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1940 - La France continue la guerre
 
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projet de modification du POD
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loic
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MessagePosté le: Jeu Aoû 02, 2007 23:06    Sujet du message: projet de modification du POD Répondre en citant

Voici donc la proposition de Fantasque, issue de ses cogitations estivales.

Loïc

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Chers amis,

Me voici de retour après avoir passé une partie de mes vacances à lire quelques ouvrages fondamentaux (le de Gaulle de Lacouture, L'Abîme de J.B. Duroselle, les mémoires de Reynaud, les « conversations avec Darlan » de Moch et autres).

De ces lectures (cependant entrecoupées de quelques courses en montagne) il ressort que le POD choisi est trop invraisemblable. Mais, un point de divergence crédible pourrait être trouvé à condition de décaler les événements de quelques jours. Ceci implique de modifier l'histoire en 2 points : élimination de Paul de Villelume qui fut auprès de Reynaud le pire ennemi de de Gaulle et certainement le pivot du camp « défaitiste » et élimination de l'égérie de Raynaud, Hélène de Portes, qui secondait hélas Villelume dans son travail de sape de la politique de résistance à l'Allemagne.

Je vous soumets alors une chronologie politique portant du 6 au 14 juin, qui respecte les options des principaux personnages et les principaux événements (Conseil des ministres, Conseils interalliés) de ces terribles journées. Le texte en BLEU correspond aux événements historiques ou a des déclarations réellement prononcées par les acteurs (comme Darlan ou Noguès) entre le 3 et le 17 juin 1940.

La première modification est l'élimination de Paul de Villelume par une crise d'appendicite le 6 juin. La logique veut alors que Roland de Margerie, un des principaux soutiens de de Gaulle combine ses fonctions (conseiller diplomatique de Reynaud) avec celle de Villelume, qui gérait le contact avec les militaires (Reynaud, depuis le départ de Daladier du gouvernement, était en titre le Ministre de la Guerre en même temps que le Président du Conseil). De Margerie devient alors, avec Dominique Leca qui lui aussi est sur une ligne de « guerre à outrance » le principal conseiller de Reynaud.
La seconde modification est un accident de voiture survenant à Helène de Portes dans la nuit du 10 au 11 juin, et la mettant hors d'état d'influencer Reynaud. Ce dernier, qui aurait certainement été affecté par l'accident frappant celle qui partageait sa vie, aurait eu tendance à se reposer encore plus sur de Margerie et Leca.

Il suffit de supposer que de Margerie, ne se sentant plus bridé par Villelume et Hélène de Portes prenne les initiatives que lui auraient dicté ses convictions. Il devient la cheville ouvrière du pacte entre de Gaulle, Blum et Mandel. Ce dernier avait historiquement des velléités d'action « brutale » contre les « défaitistes » comme l'indiquent une biographie de Laval et la bio de Mandel écrite par Mendès-France. N'étant plus contraint par un Reynaud hésitant, il peut agir sur le modèle de Clemenceau. À noter que Jules Jeanneney était lui aussi disposé à soutenir Reynaud (lui aussi est un ancien collaborateur du « Tigre »). Herriot est un opportuniste, et si le vent souffle dans une directionŠ.
Les interventions de Ybarnegaray et Chautemps dans la nuit du 12 au 13 juin sont authentiques.

Le ralliement de Darlan à une option « défenciste » est logique une fois Weygand et Pétain éliminés. Darlan fit des déclarations vigoureuses le 3 juin à Moch et encore le 15 juin à Herriot historiquement.
Par contre, la défection de Laborde est des plus probables compte tenu de ses opinion. J'en ai profité pour faire revenir un personnage haut en couleur (et par ailleurs remarquable organisateur) l'amiral Muselier. Ceci impose de penser ce qu'aurait pu être la trajectoire d'un Darlan (réputé « républicain ») dans le scénario FFO. J'ai rédigé une rapide annexe à ce sujet.

Le décalage dans le temps du POD (acquis au matin du 13 juin) a d'ailleurs des conséquences militaires et administratives (surtout avec un Mandel actif comme Ministre de l'intérieur). Le « télégramme Mandel » est un décalque d'une note aux préfets de Clemenceau en 1917.

J'attends donc vos commentaires sur tout cela.

