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1940 - La France continue la guerre
 
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L'Information n'est pas la Propagande
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Menon-Marec



Inscrit le: 27 Mai 2008
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MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 10:14    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne parlais que des jeunes membres-lecteurs. Les vétérans, à l'évidence...
M-M.
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egdltp



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Localisation: Cher

MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 10:18    Sujet du message: De la nomenclature ferrovière Répondre en citant

SI je connaissais la signification des nombres je ne savais pas qu'il y avait bijection entre marque/constructeur et la description du train roulant portée par les-dits nombre.
ENcore que je crois que c'est le résultat de l'approvisionnement du parc SNCF et non une vérité universelle. Menon-Marec est dans le vrai en utilisant ces désignations.
Laughing
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dak69



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MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 12:43    Sujet du message: Répondre en citant

Non, il n'y a pas bijection entre nombre et type d'essieux et constructeur !

(La plupart des 231 françaises furent fabriquées en France, à Lille, au Creusot, ou ailleurs)

par contre, il y a bijection entre un type (Pacific, Atlantic, Mountain...) et une disposition d'essieux.
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 20:17    Sujet du message: Répondre en citant

d'ailleurs, à signaler ce mois ci un numero special du train sur les 231 pacific du nord de la france Wink
_________________
www.strategikon.info
www.frogofwar.org
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bonatti



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MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 22:42    Sujet du message: l information n est pas la propagande Répondre en citant

les anciens , certains et les futurs lecteurs ne sont pas tous tres au courant bi, des in , des di jestions des loco a essieux multiples donc je crois que deux lignes d'explications n alourdirai pas trop le texte

merci

amitiées
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patrikev



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Messages: 1774

MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 23:34    Sujet du message: Répondre en citant

Pour l'emploi de la langue/dialecte alsacien, il y a eu une bonne émission de France-Culture qui confirmait les souvenirs de Dak 69. Quand Radio Strasbourg a recommencé à émettre avec une équipe résistante pendant l'hiver 44-45, on a choisi pour langue l'allemand littéraire plutôt que le dialecte, pour trois raisons:

1) Les dialectes alsaciens varient d'un canton à l'autre (et au nord-ouest, c'est plus du francique que de l'alémanique)

2) Il fallait un vocabulaire militaire, administratif, etc, qui existait en français ou en allemand, mais pas en dialecte.

3) On espérait toucher, au moins marginalement, les populations allemandes qui vivaient à portée d'émetteur sur la rive d'en face.

Pour l'anecdote, les Anglo-Saxons avaient rebaptisé "Alsacian hound" le brave chien que nous appelons berger allemand.
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Fév 12, 2011 11:54    Sujet du message: Répondre en citant

En fait, pendant la guerre de 14-18, les Français avaient rebaptisé le berger allemand berger alsacien. Laughing
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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dak69



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Messages: 345
Localisation: lyon

MessagePosté le: Lun Fév 14, 2011 17:06    Sujet du message: Répondre en citant

En français de tous les jours, une bijection est une correspondance un pour un.

Pour les locomotives à vapeur, on désigne leur type par un nombre à trois chiffres : le premier donne le nombre d'essieux directeurs (devant, petites roues), le deuxième le nombre d'essieux moteurs (au milieu, grandes roues), le troisième le nombre d'essieux porteurs (derrière, sous la cabine, petites roues). Certains types ont "droit" à une appellation :

Atlantic : 221 (deux essieux directeurs, deux moteurs, un porteur)
Mountain : 241 (deux essieux directeurs, quatre essieux moteurs, 1 essieu porteur)
Mikado : 141

etc...

