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Les mines d'AOF en FTL

 
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Sep 11, 2016 10:39    Sujet du message: Les mines d'AOF en FTL Répondre en citant

Comme je l'ai indiqué par ailleurs, je ne sais plus qui est l'auteur de ce texte ! … Qui nous prouve que la FTL peut nous apprendre bien des choses dans de nombreux domaines.


L’exploitation et la prospection minière en Afrique de l’Ouest durant le Second Conflit Mondial


Au début de la Deuxième Guerre Mondiale, la reconnaissance géologique en Afrique Occidentale Française et le développement minier de cette partie du continent affichaient un énorme retard par rapport aux territoires britanniques de la même région. Il n’existait pas d’entreprise française possédant, outre la technique et les capitaux, le goût du risque nécessaire pour s’attaquer à la prospection et à l’exploitation minière dans cette région mal reconnue et peu équipée.
Néanmoins, certains géologues, tels Jean Malavoy ou Fernand Blondel, avaient un peu fait évoluer les mentalités, en intéressant le milieu des affaires parisien aux immenses richesses minières de cette partie de l’Empire. De plus, à partir du milieu des années des années Trente, la perspective d’une nouvelle guerre entraîna un modeste regain d’intérêt pour les ressources des ces lointaines colonies. Mais la mobilisation de 1939 mit un terme à ce que l’on devait appeler l’époque héroïque de la prospection minière en AOF. Les missions d’étude furent démembrées, le matériel abandonné ou rapatrié.
La défaite de Juin 40 et le repli en Afrique du Nord modifièrent la situation du tout au tout. La France, qui devait construire une base industrielle en terre d’Afrique, avait besoin de toutes les ressources disponibles.

La réorganisation du Service des Mines d’AOF
La situation minière de l’AOF était alors peu brillante. Tous les travaux menés par des particuliers étaient arrêtés, sauf l’exploitation alluvionnaire.
Il fallait relancer d’urgence la production avec un encadrement des plus réduit. En effet, la mobilisation de 1939 avait privé le Service des Mines de la plupart de ses géologues, de son personnel européen et de nombreux cadres indigènes. Son directeur lui-même, Pierre Seyer, jusque là officier de l’Armée de l’Air en affectation spéciale, fut rappelé sous les drapeaux. Pour le remplacer, Jean Malavoy, capitaine dans un régiment d’artillerie coloniale durant la campagne de France et “déménagé” en juillet, fut placé en affectation spéciale dès fin août 1940 et prit rapidement la tête du Service des Mines de l’AOF, qu’il avait contribué à créer.
A la fois administrateur et scientifique, Malavoy obtint dès la fin de 1940 l’attribution à “son” Service de quelques ingénieurs diplômés de l’Ecole Nationale des Mines, repliée à Alger. Mais ce renfort ne comblait qu’en partie les besoins. Pour les autres catégories de personnels, il fallut attendre la création, en 1941, d’un Cours pratique des moniteurs des Mines. Les chefs de mine disposaient ainsi de collaborateurs connaissant les méthodes de prospection.
En cette période difficile, Jean Malavoy était cependant l’homme qu’il fallait. A la fois savant, explorateur, chasseur de fauves, aventurier, sa personnalité dépassait largement la représentation habituelle quelque peu étriquée du géologue. Passant l’essentiel de son temps sur le terrain, il s’épuisait dans de longues randonnées sur les routes désertiques ou en brousse, qui lui firent parcourir l’AOF en tout sens durant quatre ans. Combattant les bêtes sauvages, la maladie, les superstitions indigènes, il fut blessé à plusieurs reprises, mais grâce à ses efforts et à ceux d’une petite équipe de collaborateurs dévoués et enthousiastes, la cartographie des gisements prit forme, la documentation s’accumula et les résultats se concrétisèrent peu à peu.
Fervent patriote, Malavoy connut une très grande joie à l’annonce de la Victoire. Hélas, il ne devait jamais revoir la France – on perd sa trace en janvier 1945, lors d’une ultime prospection aux confins désertiques du Ténéré. Il sera décoré de la Légion d’Honneur et cité à l’ordre de la Nation à titre posthume.

Les productions traditionnelles
Les produits de base de l’extraction minière d’AOF étaient l’or, le diamant, l’ilménite (principal minerai de titane) et, dans une moindre mesure, l’étain.

