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1940 - La France continue la guerre
 
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Africa Oriental Italiana
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loic
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MessagePosté le: Ven Jan 16, 2009 06:23    Sujet du message: Répondre en citant

Ou alors uniquement des unités légères (boutres, etc).
Tu dois déjà avoir ces sources, mais au cas où : http://regiamarina.net/others/redsea/aoi_defenses_us.htm
http://regiamarina.net/ref/orderofbattle/east_africa_us.htm
http://regiamarina.net/timeline/1940/1940_us.htm
http://regiamarina.net/timeline/1941/1941_us.htm
http://www.comandosupremo.com/
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Martel



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MessagePosté le: Ven Jan 16, 2009 11:07    Sujet du message: Calendrier Répondre en citant

Bonjour,

Pour répondre à Loic Garde à vous
Le calendrier a environ un mois d'avance sur le calendrier OTL.

-Les principales différences avec OTL sont :

Pas de neutralisation de la présence française à Djibouti :

Les italiens doivent faire face à la menace la plus directe vers Addis.
De fait, comme il est indiqué dans la chrono FTL , les renforts italiens même s'ils arrivent plus tot qu'OTL, ( référence aux plans d'opérations initiaux) sont plus faibles notamment en artillerie.
Sinon le déroulement du siège de Kéren est identique, mais il finit plus tôt du fait de l'épuisement accéléré des troupes de la forteresse.


-Pour la suite :


La campagne de Lybie est finie. Il n'y a donc pas besoin de retirer une partie des troupes indiennes comme en OTL du théâtre de l'AOI. La descente vers le sud en sera donc facilitée. ( sauf si les unités indiennes sont requises ailleurs en FTL). Ce que je n'ai pas pris en compte.

L'effet sur les autres axes de progression alliés sont identiques, sauf peut être sur Gondar : Axe Anglo Belge. Cela reste à voir avec CF et sa saintété.

Je continue à creuser...

Martel
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Manu Militari



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MessagePosté le: Ven Jan 16, 2009 15:00    Sujet du message: Une question d'un néophyte Répondre en citant

Bonjour,

Je vais poser une question, sans doute stupide, mais comme je ne suis pas militaire de carrière ... Wink
Quel est la possibilité d'un effondrement généralisé de l'armée italienne (sur cette zone d'opération) ?

1. Ils doivent faire face à une accumulation d'attaque venant de toutes les directions. (nord, sud, est et ouest)
2. La principale forteresse vient de tomber
3. Plus de liens avec la métropole (plus de navire italien)
4. Révolte intérieur
5. Supériorité aérienne des alliés quasi complète.
6. Supériorité des alliés en logistique
7. Supériorité très forte des alliés sur les blindés (bon d'accord, c'est une zone montagneuse)
8. Supériorité forte des alliés sur les moyens de transport
9. Code italien percé ... plus de secret des communications
...
Et, ce n'est pas l'Italie. Mourir pour Rome est une chose, pour Addis-Abeba est une autre chose.
...

Je n'ai jamais mis en doute le courage des italiens mais face à tous ces faits, la question mérite d'être posée.



Autre question encore plus idiote
Les alliés n'ont pas les moyens de le faire sur ce front, sauf erreur mais la question d'un assaut aéroporté directement sur la capitale ennemi sera peut être soulevé, tellement celle-ci a été dégarni. Les alliés le savent (code italien cassé)
Ce n'est pas forcement la meilleur idée, certes mais nous sommes en 1940, l'offensive de Crête (OTL) ou de Corse (FTL) n'ont pas encore eu lieu. Je suis certain que certains officiers français (en poste à Djibouti et dont le nom commence par S. ) auraient voulu tenté ce "coup de pied dans la fourmilière".
N'oublions pas qu'il s'agit d'un sujet vierge ou presque pour les alliés. Ils ne savent pas encore combien les troupes aéroportés sont fragiles (puissantes mais fragiles).

L'idée général est de tirer parti de la maitrise des airs pour organiser des raids au coeur du territoire ennemi puis ré-embarquer (ou pas) dans leurs antiques transports (antiques mais rustiques).
En Allemagne et en Italie, c'est de la folie furieuse. Mais en Ethiopie, chaque garnison italienne, c'est une forteresse assiégée au milieu d'une population hostile. L'infrastructure est faible donc les délais de réaction des garnisons voisines seront longs.
Les voies de chemin de fer et les réserves ennemis (déjà faible)sont des cibles très tentantes

Reste la question de la géographie (beaucoup de montagne) et de la météo (mois de janvier).

Qu'en pense les spécialistes ?

Salutations
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Martel



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MessagePosté le: Ven Jan 16, 2009 15:50    Sujet du message: un pont trop loin ? Répondre en citant

Bonjour,

Je ne suis pas non plus un militaire de carrière...mais plutot un compteur de harricots dans le civil et...chasseur de lapins à ses riches heures militaires... !

Si tout se passe bien, et que les calendriers correspondent, Addis devrait tomber fin Février après un siège symbolique d'une 10 aine de jours.

Par rapport à l'OTL, des troupes françaises actives, des troupes du commonwealth plus abondantes vont précipiter la chute de l'AOI.

Pour un largage de type Arhem, je me déclare moi - même " largué...sans voir la Drop Zone qui va bien...

On pourrait plutôt penser à des opérations de guerilla ou à un siège en bonne et due forme.

Les spécialistes apprécieront. Si on peut imaginer un largage merci de me communiquer les éléments du possible en 01/1941...

Martel
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folc



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MessagePosté le: Ven Jan 16, 2009 20:19    Sujet du message: Re: Navires de guerre et autres Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Quelqu'un a-t-il les infos sur la situation des navires de surface italiens de Marisupao (AOI) à la déclaration de guerre ? En deux mots, sont-ils à Massaoua (donc sur la Mer Rouge, avec les SM), ou à Mogadiscio (donc sur l'Océan Indien) ?
Je rappelle qu'il y a 4 DD, 3 CT et 2 torpilleurs, 5 MTB, 2 canonnières, 2 croiseurs auxiliaires et un aviso colonial, 1 pétrolier.


En fait, tous les navires de guerre sont en Mer Rouge : il n'y a pas de base navale digne de ce nom en Somalie (sur l'Océan Indien).

Au 10 juin 1940, de nombreux navires de commerce se trouvent coincés en Mer Rouge. Suivant les sites consultés de 33 à une cinquantaine. Sur ce nombre, trois devaient être réquisitionnés pour être armés comme croiseurs auxiliaires : les trois bananiers Ramb I, II et IV.
Seuls les deux premiers ont fini par être armés. En OTL, le Ramb IV a servi d'abord de navire-dépôt puis en février 1941 a été armé comme navire-hôpital sous le nom d'Aquileia.
On donne parfois les Ramb I et II armés avec quatre canons de 120 mm (et 2 mitrailleuses de 13,2) mais cela semble beaucoup. A la différence du Ramb III armé en Italie et pour lequel les quatre canons paraissent possibles, les Ramb I et II ont été armés avec les moyens disponibles en AOI.
Je ne suis pas persuadé qu'ils aient été opérationnels d'emblée en juin. Le Ramb I a fait une sortie OTL en août 1940 pour une recherche vaine de navires de commerce alliés.

Amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Jan 16, 2009 20:23    Sujet du message: Répondre en citant

Mes sources donnent aussi deux canons de 120 pour les Ramb I et II (quatre pour l'Eritrea).
Je vais proposer à Fregaton, que le vrai monde empêche malheureusement pour le moment de continuer à écrire pour la FTL, de reprendre le flambeau des activités navales en Mer Rouge sous son contrôle.
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folc



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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2009 00:10    Sujet du message: Répondre en citant

Un petit complément à mon précédent message :
En OTL, outre les sous-marins survivants, seuls les croiseurs auxiliaires Ramb I et Ramb II et l'aviso Eritrea ont réussi à s'échapper de la Mer Rouge.
Le Ramb I a été coulé le 27 février 1941 par le croiseur HMNZS Leander.
Les Ramb II et Eritrea ont pu gagner le Japon.
Tout ce qui n'avait pas été déjà détruit par combat ou bombardement a été sabordé, notamment les navires de commerce. L'épave la plus célèbre (pour les fans du Commandant Cousteau) est celle du navire de transport de passagers Nazario Sauro, sabordé entre le 4 et le 6 avril 1941 par 40 mètres de fond près de l'île de la Grande Dahlak.
A part le Ramb IV/Aquileia et, si mes souvenirs sont bons, la canonnière Porto Corsini, les Britanniques n'ont capturé au mieux que de la ferraille.
Sauf le cas particulier des deux citernes à eau Sile et Sebeto que les Italiens n'ont pas sabordées parce qu'elles étaient nécessaires au ravitaillement en eau des îles Dahlak. Les Britanniques ont continué à les employer dans ce rôle.
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lebobouba



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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2009 00:38    Sujet du message: Répondre en citant

Pour répondre à Manu Militari , je crois que l'emploi de troupes aéroportées en AOI est intéressante mais aussi peut-etre un peu trop prématurée.

C'est sur que les Fallshirmjagers ont fait une forte impression durant le printemps 1940, et que Merkur va confirmer l'emploi des paras pour s'emparer de positions clés.
Néanmoins ,entre les évacuations sanitaires et les ravitaillements, les appareils de transport Alliés sont certainement surchargés de boulot rien que pour çela.

Et la formation de telles unités prend du temps ( de l'ordre de plusieurs mois ).
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lebobouba



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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2009 01:01    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé , j'ai posté trop vite... Embarassed

Pour en revenir à nos "chameaux" ( normal , on est dans un endroit plutot désertique... ;p ) , pour aller effectuer des raids sur les voies de communications et les dépots Italiens , des unités motorisées comme le Long Range Desert Group et le Special Air Service me semblent plus appropriées.

En OTL le père du LRDG, le Major Bagnold se trouve en Egypte quand l'Italie entre en guerre.
Il parvient à convaincre Wavell du bien-fondé d'une telle unité ( celle-ci est fondée le 03/07/1940 OTL )
Par contre je ne sais pas si Le Colonel Stirling , fondateur du SAS est présent en Afrique au meme moment .
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loic
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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2009 10:08    Sujet du message: Répondre en citant

Pour le raid aéroporté, il y aurait les deux GIA français. Mais ce genre d'assaut est à tenter pour précipiter la chute de l'ennemi, autrement dit quand le gros des troupes n'est plus très loin (bloqué par les lignes adverses ou sur le point de débarquer par exemple). Sinon les parachutistes sont perdus, ce qui n'est pas le but.
OK pour le décalage avec l'OTL, il faut simplement vérifier la cohérence en ce qui concerner les troupes du Commonwealth entre la Libye, la Grèce et l'Irak.
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patzekiller



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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2009 11:04    Sujet du message: Répondre en citant

je ne suis pas emballé à l'idée de mettre les GIA à toutes les sauces, sur tout les fronts.

les GIA sont une arme relativement nouvelle qui n'est pas perçu dans sa doctrine, sans lien avec les corps francs

l'AOI rest un theatre relativement secondaire pour les français qui sont encore en AFN en pleine restructuration et qui doivent garder un oeil serieux sur la corse notamment

dans ce contexte, je pense que si il y a des tests à faire, ils se feront au nord, sous formes d'actions commandos etc etc

je ne pense pas que sous pretexte qu'il y a un "nom" en AOI cela doivent perturber toute une doctrine d'emploi qui jusqu'à maintenant a été cohérente, en plus du fait qu'il s'agissent d'unité de l'AdA et que salan fasse partie d'une autre arme
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 18, 2009 13:16    Sujet du message: La campagne de Mer Rouge Répondre en citant

Fregaton est fort occupé en ce moment, c'est pourquoi j'ai repris, sur ces indications, la rédaction de la campagne de Mer Rouge. Merci à lui pour avoir pris le temps de me transmettre des synopsis et de relire mes chapitres.

Pour les distraits ou ceux dont la mémoire ne serait pas parfaite, ou qui débarqueraient sur le Forum depuis peu... Je pense bon de reposter les textes existants, qui ont d'ailleurs été plus ou moins enrichis. C'est notamment le cas de la fin de celui-ci.


Le calvaire des sous-marins italiens
(D’après Les pauvres requins de la mer Rouge, in Les Forces Sous-Marines Italiennes dans la Seconde Guerre Mondiale, par Francesco Folcini, Rome, 1962)

