le calme n’est toujours pas rétabli – la Florian Geyer a tout de même du chemin à faire pour arriver ! L’Armia Krajowa continue de mordre partout autour de Rzeszów, notamment sur la route principale du repli de la 8. Armee. Evidemment, une fois encore, c’est agaçant. Mais pas d’inquiétude, la SS est là pour ça !
………
District de Łódź – Le colonel Michał Stempkowski “Barbara” poursuit le rassemblement de ses troupes – lesquelles devraient, paradoxalement, arriver à destination plus vite que prévu, du fait du grand chaos qui saisit les arrières allemands. Compétent mais prudent à la fois, le Polonais envisage désormais de lancer assez vite des actions limitées, destinées à gêner le redéploiement allemand.
………
District de VarsovieDawaj, Dawaj kurwa ! Après son premier assaut marginalement réussi la veille – réussi mais très insuffisant pour prendre vraiment l’avantage – l’Armée Secrète continue d’attaquer pour conserver une initiative déjà très compromise.
Les combats commencent tôt. Tandis que les troupes du District II Żoliborz (Lt-colonel Mieczysław Niedzielski “Żywiciel”) et du District III Wola (Lt-colonel Jan Tarnowski “Waligóra”) se rendent dans les forêts de Kampinos et de Chojnowskie pour tenter de retarder d’inévitables renforts venant de l’ouest ou du sud, le District VII Obroża (major Kazimierz Krzyżak “Bronisław”) repart à l’assaut de l’aérodrome de Bielany et de la station radio de Raszyn, afin de se donner un peu d’air au nord et de couper les moyens de communication d’un ennemi encore dispersé. Double échec ! Quant à la centrale électrique de Pruszków, malgré de furieux combats, elle ne passe que temporairement entre les mains polonaises…
La Heer garde la maîtrise de la situation – quoiqu’elle reste encore contrainte à la défensive, faute d’effectifs. Le colonel Antoni Chruściel attaque donc tous azimuts, avec des troupes enfin renforcées et gonflées à bloc. De larges pans des quartiers de Śródmieście, de la vieille ville et même de Wola sont libérés. Mais en apparence seulement. Car à chaque fois, les Allemands se retirent dans leurs points fortifiés, se calfeutrent, attendent des renforts… formant de la sorte des hérissons qui entravent considérablement les communications entre les forces polonaises des différents districts qui, dans les faits, combattent isolément. Ainsi, entre Śródmieście Nord et Sud, seule l’avenue Jerozolimskie est réputée sûre ! Entre Górny Czerniakówil et Śródmieście, c’est encore pire : l’avenue Książęca forme un véritable goulet d’étranglement. Et comme le départ des forces des districts II et III n’arrange pas les choses, certains quartiers finissent par devenir une espèce de no man’s land contrôlé par personne, mais contesté par tous…
Il faut pourtant continuer à avancer. Pour l’heure, la passivité allemande sert la Résistance. Pleine d’espoir, la population sort prêter la main aux insurgés, et des quartiers entiers se couvrent de barricades.

