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1940 - La France continue la guerre
 
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Menon-Marec



Inscrit le: 27 Mai 2008
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MessagePosté le: Mar Fév 15, 2011 23:55    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Loïc:
1) Le stratoliner hebdomadaire d'Air France ne partait que trois jours plus tard. Smile
2) En un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître, on pesait au kilo près les passagers et leurs bagages avant de les admettre à bord, afin de ne pas se trouver en surcharge ni au décollage ni en vol. Trente kilos de plus, voire quarante (j'avoue que je n'ai pas soupesé depuis bien longtemps une bobine de film et sa boîte métallique), faisaient une sacrée différence. Et la traversée de l'Atlantique sud restait, sinon un exploit, du moins une entreprise assez risquée.
3) Dans cette affaire, où l'information et la propagande sont aussi étroitement intriquées, un peu de dramatisation ne peut pas nuire à la bonne cause... et après tout, combattre l'isolationnisme de certains et les penchants germanophiles de quelques autres mérite des sacrifices, non?
4) Si les membres de notre forum le jugaient utile, je pourrais pondre une dépêche d'Havas libre mettant en valeur le pourquoi et le comment de l'emploi d'un Consolidated 32, peut-être sous la forme d'une déclaration de Jean Zay (l'horreur, l'urgence, etc.).
Amts.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 00:11    Sujet du message: Répondre en citant

(élément coupé par erreur au montage - désolé, Menon)


2 mai 1941
La bataille de l’information (et autres fronts…)
Alger –
L’état-major général des Armées avait déjà connu une révolution à l’automne 1940 avec la création du Quatrième Bureau “Appui, soutien, intendance et santé” (ce n’est que des années plus tard qu’on résumera ces quatre mots sous l’étiquette “Logistique”). Les initiés découvrent à présent, non sans, surprise, au fil de deux circulaires anodines émanées du ministère de la Défense, qu’il s’est aussi doté, on ne saura pas quand, d’un Cinquième Bureau baptisé “Information et action psychologique”.
Officiellement, ce cinquième bureau est en charge du Communiqué, de la direction du Service Photographique et Cinématographique des Armées et, bien entendu, de la gestion des Correspondants de Guerre tant français qu’alliés et neutres. On peut imaginer aussi qu’il s’occupera des liens officieux des Armées avec les médias – ce que l’on nommera bientôt les “Relations publiques”.
Mais rien ne permet de deviner que l’expression “action psychologique” sert à désigner – et à camoufler – le service qui a reçu pour mission de noyauter systématiquement les éléments armés concédés à « l’autorité de fait » par le soi-disant armistice de Rethondes. D’autant moins que les noms des officiers à la tête du Cinquième Bureau et de l’action psychologique restent inconnus.
La nouvelle organisation complète le schéma qui s’était dessiné dès le début de l’année avec la mise sur pied de la DGPI. Ce qui permettra de concentrer le BCRAM sur ses tâches primordiale de renseignement militaire et politique.
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sting01



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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 00:18    Sujet du message: Répondre en citant

Menon-Marec a écrit:
Pour Loïc:
1) Le stratoliner hebdomadaire d'Air France ne partait que trois jours plus tard. Smile
2) En un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître, on pesait au kilo près les passagers et leurs bagages avant de les admettre à bord, afin de ne pas se trouver en surcharge ni au décollage ni en vol. Trente kilos de plus, voire quarante (j'avoue que je n'ai pas soupesé depuis bien longtemps une bobine de film et sa boîte métallique), faisaient une sacrée différence. Et la traversée de l'Atlantique sud restait, sinon un exploit, du moins une entreprise assez risquée.
3) Dans cette affaire, où l'information et la propagande sont aussi étroitement intriquées, un peu de dramatisation ne peut pas nuire à la bonne cause... et après tout, combattre l'isolationnisme de certains et les penchants germanophiles de quelques autres mérite des sacrifices, non?
4) Si les membres de notre forum le jugaient utile, je pourrais pondre une dépêche d'Havas libre mettant en valeur le pourquoi et le comment de l'emploi d'un Consolidated 32, peut-être sous la forme d'une déclaration de Jean Zay (l'horreur, l'urgence, etc.).
Amts.
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Confirmation du point 2, si ce n'est que je n'ai pas encore 50 ans, mais j;ai connu la pesee 'des chevaux' dans les annees 60.
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La can can-can, cancouillote,
c'est pas fait pour les francois.

