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1940 - La France continue la guerre
 
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MENDES-FRANCE FTL par Menon-Marec
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Casus Frankie
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Inscrit le: 16 Oct 2006
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MessagePosté le: Mar Juin 17, 2008 01:09    Sujet du message: MENDES-FRANCE FTL par Menon-Marec Répondre en citant

Cette biographie parallèle n'est évidemment qu'au début, mais elle a déjà réjoui ses 2 premiers lecteurs, Fantasque et moi. Alors tant pis pour la modestie de l'auteur, Menon-Marec, la voici.
J'informe aussi la foule ravie que le dessin dont il est question ci-dessous a été "re" créé par Fregaton et que Loïc devrait sous peu le mettre sur le site à la disposition de votre curiosité.
Casus Frankie


21 septembre 1940
Alger
Le lieutenant Pierre Mendès-France et Jean Zay, ministre de l’Information, dînent ensemble à l’Hôtel Aletti. Le maître d’hôtel a tiqué discrètement en voyant les malheureux galons de l’officier, un peu âgé pour son grade, sans savoir qu’il reçoit – selon l’usage vite établi en 14-18 – un supplément de solde qui lui assure à peu près l’équivalent de son indemnité parlementaire : même si, par extraordinaire, son ami le ministre ne l’invitait pas, il a de quoi payer son repas.
Mendès-France, qui bénéficie d’une permission de quarante-huit heures, vient d’arriver du Maroc. Il a profité d’un voyage à Alger du capitaine de Saint-Exupery, chef pilote de l’École des Navigateurs créée d’urgence à Marrakech, aux commandes d’un Bloch MB-174 analogue à celui qu’il pilotait durant la Bataille de France. Le motif officiel du voyage de l’écrivain aviateur est la présentation de la situation de l’école à ses supérieurs, mais “Saint-Ex” veut aussi s’enquérir des possibilités d’édition et de publication d’un manuscrit qu’il est en train d’achever, Pilote de guerre. À la vérité, il souhaite surtout poursuivre une idylle clandestine, entamée quelques mois plus tôt, avec une jeune actrice en vue et qui (au contraire de beaucoup de ses consœurs) a tenu à traverser la Méditerranée.
– Qu’est-ce que tu deviens ? demande Zay.
Pierre Mendès-France hausse les épaules : « Je suis retourné à l’école, encore une fois. »
– À l’école ?
– Pendant la Drôle de Guerre, comme tu le sais, j’étais au Levant. Pendant que vous vous geliez sur le front, vous autres, moi je bronzais en passant mon brevet d’observateur sur des Potez 501 qui n’auraient pas étonné nos anciens au-dessus de Verdun. En mai, j’étais revenu en Métropole, en permission. Après le 10, j’ai couru boulevard Victor et j’ai demandé à être affecté dans un groupe combattant. On m’a expliqué que je devais apprendre mon métier sur un zinc moderne. Et je me suis retrouvé à Istres, à faire des huit au dessus de la mer et de la plaine de la Crau, dans le nez d’un 63-11 équipé à la moderne.
– Tu crois qu’on a voulu t’écarter ?
– Peut-être. La vraie camaraderie d’escadrille n’empêche pas que pour la majorité des officiers, de carrière ou de réserve, et même dans l’Armée de l’Air qui a la réputation d’être à gauche, je suis et je resterai le juif Mendès, franc-maçon et ancien du Front popu. Tout juste s’ils ne me reprochent pas d’avoir violé les bonne sœurs en Espagne avec le POUM ! Mais tu connais mieux que moi ce genre de critiques.
C’est au tour de Zay de hausser les épaules. Ses insulteurs sont restés sur la rive nord de la Méditerranée.
– Et maintenant ?
– Le Grand Déménagement a tout changé, au moins en apparence. On ne m’a plus rien refusé. Sur ma demande, j’ai été envoyé ici, depuis la mi-août, dans une session de formation de navigateur sur multiplace de reconnaissance ou de bombardement. Comme j’ai déjà obtenu mon certificat de météo, je peux espérer recevoir mon brevet à la fin novembre, voire plus tôt. S’il le faut, je m’adresserai alors à Reynaud lui-même pour qu’on m’accepte dans une unité de première ligne.