Opération Comet : préparatifs
Grantham RAF Base (Lincolnshire)
– Dans les baraquements de la brigade aéroportée, l’agitation se fait frénétique – même si les départs vers la Grèce se font avec un professionnalisme strict qui tranche un peu avec le sentimentalisme français ou l’enthousiasme américain. Voilà déjà trois ans que les hommes du major-général Sosabowski, triés sur le volet parmi ceux de la 5e DI, s’entrainaient pour un assaut qui ne venait toujours pas. Ceci même alors que leur devise est Najkrótszą drogą – la voie la plus courte !
Observer aussi longtemps et sans rien pouvoir y faire son pays se faire martyriser n’a pas arrangé l’humeur de ces hommes. Chez eux, le patriotisme ardent et la flamme de la jeunesse ont fait peu à peu place à une détermination froide, puis à une haine glaciale. Un officier américain qui les observait à l’entraînement devait parler d’eux comme de « tueurs en gants de soie » [Friedericus II, le va-tout d’Hitler, par Anthony Beevor, Calman-Levy 2015.]. Pour eux, la guerre n’est pas une fête (comme disent pour plaisanter leurs hôtes britanniques) et c’est la survie même de leur nation qui est en jeu.
Dans le fond, tous savent parfaitement qu’ils vont au casse-pipe. Leurs témoignages ne disent pas autre chose. Le caporal Wojewodka, par exemple : « En tant que Polonais, nous savions que nous devions mourir pour une cause perdue, mais comme soldats, nous voulions nous battre dans l’espoir d’abréger la guerre. Certains parmi nous pensaient que les Russes seraient arrêtés avant de s’emparer de toute la Pologne et, naïvement, nous priions pour obtenir ce miracle. » Le sergent Ciekanski : « Ma fiancée écossaise pleure. Elle sait qu’on doit se séparer. Peut-être pour toujours. Elle ne comprend pas qu’un soldat polonais doit aller se battre pour le bien de la Pologne, quels que soient les risques pour lui-même. »
Leur chef, Stanisław Sosabowski, n’est sans doute pas d’un autre avis – même si son caractère et son exigence extrême l’ont peu à peu éloigné de la troupe, sans toutefois entamer en rien la confiance qu’elle lui voue. Le Stary (le Vieux) est craint, le Stary est capable. Et il n’oublie pas, non plus, que parmi tous les courageux insurgés qui luttent pour la capitale, il s’en trouve un qu’il connait bien. Stasinek, son propre fils.

Etat-croupion
Opportunisme prudent
Banská Bystrica (Slovaquie)
– Le lieutenant-colonel Ján Goliand, de l’Armée Nationale Slovaque, observe avec intérêt l’insurrection polonaise – comme tous les membres du Conseil national slovaque clandestin, du reste. Même s’ils n’ont pas grande sympathie pour leurs voisins, il est déjà certain que ce sacrifice permettra d’user les forces allemandes, de recueillir des renseignements précieux pour la suite… et surtout d’éloigner l’Occupant de Bratislava !
Nul doute, d’ailleurs, que ces ordures de Hongrois pensent de même – le régent Horthy doit certainement pleurer de rage en voyant son ancien partenaire être ainsi réduit à néant entre son pire ennemi et son prétendu allié. Et nul ne peut dire à cette heure quelles seront les conséquences de ce baroud d’honneur… Mieux vaut être prudent ! Goliand et ses associés, loin de profiter de l’agitation, décident donc d’adopter pour l’instant une attitude… scrupuleusement attentiste.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Nov 02, 2021 10:37    Sujet du message: Répondre en citant