Anscarides je suis ne,
heritier de la Comte je serai.
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loic
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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 09:20    Sujet du message: Répondre en citant

Tant qu'à utiliser un avion militaire, je trouve qu'un des avions utilisés précédemment par l'escadrille E10, le Laté 611 (Achernar) par exemple, aurait largement plus de gueule 8)
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 09:44    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais pensé, effectivement, à un hydravion. Mais un appareil d'origine américaine est certainement plus "parlant" pour l'opinion publique US. Puisque lend-lease il y a, autant que le bon peuple des États Unis voie de ses yeux où passe son argent.
Et puis, à titre personnel, je n'ai qu'une confiance limitée dans les Laté... Smile
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Fantasque



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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 11:03    Sujet du message: Répondre en citant

D'accord avec Menon pour le Consolidated (qui est sans doute un des LB-30 du contrat initial-.

Par contre, le Laté-611 s'est avéré remarquablement fiable et endurant dans sa carrière OTL. Latécoère avait enfin décidé de se passer des services d'Hispano qui faisait de beaux moteurs mais aux qualités en dessous du médiocre....

F
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loic
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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

Ah tout de même, un hydravion dans le port de New-York avec la statue en arrière-plan, ça aurait de la gueule ...
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bonatti



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MessagePosté le: Mer Fév 16, 2011 17:29    Sujet du message: l'information Répondre en citant

si j ai bien compris il sagit bien de faire" du médiatique" dans le langage actuel, je pense que cette nécessité n avait pas échappé a l époque

rapidité et fiabilité n étant pas la premiére urgence
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Jeu Fév 17, 2011 07:04    Sujet du message: Répondre en citant

loïc: Je ne suis pas têtu Laughing et j'aurai certainement une occasion de mettre l'Achernar en scène. Au fait, où trouver dans la chrono des éléments sur la carrière de cet avion en FTL? Parce que, sans moteur de recherche... Laughing
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loic
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MessagePosté le: Jeu Fév 17, 2011 22:53    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, je sais (allô Alias ?)
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Fantasque



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MessagePosté le: Ven Fév 18, 2011 09:30    Sujet du message: Répondre en citant

La carrière de l'Achernar court de Juillet 1940 à décembre 1946. Il servit dans l'Aéronavale comme hydravion de grande reconnaissance puis en 1944 fut assigné aux missions de "liaisons impériales", tout d'abord à la 7F (son unité) puis à la 9tr.
Il remplit ces missions de manière satisfaisantes mais non sans avoir été remotorisé à plusieurs reprises (toujours avec des G&R 14N).

Il fut arrêté en février 1947 avec 1600 h de vol.

F
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Fantasque
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Ven Fév 18, 2011 09:58    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Fantasque. J'ai deux ou trois idées sur l'utilisation de ce bel oiseau.
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dak69



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MessagePosté le: Ven Fév 18, 2011 10:12    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Au fait, où trouver dans la chrono des éléments sur la carrière de cet avion en FTL? Parce que, sans moteur de recherche...


Comme plan B, je passe par google ainsi :

"texte à rechercher" "ftl"

ou mieux

"texte à rechercher" "1940lafrancecontinue". Ainsi

"achernar" "1940lafrancecontinue" donne 2 réponses. Les " sont indispensables !

Il y a du déchet, et ça ne ramasse pas tout, mais en attendant, "ça le fait".

Et comme plan C, pour 1940, j'ai fait un fichier word du tout.

Bien amicalement
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Ven Fév 18, 2011 10:14    Sujet du message: Répondre en citant

Une précision que j'avais omise dans ma prose (mea culpa) et que Casus Frankie n'a pas vue (sua culpa Smile): le Consolidated 32 "La Marseillaise" appartient au GB II/60 et non au GB 60. Mais nos chers et estimés lecteurs avaient rectifié d'eux-mêmes à l'évidence...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Fév 24, 2011 00:02    Sujet du message: Répondre en citant

Nouvelle livraison de Menon-Marec.
Je signale à Fantasque la deuxième note, car Menon ne garantit pas la parfaite qualité du russe transcrit...
Wink