– Tu t’entends bien avec lui?
Pour la première fois, Mendès-France arbore un vrai sourire : « Disons que nous n’étions pas les meilleurs amis du monde. Mais figure-toi qu’il m’a dépêché Georges Boris, le directeur de cabinet de De Gaulle, pour savoir si je serais disposé à succéder à Laurent-Eynac au ministère de l’Air. »
– À Laurent-Eynac ? Qu’est-ce qu’il lui reproche ? Je n’avais entendu parler de rien. C’est sans doute une de ces histoires qui se règlent en coulisses entre Reynaud, De Gaulle et Dautry. Ils s’entendent comme larrons en foire, ces trois-là ! Je t’accorderai que Laurent-Eynac n’a peut-être pas pris toute la mesure des événements et se croit parfois encore au temps des combinaisons de couloir, mais de là à l’évincer…
– Allons, concédons-lui de la bonne volonté, à défaut de talent. Les Suisses diraient que c’est ein schönes Wetter Minister [Allusion à l’adage classique des juristes helvétiques : Unsere Verfassung ist ein schönes Wetter Program, Notre constitution est un programme pour les jours de beau temps.], mais s’il ne fait pas de bien, au moins il ne fait pas de mal. En vérité, on en veut surtout à Laurent-Eynac, m’a dit Boris, de n’avoir guère d’autorité. Donc, le véritable ministre, c’est l’ingénieur Caquot, son conseiller ou son âme damnée, comme tu voudras. Un technicien de génie que tout le monde respecte, mais une personnalité à tout le moins contestée.
– Contestée ?
– Ses ennemis l’accusent d’avoir fait construire plus de prototypes que d’avions de série, mais Dautry, lui, ne tarit pas d’éloges en ce qui le concerne. Sa véritable place serait aujourd’hui aux États-Unis pour y surveiller et orienter la production aéronautique pour notre compte. Les Américains sont à peu près les seuls à pouvoir nous fournir le matériel dont nous avons besoin, mais ils sont chers. Et Dieu sait que nous n’avons pas trop d’or et de devises !
C’est au tour de Zay d’éclater de rire : « Oublie un peu les finances publiques ! Sérieusement, que vas-tu décider ? »
– J’ai hésité pendant vingt-quatre heures. J’avais… j’ai toujours… la certitude que je pourrais être utile dans le gouvernement, au ministère de l’Air ou ailleurs. Mais, hic et nunc, j’ai préféré rester dans l’aviation. Nous y avons besoin de personnel de tous grades et de toutes spécialités, désespérément. Malgré le succès du Grand Déménagement, nous disposerons bientôt, au rythme des livraisons actuelles, de beaucoup plus d’avions que d’hommes pour les faire voler, les entretenir et les réparer. Première raison. Deuxième raison, je ne vais pas laisser passer cette guerre sans combattre au premier rang. C’est une question de dignité et d’honneur. Troisièmement, je suis sûr que mes électeurs de Normandie et mes administrés de Louviers n’admettraient pas que je m’embusque, comme l’on disait durant l’Autre Guerre. Et…
– Et ?
– Et tu as deviné ma quatrième raison. Un parlementaire de gauche, juif, franc-maçon, en âge de porter les armes, se doit de combattre. Ne serait-ce que pour faire enrager la Droite et les ligues, qui ont leur lot de planqués. Point final. J’attends avec impatience de voir le feu.
Jean Zay hoche la tête, avec une moue d’amertume : « Tu me reproches d’avoir accepté l’Information ? »
– Non. Moi, j’ai encore mes preuves à faire. Toi, tu t’es battu, et bien battu. Mais, si tu me permets un conseil, essaie d’obtenir de nouveau l’Instruction publique. Notre situation va te donner l’occasion de mettre en pratique nos idées sur l’éducation des peuples de l’Empire. Il faut plus que jamais montrer que nos slogans sur nos routes, nos hôpitaux, nos écoles, ne sont pas que des phrases creuses. Nos indigènes le méritent.


