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1940 - La France continue la guerre
 
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La Belgique dans la guerre
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loic
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Inscrit le: 16 Oct 2006
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MessagePosté le: Ven Mar 09, 2007 19:04    Sujet du message: Répondre en citant

Cool, je vais rectifier l'annexe 40-4 dès que possible Smile
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
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folc



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MessagePosté le: Ven Mar 09, 2007 20:10    Sujet du message: Armement des Potez 631 Répondre en citant

Il flotte dans mes souvenirs la mention du fait que, faute de canons de 20 mm disponibles, l'armement des Potez a souvent été réduit à 1 canon sur les 2 prévus.
Peut-on penser que, en FTL, on ait pu les mettre aux standards prévus ??
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Fantasque



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MessagePosté le: Lun Mar 12, 2007 09:17    Sujet du message: Répondre en citant

En fait, les équipages démontaient un des deux canons des Potez-631 pour gagner en vitesse ascensionnelle. Toujours le problème de la sous-motorisation des Potez.
F
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Fantasque
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loic
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MessagePosté le: Lun Mar 12, 2007 11:50    Sujet du message: Répondre en citant

Fantasque a écrit:
je propose donc de faire passer 40 avions en AFN comme prévu plus 25 en Corse au 21 juin ce qui laisserait 57 Potez 631 en Métropole + 32 Potez 630.
Sur la base de ces 88 appareils au 21 juin, on peut estimer au 10 juillet qu'il en reste environ 60 en état de vol, répartis sous la forme de 20 à Marignane, 20 à Nimes et 20 à Toulouse. le problème majeur est d'ailleurs plus le manque d'eefctifs des ECN que le manque d'avions.


112 Potez 631 en Métropole - 25 pour la Corse - 40 pour l'AfN = 47 (et non pas 57), à ajouter au 32 Potez 630. Soit 79 avions comme pool de départ (et non pas 88).
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 14:26    Sujet du message: Répondre en citant

Petite question: je suis en train de finaliser l'évacuation des Belges de France. Je me demandais que faire du mgnifique Baudouinville, une des malles du Congo de 11700 tonneaux. A en juger par la compariason avec le Léopoldville, on pourrait l'utiliser comme navire de transport, avec une capcité de près de 3.000 hommes. Historiquement, il avait été saisi par les Allemands à Bordeaux et transformé en navire-hôpital. Pour garder l'équilibre, je pourrais le faire couler lors des opérations d'évacuation en août à partir des ports du sud-ouest, ou je peux aussi le sauver. Des préférences à ce sujet?
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Pontus



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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 15:36    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,
j'ai noté que bon nombre de Belges servaient dans le légion étrangère en 1940 (150 hommes dans la seule 13eDBLE).
Est-ce que le gouvernement belge va réclamer ses citoyens, comme cela s'est passé pendant la grande guerre ?
Il y a là bon nombre de cadre et de combattant entrainés.
Pontus
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"Tant que le militaire ne tue pas, c'est un enfant.
On l'amuse aisément. N'ayant pas l'habitude de penser, dès qu'on lui parle il est forcé pour vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants." Céline
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 16:52    Sujet du message: Répondre en citant

Petite "belgerie" pour l'opération Torch.

23 septembre 1942
« Dans la nuit tiède de ce mois de septembre sicilien, me voici fonçant à toute allure dans une jeep de fabrication américaine sur la route côtière de Licata à Ribera. Avec son accent wallon rustique, mon chauffeur me parle du mélange d’enthousiasme et d’appréhension qui anime les braves soldats de notre 1e brigade blindée. Voilà deux ans que certains d’entre eux s’entraînent pour ce moment historique, où une grande unité belge reprend enfin part au combat en Europe. On les sent pleins de fierté, décidés à honorer la mémoire héroïque de leurs camarades du Fort de Tancrémont, dont leur unité porte le nom. J’ai raconté à mon chauffeur comment j’avais eu l’idée de cette appellation lors d’un entretien avec le Lieutenant-Général Wibier à Alger il y a quelques mois.
Vous ai-je déjà parlé de Jean-Baptiste Piron, qui commande cette brigade ? J’ai pu glaner quelques renseignements chez cet homme taiseux quelques jours avant la traversée, à l’occasion de sa promotion au rang de Colonel. Ce solide gaillard, né en 1896 à Couvin, près de la frontière française, est accepté à l’Académie Militaire en 1913, alors qu’il n’a encore que 17 ans. Il fait la Grande Guerre avec distinction, recevant son baptême du feu le 18 août 1914 au combat d’Hautem-Sainte-Marguerite. Il combat dans les tranchées de l’Yser, au 2e puis au 22e Régiment de Ligne, et son courage lui vaut la Croix de Guerre le 14 février 1917. Rendu inapte à l’infanterie suite à une appendicite, notre obstiné couvinois choisit de reprendre le combat dans l’aéronautique, où il sera blessé. Il termine la guerre à 22 ans, comme le plus jeune Capitaine de l’armée belge. Pendant la Campagne des Dix-huit Jours, il est sous-chef d’Etat-major dans le 5e Corps d’Armée. Emmené en captivité par les Allemands, il s’échappe d’un camp de prisonniers à Aix-la-Chapelle. Animé comme personne par l’esprit de résistance, Piron commence alors un long périple de huit mois à travers la France, l’Espagne et Gibraltar, pour rejoindre les Forces belges en Afrique du Nord. Il débarque à Alger le 10 octobre 1941, et se met aussitôt à la disposition des autorités militaires belges. Son curriculum et son sens de l’organisation et de la discipline le font remarquer, et il prend en charge l’instruction de la 1e Brigade Blindée en voie de reconstitution. Qu’en pensent ses hommes ? Difficile à dire : il fait l’objet d’une dévotion religieuse de la part de certains, là où d’autres lui reprochent une froideur extrême. On raconte qu’en inspection à la fin de manœuvres particulièrement pénibles dans le désert du sud tunisien, il a émis plusieurs remarques sur des souliers mal entretenus et des boutons manquant aux uniformes.
Mais revenons à notre récit. Les troupes belges ont débarqué tout au long de la journée à Licata, pas tout-à-fait l’endroit prévu initialement. Les Britanniques ont eu la délicate attention de nous faire faire la traversée depuis Bizerte à bord du « Prince Léopold », une des malles de la Manche que nous leurs avons cédées pour conversion en transport de troupes - un navire belge pour des troupes belges, quoi de plus normal ? Nos chars et leurs équipages étaient transportés par un navire américain, ces chars qui nous ont tellement manqués il y a deux ans par l’impéritie de notre Gouvernement qui y voyait une arme offensive inappropriée pour un pays neutre !
En chemin, on entend derrière nous les puissants canons de l’artillerie navale assommer les défenseurs italiens. Arrivés à hauteur de Porto Empedocle, j’entrevois sur la voie ferrée en contrebas de la route deux trains blindés complètement ravagés par les obus. Vers 4h00 du matin, nous arrivons en vue des premières lignes à Ribera. Mon cœur s’accélère. Maintenant, plus de doutes ! Dans quelques heures, la première unité blindée de l’histoire de l’armée belge va monter au combat.
»
(Jo Gérard, Reporter de guerre, Ed. Collet, Bruxelles, 1946)
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 17:12    Sujet du message: Répondre en citant

