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L'odyssée du soldat Victor, par Etienne
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Casus Frankie
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Inscrit le: 16 Oct 2006
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MessagePosté le: Lun Avr 05, 2021 10:44    Sujet du message: L'odyssée du soldat Victor, par Etienne Répondre en citant

Après une brève introduction déjà incluse dans la Chrono, Etienne nous offre, en guise de cadeau de Pâques, le bien sympathique récit d'un "sans-grade", au ras du bitume des routes et des ennuis mécaniques du quotidien… un récit qui est aussi un hommage.


L’odyssée du soldat Victor

15 juin 1940
Réquisition énergique
Rennes
« Au matin du 15, nous nous sommes présentés au parc de matériel de Rennes. La sentinelle, un vieux territorial en uniforme bleu horizon, ne fit pas trop de difficultés pour nous laisser entrer et nous faire conduire auprès du commandant du parc.
Cet officier était l’image même du gratte-papier embusqué, sec et procédurier. Il s’enquit de nos besoins. Il parut extrêmement surpris lorsque nous lui annonçâmes que nous venions retirer l’ensemble du matériel roulant en état, et demanda un ordre écrit. Nous possédions un ordre de réquisition signé de notre général de division que nous produisîmes. Ce qui n’eut pas l’air de le satisfaire, il attendait un ordre du général de Région, que nous n’avions pas. Il répondit qu’il ne pouvait rien nous donner sans ordre émanant de l’autorité idoine.
Le ton commença à monter. Le commandant du parc ne désarmait pas, affirmant qu’il fallait dans tous les cas suivre la procédure afin qu’il soit, lui, déchargé de toute responsabilité vis-à-vis du matériel déstocké.
Le capitaine Le Bars, qui commençait à perdre patience, lui dit qu’il possédait un ordre
« de calibre 9 mm » dans son étui et qu’il était prêt à en faire usage.
En désespoir de cause, les deux gendarmes qui nous accompagnaient ceinturèrent l’homme qui n’opposa plus de résistance et nous laissa faire ce que nous voulions.
Le contenu du parc nous sidéra. Bien sûr, il y avait de vieux tacots, mais aussi du matériel fraîchement sorti d’usine, des Hotchkiss réquisitionnées pour le confort des officiers de l’état-major local et surtout, un grand nombre de voitures et de camions américains flambant neufs. Il faut avoir, comme moi, retraité à pied de Namur à Dunkerque pour comprendre le luxe que ces véhicules représentaient en juin 1940.
La veille, une scène identique s’était produite au parc de Caen. Et lorsque les Allemands entrèrent dans Caen et Rennes, il ne restait pas même une remorque en parc… »

Extrait de 1940, de Dunkerque à Casablanca, par Henri Destrehan (Nathan, 1950).
………
Bien sûr, il faut des hommes pour conduire tous ces véhicules. Heureusement, il y a à Rennes un regroupement du 1er Train Auto depuis le début de la débâcle, comprenant plusieurs hommes de différents GRT (Groupes Régionaux de Transport), principalement de la région Nord-Est. Les rassembler n’est pas une sinécure car, le casernement étant insuffisant, ils ont été logés un peu partout dans les environs, et quand on sonne le rassemblement dans la cour, bien peu de soldats se présentent. On doit par exemple pratiquement arracher un 2e classe de petite taille et d’âge mûr d'une opération de mécanique sur une somptueuse Hotchkiss d'état-major, absorbé qu'il est par son ouvrage. Finalement, de petits groupes se forment, par affectation.
A la demande du capitaine Le Bars, qui fait la moue devant la faiblesse de l'effectif des chauffeurs, le lieutenant Croquet, commandant le petit détachement du 1er GRT du Nord, précise que les absents, non utiles en ce moment, sont dans leurs logements en ville.
– Y a-t-il moyen de les récupérer ?
– Il faudrait faire une tournée de ramassage, je pense.
– Mais comment ?
– Il y a de vieux bus de la ville réquisitionnés.
– Et vous avez des chauffeurs ?
– Bien sûr. Seconde classe Victor !

Le petit bonhomme qui s'occupait de la belle Hotchkiss sort des rangs.
– A vos ordres, mon lieutenant.
– Vous avez entendu le capitaine ? Prenez un Citroën C6G1 et faites la tournée des popotes pour ramener tout le monde.
– A vos ordres, mon lieutenant.

Un calot bien trop grand sur la tête, le soldat s’en va vers le parc. Perplexe, Le Bars le regarde partir, puis se tourne vers Croquet.
– Il conduit des autocars, lui ?
– Et des camions.
– Vu sa taille, son âge et sa faible carrure, on ne croirait pas… Comment fait-il pour changer une roue ?
– Je l'ignore, mais il le fait. Il a ramené de Lille un Citroën Type 23L chargé à ras, en partant sous les obus le 19 mai. Il était le dernier de mon groupe à partir et il a fait la route jusqu’à Abbeville en entendant tonner le canon. Comment est-il passé, je n'en sais rien, mais il est arrivé ici le 22.
– Mais pourquoi faisait-il de la mécanique sur une berline Hotchkiss ?
– Parce qu’il connaît bien ce modèle ! Il est à la fois chauffeur de maître et de poids lourd dans le civil, et son patron possédait une limousine identique, qu'il entretenait. Une perle !