L’or
Dans le cadre de l’effort de guerre demandé aux territoires d’outre-mer, on attachait évidemment une grande importance à l’or. En 1939, la production de l’AOF atteignait 4 650 kg de métal, dont la plus grande part provenait de l’exploitation des alluvions selon des techniques traditionnelles. Ainsi, l’orpaillage était très actif sur les gisements alluvionnaires de la Côte d’Ivoire, du Soudan et surtout de la Haute-Guinée.
Mais jusqu’en 1940, on épuisa les faibles ressources du Service des Mines à rechercher des filons qui s’avérèrent décevants. Bien souvent, les teneurs se révélaient inférieures à ce que signalaient les anciens relevés. On payait ainsi le manque de moyens consacrés avant-guerre aux études géologiques préalables : de 1928 à 1938, les sociétés françaises avaient dépensé 2,5 fois moins pour la prospection que leurs concurrentes anglaises.
De meilleurs résultats furent obtenus par l’encadrement et l’organisation de l’orpaillage indigène. Théorisé par Jean Sagatzky et généralisée à toutes les exploitations à partir de 1941, l’encadrement des chantiers d’orpaillage autochtone donnait au colonisateur un contrôle total de la circulation de l’or à l’intérieur de la colonie. Testée sur deux placers, Diosso (aux environ de Houndé) et Gaoho (sur la Volta Blanche), cette technique permit de rentabiliser davantage les gisements de teneurs faibles et moyennes.
L’exploitation des rejets d’anciennes exploitations donna aussi de bons rendements. Lancée dès 1939, l’exploitation des remblais de l’ancien site de Poura (Dahomey) devait ainsi produire 151kg de métal jusqu’en 1944.
On peut bien sûr reprocher au Service des Mines de l’AOF d’avoir financé, souvent à fond perdu, la recherche de filons d’or, mais il faut reconnaitre que finalement, la production du précieux métal augmenta considérablement durant la guerre, atteignant 10 tonnes en 1945. De quoi rembourser une bonne partie de la dette française envers les Etats-Unis…

Le diamant
La Guinée produisait des diamants depuis 1936. Deux ans plus tôt, un simple prospecteur avait découvert la première pierre dans le lit de la rivière Makona. L’essentiel de la production provenait de Macenta, en Haute-Guinée, ou la Société Guinéenne de Recherches et d’Exploitation minière (SOGUINEX), firme franco-britannique, exploitait la quasi-totalité des placers productifs. Seuls 10 à 15 % de la production annuelle, expédiés en Angleterre, étaient destinés à la joaillerie ; le reste était destiné à une utilisation industrielle.
Les chantiers de la SOGUINEX étaient considérés avant-guerre comme des modèles du genre. La croissance constante de l’extraction et des exportations de diamant durant la guerre n’est donc pas étonnante.
En 1943, un prospecteur portugais découvrit dans le secteur de Beyla un diamant blanc de 98 carats. Il s’ensuivit une ruée digne de l’ouest américain. La fermeture la même année des mines d’or de Gold Coast avait libéré 25 000 mineurs soudanais, dont beaucoup vinrent travailler sur les placers de la SOGUINEX. Des migrants venus du Sénégal et de Côte d’Ivoire les rejoignirent, constituant une énorme agglomération de paillotes. Créant leurs propres milices, les mineurs en vinrent à menacer l’ordre public de la colonie. L’affaire était trop importante pour pouvoir être traité avec les moyens locaux. Le gouverneur mobilisa toutes les forces à sa disposition, obtenant même le renfort d’un peloton de gendarmes de Dakar et d’un détachement d’infanterie coloniale. Suivit une série d’affrontements sanglants entre squatters et forces de l’ordre. Après de longues palabres, les clandestins acceptèrent finalement de se retirer sur une partie du secteur non encore exploitée que concéda la SOGUINEX.
La production de 1943 subit le contrecoup de ces perturbations. Elle retomba à son niveau de 1941, pour regagner le terrain perdu l’année suivante.

L’ilménite
Les sables noirs contenant le principal minerai de titane étaient signalés sur les plages du Sénégal depuis 1931. L’extraction du titane à partir des dépôts de sables noirs du littoral était relativement aisée et la production avait peu à peu augmenté depuis leur découverte, pour atteindre en 4 200 tonnes en 1939. Logiquement, ce fut la première ressource de l’AOF dont l’exploitation fit l’objet d’un investissement de la part du FIDES.
Malavoy réorganisa la collecte du minerai, puis rationalisa le tri effectué dans les ateliers. Cette tâche menée à bien, le service des mines conduisit dès novembre1940 un inventaire des dépôts de sables noirs de Casamance et de Mauritanie afin d’augmenter le nombre de site d’exploitation. Les résultats furent spectaculaires : le nombre d’atelier de triage doubla, entraînant très rapidement et à peu de frais une augmentation considérable de la production. Celle-ci passa à 13 200 t en 1942, pour frôler les 20 000 t en 1944.