25 février
Pologne
Opération Tempête – La levée
Pologne occupée
– Après la surprise de ces deux derniers jours, l’Occupant met à profit la retraite ordonnée sur la Vistule – qui simplifie la vie des forces de répression en leur permettant de concentrer leurs efforts – pour tenter de reprendre l’initiative. Tempête a fait du dégât – elle doit maintenant tenir sur la durée ou refluer…
………
District de Lvov – Tandis qu’à Kovel, le démantèlement de la 27e Division “de Volhynie” s’achève, les responsables de la 5e DI de l’Armée de l’Intérieur Enfants de Lvov – le colonel Ludwik Czyżewski “Julian“ en tête – attendent désormais sereinement sur le perron de leur QG, avenue Kochanowski, la venue des représentants soviétiques. Seraient-ils aussi sereins s’ils savaient qu’au même moment, les barrages du NKVD enserrant la ville à 10 kilomètres de distance arrêtent tous les convois, voitures ou chariots ? Et que tout officier de l’Armia Krajowa pris dans ce filet est systématiquement transféré en camion vers Rawa Ruska – une école transformée en prison, d’où il sera ensuite expédié en avion vers Kharkov ?
Dans le fond, les Polonais savent très bien qu’ils ne sont pas de taille à résister à l’armée rouge – c’est pourquoi ils ont multiplié, depuis la veille, les signes de bonne volonté. Leurs unités sont en cours de désarmement, leurs services de renseignements ont pris contact avec le NKVD pour communiquer toutes les informations disponibles sur les agents de la Gestapo du secteur – on les a même traduites en russe, c’est dire ! En définitive, les Résistants de la ville enfin libérée (?) n’espèrent plus qu’une seule chose : le maintien sur place de leur état-major – une trentaine d’officiers – comme préambule au retour d’une véritable autorité légale polonaise.
C’est peu ? Pour Moscou, c’est déjà trop.
Peu avant 21h00, alors qu’on attend les Soviétiques depuis déjà un bon moment, une unique Jeep arrive, amenant un unique officier venu dire à l’assistance que « le général Petrov est très occupé par les opérations et ne peut pas quitter son QG. Mais il invite tout le monde à le rejoindre. » Pour certains, ça sent mauvais. Une quinzaine de responsables s’éclipsent dans la nuit, parfois par la porte de derrière. Un moment plus tard arrive un convoi de voitures, avec à chaque fois un chauffeur et un officier sur le siège avant. Certains Polonais acceptent de monter – Czyżewski évidemment, mais aussi le major Kornel Stasiewicz “Prosper” (son chef d’état-major), le lieutenant Stanisław Sypniewicz (représentant du gouvernement légal en exil), une douzaine d’autres… – et Krystyna Wójcik (de son vrai nom Paulina Stachorówna) “Lila”, responsable administratif et unique femme de l’état-major, qui saute dans un véhicule au dernier moment en criant « Les enfants, je pars avec vous ! ». Certains parleront de manque d’intuition féminine… d’autres répondront courage et solidarité.
Le convoi arrive dans la nuit par la place Halicki jusqu’à l’ancien palais Biesiadecki, passant par l’avenue Batorego pour déposer ses passagers devant la porte de derrière du tribunal local. Au premier étage, dans une grande salle de conférence, une trentaine d’officiers soviétiques attendent. Les Polonais entrent, on les accueille chaleureusement. Politesse, courtoisie – sourires. L’ambiance se détend un peu. Finalement, un colonel bardé de décorations entre dans la pièce, s’installe derrière le bureau du président de l’assemblée et demande à chacun de s’asseoir, puis de rendre compte. Le colonel Czyżewski “Julian”, en tant que plus ancien dans le grade le plus élevé, commence à présenter ses subordonnés – lesquels représentent les services et unités de la 5e DI de l’Armée de l’Intérieur, prête à poursuivre la lutte au côté de l’Armée Rouge. Le Soviétique ne comprend pas – il faut répéter. Czyżewski s’exécute, un peu agacé. Alors, son interlocuteur hoche la tête, ouvre un tiroir et en sort, non pas un mais deux pistolets, un dans chaque main, en criant « Ruki Wierch ! » – Mains en l’air ! A ce moment, les hôtes cordiaux d’il y a dix minutes se jettent sur leurs invités, les plaquant au sol alors qu’une escouade armée de PPsPh déferle dans la pièce. Fouille, contrôle… aucun Polonais n’était armé. Puis on les fait descendre au rez-de-chaussée entre deux haies de fusils automatiques, avant de les embarquer dans deux camions, assis sur le plancher, pour les transférer à la prison de la rue Łąckiego…. Partout dans les rues, les banderoles « L’Union soviétique et la Pologne, ensemble pour l’éternité ! » ont remplacé les drapeaux rouge et blanc.
………
District de Lublin – Mettant à profit le départ du I. SS-PanzerKorps, le colonel Kazimierz Tumidajski “Marcin“ et ses 16 000 hommes (9e DI du général Louis Bittner “Halka” et 3e DI du colonel Adam Świtalski “Dąbrowa”) sortent plus ou moins des bois pour faire ce qu’ils maîtrisent le mieux – harceler les colonnes en retraite et massacrer du traînard. Cela leur réussit plutôt bien… Les Résistants parviendront même à bloquer le départ d’un bataillon de garnison entier, finalement obligé de se rendre sous les tirs polonais (et les obus de l’artillerie soviétique). Une magnifique action à mettre au crédit du 3e bataillon du 7e RI (capitaine Bolesław Flisiuk “Jarema”).