En deux courts voyages, le placide soldat ramène une dizaine de chauffeurs qui complètent l’effectif présent sur place et tous se joignent au personnel du parc pour écouter le capitaine Le Bars.
– Messieurs, je serais bref. Nous avons reçu ordre d’évacuer tout le matériel roulant en bon état vers les ports de Nantes et Saint-Nazaire, où il sera embarqué vers l'Afrique du Nord ou l’Angleterre. Ce qui n’est pas utilisable devra être détruit. Tout le matériel transportable fera partie du voyage, chaque camion sera chargé en fonction de ses possibilités. Parfois, ce sera aussi du personnel à évacuer. Les chauffeurs feront donc des rotations entre ici, les lieux de chargement et les ports. Le retour des conducteurs se fera par autocar jusqu’ici pour récupérer d'autres véhicules à évacuer et ainsi de suite jusqu'à ce que le parc soit vide. Priorité au matériel neuf, bien sûr.
Si possible, vous roulerez en convoi, le premier véhicule avec un officier ou sous-officier muni des ordres de transport, les autres avec un mécanicien ou un soldat armé. Si par hasard, vous vous retrouvez esseulé sur la route, notez que pour Saint-Nazaire, le navire que vous devrez rejoindre est le cargo San Antonio ; pour Nantes, c’est le Cens. Nous n'avons que très peu de temps, trois-quatre jours au plus, les Boches accourent de partout. Donc ne pas traîner, et ne pas compter sur les pauses réglementaires. Des questions ?
– On va utiliser quels autocars ? Pas les C6G1, j’espère, ils sont usés jusqu’aux rotules.
– Non, il y a deux Citroën type 23 arrivés du Mans, en bon état à ce qu’on m’a dit.
– Quand commençons-nous ?
– Au plus tôt. Préparez les engins, pendant que j’irai au QG chercher des consignes pour ce qu’il faut évacuer.
– Devons-nous continuer les tournées dans la ville ?
– Non. Si l’état-major demande des véhicules, on répondra au coup par coup. Ils en auront besoin, soyez-en sûr, mais ne vous faites pas dévier de votre mission sans mon accord.
– Doit-on finir les réparations en cours ?
– Seulement si ça va vite et que l’engin en vaut la peine. Sinon, préparez vos caisses à outils et le matériel susceptible d’être utilisé, on risque d'en avoir besoin là-bas. Ah ! Chaque mécanicien qui part dans un convoi reste au port pour embarquement, les places dans l'autocar sont comptées.
– Bin, faut pas qu'y tombe en panne !
– A vous d’y veiller auparavant. Combien avons-nous de chauffeurs poids lourd ? Levez la main !
– …Trente… Trente-deux !
– Et des chauffeurs d’autocar ?
– Trois ! Mais ils sont déjà dans les 32 poids lourd.
– J’aurais préféré un de plus, pour faire des relais plus simplement. Tant pis, on se débrouillera…

Vers midi, le premier convoi quitte la ville, en direction de Saint-Nazaire…

18 juin
In extremis
Rennes, 07h55
– Devant le QG de la Xe Armée, des soldats chargent des caisses dans de vieux camions, voire des voitures tout aussi âgées. Un petit groupe de militaires, officiers (dont Le Bars et Croquet) et sous-officiers, discute non loin de là, surveillant le manège d’un œil. Un soldat de petite taille, qui dirigeait la manœuvre de chargement d’un autocar, vient les retrouver.
– Mon capitaine, tout est paré. On a chargé le maximum, j’espère pas de trop, d'ailleurs.
– Merci Henri. C’est le dernier voyage, cette fois. Combien en avez-vous effectués ?
– Neuf, mon capitaine. Celui-ci sera le dixième.
– En moins de trois jours ? Vous n’avez pas dormi ?
– Un peu, à chaque retour ici. Une heure ou deux…
– Ça va aller ?
– Oui, mon capitaine, ce n’est pas la première fois.

Un colonel sort du QG en trombe et se dirige vers les hommes.
– Capitaine !
– Mon colonel ?
– Vous reste-t-il de la place ?
– Peut-être pour une souris, à condition qu'elle ne soit pas bipède… Qu’avez-vous à nous ajouter ?
– Des aviateurs blessés à évacuer. Cinq pilotes. Ils sont prioritaires sur nos simples soldats.
– Sauf qu’il n’y a aucun simple soldat parmi nos passagers… Qui sont tous prioritaires ! Comment faire un choix ?
– Mon capitaine…
– Oui, Henri ?
– Si vous permettez, il y a encore le temps d’opérer un aller-retour avec l’autocar, je pense. Il a les pleins, je peux revenir d’ici six heures emmener du monde, d’autant plus que le retour à vide sera plus rapide.
– Vous risquez de vous retrouver face aux Boches au retour.
– Ça, j’ai pris l’habitude. Et de filer devant eux aussi.
– Bon. Mon colonel, amenez-nous vos cinq blessés, on va faire descendre quatre autres gars.
– Il va manquer une place ?
– Non, moi je reste aussi à attendre le 2e classe Victor, notre chauffeur. Croquet prendra le commandement du convoi.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Deux chauffeurs et deux mécaniciens restent. Grâce au colonel et au QG, ils auront tous un peu de travail pendant ces six heures…
………
14h02 – Dans le trafic intense du début de l’évacuation du QG de Rennes vers Saint-Brieuc, un autocar Citroën se faufile dans la circulation, pour s’immobiliser un peu à l’écart de la porte du QG. Le capitaine Le Bars l’a repéré immédiatement. « Sacré Henri, réglé comme une horloge. Il nous avait dit six heures, il a mis six heures. »
L’officier appelle alors ses passagers. Bien sûr, ils ont changé depuis ce matin. Les deux chauffeurs et un mécanicien ont été réquisitionnés par le QG pour conduire des véhicules vers Saint-Brieuc (avec leur accord et celui de Le Bars, ils évacueront par là ou par Lorient), mais ils ont vite été remplacés. Chaprot, un ingénieur des Mines, employé au Génie civil, et Teste, son secrétaire portant une lourde valise de papiers. Un autre pilote, de la Chasse, lieutenant Delasalle, arrivé à pied du diable-vauvert, blessé au bras et à la tête, inapte au combat pour un bon mois. Et puis une dizaine de blessés de tous grades, qui n’embarqueront pas forcément, peut-être continueront-ils sur La Rochelle ou Bordeaux pour rejoindre leurs unités. Tout ce petit monde s'achemine vers le car, leurs bagages – quand ils en ont – brinquebalant.
– Comment va, Henri ? Vous êtes toujours ponctuel, à ce que je vois !
– Pas trop mal, mon capitaine. Il faut embarquer tout ce monde ?
– Oui, si possible. Quinze en tout, avec moi. Quelque chose vous chagrine ?
– Le moteur. Il a eu tendance à chauffer à l’aller. Ça allait mieux au retour, mais j’ai peur que ça se reproduise si on est fort chargés.