Dès le début de la guerre, la flottille italienne de mer Rouge subit des pertes sensibles. En deux semaines, elle perdit quatre de ses huit sous-marins (les Macallè, Galilei, Torricelli et Galvani), dans des circonstances très variées.
………
Quatre sous-marins sortirent dès le 10 juin 1940 : le Macallè pour Port-Soudan, le Galvani pour Oman, le Ferraris pour Djibouti et le Galilei pour Aden.
– Le Ferraris fut le premier hors de combat. Dans la nuit du 12 au 13 juin, il fut surpris en surface par au moins un destroyer britannique. Au cours de la plongée rapide, une manœuvre provoqua l’entrée d’eau de mer dans le local des accumulateurs, endommageant gravement les batteries. Le bateau put cependant rentrer à Massaoua, où il demeura indisponible pendant près de deux mois, éprouvant la longueur des remises en état avec les moyens locaux.
– Le Macallè connut un sort encore plus funeste : à la suite d’une erreur de navigation favorisée par un ciel toujours nuageux et par les émanations de chlorure de méthyle (constatées dès le 12 juin et provoquant en deux jours l’intoxication de l’ensemble de l’équipage), le sous-marin alla se perdre sur des écueils devant l’îlot de Bar Moussa Kebir. L’équipage se réfugia sur l’îlot et trois volontaires partirent chercher des secours sur un canot de sauvetage équipé d’une petite voile. Ils parvinrent en terre italienne le 20 juin.
– Le Galilei arriva sans encombre devant Aden. Aux premières heures du 16 juin, il coula au sud de ce port le pétrolier norvégien James Stove. Le 18, il arraisonna, en tirant un coup de canon, le vapeur yougoslave Drava, qu’il laissa repartir comme neutre. Le bruit du coup de semonce l’aurait fait repérer par une unité anglaise en patrouille et il fut attaqué peu après par un avion. Son commandant n’en décida pas moins de rester dans la zone assignée par ses instructions. Dans la nuit, quand le sous-marin émergea pour recharger ses batteries, il fut découvert par des navires britanniques. Ayant dû replonger, il subit une chasse violente, sans pourtant subir de dommages. Le 19 juin au matin, des émanations de chlorure de méthyle se manifestèrent. Le sous-marin fut peu après repéré par le chalutier ASM Moonstone. Le commandant du Galilei décida de combattre en surface et finit capturé par son adversaire, aidé par le destroyer Kandahar.
– Le Galvani parvint le soir du 23 juin dans sa zone de patrouille (la plus lointaine), devant Oman. Il torpilla le même soir l’aviso HMIS Pathan, qui coula le lendemain. Quelques heures plus tard (vers 02h00 le 24 juin), il fut repéré par la corvette britannique Falmouth, qu’accompagnait le destroyer Kimberley. Alors qu’il plongeait, le sous-marin fut touché par un obus du Falmouth à la poupe, dans le local des tubes lance-torpilles. Le second maître-torpilleur Pietro Venuti se sacrifia pour fermer la porte étanche du local et donner au bâtiment une chance de survie (acte qui lui vaudra la médaille d’or de la valeur militaire à titre posthume). Malgré ce sacrifice, le sous-marin ne put être stabilisé en plongée et le commandant dut se résoudre à faire chasser partout, pour revenir affronter l’ennemi en surface. Mais le canon et les mitrailleuses étaient inutilisables et le commandant donna l’ordre d’abandonner le bateau, qui coula rapidement, par la poupe, avant que tout l’équipage ait pu évacuer. Le Falmouth récupéra 31 hommes (sur 56).
– La mise hors service du Ferraris entraîna son remplacement par le Torricelli, qui quitta Massaouah le 14 juin et arriva devant Djibouti au matin du 19. Le soir même, l’état-major ordonna par radio au sous-marin de se déplacer vers un secteur plus au sud. Parvenu à destination le 21 juin, il fut repéré et pourchassé par des destroyers anglais qui lui infligèrent des dommages tels que le commandant Pelosi dut se résoudre à rentrer à Massaoua. Aux premières heures du 23 juin, alors qu’il traversait en surface le détroit de Bab-el-Mandeb, le Torricelli fut repéré par l’aviso Shoreham. Ayant plongé, il fut pourchassé quelque temps puis l’aviso sembla se diriger vers Perim. Le commandant Pelosi voulut tenter à nouveau de passer en surface et se retrouva alors face non seulement à l’aviso, mais aussi aux trois destroyers Kandahar, Kingston et Khartoum. Le Torricelli, incapable de plonger, endommagea le Shoreham au canon avant de succomber après un combat épique, tandis que le Khartoum était détruit par l’explosion d’une de ses propres torpilles (on a longtemps pensé, par erreur, que l’explosion était due à une torpille italienne).
………
Il restait à Massaoua trois sous-marins, dont deux sortirent à leur tour en mission de guerre le 19 juin, les Archimede et Perla, toujours en fonction du plan d’action offensif de septembre 1939.
– L’Archimede (LV Signorini), envoyé patrouiller au sud-ouest d’Aden, ne put poursuivre sa mission au-delà du 26 juin. Ce jour-là, il dut rentrer non pas à Massaoua, mais à Assab, à cause des ravages causés par les émanations de chlorure de méthyle : une trentaine de marins avaient été atteints, dont quatre moururent avant l’arrivée à Assab et deux après. Le sous-marin ne fut en état de reprendre la mer que le 31 août, après remise en état de l’installation de climatisation, où l’on remplaça le chlorure de méthyle par du fréon.
– Le Perla (LV Mario Pouchain) fut envoyé dans le golfe de Tadjoura. L’installation de conditionnement d’air ne fonctionnant pas, l’équipage commença à souffrir de coups de chaleur. Le commandant Pouchain ordonna la révision de l’installation, ce qui fit tomber le bateau de Charybde en Scylla, car l’opération s’accompagna de forts dégagements de chlorure de méthyle. Quand le sous-marin atteignit le golfe de Tadjoura au matin du 22 juin, nombre d’hommes étaient déjà malades et la situation ne fit qu’empirer dans la journée. Il n’en rejoignit pas moins sa zone d’aguets le 23, avant… d’être rappelé par l’état-major (Marisupao). Le Perla retraversa donc le détroit de Bab-el-Mandeb.
Le 26 juin, ayant dû émerger avant la nuit pour se repérer et renouveler l’air, il fut repéré et pourchassé par le destroyer britannique Shoreham, auquel il n’échappa que pour aller s’échouer 12 nautiques au sud du phare de Sciab Sciach. Le lendemain 27, une expédition de secours partie de Massaoua (contre-torpilleurs Leone et Pantera et torpilleur Giovanni Acerbi) fut rappelée, en raison de la présence d’une escadre britannique (CL HMNZS Leander, DD HMS Kandahar et Kingston). Le destroyer Kingston essaya en vain d’achever le sous-marin, que sauva finalement l’intervention de huit bombardiers SM-81 italiens. L’équipage fut récupéré en deux fois, les 28 et 30 juin, mais les émanations toxiques et les obus anglais avaient tué seize hommes, dont le second (LV Renzo Simoncini). Quant au bateau, il finit par être déséchoué et remorqué à Massaoua, où il arriva le 20 juillet 1940. Il resta indisponible jusqu’à ce qu’il soit sabordé au moment de la prise du port par les Alliés.
………
Le huitième et dernier sous-marin, le Guglielmotti, sortit le 21 juin, non pour une mission de guerre, mais pour aller sauver les naufragés du Macallè, qu’il retrouva le 22 juin et ramena à Massaoua.
Fin juin, le bilan était donc de quatre sous-marins perdus (3 coulés, 1 pris), un gravement endommagé (le Perla) et deux endommagés, en échange de la destruction d’un pétrolier et d’un destroyer. Il restait en tout et pour tout à ce moment le Guglielmotti, que devaient rejoindre successivement le Ferraris (début août) et l’Archimede (fin août).
………
Ces trois unités eurent le plus grand mal à assurer une présence sous-marine italienne en mer Rouge. D’août 1940 à janvier 1941, elles ne remportèrent que deux succès : en octobre, l’Archimede coula un transport britannique et en décembre, le Guglielmotti réussit à torpiller le vieux croiseur léger HMS Capetown, qui ne sombra pas, mais fut gravement endommagé.
En revanche, le Ferraris connut le 7 septembre 1940 une fin humiliante.
………
Le 6 février 1941, constatant qu’après la chute de Keren, celle de Massaoua n’était plus qu’une question de jours, l’amiral Bonetti décida d’ordonner à ses deux derniers submersibles de regagner l’Europe en contournant l’Afrique. Après un périple de deux mois, au cours duquel ils furent ravitaillés en pleine mer par le corsaire allemand Atlantis, les deux sous-marins arrivèrent à Bordeaux. Cependant, ils étaient si fatigués par les opérations en Mer Rouge et par leur long voyage qu’il fut impossible de les envoyer à nouveau en mission. A la fin de 1941, renonçant à les réparer avec l’équipement allemand (seul disponible à Bordeaux), Supermarina décida de rapatrier les équipages par voie de terre.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 18, 2009 13:19    Sujet du message: Répondre en citant

