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La Suisse dans la FTL
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2008 16:47    Sujet du message: Remarques de Fregaton Répondre en citant

A partir de remarques d'un marin professionnel - Fregaton soi-même - j'ai modifié un paragraphe des aventures de nos deux Suisses. Ce n'est pas sans importance, car cela nous éclaire sur le fonctionnement du Grand Déménagement, qui s'avère moins difficile qu'il le semblait.

Un marin à cinq galons (espèce inconnue en Suisse malgré les médisances de certains Français) prit le relais : « Depuis que les ordres d’évacuation sont arrivés, vous vous êtes sans doute demandé comment nous allions faire pour expédier de l’autre côté de la Grande Bleue tout ce qu’il nous faudra pour… pour revenir un jour prochain. Je vais essayer de répondre. Mais pour cela, je dois expliquer brièvement comment fonctionne un port. D’un côté, il accueille des bateaux, décharge leurs marchandises et les entrepose avant de les distribuer par train, camion ou un autre bateau vers leurs destinations. D’un autre côté, il reçoit des marchandises par camion ou train depuis l’intérieur du pays, les charge sur les bateaux et fait partir ces bateaux. Vous ne verrez que rarement un port où on ne fait que charger des bateaux et, en fait, celui de Marseille reçoit en temps normal beaucoup plus de marchandises, surtout en provenance des colonies, qu’il n’en fait partir.
Cela dit, en temps normal un navire de charge (hormis les tankers de brut) ne navigue jamais à vide, car ce n’est évidemment pas rentable pour l'armateur. Donc il va décharger tout ou partie de sa cargaison et recharger, généralement au même poste pour éviter des déplacements internes dans le port (eux aussi coûteux). Mais nous ne sommes pas en temps normal. Les navires arrivent à vide uniquement pour charger (puis décharger en Afrique du Nord). Pour la même capacité du port (le même nombre de postes à quai), le stationnement à quai de chacun des navires est abrégé (il n’y a que des opérations de chargement et pas de croisement de flux de marchandises). Et croyez-moi, nous utiliserons tous les postes à quai possibles pour le Grand Déménagement. Les rotations seront donc plus nombreuses qu’à l’habitude pour une même capacité de manutention, de lamanage , pilotage, remorquage et stockage. Le problème de gestion des flux s’en trouve simplifié et accéléré.
Vous avez dû aussi vous demander si nous allions pouvoir embarquer sur nos petits bateaux votre beau matériel. C’est vrai : pas besoin de sortir de S… (il s’interrompit pour tousser à fendre l’âme avant de reprendre Smile pas besoin de sortir de Normale Sup pour comprendre qu’on ne décharge pas des sacs de riz ou de cacao comme on embarque des automitrailleuses de 8 tonnes, mais nous avons l’expérience de l’embarquement du Corps Expéditionnaire de Norvège à Brest. Chars, camions, tracteurs de dépannage, tout partira. Nous saurons cette fois tenir compte du fait qu’il faut 25 à 27 bateaux pour emmener une division d’infanterie complète, avec son matériel. »
Mon voisin belge me souffla en souriant : « Ah, il s’est bien repris, une fois ! S’il avait dit Saint-Cyr, ils lui auraient tous jeté leur képi à la figure ! Oh, pardon, vous n’êtes pas passé par là, au moins ? » Je n’eus pas à répondre, des remarques acerbes de notre entourage exigeant le silence.
– Mais il faudra employer au mieux les postes à quai, c’est-à-dire organiser l’arrivée du matériel vers les bateaux – ça, on vous l’expliquera juste après.
Autre chose : le matériel ne partira pas avec les hommes, pour plusieurs raisons. D’abord, charger du matériel prend du temps, surtout s’il n’est pas en caisses quand il arrive, donc il a priorité sur les hommes, qui peuvent monter sur un navire sur leurs propres jambes. Ensuite, contrairement aux hommes, une fois à Marseille, on ne pourra pas envoyer le matériel plus loin pour être chargé, parce que les petits ports ne sont pas équipés et qu’il sera impossible de le remettre sur train ou camion, car tout sera de plus en plus bouché. Exception : les cargos et paquebots mixtes, nombreux sur les lignes qui desservent les colonies et qu’il n’est pas question de laisser partir à moitié pleins ou à moitié vides. Sur ces bateaux, le matériel partira avec les hommes.
En règle générale cependant, comme le transfert du matériel prendra plus de temps que celui des hommes, tout le matériel qui n’est pas destiné à la défense et à la protection du Déménagement partira en premier : machines des usines civiles stratégiques et des usines d’armement et d’aviation, matériaux rares présents dans les entrepôts, stocks divers, matériel dans les dépôts, véhicules, artillerie, etc. Les hommes seront évacués au fur et à mesure des possibilités, tant que la ville ne sera pas menacée.

