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Les désarrois de la SDN, par TYLER
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juil 30, 2020 16:17    Sujet du message: Les désarrois de la SDN, par TYLER Répondre en citant

En cette période creuse (j'y suis pour quelque chose, vacances, chaleur…), TYLER nous propose un petit retour en arrière sur un aspect de la diplomatie internationale que nous avions laissé de côté - la Société des Nations.


8 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Un asile pour l’OIT
Ministère du Travail (Paris)
– John Winant, le directeur américain du Bureau International du Travail, vient de clore une réunion somme toute rondement menée, en compagnie de son sous-directeur français Adrien Tixier et avec le ministre français du Travail Charles Pomaret (représentant le gouvernement), le secrétaire général de la CGT Léon Jouhaux (représentant les travailleurs) et Alfred Lambert-Ribot, membre du Conseil National Économique, vice-président du Comité des Forges et ancien délégué patronal au BIT pendant presque vingt ans (représentant, est-il besoin de le préciser, le patronat). Le sujet de la réunion était le déménagement (l’expression n’est pas encore connotée) des principaux services de l’Organisation Internationale du Travail de Suisse en France – exactement à Vichy. Les pressions des Suisses, désireux d’éviter le courroux de l’Allemagne hitlérienne (1), la crainte d’une attaque allemande passant par la Suisse et l’effondrement du front français depuis un mois ont accéléré la mise en œuvre d’un plan élaboré en avril 1939.
Respectueuse de ses engagements et déterminée à soutenir des institutions internationales bien maltraitées ces dernières années (2), la France avait bien évidemment accepté de devenir le refuge éventuel de la SDN et de l’OIT. Refuge dont il avait été convenu assez vite qu’il ne serait que temporaire, sur l’insistance de différentes délégations, dont celle des Pays-Bas, neutres (à l’époque…) et qui ne voulaient pas paraître soutenir un camp dans la guerre qui s’annonçait, mais aussi du Royaume-Uni, toujours soucieux de ne pas donner trop d’influence au pays de Bonaparte. Il avait donc été acté que Vichy ne serait que le « siège de guerre » de ces deux institutions internationales.
Winant s’inquiète aussi de définir la position de l’OIT dans le conflit en cours, surtout avec l’attaque allemande qui se déchaîne depuis un mois. Pour cela, l’ancien gouverneur du New Hampshire a besoin de s’assurer du soutien des trois principaux membres de l’organisation qu’il dirige depuis un an et demi, à savoir les États-Unis, la France et la Grande Bretagne. Pour l’ancien membre de l’administration Roosevelt, l’appui de son pays d’origine ne fait guère de doutes, mais il devra probablement être discret jusqu’aux élections présidentielles de la fin de l’année. Et comme il a pu le voir, celui de la France, n’a pas été très compliqué à obtenir. Reste celui des Anglais.
Par ailleurs, le directeur de l’OIT est troublé par la présence de deux observateurs, restés en retrait et presque silencieux (mais visiblement attentifs !) pendant toute la réunion.
Le premier n’est autre que le directeur de cabinet du président du Conseil français, Roland de Margerie. Il semble que sa présence, décidée en dernière minute, ait surpris le ministre Pomaret ! L’ancien secrétaire d’ambassade à Londres semble presque n’avoir été là que pour reprendre les précautions verbales de Pomaret sur la situation militaire et pour glisser en fin de réunion de façon discrète mais assurée, à Tixier et Winant, que la France « saura tenir son rang ainsi que ses engagements et ce, peu importe les épreuves qu’il faudra endurer jusqu’à la victoire finale ». Assez fin politicien, Winant comprend que Margerie s’est efforcé de faire passer un message qui lui est aussi destiné, afin qu’il puisse le relayer auprès de l’Administration Roosevelt. Une histoire de posture à affirmer en ces temps difficiles en somme.
D’ailleurs, le message paraît aussi destiné à l’autre observateur, qui se trouve être une observatrice. Cette dame, envoyée par Londres, s’est contentée de prendre assidûment des notes tout au long de la réunion. Et quand, peu de temps après le départ des observateurs en question, Winant apprend l’identité de l’observatrice, il est conforté dans son analyse. Miss Maurice, Nancy de son prénom, est la secrétaire particulière du général Edward Spears depuis l’automne 1919. Et quel meilleur intermédiaire que la fidèle assistante du représentant personnel du Prime Minister auprès du Président du Conseil ?
Le fait est que Nancy Maurice a consciencieusement noté tous les détails des échanges de la matinée. Elle est impatiente de les relayer à son cher général Spears, à peine troublée par son absence du jour. Tout au plus Miss Maurice espère-t-elle qu’il ne soit pas allé voir ce que devient l’Ambulance Chirurgicale Légère de Corps d’Armée 282, rattachée à l’Unité Hadfield-Spears, corps médical mixte franco-britannique (les médecins sont français et les infirmières anglaises). Il est vrai que le front de Lorraine, dont dépend cette unité, semble plus ou moins en déroute ces jours-ci. Et comme Mrs Spears – l’épouse du général… – semble ne pas vouloir quitter “son” unité… Réfrénant un sentiment de jalousie malvenu pour une dame de son rang (son père est un baronnet, ancien général de l’Armée britannique), Nancy Maurice s’est consciencieusement appliquée à sa tâche en attendant d’en savoir plus. De la patience, elle en a à revendre…