Dumoulin, le mécano, s’est approché.
– Tu veux que je regarde, Henri ?
– Vas-y pendant qu’ils montent, mais ce serait prudent d’emporter une nourrice d'eau.
– Je m’en occupe !

A ce moment, un mouvement se fait dans la petite foule, d’où surgit un blessé en uniforme de général, dans une chaise roulante poussée par un adjudant, qui arrive tout essoufflé près de l’autocar.
– Mon capitaine ! Voici le général Tarrit, qui a été renversé par un camion alors qu’il préparait la défense derrière la Vilaine. Il a un bras cassé, probablement des côtes abîmées, mais il a surtout pris un coup à la tête et il est sonné. Pour le moment, il n’est plus en état de faire grand-chose, pas même parler. Le médecin de l’hôpital nous a demandé de l’évacuer, mais ils n’ont plus d’ambulance disponible et en arrivant ici, nous avons appris que vous partiez pour embarquer à Saint-Nazaire… Pouvez-vous nous prendre ?
– Un général est forcément prioritaire, mais vous ?
– Je suis son ordonnance, et il a visiblement besoin de moi pour le moment.
– En effet. Faut-il le porter ?
– Non, ça devrait aller. Quand je le guide du bras, il me suit. La chaise, c’est parce que c’était plus rapide.
– D'accord. Installez-vous au premier rang.
[S’adressant aux autres] Désolé les gars, on ne pourra pas prendre tout le monde…
Tandis que l’embarquement s’opère, les deux soldats s’affairent sous le capot ouvert du T23L.
– Y a pas de mayonnaise, ni dans l’eau ni dans l’huile, Henri.
– C’est déjà ça, mais je n’aime pas trop quand même… D’où ça vient, d’après toi ?
– Eh, t’as fait plus de deux mille bornes en trois jours, tu crois qu’il apprécie ?
– Moui. Bon, faut prendre de l’eau. Et franchement, espérer.

Vingt bonnes minutes et dix kilomètres plus tard, au lieu-dit La Croix-Madame… Première alerte. Pas de la nature attendue, cependant. Une bête crevaison sur une roue avant. Les routes commencent à s’agrémenter d’un tas de pièces détachées d’origines diverses et variées, allant d’un revêtement routier fatigué laissant échapper un caillou arraché au bel acier d’une mécanique décidant de se séparer de quelque accessoire, utile ou pas. Le conducteur immobilise son engin au croisement d’une petite route, restant sur la chaussée de celle-ci.
– Que se passe-t-il, Henri ? Pourquoi cet arrêt ?
– Crevaison.
– Mais… Je n'ai rien senti.
– Moi si, au volant. Avant droit. Mon capitaine, si vous pouviez faire descendre tout le monde pour alléger… Sauf peut-être le général ?
– Bien sûr. On va vous aider, du moins les valides.
– Bonne idée. Dumoulin, sors une chandelle, si les hommes forts peuvent soulever le car, on irait plus vite qu'avec le cric à vis sans fin.

Même les blessés ayant encore un bras valide se joignent à la manœuvre, pas de trop pour soulever un engin de 2 tonnes à vide, presque trois en l'occurrence. Après avoir desserré les boulons de la roue incriminée, le soldat de seconde classe Victor commande le mouvement. A la une, à la deux, à la trois ! Victor glisse la chandelle sous le robuste châssis, les hommes reposent doucement le véhicule. Grimace à la vue de la déchirure sur la bande de roulement. La roue est laissée sur le bas-côté, pas la peine de s’en charger, vu l’état du pneu. Un peu de poids en moins, et moins de temps de perdu. Nouvel exercice de biceps après que la roue de secours soit mise en place. On resserre les boulons et en avant toute. Un quart d’heure de pénalité…
14h47 – Après le village de Guichen, sur la route qui serpente entre les champs, bocages et pâtures, dans une ligne droite où le chauffeur peut laisser s’exprimer les presque deux litres du quatre cylindres de Traction Avant installé sous le capot, nouvelle alerte du conducteur au mécanicien, debout à ses côtés.
– Ça y est, Alphonse, ça chauffe.
– Ralentis.
– Je ne suis pas à quarante en ligne droite ! Mais avec ce trafic, on ralentit, on accélère… Le moteur va ressembler à un bouilleur, cette fois.
– Arrête-toi dès que tu peux pour pas gêner, je ferai une purge du radiateur.