Merci Fregaton. Pour les incultes (comme moi), un lamaneur est chargé, en bref, d'assurer l'amarrage des gros bateaux.
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patzekiller



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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2008 21:44    Sujet du message: Répondre en citant

question : les raffinerie de l'etang de berre existaient elles déjà à cette époque? Shocked
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Martel



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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2008 22:16    Sujet du message: raffineries or not raffineries ? Répondre en citant

Bonsoir,

pour les raffinieries je ne sais pas, mais des dépots de carburants certainement. Témoin, en Otl début juin 1940, l'action de DArlan pour demander à Reynaud l'annulation d'un opération de bombardement de gênes par peur de représailles italiennes sur les "dépots d'essence" de Berre.

Bonne nuit

Martel
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"Enfin le cardinal a terminé son sort.
Français, que dirons nous de ce grand personnage ?
Il a fait la paix, il est mort :
Il ne pouvait pour nous rien faire davantage. "
Epithaphe anonyme du Cardinal de Mazarin.
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loic
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MessagePosté le: Dim Fév 24, 2008 22:20    Sujet du message: Répondre en citant

Mmh, des envies de pyromane ? Rasta

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tang_de_Berre
Citation:
Entre 1900 et 1930
* Installation des raffineries Shell à Berre l'étang (1928).
* Installation des raffineries de Provence (futur Total) à la Mède (Châteauneuf-les-Martigues).

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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Palantir



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MessagePosté le: Dim Mar 09, 2008 13:44    Sujet du message: Répondre en citant

Sinon on peut se demander ce que va devenir le 45e Corps d’Armée de Forteresse du Général Daille, les autres forces françaises et polonaises de l'est de la France et, sans compter les réfractaires au service obligatoire en Allemagne, on peut facilement atteindre les 50 000 voir 60 000 hommes en Suisse.

Une toute petite partie va être expulsée vers la Yougoslavie, mais le reste va rester interné en Suisse.

Alors que vont-ils devenir?

J'ai une proposition qui peut sembler farfelue, mais on pourrait compter sur les suisses pour maintenir un entraînement de ces forces du moins jusqu'au début 1941 quand il devient évident que les Allemands n'attaquerons pas la Suisse.
On peut penser que durant tout ce temps les français feront pression pour que ces forces leurs soient rendues au moment fatidique, lors du débarquement en France. Ils comptent les utiliser, soutenues par les mouvements de résistances locaux, pour couper les arrières allemands dans les Alpes et dans la vallée du Rhône.
Mais pour que ces forces puissent attaquer, il leur faut du matériel :
- une partie pourrait être fournie par la suisse (contre rétribution),
- tandis qu'une autre pourrait être aéroportée en France, puis passer "clandestinement" en Suisse.

Quelques jours après le débarquement, les Suisses expulsent ces forces dans les alpes et/ou dans la vallée du Rhône.



Le format reste à définir, mais il pourrait être de 2 ou 3 divisions de montagne, d'une brigade blindée et d'une mécanisée.

Pour les Suisses se serait une façon élégante (mais risquée de s'attirer les bonnes grâces des alliés), notamment pour éviter les critiques concernant les expulsions de réfugiées et le soutient aux nazis.
Tandis que les alliés disposeraient d'une importante force cohérente derrière les lignes allemandes.
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Alias



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MessagePosté le: Lun Mar 10, 2008 08:57    Sujet du message: Répondre en citant

Ce serait un sérieux coup de couteau (suisse) dans le principe de neutralité, à mon avis. La FTL étant ce qu'elle est, il n'est pas impossible que cela ait lieu, en effet, mais probablement pas avant qu'une bonne partie des frontières ouest aient été récupérées par les armées alliées.

Plus probablement, il y aura un mouvement dans ce sens, quelques initiatives isolées en passant par des pays neutres (l'Espagne, au hasard) ou des gardiens qui ferment complaisamment les yeux, mais je pense que le gros du Conseil fédéral préfèrera attendre la fin des hostilités pour permettre aux internés de rentrer dans leur pays.
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dak69



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MessagePosté le: Lun Mar 10, 2008 09:57    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

En OTL, le 45e CA est rentré en France en janvier 1941, suite à une négociation tripartite entre la Suisse, l'Allemagne et la France de Vichy. Tout le monde y trouvait son compte (principe de base pour qu'une négociation réussisse...) :

- la Suisse parce qu'elle n'avait plus à nourrir, loger et surveiller tout ce monde, et que c'était un signe de bonne volonté face aux Allemands puisqu'ils se débarassaient d'une force qui se serait opposée aux Allemands en cas d'invasion
- l'Allemagne parce que cela affaiblissait le potentiel militaire helvétique, et parce qu'elle récupérait le matériel du 45e CA (ça faisait partie du deal)
- la France de Vichy parce que c'était des "prisonniers" qui rentraient (propagande, propagande...), et qui ont immédiatement été enrôlés dans l'armée d'armistice.

En FTL, il n'y a pas d'armée d'armistice, et surtout la France officielle n'est pas celle de Laval, mais celle de Reynaud, à Alger. Transférer le 45e CA en AFN n'est pas possible matériellement.

Néanmoins, la Suisse va chercher à s'en débarasser...

Il y aura un peu "d'évaporation naturelle" ; quelques hommes s'évaderont pour rejoindre l'AFN ou la France de Laval. Il y aura aussi un peu de retours pour des "raisons sanitaires" (c'est fou ce qu'ils guériront vite une fois en AFN, au climat pourtant moins réputé que celui des montagnes...)