10 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Un message pour le Secrétaire général
GQG français (Paris)
– Le colonel Robert Bach conclut une journée bien éprouvante en soignant particulièrement un message important pour le secrétariat général de la SDN, à Genève. Dans la journée, il a vu l’Italie entrer en guerre contre la France – ça, il s’y attendait… – et le généralissime Weygand être remplacé par le général Huntziger – ça, il s’y attendait moins. Huntziger, arrivé en fin de journée, n’a eu que le temps de saluer brièvement ses nouveaux collaborateurs, mais le colonel Bach a déduit de tout ça que la situation n’était définitivement pas près de s’arranger. Aussi se fend-il d’un message qu’il veut le moins alarmiste possible, appelant néanmoins le Secrétaire général de la Société des Nations, Joseph Avenol, à envisager dès à présent l’évacuation du bureau de liaison parisien et de toutes les institutions présentes dans la capitale française. En effet, cette dernière devrait tomber d’ici la fin de la semaine…
Avant de conclure, il se fend d’un énième couplet critiquant les Britanniques, qui, depuis le mois de mai, n’ont fait qu’abandonner l’Armée française.
………
Bach et Avenol se connaissent bien. En 1937, Avenol avait demandé au ministre de la Guerre, Daladier, de lui recommander un officier supérieur pour collaborer à la section Désarmement du Secrétariat Général. Le chef d’escadrons d’artillerie Bach, alors en poste au secrétariat général du Conseil supérieur de la Défense nationale, avait été affecté à Genève. Dès la déclaration de guerre, il avait demandé à revenir à son affectation d’origine ou simplement à servir au front… Mais aucune suite n’avait été donné à sa demande – Genève n’était plus une préoccupation de Paris. Il avait fini par servir, pourtant, mais à Avenol ! En décembre 1939, il était devenu officier de liaison entre le Quai d’Orsay, le ministère de la Défense Nationale, la légation de Finlande et le Secrétariat de la Société des Nations pour chapeauter l’envoi de l’aide matérielle au pauvre petit pays nordique, agressé par l’URSS, récemment exclue de la SDN ! L’affaire traîna en longueur et n’eut aucun effet notable. Le 20 mai 1940, la mission de Bach prenait fin et il était réaffecté au Grand Quartier Général, où il lui apparut que les Français se débandaient et que les Britanniques s’enfuyaient.
………
Son message envoyé, le colonel se lève pour partir quand on toque à sa porte sans cérémonie – mais les plantons se font rares. Un lieutenant de cavalerie de même pas trente ans se présente, saluant dans les règles. Qu’est-ce qu’un cavalier peut bien avoir à dire à un artilleur en journée dramatique ?
– Lieutenant Chodron de Courcel, officier d’ordonnance du Sous-Secrétaire d’État à la Guerre, mon colonel. Je dois vous parler d’urgence…


11 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Sauve qui peut !
Secrétariat général de la Société des Nations (Genève)
– Quel n’est pas l’étonnement de Joseph Avenol en constatant qu’il a reçu rien moins que deux messages du colonel Bach dans la soirée d’hier. Le premier lui demande d’évacuer les bureaux parisiens de la SDN et des institutions liées à elle. Pourtant, Avenol reste convaincu qu’un autre Miracle de la Marne sauvera Paris ! Bach ne semble pas le penser, comme c’est déconcertant… Le second message, transmis à une heure fort tardive, l’assure, « de source sûre », de la détermination du gouvernement français à continuer la guerre « quoi qu’il arrive et sur n’importe quel terrain ». Avenol rajuste sa cravate et déglutit difficilement : la situation serait donc si catastrophique ? Il faut croire que oui, quand il lit les dernières lignes : « Nous préconisons l’envoi aussi tôt que possible de la mission de préparation d’évacuation des services de la SDN, comme prévu par le plan de 1939, dans les locaux réservés à Vichy. »
Surpris, voire déstabilisé par la nouvelle, Avenol envisage de consulter l’ancien ministre des Affaires Étrangères Bonnet, qui compte parmi ses proches. Dans l’immédiat, il charge Marc Veillet-Lavallée, fonctionnaire de la section d’Hygiène, de prendre la tête d’une mission d’une demi-douzaine de fonctionnaires et de se rendre de Genève à Vichy afin d’y préparer l’éventuelle évacuation de la SDN. Au reste, depuis la fin du mois de mai, les familles de quelques fonctionnaires de la SDN ou de l’OIT séjournent déjà dans des hôtels vichyssois : le Queen’s Hôtel et le Pavillon Sévigné.
Dans le même temps, vont commencer à quitter Paris les équipes de l’Institut international de Coopération intellectuelle (vers Guérande), du Bureau du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (vers Pau) et de l’Office international d’Hygiène publique (vers Royan)…


12 juin 1940
Les désarrois de la SDN
La tentation de Princeton
Secrétariat général de la SDN (Genève)
– Joseph Avenol est des plus troublés en cette fin d’après-midi. Il n’a réussi à joindre directement Georges Bonnet, qui a quitté Paris pour une destination inconnue : Tours ? Bordeaux ? Le flot de rumeurs contradictoires n’aide pas le Secrétaire général à mener une réflexion sereine.
La consultation du consul italien à Genève lui a permis de recevoir un message de son bon ami le comte Ciano affirmant que la victoire de l’Axe ne saurait tarder : Français puis Anglais capituleront et l’Europe sera à reconstruire avec un Ordre Nouveau dont une nouvelle Société des Nations doit profiter ! Avenol sait qu’Hitler n’aime pas l’esprit genevois, mais une institution internationale répondant à son goût ne permettrait-elle pas, à terme, de pouvoir équilibrer les influences en Europe, avec un Bloc Latin contrebalançant l’Allemagne hitlérienne ? Cela mérite réflexion… Après tout, si les choses vont aussi mal, si la France a perdu la guerre…
Doit-il donc décliner cette proposition reçue plus tôt dans la journée de trois institutions privées américaines (l’Université de Princeton, l’Institut for Advanced Study et le Rockefeller Institutr for Medical Research) de déménager les services techniques du Secrétariat général aux Etats-Unis, à l’Université de Princeton ? Indécis, Avenol préfère attendre une invitation officielle du gouvernement américain. S’il avait de son côté les Etats-Unis, grands absents de la SDN depuis le début, les choses seraient différentes… Sinon, il faudra considérer d’autres options.
Le Secrétaire général est soudainement tiré de ses réflexions quand le standard lui passe au téléphone le chef de cabinet de la Présidence du Conseil, Roland de Margerie. Quelques minutes plus tard, il voit la situation différemment. La détermination du brillant diplomate l’a impressionné. Contrairement à ce qu’il avait pu redouter, le gouvernement français ne semble pas en train de sombrer ! Certes, il n’y a pas eu de Miracle de la Marne, mais un réduit breton paraît sérieusement à l’ordre du jour, et une mobilisation complète de l’Empire doit mobiliser les forces du monde entier et reconquérir les provinces perdues. Cependant, si la France va tenir, elle va d’abord céder du terrain. Et elle ne pourra plus protéger la SDN et “l’esprit de Genève”. La question du transfert de l’organisation vers un siège de guerre devrait être sérieusement envisagée. Ainsi, accepter la proposition de Princeton aussi rapidement que possible permettrait de préserver l’institution genevoise d’une agression allemande ou d’une expulsion suisse ! Margerie a touché là une corde sensible : Avenol s’efforce d’arrondir les angles avec la Suisse depuis plus d’un an, afin que celle-ci ne mette pas à exécution ses menaces d’expulsion de Genève.
Alors, le Secrétaire général décide enfin de décider !
Il fait appliquer la circulaire qu’il avait émise le 15 mai, demandant aux fonctionnaires de catégorie A de la SDN de se rendre, comme prévu, à Vichy afin d’y poursuivre l’activité de l’organisation. Cette catégorie A représente 70 fonctionnaires de nationalités diverses, dont certains n’ont d’ailleurs plus vraiment de pays auquel se rattacher. On compte ainsi 21 Français, 15 Britanniques, 4 Indiens, 3 Américains, 3 Danois, 2 Canadiens, 2 Irlandais, 2 Lettons, 2 Norvégiens, 2 Néerlandais, 2 Suédois, 2 Suisses et un seul ressortissant d’Australie, de Belgique, du Chili, de Grèce, d’Iran, de Nouvelle-Zélande, de Tchécoslovaquie, de Turquie, de l’Union Sud-Africaine et de Yougoslavie.
La catégorie B est composée de 37 personnes, qui seront mises en congé renouvelable avec plein traitement pendant six mois. La catégorie C est composée de 203 fonctionnaires qui, quand ils en auront reçu l’instruction, auront 24 heures pour choisir entre la suspension ou la démission ! Enfin, la catégorie D est composée de 18 employés subalternes qui resteront à Genève pour entretenir les bâtiments et garder les terrains appartenant à la SDN.


