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1940 - La France continue la guerre
 
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La Suisse dans la FTL
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dak69



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Localisation: lyon

MessagePosté le: Lun Avr 28, 2008 08:02    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Merci à Pat et à Marc pour leurs commentaires. Comme c'est une histoire racontée par des Suisses, il est normal qu'elle soit d'une précision toute helvétique !

Si j'en crois le site "Lexikon der Wehrmacht", en 1939, chaque bataillon de pionniers (Génie), disposait, par compagnie, de 12 petits et 12 gros canots pneumatiques (à rames). Les bateaux à moteur utilisés par ces mêmes troupes de "Génie d'assaut" étaient des "Sturmboote", en bois. Si mes souvenirs sont bons (ils datent de la lecture du livre de Roger Bruge il y a plus de vingt ans), lors de la traversée du Rhin (Kleiner Bär), les deux types de bateaux furent utilisés.

Par contre, pour les motos, Marc a raison. La BMW R75 est effectivement anachronique (son début de production date d'après moi de 1941). La R12 est alors le modèle le plus probable. Quant à la G&R AX2, elle est déjà présente dans l'histoire (Modestine).

Bien amicalement
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marc le bayon



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MessagePosté le: Lun Avr 28, 2008 21:37    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir
Pour la R75 , caconception remonte a 1941 , la pre-production n'intervient que tres tardivement , due en grande partie a une guerre ouverte entre BMW et Zundapp et Berlin, ni les uns ni les autres ne voulant faire de concessions quand a une quelconque standardisation du materiel et des pieces communes ( boite de vitesses , pneux, etc etc )

Les modeles de pre-production de la BMW et la Zundapp ne sortiront en OTL qu'a la fin de L'Afrika Korps lors de la campagne de Tunisie.
Avec en tout et pout tout pour l'AK, 12 BMW R75 ( 8 sides / 4 solos ) et 10 Zundapp KS750( 6 Sides / 4 Solos ).
Que les Anglo-Saxons se sont empresser de recuperer pour etudes .

Cote Russes, ceux ci avaient deja eu en cadeau dans le pacte de non agression la license de la BMW R71 , qu'ils vont legerement adapter a leur sauce et nous donner l'Oural Irbit M72, qui vont donner toute une gamme d'autres modeles apres guerre sur cette base quasi indestructible.

Chinois comme Russes la produise encore ...

Marc
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Marc Le Bayon

La liberte ne s'use que si l'on ne s'en sert pas
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Avr 29, 2008 10:59    Sujet du message: Répondre en citant

Suite des aventures de deux Suisses en France, par Dak69.
(pour Dak : désolé, à la relecture, j'ai compris... l'humour suisse, bien sûr, se comprend lentement... Wink )


