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Unité d'Elite (par Carthage)
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Finen



Inscrit le: 17 Oct 2006
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MessagePosté le: Lun Mai 02, 2011 21:29    Sujet du message: Répondre en citant

Les piqures à l'âme viennent quand elle est négligée, l'usure quand elle est trop ou mal sollicitée ... Il faut un aumônier mécanicien d'artillerie sur le turc pour le salut de ces âmes!
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loic
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Messages: 8935
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 09:03    Sujet du message: Répondre en citant

Jolie description, je trouve simplement que l'efficacité est (un peu) trop importante pour un coup d'essai. Par ailleurs, qu'en est-il de la visibilité (soleil rasant vu l'heure de l'attaque) ?

Citation:
Son pont arrière était couvert de véhicules embarqués sur les deux côtes américaines, ses cales étaient bourrées de fournitures et matériels divers forts stratégiques pour l’effort de guerre de la France combattante.

Il semble peu probable qu'un navire fasse autant de trajet pour embarquer du matériel. Les navires de commerce français (comme ceux des autres alliés) sont sous la responsabilité du MoWT britannique, qui optimise au maximum les trajets et les cargaisons.

Soit il charge du matériel sur la côte Est à destination de l'AfN, soit de la côté Ouest à destination de l'Indochine (et encore, ça le fait passer un peu trop près des Japonais, alors que la tension est croissante depuis la fin de l'été).
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 09:37    Sujet du message: Répondre en citant

C'est assez impréssionnant. Mais est-ce que l'on pourrait avoir une illustration visuelle de "la bête" pour mieux se rendre compte de ce à quoi elle ressemble?
_________________
"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
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dak69



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Localisation: lyon

MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 10:11    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à tous

Bravo à Carthage pour avoir exhumé un moteur Clerget !

Citation:
Pendant ce temps deux autres hommes avaient démarré le gros et vénérable moteur d’aviation Clerget, en étoile et refroidi par air par deux soufflantes, il était solidaire de la grande plateforme circulaire de trois mètres de rayon qui servait de base au tout"


Mais son montage et son utilisation vont poser un gros problèmes. En effet, tous les moteurs Clerget construits entre 1914 et 1919 (après, la firme disparut, pour des raisons n'ayant rien à voir avec la technique) étaient de type rotatif : le vilebrequin est fixe et les cylindres tournent autour. Installer un tel engin pose le problème de son démarrage (il faut mettre la lourde masse en rotation) et de la transmission de puissance, sans parler du terrible effet gyroscopique qu'il produit et induirait sur un arbre de transmission. L'utiliser "à l'envers" n'est pas possible, pour des problèmes d'abord de lubrification et ensuite de refroidissement (les deux soufflantes prévues mangeant la puissance fournie ou peu s'en faut !).

Alors, que faire ? J'ai plusieurs solutions, et je laisse le soin à Carthage de choisir.

- garder un moteur "Clerget", mais postérieur. Pierre Clerget, après la disparition de son entreprise, fut embauché par l'Etat, une partie de sa paye passant au règlement des dettes fiscales de sa société (!). Il se consacra à la recherche et développa des moteurs d'avion Diesel refroidis par air, techniquement fort bons, mais qui n'eurent aucun débouché commercial (ne serait-ce que parce que le patron de Gnome et Rhone fusillait toute concurrence dès qu'il en avait vent...). Comme Clerget a été forcément déménagé, il aurait pu se joindre aux deux VSOP (ils sont tous à peu près de la même cuvée) pour installer un tel moteur dans l'installation de DCA embarquée.

- installer un moteur italien arborant un trèfle à quatre feuilles (voire un cheval cabré !) découvert dans une "officina meccanica" de Tripoli. Inconvénient : il est refroidi par eau et capricieux comme une diva.

- ou, à defaut, la solution prosaïque : un banal moteur d'avion en étoile d'environ 200 chevaux fabriqué par Farman dans les années 30 et trouvé sur place.