13 juin 1940
Les désarrois de la SDN
« Quel machin ! »
Tours
– Les yeux encore rougis après une très courte nuit, encore hébété peut-être par le geste décisif qu’il vient d’accomplir avec la mise aux arrêts du Vainqueur de Verdun et l’éviction des derniers défaitistes du gouvernement, Paul Reynaud fait un point rapide sur les affaires courantes avec Roland de Margerie, en présence du tout neuf ministre de la Guerre. C’est en fin d’entretien qu’ils évoquent le dossier, secondaire il faut le reconnaître, de l’évacuation de la SDN et de l’OIT vers Vichy puis vers leur siège de guerre, car le continent européen va être laissé en pâture pour un temps aux Allemands et aux Italiens.
Intéressé, De Gaulle pose quelques questions techniques à Margerie sur les spécificités de la SDN. Ne faisant que commencer sa mue de soldat et de théoricien à futur animal politique, le Général finit par lâcher un fort peu diplomatique « Hé bien ! Quel machin ! »
Par ailleurs, le sous-directeur de l’OIT, Adrien Tixier (avec qui de Margerie est resté en contact depuis la réunion au ministère du Travail cinq jours plus tôt), signale que les représentants d’une quinzaine de délégations (celles qui ne sont pas à la fois accréditées auprès de la SDN et du gouvernement suisse, comme c’est fréquemment le cas) demandent la confirmation officielle qu’ils auront en France un hébergement et les mêmes privilèges et immunités diplomatiques qu’en Suisse ! Avec un sourire bienveillant quoiqu’un peu las, Reynaud, saisi par le regain d’énergie de ceux qui sont épuisés moralement mais ne s’autorisent pas à flancher, tranche la question posée par Tixier : « Accordons-leur ce qu’ils demandent ! S’il faut ça pour que la SDN décide de bouger… »
………
Genève – La nouvelle de la décision de Reynaud parvient très vite à Joseph Avenol et John Winant, qui vont continuer à actionner la machine du transfert vers Vichy. Rapidité fort opportune : ce n’est qu’un peu plus tard que l’intriguant consul d’Allemagne à Genève fera parvenir au Secrétaire général la nouvelle de l’arrestation du maréchal Pétain la nuit précédente. Nouvelle qui va à nouveau plonger Avenol dans l’indécision… mais trop tard ! Ses instructions pour la journée ont déjà été données.


14 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Les états d’âme du Secrétaire général
Secrétariat général de la SDN (Genève)
– Selon Victor-Yves Ghébali (La France en guerre et les organisations internationales, Que sais-je ?), « Tous les témoignages concordent pour faire de [Joseph Avenol] un conservateur, allergique aux hommes comme aux gouvernements de gauche. Intelligent et raffiné, l’homme était peu aimé ; ses petitesses et ses rancunes tenaces lui aliénaient la sympathie de ceux qui l’approchaient. Excellent administrateur financier, il n’a cependant laissé au Secrétariat qu’une réputation d’indolence et d’indécision. Le juriste Emile Giraud, qui l’a bien connu au Secrétariat, a brossé de lui un portrait magistral : « Il croyait peu à l’idéologie de la SDN, aux principes et aux méthodes de la démocratie et à la valeur de l’opinion publique. Par contre, il croyait en la force des gouvernements et en la possibilité d’exercer sur eux une influence en se plaçant dans leur sillage et en obtenant leur confiance. Essentiellement “gouvernemental”, il n’abandonnait les gouvernements que quand ils faiblissaient ou tombaient. Assez changeant, audacieux et nonchalant à la fois, très impressionné par la force et le succès, il était capable de s’engager dans les voies les plus diverses et de servir des politiques opposées si elles lui semblaient avoir l’avenir pour elles ; ses variations furent considérables. » La dureté de cette description est à peine exagérée. »
Fidèle à ce portrait gracieux, Joseph Avenol est plus qu’hésitant alors que c’est toute la SDN qui est à la croisée des chemins. Sa Société des Nations, qu’il s’échine à maintenir en vie depuis son arrivée à sa tête en 1933. La Suisse ne semble pas mécontente de cette évacuation – temporaire bien sûr ! – vers la France. La France continue la guerre, elle paraît résolue à abandonner la Métropole pour se réfugier en Afrique du Nord ! Les États-Unis ne semblent pas prêts à entrer en guerre…
Et si son ami le comte Ciano était dans le vrai ? Si un Ordre Nouveau était sur le point de régir l’Europe ? Les rumeurs d’une mobilisation en Espagne n’ont pas été démenties (ni confirmées – mais Avenol avait probablement grand besoin d’être rassuré) par le représentant espagnol à la Société des Nations (le préavis étant de deux ans, le retrait officiel de l’Espagne des institutions internationales, décidé en 1939, ne sera effectif qu’en 1941). Et le Secrétaire général vient d’apprendre que Georges Bonnet, à qui il voulait demander conseil, a publié la veille avec les anciens Présidents du Conseil Laval et Flandin une déclaration critiquant la mise à l’écart « brutale » du maréchal Pétain, qui vient d’être mis aux arrêts par le gouvernement français !
Avenol, impressionné par la détermination du cabinet Reynaud, regrette cependant l’arrivée de Léon Blum (avec qui ses relations avaient été mauvaises du temps du Front Populaire). Ne sachant à qui se fier, il temporise en autorisant les délégations étrangères menées par leur doyen, le Finlandais Holsti, à se rendre à Vichy, en demandant aux fonctionnaires de catégorie B de se tenir « prêts, éventuellement, à évacuer » et en décidant de rester lui-même à Genève jusqu’à ce qu’il ait reçu les dernières réponses des membres de la catégorie C concernant la suspension ou la rupture de leur contrat. Le préavis étant de 24 heures, Joseph Avenol se donne ainsi encore un peu de temps pour continuer à osciller entre Ordre Nouveau et Sursaut…


