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1940 - La France continue la guerre
 
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Dodecaneso/Dodécanèse
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Fantasque



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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 10:27    Sujet du message: Répondre en citant

Pour les Sparvieri (SM-79) la concordance OTL/FTL suppose que la RA n'ait pas souhaité renforcer ses capacités de bombardement en Sicile et que les pertes des combats de juillet au-dessus des Alpes-Maritimes n'aient pas trop amputé le potentiel de la RA.

OTL les opérations aériennes en mediterranées sont assez calmes durant l'été 40 ce qui permet à la RA de faire progresser son potentiel (qui était très faible au 10 juin 40) et donc d'envoyer des renforts sur divers théatres "éloignés".

Il ne faut pas oublier qu'en FTL on a
(a) les combats au-dessus du sud de la France avec probablement des pertes assez lourdes pour la RA dès qu'elle sera confrontée au D-520 (cf les cartons historiques de le Gloan...)
(b) les combats en ASI sont un gros prélèvement sur le potentiel en matériel et en équipages (tués, blessés, prisonniers).
(c) L'opération sur la Sardaigne impose un renforcement du potentiel aérien Italien en Sicile et autour de Naples (et ce d'autant plus que la présence française à Malte faite de l'île un point offensif bien plus tôt qu'OTL).

Au total, la RA est confrontée à des besoins très excédentaires par rapport à OTL. Si la production peut augmenter (un peu...) ceci n'est pas avant septembre - octobre vu l'inertie industrielles des italiens (avec des firmes très sous-équipées en machines-outils).

Pour la Marine, il sera encore plus clair qu'en OTL que la Mediterranée sera très malsaine pour les navires Italiens. les grosses unités vont se replier sur Tarente vite fait.

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MessagePosté le: Mer Jan 16, 2008 00:29    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Sinon, quid d'éventuels navires marchands ou chalutiers pouvant recevoir un armement sommaire ?


Pour avoir une base de discussion, voici la liste des bâtiments employés en mai 1941 OTL pour conduire en Crète, depuis Rhodes, un petit corps expéditionnaire italien :

4 petits chalutiers (San Antonio, Navigatore, San Giorgio, Plutone)
2 petits vapeurs (Giorgio Orsini, Tarquinia)
1 bateau fluvial (Porto di Roma)
2 bateaux de pêche frigorifiques (Assab, Addis Abeba)
1 vapeur lagunaire (Giampaolo)
1 pétrolier militaire (Nera)
2 petits pétroliers civils
2 remorqueurs (Impero, Aguglia)

Hormis le pétrolier Nera, ce sont tous des navires civils réquisitionnés. Je ne sais (encore ??) lesquels auraient pu être là dès l'été 1940 FTL. En tout cas, en l'absence de dragueurs de mines militaires, les Italiens n'ont pu se passer de quelques dragueurs auxiliaires.

Le Giorgio Orsini, de la Società di Navigazione Fiumana (et qui portait le nom d'un artiste dalmate du Moyen Age), portait comme marque de coque militaire "F 110". Ce qui faisait de lui un "dragueur forain" : F pour "(dragaggio) foraneo". Mais Achille Rastelli indique que très souvent les bâtiments classés F accomplissaient d'autres tâches, comme assurer les liaisons avec les îles et les bases mineures.
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folc



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MessagePosté le: Dim Jan 27, 2008 00:35    Sujet du message: Forces terrestres Répondre en citant

Au 10 juin 1940, les forces terrestres du Dodécanèse (considérée comme un Corps d’Armée) étaient constituées par :

1) la 50e Division d’infanterie « Regina » (Général de Brigade Alessandro Piazzoni), laquelle comprenait :
2 régiments d’infanterie (9e « Regina » et 10e « Regina »)
1 régiment d’artillerie divisionnaire (50e « Regina »)
Et divers autres détachements.

Ce qui devait lui donner, à l’instar des autres divisions de l’Armée de Terre, la force suivante :
Environ 11500 hommes.
270 mitrailleuses légères, 80 lourdes
126 mortiers de 45mm
30 mortiers de 81mm
8 canons anti-chars de 47mm
8 canons d’infanterie de 65mm
12 canons de campagne de 75mm
12 obusiers de 75mm
12 obusiers de 100mm
3424 animaux de trait et de bât
154 fourgons
153 bicyclettes
71 motocyclettes
131 véhicules à moteur

2) des troupes non endivisionnées :
- groupe de carabiniers royaux « Egeo »
- 18 compagnies de mitrailleurs de position
- l’artillerie côtière (batteries servies par des artilleurs terrestres, les batteries servies par des marins dépendant de la Regia Marina)
- artillerie anti-aérienne
- services
- la 3a Compagnia Carri di (Guardia alla) Frontiera, à 3 pelotons de chars légers (5 tonnes) Fiat 3000, dérivés des Renault FT 17, soit sans doute 12 engins.

En OTL, la garnison du Dodécanèse fut renforcée, dès le 30 mars 1940, par le 312e bataillon mixte cuirassé. Mais le transfert effectif du bataillon n’eut lieu qu’au mois de septembre suivant.
Le bataillon comprenait :
- un peloton de 4 chars M 11/39
- 2 compagnies de chars L 3 (alias CV 33), de 8 engins chacune
- 1 compagnie d’auto-mitrailleuses Ansaldo-Lancia 1Z de 9 engins
- 2 pelotons autonomes de chars L 3 (respectivement 4 et 3 engins)
Soit 27 chars (4 M 11/39 et 23 L 3) et 9 auto-mitrailleuses.

La Division « Regina » même reçut aussi, comme la plupart des divisions du Regio Esercito, le renfort d’une Légion de Chemises Noires, en l’espèce la 201e, à deux bataillons (CCIe et CCCIe) de 600 hommes et avec un effectif total de 1500 hommes environ.
La 201e Légion me paraît (pour l’instant) ne lui avoir été adjointe qu'après l’entrée en guerre de l’Italie et elle ne peut donc avoir rejoint le Dodécanèse avant la fin juin au plus tôt.
Avec la 201e légion CC.NN., la Regina OTL était passée à 13000 hommes.

