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Combat aériens dans le Sud-Ouest, juillet 1940.
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Archibald



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MessagePosté le: Lun Jan 07, 2008 22:20    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
12 à 18 MB-155 (en plus des 9 pris en compte par l’AdA historiquement)


Citation:
On a des hybrides 152/155 en plus des 7 MB-155 pris en compte par le GC II/8 (sur les 14 produits mais dont seuls 8 seront portés aux registres de l’AdA. Les 7 autres ont abouti au Groupement 21 replié vers Toulouse).


D'accord, les maths et la logique de guerre ne sont pas mon truc, mais bon...

Si on garde les 9 MB-155 "historiques" et on y ajoute les 14 supplémentaires, ca ne devrait pas faire 23 machines?
soit
- les 14 de Merignac pour le II/8,
et
- les 9 "historique" pour le groupement 21 ?

Sinon oubliez ce post...
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MessagePosté le: Mar Jan 08, 2008 10:07    Sujet du message: Répondre en citant

Mmhhh.

C'est comme pour les Gremlins,
il faut pas taper des papiers après minuit.

Disons que nous avons une disponibilité totale de 23 MB-155 (9 OTL + 14 FTL)

Sur ces avions:

Dans les 9 initiaux ona 3 avions au GC-II/8, sans doute le même nombre au Groupement 21 et les 3 restants en dépots (et sans doute en réparation après les "petits incidents" classiques du genre mise en pylone, etc...).
Sur les 14 produits à merignac, compte tenu de la présence du GC-II/8 localement (ou a proximité) il est probable qu'il récupèrera 8 avions (légalement ou pas) et les 6 autres iront au Gr-21

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MessagePosté le: Mar Jan 08, 2008 10:32    Sujet du message: Répondre en citant

Soit donc 23 MB-155, 3 vont au tapis, il en reste 20.
3 pour le GC II/8
3 pour le groupement 21

Ensuite 8 pour le GC II/8, 6 pour le groupement 21

donc au final, 11 pour le GC II/8 et 9 pour le groupement 21. Ok!

Pour les hybrides, j'ai commencé a y réfléchir de mon coté.
Prenons des MB-152 avec des ailes de MB-155. Je suis sur d'avoir vu sur le web que, si les deux versions ont 2*20mm, le nombre de mitrailleuses légères passe de 2*7.7 sur le MB-152 à 4*7.7 sur le MB-155.

en bref on ajoute deux mitrailleuses.

D'autre part, si l'on évacue chateauroux, on évacue chatellerault, les deux villes n'étant pas bien loin l'une de l'autre (je les confonds tout le temps Rolling Eyes )
Or a Chatellerault, il y a la M.A.C et ses canons de 20mm, du moins les ingénieurs... si ils viennent a Bordeaux, pourrait on construire des MB-152 avec des ailes de MB-155 dans lesquelles les 4*7.7 seraient remplacés par deux 20mm de plus ?

En somme 6 ou 8 MB-152 hybrides (ailes de MB-155 modifiée) armés de 4 canons, éventuellement blindés, de performances réduites mais très efficaces en straffing ?
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MessagePosté le: Mar Jan 08, 2008 13:48    Sujet du message: Répondre en citant

Pour l'aile à 4 canons, c'est trop compliqué à improviser (il faudrait modifier toute la baies d'armement).
Par contre le projet d'Hispano alimenté par bandes et non par chargeur était prêt (en termes de plans) en juin 40.
OTL les ingénieurs de MAC l'ont transféré en GB où il a donné l'Hispano Mk-V.

ici le projet va partir sur Alger avant d'aller en GB pour industrialisation....
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MessagePosté le: Mar Jan 08, 2008 15:51    Sujet du message: Répondre en citant

Mmmh l'impro a ses limites...

Pas possible autrement d'en monter en nacelles sous les ailes, comme les mitrailleuse des Potez 63 ?
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MessagePosté le: Mar Jan 08, 2008 15:58    Sujet du message: Répondre en citant

Un hispano HS-404 ce n'est pas la même chose en poids et en énergie au recul qu'une MAC. Pifométriquement l'énergie au recul doit être 15 fois supérieures avec le HS-404...(e = mv2)
Par ailleurs, pour la période, 2 x HS-404 et 2 ou 4 MAC c'est bien assez puissant.

En plus pour les Potez, l'adaptation avait été conçue en usine et des kits fabiqués puis envoyés aux unités ou aux centres de maintenance. C'est pas exactement une improvisation...

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MessagePosté le: Mar Jan 08, 2008 17:06    Sujet du message: Répondre en citant

La question que je me pose c'est si on peut monter des ailes de 155 sur un 152 par exemple ? Un peu a la manière des Morane MS-410, ces hybrides verraient leur armement renforcés de deux mitrailleuses dans ce cas. C'est toujours bon a prendre.

Donc Merignac va produire 7 MB-152 et 14 MB-155 soit 21 appareils.

Des 14 MB-155, 8 vont revenir au II/8, 6 vont partir a Toulouse.
Par contre on peut supposer que le II/8 va se garder les 7 MB-152.