Notes
1- Il est encore à ce jour difficile de faire la part des pressions diplomatiques, des allusions et des rumeurs…
2- La Société des Nations plus encore que l’Organisation Internationale du Travail, d’ailleurs. Bien que dépendant – théoriquement – de la SDN, l’OIT comptait plus de membres que cette dernière ! Les États-Unis d’Amérique en étaient membres, alors qu’ils n’avaient jamais daigné faire partie de la SDN.


(suite et fin demain)
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Casus Frankie

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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Juil 30, 2020 18:52    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
le secrétaire général de la CGT Léon Jouhaux (représentant les travailleurs)


Et je sais enfin d'où vient ce nom que je croise tout le temps dans les cités de la petite couronne ...

Il m'est souvenir d'une histoire FTL de français de la SDN, réfugié en Suisse et qu'on avait dû secouer un peu durement pour qu'il daigne démissionner .. Wink Ceci peut aussi contribuer à expliquer le dédain pour l'institution ! Mais bien attendu, rien n'est lié au texte ci-dessus !

Citation:
de prendre la tête d’une mission d’une demi-douzaine de fonctionnaires et de se rendre de Genève à Vichy afin d’y préparer l’éventuelle évacuation de la SDN.


Quelle bureaucratie... Une mission d'évaluation de l'éventuelle évacuation à programmer selon le processus n° ...
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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Juil 30, 2020 20:25    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens, Vichy en FTL ! Mais c'est autour du POD tout ça, et donc les bras m'en tombent

"Mais qu'allait donc faire l'O.I.T dans cette galère - Vichy ? " (OTL, s'entend...)

Pas vue depuis a) Juin 1940 "les allemands rentrent sans combats dans Vichy, ville qui ne fera guère parler d'elle jusqu’à la fin de la guerre"

et aussi

b) cette idée génialissime de transformer son central téléphonique en haut lieu de la résistance des PTT, espionnage des communications d'Hitler y compris... du pur génie, je ne me souviens plus par qui... Shocked

A force y va bien finir par s'y passer des trucs intéressants...
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Juil 30, 2020 20:33    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Genève – La nouvelle de la décision de Reynaud parvient très vite à Joseph Avenol et John Winant, qui vont continuer à actionner la machine du transfert vers Vichy.

Rapidité fort opportune : ce n’est qu’un peu plus tard que l’intriguant consul d’Allemagne à Genève fera parvenir au Secrétaire général la nouvelle de l’arrestation du maréchal Pétain la nuit précédente. Nouvelle qui va à nouveau plonger Avenol dans l’indécision… mais trop tard ! Ses instructions pour la journée ont déjà été données.


Il se passait des choses bizarres a ce moment là... dans le chaos...

En effet Avenol avait reçu un mystérieux communiqué "Pétain est attendu a Vichy... "
seulement 1 heure plus tard, la nouvelle de son AVC tombait...

5 jours plus tard, autre mystère jamais élucidé, même provenance, à De Gaulle "le Général est attendu à la radio" à la grande surprise du général...

bizarre bizarre...
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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 07:55    Sujet du message: Répondre en citant

Quel sac de noeuds ...

Une petite répétition :
Citation:
[...] l’ancien gouverneur du New Hampshire a besoin de s’assurer du soutien des trois principaux membres de l’organisation qu’il dirige depuis un an et demi, à savoir les États-Unis, la France et la Grande Bretagne. Pour l’ancien membre de l’administration Roosevelt [...]

_________________
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En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 13:08    Sujet du message: Répondre en citant