Bien amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 10:18    Sujet du message: Répondre en citant

Diverses réponses, en attendant Carthage :
- La citation de Loïc m'a permis de corriger une coquille, chouette !
- C'est vrai qu'une seule côte (ouest) aurait suffi, et que l'on pourait préciser que le gros du matériel est pour l'Indochine (où il n'arrivera pas ! C'est les Australiens qui vont en hériter, à tous les coups Wink ).
- Coup d'essai "en vrai", peut-être, mais nos amis s'entraînent régulièrement depuis des milliers de milles.
- la visibilité : tout dépend de la direction d'où viennent les avions. Historiquement, il ne me semble pas que le parcours des Kate les faisait venir de l'est.

Dak : merci pour ton érudition. Prototype Diesel Clerget ou vénérable Farman 200 cv, Carthage décidera...
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Casus Frankie

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Dernière édition par Casus Frankie le Mar Mai 03, 2011 10:30; édité 1 fois
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Casus Frankie
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Messages: 13715
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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

Un petit ajout :
nos chers lecteurs auront remarqué que le cas du dispositif étrange installé au petit matin sur le mur de l'Arsenal de Bizerte n'a pas été réglé.
C'est fait, ci-dessous.


(Plus tard…)
Le déblaiement des décombres laissés à Bizerte par les bombes germano-italiennes devait exiger une débauche de moyens, au premier rang desquels d’humbles et variés outils. On constata vite que les besoins excédaient les disponibilités, les deux VSOP, quoique fort occupés par ailleurs, décidèrent qu’un inventaire général était nécessaire et réussirent, par des moyens délétères sinon scandaleux, à l’imposer au pauvre Camille Husson, lequel était fort marri, car le désamorçage de la bombe tombée derrière son bureau avait exigé la quasi-démolition de ce dernier !
L’inventaire mit entre autres en lumière le manque de balais coco, il en allait de la survie des armées et de la poursuite de l’effort de guerre, les personnels d’infrastructures en faisaient une consommation formidable, près d’une centaine par mois, rien que pour Bizerte ! Après enquête approfondie et des recherches interminables, on mit la main sur des réserves inattendues – ainsi, une petite cahute, collée au rempart de l’arsenal, côté Ferryville, en livra une trentaine dont dix quasiment neufs, mais on ne trouva pas que cela, on découvrit aussi dans ce gourbi une superbe radio balise en parfait état de marche, elle avait guidé sans défaillir l’assaut germano-italien du 3 août droit sur les quartiers des Joyeux, en quelque sorte, sans parler de la forme des croiseurs abritant le Seyan Tsushima (nous avons eu l’occasion de vous signaler qu’il y avait à Rome quelques rancuniers…). La balise fut soumise au capitaine Lormier pour expertise et transférée à Alger, où l’on perd définitivement sa trace.
Quant aux balais coco, une très importante commande fut péniblement passée aux Etats-Unis qui s’avérèrent incapables de fournir, ce type de fourniture n’existant tout simplement pas dans le Nouveau Monde sous des formes aussi rustiques, le marché fut d’ailleurs dénoncé en 1943, on s’arrangea donc avec des solutions locales qui fonctionnèrent efficacement et à un prix plus que raisonnable, le système était simple, on y mettait les punis des trois armées, six heures par jour, cela généra d’ailleurs une pénurie transitoire de clous, marteaux et pavés, mais ceci est une autre histoire.


A propos d'autre histoire - le lecteur attentif aura aussi remarqué que le destin du fils de la Sublime et de Just n'est pas évoqué. Just écrira-t-il poste restante à Djibouti ? Filera-t-il le parfait amour avec sa Sublime après la guerre ? Que deviendra leur enfant ?
Carthage laisse ces points à l'imagination de chacun (et si quelqu'un se lance dans un joli récit, il est le bienvenu).

Enfin, vous connaissez déjà l'épilogue de la saga : c'est l'histoire de la découverte par Patton (et le capitaine M'tout) de l'emblème de la famille Salinus dans les sables tunisiens.