Ca va donc faire 15 appareils en plus pour le II/8. On peut considérer que tout ces avions ont été livrés au 5 juillet.
Quel est l'effectif du II/8 a cette époque (histoire de voire combien d'appareils au total il dispose a cette époque) ?

D'apres l'annexe,
24 appareils (dont 17 opérationnels) au 25 juin.
Ensuite les chiffres tombent à
15 appareils (dont 9 opérationnels) au 3 juillet 1940.

Donc
9 appareils en ligne
+
6 en réparation
+
15 appareils reçus / a recevoir de Mérignac (7 et 8)
=
Une trentaine d'appareils, dont 25 opérationnels.
On peut supposer que les 6 appareils en réparation pourraient devenir les premiers mutants MB-152/5...

Le tout au 6 juillet 1940.
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MessagePosté le: Ven Jan 11, 2008 11:18    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis en train de corriger l'annexe.
Dans la version en ligne actuellement, au 25 juin, les 9 MB-155 historiques sont indiqués comme étant au Groupement 21 (GC I/1). Mais n'étaient-ils pas plutôt au GC II/8 historiquement ?

Les 14 exemplaires FTL iraient alors en plus grand nombre au Grpt 21, histoire d'équilibrer ?

Cela contredit ce qui a été écrit : "Dans les 9 initiaux on a 3 avions au GC-II/8, sans doute le même nombre au Groupement 21 et les 3 restants en dépots"

Autre question pour Fantasque : tu parles de "[l']accélération de la production sur le site de Mérignac sur la base des stocks disponibles permettant la production « bon de guerre » de 21 avions supplémentaires dont 14 MB-155"
Ce qui ferait donc (21-14=) 7 MB-152.
S'agit-il des 7 avions réparés dont parle l'annexe ou bien de 7 nouveaux avions MB-152 (ou même des hybrides) ?

Concernant les chiffres des réceptions de l'EAA-301, je nage. Combien au final sont recensés ?
8 MB-155 sur les 14 exemplaires FTL produits ? Quid des MB-152 ?
ou bien
"11 MB-152 et 155"
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 09:36    Sujet du message: Répondre en citant

Historiquement les MB-155 sont allés au II/8.

Ici le Groupement 21 a un rôle important et il est normal qu'il reçoive des avions modernes.
Le GC-8 étant à proximité de Merignac, il va certainement récupérer, officiellement ou non) des155.

On devrait avoir les 9 MB-155 historiques + 14 produits soit 23 dont sans doute 20 volables.

La distribution logique des 9 premiers devrait être 6 au G-21 et 3 au GC-II/8. Sur les 6 du G-21 il est probable que 3 ne sont pas ou plus volables et reviendront en dépot.

Pour les 14 livrés par Mérignac, 6 au G-21 (qui aura reçu 12 avions mais en aura reversé 3 suite à des accidents ou dommages de guerre) et 8 au GC-II/8 (dont 6 "empruntés" directement à l'usine???) soit un total de 11 avions.

Archibald a raison: on aura des MB-152 avec des pièces de 155 (ailes). Sans doute le cas des derniers 152 produits plus quelques bidouillages de dernière heure. Les ailes sont interchangeables (points d'attache identiques).

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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 09:47    Sujet du message: Répondre en citant

Fantasque a écrit:
Historiquement les MB-155 sont allés au II/8.
[...]
La distribution logique des 9 premiers devrait être 6 au G-21 et 3 au GC-II/8. Sur les 6 du G-21 il est probable que 3 ne sont pas ou plus volables et reviendront en dépot.


Les 9 MB-155 historiques ont du être affectés au GC II/8 avant le POD ? Il serait curieux que 6 d'entre eux en soient retirés pour aller au Gpt 21.

Pour le reste, je suis d'accord.
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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

D'après ce que je comprends, OTL le GC II/8 est repassé par Chateauroux-Deols vers le 18/06 et c'est là qu'il a récupéré les MB-155.

Le déploiement du GC II/8 est différent en FTL.

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MessagePosté le: Lun Jan 14, 2008 13:38    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, voici les paragraphes remaniés. J'envoie l'annexe à Franck pour finalisation.
J'espère que je n'oublie rien, mais j'ai un peu de mal avec les phrases suivantes (contradictoires !) de Fantasque :
Citation:
11 autres chasseurs Bloch ont été directement livrés en première ligne sans même être enregistrés par l’EAA-301 (7 MB-152 réparés et 4 MB-155)

Citation:
les chiffres donnés par de la Vigerie (11 chasseurs MB-152 et 155 livrés) ne tiennent compte que des avions « officiellement » pris en compte par l’AdA via l’EAA-301.

Je ne sais pas si les 7 MB-152 sont des nouveaux avions ou des avions réparés en dépôt et renvoyés en unité.

(25 juillet)
GC II/8, à Saint-Brieuc, avec 24 avions (dont 17 opérationnels, parmi ceux-ci, 3 nouveaux MB-155). Groupe chargé de soutenir les forces se repliant vers Brest, puis la défense de Brest durant la phase d’évacuation.
Groupement 21, avec 90 avions (dont 74 opérationnels) déployés d’Angers et Tours avec : GC I/1, 28 avions (24), dont 6 MB-155 (mais 3 d’entre eux devront retourner en dépôt suite à divers accidents) ; GC II/1, 20 avions (17) ; GC II/10, 21 avions (17) ; GC III/10, 21 avions (16).