Quelques centaines de mètres plus loin, l’autocar s’immobilise sur un bas-côté en terre d’apparence stable, visiblement déjà utilisé à cet usage. Le mécanicien ouvre le capot, analogue lui aussi à celui de la Traction, et commence à vidanger à moitié le circuit d’eau, qui siffle en vapeur, pendant que le chauffeur prend la nourrice métallique. Ils n’ont fait que vingt kilomètres, un cinquième du parcours, par une température extérieure oscillant entre 25 et 30°C. Les deux hommes ont un air grave en remontant à bord du véhicule – le mécanicien a constaté que l’eau devenait grasse…
15h25 – Douze kilomètres plus loin, on arrive dans Lohéac, où le car s'arrête sur la place du village. Atmosphère lugubre malgré le soleil, avec des maisons de pierre grisâtre non taillée, mais aussi dans le véhicule, car la pause n'est due qu'au besoin de vidanger et remplacer à nouveau l’eau du circuit de refroidissement. Difficile de voir le niveau, car l’eau fuse en vapeur, mais Dumoulin pense avoir ajouté plus d’eau que la première fois. Dans leur malheur, les deux hommes ont néanmoins pu faire le plein de la nourrice à la fontaine de la place, Victor ayant remarqué sa présence lors de ses voyages précédents. Toujours ça de pris. Y compris pour les passagers valides, qui se rafraîchissent.
Tous ceux qui sont descendus – pour s’aérer, satisfaire un besoin naturel ou griller une cigarette – remontent, mais on sent que le climat s’est tendu.
16h05 – Nouvel arrêt au lieu-dit Landrenais, sur le carrefour de la route menant à St-Just, de nouveau à douze kilomètres, et toujours pour ravitailler le moteur en eau. Cette fois, le mécanicien dévisse (à distance, avec une longue clef anglaise) le bouchon supérieur du radiateur. La vapeur fuse comme un geyser… Quand cela se termine, Dumoulin sonde le niveau du radiateur, d’abord à l’œil, puis, ne voyant rien, en mesurant l’eau qu'il remet. Ceci fait, il repasse à la purge inférieure pour échanger l’eau brûlante par de l’eau plus fraîche. Il en recueille un peu – pas de doute, il y a de l’huile. Le joint de culasse est en train de lâcher, et ils n’en sont pas à la moitié de la route !
La mine d’Henri Victor est sombre, celle d’Alphonse Dumoulin plus songeuse qu’inquiète. Quant aux passagers, en nage dans l’habitacle surchauffé par le soleil, ils s’en remettent aux deux spécialistes.

(à suivre)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Avr 05, 2021 10:56    Sujet du message: Répondre en citant

Je me rappelle de cet épisode... nous avons créé une forme de mythologie à force de travail !
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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FREGATON



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 08:45    Sujet du message: Répondre en citant

Si le soldat Victor a une vie aussi aventureuse que le pilote Julius, ça nous promet de grands moments… 8)
Et puis les voitures, les camions, le cambouis, la mécanique et tout ça c'est bien d'en parler aussi (y à pas que les avions et les bateaux Laughing).

Juste un (tout petit) détail dans l'intro déjà postée:
Il n'y à pas d'armes de poing réglementaires en calibre 9 mm dans l'armée française de 40. L'étui du Cne Le Bars contient plus probablement un revolver en 8 mm ou un pistolet en 7,65 mm. Cela peut-être aussi une arme "personnelle" ou bien "l'ordre de calibre 9 mm" est utilisé comme une expression générique.
Les commandes de véhicules américains de 40 concernent exclusivement des camions et des motos/motos-sides. Les "voitures" américaines sont donc probablement des autos réquisitionnées chez des concessionnaires.

Ceci dit, la suite et vite! Very Happy
_________________
La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 09:23    Sujet du message: Répondre en citant

16h35 – A hauteur de Sainte-Marie, le Citroën s'arrête à nouveau, le long d’un petit bois, sur une intersection. Alors que mécano et chauffeur s’activent à renouveler le liquide du circuit, deux soldats coiffés d’un béret à pompon rouge sortent du couvert, armes braquées.
– Que faites-vous ?
– On remplace l’eau du radiateur. Et si vous baissez vos pétoires, c’est pas plus mal. On évacue des blessés de Rennes, on n'est pas la Cinquième Colonne !
– Vite dit…
– Allez-y voir. Y a un général blessé, et not’ capitaine bien valide qui va vous les remonter !
– Peut-être pas, ils font leur boulot, Dumoulin. Voici nos ordres de mission, marin.
– Ah… Mille excuses, capitaine… On nous a demandé de nous poster ici pour prévenir de l'arrivée des Boches.
– Ils ne sont pas encore à nos basques. Du moins, j’espère. Avec tous ces arrêts… Qui devez-vous prévenir ? On pourra leur laisser un mot.
– Nos chefs à Redon, capitaine. Il y a un point d'appui, avec des Belges !
– Des Belges ?
– Voui, capitaine. Des soldats belges, avec des blindés, quelques canons et les nôtres. On fera sauter les ponts dès nos derniers gars passés.
– Ah ! Faut pas qu'on traîne, alors…

Le centre de Redon est encore à 7 kilomètres. C'est peu, et c’est beaucoup quand on s’attend à voir un moteur stopper brusquement. La Nationale 177 s'incurve vers une longue ligne droite courant au sud-ouest, et bordée de platanes bienvenus pour l’ombre qu’ils offrent. Après 5 km, on aperçoit les premières maisons de Redon. Dumoulin scrute attentivement le côté gauche de la chaussée, avant de pousser un cri : « Là ! À gauche ! Le garage ! Gare-toi, Henri ! »
Henri obtempère et coupe la voie. Heureusement, la circulation est devenue inexistante. Il stoppe l’autocar dans un grand crissement de freins devant une façade peinte à la chaux. Une grande porte de bois, au-dessus de laquelle trône une enseigne dont les lettres peintes à la main dans un très beau style annoncent « Garage Breton – Automobiles Citroën ». Cependant, la grande porte est close, tout comme la petite attenante et celle de la station-service, dont la pompe est bâchée, sans tuyau. Dumoulin se tourne vers Le Bars.
– Mon capitaine, vous pouvez m’accompagner ?
– Que voulez-vous faire ?
– Demander de l'aide, et quelques pièces, si possible. Vos galons feront meilleur effet que ma tenue.
– Il semble fermé, votre garage…
– On dirait bien, mais en général, les gens habitent au-dessus.

