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1940 - La France continue la guerre
 
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DMZ



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MessagePosté le: Lun Mar 26, 2018 14:31    Sujet du message: Répondre en citant

On pourait transcrire cet effet sonore dans le texte par quelque chose comme :
Citation:
Soudain, une impressionnante gerbe de terre s'éleva vers le ciel en grondant, suivi d'un sifflement caractéristique puis d'une autre détonation beaucoup plus lointaine. Le sol fut secoué. À des dizaines de mètres, les pierres sautèrent hors de leur gangue de boue gelée et retombèrent comme une mitraille de grêlons. Un épais nuage de poussière et de fumée se gonfla en tourbillonnant, chassant devant lui un air aux relents de poudre brûlée.
Un tir d'artillerie...


Citation:
Maiheuuuuuuuuuuu !
Avec votre réalisme à tout crin vous me coupez toutes mes envolées lyriques...

Au risque de paraître un peu lourd, je dirais qu'en mode supersonique ça ferait plutôt : "Uuuuuuuuuuuehiam !" Wink Arrow
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FREGATON



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MessagePosté le: Lun Mar 26, 2018 15:07    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:

...(avec l'accent provençal à la Pagnol) Frégaton, tu me fend le cœur !


Bon, pour me faire pardonner, j'ai illustré ton précédent post avec un SM-84 et un JRS-79B aux couleurs roumaines dans la galerie ad-hoc... Wink voilà, voilà Embarassed

http://1940lafrancecontinue.org/images/?q=image/602-1943-savoia-marchetti-sm-84-ftl

http://1940lafrancecontinue.org/images/?q=image/601-1942-iar-jrs-79b-ftl
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.


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Imberator



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MessagePosté le: Lun Mar 26, 2018 15:14    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
Sinon, j'ai déjà commencé à travailler sur le siège. Et... ne vous attendez pas à une longue résistance des Roumains.

Oui ! Oui ! La Suite !

Et ne sous-estimons pas outre mesure nos amis Roumains. Ils manquent certes de moyens, mais pas de courage.
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Etienne



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MessagePosté le: Lun Mar 26, 2018 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

Ils sont fous, ces Roumains.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mar 26, 2018 17:26    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
Anaxagore a écrit:

...(avec l'accent provençal à la Pagnol) Frégaton, tu me fend le cœur !


Bon, pour me faire pardonner, j'ai illustré ton précédent post avec un SM-84 et un JRS-79B aux couleurs roumaines dans la galerie ad-hoc... Wink voilà, voilà Embarassed

http://1940lafrancecontinue.org/images/?q=image/602-1943-savoia-marchetti-sm-84-ftl

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Merci
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Imberator



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MessagePosté le: Mer Mar 28, 2018 17:20    Sujet du message: Répondre en citant

Petite question :

Odessa est encerclée, emprisonnant déjà virtuellement nombre de soldats roumains. Est-ce que, comme OTL avec Stalingrad, la Luftwaffe mettra en place un pont aérien de grande ampleur (encore que bien insuffisant historiquement) pour soutenir ici une force alliée apparemment condamnée (et sans doute sacrifiable du point de vue de Berlin) ou se contentera-elle de quelques actions symboliques ?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mer Mar 28, 2018 18:28    Sujet du message: Répondre en citant

OTL, Pendant le siège de Stalingrad, une unité roumaine fut encerclée. les Allemands la laissèrent crever...
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DMZ



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MessagePosté le: Mer Mar 28, 2018 18:31    Sujet du message: Répondre en citant

Avec le dégel, les interventions d'appareils lourds (voire même des chasseurs) vont devenir rarissimes. Le temps que l'EM décide de la priorité, je doute que le parachutage de munitions soit encore d'actualité. Y aura t'il d'ailleurs un siège assez long pour avoir une vraie pénurie ?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mer Mar 28, 2018 18:39    Sujet du message: Répondre en citant