16 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Apprenez que tout flatteur…
Hôtel de ville de Clermont-Ferrand
– Le lieu de rendez-vous a été choisi car il était le plus facilement accessible aux principaux participants à la réunion. A l’initiative de Roland de Margerie, qui prend de plus en plus de poids dans le cabinet Reynaud – au point que certains parlent de lui comme un Président du Conseil-bis, la salle du conseil municipal voit réunis Royall Tyler, expert économiste américain à la SDN, le général Spears, représentant personnel de Churchill auprès du gouvernement français, John C. Squire, consul américain à Nice et Monaco, et Édouard Daladier, Président du Conseil français au début de la guerre – on annonce volontiers son retour au pouvoir au sein d’un cabinet d’Union Nationale pour préparer l’exode en Afrique du Nord. Mais aujourd’hui, il ne va être question “que” de faire déménager quelques institutions internationales.
Le but de Margerie est d’obtenir l’accord des Britanniques et des Américains pour le transfert des principaux services techniques et institutionnels de la SDN hors d’Europe, maintenant qu’il est acté que l’Europe continentale sera, pour un temps au moins, entre les mains des Allemands et des Italiens. « Vichy n’est pas une option viable, explique-t-il. L’État-Major des Armées estime que la ville devrait tomber d’ici une semaine, dix jours au plus. » Suit un silence de plomb qui laisse transparaître abattement et consternation. Là-dessus, Tyler confirme ce que Tixier (sous-directeur français de l’OIT) avait confié à Margerie la veille : Joseph Avenol, profitant du fait que le Président de l’Assemblée, le Norvégien Hambro, soit bloqué dans son pays occupé, et que le Président du Conseil, le Bolivien Costa du Rels, soit en Espagne (à l’insu de tous !) pour régler des affaires personnelles, a publiquement annoncé qu’il assumait, « en ces circonstances exceptionnelles, la totalité des pouvoirs de la Société des Nations ». Et surtout, il n’a toujours pas ordonné aux fonctionnaires de catégorie B de se mettre en chemin vers Vichy. Lui-même n’a pas bougé de Genève, où il multiplie les consultations.
Pour Margerie, il faut convaincre Avenol d’évacuer la SDN, l’OIT ne posant pas ce genre de problème. Le Secrétaire du Comité à la Guerre relance son auditoire. Les États-Unis et la Grande-Bretagne apportent-elles leur soutien à ce projet de transfert ? La réponse est oui. Mais le général Spears, en militaire pragmatique, ose aussitôt : « Mais pour aller où ? » Tout le monde se tourne vers le consul Squire. Mal à l’aise, ce dernier répond qu’il doit en référer à sa hiérarchie, mais qu’aux dernières nouvelles, si accueillir les services techniques de la SDN comme de l’OIT ne semble pas poser de problème, accueillir le siège proprement dit de ces deux institutions internationales sur le sol américain semble délicat, en cette année charnière pour le devenir du pays… C’est à dire en année électorale.
Spears ne se laisse pas décourager : « Well ! Alors, premièrement, faisons quitter Genève à ce qui reste de la SDN. Puis faisons quitter Vichy à tout ce beau monde. Pour Marseille ou Bordeaux, comme ces messieurs voudront. Tous ces diplomates pourront décider diplomatiquement dans quelle partie du monde ils feront reluire des fauteuils sous leurs diplomatiques… buttocks. »
– C’est bien cela, général,
confirme Margerie.
– Mais de quoi avez-vous besoin pour ça ? interroge Daladier, qui se demande un peu ce qu’il fait là, alors qu’un poste lui semble promis au gouvernement – il est censé s’entretenir sous peu avec Reynaud à ce sujet.
– Mais de vous, Monsieur le Président ! We want you, comme disaient nos amis américains durant l’Autre Guerre.
Devant la mine circonspecte du Taureau du Vaucluse, l’homme de confiance de Reynaud développe : « Nous sommes au courant de vos liens avec l’ambassadeur Bullit et nous savons comment, ensemble, vous avez influencé Joseph Avenol lors de sa venue à Paris à la fin d’année dernière pour que l’affaire finlandaise provoque carrément l’exclusion de l’URSS de la Société des Nations. »
Tandis que Daladier, gêné, se tortille sur son siège, Squire intervient : « C’était une initiative personnelle de notre ambassadeur à Paris ! Le Département d’État a toujours nié avoir eu connaissance des agissements de Mr Bullitt. »
– Peu importe,
reprend Margerie avec un sourire. C’est de l’histoire ancienne. Le fait est que M. Avenol, comme bien d’autres, semble vous tenir en haute estime – et bien sûr, il a raison ! Vous serez donc notre messager. De plus, le Secrétaire Général paraît fort sensible aux honneurs. Je pense qu’il devrait accepter avec empressement une invitation transmise par vos soins, en tant que nouveau membre du gouvernement – invitation à venir jusqu’à Vichy ou au moins jusqu’à Nantua, où nous saurons le convaincre du plein soutien de la France et de la Grande-Bretagne pour assurer la protection de la SDN à partir de son évacuation de Suisse et de l’appui des Etats-Unis à sa réinstallation… sur un autre continent.
Édouard Daladier a à peine écouté les derniers mots. Il savoure déjà comme une belle petite revanche le fait de se voir rappeler aussi rapidement au sein d’un gouvernement dont il estime avoir été injustement chassé… Alors, si pour revenir sur le devant de la scène, il doit convaincre l’indécis Joseph Avenol de quitter la Suisse et même l’Europe, l’affaire est entendue !


18 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Hâtons-nous lentement
Hôtel du Parc (Vichy)
– Sur l’insistance du colonel Bach, la réunion a été déplacée d’une salle de réunion dans une suite de l’hôtel. Le prétexte donné à Avenol est de trouver un lieu discret afin de pouvoir échanger en toute quiétude. Joseph Avenol, Secrétaire général de la Société des Nations, est entouré d’Édouard Daladier, nouveau ministre d’État de la République Française, Roland de Margerie, sous-secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, Sean Lester et Thanassis Aghnides, sous-secrétaires de la SDN, ainsi que John Winant, directeur de l’Office International du Travail, Adrien Tixier et Edward Phelan, sous-secrétaires de cette institution. La présence du colonel Robert Bach dans l’hôtel est connue des participants. Il représente l’Armée française – pour quelle raison, d’ailleurs ?
Joseph Avenol continuant à tergiverser alors que la Wehrmacht gagne chaque jour du terrain et agissant comme s’il avait réellement tous les pouvoirs au sein de la SDN, le gouvernement français a chargé Daladier, bien vu du Secrétaire général, de lui vendre la nécessité du “Grand Déménagement” et le bien-fondé de la décision française. Bien sûr, Daladier sait qu’Avenol et son ancien ministre des Affaires Étrangères, Georges Bonnet, étaient favorables à une politique d’apaisement avec l’Allemagne. Ah, les c… ! comme il l’avait dit lui-même au retour de Munich. Mais l’heure n’est pas aux regrets amers. Il faut convaincre le Secrétaire général de bouger !
On a conseillé à Daladier d’utiliser la flatterie et d’assurer avec emphase à Avenol le plein soutien de la République dans la protection de “l’Esprit de Genève”, ce qu’il fait – à tel point qu’on dira plus tard qu’il avait cherché à donner une version concentrée par ses soins des discours du 14 Juin de Reynaud, Blum, Mandel et De Gaulle ! Au bout d’une grande demi-heure d’efforts de la part du Taureau du Vaucluse, Avenol concède, presque nonchalamment, qu’il va en effet devoir trouver un autre refuge avant qu’il soit trop tard (il ose même un « Enfin ! » qui fait s’étrangler les membres de la SDN et de l’OIT).
Marcel Clapier, directeur de cabinet de Daladier, lui présente alors une liste de sites disponibles ou facilement réquisitionnables « au vu du contexte ». Alors qu’Avenol veut « prendre le temps » d’examiner la liste, Winant, Lester et Tixier l’adjurent de prendre plutôt… une décision rapide ! A contrecœur, Avenol finit par accepter que Biarritz serve de refuge à la SDN. Pour continuer de marquer le caractère particulier de l’OIT (elle compte plus de membres que la SDN, dont elle est censée être une filiale), Winant va choisir Bayonne pour son organisation. Quelques heures plus tard, Adrien Tixier (pour l’OIT) et Sean Lester (pour la SDN) vont donc se mettre en route vers les Basses-Pyrénées afin de faire réquisitionner par la préfecture de Pau les établissements nécessaires pour organiser les réunions qui devront acter l’exode des institutions internationales vers l’Outre-Mer…