19 novembre 1940
Marrakech - Base aérienne 707
Depuis le 1er septembre, l’École de Formation des Navigateurs et Observateurs s’est installée à Marrakech. Sous l’impulsion des généraux d’Harcourt, d’Astier de la Vigerie et Bouscat, tous les obstacles administratifs et autres ont été franchis. Aussi sommaires que soient encore les installations, criants le manque de matériel et l’inconfort, décourageantes les pénuries de pièces détachées, inquiétante l’absence de matériel pédagogique, la BA 707 accueille au début de chaque mois une promotion de quelque 45 élèves navigateurs, pour vingt semaines et, pour douze semaines, un groupe d’une vingtaine d’élèves observateurs.
On trouve parmi les 200 postulants actuellement en cours de formations des gamins tout juste bacheliers et des pères de famille. Quelques-uns sortent à peine du lycée public ou du collège des Bons Pères, mais d’autres, sous les drapeaux depuis 1938, ont connu les rares grandeurs et les servitudes sans nombre de la Drôle de Guerre. Ceux qui n’avaient pas été affectés dans l’Empire ont participé, pour la plupart, à la bataille de France.
Pour les travaux pratiques, l’école a reçu une flotte hétéroclite : deux Bloch MB 174, un Potez 63-11, un De Havilland DH 89 Dragon Rapide généreusement prêté par les Britanniques pour l’apprentissage de la radionavigation et un Farman F-224 quadrimoteur de transport refusé naguère par Air France. On remarque même un Fieseler Storch, dûment doté de cocardes tricolores depuis qu’un pilote de la Luftwaffe égaré l’a posé sur l’aérodrome de Valence-Chabeuil, encore tenu par l’Armée de l’Air, lors des combats en vallée du Rhône. Tous ces avions sont à la charge du chef pilote de l’école, le capitaine de Saint-Exupéry.
L’auteur de Vol de nuit a été nommé à ce poste au lendemain de l’attaque de Tarente (il a accompli au-dessus du port italien sa dernière mission de guerre). Scandalisé, il a réclamé de rester dans une unité combattante.
– Votre expérience et votre renommée, capitaine, doivent profiter aux jeunes, lui a-t-on répété. Vous serez plus utile à ce poste.
Mais Saint-Ex a traduit : « Vous êtes trop âgé, trop handicapé, trop usé – et, peut-être, trop indiscipliné. » Il a pris une sorte de revanche en refusant tout net les causeries qu’on lui proposait sur les ondes de Radio-Alger. Jean Zay, le ministre de l’Information, s’en est ému et lui a personnellement écrit. Peine perdue : « Mon âge, semble-t-il, fait de moi un vaincu, Monsieur le Ministre, a répondu “Saint-Ex” d’une plume plus hautaine qu’à son habitude. Et quand on est vaincu, on se tait. Comme les graines. »
Ce n’est qu’au début de l’année 1941 qu’il obtiendra de reprendre du service, en profitant de la crise déclenchée par l’attaque allemande contre la Corse. Juste le temps de rapporter de précieuses photos et une blessure grave…
En attendant, le capitaine de Saint-Exupéry éblouit tous les élèves par son aisance aux commandes. Il les surprend par ses tours de cartes, les stupéfie par sa facilité en mathématiques, les fascine par l’étendue de son savoir-faire pratique, et les amuse par ses dessins et caricatures. Habitué à la loi de la Ligne et à travailler sans filet au fin fond du Rio de Oro ou de la Patagonie, il sait improviser, dans tous les domaines. Ses chefs, sans trop oser le tancer, s’agacent de ses distractions – dont il se moque lui-même : « Je préfère, affirme-t-il, piloter un avion à train fixe puisque je ne risque pas de ne pas sortir mes roues. C’est bête, je n’y pense jamais ! »
Au mess des officiers, il s’entretient souvent avec le lieutenant Mendès-France. A mi-voix, tous deux essaient de comprendre les vraies causes de la défaite et cherchent comment assurer la revanche et le succès des Alliés. Mendès parle des jeux et des poisons dans lesquels la classe politique s’est laissé engluer et Saint-Exupéry du déclin de la France ressenti par l’élite du Brésil ou de l’Argentine. Ils échangent aussi des tuyaux sur leurs réseaux d’amis et de relations susceptibles de les aider à reprendre leur place au combat. De façon plus intime, ils partagent, presque tacitement, avec une pudeur qui étonne chez l’un et s’accorde à l’autre, leurs soucis personnels.
Ce soir-là, Mendès-France ne parvient pas à s’arracher à sa morosité. Ce ne sont pas les encouragements paillards de quatre sous-lieutenants, partis en goguette au bousbir – au mépris du couvre-feu – qui auraient pu le dérider.
Alors, Antoine de Saint-Exupéry s’empare de son carnet de croquis, de son stylo et de trois crayons de couleur. En cinq minutes, sans perdre de vue son verre (même si le Gris de Boulaouane ne remplace pas le Veuve Clicquot), il brosse, avec un sourire d’enfant, un petit tableau de genre : un cantonnier casse des tas de cailloux figurés par de minuscules croix gammées. Il a la tête de Mendès-France et ses galons aux manches, mais un litron dépasse de sa poche, alors que Mendès ne boit, de notoriété publique, rien de plus fort que du lait. Enfin, le manche de la masse de l’ouvrier s’orne de deux ailes.
Le cantonnier, affirmeront certains, a la tête de l’ivrogne cramponné à son bec de gaz qui apparaît dans le Petit Prince. Mais la légende est sans équivoque : « Sur la route de Louviers… Il y a des bombardiers ! »
La dédicace est tout aussi claire : « Pour le lieutenant Pierre Mendès-France, dans le souci de l’avenir, l’espoir de la victoire et l’attente de la libération. Fidèlement. S-E. »
Ce dessin ne quittera plus le portefeuille de Mendès-France.
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Martel