Vous vouliez du neuf, en voici, à la fin de ce nouveau chapitre... Signé Frégaton, avec la collaboration de Casus Frankie

Les secrets de la mer Rouge
Extraits de l’ouvrage “De la Belle-Poule au Jauréguiberry, quarante ans de passion pour la mer”, par le capitaine de vaisseau Guillaume Rochefort, Editions Maritimes et d’Outre-Mer, 1977.
………
Une charmante villégiature
Le 20 mai, en m’autorisant à quitter l’hôpital maritime Sainte-Anne, le médecin-chef m’annonça que j’allais devoir me rendre à Marseille pour rallier ma nouvelle affectation. Ma nouvelle affectation ? A Marseille ? Je me demandai de quoi il pouvait s’agir pour un jeune enseigne de vaisseau qui venait de perdre sa main droite (et de passer, en échange, de 2e classe à 1ère classe). S’ils voulaient me démobiliser, ils pouvaient le faire à Toulon ! D’humeur sinistre, je ne cherchai même pas à me renseigner. A cette époque, le pire pour moi n’était pourtant pas ma blessure mais le fait que, si je précisais que j’avais été touché lors du débarquement de Namsos, mes interlocuteurs prenaient un air gêné. Avec la situation qui empirait chaque jour sur le front, plus personne ne se souvenait de l’épisode !
Cependant, quand je me présentai au bureau “Officier” de la préfecture maritime de Toulon, un maître secrétaire me remit un ordre de route pour rallier l’état-major du commandant supérieur des forces de la Côte Française des Somalis… via Marseille, effectivement !
Dix jours plus tard, je débarquai à Djibouti, sentinelle française au débouché de la Mer Rouge, trait d’union entre l’Afrique et l’Asie, escale maritime sur la ligne d’Extrême-Orient… En fait, c’était surtout une ville de la fin du XIXe siècle sans grand intérêt touristique et qui semblait à jamais ancrée dans le passé, au temps où elle servait de lieu d’échange de marchandises entre des flottilles de petits bateaux venus d’Arabie et des caravanes de chameaux parties, parfois, de la côte Atlantique. Les rares passagers des liners à la recherche d’exotisme, vite découragés par le harcèlement des mendiants et des vendeurs de pacotille libanais, s’empressaient de regagner le bord. Seuls quelques-uns s’attardaient pour une visite au déjà fameux Palmier en Zinc ou, pour les célibataires les plus hardis, à des lieux moins avouables généralement fréquentés par les équipages en repos ou les militaires de la garnison.
A l’état-major du COMSUP, l’officier de permanence, un capitaine de la Coloniale, compléta le tableau sans chercher à l’enjoliver : « Lieutenant, vous êtes dès aujourd’hui l’Adjoint Marine du Patron, le général Legentilhomme. Votre arme n’est représentée ici que par le Caraïbe, un ancien bananier armé de pétoires qui étaient déjà dépassées au temps où Darlan était encore en culottes courtes. Vous ne risquerez pas le surmenage. Profitez donc de tous les agréments de cette charmante villégiature : 8 000 kilomètres carrés de sable et de cailloux sur lesquels il ne pleut pratiquement jamais. La température moyenne est de 47° à l’ombre et, bien sûr, il n’y a pas d’ombre. Le taux d’humidité est proche de la saturation, ce qui vous permettra de vous forger un esprit de “moite soldat”. »
Après avoir ri de son pauvre jeu de mots, il poursuivit : « Si vous vous sentez des dispositions pour l’ethnologie, sachez qu’ici vivent environ 45 000 détraqués de tout poil, dont 800 Européens. Pour tous, l’activité lucrative principale, sous couvert d’un peu de commerce et d’élevage ou de pêche, est la contrebande. J’ai dit pour tous, y compris les douaniers métropolitains, les cheminots du Franco-Ethiopien et naturellement les milieux d’affaires gréco-libano-égyptiens. Voilà, vous savez tout. Ah, une dernière chose : si le Signor Mussolini décidait de passer des paroles aux actes, la guerre ne concernerait que le Patron et ses troupes, car pour les autres, si les affaires allaient mal avec Addis-Abeba, elles seraient fructueuses avec Aden et inversement ! Les civils locaux observeraient donc une aimable neutralité.
Côté logistique, le diner au Cercle civil et militaire est à vingt heures, ce qui vous laisse le temps de prendre votre anisette au Palmier en Zinc, à l’angle de la place Ménélik, dès que la température passera sous les 45°. Bienvenue et à demain ! »
(…)
Rencontre avec une légende
Dès le 10 juin, le Patron commença à lancer des reconnaissances en force le long de la voie ferrée jusqu’à Déwélé, mais aussi de l’autre côté du lac Abhé, pour tester les intentions italiennes. Parallèlement, il fit renforcer Loyada, à la frontière avec le Somaliland, pour faire la jonction avec les Anglais de Zeila.
Sur mer, notre manque de moyens se faisait cruellement sentir. Nous devions nous reposer entièrement sur les Anglais pour contrôler la situation dans le détroit et le golfe d’Aden. Déjà de nombreux messages faisaient état de combats contre des sous-marins ennemis jusque dans le golfe de Tadjoura , pourtant considéré comme la “mare nostrum” djiboutienne. Mais le Patron réclamait avant tout des avions pour contrer les premiers raids italiens, dont chacun se demandait quand ils allaient venir. Pour les moyens navals, il attendait l’escorte des transports qui devaient amener en renfort les régiments malgaches. Je me permis de suggérer à l’Adjoint Air que ses quelques Potez TOE s’efforcent d’explorer la route prévue pour ce convoi, afin qu’il puisse éviter les embuscades ennemies qui seront assurément tendues entre Socotra et Bâb el Mandeb. Il me répondit qu’il était d’accord et qu’il ferait de son mieux, mais que ses vieilles cages à poules devaient déjà arpenter le désert pour repérer les concentrations italiennes et qu’il n’en avait que dix ou douze opérationnelles.
(…)
Le soir du 26 juin, je me rendis au Palmier plus tôt que d’habitude. L’officier de Renseignement du COMSUP m’avait en effet annoncé qu’il m’avait « arrangé un rendez-vous discret, avec quelqu’un de très spécial. » Pourquoi moi ? Réponse : « Parce qu’il faut laisser les marins négocier entre eux. » Mais qui est-ce ? Réponse : un sourire narquois. Et comment vais-je le reconnaître ? Réponse : « Il vous trouvera lui-même. C’est sûr qu’il aura du mal, un officier de marine à moustache, en tenue blanche avec un gant noir à la main droite par 45°, vous êtes des centaines tout les soirs au Palmier. » Décidément, entre lui et le capitaine de la Colo, je commençais à avoir un bon aperçu de ce que j’appelle l’humour biffin.
Vers dix-neuf heures, un homme mince d’une soixantaine d’années, élégamment vêtu et portant une moustache blanche, se dirigea vers ma table. J’aurais dû m’en douter ! me dis-je : c’était Henry de Monfreid.
– Bonsoir, dit-il. Puis-je m’asseoir ?
Comme je restais muet de surprise et d’admiration devant ce personnage déjà mythique, il s’installa et, pour me mettre à l’aise : « Ici on m’appelle Abd el Hai, mais pour un marin français, je reste Henry. » Il fronça légèrement le sourcil en regardant le gant qui terminait mon bras droit : « Vous êtes bien jeune pour avoir déjà payé tribut à la guerre. »