C’est fort satisfaisant, après quatre ans d’Occupation – mais bien sûr, pour l’Armia Krajowa, le plus important n’est pas là. C’est pourquoi – alors même que ses chefs prennent officiellement contact avec le 3e Front Biélorusse pour mettre à sa disposition guides, éclaireurs et tirailleurs – la 9e DI déferle en ville pour s’emparer d’une foule de bâtiments et installations dont la destruction paraissait imminente. Usines, bâtiments municipaux, gares… Lublin ne sera pas rasée, pas davantage que le camp de Majdanek. Et partout dans les villages autour de la ville – Kock, Firlej, Kamionka, Kozłówka et Michów, pour ne citer qu’eux – des équipes de Résistants se hâte déjà de hisser le drapeau polonais avant que l’Armée Rouge n’arrive.
………
District de Białystok – La déroute de la 1. PanzerArmee – visiblement en train de se faire culbuter par les Soviétiques – continue d’encourager les hommes de Franciszek Slęczka. Cependant, toujours très lucides sur leur chance en bataille rangée, ces derniers se dispersent dans les bois alentours, pour faire du sabotage et du renseignement avant que les unités de répression n’arrivent. Et pour prendre le temps de voir si les Rouges visent la Vistule ou la Prusse Orientale…
Région de Rzeszów – Arrivée à bride abattue (c’est le cas de le dire) de la 8. SS-Kavalerie-Division Florian Geyer, qui débarque dans Przemyśl tels les cavaliers de l’Apocalypse pour ravager le secteur. Rafles, réquisitions et prises d’otages (presque toujours suivies d’exécutions) se succèdent, pour « pacifier » au plus vite.
Hermann Fegelein se soucie d’autant moins de la population qu’il sait que la région sera abandonnée sous peu. Il laisse donc les coudées franches à ses hommes – renforcés de Shwoveh (11) récemment recrutés, il faut bien garnir les rangs – pour se défouler et piller, car tout cela ne prête plus à la moindre conséquence. Au soir, alors qu’un régiment monte vers Rzeszów, la division laisse le pays à feu et à sang – ironie de l’histoire, Florian Geyer était un chevalier de Franconie qui s’était illustré au cours de la révolte des paysans (1524-1525)… mais aux côtés des insurgés !
………
District de Polésie – Poursuite des actions de guérilla du colonel Henryk Krajewski “Leśny”, dont la 30e DI n’a aucun moyen de peser vraiment sur les événements. Des patrouilles disparaissent, des munitions s’évaporent, quelques collaborateurs sont retrouvés pendus. Mais c’est à peu près tout.
………
District de Varsovie – Dans la capitale en partie libérée, l’Armia Krajowa continue ses attaques – mais en adaptant toutefois sa tactique. Ayant compris que son adversaire était à présent bien retranché et que tout assaut frontal serait démesurément couteux, le colonel Antoni Chruściel lance ses troupes dans une série d’escarmouches destinées à forcer l’ennemi à s’exposer, que ce soit par le harcèlement, l’incendie voire l’attaque feinte – qui le force évidemment à gaspiller des munitions…
Et ça marche ! Après 48 heures de siège, la croix gammée cède la place au drapeau rouge et blanc sur plusieurs points d’appui importants : la Polska Wytwórnia Papierów Wartościowych (l’imprimerie nationale, émettrice de billets de banques), la Banque Nationale (avenue Bielańska), et même le palais Blanka, qui servait de demeure au Starost Ludwig Leist, à présent en fuite (12). Le contour d’un périmètre défensif se dessine. Ragaillardie par ces succès, la Résistance prépare de nouvelles opérations pour demain.
Dans son palais saxon assiégé, le général Reiner Stahel – qui, comme prévu, n’arrive pas à collaborer avec le SS-Oberführer Paul Otto Geibel, avant tout préoccupé par la défense de ses intérêts – essuie quelques sueurs froides. A ce rythme, ses hommes ne résisteront pas très longtemps… Mais du côté de Rastenburg, on ne s’inquiète pas : « Tenez bon, la force de secours arrive. Des troupes supplémentaires ont même été dirigées dans votre direction. » Sans doute, mais quand arriveront-elles ? Pas de réponse claire : dans trois ou quatre jours… peut-être. Dans l’attente, il faut tenir.
Pourtant, Stahel l’ignore mais il a sans doute déjà échappé au pire. Il y a 24 heures encore, le Führer voulait – à nouveau – raser Varsovie sous les bombes ! Tâche techniquement impossible (la Luftwaffe de 44 n’est plus celle de 39 !)… et évidemment dangereuse pour le général et ses hommes. Il a fallu beaucoup de temps et de persuasion pour que Göring, Keitel et Himmler – pour une fois tous d’accord ! – réussissent à obtenir d’Hitler une décision plus raisonnable. Toutefois, pour le Guide, « Ces chiens tentent de se mêler d'un combat de titans – il est clair qu’ils n’ont pas compris la leçon de 1939 ! » Charge donc à la Wehrmacht et à la SS de rappeler au plus tôt aux « chiens » en question qu’il est des sursauts d’orgueil qui peuvent coûter très cher.