Le soldat sonne, cogne à la porte, la petite, la grande et même celle de la station, sans réponses. Un voisin, entendant le raffut, met le nez à la fenêtre : « Pas la peine, sont partis ! »
– Où ça ?
– Qu’est ce que j’en sais ? P’t’êt’ à Bordeaux, y z’ont de la famille là-bas. Mais y’a plus personne… Et y a plus d’essence, si c’est ce que vous cherchez…
– Bon. Dumoulin, vous pensez trouver ce qu’il vous faut là-dedans ?
– J’espère seulement, mon capitaine. Je me souvenais de l’existence de ce garage, ils devraient avoir du stock de Traction Avant…
– Bon. Réquisition forcée.

Le Bars sort son pistolet de son étui et s’apprête à tirer dans la serrure, quand Victor l’arrête : « Sauf vot’ respect, mon capitaine, c’est bon pour les films américains, ça. Un bon levier sera plus efficace, et on risquera pas de ricochets ! »
Quelques coups d’épaule et l’utilisation d’un démonte-pneu comme levier ont raison de la porte, qui cède devant cette évidente manifestation d’hostilité. Les deux hommes pénètrent dans cet antre de la mécanique, où les odeurs d’huile et d’essence le disputent à celles de poussière, de vieux bois et de caoutchouc usé. Ne sachant ce qu’il cherche, l’officier suit Dumoulin dans sa quête. Premier sourire du soldat en trouvant le magasin. Deuxième, en trouvant une pile de pochettes de papier gris paraffiné. Troisième en en extrayant une très grande enveloppe marquée « Type 7A légère ». Un joint de culasse neuf ! Dumoulin revient dans la salle principale, s’empare d’un pot dont seul un mécano peut savoir l’usage, ramasse au passage quelques outils sur un établi et gratifie son supérieur d’un large sourire : « On peut y aller, mon capitaine. A moins que vous préfériez qu’on fasse la réparation icitte. »
– Mécaniquement, ce serait plus sage, vous seriez sûr d’avoir ce qu’il vous faut. Mais ça va prendre combien de temps ?
– Deux-trois heures. C’est assez difficile à dire, car d’habitude, quand on change le joint, on en profite pour faire d’autres opérations. Là, on va parer au plus pressé…
– Mouais. On ne va pas pouvoir attendre ici, si les autres font sauter le pont, on ne passera plus. Vous pourrez faire ça sur le bord de la route ?
– Faudra bien, c’est pour ça que j’ai pris des outils, pour qu’Henri me donne la main.
– Alors on embarque, on passe le pont, et on verra ça quand le joint lâchera.
– Oui, autant aller jusqu’au bout, mais faut pas griller les pistons non plus. Bon, ça fuit dans le sens huile vers eau, c’est déjà ça.

Le soldat Victor fait des yeux ronds en voyant Dumoulin revenir avec outils et joint. Derrière lui, une grosse voix retentit.
– Dites-moi, capitaine, que se passe-t-il ?
L’interpellé, surpris, se retourne pour voir la figure du général Tarrit tournée vers lui, les yeux grands ouverts, contrairement à la mimique absente qu’il avait depuis leur départ. Il semble que, l’arrêt du car ayant été plus brutal que d’habitude et tous les passagers ayant été secoués, le général était sorti de la torpeur dans laquelle il était plongé, sous l’effet du choc lors de son accident et des calmants administrés à l’hôpital de Rennes.
Toujours est-il que le général s’est réveillé, difficilement. Il regarde autour de lui, ne reconnaît rien. Ah si, à sa droite : son ordonnance.
– Plombez, où sommes-nous ?
– Mon général ! Vous êtes réveillé !
– Oui, mais cela ne me dit pas où nous sommes. Et ne me dites pas dans un autocar, ça j’avais compris. Aïe !
– Nous sommes à Redon, mon général, ou plus exactement nous allons y entrer.
– Et que faisons-nous à Redon ? Ce n'est pas mon poste !
– Vous êtes blessé, mon général. Un camion vous a renversé en manœuvrant. Votre bras est cassé, vous avez eu un coup à la tête, et certainement des côtes fêlées ou cassées.
– Aïe ! Ah oui, j’ai un turban sur la tête… Et mon képi ?
– Le voici, mon général, mais il ne tient guère sur votre bandage.
– Pour en revenir à Redon, vous disiez ?
– J’ai reçu ordre de vous évacuer vers Saint-Nazaire et l’Afrique du Nord, mon général, et tout ce qu’il y avait de disponible est ce car.
– J’imagine, mais pourquoi sommes-nous arrêtés ?
– Le moteur chauffe, et le mécanicien et le capitaine sont allés voir dans ce garage… Les voici qui reviennent.