2 mars 1941
La Collaboration
Paris
– Le Journal officiel du NEF publie ce dimanche un décret présidentiel portant création, au sein de l’intendance de Police de chaque région militaire, d’une Brigade de Répression des Menées Anti-Nationales (BRMAN). Ces nouvelles unités, indique le texte, auront compétence pour « combattre les agissements de toute nature visant à saper l’autorité du Gouvernement et à porter atteinte à l’unité de la Nation ». Les BRMAN seront commandées par un commissaire divisionnaire ou par un commissaire principal, selon le cas. La Préfecture de Police, à part comme à l’habitude, sera dotée d’une Brigade Centrale de Répression des Menées AntiNationales confiée à un contrôleur.
Un “commentaire autorisé” diffusé par l’OFI à l’attention des rédactions précise que les BRMAN devront lutter, au premier chef, contre « les bandes soudoyées par la dissidence , les sociétés secrètes et les fauteurs de désordre social ». Cette dernière formulation, destinée aux initiés, s’applique en fait au Parti communiste, toujours interdit en vertu du décret-loi Daladier de septembre 1939, que Pierre Laval s’est bien gardé d’abroger malgré les demandes en ce sens formulées pour cause de Pacte par Otto Abetz – sans conviction il est vrai.
Curieusement, les BRMAN reprennent une partie de l’appellation du Bureau des Menées Anti-Nationales dont s’est doté le commandement de la Force de Sécurité du Territoire dès le mois de janvier. Sous couvert, comme l’a affirmé le général Olléris, de s’en prendre « aux juifs, aux communistes et aux francs-maçons qui se dissimuleraient encore dans l’Armée », il s’agit en réalité de contrebattre les agents de l’Abwehr et de l’OVRA. En effet, sous prétexte qu’ils sont en terrain conquis, ces derniers se considèrent chez eux en France occupée.


13 janvier 1942
La bataille de l’information
Moscou
– Avec l’accord de Staline, Lavrenti Beria constitue au sein du NKVD une Commission politique pour l’Écoute des Radios étrangères (Politcheskii Komitet dlya Proslushivaniya zambezhnyh Radiostantsii – PKPZR). Elle sera composée de deux tchékistes de haut rang qu’il choisira lui-même, de deux officiers désignés par la Stavka – en fait par Georgui Joukov, qui se refusera à nommer pour cette fonction des postulants suggérés par l’Administration politique de l’Armée – et de deux diplomates sélectionnés par Viatcheslav Molotov en personne. Tous les six seront polyglottes et auront en commun d’avoir vécu et travaillé (légalement ou dans la clandestinité) hors d’URSS. Ils offriront, il va de soi, toutes les garanties requises d’orthodoxie et de fidélité au régime et à son chef, sans nécessairement appartenir au Parti. Mais lorsque la composition de la PKPZR sera connue, les apparatchiks ne manqueront pas de noter qu’aucun de ses membres n’a été envoyé en Espagne durant la période de la Guerre civile.
L’unique mission de la PKPZR, que vient dissimuler l’adjectif « politique », est simple : interpréter et, au jour le jour, évaluer les informations militaires fournies par les ténors des “radios noires”, der Chef et le tenente-colonello De Natale – dont la Loubianka n’a pas encore pu percer les identités. Du moins est-il clair que l’un et l’autre, quels qu’ils soient en réalité, en savent long et distillent des renseignements de première importance sur les projets de l’Axe en général et, en particulier, sur les intentions de l’Allemagne et même de l’Italie à l’encontre de l’URSS. Le tout est de les comprendre et de découvrir ce que parler veut dire : tâche qui exige l’esprit de synthèse des analystes et l’esprit de finesse des stratèges.
La commission devra soumettre un rapport quotidien au Kremlin (Staline, Beria et le Politburo) et à la Stavka, et préparer une synthèse hebdomadaire destinée à une nomenklatura (liste) d’une vingtaine de destinataires triés sur le volet (y compris, après un triple chiffrement s’entend, l’ambassadeur d’URSS à Berlin).