Bien amicalement
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bonatti



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Messages: 301
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MessagePosté le: Lun Fév 14, 2011 17:38    Sujet du message: dak69 Répondre en citant

merci pour cette explication limpide
ces messages sont passionnant +++ bien pour faire djeune
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LaMineur



Inscrit le: 12 Oct 2009
Messages: 413

MessagePosté le: Lun Fév 14, 2011 18:01    Sujet du message: Re: dak69 Répondre en citant

bonatti a écrit:
ces messages sont passionnant +++ bien pour faire djeune

Le tien me ferait plutôt penser à la novlangue de 1984.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Fév 14, 2011 18:08    Sujet du message: Re: dak69 Répondre en citant

LaMineur a écrit:
bonatti a écrit:
ces messages sont passionnant +++ bien pour faire djeune

Le tien me ferait plutôt penser à la novlangue de 1984.


Orwellien, carrément... !! Rolling Eyes

C'est peut-être excessif... Souvenons-nous que le temps ne fait rien à l'affaire... et que les djeuns d'aujourd'hui seront les vieux c...roulants de demain (et réciproquement). Wink
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Fév 15, 2011 14:45    Sujet du message: Répondre en citant

Suite des événements, par Menon (qui nous fait quelques "repentirs" avec retours en arrière). Dégustez, ça se mange sans faim.

29 avril 1941
La bataille de l’information
Alger
– Par des voies qui demeurent encore aujourd’hui mystérieuses , Georges Mandel reçoit un rapport d’ensemble établi par la direction des Renseignements généraux de la préfecture de Police de Paris. Il porte sur la tentative du Parti communiste, interdit depuis septembre 1939, d’obtenir des Allemands, avant même la fin des combats en Métropole, une autorisation de publier à nouveau L’Humanité.
Le 1er août, affirme ce rapport, une délégation du PCF clandestin qui comprenait, notamment, Maurice Tréand (chef de la section des cadres à la direction du PCF), Jean Catelas (syndicaliste, ex député et membre du Comité central) et Denise Ginolin (militante, futur député), aurait rencontré Otto Abetz à l’ambassade de la rue de l’Université. Elle aurait eu pour mission de demander à Abetz la permission de faire reparaître “l’organe central” du Parti. La rencontre aurait été suivie, pendant plus d’un mois, par des pourparlers qui finiront par ne pas aboutir.
Selon les RG de la PP, la délégation aurait agi conformément à des instructions de l’Internationale Communiste, en l’occurrence des directives de Georgi Dimitrov lui-même à Jacques Duclos – avec l’aval de Staline, on peut le penser, si ce n’est sur son ordre. À en croire des documents saisis par la police parisienne au domicile de Denise Ginolin (brièvement arrêtée entre le 16 et le 18 août 1940), Jean Catelas se serait personnellement opposé à cette démarche et n’y aurait participé que par obéissance à la ligne du Parti. D’autre part, il apparaît que la délégation avait utilisé un argumentaire présentant « le Juif Mandel » comme un ennemi commun du PCF et du Reich…
Dès le lendemain, le ministre de l’Intérieur enverra, sans commentaire mais sous le sceau du secret absolu, des copies de ce rapport à tous ses collègues du gouvernement, à la présidence de l’Assemblée et aux chefs des groupes parlementaires. Jean Zay et lui-même informeront de sa teneur Pierre Brossolette et les directeurs des grands journaux… avec interdiction formelle d’y faire allusion.
Après la guerre, le PCF tentera de prétendre que l’affaire avait été forgée de toutes pièces par ses adversaires. Il est certain que Jean Catelas, guillotiné par la justice du NEF à la requête de l’Occupant, n’était plus là pour le raconter. Maurice Tréand, privé de toute responsabilité, avait été menacé, semble-t-il, de subir le même sort que Marcel Giton – bien que toute la direction du PCF, Maurice Thorez en tête, ait assisté à ses obsèques. Denise Ginolin survivra à Ravensbrück, mais gardera à jamais le silence.