Une piste qui sera sérieusement explorée sera celle du transfert vers un autre pays non belligérant, qui internerait le 45e CA à la place de la Suisse (on se débarasse du problème, et après, advienne que pourra), pays neutre d'où un transfert vers l'AFN serait beaucoup plus simple, par exemple s'il basculait dans le camp allié. Le seul problème, c'est qu'il n'y a plus de pays d'accueil proche sous la main après début 1941. Une opportunité pourrait se présenter à l'automne 1942...

Sinon, le 45e CA restera en Suisse à faire essentiellement des travaux d'intérêt général, comme les Polonais, et les autres internés frnçais à venir d'ici fin juillet 1940. Et il en repartira dès que les Alliés auront rejoint la frontière suisse en 1943, et que la Suisse pourra (et devra) réorienter sa neutralité.

Bien amicalement
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patzekiller



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MessagePosté le: Lun Mar 10, 2008 13:43    Sujet du message: Répondre en citant

bref, t'es en train de nous dire que fin 42, la france récupere 2 divisions bon poids qu'elle peut réenvoyer en formation pour fin 43 Wink
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Finen



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MessagePosté le: Lun Mar 10, 2008 18:18    Sujet du message: Répondre en citant

Ce seront des combattants aguerris, je leur donne 6 mois de reformation maximum car ils bénéficieront des cadres des écoles militaires en AFN, d'une doctrine établie et de la volonté de se montrer au moins à la hauteur des autres pour ne pas passer pour des touristes helvètes.

Bon il faut que le matériel soit disponible et c'est la que l'on peu perdre du temp ...
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dak69



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MessagePosté le: Mar Mar 11, 2008 08:59    Sujet du message: Répondre en citant

Attention, tout ça, c'est au conditionnel...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Mar 11, 2008 23:03    Sujet du message: La Suite ! (made by Dak69) Répondre en citant