20 juin 1940
Les désarrois de la SDN
Archives en fuite
Queen’s Hôtel (Vichy)
– Au milieu d’un chaos invraisemblable, le dernier camion rempli d’archives de la SDN quitte l’hôtel au cœur d’une après-midi suffocante. Le Pavillon Sévigné a été évacué dans la matéinée, John Winant ayant tout préparé dès avant la rencontre avec Daladier, l’avant-veille. Avec le sentiment du devoir accompli, le colonel Robert Bach s’essuie le front. Il a maintenant rempli l’essentiel de sa mission. En effet, les officiels de la SDN l’ont désigné pour superviser l’évacuation des personnels et des biens des deux institutions internationales. Particulièrement des biens.
En effet, Bach a fait assez rapidement remonter au GQG que si les anciens Républicains espagnols devaient être incorporés en masse, comme cela se dessine (à son grand regret : fervent catholique, Bach se méfie de ces Bolcheviques !), il faudrait sécuriser au plus vite les archives secrètes de la Société des Nations qui reposaient depuis le mois de mai dans les caves du Queen’s Hotel. Ces documents contiennent le recensement des véritables identités de la plupart des combattants des Brigades Internationales ! Bach le sait d’autant mieux qu’il a lui-même, dans le cadre de ses activités de secrétaire à la Commission militaire pour le contrôle du recrutement des combattants volontaires en Espagne (et peut être aussi pour le compte du Deuxième Bureau…), été chargé de ce recensement ! Qui sait ce qui se serait passé si ces archives avaient encore été là à l’arrivée des Allemands ? (1)