11 juillet 1940, suite...
Rosselet espérait retrouver Mesnier à Die sans difficulté et pouvoir s’esquiver discrètement dans la confusion prévisible…
« Pendant que le petit camion Hanomag, hâtivement affublé d’un drapeau français sur le capot, cahotait sur la route de Die, je retournais dans ma tête le film des journées précédentes. J’avais obéi aux ordres : décrocher avant que la pression ennemie devienne trop forte et couper les points de passage menant à Die en venant de Crest. De plus, je n’avais pas eu de pertes dans mes rangs, à part quelques blessés légers. Mais n’aurais-je pas pu tenir plus longtemps ? Avais-je bien fait d’envoyer tout le monde sur Die plutôt que de les faire décrocher vers le sud et Dieulefit ? Et surtout, avais-je été suffisamment convaincant dans mon rôle d’officier français ? Me trouvant sans doute l’air soucieux, l’un des sapeurs m’adressa la parole, criant pour couvrir le bruit du moteur maltraité par un chauffeur qui devait avoir davantage l’habitude des chevaux de trait que des chevaux-vapeur :
– Mon capitaine, vous verrez, un jour, c’est eux qui reculeront ! En tous cas, là, ils ne sont pas près de nous poursuivre. Et si chaque escouade avait détruit autant de tanks que nous depuis deux mois, ils finiraient la guerre à vélo ! Vous avez super-bien mené votre affaire, si j’peux me permettre !
– Oh, nous avons eu de la chance, caporal. Ils étaient trop confiants et nous avions eu le temps de préparer notre position. Mais il fallait qu’on décroche. Contre une compagnie entière, à nous trente, on ne tenait pas longtemps…
– Peut-être, mais on s’en serait quand même tirés, un copain m’a dit que vous aviez repéré les sentiers de montagne et aménagé des postes de tir pour FM pour les couvrir.
– Oui, mais je n’avais pas d’hommes pour les occuper, et encore moins de FM !
– Vous inquiétez pas, on leur mènera la vie dure jusqu’au bout, ils maudiront le jour où ils ont franchi la frontière !
Bon, la troupe avait confiance, c’était l’essentiel. Le camion stoppa devant la gare de Die, point de rendez-vous convenu pour tous ceux qui évacuaient la région. Maurice vint à ma rencontre : « Modestine est prête, mon capitaine, le réservoir est plein, l’essence est offerte par la Wehrmacht ! »
Mais nous n’en avions pas encore fini avec les Français ! Un lieutenant accourait : « Vous êtes vraiment les tout derniers, mon capitaine, il va falloir vous débrouiller vous-mêmes pour continuer, le dernier train pour Sisteron est parti il y a une heure. Après, les seuls militaires qui resteront seront les gendarmes. »
– Et vous-même ?
– Je partirai avec votre camion, et le plus vite possible, si vous le permettez, bien sûr, mon capitaine.
– Pas de problème. Mais ces hommes n’ont rien mangé depuis l’aube, et on est au milieu de l’après-midi. Laissez-leur au moins le temps de se restaurer. Comment se présente la situation, ici ?
– Comme je vous l’ai dit, il n’y a plus un soldat dans le Diois.
– Et dans le Vercors ?
– Je ne sais pas si je peux… C’est, heu… spécial !
– Oh, allons, lieutenant, je ne vais pas le répéter à Hitler !
– Eh bien, c’est un peu comme ce que vous avez fait, mais en plus grand. Si les Allemands s’aventurent là-dedans, ils seront soit bloqués avant d’y pénétrer, soit pris au piège ensuite. Et, s’ils contournent, nos gars resteront, quitte à se… fondre dans la population pour reprendre le combat à la première occasion.
– Pas très réglementaire, tout ça ! Mais courageux. Et plus au nord, sur Grenoble et Chambéry ?
– Grenoble est en cours d’évacuation, sous la protection des vieux forts. Les Allemands sont à Chambéry, où ils attendent sans doute les Italiens. Mais ils peuvent attendre longtemps, les Ritals, on les a repoussés à Modane et bloqués dans la Tarentaise. Les troupes qui tiennent les Alpes, enfin celles qui sont mobiles, ont eu l’ordre de décrocher vers le sud. Mais pour faire partir des Savoyards de leurs montagnes, il faut plus qu’un ordre de l’état-major !
– Bon, pendant que mes gars se trouvent à manger, je rédige mon rapport, je tiens à mettre en valeur les hommes qui étaient sous mes ordres à Saillans. Je crains qu’une fois à Sisteron, d’autres tâches m’attendent.
Je rédigeai mon rapport aussi vite et lisiblement que possible et même en deux exemplaires (grâce à la générosité d’une employée de la gare, qui me fournit une feuille de carbone), puis je mis chaque exemplaire dans une enveloppe, l’une pour l’état-major de l’Armée des Alpes, l’autre pour le colonel Garteiser. Il allait bien rire… Je retrouvai ensuite le lieutenant : « C’est fait. J’espère qu’à Sisteron, je trouverai par où le faire passer. »
– Si vous voulez, je peux m’en charger. Je connais le coin, je suis sans doute un des rares officiers de l’Armée des Alpes qui n’y ait pas été affecté parce qu’il passait par là !
– Merci. En route maintenant !
Je retrouvai Maurice et lui glissai quelques mots à l’oreille. Le camion des sapeurs quitta la ville derrière notre moto. Nous prîmes la route du col de Cabre mais au bout d’une heure, dans les premiers lacets du col, Modestine sembla donner des signes de fatigue. Peu après, nous nous arrêtâmes. Le camion qui nous suivait s’arrêta aussi et le lieutenant en descendit : « Qu’est-ce qui se passe ? En panne ? »
– Juste un problème d’allumage. On a de quoi réparer, ne nous attendez pas, ne perdez surtout pas de temps !
– A vos ordres, mon capitaine !
Je regardai le camion s’éloigner et quand il eut disparu au tournant suivant, je me tournai vers Maurice : « Allez, on fait demi-tour et on file en direction de Châtillon-en-Diois. »
– Attendez, mon capitaine, il faut d’abord que je remette les bonnes bougies !
– C’est une vraie panne ? Tu ne m’avais pas prévenu…
– Et vous me croyez ! Il faudra que je vous donne des cours de mécanique, ça vous aidera pour discuter avec votre garagiste !
– En tout cas, merci d’avoir pensé à emmener Modestine à Die, car le départ de Saillans était précipité.
– Oh, entre les convois de blessés et de prisonniers, j’ai eu largement le temps de m’en occuper. J’espère simplement n’avoir rien oublié là-bas.
– Et la BMW ?
– Elle a fait le bonheur d’un grand escogriffe d’adjudant de l’Infanterie de Marine. Comme il était plus gradé que moi, je n’ai pas pu l’empêcher…
– Tu veux de l’avancement, c’est ça ?
– Heu… non, mon capitaine, enfin, oui, quand même ! D’ailleurs, la plus grande partie de l’essence allemande est dans Modestine !
– Très bien, mais pour ton galon, faudra d’abord revenir au pays. Voilà l’itinéraire pour ce soir : Châtillon, puis le col de la Croix-Haute, de là on verra pour filer vers le nord en évitant les Français qui quittent Grenoble. Attends-toi à de mauvaises routes.
Nous arrivâmes au village de la Croix-Haute peu avant la tombée de la nuit. J’avais aperçu quelques positions de défense sur la route du col, visiblement inachevées, faute de temps. Seul défenseur, un gendarme nous fit signe de nous arrêter.
– Je crois que vous allez dans la mauvaise direction, mon capitaine. Là, vous retournez à Grenoble !
– Justement, je m’inquiétais, mes camions ne sont toujours pas arrivés à Lus.
– Oh, ils doivent être coincés à un passage à niveau. On a voulu atteler trop de wagons aux trains et les locomotives ne sont pas assez fortes pour tirer le tout dans la rampe du col. Les cheminots font ce qu’ils peuvent, mais il y en a pour la nuit avant que tout soit passé. En plus, une colonne a été attaquée par des avions boches, ce qui n’a rien arrangé.
– Merci. Il n’y a pas d’autre route possible vers le sud ?
– Pas vraiment, sauf si on est du coin, et encore, c’est compliqué. On a empêché des inconscients de s’engager dans le Trièves, où ils se seraient vite perdus, surtout de nuit.
– Merci. Mes camions sont donc quelque part entre Grenoble et ici. Je vais quand même aller voir.
– Soyez prudents ! Il y en a sur toute la largeur de la route, par endroits.
Cette histoire me rappelait étrangement la situation rencontrée au Puy, qui me semblait déjà dater d’une éternité, alors que moins de deux semaines s’étaient écoulées depuis.
Nous descendîmes de quelques kilomètres en direction de Grenoble, avant d’obliquer vers Lalley, où nous prîmes la direction du Trièves en passant par les petites rues du village. Bientôt, la nuit allait être complète, et je pensais qu’il allait falloir s’arrêter quelque part. A la sortie d’un virage, Maurice freina brusquement : une grosse Peugeot 402, couchée sur le dos, bloquait la route. Le chauffeur était invisible et le passager, à l’arrière, essayait vainement d’ouvrir la portière. A nous deux, nous arrivâmes à décoincer la porte, avant de sortir l’homme avec précautions. Il avait entre temps perdu connaissance et dans la lueur du phare de la moto, on devinait qu’il saignait à la tête. Nous nous occupâmes d’abord de le panser vaille que vaille, en l’allongeant sur le bas-côté. Maurice alla jeter un coup d’œil dans la voiture et revint en me disant : « Pour l’autre, on ne peut plus rien faire, c’est trop tard. ».
– On va le charger le mieux possible dans le side-car, heureusement, qu’il n’est pas grand, et tu l’emmènes à Lalley, où il doit bien y avoir un poste de secours ou des gendarmes. Je te rejoins à pied, on est sortis du village il y a cinq minutes à peine. On se retrouve là-bas, sur la place du village.
– Bien, si le bistrot est encore ouvert, le premier arrivé commande un casse-croûte à l’autre !
Maurice repartit doucement et que je fouillai en tâtonnant l’intérieur de la voiture. Le blessé était un officier déjà âgé, il m’avait semblé distinguer des galons de colonel, et je trouvai une sacoche qu’il valait mieux ne pas laisser traîner là. Je partis à mon tour en direction du village et arrivai sur la place, dans le noir. Pas de Maurice, et pas de café ouvert non plus ! En fait, apparemment, pas âme qui vive. J’entendais des bruits de moteur sur la route du col, les convois en provenance de Grenoble étaient donc repartis. »
Fourbu, Pierre Rosselet finit par s’assoupir sur un banc.