Les Roumains manqueront d'hommes avant de manquer de cartouches.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Mar 31, 2018 14:04    Sujet du message: Répondre en citant

rien le 8, 9 mars

10 mars

Inquiet, Dimitri Aksonov regarda sa montre pour la troisième fois.
Il était 9h 20....
Aucun bruit de moteurs dans le ciel et, dans ses jumelles, le secteur des tranchées roumaines était calme... trop calme... Même si c'était un cliché rebattu, le fait était là, il régnait un silence électrique sur le champ de bataille, comme à l'approche d'un orage. Le colonel Poulounine lui avait transmis ses ordres, attaque générale à 9h00, directement après un bombardement d'aviation destiné à "affaiblir les positions adverses et désorganiser la défense" pour citer son supérieur.
Excellent plan... en théorie... seulement les bombardiers n'arrivaient pas et le capitaine Aksonov se demandait ce qu'il était supposé faire.
- Camarade Ieletcheva, je vous laisse quelques instants, prévenez-moi s'il y a du nouveau !
La jeune femme salua.
- Oui, camarade capitaine.
Aksonov partit courbé en deux, quittant l'abri de la barricade de sacs de sable pour courir en direction d'un bunker rapidement érigé avec les moyens du bord. L'endroit hébergeait le caporal Stepanovna. La chouette - comme on la surnommait- se trouvait assise à une table bancale, les écouteurs sur les oreilles, occupée à retranscrire d'une écriture nerveuse les messages qui transitaient par l'éther.
- Vous recevez quelque chose ?
Surprise, la jeune femme fit un véritable bond, avant de mettre la main sur son cœur.
- Ca... camarade... capitaine ? Ne surgissez pas comme ça à l'improviste !
Dimitri Aksonov retint une imprécation.
- Je peux difficilement frapper à une porte inexistante ! Avez-vous des nouvelles du commandement ?
Tatiana Strepanovna jeta un regard sur les papiers épars autour d'elle...
- Il y a un émetteur de brouillage... la seule chose que je reçois clairement c'est les émissions de l'émetteur de propagande de Kursk ! (1) Toutefois, il n'y a aucun message à notre indicatif (2).
Agacé, le capitaine Aksonov retourna à son poste de commandement. Le silence continuait à régner sur les lignes des ennemis, qui se regardaient en chien de faïence. Situation d'autant plus étrange que le bruit lointain de canons retentissait, signe de violents affrontements conduits plus à l'ouest.
Finalement, le caporal Strepanovna quitta sa casemate avec une feuille de papier. Il s'agissait d'un ordre de Poulounine : " Bombardiers non-disponibles, assaut repoussé à 10 heures".

10 heures

Le sergent-chef Darya Ieletcheva regarda la trajectoire de la fusée avant qu'elle ne détonne en plein ciel. Ce signal déclencha l'assaut.
Comme les autres soldats soviétiques, Ieletcheva surgit des trous individuels creusés dans la nuit, tandis que blindés et automitrailleuses s'ébranlaient autour d'eux. L'objectif était le bourg de Sverdlovo.
Seulement...
La vague de fantassin entra dans un enfer. L'artillerie ennemie se déchaînait, un roulement ininterrompu d'explosions. Des gerbes de Shrapnells hachaient le sol et... la chair.
Les formations des soviétiques se désagrégèrent. Ieletcheva sauta à l'abri dans un cratère d'obus encore fumant et se recroquevilla tandis que l'orage de fer et de poudre s'acharnait sur la vague d'assaut.
Il était impossible d'avancer !
Cela dura une éternité... d'un quart d'heure (d'après sa montre). Puis, un silence relatif s'abattit sur le champ de bataille.
Darya osa se redresser.
Transformés en torches, plusieurs blindés brûlaient... entourés de cadavres. Les survivants de l'attaque commencèrent à sortir de leurs trous et à se rassembler. Seulement, à ce moment les fumées qui stagnaient s'étaient assez dissipées. En face, les Roumains attendaient l'effet produit par leur artillerie.
Mitrailleuses et mortiers se mirent à cracher. Le sergent Ieletcheva se réfugia derechef dans le cratère qu'elle venait juste de quitter tandis que les batteries - soviétiques cette fois - prenaient les lignes roumaines dans une riposte rageuse.
Profitant de ce soutien, les survivants de la première vague refluèrent vers leurs positions de départ, incapables de s'accrocher à un terrain aussi sévèrement battu par les armes ennemies.