6 Juin:
Le Général (à titre temporaire) Charles de Gaulle est nommé comme sous-secrétaire d’État à la Guerre (Paul Reynaud, Président du Conseil, faisant office de Ministre). Il rencontre Raynaud à 11h du matin au Ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique. Les deux hommes ont une discussion portant essentiellement sur la présence de Pétain au gouvernement (« mieux vaux l’avoir dedans que dehors » dira Reynaud) et la possibilité de constituer un « réduit Breton » au cas où la situation continuerait de se dégrader.
Alors que le gouvernement est réuni dans l’après-midi pour la traditionnelle photo sur les marches de l’hôtel Matignon, Paul Raynaud apprend que le Ltn.Col. Paul de Villelume, qui joue dans son cabinet un rôle important et assure la liaison avec l’Etat-Major vient d’être conduit à l’hôpital Boucicaut suit à une crise d’appendicite foudroyante. Reynaud, après discussion avec son directeur de cabinet Dominique Leca, décide d’attribuer les fonctions de Villelume à Roland de Margerie, qui est déjà le responsable de son cabinet diplomatique.

Charles de Gaulle devait déclarer par la suite à plusieurs de ses collaborateurs, et en particulier à Geoffroy Chaudron de Courcel, que cette crise d’appendicite était comme le doigt de la Providence, car elle mettait hors jeu le jour même de sa nomination un homme certes brillant mais irrémédiablement prévenu contre lui et qui n’avait cessé de mener auprès de Paul Reynaud une sourde guerre intestine contre ses idées et en général contre la poursuite des hostilités.

7 juin :
Alors que la presse parisienne, du Populaire à gauche au journal le Jour à droite, en passant par l’Aube et le Matin, salue avec chaleur la nomination de de Gaulle au gouvernement ce dernier constitue son propre cabinet. Il a une réunion avec de Margerie, dont il constate immédiatement la solidité des convictions « jusqu’au-boutiste ». De Gaulle rencontre ensuite Reynaud qui le charge de porter un message à Churchill pour demander l’engagement à grande échelle de la RAF dans la Bataille de France.

8 juin :
De Gaulle, qui n’a pu rencontrer Pétain aux Invalides comme prévu, se rend à Montry pour rencontrer le Chef d’État-Major, le Maréchal Weygand. La discussion entre les deux hommes est houleuse et Weygand apparaît bientôt aux yeux De Gaulle comme « désespéré ». En particulier, Weygand qualifie tout projet de repli sur l’Afrique du Nord d’enfantillage. Les proches collaborateurs du Maréchal Weygand ne tiennent pas des propos différents. De retour à Paris, De Gaulle se rend chez Paul Reynaud et l’adjure de remplacer Weygand, proposant alors le Général Huntziger. Reynaud hésite, car Huntziger a été un des vaincus de l’attaque allemande du 13 mai. Cependant, sous l’influence de de Margerie, qui assiste à l’entretien, Reynaud accepte l’idée que Weygand pourrait avoir à être bientôt remplacé. Il se range à l’opinion de De Gaulle quant à l’importance de consolider ce qui reste des unités blindés françaises en un corps unique et de les confier au Général Delestraint. De Gaulle avait déjà fait cette proposition à Weygand le 2 juin.

9 juin :
Départ en avion du Bourget à l’aube du Général de Gaulle pour Londres, où il rencontre W. Churchill en fin de matinée. Le Premier-Ministre anglais se refuse à déployer d’autres unités de la RAF en France que celles qui sont déjà présentes, en expliquant que leur efficacité dans la défense de la Grande-Bretagne est bien plus grande que celle qui pourrait résulter de leur emploi en France dans les conditions actuelles de confusion. Le Général Edward Spears, représentant l’EM britannique auprès des forces françaises et qui était présent rapporte qu’à la fin de l’entretien De Gaulle déclara à Churchill, « c’est vous qui avez raison ». La délégation française verra encore en début d’après-midi A. Eden, Ministre de la Guerre du gouvernement britannique et Jean Monnet qui préside la commission mixte franco-britannique d’achat de matériel de guerre. Alors que la situation militaire se détériore rapidement, De Gaulle est rappelé d’urgence à Paris, où son avion se pose en fin de journée au Bourget au milieu des trous de bombes.
Une réunion se tient dans la nuit au Ministère de la Guerre où De Gaulle plaide, avec l’aide de De Margerie, pour un repli sur l’Afrique du Nord. Dominique Leca, directeur du cabinet de Paul Reynaud appuie aussi en cette direction.
Le Président du Conseil est alors convaincu d’opter pour ce qui est qualifié par Leca « de solution hollandaise ». Les troupes qui ne sont pas destinées à être évacuées se battront en Métropole tant qu’elles le pourront, puis se rendront. De Gaulle prévient Reynaud que cette solution se heurtera certainement à l’hostilité de Weygand. Pour organiser l’ultime défense, il est alors décidé que les autorités politiques et militaires se replieront dans un premier temps sur la Loire. Dans les toutes premières heures du 10 juin, Reynaud appelle Hélène de Portes, son égérie (que De Gaulle devait qualifier de « mégérie » compte tenu de sa farouche opposition à la ligne jusqu’au-boutiste) pour lui conseiller de se rendre à Briare.