12 juillet
« Je fus réveillé par un bruit de cloches à six heures du matin. Maurice dormait paisiblement sur le banc voisin ! Il se réveilla à son tour : « Ah, j’ai le dos moulu ! »
– Et moi donc. Raconte-moi comment ça a fini, avec le blessé.
– Il a fallu que j’aille jusqu’à Clelles, en évitant la grand-route en plus. On ne m’a pas demandé où je l’avais trouvé, il avait un peu repris ses esprits en arrivant là-bas et quand je suis revenu, je n’ai pas eu le courage de vous réveiller. Bon, on ne va pas traîner ici. Mais avant, où est le bistrot ?
– Devant toi, mais « fermé pour cause de mobilisation », si je lis correctement. A propos de lecture, il y a peut-être des choses intéressantes là-dedans…
J’ouvris la sacoche du blessé. Effectivement, tout le dispositif d’évacuation de Grenoble était détaillé, avec les points de résistance prévus, en différents points de la route du col de la Croix-Haute, les positions d’artillerie (dont certaines me semblaient bien théoriques…), ainsi que du côté de La Mure, du col Bayard et vers la Souloise. Bon, autant d’endroits à éviter si on voulait passer inaperçus. Je gravai dans ma tête les informations qui nous concernaient et fit signe à Maurice qu’on pouvait repartir. Mais il était en grande conversation avec une fille du village, qui s’éloigna peu après en lui faisant de grands signes des plus cordiaux.
– Tu ne m’as pas dit que tu avais une fiancée au pays, Maurice !
– Qu’est-ce que vous allez imaginer, mon capitaine ! Elle va nous apporter du lait frais, du pain et du fromage, parce que moi, je n’ai rien dans l’estomac depuis hier midi, et vous aussi, d’ailleurs ! Et elle va prévenir quelqu’un pour qu’on s’occupe du mort dans la voiture.
– Merci, Maurice, je ne sais pas ce que je ferais si tu n’étais pas là.
– Moi, je sais. Vous seriez en train de gagner la guerre pour les Français, alors que le Général attend toujours votre rapport !
– Merci de me rappeler à mes devoirs suisses !
Nous quittâmes le village de Lalley vers 8 heures du matin. La 402 avait été poussée dans le fossé, et nous pûmes progresser sans trop de difficultés, vérifiant notre chemin à chaque carrefour. Plusieurs fois, nous tombâmes sur des soldats français égarés, que je tentai de remettre dans la bonne direction. A un moment, alors que nous étions sur une toute petite route dominant le Drac, quatre avions allemands passèrent au-dessus de nous, mais nous ne les intéressions pas, des cibles bien plus tentantes n’étant pas loin.
A midi, nous avions rejoint la route Napoléon, vers Laffrey, et Maurice en avait visiblement assez. Je le remplaçai jusqu’à Vizille, n’évitant l’accident que d’un cheveu dans la descente. De là, je décidai de ne pas tenter de passer par Grenoble, mais de chercher à rejoindre Albertville en passant par la montagne, les routes étant maintenant désertes. Le restant de pain et de fromage du matin nous servit de déjeuner et je profitai de la pause pour brûler le contenu de la sacoche. Modestine avait soif, elle aussi. Par chance, Maurice put siphonner de l’essence dans une voiture arrêtée le long de la route, visiblement en panne.
Nous continuâmes par un itinéraire digne du Tour de France. Dans le col du Glandon, il fallut même pousser Modestine pour franchir un passage pris sous un reste d’une coulée de neige, les Ponts et Chaussées n’ayant visiblement pas dégagé la route cet été-là ! Dans la descente, nous croisâmes quelques Français qui nous demandèrent si on pouvait passer. Maurice leur répondit qu’avec des pelles et de l’huile de coude, ils y arriveraient. Je leur conseillai fortement de ne pas chercher à aller vers Grenoble ensuite, mais de passer par Briançon, ou, au pire, la route Napoléon.
Arrivés dans la vallée de la Maurienne, nous redescendîmes vers Aiguebelle et le bruit du canon se fit de nouveau entendre. Peu après, nous fûmes arrêtés par un barrage qui semblait assez solidement tenu.
– On ne passe pas, mon capitaine !
– Je le vois bien, soldat ! Mais pourquoi ?
– Ordre du sergent, mon capitaine !
– Et il est où, le sergent ?
– Là-bas, derrière le char (un vénérable FT-17 venu passer ses vieux jours au bon air des montagnes…).
– Sergeeeeeeeeent !
– Oui, mon capitaine ?
– Pouvez-vous m’expliquer pourquoi la route est coupée ?
– Ce sont les ordres, mon capitaine. Personne ne doit passer dans ce sens !
– Bon, et qui les a donnés, ces ordres, je ne vais pas remonter jusqu’au général Olry, quand même !
– C’est le commandant, et il est parti au fort de Montperché.
– Je vois. Je ne peux pas l’attendre. Je vous donne l’ordre de me laisser passer, il faut que je retourne à Albertville ! Et je n’ai pas envie de me transformer en chamois pour y arriver. Compris !
Le sergent m’examina et conclut que, si j’étais un espion, je ne pourrais pas faire grand mal et que, si je n’en étais pas un, ma perte, sous ma responsabilité, ne serait pas un drame pour l’armée française.
– A vos ordres, mon capitaine !
Je fis signe à Maurice, le soldat déplaça les chevaux de frise, et nous voilà repartis. Arrivés à la hauteur d’Aiton, la canonnade devenait encore plus perceptible. A l’ouest, sans doute quelque part autour de Chambéry… Nous remontâmes par la petite route de la rive gauche de l’Isère et entrâmes dans Aiton. A un moment, je vis sur la droite ce qui pouvait ressembler à un PC de campagne, installé à la hâte sur une petite place. D’un côté, il fallait à tout prix que j’aille aux nouvelles, mais de l’autre, le risque de devoir repartir pour un tour avec les Français m’inquiétait. Finalement, j’entrai… Un commandant était en train d’expliquer la situation à un petit groupe d’officiers devant une carte, exactement ce qu’il me fallait !
– Au nord, les Allemands sont déjà à la Roche, Cluses et Sallanches et ils avancent vers Chamonix. Ils progressent aussi vers Evian. Le contact avec les troupes du Chablais est perdu, elles vont sans doute battre en retraite jusqu’à la Suisse et se faire interner. D’ici deux jours, les Allemands seront à la frontière. Mais la route des gorges de l’Arly est coupée à plusieurs endroits, dans cette direction, nous ne sommes pas directement menacés.
A l’ouest, le gros est toujours arrêté à Chambéry, mais de fortes patrouilles avancent vers Grenoble. Elles ont été arrêtées à Pontcharra.
– C’est le pays du chevalier Bayard, dit un colonel à cheveux blancs. Avec un tel modèle, les nôtres tiendront !
Le commandant reprit : « A l’est, les Italiens sont toujours bloqués devant Bourg Saint-Maurice. Mais au sud, je ne sais pas… »
Je ne pus pas m’empêcher d’intervenir : « Pour le sud, j’en viens. A cette heure-ci, la route par le Glandon est toujours ouverte et de là, la route Napoléon est toujours praticable, ainsi que le Lautaret. »
– Merci, capitaine. Comme vous le voyez, nous serons bientôt encerclés. Il suffit que les Allemands atteignent Grenoble par l’autre côté, ou remontent l’Isère depuis Montmélian, ou que les Italiens forcent le passage pour que ce soit fini. Mon colonel, les ordres sont de décrocher !
– Le plus tard possible, commandant. N’oubliez pas que nos soldats défendent leurs montagnes ! Tous les forts de la vallée sont en état d’alerte, et personne ne passera par là. Assurez-vous simplement que la route de la Maurienne reste ouverte.
– Et s’ils remontent la vallée avec des chars ? On ne va pas les arrêter avec les canons des forts, ceux-là !
– Eh bien, déplacez vos 75 en aval de Saint-Pierre d’Albigny et demandez des renforts à St Jean de Maurienne. Souvenez-vous : plus nous tiendrons longtemps, plus on pourra embarquer d’hommes, d’armes et de machines pour l’Afrique… et moins on attendra leur retour.
– A vos ordres, mon colonel.
Je m’esquivai à ce moment-là, prétextant un besoin pressant. J’en savais assez. Il allait falloir faire vite, très vite !
– Maurice, ça va être chaud. La route directe de Chamonix est déjà coupée. On ira le plus loin possible, mais on va sans doute bientôt devoir abandonner Modestine. Pour commencer, on avance jusqu’à Beaufort. Là, on verra.
– Au moins, à Beaufort, on ne manquera pas de fromage. Il est presque aussi bon que le nôtre !