Il ne reste plus qu'UN épisode à poster. Ce sera pour demain.

Carthage et votre serviteur reliront ensuite le tout (ça fait l'équivalent d'un bouquin de bonne taille). Puis, nous verrons bien.

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Casus Frankie

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loic
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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 10:40    Sujet du message: Répondre en citant



Tout dépend en fait de la position du navire ...
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carthage



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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 17:23    Sujet du message: Répondre en citant

Un bon vieux Farman fera l'affaire, il faut 200cv et une masse acceptable, amitiés.
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Black Hawk



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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 18:41    Sujet du message: Répondre en citant

"...c’est alors qu’une fleur étrange s’épanouit sur le pont du marchand, un peu comme un lotus au petit matin, mais un lotus ne se serait pas piqueté de lueurs jaunes venant droit dans sa direction."

Je voie bien cette scène dans une version FTL du film Pearl Harbor de Michael Bay
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Celui qui gagne une guerre, c'est celui qui y croit le plus et le plus longtemps. James H. Doolittle
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patzekiller



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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 19:28    Sujet du message: Répondre en citant

q'un seul mot : bravo!
comme je l'avais dit il y a 7 ans de ça : si ça sort un jour en livre, j'achete. Very Happy
en attendant,le moment venu et jusqu'à d'eventuels contacts avec des editeurs, y aura t'i moyen de regrouper toute la saga des joyeux, à part, one block, sur la page pricipale (du site, pas du forum)
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www.strategikon.info
www.frogofwar.org
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Fantasque



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MessagePosté le: Mar Mai 03, 2011 20:21    Sujet du message: Répondre en citant

La fleur de lotus a de sérieux piquants...à moins que ce ne soit une métaphore nippone...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mai 04, 2011 17:03    Sujet du message: Répondre en citant

Voici, comme promis, le DERNIER (et court) chapitre de l'Epopée des Joyeux (de la Saga ?... ??) (qui a un autre titre pour l'ensemble ???), par Carthage.
Bien entendu, une fois la relecture complète terminée, nous lui trouverons une place bien rangée sur le site.
Et on pourra envisager d'autres choses.


Note de Casus sur ce chapitre - je sais que certains lecteurs pourraient être affectés par cette lecture, je leur présente d'avance mes excuses. L'auteur, Carthage, n'y est évidemment pour rien !




Chapitre 42 – Monique et Pierre Mathis, 1969

Les faits sont avérés.

Toutes les trois semaines, le mercredi matin vers 10h00, les Mathis, anonymes retraités octogénaires retirés dans le sud de la France, prenaient la route dans leur très belle DS 21 Pallas à injection de couleur lie de vin, une lubie barthésienne et superlative de Monsieur, du moins pour la couleur, la vérité nous oblige à avouer que c’était là un choix de Monique que Pierre avait été bien obligé d’adopter, il eût préféré une Allemande, ce que Monique avait démontré comme strictement impossible, une impardonnable faute de goût en quelque sorte ! Ils partaient de Saint-Agnès, où ils résidaient, filaient ensuite sur Nice, s’y arrêtaient pour manger tôt puis c’était Lyon ou encore mieux, le val de Saône pour y dormir. Le lendemain, ils rejoignaient Paris où Pierre, qui n’avait pourtant jamais voté, siégeait, par fidélité désintéressée, dans les hautes sphères d’une organisation politique se réclamant du général De Gaulle, pendant que Monique vaquait tranquillement à ses affaires. Un jour, au retour, à la toute fin du mois d’avril 1969, à la hauteur de Saint-Andelain, sur la route bleue et dans le département de la Nièvre, Pierre, qui appuyait quelque peu sur l’accélérateur pour conforter sa moyenne, fut passé dirait-on comme à l’arrêt par un gros deux roues d’un jaune doré tout éclatant et surtout d’un modèle qu’il n’avait jamais vu ! Il accéléra encore plus, mais la moto l’avait bel et bien lâché, il était pourtant à plus de 180 et tapa mieux que le 190 dans la descente entre les vignes, du moins selon son compteur (il n’avait pas de Badin, plus fidèle, à sa disposition !). Il retrouva la monture et son cavalier au relais des 200 bornes à la sortie de Pouilly-sur-Loire, le cavalier faisait le plein de super, Pierre décida tout de go de faire de même et de lui proposer un café, il envoya bien gentiment Monique aux toilettes, avec les dames, on ne sait jamais, il faut toujours prendre ses précautions.