Questions :
1) La composition de la « Regina » et les autres détails sur la garnison appellent-ils des observations ?
2) L’arrivée de la 201e Légion Camiccie Nere est-elle bien postérieure au 10 juin 1940 ? Si oui, reste-t-elle possible dans les conditions de la FTL ?
3) De même l’arrivée du 312e bataillon mixte cuirassé est-elle envisageable dans le contexte FTL ?


A la limite, je vois bien la 201e Légion transportée par des navires rapides (contre-torpilleurs et/ou torpilleurs). Mais, pour les chars, même de 3 tonnes, il faut des cargos, donc un convoi…

Amicalement
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patzekiller



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MessagePosté le: Dim Jan 27, 2008 09:39    Sujet du message: Répondre en citant

... ce qui veut dire donc : possibilité de torpillage pour des sm français embusqué là bas
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loic
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MessagePosté le: Dim Jan 27, 2008 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

Entre l'aviation et les sous-marins alliés, je pense qu'il sera difficile pour les Italiens de faire parvenir quelque chose après le mois de juillet par la voie maritime. Le convoi malheureux vers la Lybie avec les paquebots Rex et Conte di Savoia (12 juillet) aura laissé des traces. On peut plutôt imaginer le transfert des Chemises Noires par avion.

Par ailleurs, la prise de la Sardaigne et l'offensive aérienne contre la Sicile peuvent laisser présager un débarquement, même si les Alliés n'en ont évidemment pas les moyens. Le commandement italien voudra donc garder tous les chars dispo (et d'ailleurs il en a besoin pour reconquerir la Sardaigne et prendre la Corse, sans parler de l'offensive en Grèce).
Et puis, la bataille de France plus rude a sans doute occasionné davantage de pertes qu'il faut bien compenser.

Concernant la défense du Dodécanèse, les Alliés vont souffrir lors des débarquements. La solution la plus simple, c'est d'ensevelir les positions italiennes sous les obus des cuirassés. Rappelons ce qu'ils ont en Méditerranée au mois de juillet : Dunkerque, Strasbourg, quatre classe Queen Elizabeth, trois classe Bretagne et le Courbet.
Les deux premiers seront probablement maintenus à Gibraltar pour contrer les raiders allemands. Je verrai aussi un classe Queen Elizabeth aller faire un tour en Mer Rouge. Mais ça laisse de quoi faire 8)
Je pense aussi à une utilisation des Groupes d'Infanterie de l'Air.
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MessagePosté le: Mer Jan 30, 2008 23:10    Sujet du message: Répartition de la garnison italienne Répondre en citant

Vérifications faites, la division Regina n’a compté 13.000 hommes qu’avec le renfort de la 201e légion de Chemises Noires. J’ai rectifié en conséquence mon post du 27 janvier. Vous trouverez ci-dessous la répartition que je propose pour les forces italiennes (à discuter) :

Nota : pour les noms des îles, j’hésite entre utiliser les formes officielles italiennes d’alors ou la translittération française du temps des noms grecs (sauf pour celles ayant un nom français courant, mais je ne vois guère que Rhodes dans cette catégorie !). Vous trouverez ci-dessous la forme «italienne» d’abord et, entre parenthèses, le nom grec translittéré (forme ancienne et forme actuelle).

Rodi/Rhodes :

9e régiment, moins un bataillon (à Scarpanto)
50e régiment d’artillerie (moins détachements dans les îles)
Autres
Soit 6.000 hommes

Défense côtière : 4.500 hommes

Regia Marina : 2.200 hommes

Total : 12.700 hommes, pouvant monter à 14.200 hommes si la 201e légion Camicie Nere rejoint.

Scarpanto (Carpathos/Karpathos) :
1 bataillon du 9e régiment, moins un détachement sur Caso, et divers (Marine, Aviation) : 1.300 hommes

Caso (Casos/Kasos) : détachement, 200 hommes

Coo (Cos/Kos) :
2 bataillons du 10e régiment
Détachement du 50e régiment d’artillerie
Autres
Total : 4000 hommes

Calimno (Calimnos/Kalymnos) :
Détachement du 10e régiment, 400 hommes

Patmo (Patmos) :
Détachement du 10e régiment, 500 hommes

Simi (Symi) :
Détachement du 10e régiment, 100 hommes

Stampalia (Stampalie/Astypalea) :
Détachement du 10e régiment, 500 hommes

Lero (Léros) :
Détachement du 10e régiment, 500 hommes
Marine et autres : 5.500 hommes
Total : 6.000 hommes

Castelrosso (Castellorizo/Kastellorizo) et autres îles (Calchi, Piscopi, Nissiro, Levita, Lisso, Gaidaro [auj. Gaidaros localement ou Agathonissi vue d’Athènes]) : 15 à 30 hommes par île.
En OTL, lors de l’attaque anglaise de février 1941, il n’y avait sur Castelrosso, outre des carabiniers, que 16 hommes de la division Regina envoyés là pour surveiller les mouvements aériens et maritimes des Britanniques.


Je propose de mettre 8 des chars de la Guardia alla Frontiera à Rhodes et les 4 restants à Lero/Léros.

Si le 312e bataillon cuirassé peut arriver, il serait alors à Rhodes et un peloton de plus de la Guardia alla Frontiera pourrait rejoindre Lero.

Amicalement
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MessagePosté le: Jeu Mar 06, 2008 23:40    Sujet du message: Convoi(s) vers le Dodécanèse Répondre en citant

Dans la chrono d'août, nous avons à la date du 25 août, donc le lendemain de l'attaque de Tarente, l'événement suivant :

Détroit d’Otrante

Un convoi italien allant de Brindisi à Valona est attaqué par une force britannique détachée de l’escadre du contre-amiral Lyster. Placée sous le commandement de Sir Henry Pridham-Wippel, elle comprend les croiseurs Orion, Ajax et Sydney, escortés par les destroyers (classe Tribal) Nubian et Mohawk. Quatre cargos italiens (Antonio Locatelli – 5691 GRT, Premuda – 4427 GRT, Capo Vado – 4391 GRT et Catalani – 2429 GRT) sont coulés ; le torpilleur Nicolo Fabrizi est sérieusement endommagé.