24 juin 1940
Les désarrois de la SDN
La Grande Dispersion
Dans un troquet de Biarritz
« Merci ma p’tite dame, c’est bien aimable ! Ah non, j’insiste c’est moi qui vous remercie… Comment ? Un si bon client ? En même temps, un joli brin de fille comme vous, pourquoi aller à la concurrence ! Dites-moi, ce petit brin d’accent, ce serait pas du gallo (2) ? Eh oui, j’ai l’oreille pour ce genre de choses, en même temps, je suis interprète à la Société des Nations ! Ah, je vous l’ai déjà dit ? Bon, je suis pas encore gâteux, mais par ce temps-là, ça monte vite à la tête, ce que vous servez ! Qu’est-ce que vous faites loin de chez vous ? Ah, vous êtes en transit… Pour où ?… Eh ben, c’est pas la porte à côté ! Ça va vous dépayser de la Place du Change. Oui, oui, je connais. Vous savez, je… Ah oui je comprends, vous avez un métier… Veinarde !
Ah ! Je vois que vous vous impatientez, Monsieur Gérard… Revenons à nos moutons. Votre reportage sur la Société des Nations ! C’est intéressant comme angle de demander à un fonctionnaire… enfin, un ancien fonctionnaire… de vous raconter tout ça de l’intérieur, un témoignage, quoi. Ah ? Oui, depuis notre premier contact, il y a eu du changement. Je suis au chômage technique, comme on dit. Et je ne sais pas de quoi demain sera fait ! Pourtant, c’est pas faute d’avoir tout fait comme il fallait. J’ai jamais donné mon avis, on m’a dit ce qui était arrivé aux antimunichois y’a deux ans, alors un crétin ambitieux comme moi (je cite mon chef, hein), fallait pas que je fasse de vague… Les antimunichois ? Virés comme des malpropres. Avenol a pas hésité à renvoyer son chef de cabinet, Hoden, et puis Rajchman, le Polonais qui s’occupait de l’Organisation de la Santé et qui faisait de l’excellent travail en Chine. Faut dire que ce bon Monsieur Avenol était copain comme cochon avec le Ciano – et il l’est toujours, pour ce que j’en sais. Paraît qu’il l’est même avec le Duce, alors vous savez… De ce que j’ai compris, quand il a pris les rênes en 33, son obsession c’était que la SDN continue, et depuis, avec tous ces pays qui s’en sont retirés ou qui en ont été chassés, il a eu de quoi se faire du souci… Si je l’admire ? Oh non ! Faut pas exagérer. Vous trouverez pas quelqu’un à Genève qui l’estime vraiment, qui l’apprécie, je veux dire. Ah, au BIT c’est autre chose ! Winant, l’Américain – du charisme à revendre ! Mais bon, il faut pas trop le mépriser, ce brave Avenol, il fait comme il peut. Heureusement qu’il touche sa bille en économie… Mon langage ? Oh vous savez, après deux-trois verres… Oui, bon, admettons, cinq… Chassez le naturel…
Revenons à nos moutons. Vous savez que ça vient d’une pièce de théâtre du XVe siècle, cette expression et que… Quoi ? Je me disperse ? Oui, c’est vrai. Les faits, toujours les faits avec les journalistes, pas vrai ! Donc, heureusement que le Secrétaire général touche sa bille en économie, car avec tous les pays qui ne payent pas leurs cotisations, c’est un miracle qu’on continue à fonctionner à peu près normalement. Oui, il a fallu licencier certains fonctionnaires, et Avenol a sélectionné ceux qui lui revenaient pas… Mais quand même !
Ah, quels pays payent pas ? Attendez que je vous explique le topo. Ah, vous vous rapprochez, je vois que ça vous intéresse. L’industriel danois c’est ça ? Suédois, au temps pour moi. Baynes, ça fait pas très suédois, mais bon. Admettons. Alors, parlons-en de la Suède, à propos de ceux qui ne payent pas. La Suède, elle a fait un compromis avec les Allemands : elle peut rester dans la SDN sans qu’Hitler lui en veuille, alors qu’il nous déteste, mais… Elle ne paye pas ses cotisations ! Ils sont forts, ces nazis ! Oh, froncez pas les sourcils comme ça, il y en a d’autres, des mauvais payeurs. Globalement, l’Amérique Latine ne paye pas, s’est retirée ou s’en moque. Par exemple, Cuba paye quand il peut, c’est à dire pas souvent. La Turquie non plus ne paye pas, parce que le consul allemand à Genève a réussi à retourner la tête du délégué turc en lui démontrant que puisque l’Amérique Latine ne paye pas, pourquoi son pays le ferait ? Bulgarie et Finlande – du pareil au même. Espagne et Hongrie, c’est pas trop ça non plus, mais faut reconnaître que, vu qu’elles partiront l’année prochaine… Heureusement, il y a des façons de se rattraper. Avec le Brésil par exemple. Bien qu’il ne soit plus à la SDN, il continue de payer sa contribution à la Cour Pénale de Justice Internationale. Et vu qu’elle ne se réunit plus, ça nous sert au niveau du budget ! D’autres, comme le Portugal et l’Irlande, sont particulièrement gentils avec nous. Et puis il y a ceux dont on ne sait pas trop quoi penser… Le Liberia est représenté par un Européen, vu qu’ils n’ont pas assez de personnel qualifié, alors on sait pas forcément s’il parle pour lui, pour son pays d’origine ou pour le Liberia. Remarquez, Haïti c’est pareil. Sauf que pour lui, au moins, on sait ! C’est un Grec connu comme le loup blanc comme un agent italien (3). Alors forcément…
Enfin bon ! Revenons à nos moutons… Donc, votre article, c’est sur la réunion d’aujourd’hui, c’est ça ? La grande décision ! Le Siège de Guerre de la Société Des Nations ! Vous les sentez les majuscules ? Non ? Ah… Le fait est que tout ça, c’est bien raccord avec ce que je vous ai dit. Avenol, il fait surtout comme il peut ! Parce que bon… Constitutionnellement, je suis plus dans la place hein, mais ça ne doit pas être très raccord avec le règlement. Mais bon, y’a la loi et l’esprit de la loi, comme dirait l’autre. Le système de crise tel qu’il est convenu depuis la Drôle de Guerre doit être constitué d’un élément politique, le bureau de la XXe Assemblée, d’un élément fonctionnel, le Comité central des Questions économiques et sociales prévu par le rapport Bruce, et d’un élément administratif, grosso modo le Secrétariat général et la Commission de contrôle. Sur le papier, c’est clair et net. Pas un pli. Sauf que… Le Bureau de l’Assemblée n’a jamais siégé, la faute aux Anglais notamment. Ils préfèrent que l’Assemblée ne siège pas et que les choses restent en l’état, pour pas risquer de s’effriter. Forcément, si on ne fait rien… Bon, admettons. Le Comité central des QES, lui… La réforme Bruce ? Ah ! Une réforme qui s’est faite l’été dernier. Elle porte le nom de l’ancien Premier ministre australien. Mais bon, entre nous, elle aurait pu tout aussi bien s’appeler réforme Avenol, tellement il a tout contrôlé. Que j’aille à l’essentiel ? Oui, c’est sûr que c’est moins captivant que l’avancée des panzers du général Rommel ou les batailles aériennes sur Toulouse. Bon. La réforme Bruce est née d’un constat du Secrétaire général : le contexte international a démontré que le côté très technique de la SDN a amoindri la valeur du Pacte de la Société des Nations, mais a permis de renforcer la coopération économique et sociale, d’où la grande estime que porte tout le monde à l’OIT, mais pas à la SDN. Avenol a donc décidé, enfin pardon, les travaux du comité présidé par Monsieur Bruce à Paris au cours de l’été 1939 ont accouché d’une nouvelle version de la SDN. En gros, davantage de coopération économique et sociale et moins de grandes idées sur la liberté, la coopération entre les peuples, les engagements, etc. Plus de concret et moins d’idéaux, pour faire simple. Je schématise ? Bon, admettons. Mais faut savoir ce que vous voulez, aussi ! Bref, du fait du refus de nombreux pays membres théoriques de ce Comité central, il n’a jamais vraiment vu le jour !
Donc la SDN bat de l’aile et l’OIT, à côté, c’est l’organisation que tout le monde s’arrache. Plus souple, plus fonctionnel, plus de membres aussi. Bref, pareil mais en mieux. Un directeur, Winant, et un Comité d’Administration tenu aussi par un Américain. Ironique hein ? La SDN paye depuis Versailles le fait de ne jamais avoir eu les États-Unis dans ses rangs, mais Washington régit pratiquement à lui seul l’OIT, j’exagère à peine…
Donc, si vous voulez tout savoir, Monsieur Gérard, la grande question sur le Siège de Guerre va être débattue, mais par qui ? Les délégués des différentes nations ? Y’en a qu’une quinzaine qui ont suivi le convoi jusqu’au Pays Basque, le reste, c’était des consuls ou des ambassadeurs en Suisse, et ils sont restés là-bas. Costa du Rels est revenu d’Espagne pour clouer le bec d’Avenol, qui pensait pouvoir tout régir tout seul, mais il ne pourra pas aller très loin avec ça !
Bref. Le nœud du problème est le siège de guerre, c’est à dire le siège temporaire où ces bons messieurs vont s’installer le temps de la guerre. Et la guerre, elle risque de durer vu qu’on se carapate en Afrique du Nord ! Et vous, votre roi, il devient quoi ? Ah, désolé, y’a des sujets qui fâchent… Au temps pour moi.
Avenol rêve des Etats-Unis, mais autant les services techniques à Princeton ça passerait, autant le siège en tant que tel, il faudrait l’aval du Congrès et ça, c’est pas gagné. Alors, il lorgne sur le Portugal, à ce que j’ai compris. En 39, le Quai d’Orsay lui avait suggéré la Norvège ou le Brésil. Bon, la Norvège avec Quisling c’est râpé, et le Quai d’Orsay aussi d’ailleurs ! Mais le Brésil… Ce serait quelque chose, quand même, de quitter l’Europe ! La France qui se réfugie dans ses colonies, l’Angleterre cloîtrée dans son île et les Fascistes qui gouvernent de la Pologne à l’Espagne, de la Norvège à l’Albanie, ce serait pas rien quand même… Le phare dans la nuit de l’Esprit de Concorde entre les nations qui s’éteint… Mais bon, vu que tout le monde s’en moque, ces jours-ci, de l’esprit de concorde… Oui, je sais, je m’égare, mais que voulez-vous ?!
Ah, Solal ! Je t’en prie, mon vieux, joins-toi à nous ! Assieds-toi. Alors ? Qu’est-ce que ça a donné, cette réunion ?
………
Quoi ? Avenol rentre finalement à Genève ? Avec une quarantaine de fonctionnaires – triés sur le volet bien sûr, ça on sait que ça veut dire pas d’Anglais ; depuis Dunkerque il a un prétexte, mais il les aimait déjà pas avant… Et avec ça, qu’est-ce qu’il va faire ?
………
Travailler dans les locaux de la bibliothèque en fermant tout le reste ? Décidément… Et les délégués nationaux ?
………
Alors, attends – les délégués nationaux doivent rentrer en Suisse, même s’ils ne pourront pas siéger, mais les services techniques vont à Princeton et l’OIT au Canada. Et la catégorie B ? Il leur faudra bien des interprètes !
………
Je suis sur la liste ? Chouette alors ! Je suis plus chômeur ! Et toi ?
………
Ah, tu préfères partir pour l’Amérique ? Bon, bonne chance…
………
Tu files déjà, Solal ? Le bonjour à Mme Deume, hein ! Heu, non, je disais ça comme ça, quoi… Et vous partez aussi, Monsieur Gérard ? Dommage…
………
Bon ! Ma p’tite Lulu ! J’ai retrouvé mon boulot ! Ça s’arrose, ça ! La même chose ! »