19 janvier 1942
La bataille de l’information
Alger
– Alors que l’année financière vient tout juste de commencer, Pierre Brossolette obtient de Vincent Auriol, avec l’appui de Jean Zay et l’accord de Paul Reynaud, une rallonge de quatre millions au budget 1942 d’Havas libre négocié à l’automne 1941. Il s’agit, en urgence, de faire face à l’accroissement des dépenses entraîné par l’extension de la guerre au Pacifique et à l’Asie du Sud-Est, d’où la nécessité coûteuse d’un renforcement du dispositif rédactionnel à l’est de Suez et en Amérique du Nord, qu’un document préparé par Brossolette pour le gouvernement décrit en détail :
– Washington : détachement par Alger de deux journalistes du siège et recrutement de trois journalistes locaux ;
– Pearl Harbor : détachement par le bureau de Washington de deux envoyés spéciaux, l’un accrédité auprès du CINCPAC, l’autre embarqué sur un grand bâtiment de combat (tous deux à remplacer au plus vite). Un troisième, qui n’a pas encore été choisi, dans l’attente des renforts promis par Alger, rejoindra sous peu, avec le statut de Special War Correspondent, la 1ère division du Marine Corps créée le 1er février 1941 et assignée, d’ores et déjà, aux opérations dans le Pacifique Sud.
– Manille (si et dès que possible) : un envoyé spécial, accrédité auprès du général Douglas MacArthur ;
– Indochine : deux envoyés spéciaux du Siège en renfort des bureaux de Saïgon et Hanoï et préfinancement du transfert de ces bureaux à Singapour (ou ailleurs) ;
– New Delhi : création d’un bureau provisoire avec un journaliste du Siège et deux pigistes locaux (un freelance britannique et, en moonlighting , un rédacteur indien du Times of India).
– Indes néerlandaises : deux envoyés spéciaux, l’un venu d’Alger, l’autre de Tananarive (et, par conséquent, remplacement du directeur du bureau de Tananarive – également en charge de La Réunion – par un journaliste envoyé d’Alger) ;
– Nouvelle Calédonie : un envoyé spécial détaché par le bureau du Caire (à remplacer) ;
– Australie : un envoyé spécial détaché par le bureau de Londres (à remplacer) ;
– Alger : recrutement de deux journalistes parlant japonais pour le service des Écoutes (si de tels oiseaux rares peuvent être dénichés en AFN, dans l’Empire, ou ailleurs !) ;
– À prévoir : un journaliste pour renforcer le bureau de Nankin, un journaliste accrédité auprès des navires de l’escadre française du Pacifique.
Le tout sans préjudice des reporters envoyés, seuls ou en équipes, sur tous les autres fronts où les Alliés combattent l’Axe. Pierre Brossolette fait valoir en outre une progression impossible à maîtriser des frais de transmission et de déplacement.
« Décidément, la liberté de la Presse me coûte cher ! » aurait grincé Vincent Auriol, que l’expérience du Front populaire a transformé en chaud partisan de l’orthodoxie financière – ou du moins en défenseur de la mise en œuvre d’une dose raisonnable d’orthodoxie financière, comme Pierre Mendès-France, voire même (dit-on) comme Léon Blum.