Ce qui reproduit, avec un décalage dans le temps, une situation OTL (attaque de Tarente le 11 novembre 1940, suivie de l'interception d'un convoi vers l'Albanie). Mais, en OTL, l'importance du convoi vers Valona est justifiée par les opérations contre la Grèce. Rien de tel en août en FTL.

Verriez-vous un inconvénient à ce que j'utilise cet épisode, pas forcément au 25 août ou du moins pas entièrement, dans le cadre des opérations contre le Dodécanèse ??

Amicalement
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MessagePosté le: Ven Mar 07, 2008 07:19    Sujet du message: Répondre en citant

Pas de souci, t'as le feu vert !
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MessagePosté le: Lun Mar 31, 2008 00:06    Sujet du message: Sort de De Vecchi Répondre en citant

En travaillant sur la conquête du Dodécanèse par les Franco-Britanniques, je me suis trouvé confronté au cas de Cesare Maria De Vecchi, alors gouverneur des îles de l'Egée et commandant en chef des forces militaires des trois armes (Egeomil).
Personnage historiquement important du régime fasciste : membre du Grand Conseil depuis sa création et surtout l'un des quadrumvirs de la Marche sur Rome. Représentant de l'aile modérée du parti fasciste, à tendance monarchiste.
En OTL, il a contribué en juillet 1943 à la chute de Mussolini.
Ce dernier avait été heureux de l'expédier loin de l'Italie, de 1936 à novembre 1940 où il avait été remplacé dans ses fonctions pour "incompétence" sur le plan militaire. Mis sur la touche jusqu'à son rôle de juillet 1943.
Peut-on supposer que, contrairement à Rodolfo Graziani, Mussolini ne verra aucun inconvénient à ce que De Vecchi soit fait prisonnier ? Ou bien se sentira-t-il obligé de faire évacuer ce personnage historique du régime ?

Amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mar 31, 2008 09:19    Sujet du message: Répondre en citant

Bonne question...
Est-ce qu'une mort héroïque de ce pauvre Cesare Maria (toute l'histoire de l'Italie en un prénom !!) ne serait pas ce qui conviendrait le mieux à Benito ?
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MessagePosté le: Lun Mar 31, 2008 10:36    Sujet du message: Répondre en citant

Après les rumeurs au sujet de la mort d'Italo Balbo, il vaudrait mieux que les circonstances de celle de De Vecchi ne prêtent pas au soupçon !
Et, de toutes façons, il y aura inévitablement le parallèle Graziani/De Vecchi...

Amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Avr 09, 2008 17:30    Sujet du message: Répondre en citant

Trève de réflexions et préparations, voici le début du feuilleton "Dodécanèse", par FOLC !

2 août
Rome
En fin de matinée, le capitaine de vaisseau Emilio Ferreri, qui représente encore à lui seul le futur Ufficio RTSO (Rifornimento, Traffico, Spedizioni Oltremare : Ravitaillement, Trafic, Expéditions Outre-mer) de Supermarina, accueille, non sans soulagement, un premier collaborateur « temporaire » (selon la note de service qui l’a annoncé), le lieutenant de vaisseau de réserve Renato Moracchioli, certes âgé (46 ans) mais d’autant plus expérimenté. Il a commandé jusqu’à l’entrée en guerre l’un des navires marchands de la Società di Navigazione Anonima Italia. Une fois expédiées les formalités protocolaires, Ferreri entreprend de mettre son interlocuteur au courant de ce que l’on attend d’eux.
– L’amiral Somigli, sous-chef d’état-major de la Marine, a réuni hier, outre moi-même et nos voisins du Bureau Opérations, l’amiral Falangola ainsi que l’amiral Campioni, accompagné de l’un de ses subordonnés, le vice-amiral Marenco di Moriondo 1. C’était la première réunion de cette importance depuis celle du 7 juillet dernier, pour préparer le convoi du malheureux Rex [soupir]. Nous nous attendions tous, plus ou moins, à ce qu’il nous soit demandé de mettre sur pied un nouveau convoi pour l’Afrique du Nord. Eh bien non ! Pas l’Afrique, mais les îles de l’Egée, même si le contre-amiral Biancheri 2 n’était pas là.
– Pourquoi le Dodécanèse ? Il ne paraît pas menacé, pas encore du moins, alors que la situation de la Libye, si j’en crois ce qu’on peut lire entre les lignes dans les journaux, est… des plus sérieuses ?
– Il semble que le gouverneur De Vecchi 3 se soit remué comme diable en bénitier et ait réussi à convaincre Son Excellence le Ministre de la Marine 4 [haussement de sourcils de Moracchioli] qu’il fallait agir préventivement pour renforcer les capacités de résistance de ses îles. Il est vrai que celles-ci n’ont été que fort peu ravitaillées depuis l’entrée en guerre. Elles ont tout juste eu droit à deux transports par sous-marins : l’un effectué fin juin par l’Atropo, l’autre par le Corridoni courant juillet. Or, pas question de compter davantage sur ce type de transports. D’une part, depuis l’échec du 12 juillet, c’est sur les sous-marins que repose le plus gros, si l’on peut dire, de l’approvisionnement de la Libye. D’autre part, De Vecchi a obtenu que Maricosom reprenne des mouillages de mines offensifs en Méditerranée orientale avec ses bateaux spécialisés. A cette heure, l’amiral Falangola a certainement déjà donné des ordres pour que parte dès que possible une première vague, groupant tous les mouilleurs de mines qui ne ravitaillent pas l’Afrique du Nord. Quant à moi, on m’avait demandé, le 24 juillet, de réfléchir à des rotations de petits cargos discrets et relativement rapides. J’avais pensé au Tarquinia…
– Je l’ai croisé une fois ou deux. Sauf votre respect, il est bien petit, commandant !
– Vous avez raison. Il est discret, mais il est petit : il n’aurait guère pu emporter que 500 tonnes de cargaison environ à chaque voyage 5. Mais cela n’est plus de saison. Ou plutôt, si : le Tarquinia sera bien envoyé dans le Dodécanèse, mais pour un aller simple, afin de servir aux échanges commerciaux avec la Turquie et même avec la Grèce, si du moins le… gouvernement ne juge pas utile de brouiller davantage nos relations avec ce pays. Le Tarquinia ne fera évidemment pas le voyage à vide. Il sera accompagné par le Giorgio Orsini, bâtiment réquisitionné 6, qui, outre le dragage forain, sera affecté aux liaisons entre les îles. Mais ce n’est là qu’un hors-d’œuvre. Le plat de résistance, ce sera d’amener à Rhodes ou Léros d’une part le 312e bataillon mixte cuirassé, d’autre part la moitié des hommes et la totalité de l’équipement lourd de la 201e légion de Chemises noires…
– Pourquoi la moitié des hommes seulement, commandant ?
– Le transport de l’autre moitié incomberait à la Regia Aeronautica, dans le cadre de l’effort en faveur de l’Egée qui lui a été réclamé. Messieurs les aviateurs auraient proposé un mini pont aérien, permettant d’afficher rapidement un résultat concret. Mais le travail sérieux nous restera ! Outre soldats, armes et munitions, il faudra aussi transporter du ciment pour renforcer ou multiplier les fortifications, des vivres pour nos forces armées et les civils, du fourrage pour les animaux de bât, des effets d’habillement et des pièces de rechanges pour l’Armée et l’Aviation. Vous vous en doutez, c’est sur vous et moi que l’on compte pour le choix judicieux des bâtiments marchands à affecter à l’entreprise… qui devra être programmée dans ses moindres détails au plus tard dans deux jours !
– Le temps de passer quelques coups de fil pour vérifier la disponibilité des bateaux, vous aurez une première liste sur votre bureau dès cet après-midi.
– Très bien ! De toutes façons, soyons honnêtes, notre tâche est tout de même plus légère que celle du Bureau Opérations, qui va devoir mettre sur pied une escorte ad hoc, trouver la meilleure route, etc. Pour ce qui est de la force de l’escorte, le point n’est pas tranché. Son Excellence le Ministre [Moracchioli se permet un demi-sourire] veut que nous mettions le paquet, cuirassés compris. Campioni renâcle : je crois que c’est pour mieux résister à cette demande qu’il avait laissé à Tarente les commandants des Divisions de cuirassés 7. En tout cas, cette fois, l’on compte sur Maricosom pour gêner les mouvements de l’ennemi…
– A propos de sous-marins, quel danger représentent ceux des Français et des Anglais ?
– En deux mois, ils ne nous ont pas coulé grand chose, mais ils sont là et bien là. Notamment en Egée, où juillet a été marqué par plusieurs alertes. Mais pas de pertes de notre côté, ni de succès d’ailleurs. Bien, retrouvons-nous avant l’heure du thé. Oh, pardon, du carcadeh 8…En attendant, je vais aller voir nos homologues de l’Armée.