30 novembre 1941
La bataille de l’information – La Collaboration
Paris –
Le remaniement ministériel auquel Pierre Laval a procédé le 26 a dû, sans doute, subir quelques couacs puisque Radio-Paris annonce en complément, dans son journal de midi, la nomination de Paul Marion au poste de Secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande. Les initiés auront noté que Philippe Henriot, toujours si disert – et avec talent – s’abstient du moindre commentaire dans sa chronique quotidienne.
Jusqu’à présent, le Président s’était réservé jalousement le portefeuille de l’Information (comme ceux de la Défense et des Affaires étrangères), avec pour mot d’ordre : on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Si on le poussait, d’ailleurs, il répondait, du coin de son mégot, que « si la guerre, selon Clemenceau, était une affaire trop sérieuse pour être confiée aux militaires, l’information, à mon avis à moi, pose des problèmes trop graves pour qu’on puisse l’abandonner aux journalistes ». Il est de fait, cependant, que ses rapports avec Paul Marion, fidèle d’entre les fidèles de Jacques Doriot, connu pour dire tout haut et écrire en toutes lettres ce que le “grand Jacques” ne peut, ou n’ose pas, exprimer lui-même, sont franchement mauvais quand tout va bien et deviennent exécrables dès que s’élève un peu de tension entre le PPF et le gouvernement.
Les observateurs, dès lors, en sont réduits aux conjectures. Ou bien les occupants, qui divisent pour régner et assurent la promotion de Doriot afin de mettre Laval sous pression, lui ont imposé Marion. Ou bien, tout au contraire, c’est Laval qui a délibérément choisi de mieux contrôler Doriot – sans doute le seul rival que les Allemands pourraient mettre à sa place – en tenant à l’œil, et en contraignant au silence, le meilleur de ses porte-parole.
Le soir même, un rapport expédié à Alger par deux membres du “super-NAP” bien en cour chez le Président indiquera que c’est la seconde de ces hypothèses qu’il faut retenir.


1er janvier 1942
La bataille de l’information – La lutte politique
Alger
– Tous les quotidiens d’Afrique du Nord paraissent ce jeudi malgré le Nouvel An, grâce aux ouvriers du Livre qui ont revendiqué (et obtenu, il va de soi, les patrons de Presse n’ayant pas appris le courage en traversant la Méditerranée) le paiement intégral de cette journée en heures supplémentaires. Les journaux consacrent encore une très grande partie de leurs quelques pages à la tragédie de Tulle et aux réactions d’horreur qu’elle continue de susciter dans « le monde civilisé » (ce qui semble inclure implicitement les neutres, et même les « non-belligérants » comme l’Espagne et la Finlande, en tout cas pour l’occurrence). Tous citent cependant en bonne place les messages d’amitié et de confiance adressés en ce Jour de l’An au sultan du Maroc et au bey de Tunis par le président de la République Albert Lebrun, au nom de la France, même en exil.
Présentant aux deux souverains ses vœux de bonne année, le président Lebrun ajoute : « Je saisis cette occasion pour féliciter Votre Majesté (Votre Hautesse pour le bey) du courage indomptable et de la valeur dont les combattants marocains (tunisiens) de tous grades qui luttent aux côtés de leur camarades français ont démontrés. Ils en feront encore la preuve en toute occasion, j’en ai la certitude, et ils comptent d’ores et déjà parmi les meilleurs artisans de notre victoire. » Et il conclut : « Toute la France sait comme moi qu’elle peut faire fond, aussi adverses que puissent aujourd’hui nous paraître les circonstances, sur les liens de fidélité, de loyauté et d’affection que le Maroc (la Tunisie) a tissés avec elle, dans le respect mutuel. »
Ce texte a été diffusé la veille, sous embargo absolu, par Havas libre, à destination des journaux d’AFN et des postes diplomatiques. Les autres abonnés ont attendu 08h00 GMT.
L’un des journalistes politiques du Figaro, James de Coquet, aurait voulu ironiser, sans vraie méchanceté, sur « la part de formalisme, de protocole et de fiction – à la limite du surréel quelquefois – qu’exige la réalité des protectorats ». Mais il se fait taper sur les doigts par son rédacteur en chef. La phrase litigieuse n’apparaîtra pas dans son article.