Les nouvelles productions
Malavoy avait une grande connaissance du terrain. Il n’était guère intéressé par la prospection et les projets mineurs d’orpaillage, à la rentabilité pourtant avérée. Par bonheur, sa situation n’était plus la même que lors de la décennie précédente, où il fallait mendier les crédits pour obtenir un laboratoire. Le FIDES, créé dès l’été 1940, était là pour soutenir ses grands projets, qui devaient aboutir à de belles réussites et à quelques déconvenues.

Le fer et l’aluminium de Guinée
Les premières découvertes de fer dans la presqu’île de Kaloum remontaient au début du siècle. Les prospections des années Trente avaient délimité le gisement de minerai, qui s’étendait sur 35 km de la ville de Conakry jusqu’au pied du massif de Kakoulima. Les ressources étaient évaluées à 2 milliards de tonnes de minerai, d’une teneur en fer de 52 %. La position côtière du gisement, près de la côte, permettait d’évacuer aisément le minerai, pour peu que l’on relie les mines au port de Conakry par une voie ferrée.
Les crédits pour porter la profondeur du port à 11 mètres et aménager un quai minier à deux postes avaient été votés en 1938. En 1939, on avait concédé l’exploitation à la Compagnie Minière de Conakry, associant des investisseurs français et nord-américains, mais la guerre avait interrompu le chantier, privé de personnel qualifié.
Sous l’impulsion du FIDES, les travaux préparatoires reprirent à la fin de 1940. Les Américains fournirent matériel et personnel qualifié. Fin 1941, un réseau ferré de servitude de 290 km était installé et les travaux du port de Conakry presque achevés. La production démarra dans le courant de 1942. Dès cette année, 400 000 t de minerai furent extraites. Au total, 2 millions de tonnes furent extraites les deux années suivantes.
………
Les îles du Los forment un archipel face à la presqu’île de Kaloum. Les prospections menées par une compagnie américaine dans les années Vingt avaient permis de découvrir des gisements de bauxite dont on évaluait les réserves à 10 millions de tonnes de minerai d’une teneur en alumine de 53 %. La concession d’exploitation avait été attribuée à la Compagnie des Bauxites du Midi dès 1932 mais, en 1940, celle-ci avait été incapable de mener à bien les travaux nécessaires.
Relancée début 1941 avec l’aide du canadien Aluminium Limited, l’exploitation préliminaire des gites de l’île de Tamara fut interrompue l’année suivante après constat des faibles possibilités du gisement. La dernière expédition de minerai prit tout le mois de mai 1943, en raison des difficultés et incidents sans nombre survenus pendant le chargement des péniches à Tamara, leur remorquage jusqu’aux navires et leur transbordement par les moyens locaux, très réduits.
Presque simultanément à cette fermeture prématurée, l’exploitation débuta sur l’île voisine de Kassa, où les embarquements depuis un wharf flambant neuf s’avérèrent moins difficiles. La production cumulée sur les trois années suivantes dépassa 1 million de tonnes de minerai.

Le fer et le cuivre de Mauritanie
Dès avant la guerre, les équipes du Service des Mines avaient mis en évidence les richesses minérales de la Mauritanie.
A Fort-Gouraud, le minerai se présentait sous la forme d’hématites dont la teneur en fer atteignait 69 % et les réserves étaient estimées à plus de 200 millions de tonnes. Par ailleurs, Akjoujt produisait une grande variété de minéraux depuis la nuit des temps. Dès 1931, Jean Malavoy avait signalé des indices de cuivre dans la région. Au cours des sondages de délimitation menés en 1941, on estima les réserves à 23 millions de tonnes de minerai sulfuré contenant 500 000 t de cuivre ainsi que des quantités indéfinies d’or et de fer.
Mais dès le départ, les projets mauritaniens se heurtèrent au problème de l’exportation du minerai. En effet, le port minier le plus proche de Fort Gouraud était Villa-Cisneros, alors aux mains des Espagnols. Il aurait fallu construire 650 km de voie ferrée pour contourner le Rio de Oro, puis créer ex-nihilo un port en haut profonde à Nouakchott ou à Port-Etienne pour rendre l’exportation réalisable. En outre des problèmes d’alimentation en eau et en électricité se posaient, qui ne furent résolus qu’après 1944, avec l’aide de la puissante Anglo-American Corporation.
L’exploitation minière en Mauritanie ne prit donc réellement corps qu’après la guerre et de multiples rebondissements, dont la narration dépasse le cadre de cet article.