notes
1 L’amiral Mario Falangola commandait la flotte sous-marine, l’amiral d’escadre Inigo Campioni la 1ère Escadre de Tarente et l’amiral de division (vice-amiral) Alberto Marenco di Moriondo la 4e Division de croiseurs, incluse dans la dite Escadre.
2 Le contre-amiral Luigi Biancheri commandait les forces de la Marine en Egée (MariEgeo).
3 Cesare Maria De Vecchi de Val Cismon, l’un des “quadrumvirs” de la Marche sur Rome, représentant de l’aile monarchiste et modérée du fascisme, était depuis la fin de 1936 gouverneur des îles de l’Egée et depuis 1938 commandant en chef de l’ensemble des forces militaires (Egeomil).
4 Benito Mussolini en personne, qui était évidemment avant tout le chef du gouvernement et le Duce, titre et épithète que Ferreri ignore à dessein.
5 Le Tarquinia est un vapeur de 749 GRT.
6 Petit paquebot récent (1931) de la Società Zaratina di Navigazione.
7 Les amiraux de division (vice-amiraux) Bruto Brivonesi (5e Division : Giulio Cesare et Conte di Cavour) et Carlo Bergamini (9e Division, constituée des tout récents Littorio et Vittorio Veneto).
8 Allusion à la prohibition mussolinienne des mots, habitudes et produits anglais. Le thé devait céder la place au carcadeh (infusion à base de fleurs d’hibiscus séchées), produit dans les territoires de l’Empire.


4 août
Rome
La guerre ignorant le repos dominical, les bureaux de Supermarina sont aussi affairés qu’un jour de semaine. Vers une heure de l’après-midi, le C.V. Ferreri entre dans celui qu’il partage avec le L.V. Moracchioli en brandissant un dossier.
– Cette fois, nous y sommes ! L’opération C 14 est réglée dans ses moindres détails… Je ne suis pas autorisé à tout vous révéler, mais je peux au moins vous mettre au courant des grandes lignes. Tout d’abord, le choix auquel nous nous étions arrêtés pour les navires de transport a été validé, non sans quelques débats. Tout le pondéreux – et en premier lieu les chars du 312e bataillon – sera donc réparti entre les cargos Antonio Locatelli et Capo Vado, avec un petit complément sur le Tarquinia. Quant aux hommes, tankistes, légionnaires et autres, ils seront répartis entre le Giorgio Orsini et nos trois croiseurs auxiliaires Adriatico, Barletta et Brindisi 1 . C’est sur ce point que la discussion a été la plus vive : certains préféraient embarquer les hommes sur les contre-torpilleurs ou les croiseurs de l’escorte rapprochée, voire sur un unique paquebot rapide, arguant que, en cas de problème, ces navires pourraient décrocher et foncer à pleine vitesse vers la destination finale. Mais on a fini par reconnaître qu’il valait mieux ne pas encombrer les navires de combat et qu’il était tout aussi préférable de diviser les risques de pertes.
– Un bon point pour l’Ufficio RTSO, commandant !
– Dont il doit la moitié à vos avis pertinents, Moracchioli ! Mais attendons la fin de l’histoire pour nous congratuler. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Le chargement des navires est à achever pour le 13 août.
– Et l’escorte ?
– Finalement, toute la flotte de Tarente, ou presque, sortira. Pas plus tard qu’hier soir, Son Excellence le ministre de la Marine a imposé sa volonté à Cavagnari, lequel à son tour, a énergiquement convaincu Campioni. Il est vrai que, cette fois, nos amiraux avaient moins d’arguments pour refuser la sortie des navires de ligne, puisque cinq seront bientôt disponibles. Ce qui a d’ailleurs conditionné le choix des dates : cette année, feragosto 2 sera un jour tout particulier pour notre Marine !
Un peu plus tard dans la soirée, Emilio Ferreri reçoit la version définitive du promemoria de l’opération C 14 (classé “très confidentiel”). C’est de loin l’opération la plus importante dans laquelle se soit lancée la Regia Marina depuis le 10 juin (cf. l’ouvrage de l’Ufficio Storico della Marina, La Marina nella difesa del Dodecaneso, Rome, 1969, annexe IV).