(3 juillet 40, suite)
Mais il était dit que nos deux Suisses n’étaient pas au bout de leurs aventures sous l’uniforme français. Au bout de quelques minutes de route, alors que la canonnade avait complètement cessé, ils furent arrêtés par un commandant qui leur faisait des signes impérieux en brandissant ses jumelles. L’officier était debout à côté d’une voiture visiblement en panne, capot béant et moteur fumant.
– Capitaine, je réquisitionne votre véhicule. Direction Crest, je suis attendu !
– Nous y allons aussi, mon commandant ! Mais on tiendra bien à trois là-dessus.
– Comme vous voulez, tant que je ne reste pas ici à regarder le paysage pendant que mon chauffeur cherche un moyen de réparer ou un autre véhicule. Même pas foutu de trouver un cheval !
Pendant que Mesnier dégageait de quoi faire asseoir Rosselet à l’arrière de leur monture, le commandant expliqua avec un grand sourire : « Notre petite ruse a bien fonctionné ! Nous avons évacué les troupes qui se battaient depuis une semaine et les Allemands ont cru qu’ils allaient pouvoir forcer le passage. Ils ont démasqué leur artillerie, mais la nôtre n’avait pas déménagé et en une demi-heure, nous les avons fait taire. Ils vont y réfléchir à deux fois, avant d’essayer à nouveau ! Tout ça au prix de quelques dégâts subis par la gare… »
Rosselet était moins ravi : « Pour un peu, se dit-il, c’était aussi au prix de notre peau ! » C’est à ce moment que Mesnier déclara qu’on pouvait y aller.
« Le commandant s’installa à la place d’honneur et moi, je m’accrochai comme je pus à Modestine.
A Crest, le commandant nous mena droit à un PC de circonstance, installé dans une école. Un lieutenant-colonel me demanda la raison de notre présence :
– Mission spéciale à Valence pour le général Georges.
– Comme vous en revenez, je suppose que vous l’avez accomplie ?
– Oui, mon colonel.
– Et là, vous retournez à Montpellier ?
– Heu, pas exactement…
– Comment ça ?
Je pensai m’en tirer par une astuce : « Mes ordres précisent que si je peux rendre compte par un autre moyen, je dois me mettre à la disposition du commandement local. »
– A la bonne heure ! Le téléphone fonctionne, je vous donne une demi-heure pour faire passer ce que vous devez par les transmissions, puis retour ici. Je manque d’officiers, vous êtes le bienvenu ! Soldat, accompagnez le capitaine chez les téléphonistes.
Aïe ! J’étais bel et bien enrôlé dans l’armée française. Et Maurice aussi, par la même occasion. J’avais l’impression que nous étions les héros d’un film avec Laurel et Hardy, où les deux comiques se retrouvent militaires. A bien y réfléchir, Maurice et moi aurions pu former un duo de ce genre. Mais dans notre film, les balles étaient réelles… Je suivis le biffin jusqu’à une pièce où officiaient une demi-douzaine de téléphonistes, et j’obtins le QG de Georges à Montpellier. Par chance, Garteiser s’y trouvait. J’eus tout juste le temps de lui dire « Mission accomplie, prévenez qui de droit ! » avant que quelqu’un d’autre ne réclame la ligne. Perplexe, je retournai au PC.
– Vous n’avez pas traîné, très bien, me dit le colonel. Voici ce que j’attends de vous. Comme vous l’avez constaté, nous avons partiellement évacué Valence par la N7 et la voie ferrée et nous avons détruit les ponts correspondants sur la Drôme, pour faire croire aux Allemands que nous partions. Sauf qu’il y a encore en face d’eux les défenseurs les plus frais, ou les moins flapis, sans compter les troupes qui sont à Romans et entre Valence et Romans. Mais ces troupes, il va falloir à un moment ou à un autre assurer leur repli aussi, et ce repli passera d’abord par ici, à Crest, direction Montélimar, et par la vallée de la Drôme à la fin, quand on sera obligés de faire sauter les ponts les uns après les autres. Tout le secteur entre Montélimar, Loriol et ici est libre pour la ligne de défense de la Drôme, et les troupes qui sont chargées de tenir sur cette ligne ne seront pas gênées par celles qui retraiteront de Valence et Romans. Est-ce clair ?
– Oui, mon colonel. Qu’attendez-vous de moi ?
– Que vous organisiez le dernier verrou sur la vallée de la Drôme, à Saillans. Regardez sur la carte : Saillans, un pont sur la Drôme, et ensuite un défilé. Rive droite, la route passe en tunnel, rive gauche, la voie ferrée passe dans un autre tunnel. Vous recueillez nos soldats qui arrivent jusque là, les envoyez à Die puis à Veynes ou Sisteron avec ce que vous trouverez comme moyens de transport. Quand les Allemands arrivent, vous faites sauter le pont et les deux tunnels, et vous filez à votre tour.
Il marqua un temps et poursuivit d’une voix plus sourde, pour lui-même aussi bien que pour moi : « Je sais bien, ce n’est pas drôle de se battre à reculons, mais le seul fossé antichars assez large pour arrêter vraiment les Boches a l’air d’être la Méditerranée. Alors, il faut se contenter de gagner du temps pour évacuer le plus de monde possible et pouvoir revenir aussi vite que possible… »
– Il me faudra des sapeurs, quelques fantassins…
– Les sapeurs, ils sont là. Pour le reste, débrouillez-vous avec ce qui arrive de Valence.
– Et si les Allemands tournent notre position ?
– C’est un risque à prendre. Mais leurs troupes de montagne sont occupées ailleurs plus au nord (Mauvaise nouvelle pour moi, pensais-je très fort !). De toute manière, on est en train de miner la mauvaise route qui remonte la vallée de la Gervanne.
– Combien de temps devrai-je tenir ?
– Une semaine, plus si possible. Arrangez-vous pour que la route soit coupée au moins deux jours. Quand les Allemands auront franchi la Drôme plus en aval, vous le saurez rapidement, n’insistez plus !
– Pour les liaisons ?
– Vous avez votre estafette (il désigna Maurice).
– Et les civils ?
– Qu’ils se mêlent de leurs affaires !
– Bien, mon colonel. Je rassemble les troupes nécessaires, et en avant !
Je passai l’heure du déjeuner à mettre la main sur deux petits camions, de l’essence, une demi-douzaine de sapeurs et une dizaine de soldats volontaires. Par contre, côté armement, pas grand-chose : une vieille mitrailleuse Hotchkiss et des grenades à fusil. Mais bon, me dis-je, je me servirai sur ce qui passera ! Maurice, enfermé dans un mutisme maussade depuis notre naturalisation éclair, me rappela soudain, fort judicieusement, qu’il fallait aussi songer au ravitaillement. Il revint avec quelques boîtes de conserve, en faisant la grimace, car c’est tout ce qu’il avait pu trouver.
Nous prîmes la route de Saillans, suivis par les deux camions. De l’autre côté de la Drôme, qui me semblait bien facile à traverser à plus d’un endroit avec des ponts démontables, quelques soldats français étaient en train d’installer des retranchements. Arrivés à Saillans, j’installais mon “PC” dans un café et partis en reconnaissance avec un caporal du Génie. Miner le pont allait être facile, ainsi que le petit tunnel routier à la sortie du village. Idem pour le tunnel du chemin de fer de l’autre côté. On arriverait à l’obstruer, pas à l’effondrer, mais ça ne changerait pas grand chose en ce qui nous concernait ! En revanche, pour protéger les approches du village contre ce qui arriverait de Crest, le terrain n’était guère propice. Au mieux une colline pas très élevée de chaque côté, pas de quoi résister pendant bien longtemps. L’après-midi, après avoir ordonné aux sapeurs de creuser les trous pour placer leurs charges, je retournai à Crest, d’où je revins avec quelques hommes en plus, et surtout des fusils-mitrailleurs et des téléphones de campagne. »