Notes
11- Des Allemands du Danube, le plus souvent de nationalité hongroise.
12- Le Starost représentait le Gouvernement général auprès des autorités civiles polonais. Quoique réputé, à titre personnel, « correct » ou « compatissant » envers ses administrés (les plus méchants disaient plutôt « inoffensif »), il avait tout de même avait déjà reçu neuf colis piégés pour fêter sa nomination…
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MessagePosté le: Mar Nov 02, 2021 11:01    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
pour déposer ses passagers devant la porte de derrière du tribunal local

À corriger peut-être ?
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MessagePosté le: Mar Nov 02, 2021 11:34    Sujet du message: Répondre en citant

Ai-je vraiment besoin de dire que tout ce cirque à Lvov est complétement OTL ... Evil or Very Mad
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Archibald



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MessagePosté le: Mer Nov 03, 2021 10:45    Sujet du message: Répondre en citant

Staline sera toujours Staline, quelque soit le "multiverse". Ecoeurant un jour, écœurant toujours, pourrait être sa devise. Marche aussi très bien avec "truand".
"Tempête" était sacrément courageux, quand on y pense. "Soulèvement, résistance pour essayer de trouver un espace entre Hitler et Staline pour exister... en espérant que les alliés Anglo-Américains arriverons pour nous aider. En fait on essaye de leur forcer la main." Désespérant et désespéré.

Surtout Varsovie, quand Staline met joyeusement un coup d'arrêt à ces troupes pour laisser les nazis faire le sale boulot (= le débarrasser des résistants Polonais pas communistes donc honnis et encombrants) à sa place.
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Mer Nov 03, 2021 11:37    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:

Surtout Varsovie, quand Staline met joyeusement un coup d'arrêt à ces troupes pour laisser les nazis faire le sale boulot (= le débarrasser des résistants Polonais pas communistes donc honnis et encombrants) à sa place.


C'est exact, mais l'un des derniers numéros des Editions Caraktères à un dossier central sur le sujet. OTL, en réalité lorsque l'armée Rouge s'arrête aux portes de Varsovie, c'est pour deux raisons. La première c'est que les forces soviétiques sont au bout des possibilités de leurs lignes logistiques et qu'il n'est plus possible d'avancer sans prendre de gros risque de contre allemand sur les forces les plus avancés. La seconde, c'est qu'en réalité la prise de Varsovie ne fait pas partie des plans soviétique à ce stade de la campagne. C'est prévu pour 1945, dans le cadre de "l'offensive finale" sur l'Allemagne. Les autres offensives sur les parties les plus au sud du front sont prioritaires par rapport à une poursuite de l'avance en Pologne.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Nov 03, 2021 11:40    Sujet du message: Répondre en citant