§ Composition du convoi :
Navires de charge : vapeurs Antonio Locatelli (5 691 GRT), Capo Vado (4 391 GRT) et Tarquinia (749 GRT) ;
Transports de troupes : croiseurs auxiliaires Adriatico, Barletta et Brindisi, tous trois de même type (1 976 tonnes, 14 nœuds, entrés en service en 1931) ; bâtiment auxiliaire Giorgio Orsini.
§ Escorte rapprochée :
8e Division de croiseurs (amiral de division Antonio Legnani) : Luigi di Savoia Duca degli Abruzzi, Giuseppe Garibaldi.
16e Escadrille de contre-torpilleurs : Nicoloso Da Recco, Antoniotto Usodimare, Luca Tarigo, Emanuele Pessagno.
2e Escadrille de contre-torpilleurs : Espero, Borea, Ostro. 3
§ Escorte à distance, 1er groupe :
1ère Division de croiseurs (amiral de division Pellegrino Matteucci) : Zara, Gorizia, Fiume, renforcés par le Pola, détaché de la IIe Escadre.
9e Escadrille de contre-torpilleurs : Vittorio Alfieri, Alfredo Oriani, Giosué Carducci, Vincenzo Gioberti.
4e Division de croiseurs (amiral de division Alberto Marenco di Moriondo) : Alberico da Barbiano, Luigi Cadorna, Alberto di Giussano, Armando Diaz.
12e Escadrille de contre-torpilleurs : Lanciere, Carabiniere, Corazziere, Ascari. 4
§ Escorte à distance, 2e groupe :
5e Division de cuirassés (amiral de division Bruto Brivonesi) : Giulio Cesare, Conte di Cavour, renforcés par le Caio Duilio, détaché de la IIe Escadre. 5
7e Escadrille de contre-torpilleurs : Freccia, Dardo, Saetta, Strale.
8e Escadrille de contre-torpilleurs : Folgore, Fulmine, Baleno, Lampo.
9e Division de cuirassés (amiral de division Carlo Bergamini) : Littorio, Vittorio Veneto.
14e Escadrille de contre-torpilleurs : Ugolino Vivaldi, Leone Pancaldo, Antonio Pigafetta. 6
15e Escadrille de contre-torpilleurs : Nicolò Zeno, Alvise Da Mosto. 7
10e Escadrille de contre-torpilleurs : Libeccio, Scirocco, détachés de la IIe Escadre.
7e Division de croiseurs (amiral de division Luigi Sansonetti) : deux de ses quatre unités, détachées de la IIe Escadre, Eugenio di Savoia et Emanuele Filiberto Duca d’Aosta.
13e Escadrille de contre-torpilleurs : deux de ses quatre unités, détachées de la IIe Escadre, Granatiere et Bersagliere.
1ère Escadrille de contre-torpilleurs : Aquilone, Turbine. 8

La Regia Marina va donc faire sortir 5 cuirassés, 12 croiseurs (4 lourds, ceux de la 1ère Division, et 8 légers, ceux des 4e, 7e et 8e Divisions) et 34 contre-torpilleurs. Pour disposer de cinq cuirassés, il lui faut attendre le 15 août : le mouvement du convoi, évidemment bien plus lent que l’escadre, a été fixé en fonction de cet impératif.
La Regia Marina va aussi mobiliser ses sous-marins pour faire obstacle aux réactions des Franco-Britanniques. Trente-deux unités seront réparties des approches de Gibraltar à celles d’Alexandrie, en passant par les côtes d’Afrique du Nord et les parages de Malte. 9
Il faut ajouter à ce déploiement les unités engagées dans une opération de diversion destinée à retarder la découverte par les Alliés de la véritable destination du convoi. Il est en effet prévu de faire passer aussi longtemps que possible ce convoi vers les îles de l’Egée pour un convoi destiné à l’Albanie. Le C 14 partira donc de Bari et mettra le cap sur Durazzo avec son escorte rapprochée, provisoirement renforcée par les forces locales de l’Adriatique et de la Mer Ionienne. Un autre convoi, parti d’Ancône, se substituera au C 14 sur la route de Durazzo quand il mettra le cap au sud-est. Ce leurre, comprenant le croiseur auxiliaire Brioni (sister-ship des Adriatico, Barletta et Brindisi) et six navires de charge, sera escorté par les vieux croiseurs Bari et Taranto et sept anciens contre-torpilleurs déclassés des 7e et 15e Escadrilles de torpilleurs (respectivement Angelo Bassini, Enrico Cosenz et Giacomo Medici d’une part, Confienza, Solferino, San Martino et Palestro d’autre part).
Les navires de l’escorte à distance feront demi-tour dès que le convoi s’engagera dans le détroit séparant l’île d’Anticythère de la Crète. De l’escorte rapprochée, la 8e Division de croiseurs et la 16e Escadrille de contre-torpilleurs se retireront à leur tour une fois opérée la jonction avec les deux contre-torpilleurs et les quatre torpilleurs d’Egeomil, prévue sur le méridien de Réthymnon. Seule la 2e Escadrille de contre-torpilleurs poursuivra jusqu’à Rhodes.
Pour le retour, le convoi sera escorté par la 2e Escadrille et les forces d’Egeomil, qui pourront ainsi regagner l’Italie en remplissant une tâche honorable.