La bataille de l’information – La Collaboration
Paris
– Afin d’économiser le papier, aucun journal ne paraît ce jeudi en Métropole. Seule la radio diffuse les nouvelles, édulcorées avec soin, qu’autorise la censure.
L’OFI transmet à midi les thèmes imposés aux quotidiens de Paris et de Province pour les éditions du 2 par les consignes de Pierre Laval et de Paul Marion : « Les beaux réveillons de la France en paix », « Les Français ont fait bombance grâce au Gouvernement » et le classique, mais inusable, « Paris sera toujours Paris, la France sera toujours la France ». Ce dernier sujet sera obligatoirement illustré d’une photo de Maurice Chevalier, le canotier martial, chantant à l’Alhambra, pour un public d’officiers allemands en grande tenue de ville, et, en robe du soir et en smoking, de profiteuses et profiteurs de l’Occupation. Le photographe, professionnel qui sait son monde et son métier, a eu soin d’inclure les fauteuils d’orchestre dans son cadrage, si bien que les amateurs de mondanités reconnaîtront, au premier rang, Ernst Jünger, avec sa croix Pour le Mérite au cou, assis non loin du lieutenant Heller, Sacha Guitry – qui parachève aux studios de Joinville le montage de son « Fabuleux destin de Désirée Clary » – le critique de théâtre de Je suis partout à la plume redoutée, Alain Laubreaux, et puis Jean Cocteau et Jean Marais, Arletty, Gaby Morlay et Suzy Solidor, sans parler de la fille du Président Laval et de son gendre, Josée et René de Chambrun. En somme, le Tout-Paris de la Collaboration, outre, peut-être, celui des grandes inconsciences et des petits accommodements : très précisément les gens qui croient (ou qui veulent se persuader) que Paris pourrait rester toujours Paris, comme le NEF a l’intention d’en convaincre les Français, même sous la botte allemande.
En matière de désinformation, Pierre Laval, titulaire du portefeuille de l’Information, et Paul Marion, son secrétaire d’État, savent se réconcilier et trouver des points d’accord – au moins, s’entend, jusqu’à leur prochaine brouille.

La bataille de l’information
Sur les ondes (et quelque part en Grande-Bretagne) – Sans se laisser décourager par les mauvaises nouvelles, der Chef présente des vœux pleins de sarcasmes aux combattants du Reich grand-allemand : « Officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, marins et aviateurs allemands, et vous, paladins de la SS, je ne vous souhaite pas du courage. Car je sais, et le monde entier l’a appris, parfois à ses dépens, depuis 1939, que le courage, vous en possédez à revendre. Mais ce courage, vous en aurez plus que jamais besoin dans cette année qui commence car des jours terribles et chargés de gloire vous attendent sur tous les théâtres où vous combattrez. Les grandes plaines de l’est, où les oiseaux ne chanteront plus , attendent notre armée. La Kriegsmarine devra briser les banquises de la Baltique et de l’Océan Arctique. Les brouillards sans fin d’un ciel sans soleil obscurciront les arènes des Luftkämpfer . Mais le Reich saura reconnaître les sacrifices de ses meilleurs fils ! Viel Glück und viel Spaß ! »
Après quoi, à l’attention des officiers, il faut le supposer, der Chef conclut en citant Horace, sans souci d’originalité : « Dulce et decorum est pro patria mori. » Qu’il soit ou non doux et beau de mourir pour le Grand Reich, ce vers du poète latin figurait partout dans les académies militaires allemandes depuis Frédéric II. Il devait y demeurer jusqu’à la chute du IIIe Reich.
Pour des raisons de sécurité, la BBC a fait installer le studio réservé à Sefton Delmer dans un village (1 937 habitants en temps de paix) de la verdoyante campagne de Reading. Le nom de cette localité a disparu des poteaux indicateurs depuis l’automne 1940 – comme c’est le cas partout sur le territoire principal (Mainland) du Royaume et en Ulster.
………
Sur les ondes (et quelque part en Afrique du Nord) – Pour la nouvelle année, le tenente-colonello De Natale a choisi de frapper fort : « À l’Italie et au peuple italien qui souffre et qui a été contraint de se battre sur l’ordre d’un régime inique, il faut souhaiter la chute du tyran imbécile. Morte al stronzo! Abbasso il Duce. Evviva il re! »
Et il ajoute : « Le cœur de chaque Italien saigne à l’idée de la défaite. Mais ne l’oublions pas : notre soi-disant Duce, che ha solo condotto gli asini , nous avait promis des victoires et nous sommes partout vaincus. Maintenant, il faut qu’ils soient, lui et sa clique d’incapables et de profiteurs, vaincus sans recours pour que l’Italie, notre patrie bien-aimée, remporte la victoire ! La vraie ! La seule ! Pour qu’elle retrouve sa paix, sa gloire et sa liberté ! » La conclusion peut surprendre : « Écoutez-moi tous. De la Sicile aux Dolomites, du rivage de la Méditerranée à la côte dalmate, que chaque épouse, que chaque mère, dise des neuvaines pour que questo Mussolini nous débarrasse le plancher de lui-même – ou pour que Sa Majesté le roi nous en débarrasse enfin ! »
Si le speaker qui annonce les interventions d’Aldo Fenestrellino répète tous les jours que le colonel parle « à partir du sud de l’Italie », son studio, pour des raisons de sécurité (il se pourrait que l’Abwehr ait réussi à parachuter des agents en Afrique du Nord, et le BCRAM a la certitude qu’il est parvenu à en infiltrer deux groupes par le Rif espagnol) a été transféré d’Alger à Rocher-Noir. Il s’y dissimule sous l’apparence d’un atelier des ingénieurs du son.