Il y eut un assaut monté à quelques kilomètres sur la droite par une autre unité de 51ème armée. Les soldats soviétiques cherchèrent à percer plus à l'est, vers Petrovka. L'assaut reçu un même accueil d'artillerie. Là aussi, l'échec fut total et les pertes sans doute élevées.
Finalement, en début d'après midi, Tatiana Strepanovna abandonna à regret sa chère radio pour porter un message décodé. Il s'agissait des nouveaux ordres de Poulounine : " Attaquez à quinze heures après la troisième vague de bombardiers".
Cette fois, les avions vinrent à l'heure prévue. Seulement... aucune bombe ne tomba sur les lignes roumaines (3). Les ordres étaient les ordres... Le capitaine Aksonov tira une fusée écarlate vers le ciel pour voir - une troisième fois - l'artillerie roumaine briser l'offensive soviétique.



(1) L'émetteur de propagande de Kursk (il est en fait à Kuybyshev/ kuibyshev - l'actuelle Samara) est plus connu sous son nom de code "objet n°15". Il s'agit d'une très puissante radio. En fait, au moment de sa mise en service en 1942, c'était la première station radio au monde en termes de rayonnement. Faute de tubes radio assez performant, dans les années 30, les émetteurs n'avaient qu'une puissance de 20 à 30 Kw. On mettait donc plusieurs tubes en parallèle pour atteindre 100 kilowatts. Seulement les Soviétiques avaient la folie des grandeurs et voulaient atteindre 1 mégawatt ! Les ingénieurs de l'époque ont résolu ce problème en créant le "Grand Komintern" une station formée de six émetteurs couplés, atteignant 200 à 300 kilowatts. L'objet 15 émettait à destination de l'Europe occupée et l'Allemagne proprement dite. Radio-Moscou - le célèbre émetteur de propagande de la Guerre Froide- était aussi un "Grand Komintern" d'une puissance de 500 kilowatts.
Note : toutes les informations sont OTL, sauf l'année de mise en service qui est de 1943 OTL.

(2) Les Soviétiques sont moins avancés que les Allemands (Enigma) ou les Japonais (Purlple) en matière de machine de codage/décodage. Toutefois, les ordres sont envoyés en morse en utilisant un code chiffré. Chaque unité est identifiée par un indicatif qui est lui-même une suite de chiffres. Seul celui-ci est émis en clair, de manière à facilement reconnu par l'unité auquel il correspond. Le radio se sert ensuite d'une machine pour transformer la suite de chiffres en ordre intelligible. Il est à noter que les codes Soviétiques avaient été cassés par les renseignements alliés au cours de la guerre.

(3) Nouvel exemple de communication soviétique inter-arme déficiente, les VVS ont bombardé le port d'Odessa... sans causer de gros dégâts et ce au prix de lourdes pertes.
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Dernière édition par Anaxagore le Sam Mar 31, 2018 20:43; édité 1 fois
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Mar 31, 2018 17:06    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Profitant de ce soutien, les survivants de la première vague refluèrent vers leurs positions de départ, incapables de s'accrocher à un terrain aussi sévèrement battu par les armes ennemies.

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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Avr 01, 2018 14:24    Sujet du message: Répondre en citant

11 mars

La compagnie d'Aksonov jouissait d'une journée de repos relatif, après les combats de la veille, vu qu'elle avait été placée en pointe au cours de deux des trois assauts de la 51ème armée. Cela dit, les soldats restaient en réserve, à disposition pour une éventuelle exploitation. Assis autour de feux de camp, leurs armes et leurs paquetages à portée de main, les vétérans sommeillaient. C'était un talent assez courant chez ceux qui avaient passé assez de temps au feu. Toujours épuisés, ils développaient la capacité de dormir n'importe où comme d'ailleurs de ne pas dormir pendant deux ou trois jours. Il faut dire que l'ordre "En avant" était sans doute le plus couramment entendu dans l'Armée Rouge. Pour satisfaire Moscou, il fallait toujours avancer, toujours attaquer sans temps mort !
Quant aux soldats arrivés récemment sur le front, certains tournaient en rond, d'autres patientaient nerveusement. Ils écoutaient et parfois regardaient le ciel. Il y avait beaucoup à entendre. Ces canons qui tonnaient et ceux qui ripostaient, sur qui tiraient-ils ? Et ces avions dont les moteurs retentissaient ? Amis ou ennemis ?
Ils enviaient parfois le fatalisme de leurs aînés... enfin, leurs aînés... ils avaient souvent le même âge, disons plutôt leurs camarades plus expérimentés. Cependant, ils ne le comprenaient pas vraiment. Avec un peu de pitié, le sergent-chef Ieletcheva abandonna l'idée de leur expliquer que les obus vont plus vite que le son. Ceux que l'on entend, par un bizarre paradoxe, appartiennent au passé.