Le capitaine Le Bars se présente donc et explique la situation au général, pendant que Victor reprend la route. Tarrit acquiesce, il n’y a rien de mieux à faire, semble-t-il.
On approche du centre de Redon, les maisons se font plus denses le long des rues. Nul signe d’activité, les volets sont clos pour la plupart. En arrivant au pont SNCF enjambant la nationale, la présence de soldats porteurs d’uniformes différents fait ralentir puis arrêter l’autocar. Palabres avec les Belges (c’en sont vraiment !), faut voir avec le major qui est plus loin, au niveau du pont de l’Écluse. Trois cent cinquante mètres plus loin, nouvel arrêt par des soldats armés, au niveau d’un nouveau groupe autour d’un officier. Sous les yeux des Belges un peu étonnés, Le Bars descend, suivi difficilement par Tarrit, dont les contusions se rappellent douloureusement à son attention. Les hommes rectifient la position.
– Mes respects, mon général, major Lorent, 7e D.I. belge.
– Merci, major. Je suis le général Tarrit, 1ère DLINA. Repos, messieurs. Rassurez-vous, je ne viens pas vous mettre des bâtons dans les jambes, on m’évacue vers Saint-Nazaire, si c’est encore possible. Voici le capitaine Le Bars, qui a organisé l’évacuation de Rennes.
– Enchanté. Le pont sur la Vilaine est miné, mais vous pouvez encore passer. Je me demande par contre s’il ne serait pas préférable que vous preniez la route de Vannes, nous ignorons tout des positions des Allemands, et la route de Saint-Nazaire est à l’est de la Vilaine, plus proche de leurs avant-gardes.
– Cela nous ferait un détour important, et notre autocar n’est guère valide, il chauffe. Nous nous attendons à ce que le joint de culasse cède d’un moment à l'autre.
– Diable ! A ce point ?
– Oui. Nous avons trouvé des pièces dans un garage sur la route, à l’entrée de Redon sur la 177, mais comme des marins placés plus haut nous ont avertis que vous faisiez sauter les ponts, on a paré au plus pressé plutôt que de réparer sur place, même si on avait là ce qu'il fallait.
– Combien de temps pour réparer ?
– Trois heures, d’après le mécano. Quand faites-vous sauter les charges ?
– Quand on nous signalera soit l’arrivée des Boches, soit le dernier passage des vôtres, donc je ne sais dire. Mais, trois heures… Il est cinq heures, ça nous amène à huit heures, pas sûr que ce soit bon. Mieux vaut passer de suite, et réparer plus loin quand ce sera nécessaire, si vous savez.
– C’est aussi ce qu’on pensait. Merci, major, nous repartons, et courage !
– Et bonne chance, mon général.
– A vous aussi !

Les deux Français remontent dans le car, suivis du mécano qui a fait un appoint d’eau. Le chauffeur démarre et engage le car sur le pont de l’Ecluse, poursuivant ainsi sur la N-177. Prochaine étape : Fégréac, pour un ravitaillement en eau ou pour la réparation ?
………
Sur la route nationale 177, belle et quasi rectiligne, le calme règne à présent. Parce qu’on attend les Allemands d’un moment à l’autre, mais aussi parce qu’un peu partout, les gendarmes veillent au grain et filtrent les mouvements. S’il n’y avait cette épée de Damoclès, ce foutu joint de culasse, on se croirait sur la route des vacances.
Sur la place de Fégréac, il y a une fontaine-abreuvoir, comme dans beaucoup de villages de France. On s’y arrête donc pour une énième opération de vidange et ravitaillement en eau, puisée directement à la source, sous l’œil ébahi des quelques villageois mettant le nez à la porte. Ceux-ci viennent entourer le car et ses occupants, s’enquérant de ce qui se passe, de l’avance de l’ennemi… En voyant les blessés, quelques-uns apportent des victuailles, qui une bouteille de vin, qui un saucisson, qui du pain, du fromage. Du baume au cœur des soldats, plus habitués à être conspués.
Remise en route. Un kilomètre et demi plus loin, à Pont-Nimy, au pont sur le canal Nantes-Brest, des soldats montent la garde. Ils sont chargés de faire sauter le pont après les derniers passages de réfugiés, avant l’arrivée des Allemands.
On repart. La route sinue entre de petites collines, monte et descend, ce qui n’arrange guère le conducteur, à l’affût du moindre signe de défaillance. Celle-ci se produit après 5 km, au niveau du bois de Restin – un panache de fumée blanche se manifeste dans le rétroviseur. Aussitôt, Henri Victor laisse aller le véhicule sur sa lancée et se gare dès qu’il peut. Pas de chance : le patelin suivant, Saint-Gildas-des-bois, est à moins de 2 km, mais là, on se retrouve ailleurs, nulle part pour ainsi dire.
Tout le monde descend. Mécanicien et chauffeur s’attellent au changement du joint de culasse, les autres préparent les provisions apportées ou récupérées, autant se reposer et prévoir le pique-nique, il est près de 18 heures. Trouvant la quantité plutôt maigre pour dix-sept estomacs (les ennuis n'avaient pas été prévus !), le général envoie son ordonnance vers le village afin d’y trouver un peu de pitance supplémentaire. Cinq cents mètres plus loin sur la gauche, un chemin avec un écriteau indiquant une carrière. Pas sûr d’y trouver de quoi manger, l’adjudant poursuit jusqu’à un autre chemin à droite, d’où il aperçoit les bâtiments d’une ferme. Ça, c’est mieux !
Il s’approche. Un corps de ferme en L, pas de porte sur l’extérieur, donc c’est par la cour qu’il faut passer. Un chien aboie, mais reste près de la porte bien qu’il ne soit pas attaché. Ladite porte est à deux battants superposés ; le haut est ouvert et laisse rapidement voir le buste d’un homme coiffé d’un béret et qui crie presque aussi fort que son chien, pendant que le sous-officier s’avance : « Qu’est-ce que c'est ? »
– Bonjour. Adjudant Plombez. Nous sommes en panne avec notre autocar…
– Et alors ? Chus pas garagiste, chus paysan.
– Oh, ce n’est pas pour réparer, notre mécanicien s’en occupe. Mais nous n’avions pas prévu ça, et nous n’avons rien à manger.
– Ah ? Z’avez de quoi payer ? Faut pas me refiler un bon à encaisser, ça m’étonnerait que je récupère un jour quèqu’ chose, vu les événements…
– Oui, j’ai de l’argent… Et il doit y en avoir davantage dans le car, si besoin.