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MessagePosté le: Mar Juin 17, 2008 13:09    Sujet du message: Répondre en citant

un seul mot... bravo !
_________________
"Enfin le cardinal a terminé son sort.
Français, que dirons nous de ce grand personnage ?
Il a fait la paix, il est mort :
Il ne pouvait pour nous rien faire davantage. "
Epithaphe anonyme du Cardinal de Mazarin.
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dak69



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MessagePosté le: Mar Juin 17, 2008 16:22    Sujet du message: Répondre en citant

Je joins mes applaudissements à ceux de Martel !
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Manu Militari



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MessagePosté le: Mer Juin 18, 2008 07:54    Sujet du message: Répondre en citant

Impressionnant Smile Au dela des figures historiques (ou littéraires), on voit des êtres humains et leurs motivations. Cela donne de la "chair" au récit.

(comme le passage du conte de Noël raconté par le général De Gaulle à la radio)

Voili, voilou
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juin 19, 2008 23:11    Sujet du message: La suite ! (by Menon-Marec) Répondre en citant

19 décembre 1940
Marrakech – Base aérienne 707
Depuis la mi-novembre, les missions d’entraînement des élèves de la BA 707 les ont conduit de plus en plus souvent, sur les diverses machines de leur hétéroclite parc aérien le long de la frontière du Maroc espagnol ou vers Gibraltar, au-dessus de la Méditerranée. À mots couverts, les instructeurs ont laissé entendre qu’il leur a été recommandé, entre Marrakech et le Rocher, de survoler Tanger, « À toutes fins utiles », au risque assumé d’essuyer quelques rafales de mitrailleuses. D’évidence, le général Olry, l’ancien patron de l’armée des Alpes, qui a su tenir tête aux Italiens et aux Allemands, veut montrer à Franco qu’il n’entend pas le moins du monde se laisser intimider par l’occupation illégale de la ville internationale qui se prolonge, ni par d’éventuelles concentrations de troupes dans le Rif ou en Andalousie. Nommé le 15 octobre à la tête des troupes françaises au Maroc, Olry a été discrètement chargé par le gouvernement de rappeler à Madrid les accords officieux du mois de juin. Il lui revient aussi plus officiellement, en montagnard au milieu des montagnards, d’accélérer le recrutement dans les tribus berbères et de mettre de la rigueur dans l’instruction des tabors pour les préparer à une guerre moderne où il ne leur suffira plus, pour s’affirmer au combat, de bien tirer, de grimper comme des chèvres et de marcher avec endurance.
Quoi qu’il en soit, la formation des élèves a été menée bon train. Conformément à ses habitudes, le lieutenant Pierre Mendès-France vient de terminer premier de sa promotion le cours de formation des navigateurs, malgré deux aller-retour en coup de vent à Alger pour préparer d’abord, voter ensuite, la révision constitutionnelle.
– Je n’aurais jamais cru qu’un avocat comme vous puisse aussi bien se débrouiller en maths, a dit à PMF le chef pilote de la base, le capitaine de Saint-Exupéry – qui lui a donné, avec discrétion, quelques leçons de mise à niveau dans les matières scientifiques.
– Allons, mon capitaine, a répliqué l’ancien maire de Louviers, qui aurait cru qu’un aviateur comme vous puisse aussi bien se débrouiller en littérature ?
Les deux hommes ont souri ensemble, de cet air de mélancolie qui semble ne jamais tout à fait les quitter. Ils le partagent comme un secret.
À l’amphi garnison, PMF demande le groupe de reconnaissance I/33, basé à Tunis, qui a été équipé de bimoteurs Amiot 351 et 354. Des patrouilles sont détachées en permanence à Cagliari et surtout, à Malte, en appui de la RAF, pour la surveillance de la marine italienne.
– Le GR I/33 à Tunis, répète en écho le commandant de la base, le général de brigade Carayon. Accordé.
PMF pousse un soupir de soulagement : il redoutait que ses chefs n’aient reçu l’ordre de l’empêcher de voler en opérations. En effet, chaque fois qu’il s’est rendu dans la capitale de la France Combattante, Paul Reynaud l’a de nouveau sollicité de quitter l’uniforme pour entrer au gouvernement. De Gaulle et lui désirent qu’il remplace Laurent-Eynac, qu’ils ne maintiennent au ministère de l’Air que faute de mieux – ou pour barrer la route à Guy La Chambre, trop proche à leur goût d’Édouard Daladier. Chaque fois, le lieutenant Mendès-France a opposé un refus au président du Conseil.
Le navigateur nouvellement breveté bénéficie maintenant de deux jours de permission, qu’il va passer à Alger, avant de rejoindre Tunis-El Aouina, où stationne le I/33. Il y effectuera quelques vols de transformation sur Amiot 351/354 avant de participer à deux missions aux côtés d’un ancien, dans des conditions d’inconfort remarquables car l’avion, conçu pour quatre personnes, peine à en accommoder cinq. Enfin, il sera intégré à un équipage, avec la pleine responsabilité de sa navigation, aux premiers jours de janvier.

* * *

16 janvier 1941
Alger – Séance d’investiture du nouveau gouvernement Reynaud
Une quarantaine de parlementaires, parmi les plus jeunes, portent l’uniforme. Le kaki domine, mais, dans le public huppé qui se bouscule à la tribune, on ne manque pas de remarquer le bleu Louise du lieutenant Mendès-France. Cependant, les journalistes s’apprêtent davantage à gloser sur la peau sombre de Gaston Monnerville, lui aussi vêtu de bleu, superbe dans sa tenue d’officier de Justice de la Marine , vivant symbole de l’égalité et de la fraternité républicaines.