(Evolution de la situation du 20 juin au 5 août )
Tous les MB-152 survivants avaient été regroupés. Le Groupement 21, replié sur Toulouse, disposait de 45 avions (dont 31 opérationnels), en comptant 2 survivants de l’ELD Romorantin, et opérait comme un gros GC. Le GC II/8, dont les survivants avaient évacué Brest-Guipavas le 22 juin, avait reçu 2 MB-152 du GMO et pouvait aligner 15 avions (dont 9 opérationnels). Le 17 juin, l’usine de Châteauroux–Déols (où se trouvait le parc de réception de la SNCASO) avait été évacuée vers Mérignac (que la colonne atteignit 5 jours plus tard), où se trouvait la seconde chaîne d’assemblage des MB-152/5 depuis la montée en puissance des commandes en 1938/39. Grâce aux efforts constants des ouvriers de la SNCASO, 7 MB-152 purent être réparés (parfois avec des pièces de MB-155, par exemple les ailes, qui étaient interchangeables) et 8 MB-155 furent enregistrés par l’EAA-301. Six autres MB-155 furent directement livrés en première ligne, sans être enregistrés par l’EAA-301, le GC II/8 se « servant » directement sur place avec l’assistance du personnel et des pilotes de réception de la SNCASO. Au total, 6 MB-155 allèrent au Groupement 21 et 8 au GC II/8 en deux lots, le 4 et le 7 juillet.

(Fin de la campagne)
Le GC II/8 fit mouvement le 9 vers Mont-de-Marsan. Le même jour, l’usine de Mérignac fut dynamitée après qu’une colonne soit partie pour Mont-de-Marsan, puis Biarritz, et une autre pour Pau, avec le matériel et les pièces de rechange récupérables ainsi que des cellules en cours de finition, mais utilisées comme banques de pièces ou comme leurres sur de faux aérodromes. Bordeaux tomba le 10. Dans les deux semaines suivantes, le GC II/8 eu souvent davantage d’avions que de pilotes, qui menaient plusieurs missions chaque jour, sur des avions différents, au prix d’un épuisement certains des hommes. Il intégra quelques pilotes des ECN III/13 et IV/13, ainsi que des pilotes de réserve du Groupement 21. La pratique des hybrides MB-152/155 se multiplia grâce à la présence des ouvriers et techniciens de la SNCASO, qui prélevaient des sous-ensembles complets sur certains avions pour en réparer d’autres.
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Fantasque



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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

C'est bon
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 22:21    Sujet du message: Répondre en citant

Version finalisée, merci Archibald !

30 juin 1940
Saint-Brieuc
Le GC II/8 totalise 11 victoires depuis le début de la campagne, mais la défense de Brest lui a coûté cher. Ses chasseurs Bloch 152 ont montré leur solidité et la puissance de leur armement, mais ils sont trop lents et pas assez maniables. C’est un Groupe épuisé qui se replie aujourd’hui sur Bordeaux-Mérignac.
(Extrait de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

1er juillet 1940
Bègles, Bacalan et Mérignac
Dans les usines Bloch, c’est l’effervescence, comme dans toutes les autres usines aéronautiques de France à ce moment. Depuis deux jours maintenant, la production s’est presque arrêtée, car il n’y a plus d’espoir d’éviter la chute prochaine de la ville ; les avant-gardes de la Wehrmacht ne sont plus très loin. Les machines-outils sont détruites ou évacuées. Seule une équipe réduite assure l’achèvement des ultimes appareils.
Mais – par chance dans les temps difficiles que traversent les armées françaises – le Groupe de Chasse II/8, qui vient de se redéployer à Mérignac, site de production du chasseur MB-152, est précisément équipé de ce type d’appareils. Le commandant du GC II/8 a reçu autorité pour réquisitionner tout ce dont il aura besoin pour assurer la bonne marche de ses appareils pendant les semaines qui suivent. La préfecture de la Gironde a fourni au Groupe quelques camions et autobus qui vont convoyer pièces détachées, mécanos, ingénieurs et techniciens vers Biarritz et l’usine Bréguet. Les pilotes constatent avec joie que, parmi les avions neufs qui stationnent sur le parking de l’usine, certains sont des MB-155, plus puissants et mieux armés que les MB-152 et au rayon d’action doublé par l’adjonction d’un réservoir de fuselage. (le Groupe n’en avait jusque là reçu que trois).
Le colonel Dutey-Harispe, alors lieutenant, se souvient : « Avec les copains, nous parcourions l’usine en quête de tout ce qui pourrait nous servir. Les braves gars qui avaient construit nos avions sans ménager leur peine nous aidaient, avec l’air de suivre l’enterrement de leur meilleur copain. L’un d’eux restait planté, désolé, devant la chaîne de montage arrêtée, où il subsistait quelques Bloch à divers stades d’achèvement, déjà dépouillés de toute pièce utile aux nôtres. Il m’a pris à témoin : “Ça fait rager de devoir tous les démolir à la dynamite ou au chalumeau, mais que pourrait-on en faire ?” J’ai eu alors une idée, sans y croire au début : “S’ils n’avaient pas l’air de squelettes d’avions, nous pourrions les semer sur des terrains de la région pour qu’ils prennent les coups de la Luftwaffe à notre place.” L’ouvrier a sauté de joie : “Vous avez raison ! Et ce ne serait pas très dur de leur donner l’air d’avions finis ! Il suffirait d’un entoilage. Beaucoup de compagnons ici ont connus l’époque des SPAD. Avec quelques draps et un coup de main des couturières du coin, nous pourrions fabriquer quelques véritables faux Bloch 152 !”
J’ai passé l’idée au commandant du groupe, qui a accepté, à condition que les leurres soient évacués en dernier. Il ne fallait tout de même pas que cela entrave notre rééquipement. Reste qu’il a fallu trouver un moyen de les emmener à destination. Cela n’a pas manqué de piquant, comme on me l’a raconté par la suite. »
(Extrait de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