La biographie du Colonel Piron reprise ci-dessus est parfaitement historique. La seule chose modifiée est que j'ai avancé de 6 mois le périple qu'il a entrepris pour rejoindre les forces belges (en Grande-Bretagne historiquement), en supposant que la présence d'une armée belge substantielle l'aurait motivé plus tôt à la rejoindre.

Pour Pontus, je suppose qu'effectivement le décret de mobilisation du 24 juillet 1940 qui concerne tous les Belges présents dans l'Empire français concernera aussi ceux de la Légion Etrangère. Mais cela devra bien entendu se passer en bonne intelligence avec de Gaulle. Le précédent de 1914-18 plaide bien sûr pour un accord similaire.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Avr 15, 2007 17:25    Sujet du message: Répondre en citant

Un coup d'oeil à la rubrique "Torche" vous montrera que j'ai inclus d'emblée cette "belgerie" dans la Chrono, avec un petit titre et de inuscules aménagements (le principal est dans la première phrase : « Dans la nuit tiède de ce mois de septembre sicilien, me voici fonçant à toute allure dans un véhicule tout-terrain de fabrication américaine, une “Jeep”, sur la route côtière de Licata à Ribera.)

A l'époque, le mot Jeep n'était pas le nom commun qu'il est devenu.
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Casus Frankie

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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Mai 13, 2007 19:38    Sujet du message: Répondre en citant

Voici le mois d'août des Belges. Ne sont pas incluses là-dedans les opérations en Afrique centrale, qui feront l'objet d'un post ultérieur. Suivra également un mémo sur la réorganisation des forces belges en GB et AfN.

1er août 1940
Bruxelles
Fernand Kekhofs fonde le service de renseignement Zéro.

2 août
Zaventem
Pour la première fois en Belgique occupée, une trentaine d’otages sont arrêtés suite à un acte de sabotage. Ils seront relâchés quelques jours plus tard.

Au large de l’îlot de Rockall
Le vapeur belge Ville-de-Gand est torpillé par le U48.

4 août 1940
Le Grau-du-Roi – la Grande-Motte – Carnon – Palavas-les-Flots
Les 4500 hommes du CRI des Chasseurs Ardennais sont évacués à leur tour, in extremis, de même que 10500 hommes des 5e CRI d’infanterie et CRI des Troupes Légères. Le lieutenant-général Wibier a dû menacer le général-major Lambert de le passer en Conseil de Guerre pour le faire obéir, car il refusait d’abandonner ses compagnons d’armes espagnols et français sur le Gardon : « Vous devez vous rendre compte que l’Armée belge à reconstituer en Afrique du Nord manquera cruellement de cadres et d’hommes de troupes expérimentés. Devant l’ampleur de cette tâche, vous n’avez pas le droit de sacrifier le potentiel humain qui vous a été confié dans ce qui ne serait au mieux qu’une action de retardement mineure ! » Lambert s’est incliné, la mort dans l’âme.

8 août
Bruxelles
La Militärwervaltung prend une ordonnance où elle se réserve le droit de s’opposer au retour en fonction de fonctionnaires qui s’étaient « retrouvés en territoire étranger du fait de la guerre. » Elle prépare en fait le terrain pour pouvoir mettre ses propres hommes à la place de ceux qui se sont réfugiés en France et qui pourraient commencer à revenir dans les prochaines semaines, maintenant que la Campagne de France touche à sa fin. Le secrétaire-général à l’Agriculture, De Winter, sera bien réintégré, et recevra également la responsabilité de l’Approvisionnement alimentaire ; il mènera d’ailleurs un combat pied-à-pied pour protéger la production agricole belge des réquisitions allemandes. Le secrétaire-général aux Voies de communication, Castiau, sera réintégré également. Par contre, le secrétaire-général à la Santé Publique, Mathieu, ne sera pas autorisé à reprendre son poste, à nouveau sous la pression du V.N.V.

8-15 août
Ports du Languedoc
Dans le chaos dantesque des derniers jours de la campagne de France, il sera encore possible d’évacuer 4000 recrues belges, parmi eux un certain nombre de ceux qui ne s’étaient pas présentés aux centres de recrutement ; 2000 militaires des derniers services de soutien encore présents en France seront également évacués. De plus, les navires belges permettent encore à une douzaine de milliers de réfugiés divers et lambeaux d’unités militaires de rejoindre l’Afrique du Nord au cours de ces derniers jours amers. Au cours de ces dernières opérations, le patrouilleur A.6 du Corps de Marine sera perdu en sautant sur une mine magnétique au large de Collioure.

11 août
Béziers – Oran
A bord d’un Caudron-Simoun de l’Aéronautique Militaire, le Ministre de la Défense Nationale belge, le Général Denis, s’envole de Béziers pour Alger avec les derniers membres de son État-major. Arrivé, il commence aussitôt à se renseigner sur l’état des forces belges en Afrique du Nord, et visite les camps de regroupement des militaires et recrues.