La semaine suivante, vers les dix heures, il demanda à Monique, sur le ton cérémonieux dont il affectait d’user avec elle de temps à autre, généralement avant de commettre quelque action déraisonnable, de bien vouloir l’accompagner jusqu’à Nice. Ils y mangèrent un poisson exquis et des beignets de fleurs de courgettes arrosé d’un rare clos Tibouren du Var, fort titré, qui les assomma quelque peu, surtout Monique, puis Pierre les balada dans un quartier ancien, sympathique et tout constellé de travaux, près du vieux port, où il semblait rechercher quelque chose de précis, il finit par trouver le bon numéro dans la rue Caïs del Pierlas, au dessus de la rue Barla, un peu à l’ouest de la corniche, on aurait dit un garage à vélos plutôt ancien en cours de reconversion, Pierre y entra en solitaire, chéquier et stylo en poche, l’enseigne peinte sur le fronton portait le nom des établissements L’Huissier, Monique se dit que Pierre devait sûrement ignorer l’historique propagation niçoise des palmiers par le comte Hippolyte, mais cela lui eût-il importé ?

Quinze jours plus tard, il s’évada, il n’y a pas d’autre terme, sur le coup des quatorze heures, pendant une petite expédition avec Monique à Menton, expédition qu’il avait adroitement suscitée, il avait un train à prendre et ne donna pas d’heure de retour, que cet homme aimait à faire le mystérieux ! pensa Monique. Bravement, elle remonta en fin de journée la DS jusqu’à leur maison, au milieu des terrasses maraîchères, à mi-pente de Saint Agnès – par contre, elle ne la mit pas au garage, le virage d’entrée était délicat et la voiture un peu longue. Vers 20h30, Monique commença à s’impatienter, avait-il trouvé un taxi à la gare de Menton ? Elle alla jusqu’au portail et, l’ayant ouvert, finit par entendre, après une attente aussi interminable qu’inquiète, un bruit rageur, très grave, venant du bas de la route tortueuse, un motard apparut à vive allure en sortie de virage, la moto était d’un rouge verni absolument magnifique, les chromes étincelaient, elle était à la fois superbe et imposante avec ses volumineuses lignes d’échappement, à la surprise de Monique, le motard s’arrêta devant elle, elle s’avança, s’attendant à une énième demande de renseignements quand à l’emplacement du fort du SFAM mais ce n’était pas ça, le motard releva ses grosses lunettes à pans coupés et Monique, interdite, reconnut son Pierre qui riait aux éclats, l’écharpe rouge débordant du col du blouson.