4 juillet 1940
Non sans s’inquiéter d’être décidément entraîné dans un conflit qui n’était pas officiellement le sien, Pierre Rosselet, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, fit de son mieux son travail de capitaine d’infanterie.
« J’installai mes modestes défenses et je plaçai un poste d’observation à côté d’une croix dominant le village, d’où l’on voyait toute la vallée de la Drôme en aval. Maurice avait de son côté réussi à convaincre le boulanger de nous fournir en pain et, pour la boisson, ma troupe s’en était chargée toute seule… Le maire du village s’inquiéta plusieurs fois de ce que nous faisions – je le rassurais comme je pus en lui expliquant qu’il était exclu que nous livrions bataille dans son village.
De temps en temps, on entendait les échos très lointains d’une canonnade et le soir, un motard m’apporta un message signalant que les Allemands avaient lancé une nouvelle attaque sur l’Isère, mais qu’ils avaient été repoussés aussi bien au nord de Valence qu’à Romans. Le canon que nous avions entendu était l’artillerie lourde française sur voie ferrée, qui avait littéralement cloué au sol l’avancée allemande sur Romans, avant de devoir se taire faute de munitions. Une nouvelle poussée allemande était attendue pour le surlendemain. »

5 juillet 1940
Après avoir inspecté les travaux de défense de la veille et ordonné des améliorations (la qualité suisse…), Rosselet partit le 5 avec Mesnier (et Modestine) reconnaître la route de Die et surtout voir s’il était possible de contourner Saillans par la montagne autrement qu’à pied.
« Je fus à peu près rassuré. La route, médiocre, se transformait par endroits en mauvais chemin de terre, et des coupures avaient été pratiquées au niveau des tunnels et de quelques ponts. Pas de quoi arrêter des troupes de montagne, mais au moins de quoi retarder de l’infanterie fatiguée.
Le reste de la journée passa sans incident, mais je me doutais bien que c’était le calme avant l’orage. »


Dernière édition par Casus Frankie le Ven Avr 25, 2008 19:57; édité 1 fois
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 25, 2008 19:57    Sujet du message: Répondre en citant

Dak69 est de retour, avec ses deux petits Suisses !

6 juillet 1940
Dans la matinée, le premier signe d’orage apparut sous la forme d’une estafette venant convoquer Pierre Rosselet au PC pour midi.
« Je retrouvai à Crest une douzaine d’autres officiers, visiblement en charge chacun d’un point de passage sur la Drôme ou d’un secteur routier quelque part dans la montagne. Le colonel qui m’avait réquisitionné ne passa pas beaucoup de temps en préambules avant d’entrer dans le vif du sujet :
– Cette nuit, les dernières troupes déployées le long de l’Isère entre Valence et Romans vont commencer à se replier. Nous attendons une très forte offensive allemande, avec une préparation d’artillerie intensive, en vue d’un franchissement de l’Isère, dans un premier temps par bateaux, puis par des ponts du Génie, sans doute à proximité du confluent avec le Rhône. Tous les ponts entre le Rhône et Grenoble vont sauter, si ce n’est déjà fait, ou être au moins rendus infranchissables.
Comme vous le savez sans doute, la plaine de Valence est quasi-indéfendable, sauf sur sa bordure est, au pied du Vercors, et ici, autour de Crest. Nous n’avons plus les moyens de provoquer une bataille en rase campagne et encore moins de la gagner. Toutes les troupes de la région vont donc se retirer de l’autre côté de la Drôme entre le Rhône et ici, ou dans la montagne à l’est de Crest, d’où elles fileront au plus vite vers le sud par Die, Veynes et Sisteron. Notre rôle est de leur garantir la voie libre le temps nécessaire, en neutralisant les avant-gardes allemandes. Il faudra plusieurs jours aux Allemands pour faire passer suffisamment de matériel lourd avant de venir attaquer la ligne de la Drôme en force, mais leurs premières patrouilles de reconnaissance arriveront très vite, sans doute dès demain. Ne les laissez pas rentrer chez elles !
Ensuite, une fois que les Allemands seront en nombre, ce sera notre tour de partir.
Un cavalier demanda combien de temps la ligne de la Drôme allait pouvoir tenir, car il se faisait fort de franchir cette rivière d’un seul saut de son destrier en certains endroits.
– Le gros de la poussée allemande se fera sans doute entre le Rhône et ici, répondit le colonel. Nous les attendons avec de l’artillerie positionnée sur les hauteurs. Plus en amont, les routes pour descendre vers le sud sont mauvaises et faciles à couper avant qu’ils ne les utilisent. Mais c’est vrai, la Drôme ne les arrêtera pas aussi longtemps que l’Isère. D’autres points d’arrêt sont préparés avant Montélimar, aussi bien dans la vallée du Rhône que sur l’itinéraire partant de Crest. En fait, tout dépendra du temps qu’ils mettront à établir des ponts sur l’Isère pour faire passer leurs chars et canons.
Le colonel précisa encore les conditions de notre propre repli, une fois que la pression allemande deviendrait trop forte – « au pire, direction la forêt de Saou ; une armée entière peut s’y cacher pendant des semaines. » Il nous rappela aussi qu’une fois les communications par téléphone coupées, nous devrions agir au mieux et, en cas de doute, filer après avoir coupé les routes (et, dans mon cas, les tunnels).
Je retournai à Saillans, où quelques camions transportant des blessés légers en provenance de Romans étaient passés pendant mon absence. Pas de doute, l’évacuation avait commencé.
L’après-midi, je vérifiai encore une fois mes positions, en espérant qu’elles étaient assez bien camouflées pour échapper à un avion allemand. J’avais fini par dénicher une carte d’état-major chez l’instituteur du village et j’arrivai à la conclusion que, tant que Crest tiendrait, aucune poussée allemande mécanisée n’était à craindre dans ma direction, la ville étant impossible à contourner par le nord-est dans ses alentours immédiats autrement qu’à pied ou à cheval. Mais les faits allaient me donner tort ! »