12 août
Bruxelles
Sous la pression de la Militärverwaltung, Viktor Leemans est nommé Secrétaire-Général aux affaires économiques, en remplacement du Baron Snoy, parti à Londres avec le Gouvernement belge. Leemans est un intellectuel flamand proche du V.N.V., qui mêle son nationalisme anti-belge à une idéologie totalitaire, mâtinée de théories économiques corporatistes bien dans l’air du temps.

15 août
Bruxelles
Parution du premier numéro de « La Libre Belgique » clandestine, qui paraîtra sans discontinuer avec une régularité remarquable jusqu’à la libération de la Belgique.

18 août
Londres
L’Ambassadeur de Belgique, le Baron Etienne Cartier de Marchienne, reçoit le Premier Ministre Hubert Pierlot, accompagné des Ministres Spaak (Affaires Etrangères), De Schrijver (Affaires Economiques) et Janson (Justice).
- Pierlot : Alors, avez-vous pu convaincre le Prince ?
- Cartier de Marchienne : Hélas, non ! Je me rends compte à quel point la situation devient embarrassante, mais je n’ai rien pu y faire.
- Janson, visiblement excédé : Il est têtu comme un Cobourg, une vraie tête de bois ! Il est toujours sous l’influence de cette intrigante, Mademoiselle Baels ?
- Cartier de Marchienne : Allons donc, comprenez-le ! Comment n’aurait-il pas l’impression de trahir son père en recevant les hommes qui l’ont pratiquement accusé de trahison et de félonie ? Vous savez l’admiration qu’il lui porte. Seul Monsieur De Vleeschauwer trouve grâce à ses yeux.
- Spaak, agité : Oui, mais Albert [De Vleeschauwer] est toujours au Congo, et ne rentrera pas avant plusieurs semaines. Ah, comme je m’en veux encore des propos que j’ai tenus à Limoges (voir annexe 40-1). Si seulement j’avais su ! L’ambiance survoltée de cette fin mai m’a fait perdre tout recul… Albert a eu bien raison de se tenir à l’écart de ce lynchage.
- Pierlot fusille Spaak du regard : Nous avions toutes les raisons d’agir comme nous l’avons fait. Si le Roi n’a pas traité avec les Allemands, c’est parce que nous l’en avons empêché. Mais qu’allons-nous faire ? Nous sommes tout-de-même le Gouvernement légitime de la Belgique, même les juristes consultés par le Roi l’ont implicitement reconnu (voir annexe 40-1). Ce garçon ne peut pas continuer à nous ignorer.
- Janson : Paul-Henri, de tous ses Ministres, tu es celui que le Roi appréciait le plus [le tutoiement s’explique par le fait que Janson est l’oncle de Spaak]. Il y avait une véritable complicité entre vous. N’irais-tu pas voir le Prince pour le convaincre de nos bonnes intentions ?
- Spaak balaie la table d’un grand mouvement du bras : Et me faire jeter à la porte comme un malpropre ? Ah, c’est une tragédie ! Tout serait tellement plus simple si le Roi était avec nous aujourd’hui.
- Cartier de Marchienne : Messieurs, je vais m’efforcer de mettre sur pied une entrevue, comme le suggère Monsieur le Ministre Janson. Nous ne révélerons l’identité du visiteur au Duc de Brabant qu’au dernier moment. Il va sans dire que ce sera la seule et unique tentative : vous êtes condamné à réussir, Monsieur Spaak.

22 août
Basingstoke, Château de Hackwood
Spaak, accompagné de l’Ambassadeur Cartier de Marchienne, arrive à l’ancien château de Lord Curzon. Cartier explique : « C’est une délicate attention du Gouvernement britannique d’avoir mis cette demeure à la disposition des Princes. Elle est suffisamment éloignée de la côte pour éviter tout risque de bombardement, et leur père y a longuement séjourné pendant la Grande Guerre avec son frère et sa sœur. Le Roi Albert et la Reine Elisabeth avaient en effet confié leurs enfants à la garde de Lord Curzon, pendant qu’ils demeuraient auprès de l’armée en Belgique. En habitant les mêmes appartements que leur père il y a vingt-cinq ans, ces pauvres enfants peuvent sans doute se sentir un peu plus proches de lui...»
Arrivés dans le vestibule, Cartier suggère à Spaak de patienter quelques instants : « Je vais prévenir le Prince Baudouin de votre arrivée. Il ne sait pas encore qui est son visiteur. Jouez-la finement, et soyez convaincant ! »


Spaak est introduit dans la bibliothèque, où l’attend un garçon d’une dizaine d’années, visiblement très crispé.
- « Monsieur le Ministre, que faites-vous ici ? », dit le Prince d’une voix blanche.
- Monseigneur, je viens présenter mes regrets au fils de celui que j’ai offensé, à défaut de pouvoir les présenter directement au père.
- Je viens de recevoir une lettre de mon père. Il y écrit de me méfier des hommes politiques comme vous.
- Il n’y a pas un jour ces trois derniers mois où je n’ai été tourmenté par le souvenir des graves propos qui ont été tenus à l’encontre du Roi. Nous savons aujourd’hui à quel point nous nous sommes trompés sur ses intentions. Croyez-moi, Monseigneur, le Gouvernement tout entier n’aspire qu’à l’union de tous les Belges autour de Sa Majesté pour poursuivre la lutte jusqu’à la victoire contre l’envahisseur.
- Mon père me dit que seule une réparation publique pourra réparer les atteintes à son honneur. Vous savez ce qu’il vous reste à faire, Monsieur Spaak.