notes
1 Ces croiseurs auxiliaires étaient en temps de paix des malles postales. Armés de deux canons de 102 mm et de 2 à 4 mitrailleuses lourdes, ils étaient dotés de rails capables d’accueillir des mines ou des grenades ASM.
2 Le 15 août.
3 La quatrième unité, le Zeffiro, a été coulée à Pantelleria le 5 juillet 1940.
4 Cette escadrille devait servir d’escorte à la 6e Division de cuirassés (Caio Duilio et Andrea Doria). En attendant l’entrée en service des deux navires de ligne, le Lanciere avait été affecté à la 4e Division. Les trois autres allaient escorter le Caio Duilio de Gênes à Tarente, où il devait pousser ses essais après refonte pour être prêt au 15 août.
5 La refonte de l’Andrea Doria, partenaire prévu pour le Duilio dans la 6e Division, n’était pas terminée.
6 La quatrième unité de l’escadrille, l’Antonio Da Noli, n’était pas encore remise des dommages reçus le 1er juillet 1940.
7 Les deux autres unités de l’escadrille, les Giovanni Da Verazzano et Lanzerotto Malocello, étaient employées pour ravitailler la Libye.
8 La troisième unité survivante, l’Euro, n’était pas encore remise des dommages reçus le 6 juillet 1940.
9 Guère efficace, ce déploiement devait conduire à la perte du Lafolè (62e Escadrille), coulé le 17 août à Tobrouk.


5 août
Rhodes
Dans l’attente du convoi C 14, Cesare Maria De Vecchi de Val Cismon, gouverneur des îles de l’Egée et depuis 1938 commandant en chef de l’ensemble des forces militaires de la région (Egeomil), fait le point sur les forces dont il dispose (les noms italiens des îles sont signalés entre parenthèses).
§ Les forces terrestres du Dodécanèse sont considérées comme un Corps d’Armée, ce qui est sans doute exagéré…
La 50e Division d’infanterie Regina (général de brigade Alessandro Piazzoni), avec les 9e et 10e régiments d’infanterie, le 50e régiment d’artillerie divisionnaire et divers autres détachements, en constitue le plus gros. Elle totalise environ 11 500 hommes, sans artillerie plus lourde qu’une douzaine d’obusiers de 100 mm.
Elle est renforcée de troupes non endivisionnées représentant un nombre d’hommes équivalent : groupe de carabiniers royaux Egeo, 18 compagnies de mitrailleurs de position, artillerie côtière (distincte des batteries de la Regia Marina), artillerie anti-aérienne, services et 3e Compagnia Carri di Guardia alla Frontiera, avec 12 chars (très) légers Fiat 3000 (proches dérivés des Renault FT 17).
Ces forces sont, pour l’essentiel, réparties entre Rhodes (environ 12 000 hommes), Léros (6 000) et Kos (4 000).
On comprend que le gouverneur De Vecchi attende avec impatience l’arrivée du 312e bataillon mixte cuirassé (avec 4 chars M 11/39, 23 tankettes L 3 et 9 auto-mitrailleuses Ansaldo-Lancia 1Z) et celle de la CCIe Légion de Chemises Noires (1 500 hommes environ).
§§ La Regia Aeronautica dispose de six pistes, toutes en terre battue : trois à Rhodes (Rodi) (Maritsa, Gadurrà et Cattavia – l’utilisation de celle-ci est difficile pour raisons logistiques), une à Kos (Coo), une à Karpathos (Scarpanto) et une sur Kasos (petite île proche de Karpathos).
Au 10 juin étaient déployés sur ces aérodromes la 163e Escadrille autonome de chasse terrestre (CT), équipée au 10 juin de 11 Fiat CR 32, et les 56e et 92e Groupes de la 39e Escadre de bombardement terrestre (BT), équipés de 24 SM-81 en tout. Ces maigres forces ont été (un peu) renforcées en juillet par 9 Fiat CR-32, qu’il a fallu transporter dans le ventre de SM-82 et remonter sur place. L’envoi d’autres renforts, notamment des CR-42 et des SM-79, avait d’abord été annulé devant l’aggravation de la situation en Sardaigne, en Sicile et en Afrique du Nord. Mais De Vecchi a reçu des assurances de Mussolini en personne : deux douzaines d’appareils modernes vont sous peu rejoindre le Dodécanèse.
Il faut ajouter aux avions basés à terre les 28 hydravions basés à Léros (Lero), sur l’hydrobase de Lakki (Porto Lago) : 8 appareils de chasse (Ro.44), 16 de reconnaissance (1 Ro.43, 15 Cant Z.501), 2 de reconnaissance et secours (Cant Z.506), 2 de secours (Cant Z.506).
§§§ Les forces de la Regia Marina dans le Dodécanèse, dépendant du Commandement naval de Mer Egée (contre-amiral Biancheri), sont les suivantes :
A) Bâtiments de surface
– 4e Escadrille de contre-torpilleurs : Francesco Crispi, Quintino Sella (les deux autres unités de la classe “Sella” ont été vendues à la Suède en mars 1940).
– 8e Escadrille de torpilleurs : Lupo, Lince, Lira, Libra (classe “Spica”).
Il est prévu que les six navires sus-cités se joindront au convoi C 14 lorsqu’il prendra le chemin du retour : De Vecchi n’a pu obtenir leur maintien.
– IIIe Flottille MAS (14 bateaux) : 7e Escadrille MAS, avec les MAS-430, MAS-431, MAS-433, MAS-434 ; 11e Escadrille MAS, avec les MAS-520, MAS-521, MAS-522, MAS-523 ; 16e Escadrille MAS, avec les MAS-536, MAS-537, MAS-542 ; 22e Escadrille MAS, avec les MAS-545, MAS-546, MAS-551.
– Mouilleurs de mines Legnano et Lero.
– Canonnière Sebastiano Caboto et petite canonnière Marzio Sonzini.
Plus la vedette à vapeur de la Guardia di Finanza Postiglioni et le pétrolier Cerere.
B) Sous-marins
Ve Groupe (8 bateaux)
51e Escadrille (à Léros) : Delfino, Narvalo, Squalo, Tricheco (classe “Squalo”).
52e Escadrille (à Rhodes) : Ametista, Zaffiro (classe “Sirena”) et Jalea, Jantina (classe “Argonauta”).
Des renforts sont arrivés en juillet à Léros, sous la forme de la 13e Escadrille venant du Ier Groupe (La Spezia) : Berillo, Gemma, Onice (classe “Perla”).
En revanche, après la perte de l’Iride, survenue le 2 août, il a été décidé de retirer l’Ametista de Rhodes pour le consacrer aux opérations spéciales.
Il reste donc dix sous-marins italiens basés en Mer Egée.
C) La Regia Marina contribue aussi à la défense des îles avec des batteries côtières. Celles-ci sont installées à Léros (cinq batteries lourdes avec des pièces de 152, 120 et 102 mm ; 14 batteries légères avec des pièces de 102 et 76 mm), à Rhodes (six batteries lourdes avec des canons de 152 et 120 mm), à Patmos (une batterie de 76 mm) et à Alimnia (une batterie de 76 mm).