* * *

17 janvier 1941
Alger
Évidemment reconduit dans ses fonctions de ministre de la Défense nationale et de la Guerre par Paul Reynaud, le général de Gaulle a convoqué ce soir dans son bureau le lieutenant Mendès-France. Signe sans équivoque de l’importance de la réunion, Dominique Leca, directeur de cabinet du président du Conseil, et Georges Boris, “DirCab” du Général, assistent à l’entretien.
– Lieutenant, attaque de Gaulle, le Président du Conseil et moi-même sommes d’accord. Nous avons besoin de vous, et tout de suite. Vous n’êtes pas sans savoir que les portefeuilles techniques qui dépendent de mon ministère n’ont pas encore été pourvus. Votre place est à l’Air, dont vous saisissez, mieux qu’un autre, l’importance en ces moments tragiques. Votre ami Boris a préparé la décision qui vous placera en position de disponibilité. Je vais la signer à l’instant. Monsieur Leca la portera au Président du Conseil qui l’entérinera et annoncera votre nomination. Le décret paraîtra demain à l’Officiel.
– Mais, mon général…
– Il va de soi, Monsieur le ministre, que nous mettrons un avion à votre disposition pour aller régler votre départ du GR I/33 à Tunis.
PMF se raidit : « Je crains que vous m’ayez mal compris, mon général. J’espère, il est vrai, me rendre au plus vite à Tunis. Mais ce sera seulement pour y reprendre ma place dans mon Groupe, à mon rang et à mon grade, et recommencer à voler dès après-demain. Mes camarades m’attendent. Si je les laissais tomber pour accepter un maroquin, je trahirais la confiance qu’ils m’ont accordée. D’une certaine façon, c’est aussi à l’encontre de la Patrie que je me rendrais coupable de trahison. Je suis prêt à obéir aux ordres de mes chefs pour le succès de nos armes, le bien du service et la gloire de notre pays. Jusqu’au sacrifice suprême, s’il le faut. Mais je ne veux pas faire la guerre dans un bureau. »
Le général de Gaulle n’aime guère qu’on lui tienne tête. Son agacement transparaît. Il écrase énergiquement la Players qu’il achevait de fumer :
– Allons, lieutenant. Abandonnez à d’autres le plaisir de se faire tuer au champ d’honneur. Pour ça, nous avons bien assez de volontaires. En dépit des apparences, nous avons assez d’officiers pour conduire nos troupes. Mais d’hommes capables de prendre en charge un département ministériel essentiel dans une période de crise, admettez que nous n’en avons guère de disponibles, ni ici, ni dans l’Empire.Vous, vous êtes de ceux-là. Prenez ce portefeuille, vous dis-je. C’est un ordre.
Un soupir échappe, malgré lui, à PMF : « Un ordre que vous pouvez rapporter, mon général ! Autorisez-moi, je vous prie, à vous dire pourquoi je ne puis obtempérer. »
Le Général soupire à son tour : « Je vous écoute. »
– Mon général, la presse américaine a reproduit des photos diffusées à dessein par les officines de Josef Goebbels… l’agence de presse nazie DNB, en l’occurrence… pour faire valoir la puissance de la Luftwaffe. Deux de ces photos représentaient Louviers, la ville dont j’étais le maire. Les bombardiers du maréchal Goering en ont rasé le centre.
– Eh bien ?
– Mon général, je pense aux malheureux survivants terrés dans les ruines comme des animaux, sous la coupe du prétendu maire nommé par Laval ou un autre fantoche. Et vous voudriez que je me contente, au soleil d’Alger, de commander un bataillon de fonctionnaires qui ne penseront bientôt qu’à aller manger des rougets et boire de l’anisette à Saint-Eugène, chez Carmen, et à se prélasser le dimanche sur les plages, à Pointe-Pescade ou ailleurs ? Vous souhaiteriez que je rejoigne la troupe de ceux qui ne voient le feu que dans la cheminée du bar de l’Aletti, où ils partagent le whisky des correspondants de presse anglo-saxons ou neutres ? Je les ai trop vus, ceux-là.
Si les ennemis de Charles de Gaulle, dans l’Armée et ailleurs, lui reprochent à l’envi ses décisions, nul ne l’a jamais taxé d’indécision. Dans le regard qui filtre sous ses lourdes paupières, l’agacement a été remplacé par l’estime. C’est cependant d’une voix à peine radoucie qu’il lance : « Ne croyez pas que, dans la situation où nous sommes, un ministre soit un embusqué ! Il serait plutôt en première ligne. Mais soit. Lieutenant, je vous accorde six mois pour jeter votre gourme et récolter à l’occasion quelques palmes que vos électeurs apprécieront à la Libération… si vous vivez jusque-là. Au 14 juillet prochain, fini le bal ! Vous serez mort ou ministre ! D’ici là, dites-vous qu’il y a de la vulgarité à vouloir conquérir la gloire ! »
– Mon général, je ne pensais qu’à mon devoir.
Mais De Gaulle pourrait ne pas avoir entendu : « La gloire, lieutenant Mendès-France, se comporte en fille des rues qui se donne au premier venu. Il n’y suffit, à l’habitude, que d’un peu de courage, parfois seulement de la discipline. L’État, lui, requiert de l’intelligence. Allez, lieutenant. À dans six mois. À vous revoir, j’espère ! »