23 août 1940
Londres
L’Ambassadeur des Etats-Unis en Belgique, John Irish Cudahy, arrivé quelques jours plus tôt dans la capitale anglaise suite à son expulsion de Belgique, reçoit la presse à l’Ambassade américaine à Londres, en compagnie de l’Ambassadeur des Etats-Unis en Grande-Bretagne, Joe Kennedy. Violant les instructions qu’il a reçues du Département d’Etat, Cudahy en appelle aux Britanniques pour qu’ils assouplissent leur blocus afin de permettre l’approvisionnement des populations des régions occupées, dont il décrit la situation alimentaire comme dramatique : « La situation en Belgique est extrêmement sérieuse. Les réserves actuelles, avec un rationnement sévère, ne dureront pas plus de deux ou trois semaines. Messieurs, si vous trouvez que le Continent est un enfer aujourd’hui, que croyez-vous que ce sera cet hiver ? » Il met également directement en cause la version des faits présentée par Churchill à la Chambre des Communes le 4 juin en affirmant que « les Alliés ont été informés complètement de la décision de capituler de l’Armée belge pas moins de 3 jours auparavant. »
A plusieurs moments, Kennedy tente d’interrompre Cudahy, notamment en refermant violemment les fenêtres de la pièce où l’entretien a lieu. Profondément embarrassé par les propos de son ambassadeur, le Secrétaire d’Etat faisant fonction, Sumner Welles, remet les choses au point : « Personne ne mettra en doute la sincérité de la sympathie de l’Ambassadeur pour le peuple belge, une sympathie qui est partagée par le peuple américain. Cependant, l’entretien a été donné en violation des instructions du Département d’Etat […] Les vues exprimées par l’Ambassadeur ne représentent pas celle de notre Gouvernement. Sur instruction du Président, l’Ambassadeur Cudahy a été prié de retourner immédiatement à Washington pour consultation. »

25 août
Liverpool
Le Thysville et le Mar del Plata appareillent pour le Congo, avec à leur bord une première livraison de 30 Fairey Battle et leurs équipages de l’Aéronautique Militaire Belge. Ils font partie d’un convoi pour Casablanca, où ils seront rejoints par les renforts en provenance d’Afrique du Nord.

27 août
Londres
Le Conseil des Ministres du Gouvernement belge, prend connaissance d’une note du Ministre de la Défense Nationale, le Général Denis, concernant la réorganisation des forces belges en Grande-Bretagne et en Afrique du Nord (annexe en cours de préparation). Puis, Spaak rapporte son entretien avec le Prince héritier à ses collègues nerveux.
- Pierlot : « Nous excuser, cela jamais ! C’est le monde à l’envers : le Roi a commis une erreur grave en refusant de nous accompagner, et a failli en commettre une plus grave encore en traitant avec les Allemands. En nous ralliant autour de lui avec ce serment de Léopoldville, nous avons montré clairement que nous sommes prêts à passer l’éponge. Au Roi d’en faire autant !»
- De Schrijver : « Cependant, les documents que nous avons reçus du Vicomte Berryer nous montrent que nous avons probablement mal interprété les intentions du Roi. Nous aurions dû rétablir la vérité dès le 10 juin, comme je l’avais suggéré alors. »
- Spaak : « Comment pourrions-nous nous mettre publiquement en porte-à-faux avec les déclarations de Messieurs Churchill et Reynaud ? Nous dépendons entièrement d’eux pour la poursuite de la guerre. »
A ce moment, intervient le subtil Ministre d’Etat Henri Carton de Wiart, qui réfléchit depuis un mois une issue à l’impasse : « Messieurs, puis-je me permettre de faire une suggestion ? Nous comprenons tous qu’il est impossible de démêler aujourd’hui l’écheveau des événements qui se sont déroulés autour du 28 mai. Trop de faits nous sont encore inconnus. Et comme l’a fait remarquer Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, même si les Alliés tolèrent, et même encouragent, le ralliement des Belges autour du Roi-prisonnier, nous ne pouvons cependant adopter une position qui mettrait publiquement en cause les propos tenus par les chefs de leurs Gouvernements respectifs. Nous devons donc adopter une position qui nous permette de reporter la résolution de cette question à des circonstances plus favorables. Dès lors, pourquoi ne pas assurer le Prince héritier – et surtout ceux, et celle, qui le conseillent – que le Gouvernement, non seulement continuera, comme il le fait depuis un mois, à manifester son soutien à la position du Roi, mais également qu’il sera entièrement disposé le moment venu à prendre toutes les mesures de réparation qui s’imposent. Nous invoquerons les nécessités diplomatiques et le besoin d’éclaircissements complémentaires pour reporter le moment de vérité. »
Après quelques minutes supplémentaires de débat, les autres Ministres finissent par se rallier sans enthousiasme à la proposition de Carton de Wiart. Une délégation composée de Pierlot, Spaak et Janson, soit les chefs de file des trois partis représentés au Gouvernement, se rendra dès que possible à Basingstoke pour une nouvelle rencontre avec le Prince.

31 août
Casablanca
« Quelle excitation ! Du haut de la cabine de pilotage du Thysville, je regarde avec fascination les grues du port installer sur le pont du Copacabana les avions arrivés il y a trois jours d’Oujda. Demain, nous appareillerons pour Matadi avec le matériel que nous avons pu glaner parmi les restes que nous avons pu sauver du « Grand Déménagement ».
Mais comment me suis-je retrouvé ici ? Grâce à une indiscrétion captée dans un café d’Oran, j’avais appris qu’on allait envoyer un détachement d’artillerie rejoindre la brigade de la Force Publique qui s’apprêtait à marcher contre les Italiens en Abyssinie. Voilà une occasion que je ne pouvais pas manquer ! J’ai aussitôt fait le siège du Colonel Van Roosbroeck pour obtenir de pouvoir accompagner nos artilleurs. Hélas, mon manque complet d’instruction militaire ne faisait pas de moi un candidat prioritaire. Qu’à cela ne tienne, je suis allé voir le Colonel Gilbert, l’adjoint du lieutenant-général Wibier, pour lui faire valoir qu’une bonne plume serait la bienvenue pour conter les futurs exploits de nos troupes coloniales. Quelques récits de victoires héroïques seraient bien nécessaires pour relever le moral de nos soldats et recrues brinquebalées depuis le mois de mai de déménagement en camp de fortune. Le Colonel Gilbert s’est montré sympathique devant ma fougue patriotique, mais ne m’a pas caché les difficultés. C’est alors que j’ai joué mon va-tout, en écrivant au Comte d’Aspremont-Lynden, notre Ministre de l’Agriculture à Londres. Avec des attributions pareilles, la pauvre devait bien s’y ennuyer ! D’Aspremont avait été mon mentor lorsque je fréquentais la jeune droite du Parti Catholique, et j’espérais bien qu’il pourrait me venir en aide. Trois semaines jours plus tard, j’étais à nouveau chez le Colonel Gilbert, recevant mes instructions, et un billet de train pour Casablanca.
Ah, le Congo ! Tout enfant, je rêvais déjà de visiter notre dixième province : remonter le fleuve en pirogue, rencontrer les pygmées au fond de la jungle, admirer l’œuvre civilisatrice de nos administrateurs et missionnaires, contempler le soleil se couchant sur la savane au bord du lac Kivu. J’allais enfin pouvoir me rendre dans cette terre fabuleuse que le génie de Léopold II avait léguée à la Belgique.
»
Jo Gérard, « Reporter de guerre » op.cit.