– En avant !
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loic
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MessagePosté le: Mar Avr 29, 2008 12:17    Sujet du message: Répondre en citant

Dix contre un qu'ils vont passer par l'Italie ...
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Archibald



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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

Tres réussie la description des trajets alpins sur fond de guerre. On s'y croirait sur les routes de montagne...
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MessagePosté le: Lun Mai 05, 2008 11:29    Sujet du message: Répondre en citant

Superbe.

S'ils passent par le Beaufortain, il n'est pas sur qu'ils aient à passer par l'Italie.
Peut être le mieux est de gagner les bords du Léman et de trouver un bateau....

F
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 05, 2008 15:26    Sujet du message: (la suite, toujours par Dak69) Répondre en citant

(12 juillet, suite et fin)
– En avant !
Après ce bref arrêt, nous repartîmes à toute vitesse. »
Le réservoir de Modestine se vidait rapidement, mais Rosselet préféra ne pas perdre de temps et surtout ne pas risquer de se faire à nouveau enrôler en tentant de quémander de l’essence.
« Après la sortie d’Albertville, au fur et à mesure que nous remontions vers Beaufort, le ciel s’obscurcit de plus en plus devant nous. Nous allions avoir droit à un orage, et un gros ! A Beaufort, je choisis de tourner à droite, dans une direction où le ciel était encore bleu, pour trouver un abri avant le déluge. Après plusieurs bifurcations et quelques hameaux, le chemin, qui n’avait cessé de monter, prit fin devant un groupe de granges. Nous trouvâmes un abri dans l’une d’entre elles. Il était plus que temps. Les vannes célestes s’ouvrirent en grand, mais nous étions au sec. »
La pluie se prolongea jusqu’à la tombée de la nuit. Les deux Suisses s’installèrent au mieux, le ventre gargouillant car, n’ayant guère de provisions, ils avaient décidé de se rationner. Par bonheur, après l’orage, l’eau ne manquait pas.