Notes
1- Historiquement… Rien ! Personne, de tout l’été 1940, ne prit la peine d’explorer ces fameuses archives. A l’automne, elles reprirent le chemin de Genève le plus tranquillement du monde sans avoir été consultées ni par les Allemands ni par l’Etat Français !
2 - Parler de Basse-Bretagne.
3 - Antoine Frangulis, ancien représentant de la Grèce à la SDN jusqu’au coup d’état de 1922, fondateur d’une Académie Diplomatique Internationale à Paris dans les années 30, puis représentant d’Haïti à la SDN pour les questions de fond (le consul haïtien à Genève s’occupant des réunions symboliques), s’agitera au Portugal, terre d’exil et d’intrigues, durant tout le reste de la guerre pour essayer de rassembler des diplomates de différents pays afin de parvenir à une paix blanche globale dans le conflit mondial. De cette grande paix aurait découlé une réorganisation en profondeur de la diplomatie mondiale dans laquelle, évidemment, Frangulis aurait eu un grand rôle à jouer.


* Dans les pages qui précèdent se sont cachés (plus ou moins bien) deux personnages très connus. Par ailleurs, le dernier "discours" n'est pas de Houps, mais de Tyler, qui a souhaité ainsi rendre hommage au dit Houps.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 13:54    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
« Well ! Alors, premièrement, faisons quitter Genève à ce qui reste de la SDN. Puis faisons quitter Vichy à tout ce beau monde. Pour Marseille ou Bordeaux, comme ces messieurs voudront. Tous ces diplomates pourront décider diplomatiquement dans quelle partie du monde ils feront reluire des fauteuils sous leurs diplomatiques… buttocks. »


Bien dit ! Et tout cela justifiera d'autant plus l'envoi de Daladier aux US ... J'ignorais l'histoire des archives de la SDN ...bien joué, bien joué ...

Très très bon la tirade - un indice ?
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Archibald



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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 14:16    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

Bach a fait assez rapidement remonter au GQG que si les anciens Républicains espagnols devaient être incorporés en masse, comme cela se dessine (à son grand regret : fervent catholique, Bach se méfie de ces Bolcheviques !), il faudrait sécuriser au plus vite les archives secrètes de la Société des Nations qui reposaient depuis le mois de mai dans les caves du Queen’s Hotel. Ces documents contiennent le recensement des véritables identités de la plupart des combattants des Brigades Internationales ! Bach le sait d’autant mieux qu’il a lui-même, dans le cadre de ses activités de secrétaire à la Commission militaire pour le contrôle du recrutement des combattants volontaires en Espagne (et peut être aussi pour le compte du Deuxième Bureau…), été chargé de ce recensement ! Qui sait ce qui se serait passé si ces archives avaient encore été là à l’arrivée des Allemands ? (1)

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1- Historiquement… Rien ! Personne, de tout l’été 1940, ne prit la peine d’explorer ces fameuses archives. A l’automne, elles reprirent le chemin de Genève le plus tranquillement du monde sans avoir été consultées ni par les Allemands ni par l’Etat Français !


Shocked ça valait bien la peine que la Loi de Murphy (cette vieille garce, fille du hasard et de la malice) se donne toute cette peine pour les envoyer a Vichy, quasiment dans le salon de Pétain ou Laval !!

Pour une foi... Loi de Murphy vs genre humain: 0-1.

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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 15:20    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Ah, Solal ! Je t’en prie, mon vieux, joins-toi à nous !

Je me disais aussi, parler de la SDN des années 1930 sans sortir ce nom, il aurait manqué quelque chose...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 15:51    Sujet du message: Répondre en citant

Les deux personnages…

Hendryk a trouvé le premier, le plus facile.

L'autre… c'est plus délicat. Il y a deux indices, l'un au début et l'autre tout à fait à la fin de la tirade de l'interprète (qui n'est pas nommé - je ne pense pas que Tyler ait un nom en tête !).
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Casus Frankie

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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Les deux personnages…

Hendryk a trouvé le premier, le plus facile.

L'autre… c'est plus délicat. Il y a deux indices, l'un au début et l'autre tout à fait à la fin de la tirade de l'interprète (qui n'est pas nommé - je ne pense pas que Tyler ait un nom en tête !).

Si c'est Lulu la Nantaise, elle n'en est pas à sa première mention.
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FREGATON



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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 17:28    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

L'autre… c'est plus délicat. Il y a deux indices, l'un au début et l'autre tout à fait à la fin de la tirade de l'interprète (qui n'est pas nommé - je ne pense pas que Tyler ait un nom en tête !).

Bah c'est Gérard! Le journaliste!
C'est maigre comme indice... Combien de Gérard sont journalistes en 40??
Si on vise le haut du panier, rapport ensuite à la Suisse, je dirais Bauër mais vraiment sans conviction aucune...
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Tyler



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MessagePosté le: Ven Juil 31, 2020 17:30    Sujet du message: Répondre en citant

Et c'est le doublé pour Hendryk Very Happy
Néanmoins il y a un autre personnage caché dans ces pages.
Un personnage d'une uchronie si ce n'est crédible ô combien fameuse dont la publicité a été faite il n'y a pas si longtemps que ça
(edit) Et donc oui sont présents Lulu la Nantaise, Solal de Belle du Seigneur ainsi que Jo Gérard l'avatar FTL-ien de Tintin. Il en manque un.
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lbouveron44



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MessagePosté le: Lun Aoû 03, 2020 06:07    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à tous

Pour l'institut international de coopération intellectuelle, je propose la Baule au lieu de Guerande - la Baule a pas mal d'hôtels susceptibles de l'accueillir, alors que Guerande n'a alors aucun bâtiment de grande contenance, sauf le petit séminaire... alors en service. Par ailleurs c'est l'exode et sur la côte il y a pas mal de monde, on peut supposer que le peu de place disponible à Guerande a été pris.
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Tyler



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MessagePosté le: Lun Aoû 03, 2020 09:24    Sujet du message: Répondre en citant

Les destinations dès institutions ayant quitté Paris sont celles ayant été choisies OTL
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