10 juin :
Alors que l’Italie déclare la guerre à la France et à la Grande-Bretagne, le Maréchal Weygand demande à voir Reynaud, qu’il rencontre à son grand déplaisir en présence de de Gaulle et de Margerie. Weygand remet alors à Reynaud une note dans laquelle il plaide pour un armistice dans les plus brefs délais. Un violent accrochage oppose Weygand à Reynaud et de Gaulle au sujet de la « solution hollandaise ». Après avoir répété qu’il tient pour enfantillage un abandon du territoire métropolitain, qui laisserait selon lui « les mains libres aux communistes », il accuse le Président du Conseil de vouloir faire porter à l’Armée, par l’inévitable capitulation des unités restées en Métropole, la responsabilité des fautes du pouvoir politique. Devant une réponse évasive de Weygand à une question de de Margerie lui demandant s’il exécuterait les ordres même si ces derniers étaient contraires à sa note et à son opinion, Reynaud, après une courte interruption de séance où il consulte Leca et appelle Georges Mandel au téléphone, se décide à démettre Weygand, et charge de Gaulle de joindre Huntziger pour lui demander d’accepter le poste de Commandant en Chef.
Alors qu’ulcéré, le Maréchal Weygand quitte la rue Saint-Dominique pour se rendre aux Invalides où il rencontrera Pétain en fin de journée pour lui demander de « mettre fin à cette folie », de Gaulle, avant de partir au QG de Huntziger demande à Reynaud de nommer le Général de Lattre qui vient de se distinguer dans la défense de Rethel « à la tête du camp retranché de Paris ». Reynaud refuse l’option d’une défense de Paris, craignant qu’elle n’aboutisse à un nombre considérable de victimes civiles. Il accepte cependant que de Lattre soit nommé à la tête d’un « groupement » (combinant toutes les unités encore disponibles en région parisienne) afin de retarder le plus possible l’ennemi entre la Seine et la Loire. De Gaulle se rend alors à Arcis-sur-Aube auprès de Huntziger qui, surpris, demande à Reynaud confirmation de ce que lui annonce le sous-secrétaire d’État à la guerre. La communication téléphonique, d’abord avec Reynaud puis avec de Margerie convainc Huntziger d’accepter. Le rôle ici joué par de Margerie demande explication.


« Si Paul Reynaud n’échangea que quelques mots avec le Général Huntziger, c’est qu’il venait d’être frappé par une nouvelle qui pour personnelle qu’elle fut n’en affecta pas moins ses réactions. On venait de lui annoncer que la voiture de Mme Hélène de Portes avait eu un grave accident non loin d’Orléans et que Mme de Portes, inconsciente, était transférée à l’hôpital de Tours. Les jours qui suvirent devaient voir un Reynaud affecté, mais selon le mot de Charles de Gaulle « libéré », laisser Roland de Margerie acquérir une influence croissante au point de devenir un ‘Président du Conseil bis’, au grand dam de la fraction pacifiste du gouvernement » (J. Lacouture, De Gaulle, T-II- Le Combattant, Paris, 1984).