2 Juillet 1940
Usine Bloch de Bordeaux-Mérignac
Tout ce qui peut être utile au GC II/8 est en route pour Biarritz. Ne restent sur place que quelques dynamiteurs et une petite équipe d’ouvriers volontaires qui s’affairent autour d’une vingtaine de MB-152 inachevés pour préparer leur première (et dernière) mission. Alexis Treignac, ouvrier mécanicien, raconte : « Avant l’évacuation, j’ai passé ma dernière journée à Mérignac à souder et souder encore. En effet, les carcasses des MB-152 n’avaient pas de train d’atterrissage, pas encore monté ou enlevé comme pièce de rechange. Mon boulot était de leur donner un support assez solide pour faire cent kilomètre en remorque sur les routes landaises. Je soudais une barre dans le puit de train, une deuxième servait de potence sur laquelle j’enfilais une roue de MB-200 – on en avait trouvé un stock dans l’usine de la SNCASO, qui avait fabriqué ces bombardiers. Je soudais ensuite un boulon pour qu’elle ne s’échappe pas. Ça roulait, c’était bien tout ce qu’on attendait de ce bricolage… Comme nous manquions de véhicules pour remorquer nos vingt engins, un copain a eu l’idée d’attacher les Bloch par la queue, deux par deux. Nous avons donc percé des trous dans la dérive, et noué ça solidement avec les câbles qui auraient normalement servi à actionner les commandes de vol. C’était tout bénéfice : deux fois moins à remorquer et en plus l’ensemble avait quatre roues, ce qui supprimait le problème des roulettes arrières. Si Marcel Bloch avait vu ça !
Nous sommes donc partis avec dix véhicules remorquant chacun un de ces étranges attelages. Les Bordelais, qui avaient pourtant bien des soucis, regardaient notre convoi avec des yeux ronds. Nous nous sommes séparés au sud de la ville, certains devant semer leurs leurres sur les terrains de la côte, d’autres à l’intérieur des terres. Nous avions pris contact avec des aéroclubs qui, la mort dans l’âme, avaient accepté de laisser leur terrains servir de défouloir à la Luftwaffe et avaient planqué de leur mieux leurs Poux du Ciel et autres avions de tourisme. Mon groupe a conduit ses deux imitations de MB-152 du côté de Dax et nous les avons disposées sur un petit terrain, bien en évidence près d’épaves plus ou moins présentables de voitures et de camions données par la ville. Restait à entoiler nos tacots, ce qui a été fait le jour suivant. Malgré la gravité de la situation, je n’ai pu m’empêcher de sourire au spectacle de ces carcasses enturbannées, montées sur des roues bien trop grandes pour elles… »
(Extrait de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

7 Juillet
Bordeaux-Mérignac
Le GC II/8, revigoré, compte désormais une trentaine de machines opérationnelles. Il a en effet récupéré à Mérignac une dizaine de MB-152 neufs et huit MB-155. Son problème est aujourd’hui le manque de pilotes : à peine plus de quinze rescapés au II/8. Depuis trois jours, les pilotes effectuent jusqu’à six missions par jour, volant sur une machine pendant qu’une autre est remise en état, mais ils ne pourront soutenir longtemps ce rythme épuisant.
Les MB-155 sont mis à contribution du fait de leur rayon d’action supérieur, pour faire équipe avec quatre ou cinq Potez 63.11 d’attaque, survivants de groupes décimés par la flak. L’observateur du Potez 63 en patrouille au dessus scrute les mouvements au sol et dans les airs et fait appel aux Bloch 155, volant par deux, pour éliminer les Hs-126 de reconnaissance, les avions d’attaque allemands non escortés (souvent des Hs-123) et les véhicules ennemis isolés. Les classiques missions de mitraillage sont le lot des MB-152, volant par groupes de trois (ou, de plus en plus souvent, de deux ou quatre).
Le Sgt Dietrich pilotait en général un MB-152 : « Il faisait une chaleur éprouvante, le soleil tapait dur et chaque jour pendant une semaine, j’ai décollé quatre à six fois. Décoller, se regrouper, mettre cap vers le front qui se rapprochait d’heure en heure, plonger dans la fournaise sans savoir si l’on en ressortira vivant, l’avion secoué par les tirs de flak auxquels répondent nos rafales de 20 et 7,7 mm, rentrer à Mérignac avec la hantise de se faire surprendre par la chasse allemande, se poser, s’extraire de l’avion la combinaison trempée de sueur et faire le décompte terrible des manquants… Puis recommencer.
Je pense encore aujourd’hui que seule nous a permis de tenir l’idée que tout ça n’était pas en vain, qu’ailleurs on préparait la revanche. Un jour, volant sur un MB-155 au rayon d’action supérieur, j’ai fait un détour par la côte avant de rentrer. Au départ du Verdon, l’océan était rempli des sillages de navires de toutes tailles qui évacuaient vers l’AFN. Je me rappelle avoir cerclé en battant des ailes, très bas au dessus d’un petit cargo dont le pont était couvert d’hommes et de matériels – j’avais pris d’en choisir un qui semblait dépourvu de toute DCA. Les hommes ont finalement reconnu mes cocardes et ont manifesté leur joie par de grands signes. Je suis rentré à Mérignac la joie au cœur.
Un autre grand moment a été ma première victoire aérienne depuis le moi de mai, la troisième en tout – un biplan Henschel 123 qui canardait nos troupes et que j’ai envoyé percuter le sol en torche. Mais nous étions à ce point épuisés que je suis bien incapable aujourd’hui de me rappeler quel jour c’était. »
(Extrait de “Les Bloch 152-155 au combat”, revue Icare, 1974)