7 juillet 1940
Le téléphone qui reliait le PC de Rosselet à Crest sonna plusieurs fois, d’abord pour confirmer l’évacuation, puis pour annoncer que les Allemands avaient, après avoir longuement pilonné la rive sud de l’Isère, traversé la rivière avec des bateaux pneumatiques au nord de Valence. Ils procédaient comme lors du franchissement du Rhin, mais cette fois sans opposition.
A Saillans, la journée fut calme. Il n’y eut que quelques égarés à envoyer à Die, où ils devaient être pris en charge.

8 juillet 1940
Peu après le lever du jour, le PC de Crest informa Rosselet que les premiers éléments allemands ayant été aperçus sur la route de Valence et sur la rive droite de la Drôme en aval, les ponts entre Crest et Saillans avaient sauté. Pour nos Suisses, toujours pas d’Allemands… Mais ils ne perdaient rien pour attendre.
« Vers 11 heures, deux side-cars furent signalés par mon poste d’observation, mais ils firent demi-tour à bonne distance du village, avant d’aller se perdre dans la vallée de la Gervanne où je pense qu’ils furent interceptés. Mais je me dis qu’il s’agissait peut-être de Français, car, j’étais toujours convaincu qu’un contournement de Crest n’était pas possible.
L’après-midi, le PC annonça de nouveaux éléments allemands motorisés de reconnaissance. Il ne leur avait pas fallu longtemps pour établir un pont assez solide sur l’Isère ! Effectivement, peu après, un autre side-car s’approcha. Il traversa le village, s’engagea dans le tunnel, et fut intercepté par mes hommes à la sortie, le brusque changement de lumière ayant ébloui le conducteur, ce qui facilita largement la capture de nos deux premiers prisonniers ! Malgré ma confiance, j’avais pris mes précautions.
– Quel bel engin, dit Maurice en examinant la BMW R75 capturée. Si je l’essayais ?
Nous eûmes l’idée en même temps ! Il mit le casque d’un des deux Allemands et prit les commandes. Après avoir prévenu mon équipe de ce que nous allions faire, je mis le casque de l’autre prisonnier, montai à bord et nous repartîmes en sens inverse sur la route de Crest. Logiquement, le side-car devait être suivi par de l’infanterie sur camion, attendant le feu vert de ses éclaireurs pour avancer. Effectivement, deux petits camions furent bientôt visibles. Maurice s’arrêta en dérapant, je fis de grands gestes du bras pour inviter les Allemands à avancer, et nous repartîmes au plus vite sur Saillans. Nous avions au moins 500 mètres d’avance quand je passai devant la position de défense avant le village. Les Allemands nous suivaient en toute confiance et ils furent accueillis par une volée de grenades à fusil tirées à courte distance. Un des camions finit dans le fossé en tentant de faire demi-tour, l’autre cala au milieu de la route et le reste de mes hommes n’eut aucun mal à faire prisonniers une quinzaine d’Allemands pris par surprise après un bref échange de coups de feu. Ils avaient un mort et quelques blessés. Nous nous en étions bien tirés, mais par où étaient-ils passés ? »
Le sous-lieutenant qui commandait le détachement de la Wehrmacht fut fort surpris d’être interrogé dans sa langue. D’abord réticent, il finit par parler quand Rosselet eut découvert dans un des ses camions une carte sur laquelle l’itinéraire suivi était scrupuleusement indiqué. Il était passé par de mauvais chemins entre les villages de Combovin et de Gigors, assez loin au nord de Crest. Sa mission était d’aller jusqu’à la vallée de la Drôme, puis de guider des troupes plus importantes. Mais, grisé par la facilité avec laquelle il avait avancé, il reconnut qu’il était allé trop loin. « Mais tout de même, dit-il avec l’air de se justifier, il faut bien en finir. Vous comptez vraiment attendre que nous ayons atteint la Méditerranée pour arrêter les frais ? » Le Suisse ne répondit rien : « Je songeais à ces foules d’hommes en train d’embarquer pour l’Afrique et qui ne semblaient pas décidés à arrêter les frais, tandis que, personnellement, j’espérais bien en finir très bientôt avec toute cette histoire. »
Rosselet rendit compte au PC de Crest, qui entre-temps avait quitté la ville, et annonça qu’il envoyait ses prisonniers à Die. « Inutile de vous embêter avec des prisonniers ! » lui répondit-on. Rosselet, stupéfait, refusa d’écouter : « Déjà que je me battais pour le compte des Français comme ce n’était plus arrivé à des Suisses depuis la chute des Tuileries, je me devais d’appliquer les conventions de Genève, sous peine de renier doublement ma citoyenneté helvétique ! » Ce n’est qu’au retour du sergent Mesnier, envoyé escorter les prisonniers à Die, qu’il eut quelques informations sur ce point : « Maurice me raconta qu’ils avaient été traités rudement, et, plus d’une fois, il entendit que “ces salopards pouvaient s’estimer heureux qu’on ne leur fasse pas la même chose qu’aux Sénégalais, c’est tout ce qu’ils mériteraient.” Ce n’est que bien plus tard que j’appris quel avait été le sort des tirailleurs du 25e RTS. »
Pour l’instant, Rosselet s’inquiétait surtout de la vulnérabilité de sa position.
« Visiblement, il y avait un sérieux trou dans le dispositif du colonel, ou alors les Allemands connaissaient mieux leur géographie que les Français. Je finis par obtenir le colonel au téléphone ; il me répondit qu’il m’enverrait des renforts pour mieux protéger la route menant de Crest à Saillans, mais qu’il ne pouvait pas dégarnir davantage les abords de Crest et encore moins garder tous les passages dans la montagne. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était envoyer des sapeurs couper l’itinéraire par lequel les Allemands s’étaient infiltrés, en espérant que d’autres ne les avaient pas déjà suivis. Il m’indiqua également que la plaine de Valence était maintenant entièrement évacuée, et que seules les troupes déployées autour de Crest utiliseraient la vallée de la Drôme pour partir à leur tour.
Dans la soirée, mes renforts arrivèrent. Je n’en crus pas mes yeux dans un premier temps : des marins dans la montagne ! C’était de l’infanterie de marine, peu d’hommes, mais surtout trois canons antichars : un petit 25 mm et deux gros (pour l’époque !) 47 mm. Je fis disposer un 47 pour prendre le pont de Saillans en enfilade et les deux autres canons en aval, rive gauche, sur la voie ferrée, en des points où ils pouvaient battre la route rive droite en étant bien dissimulés. »
La nuit passa sans incident. Quelques éléments français fatigués, à pied, furent envoyés vers Die.