Ceci ne devait pas s’arrêter là. Alors que Reynaud reçoit Huntziger en fin de journée et lui confie « l’une des plus graves, plus tristes et plus nécessaires mission qu’un officier puisse recevoir de son gouvernement », de Margerie, pressentant une poussée politique du camp défaitiste, organise une réunion privée entre de Gaulle et Léon Blum. Le chef de la SFIO, acquis aux idées de de Gaulle depuis le mémorandum que ce dernier avait fait circuler le 10 janvier 1940 (« L’avènement de la force mécanique »). C’est ensemble que les trois hommes quitteront Paris vers 23h en direction de la Loire. Ils auront été précédés de quelques heures par Georges Mandel, envoyé à Tours pour organiser le repli du gouvernement et qui, avant de partir, a proposé à Reynaud d’arrêter préventivement un certain nombre de « défaitistes » comme Clemenceau l’avait fait en 1917. Le nom de Pierre Laval, qualifié par les Renseignements Généraux de « sénateur aux accointances Mussoliniennes » aurait, selon les notes de Dominique Leca, été cité.

11 juin :
Les autorités françaises s’installent sur la Loire (Reynaud au château de Chissay, le Président de la république, Albert Lebrun, au château de Cangé, de Gaulle au château de Bauvais, le Ministère de l’Intérieur à Tours et celui des Affaires Étrangères au château de Villandry, Huntziger au château du Muguet, près de Briare). Pendant ce temps de Lattre ordonne l’incendie de toutes les réserves de carburant autour de Paris qui ne peuvent être évacuées.

Durant cette phase d’installation, de Margerie signala à Paul Reynaud que le secrétaire au Comité de Guerre, Paul Baudouin, avait « pris langue avec Pétain et le Maréchal Weygand ». Mais l’important se déroule au château du Muguet où se tint une réunion du Conseil suprême Interallié.
Après moult péripétie, la délégation britannique arriva à 19h (elle avait été annoncée pour 17h). Elle était composée de W. Churchill (PM), A. Eden (Ministre de la Guerre), du Général Sir John Dill (chef d’EM Impérial) du Général Ismay (Chef d’EM de l’Armée Britannique), du Général Spears et du capitaine Berkeley
. La délégation française était composée de Paul Reynaud, Philippe Pétain (en tant que vice-président du Conseil), Charles de Gaulle, du Général Huntziger, du Général Georges (convoqué à la demande d’Ismay et de Churchill) et de Roland de Margerie.

Historiquement : Reynaud, Pétain, de Gaulle, Weygand, Georges, Villelume, soit 3 défaitistes sur 6.

La réunion commence à 22h, après un dîner où Churchill et de Gaulle eurent le loisir de longuement s’entretenir. Dans le même temps, Reynaud, qui s’était un instant absenté, rencontre Baudouin en compagnie de Leca et de Margerie. Baudouin, qui avait été chaudement recommandé à Reynaud par Helène de Portes, au point qu’il avait obtenu le poste initialement prévu pour de Gaulle, sentait bien qu’en l’absence de sa protectrice et de Villelume, sa position était devenu fragile. Il ne se dérobe pas cependant aux questions que Reynaud et de Margerie lui posent, quant à ses contacts avec Weygand et Pétain. Il soutient que s’il avait maintenu ces contacts, c’étaient pour « éviter à la France un désastre aux conséquences incalculables ». Affirmant que « la prolongation des combats était inutile vu la tournure désespérée des opérations et ne pourrait que conduire à une paix d’autant plus dure que les combats dureraient », il implore Reynaud « de ne pas s’enliser dans une position stérile que ne soutenait que l’ambition effrénée du colonel de Gaulle (sic) ». Reynaud, tout en remerciant son collaborateur pour sa franchise, lui annonce qu’il ne peut en cet instant le conserver à son poste. Ainsi pris fin le paradoxe qui avait vu Reynaud, choisi pour son intransigeance quant à la poursuite de la guerre, désigner comme secrétaire du Comité à la Guerre un homme convaincu de l’inutilité de cette dernière. Baudouin présente immédiatement sa démission, qui est, sur le champ, acceptée. Le Conseil commence à 22h, et son déroulement est connu par plusieurs sources.

« De Margerie annonça au Général de Gaulle, alors même que les deux délégations entraient dans la pièce où le Conseil devait se tenir, qu’il héritait sur le champ des attributions de Baudouin. Le sous-secrétaire d’État ne cilla point. Churchill, dont l’ouïe savait quant l’occasion l’imposait ne pas être mauvaise, se tourna vers Spears (qui raconta l’anecdote dans ses Mémoires) et lui dit en français « voici l’homme du destin ». Si de Gaulle entendit cette remarque, digne en tous points des sorcières de Macbeth, il n’en laissa rien paraître.