9 juillet 1940
Bordeaux-Mérignac
Depuis une semaine, le GC II/8 a principalement assuré des missions d’appui-feu sur la Dordogne, dans la région de Brive, Tulle et Sarlat. Quatre pilotes ont été tués et trois autres avions endommagés au point d’être irréparables par la flak, toujours redoutable. Le Groupe s’est vengé sur deux Hs-123, un He-111 et un Bf-110. Et les “mouchards” Hs-126 ont aussi fait les frais de l’activité des Bloch. Le commandement a bien compris l’importance de chasser du ciel ces appareils indiscrets et le II/8 en a descendu trois.
Pourtant, il faut encore battre en retraite, cette fois en direction de Mont-de-Marsan, après avoir dynamité les installations de la base.
(Extrait de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

11 juillet 1940
Mont-de-Marsan
Le GC II/8 vient de prendre ses quartiers dans la cité montoise, sur l’hippodrome. Il compte à présent vingt machines opérationnelles. Malgré les pertes, le moral est bon, car les hommes savent pourquoi ils se battent : il faut assurer la couverture aérienne des transports qui évacuent troupes et matériel à partir de la côte atlantique, afin de poursuivre la lutte de l’autre côté des mers.
Bordeaux est tombé le 10 juillet et les troupes allemandes ont pris la direction du massif forestier landais. Suivant les ordres en vigueur depuis la mi-juin, de courageux combats retardateurs se succèdent, mais les Allemands parviennent à percer vers le sud près d’Arcachon, puis enlèvent Cazaux, où le centre d’instruction aérien a été incendié. En fin de journée, Biscarosse tombe, non sans que l’usine Latécoère et l’hydrobase des Hourtiquets aient été consciencieusement dynamitées.
A partir de Biscarosse, les deux axes de pénétration du massif landais sont la N-10, le long de la côte, et la N-234, vers Dax et Mont-de-Marsan. Les villages sur ces deux routes ont été transformés en autant de hérissons par des groupes de combat plus ou moins improvisés.
Le GC II/8 va devoir appuyer les défenseurs de ces villages.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

12 juillet 1940
Mont-de-Marsan
Le GC II/8 fait décoller quinze Bloch 152. Leur objectif est une colonne allemande qui approche de Muret, 100 km plus au nord. Ce village situé sur la N-10 barre également l’entrée de la N-134. Il résiste à d’incessantes attaques depuis la veille, mais sa chute est imminente.
Le Sgt Dietrich témoigne : « Nous nous mettons en noria et passons à l’attaque, mitraillant de toutes nos armes, deux canons de 20 et deux 7,62 chacun. La route, droite et bien dégagée, est favorable à notre attaque, mais hélas à leur DCA aussi. Je vois deux de mes camarades, désemparés par la flak, vont s’écraser au sol. A mon tour, j’amorce mon piqué à 30° et 600 km/h. Je vise d’abord une automitrailleuse arrêtée, dont le léger blindage ne résiste pas à mes 20 mm ; plusieurs hommes en sortent au moment où elle s’enflamme. Je remonte la colonne, lâchant rafale sur rafale. Je redresse ric-rac, filant à 10 m au dessus du sol.
C’est alors qu’arrivent les 109, j’entends des cris d’alerte à la radio. Apparemment, un furieux combat s’est engagé au dessus de la forêt de pins. J’en aperçois deux, arrivant en sens inverse, heureusement ils me voient trop tard et je parviens à les semer. Je reprends le cap de Mont-de-Marsan au ras des pins puis des collines de Chalosse. Je me présente dans le circuit d’atterrissage et me pose avant de faire lentement le tour de ma machine. Quelques impacts de petits calibres sur le ventre, la routine. J’apprendrai plus tard qu’un de mes camarades est tombé en flammes sur la commune de Pissos. Il a été tué. Mais l’adjudant Nicole (revenu de blessure l’avant-veille) l’a vengé, abattant un 109 qui s’écrase sur Liposthey quelques minutes plus tard. Le pilote allemand, qui a pu sauter, a été fait prisonnier et aussitôt, selon les consignes, envoyé vers la côte pour être évacué. De longues vacances l’attendent, au fond du désert algérien. »
Muret tombe dans la soirée. Les forces allemandes poursuivent leur progression sur les N-10 et N-134.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