Gêné, je répondis par la première réflexion qui me traversa l’esprit : « Je vous pensais au mieux avec les Italiens, après votre… différend avec le Négus. Tout le monde ici est persuadé que vous les soutenez, alors n’est-ce pas se jeter dans la gueule du loup que d’avoir quitté Addis dès la déclaration de guerre ? »
– Tout dépend du loup. Les Italiens quitteront tôt ou tard ce pays, battu par les Alliés ou mis dehors par la résistance du Négus ou d’autres sultans. Ce n’est qu’une question de temps : les fascistes ne sont pas des coloniaux faits pour durer, leurs méthodes sont inadaptées. Il est donc temps pour moi de choisir le moindre loup parmi leurs ennemis.
Si le Négus me met la main dessus, il me découpera en rondelles. Si ce sont les Anglais, ils me ficheront en prison, car ils ont beaucoup, beaucoup de choses à me reprocher. Reste donc la France, que j’ai servie fidèlement en 14-18. Il y a quelques semaines, j’ai bien cru que je n’aurais pas ce choix, mais il reste apparemment quelques hommes de caractère à la tête du pays. Avec ma république natale, je peux encore négocier une amnistie pour mes quelques larcins douaniers, en échange d’un coup de main dont elle a bien besoin aujourd’hui. N’êtes-vous pas là pour conclure ce marché, lieutenant ?
Ne sachant que répondre, je lui proposai d’aller dîner pour en discuter.
– Vous n’allez pas m’imposer votre Cercle, c’est moi qui vous invite. Wat éthiopien ou poisson à la yéménite ?
– J’avais cru comprendre que vous aviez définitivement choisi votre camp ?
– Vous avez raison, lieutenant Rochefort, Youssouf le Yéménite a reçu de la dorade fraîche !
(…)
Trafiquants d’armes pour la République
« En résumé, expliquai-je, la clé de la défense de Djibouti est le contrôle naval du golfe d’Aden, afin de sécuriser les convois de renfort et de ravitaillement venant d’Aden, de Suez ou de l’Océan Indien. Mais pour l’instant, la flotte anglaise et la nôtre semblent retenues ailleurs, notamment en Méditerranée, où elles doivent museler la flotte italienne et empêcher l’ennemi de faire passer des renforts en Afrique. Pour quelque temps encore, il va falloir nous débrouiller. »
Monfreid me dévisagea et se mit à sourire, comme s’il allait partager avec moi une bonne plaisanterie : « J’ai une idée. Elle a déjà été employée jadis par d’autres dans de semblables circonstances, mais elle peut vous aider, si votre “Patron” et surtout le gouverneur sont d’accord. »
– Je vous écoute.
– De nombreux armateurs locaux ne demanderaient pas mieux que de gagner un peu d’argent en arraisonnant des boutres somaliens ou érythréens à l’abri d’une authentique lettre de course fournie par une autorité française reconnue – la fortune des Malouins est connue ici aussi.
– Vous voulez que la France parraine la piraterie en Mer Rouge !
– Evitons les grands mots. Permettez à ces armateurs de jouer les corsaires et ne leur parlez surtout pas de réquisition ou de mobilisation. En échange, leurs grands sambouks à moteur de 40 mètres peuvent quadriller le golfe pour repérer l’ennemi, tandis que les zeimas à voile, plus petits, peuvent servir de garde-côtes pour surveiller l’accès à Tadjoura et ravitailler Obock. Des supplétifs discrets et efficaces que vous n’aurez même pas à payer, puisqu’ils se serviront sur l’ennemi.
Je ne savais pas si les Somaliens et les Erythréens n’étaient pas plutôt considérés comme des opprimés à libérer que comme du gibier naval… Enfin, c’était la guerre. Mais il restait un problème.
– Enfin, vos corsaires, il va falloir les armer ! Ne me demandez pas de ponctionner les stocks du commandant Salan, ils sont destinés aux troupes éthiopiennes. Et inutile d’espérer prélever de l’armement officiel de dotation pour des sambouks corsaires, le Patron me ferait fusiller !
Là, Monfreid s’est presque mis à rire.
– Ne vous inquiétez pas pour ça. En revanche, il nous faudra des matériels de transmission et le personnel pour les faire fonctionner, cette partie de l’affaire sera à votre charge.
– De ce côté, je ne crois pas qu’il y aura trop de difficultés. L’état-major peut fournir quelques opérateurs radios et emprunter si besoin quelques postes à Salan, je doute d’ailleurs que ses rebelles sachent les utiliser correctement. Mais, j’y reviens, pour les armes… Il vous reste des fusils Gras de traite à vendre ?
Cette provocation voulait sonder la fiabilité de mon interlocuteur, mais il sursauta et je craignis d’être allé un peu loin : « Veuillez m’excuser, ce n’est pas ce que je voulais dire… »
– Ah, je vois que les jeunes officiers répugnent toujours au commerce ! Calmez vos scrupules, jeune homme. Moyennant des finances raisonnables, j’ai beaucoup mieux à vous proposer.
Ma remarque semblait en effet avoir fait mouche. Il poursuivit :
– Ces deux dernières décennies ont fait la part belle au commerce des armes. Les révolutions, guerres civiles et autres conflit frontaliers ont fleuri de la Chine à la Grèce et de la Finlande à la Bolivie, et ils n’étaient pas tous dus à Basil Zaharoff, le “faiseur de guerre”. Dans la région, l’invasion de l’Abyssinie par les Italiens a fait revivre cette activité traditionnelle, car la Corne de l’Afrique était plutôt calme, en dehors des conflits internes des Danakils, pour qui la guerre tribale est un sport aussi prisé que le tennis chez les Anglais. L’armée du Négus rassemblait presque 500 000 hommes, mais seule sa garde impériale avait été entraînée et équipée de façon moderne, par les Belges. Le reste se partageait mes – oui, MES quelques fusils Gras et surtout des sagaies et des épées. De plus, à la suite de l’embargo mis en place par la SDN à l’initiative des Franco-Britanniques, l’aide d’état à l’Abyssinie fut limitée à l’envoi d’un lot de matériel moderne – par l’Allemagne, hé oui. Cela ne pouvait que profiter au commerce local des armes. Haïlé Sélassié dut s’adresser au second marché, c’est-à-dire au marché des surplus et des détournements divers. Nous vîmes ainsi passer d’anciennes mitrailleuses de l’IRA, de modernes canons automatiques Vickers destinés à quelques seigneurs de guerre chinois et des fusils Mauser fabriqués sous toutes les licences possibles. Or, le conflit fut trop bref pour que tout ce matériel, déjà payé par l’or du Négus, ait le temps de parvenir à destination.
– Vous voulez dire qu’il reste des stocks d’armes quelque part sur le territoire de la CFS ?
– Mais oui, sur le territoire ou à proximité. En particulier, une bonne partie du matériel fourni par Hitler n’a jamais pu prendre le train vers Addis, car il était trop voyant et la violation de l’embargo aurait été criante. Il fut confié à des boutres qui devaient le transférer aux caravanes partant du Ghoubet vers le lac Asal et la frontière. Bien entendu, tout n’est pas arrivé à destination ! Mais mes amis m’ont donné ici un inventaire de ce qui est disponible et pourrait vous intéresser. Par chance, ce matériel ayant déjà été payé par la trésorerie du Roi des Rois ou par le contribuable allemand, son prix est fort acceptable pour les finances de la colonie.