Au large des Iles Hébrides
Le vapeur belge Ville-de-Hasselt est torpillé par le U47.
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Mai 13, 2007 19:49    Sujet du message: Répondre en citant

Mélange d'événements historiques et de déviations dans le dernier Post. Sont conformes à la réalité historique la perte des 2 vapeurs, les interventions de la Militärverwaltung dans l'administration belge (même si qques détails sont décalés en fonction des événements FFO), les divers actes de résistance, et la sortie de l'Ambassadeur Cudahy à Londres (ici aussi, décalée dans le temps).

Par contre, tous les développements sur les rapports entre le Gouvernement, le Roi et le Prince Baudouin sont inventés. J'ai essayé de respecter la loyauté filiale obstinée de Baudouin, la rigidité de Pierlot, la "flexibilité" très émotive et quelque peu théâtrale de Spaak, le royalisme prudent de De Schrijver... Bref, la proposition de Carton de Wiart est la seule sortie de l'impasse que j'aie pu imaginer. Les renforts envoyés au Congo sont conformes aux indications données précédemment par Fantasque, et on y voit la carrière de reporter de Jo Gérard y prendre un envol prometteur... Enfin, l'épopée des malles en Méditerranée touche à sa fin, avec un bilan impressionnant: même en étant relativement prudent dans les chiffres (capacité des navires, durée des rotations, indisponibilité temporaire de quelques vaisseaux), on devrait avoir plus de 150 000 évacués.

Les commentaires sont bien entendu toujours bienvenus.

A noter que le Gouvernement belge sera empressé de mettre à disposition des Alliés en Méditerranée 1 ou 2 bataillons pour montrer sa détermination à poursuivre le combat et pouvoir insérer ultérieurment parmi la vaste masse à instruire quelques éléments ayant vu le feu. Eventuellement à considérer pour la Sardaigne ou le Dodécanèse?
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Mai 13, 2007 19:52    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques éléments antérieurs pour colorer la chrono, ou mieux comprendre certains éléments de la dynamique entre Allemands et Belges restés au pays.

10 mai
Bruxelles
Après-midi - Le Parlement belge vote la loi déléguant certains pouvoirs exécutifs aux Secrétaires-généraux des ministères, ou à défaut la plus haute autorité administrative disponible, pour les territoires se trouvant sous occupation ennemie.

15 mai
Bruxelles
14h45 – Le Ministre des Affaires Etrangères, Paul-Henri Spaak, accompagné des du Ministre des Finances, Camile Gutt, reçoit les dirigeants des trois principaux groupes financiers belges : Alexandre Galopin (Société Générale), Max-Léo Gérard (Banque de Bruxelles) et Fernand Collin (Kredietbank). Techniquement, il s’agit d’assurer la continuité du versement des traitements des agents de l’Etat pendant l’occupation allemande. Cependant, les discussions portent également sur la poursuite de l’activité économique, et Spaak exprime le souhait que les banquiers guident au mieux leurs concitoyens à travers les difficultés qui s’annonçaient. Au moment de se séparer, Spaak lance, théâtral : « Messieurs, nous vous confions la Belgique. »

8 juin
Lodelinsart (Belgique)
La petite commune de la région de Charleroi se voit la première menacée de sanctions graves pour des coupures de câbles téléphoniques sur son territoire.

12 juin
Bruxelles
Sous la pression de la Militärverwaltung, qui menace de les mettre hors-jeu, et dans l’espoir de conserver un maximum de leviers de décision entre des mains belges, le Collège des Secrétaires Généraux signe un protocole ayant trait à ses rapports avec l’Administration militaire, reprenant notamment les points suivants :
- Ils reconnaissent que les ordonnances édictées par l’occupant dans le cadre de la convention de La Haye doivent être exécutées comme des lois belges ;
- Dans le cadre d’une interprétation large de la loi de délégation du 10 mai, à laquelle ils s’étaient d’abord opposés, les Secrétaires généraux acceptent qu’ils peuvent être amenés à prendre des arrêtés ayant force de loi « dans les cas urgents » ;
- Les prescriptions légales prévues par les Secrétaires Généraux seront communiqués avant publication au chef de la Militärverwaltung ;
- Certains domaines resteront en dehors du champ de compétence des Secrétaires généraux, notamment des modifications éventuelles aux lois linguistiques, ou des décisions à caractère militaire. Pour ces cas-là, la Militärverwaltung devra prendre elle-même la responsabilité de prendre et exécuter de tels arrêtés.

23 juin
Anvers
Marcel Louette – alias Fidelio - fonde le groupe de résistance « De Witte Brigade » (la « Brigade Blanche »), qui deviendra une des principales formations de la résistance en Flandre.

4 juillet
Bruxelles
Devant la multiplication des actions de sabotage en Belgique occupée, le Gouverneur militaire von Falkenhausen fait paraître un sévère avertissement à la population, menaçant de la peine de mort ceux qui se rendraient coupables de tels actes.
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Fantasque



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MessagePosté le: Lun Mai 14, 2007 08:51    Sujet du message: Répondre en citant

Sa Sainteté nous a gratifié d'une superbe addition à la chronologie.
Je m'incline bien bas devant la description de l'écheveau de la politique intérieure.
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Ven Oct 19, 2007 23:53    Sujet du message: Répondre en citant

Une petite plongée dans les méandres de la diplomatie belge. J'ai repris l'essentiel des faits historiques, en adaptant les dates et les personnages là où il fallait. Fantasque pourra commenter sur les relations diplomatiques belgo-soviétiques.

15 juillet 1940
Copenhague
Sous la pression de l’Allemagne, le Gouvernement danois rompt les relations diplomatiques avec les gouvernements belge et néerlandais réfugiés à Londres. Leurs ambassadeurs sont priés de quitter le territoire danois, et se réfugient en Suède.