Le Conseil commença par un rapport d’Huntziger sur la situation militaire. Le nouveau commandant en chef des armées françaises dressa un tableau qui pour être sombre n’était pas désespérant. Il indiqua que le renseignement français savait que les forces ennemies, si elles restaient d’une puissance bien supérieure à ce que l’armée française pouvait leur opposer, avaient un besoin urgent de se ravitailler et de reconstituer leurs pertes. Une défense en bon ordre, à condition d’être immédiatement décidée et entreprise, permettrait certainement de gagner plusieurs semaines, même si l’issue en métropole ne pouvait faire de doute.
Winston Churchill ne cacha pas un étonnement qui était peut-être feint. Il s’enquit de la possibilité pour l’Armée française de conserver une « tête de pont sur l’Atlantique » (résurgence de l’idée du « réduit Breton ») et de stopper l’avance allemande sur la Loire. Ces remarques provoquèrent une violente attaque de la part de Pétain, qui traita de rêveries dangereuses les deux idées puis attaqua directement Churchill, lui reprochant le peu d’implication des forces britanniques dans la Bataille de France. Le Maréchal souligna que lorsque les forces du Maréchal Gough furent mises en danger par les Allemands en 1918, il avait lancé 40 divisions à leur secours. « Où sont vos 40 divisions aujourd’hui » lança-t-il à Churchill. Ce dernier ne se laissa pas démonter et soutint que faute d’établir une ligne de défense sur la Loire, l’Armée française, en ayant recours à la guérilla pouvait ralentir substantiellement l’avance ennemie. Ces mots provoquèrent l’ire de Pétain qui lança : « la guérilla ? Vous voulez donc la perte de notre pays ? ».
À ce point de la discussion, de Gaulle intervint en coupant Pétain lui reprochant de vouloir « faire porter à nos alliés des responsabilités qui ne sont que trop françaises ». Il s’en suivit, devant les yeux médusés de la délégation britannique, une violente altercation entre les deux hommes. Elle obligea Reynaud à intervenir. Ce dernier pria Pétain de ne pas revenir sur l’accord qu’il avait signé le 28 mars avec Chamberlain et qui proscrivait toute paix séparée.
La discussion reprit alors sur un ton plus apaisée même si la tension était toujours forte. Churchill s’enquit de la position de la flotte française. Reynaud affirma sur le ton le plus solennel qui lui était possible (et que sa voix ne favorisait guère) que la France combattrait, que ce soit en Métropole ou dans l’Empire, et que la flotte continuerait à œuvrer en étroite coordination avec la marine britannique. Huntziger repris la parole pour exprimer ses doutes quant au « réduit Breton », mais il n’en condamna pas totalement l’idée. Par contre, une défense sur la Vilaine permettrait de procéder à une évacuation en bon ordre des forces situées en Basse-Normandie et en Bretagne.
Reynaud et de Gaulle intervinrent à nouveau pour affirmer leur détermination à tout mettre en œuvre pour permettre le passage en Afrique du Nord des moyens les plus importants possibles afin de continuer la lutte.
Churchill reprit alors la parole pour assurer la délégation française de l’engagement total (« total commitment ») de la Royal Navy pour aider à cette évacuation. Il indiqua que dès la fin du Conseil, il donnerait aux amiraux Cunningham et Somerville des instructions en ce sens, et que ce qui restait des forces britanniques en France ou devait y débarquer dans les jours suivants, se battrait côte à côte des forces françaises dans les derniers combats retardateurs. » (Jean Lacouture, De Gaulle, T-II, op.cit.).