13 juillet
Le lendemain matin, un grand soleil resplendissait. Rosselet fit le tour des granges alentour et découvrit dans l’une d’elles des boîtes de conserve vides marquées « Carne extra – Vittoria – Milano ». Des Italiens étaient visiblement passés par là depuis peu, même s’il ne s’agissait que d’une dizaine d’hommes au plus (à moins qu’eux aussi n’aient été aussi rationnés, comme l’observa le sergent Mesnier, plus figue que raisin). Peut-être attendaient-ils que les militaires français quittent la région sous la pression allemande pour “libérer” Albertville en y hissant le drapeau italien, grillant ainsi la politesse à leurs alliés ?
« Je n’avais pas le temps d’élucider le mystère. Nous avions d’autres priorités ! D’abord, nous redescendîmes prudemment vers Beaufort. En route, nous nous arrêtâmes pour trouver de quoi déjeuner dans un des hameaux traversés la veille. Un vieux paysan qui passait vint tourner autour de notre monture en tortillant sa moustache :
– Belle machine que vous avez là, monsieur l’officier ! Mais vous êtes loin de la bagarre, ici !
– Je sais ! Nous retournions à Albertville, mais avec l’orage d’hier soir, on s’est perdus et on a dû chercher un abri. Au fait, savez-vous où je pourrais trouver de l’essence ? Le réservoir est complètement à sec.
– A Beaufort, mais il faudra chercher ! J’en ai un peu, si ça peut vous être utile.
– Merci, je crois que oui.
Le paysan revint quelques minutes plus tard, portant un bidon rouillé. Mais il n’avait pas l’ai d’avoir très envie de nous l’offrir : « J’hésite à m’en séparer, je sens que ça va être bientôt difficile de s’en procurer. Une denrée rare, comme qui dirait… »
– Nous vous dédommagerons, bien sûr.
– Mmm, une denrée vraiment rare, pour sûr. Et si j’en trouve, faudra que je la ramène à pied ici !
– Il y en a combien ?
– Cinq litres, mais c’est de la bonne !
– Vous en voulez combien ?
– Cinquante francs !
– C’est cher, mais bon, allons-y
– Cinquante francs le litre, bien sûr !
– Vous n’y pensez pas !
– C’est ça ou rien. Sinon, allez à Beaufort. Ça descend, mais à la fin, faudra quand même pousser…
– C’est comme ça que vous aidez ceux qui défendent votre pays ?
Il se lança alors dans une diatribe incompréhensible, où je ne pus distinguer que quelques mots comme incapables, vendus, Pétain, Verdun, Savoie, ordre… Mais il finit par se calmer. Plus roublard que moi, Maurice négocia, pour le prix demandé, en plus de l’essence, un bout de jambon, du fromage et des saucissons. Et dire que j’allais devoir justifier cette dépense aux services comptables, pensai-je !
Décidément bien inspiré, Maurice prit la précaution de filtrer le contenu du bidon, ce qui mit le vieux en colère, mais s’avéra plus que justifié ! Nous reprîmes donc la route avec assez d’essence pour arriver à la frontière, à condition d’en trouver le chemin et que la route soit libre !
Nous montâmes jusqu’à Hauteluce, où nous complétâmes nos provisions avec du pain. Là, il fallut bien demander notre chemin, notre carte étant trop peu précise. On nous suggéra de remonter la vallée et d’essayer de passer par le col du Joly pour redescendre sur les Contamines. Modestine eut bien de la peine, mais elle parvint à gravir le col par des chemins menant aux chalets d’alpage. Arrivés en haut, la vue sur le Mont-Blanc était magnifique, et la guerre semblait bien loin… Mais par où passer ? A part quelques vaches et des marmottes, personne pour nous guider ! Finalement, un gamin qui gardait les vaches nous conseilla de suivre une trace partant sur la droite, qui finit par nous amener aux Contamines vers une heure de l’après-midi. Il fallut s’arrêter plus d’une fois pour laisser refroidir les freins de notre moto et pour nous laisser souffler, car retenir Modestine dans la descente n’était pas une mince affaire.
Aux Contamines, la guerre se rappela brutalement à nous par des tirs d’artillerie assez proches. Nous prîmes la route de Saint-Gervais, pour tomber à la sortie du village sur un groupe de soldats qui venait en sens inverse. La route menant à Chamonix était sous le feu de l’artillerie allemande, personne ne la défendait et les ordres étaient de décrocher vers le sud par tous les moyens possibles, tant que les Italiens n’avaient pas percé. Je leur suggérai le chemin que j’avais pris et nous repartîmes, malgré leurs avertissements, en direction de Saint-Gervais. Mais je savais qu’il allait bientôt falloir abandonner Modestine, à moins de 30 km de notre destination ! Notre fidèle engin nous mena encore jusqu’au hameau de Bionnassay. Une femme, nous voyant arriver, recula avec inquiétude, nous prenant peut-être pour des Allemands, mais un homme la rejoignit et la rassura avant de nous saluer : « Ne t’inquiète pas, Denise, ce sont des Français… Maréchal des Logis chef Charlet, mon capitaine, retraité de la Gendarmerie. Si je peux vous être utile ? »
– Chef, vous allez certainement pouvoir nous aider. Nous devons à tout prix arriver à Chamonix avant les Allemands n’arrivent, et la route est coupée…
– Ne m’en dites pas plus sur votre mission ! Je vais vous montrer le chemin, mais il va falloir y aller à pied…
Nous lui confiâmes Modestine, qu’il accueillit comme une relique sainte en déclarant qu’il la confierait à son fils, gendarme lui aussi. Maurice garda seulement, en souvenir, l’écusson ornant le réservoir. Notre ami nous débarrassa de notre équipement inutile et nous repartîmes, brodequins de montagne (suisses !) aux pieds, en direction des Houches, par le col de Voza, toujours en uniforme français. Dans un sac à dos, nous avions chacun des vêtements civils, des provisions, ainsi qu’un barda sans doute trop lourd pour son utilité à venir ! Aux Houches, nous avions les coordonnées d’un cousin de notre gendarme, qui devrait nous conduire plus loin.
En d’autres circonstances, cette marche nous aurait enchantés. Mais là, il fallait faire vite, et ce sentiment d’urgence prit immédiatement le dessus. Dans la descente, je jetai des coups d’œil inquiets sur la route nationale remontant la vallée, mais elle était déserte. Nous trouvâmes assez facilement la maison du cousin, mais nous dûmes l’attendre. Il accepta de nous mener à Chamonix avec sa charrette tirée par un cheval, mais il avait visiblement hâte de se débarrasser de nous.
Faute de mieux, alors que la nuit était déjà tombée, je me rendis à la gendarmerie. Là, un lieutenant m’entraîna immédiatement dans un bureau, Maurice à ma suite : « Mais qu’est-ce que vous faites là ? On ne se battra pas ici à cause de tous les réfugiés civils, surtout des enfants, qui sont dans les hôtels et les pensions. Le maire et le sous-préfet ont pris contact avec les Allemands. Chamonix et toute la vallée sont ville ouverte, si on peut dire. Nos troupes ont décroché depuis plusieurs jours, tant que la route de l’Arly était ouverte, sous la protection de l’artillerie qui empêchait les Allemands de passer Sallanches. Mais ça fait des heures qu’on n’entend plus le canon ! Les Boches peuvent être là d’un instant à l’autre ! »
Je mentis de mon mieux : j’étais en mission spéciale, je n’avais pas pu m’informer de ce qui se passait…
A cet instant, des coups violents furent frappés à la porte de la gendarmerie. Un homme ouvrit et l’on entendit le martèlement des bottes d’un groupe d’hommes. Une voix gutturale hurla : « Feldgendarmerie ! Nous fenons brendre le kontrôle. Où est fotre offizier ? ».
Nous n’eûmes que le temps de sauter par la fenêtre, qui donnait sur l’arrière du bâtiment ! Un petit paquet tomba juste après nous : une carte d’état-major repliée. Ah, le brave gendarme ! Penser à nous donner une carte alors qu’il était sur le point d’être fait prisonnier ! Nous nous échappâmes en suivant l’Arve, le cours d’eau qui traverse la ville, dans la direction générale de la Suisse, comme si nous avions le diable à nos trousses.
Au bout d’un moment, nous retrouvâmes la route et je repris espoir. Le temps qu’ils occupent la ville, on avait peut-être le temps d’arriver à la frontière. Mais je me faisais des illusions. Au bout d’une demi-heure, trois camions précédés par une automitrailleuse nous dépassèrent en grinçant. Leur destination était évidente. Pas de doute, la porte vers la liberté était désormais fermée, nous avions échoué de quelques heures !
Le coup au moral était sérieux. Nous poursuivîmes néanmoins dans l’obscurité, espérant contourner les gardes en passant par Argentière. Peu avant d’arriver au village, Maurice me dit à voix basse : « Attention, j’ai vu des ombres, devant nous. » Quelques instants plus tard, deux silhouettes se dressaient en travers de la route, le mousqueton braqué : « Qui va là ? »
– Capitaine Rosselet et sergent Mesnier, 260e RI.
– Ça va… Vous avez de la chance d’être tombés sur nous, mon capitaine ! Venez.
Trop fatigués pour être méfiants, nous le suivîmes et arrivâmes dans une grange éclairée par une lampe à pétrole. D’autres soldats, étaient déjà là, en uniforme de chasseurs alpins. Le plus gradé, un adjudant, nous adressa la parole : « Mes respects, mon capitaine. Vous cherchez à échapper aux Boches, vous aussi ? »
– Bien sûr !
– Le reste de notre section est déjà parti. Nous suivons. Vous venez avec nous ?
– Où ?
– Pour l’instant, dans la montagne.
– Pouvons-nous souffler un peu ? On a eu une rude journée
– Nous partons dans une heure, deux maximum. Nous aussi, on n’a pas chômé.
– Au fait, les Boches sont sans doute déjà à la frontière
– Ça ne m’étonne pas. Bon, trouvez-vous un coin tranquille, on vous réveillera pour le départ.
Nous nous effondrâmes dans des bottes de paille et sombrâmes immédiatement dans le sommeil. »
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MessagePosté le: Lun Mai 05, 2008 17:22    Sujet du message: (suite) Répondre en citant