4 janvier 1942
La bataille de l’information
Berlin
– Les dirigeants nazis en général, et Josef Goebbels en particulier, ont tardé à prendre la mesure des réactions suscitées dans le monde par les pendaisons de Tulle. Peut-être, a relevé dans un télégramme pour Berne le ministre de Suisse, Hans Frölicher (pourtant plus porté à donner des satisfecit au Reich qu’à le critiquer, au risque de trahir les règles de neutralité), parce qu’aucun média allemand – ni la radio, ni les journaux – n’y a fait la moindre allusion.
Il est vrai que la censure veille et qu’elle a soin d’éliminer des informations auxquelles l’opinion publique a accès tout ce qui serait de nature à ternir l’image que le régime veut offrir à l’extérieur. Tant et si bien que les Berlinois, frondeurs par nature, se répètent une plaisanterie qui fait mouche et agace le ministère de la Propagande, préposé, en quelque sorte, à la police de la pensée : « Quelle heure est-il ? Il est 8 heures 50. Vous en êtes sûr ? Évidemment, c’est l’heure de la radio. Mais peut-on faire confiance à la radio ? Oui, quand elle donne l’heure ! »
Il faut attendre ce dimanche pour que l’agence DNB diffuse – exclusivement dans son service par fil et par radio à destination de l’étranger – une interview accordée par le ministre de la Propagande à la Krakauer Zeitung et au Prager Tagblatt . Tellement incisif à l’habitude – ainsi que les adversaires de l’Allemagne l’ont appris à leurs dépens depuis l’arrivée du Führer et du NSDAP au pouvoir – Goebbels s’y montre à tout le moins embarrassé. Sans se soucier de crédibilité, il affirme que les troupes allemandes ont été « attaquées dans le dos » , dans Tulle même, par « des hordes de terroristes et de francs-tireurs qui leur ont causé des pertes aussi sensibles qu’inacceptables ».
Mais il prétend, en même temps, que l’Allemagne, puissance occupante au titre de sa victoire, a, en France, autant de devoirs que de droits et prérogatives. « Le vainqueur, se justifie-t-il, doit maintenir l’ordre à tout prix, non seulement pour lui-même, mais aussi pour le bénéfice du vaincu. Qu’auraient dit les Français si nous avions eu la faiblesse de laisser se développer le désordre ? » Puis, avec une maladresse qui surprend chez lui, il passe aux aveux : « Nos chefs sur place ont eu la main lourde. Mais ils le devaient. Ils n’avaient pas le choix. Le Führer, qui en aurait fait autant s’il avait été à leur place, il me l’a confié, les a approuvés. Il les approuvera encore chaque fois qu’il le faudra. »
La conclusion s’impose : « Partout où on s’en prendra à l’Allemagne, nous riposterons et l’ennemi paiera au centuple. » Antisémite viscéral, Goebbels n’a pas voulu citer la loi du talion.