12 juin :
La séance du Conseil suprême interallié est levée à minuit. Alors que Reynaud décide de se rendre à Tours pour voir Hélène de Portes, toujours inconsciente, à l’hôpital, de Margerie organise une rencontre entre Mandel, Blum et de Gaulle, qui se déroule à Blois aux premières lueurs de l’aube. Les quatre hommes décident d’unir leurs efforts pour soutenir la résolution de Paul Reynaud de lutter jusqu’au bout et de tout faire pour déjouer les manœuvres des « défaitistes ». Ce « pacte du 12 juin », qui fut dénoncé par les partisans de l’armistice comme la « conjuration de Blois », inclut la décision de Blum d’engager la SFIO au gouvernement si Reynaud en avait besoin. Quant à Mandel, il affirme être prêt à « faire arrêter et mettre hors d’état de nuire tous les défaitistes, comme Clemenceau le fit en 1918 ».

Allusion aux procès contre Caillaux, Vigo mais aussi Bolo-Pacha et Mata-Hari….

Mandel profite de la matinée pour joindre Louis Marin (Ministre d’État), Alphonse Rio et César Campinchi (Ministres de la Marine Marchande et de la Marine Militaire) et s’assurer de leur soutien.

Tandis que de Gaulle continue sa route vers Rennes où, à la demande de Churchill et Reynaud il doit explorer les possibilités d’une défense de la Bretagne, de Margerie continue vers Tours. Dans la matinée, toujours accompagné de Blum et Mandel, il rencontre Edouard Herriot (Président de la Chambre) et Jules Jeanneney (Président du Sénat). Les deux hommes acceptent d’adhérer au « Pacte de Blois » (surtout Jeanneney qui, comme Mandel, est un ancien collaborateur de Clemenceau. Herriot étant bien plus hésitant dans son ralliement).
Pendant ce temps, le Général de Gaulle, arrivé à Rennes, tient une conférence avec les responsables militaires, dont il ressort que l’option du « réduit Breton » est désormais impraticable. Tout au plus peut-on espérer que Brest tienne jusqu’au 22 ou 23 juin, laissant le temps d’évacuer en bon ordre un nombre considérable de troupes. De Gaulle rentre alors vers son château de Beauvais (à une vingtaine de kilomètres de Tours). Il tient une seconde conférence avec le Général Colson dont il ressort qu’avec l’aide britannique et l’engagement total de la flotte, au moins 500 000 hommes pourraient être évacués des ports de Méditerranée et de la côte Atlantique vers l’Afrique du Nord.
Il apprend alors par de Margerie d’un Conseil des Ministres est prévu pour la soirée au château de Cangé, résidence d’Albert Lebrun. De Margerie indique, dans son appel téléphonique, que ce conseil sera probablement l’occasion d’une offensive des « défaitistes » conduit par Pétain. Ce dernier, désormais, privé du soutien de Weygand et sentant le renforcement des « jusqu’au-boutistes » dans l’entourage de Reynaud, entend forcer le cours des événements. Mettant au courant le sous-secrétaire d’État à la guerre du ralliement d’Herriot et Jeanneney au « Pacte de Blois », de Margerie lui demande comment renforcer encore la résolution de Reynaud au moment où le général Georges, devant l’avance allemande, vient d’ordonner la retraite générale pour les forces situées sur la Seine et en Normandie. De Gaulle conseille alors de joindre Noguès, le résident général au Maroc et commandant en chef des troupes en AFN.
En fin d’après-midi, avant de partir pour Cangé, Reynaud, en compagnie de Margerie et de Leca arrive enfin à joindre Noguès, auquel il fait part des pressions des « milieux défaitistes qui souhaitent un armistice immédiat ». La réponse de Noguès est des plus fermes : « L’Afrique du Nord toute entière est consternée par une telle perspective. Les troupes demandent de continuer le combat ». Vers 19h Noguès envoie un câble chiffré où il confirme ses dispositions et ajoute qu’elles sont partagées par le résident général en Tunisie (M. Peyrouton) et le gouverneur général de l’Algérie (M. Le Beau). Dans la nuit arriveront aussi des messages de Gabriel Puaux (Haut-Commissaire en Syrie) et du général Mittelhauser (Commandant les forces françaises au Moyen-Orient), allant dans le même sens que le câble de Noguès.