22 janvier 1942
La bataille de l’information
Cité du Vatican
– À l’issue de la messe quotidienne du pape Pie XII, un haut dignitaire italien du Saint Office, Mgr Alfredo Ottaviani , sous le sceau d’un secret à prendre, avertit-il, dans un sens aussi absolu que celui de la confession – “assoluto segreto cosi la confessionne” – confie au cardinal Tisserant que Mussolini lui-même a donné l’ordre d’abattre le tenente-colonello De Natale, qui qu’il puisse être et où qu’il puisse se trouver. Le service extérieur de l’OVRA s’est vu ouvrir un crédit illimité en devises sur le compte spécial “Opérations à l’Étranger” tenu à la Banque d’Italie.
Mgr Ottaviani, jeune encore et d’un abord d’une bénignité trompeuse, s’est déjà taillé une renommée de gardien sans faiblesse de la Tradition et du Magistère apostolique. Il passe aussi pour proche du palais royal, malgré les relations tumultueuses de la famille de Savoie avec le Vatican depuis le Risorgimento. Il est donc écouté avec attention quand il laisse aussi entendre au cardinal que le roi Victor-Emmanuel et son entourage prennent de plus en plus leurs distances avec le Duce et n’hésitent plus tout à fait à saboter certaines de ses initiatives : chez les Piémont-Sardaigne, ainsi que l’Histoire le démontre, on a toujours eu le souci de tenir deux fers au feu pour ménager l’avenir.
L’irritation du Duce contre “De Natale” se comprend. Se fondant, disait-il, sur des informations « de source sûre », Aldo Fenestrellino a révélé le 20 à ses auditeurs que le Duce a prévu d’envoyer un corps expéditionnaire en Russie aux côtés de la Wehrmacht dès que, « comme c’est inévitable », l’Allemagne aura attaqué l’URSS. Le corps en question sera formé en principe de trois divisions.
Fenestrellino a ajouté que le général Cavallero, peu enthousiasmé par le projet, aurait proposé au Roi et au Duce de retenir d’ores et déjà la 3e Division “Celere” Amedeo Duca d’Aosta (encore pour partie montée), la 9e Division d’Infanterie motorisée Pasubio et la 52e Division d’Infanterie motorisée Torino. Outre ses éléments organiques de corps d’armée, le corps expéditionnaire devrait aligner aussi une brigade aérienne mixte d’une petite centaine d’avions. L’ensemble devrait être commandé par le général Giovanni Messe.
Le soi-disant De Natale l’a souligné avec ironie : le Duce n’a pas insisté pour que le CSIR comprenne aussi une division de Chemises noires. « Les bons Italiens, a-t-il ricané, pourront toujours se faire tuer dans les steppes pendant que les sicaires du régime paraderont, déguisés, au pied du balcon de la place de Venise, avec des fusils en bois comme les balilla, ou pendant qu’ils pourchasseront les esprits libres. »
Pire encore pour le Duce, der Chef, le même jour, a cru pouvoir affirmer à ses auditeurs allemands qu’en prévision de l’attaque contre l’URSS (que lui aussi décrit comme inévitable), le Generalmajor Alfred Jodl prépare l’organisation d’une armée mixte, sous commandement allemand bien entendu, regroupant un corps d’armée de la Wehrmacht non encore désigné, le corps expéditionnaire italien et un corps d’armée hongrois que le régent Horthy sera lui aussi prié de dépêcher à l’est pour demeurer dans les bonnes grâces du Führer. Cette armée n’a pas encore reçu de numéro.
Par des voies qui lui sont propres – aussi impénétrables, sans nul doute, que celles du Seigneur – Mgr Tisserant, assez délié d’esprit pour en remontrer aux meilleurs analystes du BCRAM, transmet aussitôt à Alger les informations de Mgr Ottaviani.


24 janvier 1942
La bataille de l’information
Saïgon
– Une note de service de Pierre Brossolette, transmise en code via le ministère des Colonies et le Palais Norodom, ordonne aux équipes d’Havas libre de ne quitter l’Indochine « qu’en même temps que les hautes autorités ». Elles devront se replier, « au moins dans une première étape », sur Singapour.
Brossolette ignore encore que l’essentiel de l’équipe du Tonkin a pu s’échapper par la baie d’Along. Elle se trouve présentement embarquée sur une grosse jonque gréée en guerre avec trois FM et une Hotchkiss. Armée par un équipage de la Marine mais camouflée en barque de pêche, elle navigue plein sud au large de Tourane, à bonne vitesse grâce aux vents favorables de la saison humide, en espérant échapper au blocus, au vrai encore assez lâche, de la Marine Impériale.
Un seul journaliste, intégré pour la circonstance à la section de commandement de la 7e compagnie du 3e bataillon du 5e REI, « marche son pied la route », selon l’expression des tirailleurs sénégalais, au sein de la colonne de l’opération Épervier. C’est une participation aux combats “à toutes fins utiles”, puisqu’il ne peut disposer d’aucun moyen de transmettre ses dépêches, cependant consignées (à la main : il n’a pas emporté sa machine à écrire portable) sur un gros cahier .
À cause des difficultés techniques de toutes sortes, qui mêlent la guerre à la distance et aux conditions climatiques, l’accusé de réception de Saigon ne sera capté à Alger que le 25 à 01h15 du matin.