14 juillet
Après ce qui parut à Rosselet et Mesnier à peine cinq minutes de sommeil, l’adjudant les secoua en leur souhaitant avec une grimace une bonne fête nationale. Il était trois heures du matin, et quelques autres chasseurs alpins avaient rejoint le petit groupe.
« Nous marchions en file indienne, un chasseur alpin ouvrant la marche, suivi par l’adjudant, nous deux, puis les autres chasseurs. Ils avançaient d’un pas régulier, pas trop rapide, sur un sentier montant à travers bois puis à travers prés. Au lever du jour, nous arrivâmes devant un chalet, où l’on fit halte. Un lieutenant des chasseurs alpins en sortit : « Alors, Pierrot, tu en as ramené combien ? »
– Tous, mon lieutenant. Plus deux fantassins en prime, un capitaine et un sergent. Apparemment, ils savent marcher !
L’officier se présenta. Heureusement que j’avais eu le temps de préparer une histoire à peu près plausible !
– Sous-lieutenant Simon, 199e BCHM.
– Capitaine Rosselet, 260e RI.
– Comment vous êtes-vous retrouvés ici, mon capitaine ?
Je le pris à part : « Je suis chargé d’une mission spéciale, lieutenant. J’ai des documents importants à faire passer au général Daille, qui est interné en Suisse avec son corps d’armée. Le col des Montets était le dernier point de passage possible, et, à quelques heures près, j’y arrivais ! »
– C’est bien compliqué ! Ils ne pouvaient pas envoyer un diplomate ?
– Voyons, lieutenant, l’affaire doit rester secrète !
– Alors, par avion, de nuit ?
– C’était le plan au départ, mais les Suisses ont traîné les pieds et quand ils ont été d’accord sur le principe, les communications par le télégraphe direct ont été coupées, et les détails n’ont jamais pu être réglés.
– Je vois. Vous êtes donc le plan de secours ?
– Hélas…
– Mais vous comptiez revenir comment ?
– En passant discrètement par le Jura. Je suis originaire de là-bas. Mais vous, que faites-vous par ici ? Pouvez-vous m’aider à passer ?
– Hé bien, la section d’altitude du bataillon a, je devrais plutôt dire avait, pour mission d’empêcher nos cousins italiens de nous envahir en passant par le massif du Mont Blanc. Faut jamais avoir mis les pieds ici pour croire ça possible ! A la rigueur dans les parages du col du Géant… Mais ils n’ont même pas essayé ; de toute manière, on avait réussi à monter un canon de 65 là haut et on les aurait tenus en respect. Et s’ils voulaient passer dans le brouillard, ils se retrouvaient dans une crevasse vite fait. A un moment, on y a quand même cru, quand ils ont remplacé les Valdotains par des Alpini des Dolomites, mais ils sont allés à l’autre bout du massif et ils ne sont pas passés. Hélas, maintenant, avec les Boches à Chamonix, fini de rire, il est temps qu’on se sauve !
– Vous êtes nombreux ?
– Ici, au Lognan, tout au bout du dispositif, j’ai une vingtaine de gars. Le reste de la section, Emile Allais en tête, est aux Grands Mulets et au Requin. En temps normal, je suis en charge de l’instruction haute montagne. En fait, c’est mon adjudant qui fait le gros du boulot, il est bien meilleur alpiniste que moi. Il n’y a que sur des skis que je me débrouille aussi bien que lui. Faut dire que je suis un des seuls à ne pas être guide, à part les recrues. J’ai fait des études à la place, et j’ai fini officier ! Heureusement que Pierre a ramené les recrues des Aiguilles Rouges, où ils étaient partis bivouaquer.
– Vous allez avoir du mal à filer. Vous serez peut-être obligés de rentrer chez vous, finalement, en essayant de ne pas vous faire remarquer…
– Oui, surtout depuis ici. Les autres y arriveront peut-être. J’attends des nouvelles.
Je lui racontai par où j’étais passé depuis Beaufort, quand un homme entra dans le chalet : « Mon lieutenant, dans la vallée, on ne passe plus ! » Il raconta que les Allemands étaient en train de s’installer à Chamonix, patrouillaient en permanence avec des véhicules sur la route du col des Montets et postaient des gardes sur tous les sentiers à la frontière suisse, entre la douane et le col de la Balme.
– Voilà qui n’arrange pas vos affaires, mon capitaine. Je pensais vous faire passer au col de la Balme, mais c’est trop tard. Et aux Contamines ?
– Ils y sont depuis hier soir, répondit l’homme. Aux Grands Mulets, ils seraient passés hier matin. Mais ils ne sont pas dans les hameaux et encore moins dans la montagne, enfin pour l’instant. On dirait qu’ils veulent boucler la frontière suisse, à moins qu’ils se préparent à les envahir !
Je dus blêmir, mais dans la pénombre, ma réaction passa inaperçue, d’autant que le lieutenant avait ses propres ennuis.
– Nous, bien sûr, comme d’habitude, on a été oubliés ici. Mon capitaine, voilà ce que je me propose de faire : ce soir, on évacue en suivant à peu près votre itinéraire, dans l’autre sens. Tant que les Allemands ne sont pas en nombre, on passera, surtout de nuit. Par le haut, ce serait suicidaire !
– Oui mais moi, ça ne m’arrange pas !
– Attendez ! Vous, Pierre vous guidera jusqu’à la frontière, j’espère que vous avez fait autre chose que de la montagne à vaches ! Vous avez une carte ?
Je sortis le cadeau du gendarme de Chamonix.
– Bon, je vais vous marquer l’itinéraire : vous remontez une partie du glacier d’Argentière, puis bifurquez sur le glacier du Chardonnet, où vous passez le col. De l’autre côté, il y aura sans doute des soldats helvétiques pour vous récupérer !
– Mais c’est de la haute montagne !
– Oui, mais facile. Sinon, vous partez avec nous. C’est comme vous voulez.
J’avais déjà une certaine expérience de la haute montagne, mais je savais que ce n’était pas le cas de Maurice. Je lui expliquai le dilemme : soit on rentre par un itinéraire d’alpinistes, soit on fait demi-tour. Je précisai bien qu’à ce point, je pouvais continuer seul et que je ne lui en voudrais pas, mais je ne doutai pas de sa réponse et il n’hésita pas longtemps : « On est partis ensemble, on rentre ensemble ! »
Dans la matinée, les Français emballèrent leur matériel dans des caisses, avant d’aller les dissimuler plus loin. Le départ étant pour bientôt, le cuistot ouvrit ses meilleures boîtes de conserve pour midi ! Dans l’après-midi, Pierre vint me rappeler (et enseigner à Maurice) les rudiments de la marche en cordée et nous apporta des piolets et des crampons, ainsi que des passe-montagnes et, en guise de souvenirs, des “tartes” de chasseurs alpins. Maurice n’en menait visiblement pas large, et je me demandais s’il n’allait pas regretter sa décision… Nous vidâmes aussi nos sacs de tout ce qui était inutile. Après une longue discussion, nous décidâmes de mettre des vêtements civils, mieux adaptés, gardant tout de même les vareuses d’uniforme.»
A la nuit tombée, les chasseurs alpins partirent, ne laissant que Pierre, avec Rosselet et Mesnier, ainsi que deux paires de mules « dont quelqu’un s’occuperait ». L’écurie d’un paysan chamoniard allait accueillir de nouveaux hôtes le lendemain !
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MessagePosté le: Mar Mai 06, 2008 08:42    Sujet du message: Répondre en citant