Les Mathis passèrent trois semaines enchantées sur les petites ou grandes routes de la région, ils en arrivèrent même à se disputer, Pierre voulant absolument appeler la moto Fanchon et faire peindre ce nom sur le réservoir, Monique anéantit ce projet d’un coup de prunelle éclatant tout en lui parlant très doucement de conduite obsessionnelle à caractère sénile avant de conclure en l’embrassant au coin des lèvres – promptement réconciliés, ils avaient appelé au téléphone Bernard, leur fils, et lui avaient promis de le visiter sous peu, lui et toute la famille, dans la propriété du val de Saône, mais tout cela, c’était deux jours avant que Monique ait reçu un courrier dans une grande enveloppe brune, celui qu’elle fit lire à Pierre et rangea ensuite soigneusement, non dans son secrétaire mais dans la cuirasse trouée de Mauwereys Paeschen de Viefville, seigneur de Steenvoorde, qui trônait sur le coussin de velours cramoisi d’un tabouret haut, entourée de sa latte, du bancal de Pierre coiffé avec désinvolture d’un très ancien képi de capitaine et surmontée d’un casque étincelant à la longue crinière noire qui cascadait du cimier.
Le surlendemain, ils partirent à moto de bon matin, ils portaient tous deux une magnifique combinaison de cuir rouge commandée à Nice chez un bon faiseur, taillée sur mesures et assortie à la couleur de la moto, des bottes souples et hautes, un casques blancs de forme demi-lune, de grosses lunettes à pans coupés, un petits masque de cuir pour parer aux insectes et des gants à crispins, ils y avaient ajouté une petite écharpe de mousseline de soie, verte pour Monique, rouge pour Pierre (oui, celle-là même qu’il avait oubliée en ce jour fameux du printemps 41 et qui lui venait du fond des temps) Ainsi vêtus, tels des chevaliers modernes, de broignes élégantes et fonctionnelles, ils passèrent la frontière italienne et firent les fous sur de petites routes sinueuses, rien ne résistait à la quatre pattes , l’allant de Pierre faisant le reste, ils s’achetèrent de mauvais sandwichs qu’ils mâchonnèrent, avec des boissons tièdes, sur un petit parking d’une route en corniche, devant une mer d’azur, ils descendirent même jusqu’à la plage, l’après-midi fut échevelée jusqu’à ce que Monique avoue sa fatigue. Au retour, le soir, dans la montée sur Saint-Agnès, ils percutèrent, plein phare et à très vive allure, le tube Citroën du père Scalagarri, marchand de cochons de son état, qui était en panne au sortir d’un chemin venant de la montagne, son museau camus et la caisse débordant sur les trois-quarts de la route, et bien sûr dépourvu de toute signalisation, la violence du choc fut telle qu’ils furent tous deux tués sur le coup.

Bernard vint faire toute les choses qu’on fait dans ces cas là, Just La Personne et M’tout vinrent avant les obsèques et exigèrent, malgré arthrose et autres problèmes de santé, de voir les lieux de l’accident, ils déclarèrent tous deux à Bernard que quelque chose clochait et que Pierre avait toujours eu une veine de pendu, « Il avait la baraka, avait même insisté M’tout, et elle aussi ! » Just avait ajouté que quand même, piloter une moto aussi puissante à son âge était peut être déraisonnable, mais M’tout avait répété « Non, il avait la baraka ! » en secouant la tête, « Il avait son foulard rouge ? » avait demandé Just, oui avait dit Bernard, alors Just avait baissé la tête et s’était tu.

Les obsèques furent déchirantes, mais ce n’est qu’un peu plus tard que Bernard entrevit la vérité.

Une foule d’amis désolés, militaires ou civils, étaient venus lui serrer gravement la main, un jeune trompette appelé venu de Carpiagne avec le peloton d’EBR, avait sonné par quatre fois – à chaque angle de la tombe – l’extinction des feux devant les piquets d’honneur de Saumur et de l’Ecole de l’Air, le ministre, lui, était venu, bien sûr, en hélicoptère, l’église aurait été trop petite pour tout ce monde, mais heureusement, les Tunisiens n’y étaient pas entrés ; au final, les deux cercueils avaient été portés à bras sous un soleil d’avril un peu bas, il y avait un vent du diable, Bernard avait d’abord serré, dans sa poche, leurs deux médailles de la Légion d’Honneur puis les avait posées sur les cercueils avant que la dalle ne soit mise en place, le Ministre avait alors toussoté et lui avait présenté les condoléances du gouvernement tout en lui tendant une lettre manuscrite et personnelle du Président de la République.