Dans l'ordre, et cher Archibald (je ne me prononce pas sur OTL) "Oui, c'est vrai, assurément, c'est indubitable. Et tu anticipe peut-être un peu.'
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Nov 03, 2021 11:42    Sujet du message: Répondre en citant

Et Capitaine, c'est pas faux d'avoir proposé des plans ... Surtout Rokossovki d'ailleurs ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Nov 04, 2021 12:45    Sujet du message: Répondre en citant

26 février
Pologne
Opération Tempête – Le soulèvement
District de Lvov
– Nouvelle fin de partie pour l’Armée Secrète, dont la 5e DI Enfants de Lvov achève de se disperser sous les coups de matraque soviétiques. Une fois encore, pour les Polonais qui n’ont pas réussi à s’esquiver à temps, le choix se résume entre l’engagement dans l’armée Berling ou le camp de travail. Leur chef, le colonel Ludwik Czyżewski, a disparu depuis la veille au soir (13)… Et avec lui, le dernier espoir pour la République de Pologne de contrôler cette région évidemment vouée à être rattachée à la RSS d’Ukraine sitôt le conflit achevé.
………
District de Lublin – Prise de contact entre le colonel Kazimierz Tumidajski “Marcin” et la 4e Armée de Choc d’Ivan Maslennikov (3e Front Biélorusse), dans une ambiance pas vraiment cordiale. Celle-ci ne vire cependant pas encore tout à fait à la franche hostilité, grâce au réalisme polonais et surtout au vif souhait de l’Armée Rouge de ne pas s’infliger un adversaire supplémentaire, alors qu’elle tient ici une si belle occasion de mettre en valeur son action humanitaire.
Les Soviétiques – notamment le Sovinformburo, mais aussi le NKVD ! – sont véritablement aux petits soins avec Lublin, dont la population fait l’objet de toutes leurs attentions. Alors que l’Occupant y a commis tant de crimes, il s’agit de présenter la cité comme le modèle des villes libérées par l’URSS. Mais les Polonais ne sont pas dupes et préfèrent consacrer leurs efforts à la chasse aux trainards allemands qu’aux mondanités et aux sourires pour les photographes. Aussi, tandis qu’on rassemble – non sans mal, mais avec courtoisie – quelques centaines d’hommes de la 9e DI (général Louis Bittner “Halka”) pour une prise d’armes célébrant la Victoire et alors que le Sovinformburo déploie partout banderoles et drapeaux rouges à côté de quelques fanions rouge et blanc, un mot circule dans la foule frondeuse, à laquelle on offre pourtant le pain et la vodka. « URSS et Pologne, ensemble pour l’éternité… Oui, mais pas une seconde de plus ! »
………
District de Radom-Kielce – Après plusieurs jours de “mobilisation”, et à présent qu’il est évident que les Allemands sont en pleine retraite, mais aussi que les Soviétiques ne sont absolument pas dignes de confiance (qui en doutait ici ?), les forces de l’Armia Krajowa du district sortent de leur redoute des forêts de Przysucha pour engager le combat contre l’Occupant.
Le colonel Stanisław Dworzak “Daniel” n’est cependant pas très optimiste sur ses chances de s’emparer d’une localité de quelque importance, sans parler de la tenir en bataille rangée. Il se contente donc pour le moment de faire mouvement vers Pionki et Brzozowa, en déployant au mieux ses trois divisions. De ces secteurs isolés et boisés, il pourra ensuite juger au mieux de la situation sur la Vistule, pour aider – éventuellement – l’Armée Rouge à traverser le moment venu.
………
Région de Rzeszów (district de Bialystock) – La 8. SS-Kavalerie-Division Florian Geyer (Hermann Fegelein) prolonge la traînée sanglante qu’elle a tracée la veille en infligeant à Rzeszów un sort comparable à celui de Przemyśl, afin de faire passer aux sous-hommes la prétention de résister. La pauvre cité avait pourtant déjà assez souffert de l’Occupation, du Gouvernement général et de la liquidation de son ghetto (plus de 25 000 morts !). Quant aux renforts de police dépêchés par le SS-Gruppenführer Baron Otto Gustav von Wächter, ils ne manquent pas l’occasion de participer à la répression – c’est à dire d’aggraver le massacre.