5 janvier 1942
La bataille de l’information
Alger –
Le Journal officiel publie, en première page juste après le sommaire, ce qui en souligne l’importance, un décret qui sort de l’ordinaire par sa forme et par son contenu :
« Vu les lois constitutionnelles des 24 et 25 février 1875 et du 16 juillet 1875
Vu le décret du 22 janvier 1852 ensemble le décret du 29 février 1852 et le décret du 8 novembre 1870
Vu la loi du 13 juillet 1938
Vu le décret-loi du 22 septembre 1939
Le Président de la République a décrété :
Article 1. La Médaille militaire est attribuée au gendarme X, cité à l’ordre de l’Armée :
Faisant preuve d’un courage digne des héros de notre Histoire et des plus belles traditions de son Arme, a montré un sang froid remarquable pour filmer, au péril de sa vie, les agissements des forces d’occupation à Tulle le 25 décembre 1941. A ainsi rendu à la Patrie et au monde civilisé un service inestimable.
Article 2. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Article 3. Le gendarme X est promu, par dérogation et à titre exceptionnel, au grade de maréchal des logis.
Article 4. Le ministre de la Défense nationale, le chef d’état-major général des Armées et le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur sont chargés, chacun pour ce qui le concerne, de l’exécution de ce décret.
Fait à Alger le 4 janvier 1942
Albert Lebrun
par le Président de la République
Le Président du Conseil
Paul Reynaud »
………
Le texte ne peut évidemment pas préciser que le BCRAM et le 5e Bureau et, à tout hasard, le cadre B de la DGPI, ont reçu du général de Gaulle en personne l’ordre d’identifier sans délai le gendarme X et de mettre tout en œuvre pour le transférer en territoire allié au plus vite. Il passe également sous silence le fait qu’il a été décidé, lors du dernier Conseil des Ministres de 1941, d’attribuer la Légion d’Honneur au gendarme X si, par hasard, il était déjà titulaire de la Médaille militaire (gagnée, par exemple, lors de la Grande Guerre, ou dans les TOE). Enfin, s’il s’avérait qu’en réalité le gendarme X est un gradé de la Gendarmerie, il serait promu à deux niveaux supérieurs de grade : adjudant s’il était maréchal des logis, adjudant-chef s’il était maréchal des logis-chef. « Un brigadier blanchi sous le harnois ferait admirablement notre affaire » a tranché, pince-sans-rire, le général de Gaulle.
Mais c’est aussi le ministre de la Défense qui a insisté pour que la Censure lève son interdiction de mentionner le rôle joué par le gendarme X dans la couverture filmée de la tragédie de Tulle, au risque d’aider la Gestapo et les polices du NEF à le repérer et à l’arrêter – avec les suites que l’on devine. Il s’agissait dans son esprit, expliquait-il, de mettre en valeur la participation des Français de tous grades et de toutes conditions au Salut national. Mais on se murmure, dans le Tout-Alger, qu’il aurait glissé à mi-voix, toujours réaliste, à ses collègues du gouvernement : « Des héros, c’est très bien pour notre cause, messieurs. Mais des martyrs, ce sera mieux encore… »