13 juillet 1940
Mont-de-Marsan
La ligne de défense s’est repliée sur l’Adour. Les villes de Magescq (sur la N-10), Dax et Mont-de-Marsan deviennent des nœuds fortifiés où sont concentrées les dernières unités cohérentes. Le général d’Astier de la Vigerie (commandant de la ZOA Sud-Ouest) décrit la bataille : « Tout le long des 60 km de la N-134 entre Muret et Mont-de-Marsan furent disposés des groupes de retardement. La route fut minée en divers endroits, notamment aux sorties des villages. Ainsi les colonnes allemandes étaient immobilisées dans ces villages, où elles étaient attaquées en de féroces combats de rue. Parfois, les habitants et leur maire protestaient, parfois ils prêtaient main-forte aux soldats, allant jusqu’à prendre les armes eux-mêmes. La tactique fut utilisée à Trensacq, Sabres et Garein avec un certain succès, infligeant des pertes non négligeables aux forces allemandes. Il en fut de même sur la N-10. Nous appuyâmes ces combats de retardement en mitraillant les colonnes allemandes ainsi fixées. »
Les Bloch 152 du II/8 sont toujours très actifs. Le 13 juillet dans la matinée, huit appareils mitraillent les troupes allemandes près de Sabres, sur la N-134, sans pertes. Les Allemands progressant plus rapidement sur la N-10, les Bloch 152 interviennent l’après-midi, mitraillant l’interminable colonne de véhicules avançant vers Castets, dernier verrou avant Magescq. De nombreux véhicules sont laissés en flammes, au prix d’un appareil abattu. Le Groupe n’en a plus que 16, dont une douzaine à peine sont opérationnels.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

14 Juillet 1940
Mont-de-Marsan
Lassée des incessantes attaques sur les colonnes de la Heer, la Luftwaffe a envoyé plusieurs Bf-110 rechercher la base de départ des Bloch 152. Les appareils ont décollé de Mérignac à 06h30 et reconnaissent Pau, Biarritz et Mont-de-Marsan, où ils finissent par découvrir leurs adversaires. Ils sont cependant repérés et le GC II/8 est mis en alerte, tandis que le réseau d’observateurs est averti.
A 10h00, douze Bloch 152 décollent sur alerte et se portent à la rencontre d’une puissante formation allemande. En effet, vingt Bf-110 ont quitté Mérignac, suivis de près par quinze Heinkel 111 escortés par douze Bf-109.
Les Bloch 152 se heurtent aux attaquants au dessus de la petite ville de Villeneuve de Marsan. La mêlée est terrible et dure un quart d’heure. Un Bf-110 est abattu près d’Aire sur l’Adour, l’équipage est fait prisonnier. Deux Heinkel 111 sont détruits ; l’un tombe du côté de Grenade sur l’Adour, tuant son équipage. Le lieutenant Dutey-Harispe, isolé, attire l’attention de deux Bf-109 après une passe contre les He-111 : « Avec deux 109 dans mes six heures, je n’avais aucune chance de m’en tirer en manœuvrant, alors je suis descendu au ras du sol en direction de Saint-Sever.
J’ai survolé cette charmante ville au ras des toits, filant le long d’une route, probablement pas à plus de 10 mètres du sol. J’ai entr’aperçu une demi-seconde un pauvre diable avec ses vaches, qui ont dû s’éparpiller en voyant trois avions passer en ouragan au ras de leurs cornes. Les 109 ne me lâchaient pas, mais le Bloch savait encaisser, c’était sa grande qualité. Mais ca ne pouvait pas durer éternellement et bientôt mon moteur, après avoir pris plusieurs balles, a commencé à serrer. J’ai décéléré brutalement et j’ai posé mon appareil droit devant moi, sur le ventre, dans un champ, pendant que les 109 me passaient au dessus. Il y a eu un bruit terrible de ferraille martyrisée, puis le silence. J’étais intact ! J’ai débouclé mon harnais en vitesse, j’ai sauté du cockpit et j’ai couru me mettre à couvert, pendant que les 109, que la poursuite avait dû énerver, piquaient sur mon pauvre Bloch et le faisaient sauter dans un grand bang ! Heureusement les paysans du village voisin, qui s’appelait Aubagnan, était sympathiques, et ils ont mobilisé une carriole pour me raccompagner à Mont de Marsan… Il est vrai que c’était jour de fête nationale ! »
Deux autres Bloch 152 sont abattus, leurs pilotes tués. Pendant ce temps, les Heinkel 111 bombardent le terrain de Mont-de-Marsan, très reconnaissable une fois que l’on sait qu’il est situé sur l’hippodrome de la ville, et que les Bf-110 ont au préalable copieusement mitraillé. Trois Bloch dans l’attente d’une improbable réparation sont détruits et les bâtiments très abîmés. L’un des Bf-110 revient à la charge, mais il est touché par la maigre DCA et s’écrase sur la ville, tombant sur le quartier de la gare où il fait de nombreuses victimes.
Un autre Bloch est abattu lors d’un ultime combat qui a lieu au dessus de Saint Sever, 15 km au sud de la ville. L’appareil se fait surprendre en fin de mission par deux Bf-110 en maraude et parvient in extremis à détaler vers le nord, mais pour tomber sous les balles de Bf-109 couvrant la retraite des He-111. Le pilote, légèrement blessé, saute en parachute ; il est recueilli et soigné par le docteur Fournier (une légende locale), qui le raccompagnera le soir même dans sa voiture à Mont-de-Marsan.
Malgré les exploits accomplis par les mécanos dans la nuit, il ne reste plus le lendemain au GC II/8 que neuf appareils opérationnels sur les vingt disponibles six jours plus tôt. Ce sont ces neuf machines qui vont, le surlendemain 16 juillet, s’envoler pour Biarritz, avec pour ordre de couvrir la région, d’Orthez à Oloron.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