Ouaouuuu!

l'Argentière et le Chardonnet

En juillet avec les sautes de températures...

Faut passer avant 6h-7h du matin, parce qu'après les ponts de glace deviennent "mous"....

Très beau travail!

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MessagePosté le: Mer Mai 07, 2008 14:30    Sujet du message: Deux Suisses en France Répondre en citant

Je tiens à préciser que ce texte était déjà écrit avant que Fantasque ne fasse les pertinentes remarques qui précèdent.

15 juillet 1940
A une heure du matin, l'adjudant français vint réveiller les deux Suisses.
« Nous partîmes vers deux heures, Pierre fermant soigneusement la porte du refuge. Au début, la marche ne fut pas difficile, à la lueur de la lune, sur un sentier caillouteux mais large et assez peu pentu, serpentant sur la moraine. Puis la lune se coucha derrière les montagnes. Un moment plus tard, Pierre dit : « Nous sommes sur le glacier ! », mais le sol était encore couvert de cailloux. Nous nous encordâmes, plus pour rassurer et familiariser Maurice que par nécessité car, à part certains endroits où nous dûmes contourner d’énormes crevasses, la progression restait facile. Mais ça n’allait pas durer !
Peu après quatre heures, Pierre s’arrêta et tendit la main : « Nous allons passer par là, sur le glacier du Chardonnet ! » Un glacier plus petit, rive droite, qui montait aussi raide qu’un escalier et semblait se perdre dans le ciel… Mais surtout, un glacier à la surface striée de crevasses qui, dans la pâle lumière de l’aurore naissante, paraissaient se toucher ! « Ne vous en faites pas, dit notre guide, les crevasses du Chardonnet ne sont pas dangereuses, il suffit de les éviter ! » Il nous fixa des crampons aux chaussures et nous repartîmes, montant lentement en zigzags. Pierre ouvrait la marche, Maurice suivait. Lui n’avait plus dit un mot depuis que nous nous étions encordés et qu’il s’était excusé un instant, ses intestins se montrant pressants.
Bientôt, nous arrivâmes à l’altitude où la neige recouvrait le glacier. Pierre se fit encore plus prudent, car il craignait les crevasses dissimulées. Plusieurs fois, nous nous arrêtâmes pour souffler et boire un peu d’eau, mais enfin, vers sept heures du matin, nous atteignîmes le sommet du glacier. Nous marchions depuis cinq heures et, en manière de récompense, un grand soleil nous accueillit.
– Voilà, encore trois pas et vous êtes en Suisse ! Je vous accompagne encore un peu. Il y a un petit passage rocheux à franchir, puis une langue de neige raide qui tombe sur le glacier côté suisse. Je m’arrêterai en haut pour que vous puissiez descendre en rappel. Une fois sur le glacier suisse, je vous montrerai par où passer et je rentrerai !
Je descendis le premier, accueillant Maurice au bas du rappel. « Courage, sergent, le plus dur est fait ! » lui dis-je… Il eut un faible sourire et articula d’une voix étranglée : « Tant mieux, parce que j’ai quand même eu une sacrée trouille toute la nuit ! »
Pierre nous rejoignit : « Là-bas, à gauche, vous voyez cette encoche dans la barrière rocheuse, c’est la fenêtre de Saleina. Vous passerez par là. Ensuite, un peu sur la droite, vous rejoindrez la cabane de Trient en traversant une zone enneigée. Vous ne pouvez pas la manquer ! »
Nous lui fîmes nos adieux, et il retourna sur ses pas. Il devait passer ensuite trois années très animées à faire des misères aux Italiens, puis aux Allemands. Il me raconta tout cela en 1953, à Chamonix, quand il m’emmena en haut du Mont Blanc avec votre grand-mère (qui n’a jamais su pourquoi je lui avais demandé, cette année-là, de prétendre que j’étais Français) … Mais c’est une autre histoire.
Nous restions seuls pour la dernière étape. Maurice avait encore les jambes flageolantes et il dut avaler plusieurs gorgées du pinard des chasseurs alpins avant de repartir. Cependant, marchant sur une neige dure, nous n’eûmes aucun mal à suivre les indications de Pierre et nous étions sur le point de franchir la fenêtre de Saleina quand nous entendîmes « Halt ! Oder ich schiesse ! » suivi du bruit d’un fusil qu’on armait.
Mon cœur manqua s’arrêter. Des Allemands ! Soit j’avais mal suivi les indications de notre guide et repris le chemin de la France, soit ils avaient envahi notre pays ! J’avançai encore de deux pas, avant qu’un nouveau « Halt ! » encore plus vigoureux que le précédent ne m’arrête, suivi d’un « J’ai dit halte ou je tire, oui ! » prononcé (quel soulagement !) avec un fort accent de chez nous. Un homme apparut, le fusil pointé. Je m’étais inquiété pour rien : c’était un Suisse ! Je compris qu’il avait crié en allemand car il craignait que des patrouilles ne s’aventurent jusque là.
– Ah bon, vous êtes Français ! Bon, vous vous arrêtez là et vous attendez ! Dans un quart d’heure, la relève arrive ; vous viendrez avec moi et mon camarade à la cabane de Trient, où vous vous expliquerez. Considérez-vous comme internés et ne cherchez pas à faire quoi que ce soit, sinon je serai obligé de tirer !
Home, sweet home ! Nous nous assîmes tranquillement sur des rochers. « Mais dites-lui qu’on est Suisses ! » me glissa Maurice. Mais mieux valait ne pas perturber le pauvre soldat avec notre histoire hautement confidentielle…
La Troupe occupait la cabane de Trient depuis le printemps. Un lieutenant nous accueillit et commença à nous préciser les détails de la condition d’interné.
– Un instant, lieutenant. Je dois vous voir en particulier.
– Je vous demande pardon, mon capitaine, mais c’est très irrégulier.
– Je vous en prie, c’est important pour vous comme pour moi !
Au diable les règlements ! Il ne voulait rien entendre et je dus lui promettre que ce que j’avais à lui dire tenait en une phrase pour qu’il se laisse fléchir. Aussitôt seuls : « Faites passer d’urgence au major Barbey, de l’état-major particulier du Général, le message suivant : “L’épée n’est plus à craindre”, de ma part – capitaine Rosselet. »
Pour le coup, c’est lui qui me demanda d’en dire plus. « Nous sommes aussi Suisses que vous, lieutenant, mais comme vous pouvez l’imaginer, toute cette affaire est des plus secrètes. »
Méfiant, il me posa quelques questions pour s’assurer que j’étais bien Suisse avant d’aller transmettre le message par le téléphone de campagne. Mais il nous fit asseoir à une table bien en vue où, comme par hasard, aucun de ses hommes ne vint nous tenir compagnie. Nous sortîmes un casse-croûte (les Français pensent toujours à manger…) et attendîmes. Au bout d’une heure à peine, le lieutenant vint nous rejoindre, les yeux agrandis et la mine bien plus modeste : « Dites-donc, vous avez l’air importants ! J’ai l’ordre de vous laisser souffler ici aujourd’hui et de vous faire accompagner à Champex demain matin. Là, une voiture viendra vous chercher. Mais, heu, mon capitaine, je voudrais que mes hommes ne se posent pas trop de questions, alors, si vous pouviez vous comporter en Français jusque là, parler avec l’accent, tout ça… » Je hochais la tête ave quelque condescendance. »
Rosselet et Mesnier passèrent donc le reste de la journée à la cabane de Trient.