Il montre ses billets de banque. La figure du fermier s’adoucit à peine. Il fait entrer le visiteur, appelle sa femme pour connaître l’état des provisions, et les palabres commencent. Ardues, mais Plombez est fils de cultivateurs, aussi connaît-il les prix. Il faut néanmoins qu’il menace le paysan de réquisition par les armes pour que celui-ci finisse par accepter la transaction. Il s’étrangle quand le soldat lui demande un reçu signé, mais acquiesce finalement quand Plombez explique que c’est pour être lui-même remboursé. Le tout se conclut par une poignée de mains, franche et rugueuse, et par un verre du pinard local, pendant que la Marie prépare la nourriture à emporter. Celle-ci est mise dans un drap formant baluchon et chargée dans une brouette, poussée par les deux hommes jusqu’au campement provisoire des naufragés de la route, qui les accueillent avec joie.
Alors que le fermier repart avec sa brouette vide et son drap, on s’affaire au mieux avec les victuailles pendant que Dumoulin et Victor s’escriment sur le moteur défaillant. Une chose est sûre : les boulons ne défaillent pas, eux ! Ils tiennent même fort bien, par dilatation sur un métal encore chaud. Les deux compères jurent, vitupèrent, mais il leur faut un temps certain pour en venir à bout. La réparation s'annonce fastidieuse… D’autant plus qu’il leur faut aussi se sustenter, la journée a été rude, surtout pour le chauffeur. Le repas est avalé rapidement par les deux hommes, qui se remettent à l’ouvrage – il faut en finir avant la tombée de la nuit. Heureusement, ce sont les journées les plus longues de l’année… A un moment, voyant Victor cligner des yeux et tituber, Le Bars s’approche et lui ordonne d’arrêter la mécanique et de dormir un peu, car c’est encore lui qui sera chargé de conduire, quand la réparation sera finie. Plombez et lui feront office d’aides-mécaniciens. Le chauffeur proteste d’abord, mais c’est un ordre, dûment confirmé par le général ! Le soldat obtempère et va se coucher sur une banquette du car. Un ronflement énergique résonne bientôt.
………

(à suivre)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 09:46    Sujet du message: Répondre en citant

Et on a nos belges en plus !! Verra-t'on aussi les débuts de Julius ou de Lagadec ?
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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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ChtiJef



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 09:54    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Saint-Gildas-des-bois, est à moins de 2 km, mais là, on se retrouve ailleurs, nulle part pour ainsi dire.

Y aurait-il une allusion à une certaine émission présentée par un certain Philippe ? Shocked Whistle Whistle
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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 12:18    Sujet du message: Répondre en citant

ChtiJef a écrit:
Citation:
Saint-Gildas-des-bois, est à moins de 2 km, mais là, on se retrouve ailleurs, nulle part pour ainsi dire.

Y aurait-il une allusion à une certaine émission présentée par un certain Philippe ? Shocked Whistle Whistle


Oh, voyons! Comme si c'était le genre de la maison… 8)
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Stéphane "Alias" Gallay -- https://alias.erdorin.org
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DMZ



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 12:26    Sujet du message: Répondre en citant

J'adore le jeu de piste pour suivre à la trace le soldat Victor.

Quelques pinaillages toutefois, vous me connaissez...

À Redon : Pont de l'Écluse => Pont Saint Nicolas

Après Redon : ce n'est plus la N 177 vers Fégréac mais la N 164 puis la N 773 ; à la sortie de Redon, elle semble s'appeler à l'époque Route d'Angers ???

Un kilomètre et demi plus loin, à Pont-Nimy, au pont sur le canal Nantes-Brest, des soldats montent la garde.
canal de Nantes à Brest

Fégréac : fontaine-abreuvoir ? Il n'y a pas vraiment de place de l'église et il ne semble pas y avoir de fontaine devant elle, en revanche, il y a un grand abreuvoir à la Préverie, rue prenant sur la gauche à partir de l'église donc ce sont les habitants qui doivent l'indiquer car non visible de la route. Ça s'appelait probablement la Mare, puisqu'il y a maintenant une rue de la Mare à cet endroit.
https://www.communes.com/cartes-postales-anciennes-fegreac

Au bois de Reslin, juste avant la ferme, il y a un joli petit château, Plombez ne peut pas le manquer :
https://br.wikipedia.org/wiki/Restr:Saint-Gildas-des-Bois_-_Ch%C3%A2teau_de_la_Barillette_-_20090704.jpg
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-2.052097&y=47.527852&z=18&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN50.1950&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&mode=doubleMap
https://www.google.fr/maps/@47.5277638,-2.0520789,93m/data=!3m1!1e3
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« Vi offro fame, sete, marce forzate, battaglia e morte. » « Je vous offre la faim, la soif, la marche forcée, la bataille et la mort. » Giuseppe Garibaldi
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loic
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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 12:51    Sujet du message: Répondre en citant

Attention à la dénomination des routes, elle a beaucoup changé (et continue de changer).
un truc bon site à ce sujet : https://routes.fandom.com/wiki/Accueil
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En principe (moi) ...
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Etienne



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
Si le soldat Victor a une vie aussi aventureuse que le pilote Julius, ça nous promet de grands moments… 8)
Et puis les voitures, les camions, le cambouis, la mécanique et tout ça c'est bien d'en parler aussi (y à pas que les avions et les bateaux Laughing).

Juste un (tout petit) détail dans l'intro déjà postée:
Il n'y à pas d'armes de poing réglementaires en calibre 9 mm dans l'armée française de 40. L'étui du Cne Le Bars contient plus probablement un revolver en 8 mm ou un pistolet en 7,65 mm. Cela peut-être aussi une arme "personnelle" ou bien "l'ordre de calibre 9 mm" est utilisé comme une expression générique.
Les commandes de véhicules américains de 40 concernent exclusivement des camions et des motos/motos-sides. Les "voitures" américaines sont donc probablement des autos réquisitionnées chez des concessionnaires.