7 août
Mer Egée
« En ces premiers jours d’août, plus encore que chez leurs camarades de Méditerranée occidentale, un sentiment de frustration dominait chez les sous-mariniers du Levant. Sans doute, après près de deux mois de guerre contre l’Italie ils n’avaient eu à déplorer aucune perte – encore qu’en juillet, au retour d’une patrouille, le Protée (C.C. Garreau) n’ait dû qu’à une prompte manoeuvre d’échapper aux torpilles d’un congénère ennemi (aujourd’hui identifié comme le Tricheco). Mais ils attendaient toujours leur premier succès. Ce n’était pas faute d’avoir, partant de Beyrouth, sillonné avec obstination le dédale (c’est le cas de le dire) des îles de l’Egée, le terrain de chasse qui leur était assigné par les accords franco-britanniques. Mais les proies étaient d’autant plus rares que, comme leurs camarades anglais qui poussaient à l’occasion des pointes jusqu’à l’entrée des Dardanelles, ils avaient reçu l’ordre formel de n’attaquer que des bâtiments dûment identifiés comme italiens : il fallait impérativement éviter de mécontenter les neutres et, avant tout, les Grecs et les Turcs. De toute façon, la flotte marchande italienne de la région se résumait à deux ou trois caboteurs et à quelques bateaux de pêche qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau à leurs collègues venus du Royaume des Hellènes, voire de la côte d’Asie Mineure, et pour lesquels la prudence commandait de s’abstenir. Les seules cibles franches dans les parages étaient les navires de la Regia Marina. Mais il s’agissait en général de cibles agiles : le Phoque avait lancé en vain en juillet deux torpilles contre un torpilleur de classe Spica (le Lince, d’après les archives italiennes). Bref, états-majors et équipages espéraient tous des jours meilleurs.
Le 7 août enfin, sur le coup de 22 heures, l’Achéron (C.C. Alliou), navigant en surface non loin de la côte sud de l’île d’Astypalea (Stampalia), repéra deux silhouettes, dont l’une paraissait immobile et l’autre se mouvait à faible vitesse. Il s’agissait du mouilleur de mines auxiliaire Lero, qui achevait de poser la première partie d’un champ défensif sous l’escorte des torpilleurs Lira, qu’avait aperçu l'Achéron, et Lupo, alors caché aux regards des vigies du sous-marin par la petite île Saint-Cyriaque. L’Achéron put se rapprocher à moins de 1 200 mètres et gagner une position favorable au moment où sa cible se remettait en marche. Le sous-marin lança trois torpilles de ses tubes avant sur le Lero avant de plonger. Une minute plus tard environ, un engin au moins toucha la cible. L’arrière de celle-ci, qui avait encore une partie de ses mines à bord, fut désintégré par une violente explosion et sa partie avant ne tarda pas à couler. L’Achéron put échapper à la réaction des deux torpilleurs et rentrer victorieux à Beyrouth.
Les sous-marins du Levant n’allaient pas tarder à être engagés dans une opération plus vaste, la chasse au convoi C 14. »
Extrait de Soldats des Profondeurs – Les sous-marins de la Marine Nationale dans la guerre, par le Commandant Henri Vuillez – 2e éd., complétée par Claude Huan, Paris, 1992.

10 août
Rhodes
Le pont aérien organisé par la Regia Aeronautica pour transférer la moitié de la CCIe Légion de Chemises Noires, soit près de 800 hommes, dans les îles de la Mer Egée, s’achève sur un succès. Il manque seulement à ces hommes leur équipement lourd et l’essentiel de leurs munitions.
Le même jour, arrivent sur l’aéroport de Maritsa les 12 SIAI SM-79 des 67e et 68e escadrilles qui composent le 34e Groupe de Bombardement terrestre. Ce Groupe vient de Sicile, où des formations jusqu’alors engagées sur le front français vont pouvoir le relayer. Même si ce n’est que la moitié de ce qu’avait réclamé le gouverneur De Vecchi, c’est là une première contribution de l’Aviation Royale au renforcement des moyens modernes des îles de l’Egée. Ces appareils doivent harceler Haïfa et Beyrouth aux côtés des plus anciens SM-81.



12 août

Rhodes
Douze Breda 88 détachés par le 7e Groupe autonome de combat se posent sur l’aérodrome de Gadurra. Le Breda 88, appareil dit polyvalent, s’est révélé un avion d’assaut des plus médiocres (et c’est une litote). Aussi doit-il être employé dans le Dodécanèse uniquement pour des missions de chasse et de reconnaissance. A court d’avions de chasse même partiellement modernes en Italie continentale et en Sicile, c’est tout ce que la Regia Aeronautica a trouvé à envoyer dans l’Egée pour épauler le petit nombre de chasseurs déjà déployés. Sans doute l’état-major a-t-il jugé que l’arrivée de cet appareil d’allure moderne aurait un meilleur effet psychologique que celle de nouveaux Fiat CR-32. Au moins ont-ils pu faire le voyage seuls ! Mais c’est là le dernier renfort aérien que recevront les îles de l’Egée.