16 juillet
Dans la matinée, deux soldats accompagnèrent Rosselet et Mesnier à Champex.
« La descente était interminable et j’en avais plein les genoux à l’arrivée, vers une heure de l’après-midi. Une Traction Citroën civile, immatriculée à Genève, nous attendait, avec le major Barbey lui-même au volant. Après nous avoir chaudement félicités, il nous donna quelques nouvelles du pays, maintenant complètement encerclé.
Pendant que nous roulions vers Berne, je lui racontai les principaux épisodes de notre odyssée. Arrivés dans la capitale, Barbey s’arrêta à ma grande surprise vers cinq heures de l’après-midi devant un hôtel d’aspect cossu : « Deux chambres vous attendent. Avec salles de bains ! Prenez le temps d’en profiter, je crains que vous ayez dû vous en passer ces dernières semaines. Il y a aussi des uniformes propres, j’espère à peu près à votre taille. En tout cas, ils sont suisses ! Dînez ici. A neuf heures, je reviens vous chercher. Ne vous inquiétez pas, c’est moi qui règlerai. »
Les uniformes nous allaient parfaitement, mais il y avait mieux : ils portaient les galons de commandant et d’adjudant. La Confédération récompensait ses serviteurs !
Barbey fut ponctuel et un quart d’heure plus tard, nous étions en face du Général. Ce dernier nous félicita lui aussi et nous demanda un récit très détaillé de notre odyssée. Curieusement, il s’intéressa particulièrement à l’épisode de Saillans. Je réalisai que notre chef suprême n’avait jamais commandé au feu !
En terminant, je demandai s’il fallait lui faire un rapport écrit. Guisan se mit à rire : « Pourquoi, vous voulez partir à sa recherche dans six mois pour le brûler ? » Ce trait mit fin à l’entrevue et le Major Barbey nous raccompagna à l’hôtel.
Il revint nous chercher le lendemain 17 et, divers détails réglés, nous partîmes en permission pour quinze jours, heureux de retrouver enfin nos familles. »

Le commandant Rosselet croyait l’affaire définitivement close et le Général Guisan aussi, sans doute…
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MessagePosté le: Jeu Mai 08, 2008 15:27    Sujet du message: Répondre en citant

Ça sent la suite.

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MessagePosté le: Ven Mai 09, 2008 05:36    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Effectivement, l'affaire n'est pas encore complètement terminée. Mais
auparavant, il faut que je fasse progresser la chronologie, qui est restée à la date de départ des deux protagonistes.

Bien amicalement
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MessagePosté le: Ven Mai 09, 2008 16:47    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent,

et bien sur, pour le moment, tout est rentré en ordre.....

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MessagePosté le: Ven Mai 09, 2008 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

Bref, c'était pas "à vaches" mais Rosselet et Mesnier vont pouvoir ranger (provisoirement) les crampons et les piolets. Pour ces derniers on ne devrait pas en avoir besoin avant le 21 août...

Cela me donne d'ailleurs une petite idée pour un ajout sur le fil "Mexique"...

Amitiés

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MessagePosté le: Mar Mai 13, 2008 12:32    Sujet du message: Répondre en citant

Laisse-moi deviner: l'escalade du Mont Leon par la face nord...
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