6 janvier 1942
La bataille de l’information
New York
– Le Brésil et le Venezuela sont encore neutres, malgré les pressions, à vrai dire pas très soutenues, que Washington, moins d’un mois après Pearl Harbor, a commencé d’exercer sur les états de son “arrière-cour”. Il faut ménager leur susceptibilité, si bien que le Consolidated 32 La Marseillaise, du GB 60 (chef de bord : commandant Henri de Rancourt), a été repeint aux couleurs d’Air France pour une mission spéciale : apporter en Amérique latine, aux États-Unis et au Canada les bobines des copies du film tourné à Tulle par le gendarme sans nom.
L’avion est accueilli sur le tarmac du Glenn Curtis Airport par le commandant Antoine de Saint-Exupéry, en civil comme l’avion (si l’on peut dire), par le consul général de France, Jean-Henri Patry de Bernières (toujours suivi, à la Charlus, du chauffeur en leggins de sa Lincoln) et surtout par plusieurs délégués de la Film Industry : trois représentants du US Office of Information de la Maison Blanche et deux du US Newsreel (les actualités cinéma). Dans la journée, ils dirigeront le montage, ainsi que la rédaction et l’enregistrement du commentaire de la bande destinée au public américain. Puis les techniciens assureront à la chaîne le tirage des bobines à ajouter à la livraison bihebdomadaire du “Newsreel” que les milliers de movie theaters du pays recevront dans les trois jours, par avion et par train. Il y a aussi deux jeunes réalisateurs arrivés d’Hollywood dans la nuit, Frank Capra et Anatole Litvak. L’un et l’autre ont connu de beaux succès avant la guerre.
Litvak a souvent tourné en France pendant les années 30, et remporté un vrai triomphe, critique et commercial, avec L’équipage, d’après le roman de Joseph Kessel (avec Charles Vanel, Annabella, Jean Murat et Jean-Pierre Aumont). Il est devenu l’adjoint de Capra, auteur de l’inoubliable New York - Miami, avec Clark Gable et Claudette Colbert, pour une série de films de montage commandés par le gouvernement américain, en coproduction gratis pro Deo (l’unité nationale a son prix) avec les cinq majors de la capitale du 7e Art (la Metro-Goldwyn-Mayer, la Warner Bros, la 20th Century-Fox, la Paramount et la RKO). Intitulée Pourquoi nous combattons (Why we fight), cette série aura pour but d’expliquer à l’opinion américaine, dont le penchant à l’isolationnisme n’est certainement pas éteint en dépit de l’agression japonaise, et d’abord aux soldats, marins et aviateurs qui servent et vont servir sous la bannière étoilée, les raisons de la participation des États-Unis au versant européen de la guerre. Le premier volet est attendu pour la fin de l’été.
Capra, dès qu’il a appris qu’il existait un film de la tragédie de Tulle, a souhaité pouvoir en inclure plusieurs séquences dans son premier épisode, dont il vient d’achever le canevas – ce que l’ambassadeur de France à Washington, Édouard Daladier, lui a accordé sans même consulter Alger. Le plus difficile a été, sans doute, de convaincre l’état-major de l’Armée de l’Air de distraire de son ordre de bataille, serait-ce pour une semaine seulement, l’un de ses précieux et trop rares bombardiers lourds, pour convoyer un chargement d’une trentaine de kilos tout au plus – mais d’un poids politique considérable.


7 janvier 1942
La bataille de l’information
Alger
– Grand seigneur, Hubert Beuve-Méry accorde deux journées de congé aux journalistes, employés et techniciens du Monde après le bouclage de l’ultime numéro zéro. Ils doivent se retrouver le 9, à 14h00, pour entamer la confection de la première véritable édition du quotidien, prévue pour être distribuée le lundi 12 à partir de 13h30 (heure d’Alger).
Dans le courant de la matinée, des coursiers apporteront les morasses au desk d’Havas libre, au fur et à mesure des bons-à-tirer, pour assurer le maximum d’audience au nouveau journal.