Contrairement à ses hommes, Dimitri Aksonov ne pouvait pas s'offrir le luxe de dormir. Il avait du travail. Parce que la guerre est aussi une bureaucratie, il lui fallait compter les morts de l'engagement d'hier, demander de nouvelles fournitures et le remplacement de tout ce qui avait été abimé... y compris le matériel humain.
C'est peut-être là que le stalinisme marquait le plus l'armée soviétique. Pour les pertes, il suffisait généralement de les signaler. Aksonov n'avait jamais eu de problème pour avoir perdu des hommes. Vu qu'il était assez estimé de ses supérieurs, y compris le Politrouk (1) du régiment, il n'en avait jamais eu non plus pour... ne pas en avoir assez perdu ! Parce que tout officier qui ménageait ses hommes pouvait être qualifié de traître ou de lâche ! Ce dernier aurait alors de la chance d'être seulement affecté à un poste punitif... certains étaient envoyés en "rééducation avec interdiction de communiquer avec la famille" euphémisme stalinien cachant une exécution.
Inversement, l'administration militaire était incroyablement pointilleuse lorsqu'il s'agissait de matériel détruit ou endommagé. Il fallait justifier de tout sous peine d'être accusé de sabotage ! La vie de l'équipage d'un char avait moins de valeur que celui du tank qu'ils conduisaient. Cela expliquait en partie les pertes et le manque de qualification des soldats des unités mécanisées. De peur d'être accusé de trahison, les tankistes restaient dans leur machine endommagée, encore plus terrorisés par les sanctions possibles - qui pouvaient être appliquées à leurs familles ! - que par l'ennemi. Ils mourraient souvent alors qu'ils auraient pu fuir.
Le stalinisme militaire reposait sur l'idée qu'un soldat qui avait plus peur de ses supérieurs que des fascistes serait plus facilement prêt à mourir pour le communisme.
En fait, cela conduisait à sacrifier inutilement des soldats avant qu'ils ne gagnent l'expérience. Seulement... le stalinisme était par essence hostile à la création d'une"élite", forcément subversive, vu que son expérience lui permettait de réfléchir par elle-même. La logique du stalinisme était celle du nombre. Cela ne passe pas ? C'est que vous êtes un lâche ou un traître ! Attaquez encore, les soldats devraient être heureux de mourir pour la glorieuse Union Soviétique et du secrétaire général Joseph Staline ! Aksonov doutait que ceux qui donnaient des consignes de ce genre croyaient eux-mêmes à ce qu'ils disaient. Qui pouvait sérieusement croire qu'il suffisait d'être un bon communiste pour remporter des batailles ? Toutefois, du dernier des soldats au plus gradé des généraux tout le monde vantait les mérites du soldat communiste sur l'adversaire fasciste - forcément inférieur - que ça soit sans cesse contredit dans les faits n'y changeait rien. Tout ce qui pouvait être assimilé à un discours critique au régime, même au nom de la tactique ou du bon sens le plus élémentaire, pouvait vous envoyer au goulag.
C'était une logique terrifiante et, comme à Kobleve, Aksonov commandait une unité auquel il était demandé d'attaquer de front une position fermement défendue où l'adversaire était en position de supériorité.
Le vacarme incessant des deux artilleries pilonnant les positions et cherchant à faire taire les canons d'en face montrait l'inhumanité du stalinisme. Combien de morts pour rien... juste pour obéir ?