* * *

20 février 1941
Tunis - El Aouina
Depuis début janvier, le lieutenant Mendès-France, navigateur-photographe, fait équipage avec le lieutenant Bernard Citroën, fils d’André Citroën et polytechnicien comme son père, pilote et chef de bord, le sergent-chef Albert Ramirez, pied-noir d’Oran engagé dans l’armée de l’Air au lendemain de Munich, radio mécanicien, et le caporal Alcide Hendoncq, un ch’ti d’Hénin-Liétard, mitrailleur arrière au canon de 20 mm. D’une famille de mineurs, jeune militant de la CGT, Hendoncq ne s’est pas caché d’avoir appartenu au Parti communiste jusqu’au Pacte germano-soviétique. Ramirez, lui, a regretté jusqu’à Munich de ne pas avoir rejoint un régiment de nationalistes en Espagne en 1936. Leurs différences d’accent et de vocabulaire leur rendent les conversations difficiles. Pourtant, aussi intarissables l’un que l’autre, ils ne cessent de parler politique – sauf à bord.
L’ordre de bataille du GR I/33 a attribué au lieutenant Citroën un Amiot 354, avec la dérive unique qui le différencie du 351 et qui fait un peu grimacer le mitrailleur. Citroën l’a aussitôt baptisé “Eau de Javel”, par fidélité à sa famille et à la marque “du quai de Javel” et, explique-t-il, « parce que l’eau de Javel nettoie tout, même le nazisme ! »
À 18h00 ce 20 février, “Eau de Javel” n’est pas encore rentré de sa mission : une reconnaissance à haute altitude au dessus de la poche de Solenzara réclamée par l’état-major. On l’attendait pour 17h30.
À 18 h 21, l’Amiot 354 survole El Aouina en battant des ailes, ce qui indique une panne totale de la radio. Il tire au passage deux fusées oranges, puis une bleue, pour annoncer à la tour de contrôle deux blessés et des difficultés de pilotage. On distingue à l’œil nu des trous dans les ailes et le fuselage. Bernard Citroën a réduit ses moteurs autant qu’il l’a pu, mais, à l’oreille, on perçoit que les hélices sont au grand pas. Deux fusées vertes lui répondent : il peut atterrir en priorité. Les deux camions des pompiers de la base sortent du hangar dans le hurlement de leur sirène, suivis de la grosse sanitaire Renault et de la Simca 5 du médecin. Le commandant d’El Aouina, le colonel Muhr, a sauté dans la 402 Peugeot dont son chauffeur lui ouvrait la portière.
Le lieutenant Citroën pose son avion volets rentrés, à moins de deux mètres du seuil de piste. Il coupe aussitôt ses moteurs, mais le 354 continue sur sa lancée. Il n’a plus de freins. Son pilote donne un peu de pied à gauche pour amener l’avion vers l’herbe du terrain, détrempé par les pluies d’hiver, avec l’espoir qu’il s’enlisera et s’arrêtera sans se mettre en pylône. Espérance en partie déçue : l’avion ne pique pas du nez, mais il fauche son train et se vautre dans la boue. On se précipite.
Les précieuses caméras sont intactes et emportées dans la minute à la remorque labo pour développement des photos. Mais Albert Ramirez est évanoui dans sa tenue de vol ensanglantée et Alcide Hendoncq, blanc de douleur derrière son canon, a une fracture ouverte du bras droit.
– On en a pris plein la figure, raconte Bernard Citroën. À notre arrivée sur la poche, on a constaté qu’il y avait trop de nuages pour photographier à haute altitude, alors on est descendu. C’est là qu’on s’est fait allumer par la flak, du 37 je pense. On a reçu un tas d’éclats dans tous les sens. C’est là que le sergent a été atteint. Mendès lui a fait un garrot, et il a continué son boulot comme il a pu, sans se plaindre, jusqu’à ce qu’il perde connaissance, alors qu’on était presque rentrés. Après, je croyais en être sorti, mais on a été pris en chasse par deux 110 hargneux. Hendoncq a fini par décourager le premier et l’a bien abîmé, quand il s’est enfui, il avait un moteur en feu ! L’autre s’est accroché. Il visait juste. C’est lui qui a amoché Hendoncq et un de ses obus a détruit mon tableau de bord. Soudain, plus de compas, plus d’horizon artificiel, et pas plus de badin que de vario ! La radio en carafe, bien sûr. Heureusement, le Boche a renoncé, il devait être à court d’essence, mais on était mal en point. On a dû régler les moteurs au son ! Les manettes des gaz fonctionnaient, mais je ne pouvais plus régler le pas des hélices. Je ne parle même pas de mon hydraulique.
– Comment être-vous rentrés?
– En serrant les fesses, mon colonel ! Et en priant pour que les moulins ne nous lâchent pas. A l’atterrissage, sans volets et sans freins, je me suis fait du souci et puis je me suis dit que nos anciens n’en avaient pas non plus… et ça s’est bien passé, je ne sais pas trop comment !
Je ne sais pas non plus comment Mendès a fait pour trouver les bons caps de retour. Il a un sixième sens !
– Voyez-vous, lieutenant, plaisante le colonel, les meilleurs avocats sont réputés pour ne jamais s’égarer dans la procédure. Ce doit être pareil pour la navigation aérienne !
Bernard Citroën sourit une fraction de seconde. Il reprend vite son air soucieux : « Je ne m’inquiète pas trop pour Hendoncq… Les mineurs, c’est solide et un bras cassé vaut mieux que la silicose… Ramirez, lui… »
– Une chance sur deux, glisse sombrement le médecin qui vient de donner les premiers soins aux blessés. Une sur deux, au mieux.
Le lendemain, par décision du commandement en chef de l’Armée de l’Air, la croix de guerre est attribuée aux quatre membres de l’équipage du pauvre “Eau de Javel”. De plus, le lieutenant Citroën est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. La citation de Pierre Mendès-France à cette occasion salue un « officier au courage et au sang-froid exemplaires, toujours volontaire pour les missions les plus difficiles. »
« Je crois que j’ai payé ma place » écrira un peu plus tard Mendès-France au capitaine de Saint-Exupéry, hospitalisé à Alger depuis le 16 février.