20 juillet 1940
Biarritz
Depuis deux jours, le GC II/8 opère de son nouveau terrain.
Les forces allemandes avancent désormais suivant trois axes. Une partie de celles qui ont suivi la N-134 et pris Mont-de-Marsan le 18 continuent leur progression dans la direction du Gers vers Auch, cherchant à prendre Toulouse à revers. Les autres ont obliqué vers Pau, déclarée ville ouverte, puis ont pris la N-117 en direction de la côte. Par ailleurs, d’autres unités continuent à avancer sur la N-10 en direction de Biarritz ; elles sont entrées le 18 dans Dax (elle aussi déclarée ville ouverte). Le 19, les Allemands ont atteint la frontière espagnole dans la région de Bagnères.
La ligne de front cours désormais au nord de Biarritz, passant par Orthez et Oloron, puis rejoint la frontière. Les dernières forces françaises du Sud-Ouest sont donc isolées dans une poche entre le front, l’Atlantique et la frontière. Pendant dix jours, cette poche sera héroïquement défendue.
Chaque jour depuis le 18, le GC II/8 lance plusieurs attaques : des groupes de deux à six avions vont mitrailler les forces allemandes sur la N-117 ou sur la N-10. Pilotes et mécanos sont épuisés, mais s’acharnent à retarder l’échéance. Chaque fois qu’ils aperçoivent la mer, les pilotes aperçoivent des sillages qui se dirigent vers l’ouest. Ils savent qu’ils ne luttent pas pour rien.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

22 juillet 1940
Biarritz
Ce qui reste du GC II/8, huit avions dont la moitié ne volent plus que par miracle (comme leurs pilotes épuisés !), doit appuyer l’ultime contre-attaque française lancée de Saint-Jean Pied-de-Port, entre Orthez et Oloron. Ce baroud d’honneur vise le flanc et les arrières des troupes allemandes qui progressent sur la N-117.
Déclenchée à l’aube, l’attaque française tombe à la sortie du village de Lacq sur des troupes allemandes qui ne s’attendaient pas à une contre-attaque. Elles sont balayées et le village est occupé pour quelques heures, coupant le ravitaillement des troupes allemandes qui se trouvent déjà dans les faubourgs d’Orthez. Avertis, les défenseurs de cette ville lancent également une contre-attaque. Les troupes allemandes sont prises en étau et mitraillées par les Bloch 152 tout le long de la route entre Lacq et Orthez. Le Sgt Dietrich en profite pour obtenir une deuxième victoire : « Nous faisons un véritable carnage parmi les troupes et véhicules allemands. J’épuise mes obus de 20 mm et je m’apprête à rentrer quand j’aperçois un monoplan à aile haute, un Henschel de reconnaissance, venant sans doute voir ce qui se passe. Pas de pitié pour ce sale mouchard ! Visant avec soin, je tire une longue rafale de mes mitrailleuses. Nombreux impacts, l’appareil part en vrille et s’écrase. Pas de parachutes. »
Ordre est ensuite donné aux troupes au sol de se replier sur Peyrehorade et Saint-Jean Pied-de-Port. Ce repli s’effectuera dans la nuit. Cette action bien menée interrompt pour deux jours l’avancée allemande.
Le GC II/8 y a laissé deux Bloch ; un pilote est tué, l’autre est grièvement blessé. Mais le capitaine De Vaublanc a abattu un 109 du coté de Navarrenx, sa troisième victoire personnelle.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