Bernard était resté un jour de plus, il avait besoin d’un peu de solitude dans la maison ; après une nuit sans sommeil, il était, le matin, une nouvelle fois revenu sur les lieux de l’accident avec un double décamètre, regardant fixement les marquages à la peinture des gendarmes et ne comprenant toujours pas que son père n’ai pu contourner l’obstacle par la gauche, c’était très étroit mais son père, à 84 ans, savait encore tenir un guidon, en plus, la camionnette était certes en plein travers mais presque vingt mètres au dessus du virage aval et bien trente au dessous du virage amont – le constat avait établi que le troisième rapport était enclenché, le compte-tours était resté bloqué sur un taux de rotation affiché de sept mille cinq cents, le tachymètre, broyé dans le choc, ne pouvait offrir aucune indication de vitesse, mais ayant trouvé la notice technique de la moto dans les papiers de son père, Bernard avait tenté de calculer la vitesse acquise mais il n’avait pas la taille du pignon de sortie de boîte qui avait été changé, avec la chaîne de transmission secondaire, à la livraison, son père avait même fait monter un deuxième disque de frein à l’avant, une facture en attestait, tout cela était bien dérangeant…
Rentré à Saint-Agnès, après avoir inventorié, une fois de plus et en vain, le contenu du secrétaire, il discerna en se retournant, d’abord par les trous puis dans l’échancrure de la cuirasse du très mystérieux oncle De Viefville (du moins l’avait-on toujours appelé ainsi en sa présence), une très grande enveloppe brune provenant de l’hôpital Boucicaut, à Paris, qui portait le nom de jeune fille de sa belle-mère, un nom flamand tout simple, Outer, il l’ouvrit – c’était des résultats d’analyses biologiques, des clichés radiographiques et des examens anatomo-pathologiques qui donnaient lieu à des conclusions médicales définitives et désespérantes. Il ne trouva pas de testament, il n’y en avait pas, il n’y en avait jamais eu et d’ailleurs, pour quoi faire ?

A travers de ses larmes, Bernard se demanda ce qu’il aurait fait dans le même cas, il caressa machinalement la longue crinière qui pendait du casque, un geste venu tout droit de son enfance et regarda par la fenêtre, un peu hébété, en tout petit garçon de 59 ans, la mer d’un bleu profond.
………

Pierre et Monique reposent au cimetière de Saint-Agnès, le plus haut cimetière littoral d’Europe, leur tombe est toute simple mais détonne un peu, par sa sobriété apparente et peut-être affectée, comparée à ses voisines, elle est pourtant attenante au carré militaire où reposent les soldats du fort, carré qu’elle pourrait sembler écraser de sa masse mais qu’elle complète, en réalité, fort heureusement de par sa position centrale. Il s’agit d’une grande dalle de lave sombre, presque noire, inhabituelle en ces contrées, sous laquelle ils sont tous deux couchés, vêtus pour l’éternité de leurs belles combinaisons de cuir rouge, leurs identités civiles y sont inscrites avec les trois dates essentielles à la compréhension du tout, accompagnées d’une mention gravée dans un joli caractère rond que l’on croirait écrit à la main, comme quelque graffiti vaguement blasphématoire laissé par un hypothétique mais très appliqué butor de passage…

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marc le bayon



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MessagePosté le: Mer Mai 04, 2011 18:01    Sujet du message: Répondre en citant

C'est superbe... magnifique et glorieux, tout a la fois.

Mais c'est l'epilogue, et entre l'episode 41 et le 42, il y a des chapitres a ecrire.
Comme le depart des joyeux pour le continent,
Le seyant finira t'il son voyage en toute serenité sans rencontrer quelque U-boat sur sa longue route?
Matis se verra t'il interdit de vol apres ses exploits, ou parce que trop cassé?
La chasse de nuit va t'elle enfin trouver son heure de gloire?
Le medecin a t'il été dans la cuisine par le colonel moutarde avec le chandelier?

Le sauront nous au prochain episode?
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Marc Le Bayon

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folc



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MessagePosté le: Mer Mai 04, 2011 18:16    Sujet du message: Répondre en citant

Pinaillage nissart : la rue Caïs de Pierlas (pas del) Smile
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Fantasque



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MessagePosté le: Mer Mai 04, 2011 21:38    Sujet du message: Répondre en citant

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