Il me tendit une simple feuille de papier. C’était un inventaire, comme celui d’une quincaillerie, mais à sa lecture, mon visage dut se décomposer à l’idée de ce qui était entassé en toute illégalité dans tous les coins de ce territoire français !
–––
(i) Fournitures allemandes :
- 12 canons Krupp de 75 mm mod. 1906
- 1 500 fusils Mauser mod. 1898
(ii) Fournitures belges (pour la Garde impériale) :
- 20 FM Browning FN mod. 1930
- 250 fusils Mauser FN mod. 1889
(iii) Achats divers pour le compte de Sa Majesté le Négus :
- 30 mitrailleuses Colt mod. 1895 (ex-IRA)
- 20 mitrailleuses Hotchkiss mod. 1914 (ex-Pologne)
- 50 FM Chauchat mod. 1915 (ex-Grèce)
- 30 FM Madsen mod. 1929 (commande pour la Chine)
- 15 FM ZB mod. 1930 (commande pour la Perse)
- 150 fusils Mannlicher Schoenauer mod. 1903 (ex-Grèce)
- 50 fusils Winchester mod. 1895 (ex-Russes Blancs)
- 300 fusils Mosin mod. 1891 (ex-Russes Blancs)
- 300 fusils Mauser mod. 1924/30 (commande pour la Bolivie ou la Chine)
- 300 fusils Martini-Enfield mod. 1895 (ex-IRA)
(iv) Stocks autorisés d’armes de traite pour les sultans et les tribus :
- 450 fusils Gras mod. 1873
- 4 canons De Bange de 80 mm de montagne mod. 1878
–––
Comme je relevais un nez ahuri, Monfreid me porta le coup de grâce : « Naturellement, il y a aussi les munitions correspondantes, des grenades, des baïonnettes et autres armes blanches, des… »
– Merci, Monsieur de Monfreid, j’ai bien compris qu’en CFS, les magasins de l’Armée française sont les moins biens dotés.
– Notez que depuis la déclaration de guerre, le gouverneur a mis les douaniers à la disposition de votre patron. Ils sont désormais garde-voies le long du chemin de fer et armés avec des vieux mousquetons Gras ! Situation cocasse, vous ne trouvez pas ? De ce fait, si ce projet vous agrée, toute cette marchandise peut être livrée très rapidement.
(…)
Le 5 juillet, peu après la chute des premières bombes italiennes sur Djibouti, je remis au général Legentilhomme l’impressionnant état de “sa” flotte. Il pouvait disposer, en plus de “son” bananier armé, d’une flotte auxiliaire de neuf grands sambouks à moteur armés chacun d’un 75 et de trois mitrailleuses, ainsi que de 21 zeimas dotés chacun d’une mitrailleuse et de trois fusils-mitrailleurs. Les hommes d’équipage étaient armés jusqu’aux dents pour monter à l’abordage de quelque prise intéressante. Les sambouks avaient tous un poste de radio et un opérateur français, les zeimas garde-côtes s’en remettant à la colombophilie. Les trente embarcations disposaient de superbes lettres de marque signées du général et du gouverneur de la CFS.
Quant à Monfreid, il s’était contenté d’une garantie d’impunité pour les peccadilles commises avant la guerre au détriment des Douanes françaises. Mais je lui faisais confiance : sans être Zaharoff, il avait sûrement touché sa part de l’étonnant marché d’armement qui venait de se conclure.
(…)
Les lucioles de Musha et Mascali
Si certains, à l’état-major, avaient pu douter de l’intérêt d’armer une flotte de pirates locaux et de collaborer avec celui que d’aucuns tenaient lui aussi pour un pirate (mais un pirate français et doté d’un nom à particule), nous n’allions pas tarder à leur fournir la preuve que les lettres de la marque de la République n’avaient pas été distribuées en vain.
Si le général Legentilhomme avait une inquiétude concernant l’aspect naval des opérations, il s’agissait assurément de la menace que faisaient peser les sous-marins italiens sur nos voies de communications et singulièrement sur les convois qui amenaient nos renforts de Madagascar. Si, en plein Océan Indien, ces convois ne craignaient pas grand chose (il n’y avait certainement pas assez de submersibles ennemis pour représenter un danger réel dans ces vastes étendues), les approches de Djibouti et l’entrée du golfe de Tadjoura étaient une autre affaire. Les requins italiens pouvaient à loisir s’embusquer dans le secteur, sachant que leur gibier serait forcé de passer par là. De fait, en juillet et en août, on signala à plusieurs reprises la présence d’un sous-marin en maraude – la chance voulut qu’aucun n’ait pu se trouver en position de faire des dégâts, mais elle ne pouvait durer éternellement.
Fort heureusement, les sous-marins de l’époque passaient en général plus de temps en surface que sous l’eau. Dès les premiers jours, la flotte corsaire de Monfreid reçut donc pour consigne de signaler au plus vite tout de qui pouvait ressembler à un submersible en maraude.
De fait, les boutres corsaires confirmèrent que la zone était mal fréquentée, et plusieurs fois, il fut possible grâce à eux de détourner quelque peu un convoi pour lui éviter une mauvaise rencontre. Mais fin août, nous reçûmes une série de rapports encore plus intéressants : un sous-marin avait été aperçu sortant de Tadjoura le matin et y revenant le soir. Ces rapports donnèrent à Monfreid une idée qui ne pouvait venir qu’à lui, quand je lui expliquai en ces termes ce qu’un sous-marin devait faire dans le golfe la nuit : « C’est évident ! Il s’abrite tout simplement sur la côte d’une des petites îles du golfe, par exemple Musha et Mascali. Il recharge ses batteries, il renouvelle son air et il repose son équipage ! Et tout ça sous notre nez ! »
– Je comprends, répondit mon nouvel ami. Mais savez-vous qu’il ne devrait pas être trop difficile de le repérer, si vos aviateurs voulaient bien nous donner un petit coup de main ?
– Que voulez-vous dire ? La nuit, vous savez, dis-je avec la condescendance du jeune homme que j’étais vis-à-vis de l’Ancien qui ne devait rien connaître aux merveilles de l’ère moderne, on ne voit rien, de là-haut ! Et encore moins un sous-marin noir, tous feux éteints, niché dans une crique obscure.
Monfreid sourit avec indulgence : « Connaissez-vous les lucioles du Golfe, mon jeune ami ? Dans les eaux qui entourent les îles prolifère un certain plancton, qui doit avoir quelque point commun avec les lucioles. Si vous vous y baignez la nuit, la densité de ces animalcules est telle qu’au moindre mouvement vous avez l’impression de devenir luminescent. Et si, comme cela m’est arrivé, vous vous baignez à deux… hem, je m’égare. Bref, votre sous-marin mouillé dans sa crique, de nuit, est sans doute invisible de la mer, car ses superstructures se confondent avec la végétation du rivage. Mais ses faibles mouvements de roulis et tangage vont exciter une telle luminescence qu’il devrait être facilement détectable d’en haut ! » [Ce phénomène est appelé bioluminescence marine. Le laboratoire de recherche de l’Ecole Navale a longtemps travaillé sur le sujet, espérant peut-être trouver un moyen de détection des sous-marins modernes ultrasilencieux, susceptible de remplacer le sonar. Les recherches menées à partir de 1994 sous la direction du Professeur (et capitaine de frégate) Patrick Geistdoerfer ont permis en 1998 la mise au point d’un appareil de mesure de la bioluminescence appelé “SIAMOIS”.]