9 juillet 1940
Le lendemain fut aussi calme que la nuit. Le PC annonça que, d’après les rares observations aériennes qui avaient été faites, les Allemands continuaient de traverser l’Isère sur des ponts provisoires. Leur tentative d’utiliser le pont de chemin de fer de Romans s’était traduite par un échec : le pont, aux poutrelles sabotées et bloqué par des wagons lourdement chargés de ciment, s’était effondré dans la rivière.

10 juillet 1940
Dès l’aube, le ciel s’embrasa à l’ouest. Les Allemands avaient amené suffisamment de troupes pour lancer une attaque sur Crest appuyée par de l’artillerie. Leur objectif était clair : en passant la Drôme à Crest, ils prendraient à revers le gros des défenses françaises, entre cette ville et le Rhône, et les encercleraient, tout en s’ouvrant la voie de Montélimar. Cependant, les Français tenaient solidement les abords de la ville, et notamment toutes les crêtes.
A Saillans, Rosselet ne pouvait être qu’un témoin passif : « Les combats se poursuivirent toute la journée sans interruption et ne cessèrent que dans la soirée. Plusieurs fois, des blessés évacués nous furent amenés, que l’on emmena à l’hôpital de Die. Vers 10 heures du soir, l’ordre d’évacuation complète de la rive droite de la Drôme fut donné. Dans la nuit, les ponts de Crest sautèrent, puis toutes les communications furent coupées. J’estimai qu’il faudrait que je tienne ma position encore une journée, avant de penser à sauver mes abattis et espérer à nouveau retourner au pays.
Toute la nuit, des centaines d’hommes passèrent par Saillans, les uns à bord de camions militaires ou civils, les autres en autobus et même dans des voitures particulières. Personne ne fut volontaire pour m’aider à garder la porte de sortie, chacun estimant, à juste titre, qu’il avait fait son devoir et qu’il devait d’abord souffler avant de se battre à nouveau. Je n’essayai pas, au demeurant, de retenir qui que ce soit. Je m’informai cependant en discutant avec ceux qui s’arrêtaient pour une brève escale. Tous insistèrent sur la violence des combats de la journée, soulignant avec une fierté amère que les Allemands ne s’attendaient visiblement pas à une aussi forte résistance. Ils avaient laissé beaucoup de monde dans l’affaire et n’avaient pas passé la Drôme. « Evidemment, me dit en grimaçant un capitaine français à la tête d’un petit groupe d’hommes, le regard sombre et un bras en écharpe, pour eux, ce n’est que partie remise. Demain, ils passeront. On n’a plus guère de munitions et ils sont trop nombreux. Mais n’empêche, si on avait tenu comme ça sur la Meuse… »
Il avait avec lui quelques armes lourdes, mortiers et canons. Un moment, j’envisageai de lui demander de m’en laisser un ou deux, mais je compris vite qu’il ne restait plus un obus dans les caissons. »