25 juillet 1941
Moscou
Impressionné par les nouvelles victoires d’Hitler dans les Balkans et voyant la menace qui s’étend sur son flanc sud, Staline accepte de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique, la Norvège, la Yougoslavie et la Grèce dans le but d’apaiser Hitler (la Pologne et les Pays-Bas ne sont pas frappés, car ils n’avaient pas de relations diplomatiques avec l’URSS). Les diplomates sont expulsés vers la Chine. Cette décision met les gouvernements concernés en fureur, et frappe de stupeur les militants des partis communistes de ces pays.

En Belgique, l’appareil du parti a beau se contorsionner pour expliquer qu’il ne s’agit en fait que d’une rupture avec le gouvernement bourgeois de Pierlot inféodé aux plouto-capitalistes anglais et français, et non d’un abandon de la Belgique, le discours ne passe pas. La rupture fait d’autant plus mal que la Parti, sous la pression de la base, avait depuis le mois de mai évolué considérablement dans la direction d’une opposition plus prononcée à l’occupant.


21 août 1941
Londres
Percevant la montée des périls en Extrême-Orient, le Gouvernement belge prend la décision que la Belgique rompra les relations diplomatiques avec le Japon si ce dernier devait attaquer un de ses alliés. En l’absence de potentiel militaire dans la région, le Gouvernement ne souhaite pas aller jusqu’à une déclaration de guerre qui ne pourrait avoir d’implications pratiques. Informés de cette décision, les Gouvernements britanniques, français et néerlandais s’en montrent satisfaits.

10 décembre 1941 – 17h00
Londres
Au Conseil des Ministres du Gouvernement belge, Spaak informe ses collègues que l’ambassadeur de Belgique à Tokyo, Forthome, a reçu l’instruction de rompre les relations diplomatiques avec le Gouvernement japonais, et de partir pour la Chine rejoindre son collègue, le Baron Guillaume. Il aoute cependant : « Il est possible que la Belgique doive prendre une attitude plus marquée dans ce conflit, à l’occasion de la constitution d’une ligne défensive et offensive dont l’initiative serait par le président Roosevelt. » Il est aussitôt soutenu par Camille Gutt, Marcel-Henri Jaspar et Charles Albert d’Aspremont-Lynden, qui insistent vivement pour une déclaration de guerre immédiate au Japon. Ils y voient comme avantage de maximaliser l’effet de sympathie sur le gouvernement et l’opinion publique américains, où la reddition de l’armée belge en mai 1940 et la position du Roi sont souvent mal acceptés. Pierlot, soutenu par De Vleeschauwer, hésite, car il craint qu’une déclaration de guerre sans soutien militaire effectif soit mal comprise par les Américains. Là-dessus, Jaspar demande au Général Denis si aucun effort militaire, même symbolique, ne pourrait être entrepris. Denis, déjà atteint par les prémisses de la démence qui le submergera dans les mois qui viennent, n’arrive pas à formuler une position cohérente. Finalement, Spaak est chargé de mener quelques consultations avant qu’une décision finale soit prise.

18 décembre 1941
Londres
Spaak informe ses collègues des consultations qu’il menées avec le Foreign Office, les ambassadeurs de Belgique aux Etats-Unis (Raoul van der Straeten-Ponthoz et GeorgesTheunis) et en Chine (Guillaume) concernant la position de la Belgique à l’égard du Japon: « La position du Gouvernement britannique à ce sujet est évidemment favorable à une déclaration de guerre. Toutefois, ils ne font pas pression sur nous. Messieurs van der Straeten et Theunis estiment que la Belgique doit prendre immédiatement position aux côtés de l’Amérique au moment où celle-ci vient de subir le grave échec de Pearl Harbour, sans quoi notre position se trouverait encore plus affaiblie aux Etats-Unis. Seul le Baron Guillaume recommande encore une certaine prudence. J’en conclus que notre position à l’égard du Japon doit être revue et qu’il conviendrait que la Belgique déclare la guerre à ce pays. » Spaak, qui connaît l’esprit juridique de Pierlot, ajoute encore à sa démonstration que la Japon a rompu le Traité de Washington duquel la Belgique est l’une des signataires. Le Conseil se range finalement aux arguments du Ministre des Affaires Etrangères.

29 mai 1942
Londres
Par la voix de son Ministre des Affaires Etrangères, le Gouvernement belge confirme à la BBC qu’il adhère à la politique de soutien inconditionnel à l’URSS annoncée par les Alliés. Il met aussi en garde les Belges en pays occupé contre la propagande nazie déclenchée à cette occasion : « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre le communisme. Il s’agit de gagner la guerre ! » Ce discours sera suivi une semaine plus tard par une allocution du Premier Ministre Pierlot allant dans le même sens.


29 juin 1942
Londres
Spaak rencontre Anthony Eden pour lui demander de jouer les bons offices entre Belges et Soviétiques afin de faciliter la reprise des relations diplomatiques rompues en juillet 1941. Eden décide de convoquer l’ambassadeur d’URSS Maïsky afin de l’inviter à se mettre en contact avec Spaak dans ce but.

5 juillet 1942
Londres
Au Conseil des Ministres du Gouvernement belge éclate une violente altercation entre le Premier Ministre Pierlot et le Ministre des Affaires Etrangères Spaak concernant la reprise des relations diplomatiques avec l’URSS. Pierlot, soutenu par toute l’aile catholique du Gouvernement, se déclare, pour d’évidentes raisons idéologiques, « peu partisan, en principe, de relations diplomatiques avec les Soviets ». Le souvenir de la rupture unilatérale de juillet 1941 est toujours cuisant. Spaak, soutenu par la plupart des socialistes et certains libéraux, invoque la nécessité pour la Belgique de s’aligner sur la position des Alliés. Finalement, le Conseil donne l’autorisation à Spaak de reprendre contact avec Eden afin de reprendre les relations diplomatiques normales avec l’URSS, mais à la condition que le gouvernement soviétique en fasse la demande, et avec des excuses.