C’est un Reynaud sombre (H. de Portes n’a toujours pas repris conscience et les avis des médecins à son sujet sont réservés) mais déterminé qui se rend à Cangé, emmenant dans sa voiture Margerie, Leca et Jeanneney. Mandel suit dans son propre véhicule de fonction avec Herriot et Blum auquel s’est joint Jules Moch. Ce dernier les informe qu’il a eu l’occasion de s’entretenir le 3 juin avec l’Amiral Darlan et que ce dernier lui a déclaré : « Si l’on demande un jour l’armistice, je finirai ma carrière par un splendide acte d’indiscipline. Je prendrai le commandement de la flotte et nous rallierons l’Angleterre ». Mandel informe alors les autres passagers qu’il a pris, de concert avec de Margerie, les dispositions nécessaires pour que « force reste à la légalité républicaine ».
Une collation est servie dans le salon du château, qui permet à Moch de répéter à Reynaud ce qu’il vient de dire à Blum, Herriot et Mandel, et à ce dernier de s’assurer de la loyauté de Pernot, Queuille et Alfred Julien.

Nuit du 12 au 13 juin :
-----
Composition du Gouvernement Paul Raynaud au 12 juin 1940 :
Président du conseil : Paul Reynaud (AD) (et Ministre de la Défense Nationale et de la guerre ainsi que des Affaires Étrangères)

* Vice-présidents du conseil
o Camille Chautemps (PRS)
o Philippe Pétain,

* Ministres :
o Ministre de l'Intérieur : Georges Mandel.
o Ministre des Armements : Raoul Dautry
o Ministre des Finances : Yves Bouthillier
o Ministre du Travail : Charles Pomaret (USR)
o Ministre de la Justice : Albert Sérol (SFIO)
o Ministre de la Marine militaire : César Campinchi (PRS)
o Ministre de la Marine marchande : Alphonse Rio (USR)
o Ministre de l'Air : Laurent-Eynac (PRS)
o Ministre de l'Éducation nationale : Yvon Delbos (PRS)
o Ministre des Anciens combattants et des pensions : Albert Rivière (SFIO)
o Ministre de l'Agriculture : Paul Thellier (AD)
o Ministre du Ravitaillement : Henri Queuille (PRS)
o Ministre des Colonies : Louis Rollin
o Ministre des Travaux publics : Ludovic-Oscar Frossard (USR)
o Ministre de la Santé publique et de la Famille Française : Georges Pernot (FR).
o Ministre des Postes, Télégraphe, Téléphone et Transmissions : Alfred Jules-Julien (PRS)
o Ministre de l'Information : Jean Prouvost
o Ministre du Commerce et de l'Industrie : Albert Chichery (PRS)
o Ministre du Blocus : Georges Monnet (SFIO)
o Ministres d'État: Louis Marin (FR) et Jean Ybarnegaray (PSF)

* Sous-secrétaire d'État
o Sous-secrétaire d'État à la vice présidence du Conseil : Robert Schuman (PDP)
o Sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale : Charles de Gaulle,
o Sous-secrétaire d'État aux Travaux Publics : André Février (SFIO)

o Sous-secrétaire d'État aux Affaires Etrangères : Paul Baudoin (démissionaire)
o Sous-secrétaire d'État aux Fabrications de l'Air : Jules Meny
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Dans une ambiance tendue, le Conseil commence à 22h en présence d’Albert Lebrun. Pétain demande la parole et lit une longue déclaration dont il ressort tout d’abord une critique violente de ce qu’il appelle les « folies de l’ambition » qui ont poussé à chasser le Maréchal Weygand (il vise ici de Gaulle) dont il réclame le retour immédiat. Puis, le vice-Président du Conseil réclame que le gouvernement demande à l’Allemagne un armistice au plus tôt car « la poursuite de la guerre sera fatale au pays ».
Cette déclaration provoque un choc frontal avec Reynaud qui assume le renvoi de Weygand en sa double qualité de Président du Conseil et de Ministre de la Guerre et qualifie la demande d’armistice de « forfaiture ». Le ton monte rapidement, quand Pétain dénie toute compétence militaire à Reynaud. De Gaulle intervient alors, qualifiant les propos de Pétain de trahison de l’allié britannique en référence à l’accord Reynaud-Chamberlain du 28 mars . Le Ministre Jean Ybarnegaray s’exclame alors « plutôt être une province de l’Allemagne que les esclaves de l’Angleterre ». De Gaulle reprend la parole :
« Et vous, Monsieur Philippe Pétain, approuvez-vous de tels propos ? »
Pétain « Je suis Maréchal de France et non Monsieur »
De Gaulle « Le Maréchal Pétain est mort en 1925 ».