Dernière édition par Casus Frankie le Jeu Avr 10, 2008 00:01; édité 1 fois
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MessagePosté le: Mer Avr 09, 2008 21:02    Sujet du message: Répondre en citant

C'est très bien écrit. Mais j'ai quand même un doute : la Regia Marina va-t-elle faire sortir quasiment toute la flotte pour un simple convoi pour transporter finalement pas grand chose vers le Dodécanèse (qui n'est quand même pas stratégique), alors que
1) l'Italie n'a pas des réserves infinies de carburant
2) le convoi du Rex a été avant tout condamné par l'aviation ennemie, contre laquelle une escorte imposante ne pourrait pas grand chose si les Alliés mettent le paquet.
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MessagePosté le: Jeu Avr 10, 2008 00:27    Sujet du message: Répondre en citant

Bonnes remarques de Loïc. J'ai longtemps hésité avant de choisir la taille de l'effort de la Regia Marina.

loic a écrit:
1) l'Italie n'a pas des réserves infinies de carburant


Certes, en FTL comme en OTL. Mais en FTL la Regia Marina a jusqu'à présent été plus économe : pas d'action d'envergure en juillet.

loic a écrit:
2) le convoi du Rex a été avant tout condamné par l'aviation ennemie, contre laquelle une escorte imposante ne pourrait pas grand chose si les Alliés mettent le paquet.


Exact. Mais, dans le cas qui va nous occuper, les navires seront en mouvement et non pas au port. Reste à savoir ce que les Franco-Britanniques pourront envoyer contre le convoi et ses escortes. Si le convoi serre au maximum la côte grecque, les Laté-298 de Malte auront les pattes un peu courtes pour partir armés de torpilles.Ils auront donc des bombes [ce qui est peut-être mieux: sauf erreur de ma part, le Laté-298 ne fait pas d'étincelles comme torpilleur en FTL, j'ai le souvenir d'une attaque ratée sur un convoi italien pendant l'opération Merkur]. Au bout de plusieurs semaines d'emploi, on (Casus et moi) a estimé leur disponibilité à une douzaine d'appareils.
Quant aux Martin 167-F, leurs succès ont plutôt été obtenus contre des bâtiments immobiles.
Restent les Aéronavales. Mais, et c'est un point dont on peut débattre, j'ai supposé que, leurs forces n'étant pas infinies, les états-majors alliés préfèreraient s'en tenir à l'attaque sur Tarente, plutôt que risquer une attaque en pleine mer aux résultats incertains (je rappelle que, en OTL, les succès majeurs de la Fleet Air Arm en juin, juillet et août 1940 ont été acquis contre des navires au port).
Réciproquement, les Italiens peuvent concentrer des chasseurs modernes pour couvrir la flotte pendant une partie de ses mouvements en Mer Ionienne. Je sais : ils en ont besoin ailleurs, mais ce n'est que pour peu de temps, les chasseurs repartiront et Tarente sera peu défendue le 24 août.
En fait, tout le problème est de savoir si les Alliés mettront le paquet naval. Je suis parti de l'hypothèse (soufflée par Frank) que flotte et convoi italiens se mettraient en mouvement au moment où ils sont fort occupés en Libye avec le début de l'offensive britannique en Tripolitaine.
Et, surtout, que les flottes franco-britanniques n'étaient pas encore concentrées en vue de l'attaque de Tarente mais toujours partagées entre Gibraltar, l'Afrique du Nord française et Alexandrie.

C'est vrai que le Dodécanèse n'est pas vital et que le convoi ne vaut pas cette peine à lui seul. Plus fondamentalement, cette sortie de la flotte italienne (inspirée de sa sortie d'août 40 OTL) répond à divers problèmes internes :
1) l'affirmation de l'autorité de Mussolini sur la Regia Marina: à ce stade de la guerre, Cavagnari pouvait refuser d'agir avec deux cuirassés (trois au mieux), avec cinq, le Duce pouvait sans doute se trouver un chef d'état-major plus souple
2) l'impossibilité pour Mussolini de laisser tomber sans réagir De Vecchi après Balbo
3) le besoin pour lui de montrer à l'opinion publique du positif, quel qu'il soit : la flotte sortant de Tarente, cela fera de forts belles actualités Lux (après l'événement, bien sûr)
4) la Marine elle-même ne peut pas subir indéfiniment l'ascendant adverse. Or, on ne lui demande pas d'aller se frotter aux Alliés loin des côtes italiennes (cas du convoi du Rex) mais juste de prendre l'air en Mer Ionienne (non seulement le gros de la flotte n'ira évidemment pas se fourrer dans la trappe de l'Egée, mais, si les nouvelles sont bonnes et a fortiori si elles sont mauvaises, il n'ira sans doute pas jusqu'à la Crète).
Tout çà avec l'espoir de tomber éventuellement sur le poil de forces légères franco-britanniques : le massacre (sans fair-play) est toujours gai quand on est du bon côté des canons, rappelons-nous l'Armée navale française matraquant le croiseur protégé austro-hongrois Zenta en 1914. Ou sur une fraction seulement des flottes principales. Les événements de mai 1941 FTL montrent que les vieux cuirassés français et britanniques ne font pas le poids face aux Littorio et Vittorio Veneto. Je doute que les Dunkerque et Strasbourg l'aient fait davantage (à Mers-el-Kébir, le Dunkerque a mal digéré les obus de 381 mm).
Or, puisqu'il n'y a pas eu d'opération Catapult, il n'y a pas, je suppose, de Hood en Méditerranée.
5) L'affaire du Dodécanèse doit permettre aussi à la Marine de justifier sa future inaction côté Sardaigne : elle a transféré en fait une bonne partie des navires de la IIe Escadre de La Spezia à Tarente, et notamment le cuirassé Caio Duilio, se mettant ainsi hors d'état de pouvoir intervenir en Méditerranée occidentale, sauf contre des forces légères.
En somme, obéir à Mussolini l'arrange aussi...

Bref, je n'ai pas résisté au plaisir de mettre en scène le Capitole avant la Roche Tarpéienne : une sortie majestueuse et moralement revigorante de la flotte italienne avant le désastre de Tarente.

Amicalement
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MessagePosté le: Jeu Avr 10, 2008 06:47    Sujet du message: Répondre en citant

Ce sont de bons arguments, faut voir ce qu'en pense Fantasque et aussi le marin de service Fregaton. Garde à vous
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