7 juillet
Londres
Décidé à agir vite, Spaak rencontre Maïsky, l’Ambassadeur soviétique à Londres. Les deux ont été convoqués par Eden au Foreign Office, afin de préserver toutes les apparences. Spaak est conscient que le rapport de forces ne lui permet de mettre l’Union Soviétique en position de demanderesse quant au rétablissement des relations diplomatiques. Après avoir brièvement évoqué l’amertume que la rupture de juillet 1941 a causé chez les Belges, Spaak se met d’accord avec Maïsky pour considérer que les relations diplomatiques entre les deux pays ont été uniquement interrompues, et qu’il n’y a donc pas lieu d’en établir de nouvelles. Un communiqué de presse laconique conclut la réunion : « Monsieur Paul-Henri Spaak, Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement belge, et Son Excellence Ivan Maïsky, Ambassdeur de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques auprès du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, se sont rencontrés aujourd’hui au Foreign Office, en présence de Sir Anthony Eden, Secrétaire aux Affaires Etrangères, afin de procéder à l’échange de représentants entre leurs pays respectifs. »
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Oct 28, 2007 21:01    Sujet du message: Répondre en citant

Après quelques échanges avec Franck, voici une version légèrement complétée de

Qques remarques et questions:
- j'ai renforcé le rôle diplomatique de la France par rapport à l'historique
- le déploiement de la FP à Madagascar s'inspire de la participation d'une antenne médicale belgo-congolaise à la campagne britannique dans l'île
- quel est le nom de l'Ambassadeur de France à Londres? Ce doit être un très gros bonnet...
- quel était le statut des relations diplomatiques franco-soviétiques en FFO avant Barbarossa
- je vais explorer le déploiement d'une unité belge en URSS. Je ne vois pas trop une escadrille (déjà sur 3 fronts, la contribution aérienne belge n'est pas triste...); peut-être justement une antenne médicale? Qu'en pensez-vous?



15 juillet 1940
Copenhague
Sous la pression de l’Allemagne, le Gouvernement danois rompt les relations diplomatiques avec les gouvernements belge et néerlandais réfugiés à Londres. Leurs ambassadeurs sont priés de quitter le territoire danois, et se réfugient en Suède.

1er septembre 1940
Londres-Alger
L’ancien Ministre des Affaires Economiques Raoul Richard est nommé Ambassadeur Extraordinaire du Gouvernement belge auprès de Gouvernement français à Alger, avec des pouvoirs très étendus. L’Ambassadeur Pol Le Tellier, qui n’a certes pas démérité, mais dont l’âge a mal supporté les épreuves des derniers mois, reste en place à ses côtés. Richard a l’avantage d’être respecté par toutes les factions politiques et d’avoir de nombreuses relations en France. De plus, il a la réputation d’avoir la confiance du Roi et n’a pas été mêlé aux débordements qui ont entouré la capitulation de l’armée belge en mai (voir annexe 40-1)

25 juillet 1941
Moscou
Impressionné par les nouvelles victoires d’Hitler dans les Balkans et voyant la menace qui s’étend sur son flanc sud, Staline accepte de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique, la Norvège, la Yougoslavie et la Grèce dans le but d’apaiser Hitler (la Pologne et les Pays-Bas ne sont pas frappés, car ils n’avaient pas de relations diplomatiques avec l’URSS). Les diplomates sont expulsés vers la Chine. Cette décision met les gouvernements concernés en fureur, et frappe de stupeur les militants des partis communistes de ces pays.

En Belgique, l’appareil du parti a beau se contorsionner pour expliquer qu’il ne s’agit en fait que d’une rupture avec le gouvernement bourgeois de Pierlot inféodé aux plouto-capitalistes anglais et français, et non d’un abandon de la Belgique, le discours ne passe pas. La rupture fait d’autant plus mal que la Parti, sous la pression de la base, avait depuis le mois de mai évolué considérablement dans la direction d’une opposition plus prononcée à l’occupant.


21 août 1941
Londres
Percevant la montée des périls en Extrême-Orient, le Gouvernement belge prend la décision que la Belgique rompra les relations diplomatiques avec le Japon si ce dernier devait attaquer un de ses alliés. En l’absence de potentiel militaire dans la région, le Gouvernement ne souhaite pas aller jusqu’à une déclaration de guerre qui ne pourrait avoir d’implications pratiques. Informés de cette décision, les Gouvernements britanniques, français et néerlandais s’en montrent satisfaits.

10 décembre 1941 – 17h00
Londres
Au Conseil des Ministres du Gouvernement belge, Spaak informe ses collègues que l’ambassadeur de Belgique à Tokyo, Forthome, a reçu l’instruction de rompre les relations diplomatiques avec le Gouvernement japonais, et de partir pour la Chine rejoindre son collègue, le Baron Guillaume. Il aoute cependant : « Il est possible que la Belgique doive prendre une attitude plus marquée dans ce conflit, à l’occasion de la constitution d’une ligne défensive et offensive dont l’initiative serait par le président Roosevelt. » Il est aussitôt soutenu par Camille Gutt, Marcel-Henri Jaspar et Charles-Albert d’Aspremont-Lynden, qui insistent vivement pour une déclaration de guerre immédiate au Japon. Ils y voient comme avantage de maximaliser l’effet de sympathie sur le gouvernement et l’opinion publique américains, où la reddition de l’armée belge en mai 1940 et la position du Roi sont souvent mal acceptées. Pierlot, soutenu par De Vleeschauwer, hésite, car il craint qu’une déclaration de guerre sans soutien militaire effectif soit mal comprise par les Américains. Là-dessus, Jaspar demande au Général Denis si aucun effort militaire, même symbolique, ne pourrait être entrepris. Denis, déjà atteint par les prémisses de la démence qui le submergera dans les mois qui viennent, n’arrive pas à formuler une position cohérente. Finalement, Spaak est chargé de mener quelques consultations avant qu’une décision finale soit prise.