Face à cette rage, les 22e DI Jarosławska (major Łukasz Świtalski “Grzywacz”) et la 24e DI (Lt-colonel Kazimierz Putek “Gama”) s’éparpillent dans les bois pour esquiver un combat perdu d’avance. Cette dispersion ne leur évite pas de subir des pertes – mais la population civile souffre plus encore. En cette seule journée, on compte pas moins de trois mille exécutions – trois mille assassinats. La nouvelle de ce nouveau bain de sang remontera très vite à Cracovie, où le colonel Julian Filipowicz “Cor” anticipe la probable arrivée des SS, qui viendront s’ajouter à l’importante garnison locale.
………
District de Polésie – Pendant ce temps, plus au nord, alors que le 2e Front Ukrainien approche visiblement de Białystok, la 30e DI du colonel Henryk Krajewski “Leśny” tente enfin quelques actions significatives, à l’échelle de son effectif dérisoire. C’est ainsi qu’elle massacre un convoi de la 1. PanzerArmee traversant le village d’Izoby, et tend une embuscade à des éléments de la 20. Panzer en retraite aux alentours de Wyżary. Assez pour mettre une fois encore en rage des Allemands qui ont vraiment d’autres soucis.
………
District de Varsovie – Assiégées depuis déjà quatre jours, la situation des forces d’Occupation devient de plus en plus difficile. La poste centrale de Śródmieście – point d’appui majeur de la garnison – est la cible d’un assaut en règle. Surplombée par la Prudential House, où flotte depuis déjà quatre jours le drapeau polonais, la poste contrôle en effet la place Napoléon et la rue Świętokrzyska, qui permettent d’accéder aux imprimeries de la Résistance et même au GQG d’Antoni Chruściel “Monter”, lequel se retrouve coincé dans sa redoute par les tirs ennemis ! On le comprend, l’importance de l’objectif justifie les risques courus et les efforts consentis.
Ignorant les carcasses calcinées de voitures détruites à coup de PIAT lors de l’Heure W ainsi que les cadavres de leurs camarades qui gisent depuis bien trop longtemps sur le parvis, les Polonais se relancent à l’attaque dès 5 heures du matin. Ils commencent par viser le gymnase sis 2 rue Górskiego, mal défendu par un groupe d’Osttruppen démotivés, et dont ils s’emparent après un bref combat. La prise de ce bâtiment interdit aux Allemands de la poste de recevoir le moindre renfort, fait qui ne leur échappe nullement – un certain nombre de défenseurs s’enfuient par petits groupes. Peu après, c’est la rue Warecka qui tombe – avec ses brasseries… et ses réserves d’alcool. Une barricade s’y monte presque immédiatement avec l’aide de la population locale, tandis que les forces de l’Armia Krajowa, ayant fermé la nasse, entreprennent de se rapprocher de leur objectif en passant d’immeuble en immeuble…
Avant 10 heures, le chef de la garnison de la poste, le Hauptman Wölfke, qui ne dispose plus que d’environ 80 hommes, avertit le général Stahel que sa situation est critique. Du palais saxon, ce dernier réagit alors à la mesure de ses moyens, en dépêchant une petite compagnie renforcée de deux JadgPanzer 38t. Pour éviter de perdre de si précieux engins pour rien, la Heer fait preuve de pragmatisme – elle rafle 20 femmes dans la population du quartier, qu’elle entreprend de faire marcher devant les Hetzer pour servir de bouclier humain. Face à la colonne qui descend la rue Boduena, le major Henryk Leliwa-Roycewicz, horrifié, ordonne pourtant, la mort dans l’âme, d’ouvrir le feu… Dans la confusion, la plupart des otages réussissent cependant à s’esquiver, alors que les Hetzer – surpris de la détermination des « terroristes » – accélèrent pour percer la barricade fermant l’accès à la place Napoléon. Les grenades et les bouteilles incendiaires (14) pleuvent. Le premier chasseur de chars explose. Le second, coincé, est évacué par son équipage qui s’enfuit avec l’infanterie battant déjà en retraite. L’engin, à l’armement intact, est tout de suite intégré au dispositif de défense local !