26 janvier 1942
La bataille de l’information
Washington
– Il n’y a pas de victoires trop petites pour l’amour-propre français dans la conjoncture, ni de satisfactions jugées minces à l’excès.
Menacé d’un procès devant la Cour suprême par le régiment d’avocats du cabinet Weil, Gotshal & Manges de New York, mandaté par Pierre Brossolette, le conseiller juridique de la Présidence a suggéré à Harry Hopkins qu’il fallait reculer devant la perspective d’une instance Havas libre News Agency vs. the President of the United States of America, désastreuse du point de vue de la cause alliée. Sur décision de Franklin D. Roosevelt en personne – qui, dit-on sur les rives du Potomac, a fulminé, une fois de plus, contre « l’arrogance des Français » – la Maison Blanche a donc décidé d’accorder aux accrédités de l’agence française une place au premier rang dans la Press Room.
C’est, symboliquement, reconnaître à Havas libre la même importance et le même statut qu’aux trois agences anglo-saxonnes : Associated Press et United Press International, américaines, et Reuters, britannique. S’asseoir au premier rang dans ce temple de la Liberté de l’Information (aux États-Unis, les majuscules sont de rigueur) est un privilège réservé aux grandes agences, au New York Times, au Washington Post et au Boston Globe, ainsi qu’aux trois réseaux de radio, ABC, NBC et CBS. Les correspondants des journaux britanniques et français les plus fameux, (le Times, le Daily Telegraph et le Manchester Guardian, le Figaro ainsi que le Monde, déjà considéré ipso facto comme le successeur du Temps) doivent se contenter du cinquième rang.
Désormais, le représentant d’Havas libre sera sur le même pied que ses concurrents lors des briefings du porte-parole du président Roosevelt, ou des interventions du Président lui-même. Il n’y aura fallu qu’une dizaine d’années de démarches et de récriminations, l’entrée des États-Unis dans le Second conflit mondial, les pressions exercées par Édouard Daladier (qui avait pris fait et cause pour Havas libre depuis son arrivée à l’ambassade de France) et le chantage d’une des Law Firms les plus respectées du pays.


31 janvier 1942
La bataille de l’information – La Résistance
Paris
– Peu avant minuit, sous la direction du commissaire Jacques Schweblin, le patron de la Police des Questions juives, une équipe mixte d’inspecteurs de la PQJ (qui dépend du Commissariat général de la place des Victoires) et des Renseignements généraux de la Préfecture de Police défonce la porte d’une soupente dans un immeuble miteux, à la limite de l’insalubrité, 16 rue des Cascades, sur les hauteurs de Belleville. La pièce est saturée par la fumée des cigarettes roulées avec un mélange de mégots dépiautés récoltés dans la rue et de “gris” pour pipe de la “décade” du rationnement. Du bortch mitonne sur un poêle à sciure. Une Underwood de bureau, sans ruban, gît, inutile, sur un lit défait.
Les policiers arrêtent trois hommes en casquette, aux doigts maculés d’encre, qui s’activaient dans la médiocre lumière d’une ampoule nue de 25 watts devant une Ronéo à manivelle démodée , cliquetante et ferraillante, pour tirer des stencils tapés sur une Japy Script posée sur un buffet Henri II qui a connu plus d’un brocanteur. Bref, de quoi réaliser un journal (plutôt un pamphlet, à la vérité) sur les quatre pages d’un feuillet plié en deux.
Identifiés sur photos, les trois imprimeurs sont aussitôt emmenés dans les locaux de la PQJ et, avant tout interrogatoire, longuement passés à tabac. Ils garderont le silence jusqu’au bout. Ils continueront de se taire lorsqu’ils seront remis à la Gestapo de l’avenue Foch. Et alors même que leurs faux papiers, de qualité assez moyenne, ne les protègent plus, ils refuseront toujours de donner leurs identités véritables.
Mais le Koimpfinde Ghetta en yiddish, dont ils assuraient la rédaction, l’impression et la distribution – peut-être avec l’aide de camarades du Bund , dont ils ne révèleront jamais les noms – cessera de paraître. Schweblin, qui les avait fait repérer et filer depuis trois semaines, à partir d’une piste ouverte par des informations fournies anonymement par des voisins « Bons Français », peut être satisfait.
Au 16 de la rue des Cascades, une plaque, apposée après la Libération malgré l’opposition du PCF (qui traite les bundistes à peine mieux que les trotskistes), rappelle leurs noms au passant : Shlomo Behr-Itkiewicz, Dov Feuerstein et Elie Sternenblum. On sait avec certitude que Sternenblum et Behr-Itkiewicz ont été fusillés au Mont-Valérien, sans doute après le déclenchement de Barbarossa, en juillet ou en août 1942. Mais il paraît probable que Feuerstein n’a pas survécu à son passage par l’avenue Foch et a été inhumé anonymement à Thiais par la Gestapo.