8 janvier 1942
La bataille de l’information
Singapour
– Conclusion d’un accord franco-britannique local sur la couverture du conflit en Asie du Sud-Est. Négocié par télégramme à la demande de Pierre Brossolette, il prévoit que les journalistes et techniciens des bureaux d’Havas libre de Saigon et Hanoï pourront se replier sur Singapour pour y poursuivre leur tâche lorsqu’ils auront dû, sous la pression des Japonais, quitter l’Indochine. Un local assez spacieux est d’ores et déjà prévu, à côté du siège régional de Reuters.
Reuters mettra une partie de ses capacités de transmission à la disposition d’Havas libre. Les messages dépourvus d’urgence seront cependant confiés aux télex du Post Office ou de la compagnie privée Exchange Telegraph, avec les retards et les aléas inévitables. Cet accord est la préfiguration d’un gentlemen’s agreement en cours de négociation entre les deux agences, depuis le 15 décembre, dans la plus grande discrétion – il s’agit de s’entendre pour mieux faire face à la concurrence des agences américaines qui se sentent les coudées franches depuis que Pearl Harbor a mis fin aux servitudes entraînées par une neutralité, au fil des mois de plus en plus fictive, qu’elles ressentaient comme un carcan.
Toutefois, Anglais et Français n’ignorent pas que l’accord sera peut-être dépassé avant même d’entrer en vigueur. Auquel cas, Reuters et Havas libre seraient amenées à se replier sur Batavia – ou peut-être, au bout du compte, sur Colombo ou sur le nord de l’Australie… à moins que Nouméa…
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Finen



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MessagePosté le: Mar Fév 15, 2011 22:39    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Alger – Le Journal officiel publie, en première page juste après le sommaire, ce qui en souligne l’importance, un décret qui sort de l’ordinaire par sa forme et par son contenu :
« Vu les lois constitutionnelles des 24 et 25 février 1875 et du 16 juillet 1875
Vu le décret du 22 janvier 1852 ensemble le décret du 29 février 1852 et le décret du 8 novembre 1870
Vu la loi du 13 juillet 1938
Vu le décret-loi du 22 septembre 1939
Le Président de la République a décrété :
Article 1. La Médaille militaire est attribuée au gendarme X, cité à l’ordre de l’Armée :
Faisant preuve d’un courage digne des héros de notre Histoire et des plus belles traditions de son Arme, a montré un sang froid remarquable pour filmer, au péril de sa vie, les agissements des forces d’occupation à Tulle le 25 décembre 1941. A ainsi rendu à la Patrie et au monde civilisé un service inestimable.
Article 2. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Article 3. Le gendarme X est promu, par dérogation et à titre exceptionnel, au grade de maréchal des logis.
Article 4. Le ministre de la Défense nationale, le chef d’état-major général des Armées et le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur sont chargés, chacun pour ce qui le concerne, de l’exécution de ce décret.
Fait à Alger le 4 janvier 1942
Albert Lebrun
par le Président de la République
Le Président du Conseil
Paul Reynaud »



Le problèmes est que le grade de Gendarme, car c'est un grade, prend rang immédiatement au dessus des grades de Maréchal des logis et de Sergent. Le texte devrait être compris avec le grade de Maréchal des logis chef en lieu et place, la mention secrète restant pertinante.
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Mar Fév 15, 2011 23:32    Sujet du message: Répondre en citant

Finen: Tout gendarme, c'est vrai, est un sous-officier (de facto sergent ou maréchal des logis ou maître) dans les autres Armes. Mais, au sein de la Gendarmerie (où les gendarmes rient Smile comme le dit la chanson), les grades des sous-officiers sont bel et bien brigadier, brigadier chef, maréchal des logis usw.
Amts ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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loic
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Messages: 8935
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MessagePosté le: Mar Fév 15, 2011 23:38    Sujet du message: Répondre en citant

Est-il vraiment utile de faire voyage le film de Tulle sur un Consolidated 32 ? Un vol régulier suffirait et serait tout aussi sûr.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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