Avant midi, l’Occupant fait une seconde tentative. Cette fois-ci, la police SS de Paul Otto Geibel envoie plusieurs semi-chenillés chargés, non de dégager la poste, mais bien d’en évacuer les défenseurs. Nouvelle ruse déloyale : une fois sur la place Napoléon, les véhicules, évidemment soumis à un déluge de tirs d’armes légères, s’arrêtent et hissent le drapeau blanc, tandis qu’on fait de même sur la façade du bâtiment ! Le feu polonais cesse… juste le temps de constater que si les défenseurs de la poste en sortent, c’est pour courir vers les véhicules ! La fusillade reprend tandis que les semi-chenillés redémarrent en trombe… Les Nazis repartent avec une partie des assiégés, en laissant vingt ou trente hommes sur le terrain – deux douzaines au moins sont encore pris au piège.
A 16 heures, les Polonais attaquent toutes les entrées à la fois. L’enthousiasme porte les combattants, soutenus par la population. Dix minutes plus tard, la croix gammée fixée sur la façade tombe, tandis que les Allemands se rendent, se suicident ou tentent de se cacher… Le fameux Witold Kieżun “Wypad” (15) capture à lui seul une section complète de 14 hommes équipés, avec en prime une mitrailleuse toute neuve !
La poste centrale est prise ! On hisse le drapeau polonais, les vivats montent de partout sur la place enfin dégagée tandis que le major Leliwa-Roycewicz est porté en triomphe par ses hommes. Au bilan de la journée, il faut inscrire près de cinquante prisonniers, qui sont emmenés sous les crachats… Par contre, les Polonais ne crachent pas sur l’arsenal saisi. Trois cents fusils, entre autres armes, qui se révéleront assurément très utiles les jours à venir.
Dans son palais saxon, Reiner Stahel accuse le coup, d’autant plus qu’on lui annonce qu’on a aussi perdu le contact avec le poste de gendarmerie Nordwache (16), avec l’université de Technologie et surtout avec la Centralny Dworzec Pocztowy – la gare postale inachevée de la rue Żelazna, qui contrôle l’avenue Jerozolimskie, l’une des principales artères de la capitale. Aux abois, le général envoie un nouveau rapport affolé, concluant par une énième demande de renforts urgents. Le Rhénan s’inquiète – on le comprend ! Mais il a tort… Car au-delà d’un symbole d’importance, Varsovie est aussi un nœud de communications vital pour l’armée allemande en retraite, laquelle ne risque donc pas de l’abandonner sans combattre ! Et puis, le Führer n’a-t-il pas ordonné de la punir ?
Le Reich a donc enfin rassemblé une « force de secours » – formée d’unités médiocres et disparates, certes, mais dotées d’un armement largement supérieur à ce dont disposent les insurgés. Ce sont à présent pas moins de 15 000 assassins qui convergent vers la capitale, sous le commandement du SS-Obergruppenführer Erich von dem Bach-Zelewski, grand exterminateur des Einsatzgruppen et spécialiste autoproclamé du Bandenbekämpfung (opération de chasse aux bandits) depuis les actions de répression qu’il a conduites en Biélorussie. L’homme est réputé « efficace » – d’autant plus qu’il a l’habitude de gonfler ses revendications en fait de « terroristes » abattus par le massacre systématique de populations civiles. Et même si, après avoir commis ses ravages, il abandonne en général le terrain… rendant de ce fait toute l’opération inutile.


Notes
13- NDE – Libéré en 1945, il pourra s’installer à Wrocław pour finir sa vie en tant qu’instituteur.
14- Les Polonais ne risquent pas de parler de cocktail Molotov !
15- NDE – Futur économiste de renom !
16- La maison Ignacy Partowicz, immeuble R+5 situé à l’angle des rues Chłodna et Żelazna, d’où les Allemands surveillaient autrefois la circulation dans le Ghetto.
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