11 juillet 1940
Vers 10 heures du matin, les sapeurs envoyés couper les routes dans la montagne passèrent à leur tour. Il n’y eut plus ensuite que quelques groupes d’hommes à pied. Les derniers retardataires passèrent vers midi. Désormais, les prochains à se présenter seraient sans doute Allemands, mais Rosselet ne changea pas d’idée : il tiendrait bon jusqu’à la nuit.
« Je pouvais voir que Mesnier avait bien envie d’enfourcher Modestine et de filer au plus vite.
– Je n’ai pas pu faire autrement que d’accepter cette mission, Maurice, lui dis-je. Suisse ou Français, je dois tenir parole. Mais toi, rien ne te retient. Tu peux filer, je dirai que je t’ai envoyé porter un message. Je pourrai prendre la BMW pour rentrer au pays !
Ce brave cœur me regarda, l’air on ne peut plus choqué : « Non mais, Capitaine, vous me voyez raconter au Général que je vous ai laissé seul pour arrêter toute l’armée allemande ! J’aurais bonne mine ! »
Vers midi trente, des coups de canon sporadiques se firent entendre à nouveau à l’ouest, mais sans l’intensité de la veille. Les Allemands avançaient à nouveau sur Crest. Leurs colonnes furent certes prises à parti, mais depuis l’autre côté de la Drôme.
A trois heures de l’après-midi, mon poste d’observation me signala des véhicules s’approchant sur la rive droite, avec des chars ! Le doute n’était pas permis, les Allemands arrivaient pour de bon.
La colonne était composée de quatre petits chars, qu’un sergent français identifia comme des Panzer II – sans doute les engins les plus lourds qui aient pu passer sur les ponts provisoires de l’Isère. Une dizaine de camions les suivaient. Nous parvînmes à les arrêter, grâce aux artilleurs de la Marine. Le 47 placé sur la rive gauche de la Drôme tira sur le dernier char de la colonne, qui s’arrêta net, et le 25 sur le premier, qui fut manqué. Mais, au lieu de continuer, il ralentit et pivota, sans doute pour s’orienter vers la menace ; un deuxième coup le stoppa net avant qu’un troisième le mette hors d’état de nuire en travers de la route. Les deux chars restants arrosèrent la rive gauche à la mitrailleuse et au canon de 20, mais les canons des marins étaient bien embusqués. Le 47 détruisit rapidement un troisième char et le dernier choisit de s’enfuit à travers champs, profitant de la fumée qui montait de ses équipiers pour s’échapper à la suite des camions. Ceux-ci avaient en effet préféré faire demi-tour, sous les rafales des fusils-mitrailleurs des hommes placés dans les modestes hauteurs dominant la route.
Des neuf soldats composant les équipages des chars, quatre étaient morts et les autres plus ou moins gravement blessés. Je chargeai Maurice d’évacuer les blessés sur Die et je fis rendre les honneurs aux morts devant le temple protestant du village. Le pasteur me promit de les enterrer dans l’après-midi et je l’en remerciai de tout cœur, ainsi que le maire, qui était lui aussi resté sur place.
Le temps pressait. La prochaine fois, les Allemands seraient en nombre. Face à une attaque d’infanterie par les collines, je serais très vite débordé. J’ordonnai à tout mon monde d’évacuer sur Die avec les quelques camions dont je disposais. Je ne gardai avec moi que le camion allemand capturé et mes sapeurs. Le pont sur la Drôme sauta le premier, suivi de la voûte du tunnel de chemin de fer, qui était encombré de vieux wagons, ce qui compliquerait son déblaiement. Le tunnel routier sauta à son tour et je pris alors moi aussi la route de Die, avec les sapeurs. »
Rosselet retrouva sans difficulté Mesnier à Die. Il espérait pouvoir s’esquiver discrètement dans la confusion prévisible…
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MessagePosté le: Sam Avr 26, 2008 07:49    Sujet du message: Répondre en citant

"traversé la rivière avec des bateaux pneumatiques au nord de Valence"

ce genre de matos était vraiment en dotation dans la wehrmacht à ce moment? Shocked
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MessagePosté le: Sam Avr 26, 2008 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour
Juste un petit mot
La BMW R75 n'existait pas en Juillet 40. Pas plus qu'en Aout...
Elle n'apparait que fin 43
Donc pour Juillet 40 , nous avons:

BMW R12 side ou solo ( 750 cc )
BMW R11 side ou solo ( 750 cc aussi mais un peu plus anciennes , 1935 )
BMW R35 solo ( 350 cc )
BMW R4 solo ( 350 cc , meme fourche similaire a la R11 )
Zundapp K500 w side car ou solo ( 500 cc )
Zundapp K800 w side car ou solo ( 800 cc )
DKW Nz 350 solo
DKW 500 Sb solo

On peut envisager que, si ce sont des unitées de pointe, nous avons BMW R12 ou Z. K800 w. Mais si ce sont des unitées de liason et de reserves, R11 et K500 w sont aussi possible.Voir meme une Gnome et Rhone AX2 RM ou une Renée Gillet G1 de prises...

Marc
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Finen



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MessagePosté le: Sam Avr 26, 2008 12:18    Sujet du message: Répondre en citant

A savoir que les Renée Gillet avaient une très bonne presse auprès des soldats allemands et ont très vite été intégré au hasard des prises au seins des unités.
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