Dernière édition par Casus Frankie le Ven Juin 20, 2008 11:09; édité 1 fois
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Fantasque



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MessagePosté le: Ven Juin 20, 2008 10:33    Sujet du message: Répondre en citant

SUPERBE

(quant à la citation de De Gaulle, si elle est apocryphe, elle vaut du Alfred de Vigny).

F
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Ven Juin 20, 2008 14:12    Sujet du message: À la manière de Répondre en citant

L'aphorisme est tout ce qu'il y a d'apocryphe.
Voulez-vous une autre citation, non moins inventée, extraite des Mémoires de Guerre (T. 1 Le Sursaut):
"Nul ne discernait mieux que Paul Reynaud les fondements de la relation des deux pays, mais le système, les routines et cette sorte de prééminence reconnue à Londres lui avaient interdit jusqu'alors une politique conforme à l'honneur, au rang et à l'intérêt de la France".
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juin 20, 2008 14:24    Sujet du message: Répondre en citant

Il faudra la placer !
plutôt tome II, L'Union
au moment où il devient président du conseil,
etrevient sur la politique de son prédécesseur
avec juste un bémol : "une politique conforme au rang et à l'intérêt de la France"
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Casus Frankie

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Menon-Marec



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MessagePosté le: Ven Juin 20, 2008 16:35    Sujet du message: Et si on parlait un peu de Daladier? Répondre en citant

1) Objection! La citation figure bien dans Le Sursaut. Elle concerne, tout le monde l'a compris, l'état de la relation France - États-Unis au moment où Paul Raynaud, rééditant l'opération réussie par Churchill avec Lord Halifax, peut expédier Daladier à Washington comme ambassadeur - à l'automne 1941, par exemple - et faire d'une pierre deux coups: placer auprès de Roosevelt et du Département d'État une personnalité de premier plan mais mettre un rival en situation d'infériorité.
2) Ne me supprimez pas l'honneur! Sinon, que deviendrait le rythme ternaire indispensable à la prose et à l'éloquence gaulliennes?
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
PS. On remarquera que, mine de rien, l'air dégagé et l'œil candide (toujours le rythme ternaire), j'ai hasardé comme une suggestion...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juin 20, 2008 18:32    Sujet du message: Répondre en citant

Bon.
Ben il ne reste plus à Menon-Marec, notre correspondant auprès du corps diplomatique français, qu'à nous écrire la note Chrono correspondant à la nomination de Daladier en 41, on verra... Wink
(Pas trop tôt en 41 quand même.)
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Martel



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MessagePosté le: Sam Juin 21, 2008 11:31    Sujet du message: A defaut de la gare de limoges...ambassadeur Répondre en citant

Bonjour,

Daladier ambassadeur,...pourquoi pas.