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JPBWEB



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MessagePosté le: Lun Avr 02, 2018 03:04    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:

Le stalinisme militaire reposait sur l'idée qu'un soldat qui avait plus peur de ses supérieurs que des fascistes serait plus facilement prêt à mourir pour le communisme.
En fait, cela conduisait à sacrifier inutilement des soldats avant qu'ils ne gagnent l'expérience. Seulement... le stalinisme était par essence hostile à la création d'une "élite", forcément subversive, vu que son expérience lui permettait de réfléchir par elle-même. La logique du stalinisme était celle du nombre. Cela ne passe pas ? C'est que vous êtes un lâche ou un traître ! Attaquez encore, les soldats devraient être heureux de mourir pour la glorieuse Union Soviétique et du secrétaire général Joseph Staline ! Aksonov doutait que ceux qui donnaient des consignes de ce genre croyaient eux-mêmes à ce qu'ils disaient. Qui pouvait sérieusement croire qu'il suffisait d'être un bon communiste pour remporter des batailles ? Toutefois, du dernier des soldats au plus gradé des généraux tout le monde vantait les mérites du soldat communiste sur l'adversaire fasciste - forcément inférieur - que ça soit sans cesse contredit dans les faits n'y changeait rien. Tout ce qui pouvait être assimilé à un discours critique au régime, même au nom de la tactique ou du bon sens le plus élémentaire, pouvait vous envoyer au goulag. C'était une logique terrifiante et, comme à Kobleve, Aksonov commandait une unité auquel il était demandé d'attaquer de front une position fermement défendue où l'adversaire était en position de supériorité. Le vacarme incessant des deux artilleries pilonnant les positions et cherchant à faire taire les canons d'en face montrait l'inhumanité du stalinisme. Combien de morts pour rien... juste pour obéir ?


Cette attitude est hélas un héritage direct de la Russie impériale, et des guerres ‘industrielles’ de 1904-5 et 14-18. La Russie était un pays essentiellement rural, et le matériel humain était pour l’essentiel constitué de paysans illettrés et d’ouvriers peu qualifiés, un peu comme la France de 1914, ou celle de la Révolution (‘La Patrie en Danger’) dans une certaine mesure, avec pour conséquence de recourir à des vagues humaines et de gros bataillons en ordre serré, les seules formations que des officiers trop peu nombreux et eux-mêmes assez peu expérimentés et insuffisamment qualifiés étaient capables de maitriser. Par contre, dans l’armée du Tsar, ce qui comptait le plus, c’était le matériel, et tout particulièrement les canons, de sorte que les commandants de batteries d’artillerie avaient pour premier souci de préserver la sécurité de leurs pièces, quitte à froidement abandonner l’infanterie en attelant les pièces et en décampant prestement au lieu de lui apporter tout le support requis face à un assaut ennemi. Ce n’était pas particulièrement de la lâcheté (la retraite d’une batterie d’artillerie sous le feu de l’ennemi est un sport très dangereux), mais simplement l’application de la doctrine que, pour la Russie, les canons (et accessoirement leurs servants) sont beaucoup plus difficiles à remplacer que les trouffions.

Mais il n’y a pas que dans l’armée russe que la comptabilité du matériel prend les proportions d’un culte satanique. Il y a l’histoire (peut-être apocryphe) de ce canonnier britannique (en Inde, je crois, lors de la Revole des Cipayes), qui avait défendu sa pièce en faisant des moulins avec son écouvillon, jusqu’à le briser sur la tête d’un assaillant avant de l’embrocher avec le moignon du manche. Il a été décoré pour ce fait d’arme héroïque, mais aussi facturé pour le remplacement de son écouvillon.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Avr 02, 2018 09:39    Sujet du message: Répondre en citant

JPBWEB a écrit:
il n’y a pas que dans l’armée russe que la comptabilité du matériel prend les proportions d’un culte satanique

J'avoue avoir eu une crise de fou rire en imaginant le personnel de mon administration locale en train de préparer une messe noire.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Avr 02, 2018 10:38    Sujet du message: Répondre en citant

Nos amis anglais ont toujours souhaité, avec beaucoup d'arrogance, mener des guerres coloniales à l'économie. Qui se souvient que, durant la guerre zoulous, les fantassins britanniques étaient approvisionnés à 7 cartouches et faisaient la queue au camion de munitions comme d'autres au Self-service ?
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