18 décembre 1941
Londres
Au Conseil des Ministres du Gouvernement belge, Spaak informe ses collègues des consultations qu’il menées avec le Foreign Office, les ambassadeurs de Belgique à Alger (Raoul Richard), les ambassadeurs aux Etats-Unis (Raoul van der Straeten-Ponthoz et GeorgesTheunis) et en Chine (Guillaume) concernant la position de la Belgique à l’égard du Japon: « La position du Gouvernement britannique à ce sujet est évidemment favorable à une déclaration de guerre. Toutefois, ils ne font pas pression sur nous. Messieurs van der Straeten et Theunis estiment que la Belgique doit prendre immédiatement position aux côtés de l’Amérique au moment où celle-ci vient de subir le grave échec de Pearl Harbour, sans quoi notre position se trouverait encore plus affaiblie aux Etats-Unis. Quant à Monsieur Richard, le Général de Gaulle lui a fait comprendre en termes limpides qu’une déclaration de guerre avait une portée politique avant tout, et qu’il serait toujours temps ultérieurement d’aviser quelles implications militaires il faudrait le cas échéant en tirer. Seul le Baron Guillaume recommande encore une certaine prudence. J’en conclus que notre position à l’égard du Japon doit être revue et qu’il conviendrait que la Belgique déclare la guerre à ce pays. » Spaak, qui connaît l’esprit juridique de Pierlot, ajoute encore à sa démonstration que la Japon a rompu le Traité de Washington duquel la Belgique est l’une des signataires. Le Conseil se range finalement aux arguments du Ministre des Affaires Etrangères.

7 janvier 1942
Londres
Avant de repartir pour Alger, la délégation française et le Gouvernement belge s’accordent pour renforcer la défense de Madagascar avec une brigade la Force Publique. Cette manœuvre, rendue nécessaire par la menace japonaise dans l’Océan Indien. Du point-de-vue français, cet appoint belge permet d’éviter de transférer des troupes d’autres théâtres prioritaires pour une mesure qui reste avant tout de précaution, tout en renforçant les liens politiques entre les deux gouvernements face à un nouvel adversaire.

20 février 1942
Madagascar
Les premières troupes de la Force Publique du Congo Belge débarquent à Madagascar, venant de Matadi et Mombasa. Bientôt, plus de 5000 Belgo-Congolais stationneront sur l’île.

29 mai 1942
Londres
Par la voix de son Ministre des Affaires Etrangères, le Gouvernement belge confirme à la BBC qu’il adhère à la politique de soutien inconditionnel à l’URSS annoncée par les Alliés. Il met aussi en garde les Belges en pays occupé contre la propagande nazie déclenchée à cette occasion : « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre le communisme. Il s’agit de gagner la guerre ! » Ce discours sera suivi une semaine plus tard par une allocution du Premier Ministre Pierlot allant dans le même sens.


29 juin 1942
Londres-Alger
Spaak rencontre Anthony Eden pour lui demander de jouer les bons offices entre Belges et Soviétiques afin de faciliter la reprise des relations diplomatiques rompues en juillet 1941. Eden décide de convoquer l’ambassadeur d’URSS Maïsky afin de l’inviter à se mettre en contact avec Spaak dans ce but. En parallèle, Raoul Richard, l’Ambassadeur extraordinaire de Belgique à Alger, est prié de mettre au courant de la démarche le Gouvernement français, qui vient lui-même de renforcer ses liens avec Moscou, afin qu’il puisse l’appuyer discrètement de son côté.

5 juillet 1942
Londres
Au Conseil des Ministres du Gouvernement belge éclate une violente altercation entre le Premier Ministre Pierlot et le Ministre des Affaires Etrangères Spaak concernant la reprise des relations diplomatiques avec l’URSS. Pierlot, soutenu par toute l’aile catholique du Gouvernement, se déclare, pour d’évidentes raisons idéologiques, « peu partisan, en principe, de relations diplomatiques avec les Soviets ». Le souvenir de la rupture unilatérale de juillet 1941 est toujours cuisant. Spaak, soutenu par la plupart des socialistes et certains libéraux, invoque la nécessité pour la Belgique de s’aligner sur la position des Alliés. Finalement, le Conseil donne l’autorisation à Spaak de reprendre contact avec Eden afin de reprendre les relations diplomatiques normales avec l’URSS, mais à la condition que le gouvernement soviétique en fasse la demande, et avec des excuses.
Par ailleurs, le Gouvernement belge, stimulé par l’annonce la semaine précédente de l’envoi de renforts français dans le Pacifique, prend la décision de proposer aux Britanniques le déploiement d’une brigade double de la Force Publique en Asie ou Océanie, ainsi que de la Composante Aérienne de la Force Publique rééquipée.

7 juillet
Londres
Décidé à agir vite, Spaak rencontre Maïsky, l’Ambassadeur soviétique à Londres. Les deux ont été convoqués par Eden au Foreign Office, en présence de l’Ambassadeur de France, afin de préserver toutes les apparences. Spaak est conscient que le rapport de forces ne lui permet de mettre l’Union Soviétique en position de demanderesse quant au rétablissement des relations diplomatiques. Après avoir brièvement évoqué l’amertume que la rupture de juillet 1941 a causé chez les Belges, Spaak se met d’accord avec Maïsky pour considérer que les relations diplomatiques entre les deux pays ont été uniquement interrompues, et qu’il n’y a donc pas lieu d’en établir de nouvelles. Un communiqué de presse laconique conclut la réunion : « Monsieur Paul-Henri Spaak, Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement belge, et Son Excellence Ivan Maïsky, Ambassdeur de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques auprès du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, se sont rencontrés afin de procéder à l’échange de représentants entre leurs pays respectifs. L’entrevue a eu lieu au Foreign Office, en présence de Sir Anthony Eden, Secrétaire aux Affaires Etrangères, et de l’Ambassadeur de France

30 juillet
Londres
Après quelques tractations entre Belges, Britanniques, Français et Australiens, la décision est finalement prise de déployer la Force Publique en Birmanie, pour contribuer à la protection de la route vers la Chine. Hormis la Birmanie, le climat et l’expérience du combat de jungle faisaient auraient pu faire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée la destination idéale pour la Force Publique, mais la politique raciale du Gouvernement australien était incompatible avec un tel déploiement. Les forces congolaises proviendront de Madagascar, qui a été entretemps renforcé par la levée de nouvelles unités autochtones, et directement du Congo. C’est près de 15 000 hommes que le Congo Belge envoie ainsi vers un des champs de bataille les plus éprouvants de la Seconde Guerre Mondiale.
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