Notes
* Historiquement, Jean Malavoy, résistant et déporté, fut exécuté le 13 février 1945 au camp de Gusen.
** Sources plus ou moins détournées : L’or de la Volta Noire (Jean-Baptiste Kiéthéga) – Les mines et la recherche minière en Afrique Occidentale Française (J. Serveant, P. Legoux, A. Marelle) – L’Encyclopédie Coloniale et Maritime 1944 (E. et E.L. Guernier, G. Froment-Gueysse) – Le général de Gaulle et l’Afrique Noire, 1940-1969 (R. Bourgi) – Tableaux économiques du Haut-Commissariat à l’AOF, 1959 – Bulletin de la Section de Géographie, 1957 – Page sur Jean Malavoy http://www.annales.org/archives/x/malavoy.html
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Sep 11, 2016 11:02    Sujet du message: Répondre en citant

Bravo !
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MessagePosté le: Dim Sep 11, 2016 20:20    Sujet du message: Répondre en citant

En effet, bien documenté. L'auteur du texte ne s'est pas fait connaitre ?

Un des livres cité en référence est disponible ici en lecture gratuite :

http://www.youscribe.com/catalogue/livres/education/manuels-scolaires/les-mines-et-la-recherche-niniere-en-afrique-occidentale-francaise-184221
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MessagePosté le: Mar Sep 13, 2016 12:56    Sujet du message: Répondre en citant

Très beau texte en effet! Dommage que l'auteur ne se soit pas signalé, avec un pareil talent il pouvait produire d'autres œuvres sur l'économie de la France en guerre.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 09:43    Sujet du message: L'aluminium des Colonies Répondre en citant

Etienne nous envoie cet ajout sur un métal très important en aéronautique…


Appendice
La bauxite de Guyane et de Guinée

A partir des années 30, l’aluminium, ou plutôt les alliages d’aluminium (pur, ce métal n’est pas utilisable), devint hautement stratégique. En effet, l’aéronautique, passant du bois et de la toile au tout métallique, l’employait de plus en plus : les avions devenant de plus en plus performants nécessitaient une plus grande solidité structurelle, beaucoup plus facile à obtenir avec les alliages d’aluminium. Mais pour cela, il fallait extraire la bauxite (le minerai d’aluminium) et la traiter pour obtenir des alliages.
La bauxite est un minerai assez répandu. Le minerai concassé et broyé est attaqué en four autoclave par de la soude sous vapeur d’eau, à 210° et forte pression (8 à 15 kg/cm2). On obtient un aluminate de soude qui est décomposé par hydrolyse à 55° pour obtenir de l’alumine (et des boues rouges) après calcination. Cette alumine passe ensuite en four électrolytique pour être fondu. Il faut 4,7 V à 100 000 A pour obtenir la fusion à 950/1 000°, puis l’amalgame avec les autres composants, silice, cuivre, magnésium ou zinc principalement et le plus souvent séparément. On arrive aux quatre grandes familles d’alliages utilisées dans l’aviation : alpax, duralumin, zicral et duralinox.
On aura compris que cette fabrication requiert de l’électricité, beaucoup d’électricité, et à forte puissance. Les premières exploitations furent européennes, principalement en France et Italie. En France, le barrage de la Durance fournissait l’énergie nécessaire au traitement de la bauxite extraite des gisements de l’Hérault et du Var (rappelons que le nom du minerai vient du village des Baux de Provence). Mais l’augmentation de production devenue nécessaire pour répondre à l’augmentation des besoins croissants imposa vite de rechercher d’autres gisements.
En 1942, les Américains découvrirent en Jamaïque un important gisement, toujours exploité aujourd’hui. D’autres, découverts dès 1910 au Surinam et en Guyane Anglaise, étaient exploités depuis 1916, mais le minerai n’était pas traité sur place. Dans les années 30, on put constater que le sous-sol de la Guyane française contenait lui aussi de la bauxite.
Les géologues français se demandèrent alors si des gisements importants n’existeraient pas « de l’autre côté », en Afrique, du fait de la théorie de la tectonique des plaques. Une mission envoyée en Guinée découvrit en effet plusieurs sites à Fria, Dabola et Kindia (des gisements avaient été repérés dans les îles de Los dès 1921 et à Boké en 1934, mais ils n’étaient pas exploités de façon industrielle). Ne restait plus alors qu’à mettre en place l’extraction du minerai ainsi que des usines de transformation, le tout assorti de centrales électriques, ce qui permettait de remplacer les gisements passés sous contrôle allemand (voir annexe E C2).
L’extraction de la bauxite guinéenne put démarrer dès mi-1941. La construction d’une voie ferrée reliant Fria à Conakry et celle d’un barrage sur le Konkouré prirent plus de temps. Les fours à hydrolyse ne purent être mis en service que fin 1942. A la fin de la guerre, la production atteignait 700 000 tonnes par an.
Mais si en Guinée les problèmes n’étaient “que” logistiques et technologiques, le gouvernement pouvant soutenir les exploitants, en Guyane apparut un autre problème, diplomatique celui-ci. Le fleuve Maroni est l’un des plus importants d’Amérique du Sud : son débit ne le cède qu’à celui de l’Amazone, ce qui en fait une source importante d’électricité grâce à l’installation de barrages sur les rapides (les Sauts). Mais le Maroni délimite la frontière entre la Guyane française et le Surinam, alors sous mandat néerlandais. Il faudra de longues tractations entre Américains (découvreurs et exploitants au Surinam), Hollandais et Français pour aboutir à un plan commun de construction de barrages, permettant un traitement du minerai dès 1942.
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loic
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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 09:50    Sujet du message: Répondre en citant