Je dus user de toute ma diplomatie (et d’une bonne bouteille sortie par Monfreid d’une réserve secrète !) pour convaincre l’Adjoint Air de monter une opération nocturne de reconnaissance avec un de ses vieux Potez 25, où j’embarquai à la place de l’observateur au début de la nuit du 6 au 7 septembre 1940. J’avais heureusement l’expérience du vol et de l’observation aérienne, grâce à un stage dans une escadrille d’hydravions, en 1938.
A quelques centaines de mètres d’altitude, nous avons sillonné le ciel du golfe. La nuit était belle, mais un quartier de lune et l’obscure clarté des étoiles permettaient à peine de distinguer la terre de la mer. Suffisamment, tout de même, pour que les îles soient bien visibles. Et là, juste entre Musha et Mascali, dans une petite baie idéale pour un mouillage discret, une ombre allongée, ourlée d’une étrange lueur verte, aussi visible qu’un ver luisant au milieu d’un buisson ! Triomphant, je la montrai à mon pilote, stupéfait, et nous rentrâmes au plus vite.
A Djibouti, je me précipitai au port. Là, Monfreid m’attendait avec deux sambouks, dont les équipages avaient été renforcés par une partie des marins du Caraïbe, armés jusqu’aux dents grâce à quelques cadeaux de Monfreid. Les volontaires ne m’avaient pas manqué pour cette opération, car le croiseur auxiliaire se morfondait depuis de nombreuses semaines dans l’inaction. Nous avions un moment pensé faire appel à l’Armée et lui demander le concours d’une compagnie de Sénégalais, mais j’avais craint que nos braves tirailleurs n’aient point le pied marin sur les sambouks et ne sachent pas vraiment, ensuite, par quel bout attaquer un sous-marin, même en surface…
L’approche, évidemment, se fit à la voile. Et dès qu’il fit assez jour pour distinguer notre objectif, nous fîmes au moteur les dernières centaines de mètres, en commençant à tirer à la mitrailleuse dès qu’il fut clair que l’alerte était donné sur le sous-marin. J’étais sur un sambouk, Monfreid (qui n’aurait pas raté ça pour tout l’Empire du Négus !) avait pris place sur l’autre.
Je ne sais s’il en était de même avec les corsaires de jadis, professionnels de la chose, mais notre abordage fut un moment de chaos total. Remarquez que Surcouf lui-même aurait trouvé bizarre de devoir attaquer un bateau pourvu de trois ouvertures seulement – celle du kiosque et les écoutilles avant et arrière, heureusement béantes. L’affaire fut réglée dès que mes hommes, avec l’aide enthousiaste des marins des sambouks (nul ne semblant gêné par la barrière du langage), eurent réussi à bloquer leur fermeture. Quelques Italiens avaient été tués et nous n’avions que quelques blessés. Hélas, pénétrer à l’intérieur fut moins facile et surtout moins rapide. Nous tenions la passerelle, sous le kiosque, quand je vis les marins italiens, bras levés, évacuer le bateau. Je ne mis pas longtemps à comprendre, sans pouvoir faire grand chose. Le Ferraris – c’était son nom – avait été sabordé par son commandant. Il coula sous nos pieds par petits fonds, mais nous n’avions évidemment pas les moyens de le renflouer. Je crois bien que Monfreid était encore plus déçu que moi. Il aurait volontiers ajouté un sous-marin à la liste de son matériel de contrebande !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 18, 2009 13:23    Sujet du message: Répondre en citant