Ses relations avec Reynaud sont toujours probablement exécrables.
De ce fait, pensez vous qu'il accepte vraiment de quitter le microcosme politique...et même si le rôle des parlementaires est limité, il reste le faiseur de majorité avec blum de la nouvelle assemblée...


De plus, il nous faudra choisir, on a plutôt un trop plein d'ambassadeurs auprès du gouvernement US sur la période, Saint léger, Darlan...

Bon WE

MArtel
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Sam Juin 21, 2008 14:15    Sujet du message: Les deux Édouard Répondre en citant

Je suis sensible à l'argument.
Mais il me semble qu'à la mi-41, au moment où Reynaud initie sa manœuvre, Daladier, de plus en plus plombé par Munich - comme il le sera en OTL après la Libération, malgré sa déportation en Allemagne - est encore écouté mais guère plus entendu. Dans la "guerrre des deux Édouard", c'est Herriot qui a le dessus. Le jeune Edgar Faure, passé par l'Espagne pour rejoindre Alger et surnuméraire au cabinet d'Herriot à la présidence de l'Assemblée, a déjà décerné à Daladier l'épithète immortelle de "roseau peint en fer".
Bref, Daladier a compris, avec regret, qu'il sera mieux qu'à Alger à un poste prestigieux où il peut espérer regagner quelque influence, et où il remplacera Alexis Léger que de Gaulle, sans le nommer, vise en critiquant "la routine, le système et cette sorte de prééminence reconnue à Londres". Rue Michelet comme au bord de la Seine, il y a des "pesanteurs sociologiques" poropres à la diplomatie française. On peut en discuter, bien entendu.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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Martel



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MessagePosté le: Mar Juin 24, 2008 21:01    Sujet du message: Saint édouard chasse Saint john... Répondre en citant

Donc si je résume :

1) Saint léger est envoyé au Etats-Unis FTL pour à la fois renforcer notre présence auprès des américains par une figure connue et qui représente la contuniuté de la France en exil, mais aussi qui permet à Reynaud de mettre ses hommes au Quai d'Orsay

2) Idem pour Edouard Daladier qui sentant "le roussi" est peu à peu remplacé par Eouard Herriot ( qui est en FTL ce qui s'apparente le plus à un opposant à la nouvelle constitution ) en un retour de balancier dont l'histoire politique est coutumière
En butte à l'hostilité de Reynaud de Mandel ( cf le mode de scrutin voté en 1939 à la proportionnelle pour les législatives et qui est fortement rejeté par Mandel), De Gaulle ( Daladier a été le protecteur de Gamelin et de quelques vieilles badernes ) et d'une partie des élus radicaux, plombé par Munich, Le taureau du vaucluse peut être tenté d'aller se désaltérer sur les bords du potomac.

3) Que faire de Saint John ?

Participer à la création de l'ONU avec Cassin par exemple

Merci de vos commentaires

Martel
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Mar Juin 24, 2008 22:51    Sujet du message: Édouard et Alexis Répondre en citant

Entièrement d'accord avec votre 1 et votre 2. Il est clair qu'on ne peut pas se débarrasser sans autre forme de procès de deux hommes aussi importants - et qui font les importants - qu'un ancien président du Conseil, co-leader, de surcroît, d'un parti-clef de la majorité parlementaire, et du secrétaire général du Quai d'Orsay. Ils conservent de l'influence et des amis, voire des réseaux. Il n'est envisageable ni les sahariser ni les gouliminer comme des généraux de base. Il y faut des formes.
Il se trouve, par ailleurs, que l'un et l'autre peuvent répondre, dans la conjoncture du moment (automne 40 pour l'un, fin 41 pour l'autre), aux attentes des Américains, qui perçoivent mal les véritables équilibres des force politiques françaises. N'oublions pas qu'en OTL, ils ont joué le mauvais cheval avec une belle continuité.
Je pense personnellement que votre 3 est encore trop beau pour SJP. Ou, plus exactement, qu'on ne lui accordera un poste éminent dans la mise sur pied de l'ONU qu'à la fin 43, après deux tournées successives d'inspection des postes diplomatiques. Ce sera, si nos hautes autorités en sont d'accord, son saharage à lui.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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Cornelis



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MessagePosté le: Mar Juin 24, 2008 23:04    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir.

Je reviens sur des obsessions personnelles pour caser notre Saint-Léger-Léger : l'Europe !

En effet, comme bras droit de Briand, Léger a une certaine aura dans les milieux européistes (c'est lui qui a écrit le mémorandum de 1930 sur les "États-Unis d'Europe". Si on prend l'hypothèse d'un démarrage précoce des concertations européennes, dans la continuité des initiatives d'avant-guerre, il pourrait tout-à-fait en être le responsable côté français, avant d'être mis sur la touche par Monnet ou Schuman. Mais, comme pour l'ONU ce n'est pas avant fin 42.
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