Intéressant, merci.
Par contre, la France pourra difficilement tout financer, il y aura immanquablement une participation extérieure, anglaise ou américaine (et belge en Afrique ?).
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 09:55    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Intéressant, merci.
Par contre, la France pourra difficilement tout financer, il y aura immanquablement une participation extérieure, anglaise ou américaine (et belge en Afrique ?).


Et même hollandaise en Guyane !
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Casus Frankie

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ciders



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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 10:36    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne suis pas convaincu par la possibilité de lancer dès 1942 un traitement du minerai en Guyane. En fait, je commence à envisager sérieusement l'idée que ce développement de la France libre FTL est beaucoup trop optimiste dans le domaine économique.

D'une part, et en admettant que Fria soit convenablement équipé et exploité, qu'est-ce que la France aurait à gagner à investir dans un autre gisement qui apparaît ici comme potentiel ? On sait qu'il y a de la bauxite mais est-ce que les géologues ont une idée de la valeur de ces gisements ? Sachant en plus que les conditions d'exploitation seront redoutables (climat tropical, jungle épaisse, relief), qu'il faudra tout construire sur place en faisant appel à une logistique provenant presque exclusivement de l'extérieur (de la nourriture des mineurs aux machines) et qu'il faudra enfin songer à sortir le minerai brut de Guyane (ce qui signifie la construction d'une voie ferrée et d'installations portuaires dédiées). Tout cela me paraît bien coûteux pour un pays amputé de l'essentiel de son territoire et aux ressources déjà bien contraintes. La France libre a-t-elle la capacité de soutenir le développement industriel de l'Afrique du Nord et d'une partie de son empire colonial tout en participant largement au conflit ?

D'autre part, il n'est pas sur non plus qu'il soit réellement nécessaire de financer la production guyanaise. Même si les principaux gisements européens (France, Grèce, Hongrie, Yougoslavie) passent pour l'essentiel aux mains de l'Axe, la production du continent américain augmente très fortement OTL (que ce soit aux Etats-Unis, dans les territoires britanniques des Caraïbes ou en Amérique du Sud) et couvre largement les besoins alliés, et ce sans compter un éventuel appoint soviétique FTL. De plus, participer à la naissance d'un concurrent potentiel ne serait certainement pas envisagé d'un bon œil par les autres producteurs, notamment américains mais aussi par les propriétaires des mines de métropole. Il faudra envisager l'après-guerre et pas sur que les entreprises déjà implantées sur le marché soient particulièrement heureuses de devoir compter sur un nouveau fournisseur potentiel.
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 11:22    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Fria, c'est Pechiney qui lança la manœuvre, mais en 52. On ne fait que décaler l'installation.

En Guyane, il n'y a rien eu, justement à cause des Américains peu désireux de voir des concurrents de Vichy. Mais FTL, c'est beaucoup plus contournable, par une politique d'alliés, justement. On a besoin de toutes les ressources.