Enfin, voici du tout neuf...

Des corsaires et des bananiers
Alors que le général Legentilhomme se retrouvait à la tête d’une véritable armada corsaire, le contre-amiral Mario Bonetti, chef de Marisupao, constatait que, malgré les assurances répétées par Rome depuis un mois, la France continuait décidément le combat, ce qui mettait sa flottille dans une situation fort désagréable. Sans doute, dans son nid de Massaoua, ses navires ne craignaient-ils pas les incursions de grandes unités ennemies – entre la côte et les îles Dahlak s’étendait une zone fourmillant de hauts-fonds et de récifs, que les Italiens avaient truffée de mines dès le début des hostilités. Mais ils y étaient bel et bien piégés !
Bonetti ne négligeait pas l’utilisation de petits bateaux à voile discrets, qui l’aidaient à surveiller les allées et venues des navires alliés en Mer Rouge. Il apprit donc très vite qu’aux abords de Massaoua étaient passées des unités bien plus puissantes que les siennes, telles que les croiseurs lourds Duquesne et Tourville – mais son réseau de renseignements était insuffisant pour l’informer que ces bâtiments ne guettaient certes pas en permanence près des côtes de l’Erythrée, se contentant de patrouilles épisodiques (en fait, les croiseurs français avaient accompagné vers le sud les transports qui devaient renforcer Djibouti à partir de Madagascar, puis il s étaient retournés en Méditerranée). Bonetti fit donc preuve durant de nombreuses semaines d’une prudence sans doute excessive dans l’utilisation de ses sept plus grands bâtiments.
En revanche, il ne pouvait laisser sans réagir les sambouks et les zeimas corsaires des Français désorganiser le trafic côtier italien entre Massaoua et Assab et piller les bateaux de pêche érythréens. Il chargea donc ses deux canonnières (G. Biglieri et P. Corsini) et ses deux petits torpilleurs (G. Acerbi et V. Orsini) de faire la police des eaux, mais ceux-ci se trouvèrent bien vite débordés par la tâche et par la difficulté de distinguer de loin un paisible sambouk de commerce d’un féroce loup de la mer. Il fallut demander aux cinq MAS de participer à la tâche pour limiter les déprédations corsaires. Ces lévriers n’étaient guère faits pour cette activité de chiens de garde ; le climat et le manque de pièces détachées aidant, les MAS furent l’une après l’autre victimes de défaillances mécaniques irrémédiables… En février 1941, seule la MAS 213 était encore opérationnelle.
En septembre 1940, quand il fut évident que les heures de l’Afrique du Nord italienne étaient comptées et qu’il ne fallait pas espérer de secours de ce côté, l’amiral Bonetti décida de tenter de faire évader les quatre navires qui avaient une autonomie suffisante : les deux croiseurs auxiliaires Ramb I et Ramb II, l’aviso colonial Eritrea et le pétrolier Niobe. Ils devaient faire route isolément pour ne pas attirer l’attention des reconnaissances alliées et en se cachant autant que possible sous un pavillon neutre pour aller chercher refuge au Japon. Pendant la traversée, l’aviso (qui était lui-même un ancien cargo) et les croiseurs auxiliaires devaient à leur tour jouer les corsaires, de haute mer cette fois.
Le premier à tenter le coup fut l’Eritrea. Parti le 15 septembre, il réussit sans incident (et sans avoir coulé le moindre transport allié en chemin) à gagner Kobé, au Japon.
Le deuxième fut le Ramb I, qui quitta Massaoua le 20 septembre 1940. Bien moins heureux que l’Eritrea, il fut intercepté le 27 dans l’Océan Indien, près des îles Maldives, par le croiseur léger HMNZS Leander. Ce dernier le coula après que l’ex-bananier, comprenant qu’il ne pourrait passer pour le navire neutre qu’il prétendait être, ait bravement ouvert le feu sur le croiseur de ses deux pauvres canons de 120.
Le troisième fut le Niobe…
………
– Excusez-moi, Henry… Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris…
J’avais l’impression de manquer d’air, mais Henry de Monfreid semblait s’amuser comme un petit fou : « C’est pourtant simple. Nos amis ont vu passer vers l’océan un navire suspect, puis un deuxième. Pour le troisième, ils étaient prêts, d’autant plus que celui-là n’avait vraiment pas l’air armé. Comme le navire ralentissait pour contourner une île, ils lui sont tombés dessus en pleine nuit à un sambouk et deux zeimas et ils l’ont pris à l’abordage. Une vieille tradition, dans le coin, et qui n’est pas près de s’éteindre ! »
– Euh… Oui. Bien. Et il s’avère qu’il s’agit d’un petit pétrolier italien. Mais vous dites qu’ils veulent…
– Ils veulent vous le vendre, évidemment. Que voulez-vous qu’ils fassent d’un pétrolier ?
– Admettons. Mais vous m’avez bien dit qu’en montant à l’abordage, ils n’étaient pas sûrs de ce qu’ils attaquaient. Et si le navire avait été neutre ?
Monfreid sourit : « Eh bien, je pense qu’ils auraient oublié de vous en parler… Mais, diable ! Je me demande à qui ils auraient pu le vendre ! »
(CV Guillaume Rochefort, op. cit.)
………
Quand le Ramb II tenta l’aventure, début octobre, les “corsaires de Monfreid” (comme les appelait Rochefort) étaient aux aguets dans les îles Dahlak, mais ils identifièrent avec regret un croiseur auxiliaire, qui ne se laisserait pas faire comme l’inoffensif Niobe. Ils se contentèrent de le signaler aux Français. La seule unité de la Marine Nationale présente à ce moment à Djibouti était encore l’ex-bananier Caraïbe. Mais son commandant avait toujours soutenu que le nom d’une peuplade guerrière ne pouvait convenir à un humble cargo et il allait prouver que son navire n’était pas un simple transport de bananes.
Le 7 octobre, averti par les “corsaires”, le Caraïbe interceptait le Ramb II au lever du soleil, à l’entrée du golfe d’Aden. Le commandant avait décidé de feindre d’être un simple cargo pour pouvoir approcher l’Italien (qui naviguait lui-même sous l’identité d’un bateau yougoslave) sans éveiller sa méfiance. Ce n’est qu’au dernier moment que les deux bâtiments jetèrent simultanément le masque, quand le Français ordonna au prétendu neutre de stopper pour inspection. A courte distance, les deux 120 mm du Ramb II et les quatre 100 mm du Caraïbe atteignirent leur cible dès leur deuxième ou troisième obus. En quelques minutes, les deux bananiers étaient assez gravement endommagés l’un et l’autre pour être obligés de rompre le combat. Le Français, un peu plus gros que son adversaire (4 048 t contre 3 600) et un peu mieux armé, avait moins souffert, mais ne pouvait guère en profiter, obligé d’éteindre un incendie qui ravageait sa poupe. Quant à l’Italien, il alla soigner ses blessures dans le port d’Assab, où il finit, quelques mois plus tard, par être sabordé.
Cette “Bataille des Bananiers” (comme fut surnommé le combat) restera sans doute unique dans les annales de la guerre navale. Précisons quand même que, malgré son appellation ironique, elle fit sept morts chez les Français et onze chez les Italiens.


Et ce n'est pas fini... la suite et la fin sont sur les rails (si on peut dire pour des bateaux).
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MessagePosté le: Lun Jan 19, 2009 06:37    Sujet du message: Re: La campagne de Mer Rouge Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Le 6 février 1941, constatant qu’après la chute de Keren, celle de Massaoua n’était plus qu’une question de jours, l’amiral Bonetti décida d’ordonner à ses deux derniers submersibles de regagner l’Europe en contournant l’Afrique. Après un périple de deux mois, au cours duquel ils furent ravitaillés en pleine mer par le corsaire allemand Atlantis, les deux sous-marins arrivèrent à Bordeaux. Cependant, ils étaient si fatigués par les opérations en Mer Rouge et par leur long voyage qu’il fut impossible de les envoyer à nouveau en mission. A la fin de 1941, renonçant à les réparer avec l’équipement allemand (seul disponible à Bordeaux), Supermarina décida de rapatrier les équipages par voie de terre.

J'ai émis un doute sur ce retour en Europe, car le chemin le plus court, entre Madagascar et l'Afrique, est complètement sous contrôle allié et par ailleurs les corsaires allemands ont une vie nettement plus difficile qu'en OTL et eux-mêmes des problèmes de ravitaillement. J'aurais tendance à proposer une fin plus tragique, au moins pour l'un des submersibles italiens. Sinon, il faudrait utiliser un U-boot ravitailleur, même si c'est un peu tôt début 1941. Enfin, les Allemands vont-ils risquer une de leurs unités (sous-marin ou corsaire) pour deux submersibles italiens mal en point ...
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