4 février 1942
La bataille de l’information
Paris
– Pour une fois d’accord, Pierre Laval, Président du NEF, Jacques Doriot, ministre de l’Intérieur, et Paul Marion, secrétaire d’État à l’Information, décident le lancement d’une campagne contre la Presse clandestine. Cette action se déploiera selon deux axes, policier et politique.
– Sur le plan policier, tous les éléments de maintien de l’ordre à la disposition du NEF, y compris les RG de Paris et de province, les BRMAN (pourtant jugées peu sûres), le SONEF et la PQJ, seront mis en branle. Avec le soutien de la Garde, ils devront traquer les rédacteurs des journaux « liés à la dissidence », leurs distributeurs, leur imprimeurs surtout, et, au-delà, les fournisseurs de papier et d’encre ! Soit une population que les services de l’Intérieur évaluent potentiellement, au total, à plus de 20 000 personnes qui narguent tous les jours le pouvoir et les Occupants – d’autant plus que Radio Alger et la BBC, tellement suivies en Métropole en dépit du brouillage et de l’interdiction d’écoute, ainsi qu’Havas libre, qui bénéficie à l’étranger d’une audience peut-être plus ample que celle d’Havas avant guerre, donnent un écho à la moindre parution parvenue – serait-ce sous forme d’extraits dans une synthèse du BCRAM – de l’autre côté de la Méditerranée ou de la Manche.
De manière symptomatique, Laval et Marion n’ont pas songé à faire appel à la FST, ce qui peut se comprendre, ni à la Gendarmerie, ce qui semble moins évident puisqu’elle est présente dans la plupart des agglomérations à l’exception des très grandes villes. Mais Pierre Laval, sur ce plan, ne se paie pas de mots et ne compte pas sur l’obéissance des gendarmes, de plus en plus soupçonnés d’être inféodés à Alger. Il ordonne, d’ailleurs, qu’ils ne soient pas informés. Par contre, les consignes gouvernementales stipulent qu’on ne dédaignera pas, s’il le faut, l’appui des fiers-à-bras des « Partis et groupements nationaux » (Croisés de la Reconstruction et Gardes de Sécurité Economique), ni, d’aventure, celui de l’Occupant.
– Sur le plan politique, les grands éditorialistes de Paris sont eux aussi mobilisés – ceux, s’entend, qui ne mettent pas leur drapeau dans leur poche et revendiquent bien haut leur adhésion à la Collaboration, tels Philippe Henriot et Jean Hérold-Paquis (célèbre pour ses dons oratoires et par la phrase qui termine chacune de ses interventions : « La Dissidence, comme Carthage, sera détruite ! »). Ils sont priés de se déchaîner contre « les fausses nouvelles et la propagande judéo-maçonnique des traîtres d’Alger, des ploutocrates de la City et de Wall Street et des agents du désordre social , répandues par des feuilles de chou payées par le sang de bons Français ». Étant donné leur talent, qui leur vaut d’être écoutés par bien des gens qui ne partagent pas leurs vues (et d’être suivis par la plupart des Résistants avec une attention particulière), Laval et Marion peuvent espérer contrebattre l’influence de la Presse de la Résistance.


11 février 1942
La bataille de l’information
Alger
– Pierre Brossolette annonce, à l’ouverture de la conférence de rédaction du matin, que le Siège est sans nouvelles depuis la veille des personnels des bureaux d’Indochine. Il exprime l’espoir que journalistes, techniciens et employés ont pu suivre les autorités.


15 février 1942
La bataille de l’information – La Résistance
Paris
– Le commissaire Schweblin remet à Xavier Vallat son rapport final sur l’élimination de l’équipe du Koïmpfinde Ghetta. Selon les meilleurs usages de l’administration – auxquels ni le NEF, ni l’Occupation, n’ont rien changé, au contraire – il ne manque pas de mettre son succès en évidence afin de mieux réclamer au commissaire général aux Questions juives des « primes de satisfaction » (dites aussi, par les initiés, « fric de crâne » ) pour lui-même et pour ses hommes, sans préjudice de propositions d’avancement. Il souligne, en particulier, que la saisie de l’Underwood sans ruban a permis de remonter à l’origine de tracts appelant à l’action violente contre les Occupants, qui avaient été distribués à la sauvette, quelquefois à la sortie du métro, dans les 18e, 19e et 20e arrondissements.
Xavier Vallat, personnalité plus complexe qu’on ne le croirait, attendra trois semaines, et l’avis de Pierre Laval lui-même, avant de lui donner satisfaction sur les primes. Pour ce qui touche à l’avancement, il s’affirme incompétent, renvoyant le commissaire au préfet de Police et, à travers lui, au ministre de l’Intérieur, Doriot, ou au secrétaire à la Sécurité, Darnand, c’est à dire, encore, à Laval.
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