Et les propriétaires des mines de métropole sont déjà sur les rangs pour les exploitations hors du sol Français, car les gisements sont quasiment taris sinon devenus inexploitables à peu de frais (OTL).
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solarien



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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 20:31    Sujet du message: Répondre en citant

On peux très bien imaginer que des personnes proposent l'exploitation du Bauxite en guyane française mais devant les difficultés logistique, diplomatique, climatique et économique, le projet soit repousser pour de meilleur moment, surtout si on ne connait pas encore la valeur de l'exploitation.

Le projet pouvant être relancer dans les années 50 pour le début de l'exploration, l'exploitation spatiale française, en disant qu'une production locale pourrait diminuer les couts, et permettre un développement économique de la Guyane.
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loic
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MessagePosté le: Sam Jan 07, 2017 20:57    Sujet du message: Répondre en citant

Ce qui est sûr, c'est que les Américains feront payer leur aide au prix fort, pas immédiatement, mais avec l'après-guerre en point de mire.
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Andrew



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MessagePosté le: Dim Jan 08, 2017 12:26    Sujet du message: Répondre en citant

En OTL l'Amérique importait 100% de ses besoins en bauxite notamment pour ménager des réserves stratégiques en cas de Troisième Guerre mondiale et ceci dès le milieu des 50's.

En FTL la mise en fonctionnement d'une production française de bauxite en Guyane française ou en Afrique française sera vu comme une concurrence au début mais je pense que les décideurs politiques et économiques américains encourageront dans une certaine mesure une production française car pensant aux possibilités de l'après-guerre. Une participation américaine à la fois pour avoir un œil sur la production et pour se ménager quelques avantages et une priorité d’approvisionnement peut être envisager et je pense que la France ayant besoin d'un financement pourrait accepter une telle chose.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Jan 08, 2017 12:50    Sujet du message: Répondre en citant

En 37 de notre ère, un artisan offrit à l'empereur Tibère une timbale de métal... la description de la timbale et les explications sur sa création par l'historien Pétrone et le naturaliste Pline amène à une seule conclusion... elle était en aluminium ! En 1956 des archéologues trouvèrent des boucles de ceintures dans des tombes chinoises datant du IIIème siècle... elles étaient dans un alliage de 85% d’aluminium allié à du manganèse et du cuivre.
Le plus intéressant, Romains et Chinois ignoraient l'électricité, ils auraient donc découverts une méthode alternative pour créer de l’aluminium.
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Etienne



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MessagePosté le: Dim Jan 08, 2017 15:31    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense qu'il est fort possible de faire de l'alu autrement qu'avec l'électricité, mais c'est sûrement plus facile avec!

solarien a écrit:
On peux très bien imaginer que des personnes proposent l'exploitation du Bauxite en guyane française mais devant les difficultés logistique, diplomatique, climatique et économique, le projet soit repousser pour de meilleur moment, surtout si on ne connait pas encore la valeur de l'exploitation.

Le projet pouvant être relancer dans les années 50 pour le début de l'exploration, l'exploitation spatiale française, en disant qu'une production locale pourrait diminuer les couts, et permettre un développement économique de la Guyane.


Je pense justement qu'à cause de ces difficultés, ce projet n'est faisable qu'en temps de guerre, où la majeure partie des problèmes s'efface devant la nécessité (qui fait loi).

D'ailleurs, historiquement, il n'y a pas eu d'exploitation des gisements guyanais, à la fois pour ces raisons diplomatiques, logistiques, climatiques et économiques, et aussi parce juste après-guerre, les besoins en Aluminium étaient moindres, de par le recyclage de tout ce qui avait été utilisé pendant la guerre.
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Dim Jan 08, 2017 15:40    Sujet du message: Répondre en citant

Je dirais que ce qui pousse à ce que le bauxite guyanais (ou Guinéen) soit exploité, même si c'est compliqué sur les plans techniques et politiques, et d'un intérêt économique discutable, c'est que le gouvernement français d'Alger à pour principe de ne pas dépendre de manière excessive de ses alliés pour ses approvisionnements. Il faut relire l'annexe sur la politique économique de la France en guerre, on y trouve des projets d'une rentabilité douteuse mais lancé malgré tout car ils offrent un sentiment d'indépendance accru à Alger. Et une plus grande marge de manœuvre vis à vis de ses alliés. Il devrait en être de même pour la bauxite.
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