Ceci dit, la suite et vite! Very Happy

Pour le 9mm et les véhicules, je n'ai fait que recopier la chrono... C'est juste pour situer le point de départ.
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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 13:11    Sujet du message: Répondre en citant

DMZ a écrit:

À Redon : Pont de l'Écluse => Pont Saint Nicolas

Pas trouvé cette appellation? Alors qu'il y a le quai de l'écluse...

DMZ a écrit:

Après Redon : ce n'est plus la N 177 vers Fégréac mais la N 164 puis la N 773 ; à la sortie de Redon, elle semble s'appeler à l'époque Route d'Angers ???

La 164, c'est après 1950.

DMZ a écrit:

Fégréac : fontaine-abreuvoir ? Il n'y a pas vraiment de place de l'église et il ne semble pas y avoir de fontaine devant elle, en revanche, il y a un grand abreuvoir à la Préverie, rue prenant sur la gauche à partir de l'église donc ce sont les habitants qui doivent l'indiquer car non visible de la route. Ça s'appelait probablement la Mare, puisqu'il y a maintenant une rue de la Mare à cet endroit.
https://www.communes.com/cartes-postales-anciennes-fegreac

Je n'ai pas dit non plus qu'ils s'arrêtaient face à l'église... Wink

DMZ a écrit:

Au bois de Reslin, juste avant la ferme, il y a un joli petit château, Plombez ne peut pas le manquer :
https://br.wikipedia.org/wiki/Restr:Saint-Gildas-des-Bois_-_Ch%C3%A2teau_de_la_Barillette_-_20090704.jpg
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-2.052097&y=47.527852&z=18&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN50.1950&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&mode=doubleMap
https://www.google.fr/maps/@47.5277638,-2.0520789,93m/data=!3m1!1e3

Ah, j'avais pris ça pour des hangars... On peut ajouter que ce petit manoir est portes closes
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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 17:03    Sujet du message: Répondre en citant

Le quai de l'Écluse est sur la rive sud du canal alors que la route vers Angers, Nantes, Saint-Nazaire est sur la rive nord, le pont St-Nicolas (appellation actuelle, carte IGN ou autre) est dans le prolongement de cette route.
https://www.ouest-france.fr/bretagne/redon-35600/long-format-ce-que-raconte-le-pont-de-saint-nicolas-sur-redon-5928444

Où as-tu vu que la RN 164 est après 1950 ? Fandom donne :

https://routes.fandom.com/wiki/Liste_historique_des_routes_nationales_151_%C3%A0_200

RN164
Tracé avant 1973 : Ancenis - Landerneau
Citation:
A sa création, en 1824, elle est définie comme la route d'Angers à Brest par Redon.

RN177
Tracé avant 1949 : Villers-Bocage - Redon

https://routes.fandom.com/wiki/Liste_historique_des_routes_nationales_751_%C3%A0_800

RN773
Tracé avant 1973 : Gaël (RN166) - Donges (RN771)
Tronçon 1 : Gaël (RN166) - Redon (RN164)
Tronçon 2 : Fégréac (RN164) - Pontchâteau - Donges (RN771)
Citation:
La route nationale 773, ou RN773, est une ancienne route nationale française qui reliait Gaël à Donges.
Elle faisait un tronc commun de 9 km avec la RN164 autour de Redon et trois troncs communs plus courts avec les RN24, RN772 et RN165.


Citation:
Je n'ai pas dit non plus qu'ils s'arrêtaient face à l'église... Wink

Si, si... Wink
Citation:
Sur la place de Fégréac, il y a une fontaine-abreuvoir, comme dans beaucoup de villages de France.

Il n'y a une petite placette que devant l'église ; la Mare est le long d'une rue, légèrement excentrée. Probablement à l'orée du village à l'origine.

Citation:
Ah, j'avais pris ça pour des hangars... On peut ajouter que ce petit manoir est portes closes

Oui, certainement. Et comme il est à l'écart de la route et non visible depuis celle-ci, il n'a certainement pas été pillé par un quelconque maraudeur. Mais le fermier a peut-être quelque chose à baver sur les Parisiens ou les Rennais qui le visitent un fois par an ? Ou alors il s'inquiète de voir quelqu'un tourner autour de ce château en plus de sa ferme ?

Bon, mais le récit est bien plus important et intéressant que ces détails...
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Citation:
Tout ce petit monde s'achemine vers le car, leurs bagages – quand ils en ont – brinquebalant.


"brinquebalant" qualifie-t-il le car ou les bagages ? La tournure de la phrase me semble "bizarre".
Citation:
– Le moteur. Il a eu tendance à chauffer à l’aller. Ça allait mieux au retour, mais j’ai peur que ça se reproduise si on est fort chargés.


Pourquoi "chargés" est-il au pluriel ?

@
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 18:11    Sujet du message: Répondre en citant

Ah.....Redon......de bons souvenirs de rédaction.....ça fait plaisir de voir que l on utilise mes coloriages Very Happy
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MessagePosté le: Mar Avr 06, 2021 21:03    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Il n'y à pas d'armes de poing réglementaires en calibre 9 mm dans l'armée française de 40. L'étui du Cne Le Bars contient plus probablement un revolver en 8 mm ou un pistolet en 7,65 mm. Cela peut-être aussi une arme "personnelle" ou bien "l'ordre de calibre 9 mm" est utilisé comme une expression générique.


Une arme capturée serait plausible : Luger P08, Walther P38, Mauser C96 (très "exotique"...).

Ou même reprise à l'ennemi : Browning GP35.

Ce qui a un peu plus de gueule qu'un vieux "1892".
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