26 juillet
Biarritz
Les troupes françaises s’accrochent désespérément à un périmètre réduit. Le front va à présent de Bayonne à Cambo-les-Bains et à la frontière.
Le GC II/8, réduit à cinq machines, canonne et mitraille inlassablement les troupes allemandes qui tentent de forcer le périmètre. Bayonne doit être défendue à tout prix afin de permettre l’évacuation des troupes par Biarritz. Naturellement, les bombardiers allemands font des ravages dans le port, mais cela n’est pas sans perte pour la Luftwaffe.
L’intrépide Adjudant Nicole, revenu au groupe le 10 juillet, parvient au statut d’as.
Il décolle comme ailier du lieutenant Dutey-Harispe – les deux hommes totalisent à ce moment 8 victoires à eux deux. Ils patrouillent dans le secteur Dax - Peyrehorade, quand ils tombent sur une formation de He-111 non escortés et certainement sidérés de se faire agresser par deux chasseurs français. Les deux pilotes passent à l’action, Nicole ouvre le feu au 20 mm sur un des bombardiers et voit ses obus mettre le feu à l’aile droite. Le Heinkel part en vrille et s’écrase près de Monfort-en-Chalosse dans une colonne de fumée noire. L’équipage est tué. Deux intrépides gamins, âgés respectivement de 6 et 3 ans, ont vu tomber l’appareil près de la ferme familiale et courent l’annoncer au village. Les petits Boniface préféreront cependant, bien plus tard, le ballon ovale à l’aviation.
Dutey-Harispe, moins heureux que Nicole, voit ses canons s’enrayer l’un après l’autre et son Heinkel, endommagé, tenter de fuir à basse altitude. La poursuite s’engage, le bombardier est sévèrement poivré par les deux mitrailleuses légères mais continue de voler. Le pilote français doit renoncer à la poursuite, mais le bombardier fera un atterrissage sur le ventre près de la petite ville d’Hagetmau en tentant de rejoindre son terrain de Mont-de-Marsan. Après la guerre, c’est au colonel Dutey-Harispe que cette victoire sera confirmée.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

1er août 1940
Saint-Jean-de-Luz
Le lieutenant Jacquemet témoigne des derniers moments du GC II/8.
« Cette fois c’est la fin, Bayonne est tombée, toute la côte sera bientôt aux mains des Boches. Deux de nos braves chasseurs, transformés en passoire, se trouvaient encore la veille à Biarritz, mais moi et les copains les avons incendiés, au grand désespoir des mécanos qui pensaient encore pouvoir les remettre en l’air. Nos mécanos ont été formidables tout au long de ces trois mois de bataille ininterrompue et les derniers jours ont été terribles.
Le 26, nous avons eu à peine le temps de célébrer le titre d’As de Nicole et de peindre sa cinquième marque de victoire sur son appareil.
Le 27, nouvelles missions – nous n’avions plus d’ordres, nous décollions et nous allions mitrailler tout ce que nous pouvions. Le soir, nous n’avions plus que quatre machines en état de vol. L’avantage, c’est que quatre zincs, c’est plus facile à camoufler que 20, et les Boches ne nous ont jamais trouvés ! Mais Dutey-Harispe, faisant fonction de commandant du Groupe, a reçu un ordre d’évacuation. Nicole, Marchais, Pelletier et moi l’avons supplié de nous laisser derrière avec quatre mécanos volontaires, puisque nous avions encore quatre avions ! Il nous y a autorisé, mais ça se voyait qu’il aurait préféré nous évacuer et rester.
Le 28, nous sommes sortis tous quatre canarder les Boches qui massacraient cette bonne ville de Bayonne et ses habitants – j’ai appris qu’ils avaient refusé que leur ville soit déclarée ville ouverte. Pas de victoire ce jour là, mais nous avons fait passer un mauvais moment aux Heinkel. Hélas, ils ont appelé à l’aide, des 109 sont arrivés et j’ai dû laisser partir le mien avec un moteur fumant et plein de trous. Mon appareil a été transformé en écumoire, je ne sais pas trop comment je l’ai ramené. Marchais a pris un obus dans l’aile, et son taxi a été mis H.S. aussi. Nos deux camarades sont revenus indemnes, ce qui leur a permis de signer les dernières missions de nos taxis au dessus de notre pauvre France.
Le 31 juillet, après deux jours de maraude à basse altitude, à mitrailler quelques biffins par ci par là, Pelletier et Nicole sont courageusement allés affronter de nouveaux bombardiers, mais ceux-ci étaient escortés de près. Pelletier a été abattu et tué, mais ce veinard de Nicole a survécu. Son avion en feu, il s’est dirigé vers la mer et s’est posé sur l’eau à quelques dizaines de mètres de la plage. Il s’en est sorti avec des brûlures aux mains.
Et voilà notre groupe sans avions, quelle tristesse ! Mais il fallait songer à notre évacuation, nous aussi. Pas question d’être faits prisonniers, surtout que nous brûlions toujours d’en découdre ! Nous sommes donc partis à sept pour Saint-Jean-de-Luz.
Cette nuit, nous monterons à bord d’un destroyer anglais – tous les soirs, il y en a un qui vient récupérer les traînards comme nous.
Direction l’Afrique.
Mais nous espérons bien revenir vite ! »
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)
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MessagePosté le: Mar Jan 15, 2008 23:04    Sujet du message: Répondre en citant

Peut-être faudrait-il préciser le nom complet pour Muret, car ce nom est plutôt connu pour la ville au sud de Toulouse (bataille célèbre en 1213) ?
Saugnacq-et-Muret (ou Le Muret) pour le village des Landes.
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