Référence à l’intervention de Pétain au Maroc, lors de la révolte d’Abd-El-Krim, où il déposséda de fait le Maréchal Lyautey de ses pouvoirs sur ordre du gouvernement.


Dans un brouhaha indescriptible, seule la voix de Camille Chautemps (le second vice-président du Conseil) se fait entendre pour soutenir Pétain.
Alors qu’Albert Lebrun parvient à ramener un peu de calme, Reynaud demande à ce qu’Herriot et Jeanneney puissent entrer. Lebrun y consent et les présidents des deux chambres, devant un Pétain et un Chautemps médusés, viennent affirmer le soutien du Parlement à Paul Reynaud. Chautemps est le premier à se ressaisir et il proteste contre cette « mascarade », rappelant que Reynaud n’avait obtenu l’investiture que d’une voix le 22 mars 1940. Reynaud demande alors si Léon Blum peut entrer. Introduit par Georges Mandel, ce dernier vient assurer le Président Lebrun que « dans les tragiques circonstances actuelles, les socialistes, comme en 1914 feront leur devoir et prendront leurs responsabilités pour la poursuite de la guerre ».

Alors que Blum, Herriot et Jeanneney sont ressortis, la séance reprend. Camille Chautemps déclare « qu’il conviendrait néanmoins de s’enquérir auprès de l’ennemi des conditions d’un armistice, quitte à le rejeter sis ses conditions étaient inacceptables ». Pétain se lève à son tour, exigeant des excuses publiques, le départ de de Gaulle et le rappel de Weygand. Reynaud intervient alors : « de telles décisions n’appartiennent qu’à moi ».
Pétain : « Vous êtes disqualifiés pour conduire le pays. Seul un soldat tel que moi peut encore empêcher un désastre total et obtenir de l’ennemi une paix dans l’honneur, ce que je me propose de faire – il se tourne vers Lebrun – dès demain avec votre autorisation ».
Reynaud se dresse alors et, tout en jetant un regard à Mandel, qui se lève qui se lève aussi, répond « ceci est un acte de haute trahison, dont vous rendrez raison sur le champ ». Un profond silence s’abat dans la salle alors que les deux hommes se font face. Georges Mandel fait alors entrer deux gendarmes qui se dirigent vers Pétain, la main sur l’étui de leur arme de service. Ce dernier n’a que le temps de murmurer « vous n’oseriez pas ? » et les gendarmes l’encadrent et le conduisent vers la porte. Se rasseyant, Mandel annonce alors d’une voix calme que ses services arrêteront tous ceux qui se rendront coupables de défaitisme. Reynaud demande alors à Lebrun une suspension de séance, il est 00h35 le 13 juin.

Durant l’interruption de séance, Reynaud rencontre Lebrun en compagnie de Jeanneney et de Margerie et soumet au président de la République la liste d’un gouvernement remanié. Lebrun, très choqué par ce qui vient de se passer mais heureux de voir « que les deux chambres soutiennent le chef du gouvernement », accepte. Reynaud voit alors rapidement Chautemps pour lui annoncer qu’il ne fait plus partie – du moins temporairement – du gouvernement.

La séance reprend à 01h05. Reynaud indique alors, outre l’arrestation de Pétain pour « haute trahison et forfaiture », le départ de Chautemps, Pomaret (travail), Prouvost (information) et Ybarnegaray (sans portefeuille). Entrent au gouvernement Léon Blum, Jules Moch, Jean Zay, de Margerie et Philippe Serre. Mandel et Blum sont nommés vice-président du Conseil et Ministres d’État. Charles de Gaulle devient Ministre de la Guerre (fonction que Reynaud cumulait avec celle de Président du Conseil). Jules Moch devient Ministre du Travail, Jean Zay remplace Prouvost à l’information et Philippe Serre devient sous-secrétaire à la guerre, secrétaire du Comité à la Guerre (fonction que de Gaulle ne peut occuper devenant Ministre plein) tandis que de Margerie remplace Baudouin. Reynaud lit alors une courte déclaration (rédigée par de Margerie) indiquant qu’il a l’intention de continuer la guerre, quoi qu’il puise en coûter, depuis l’Afrique du Nord si nécessaire, et ce jusqu’à la victoire.
Yves Bouthillier, Ministre des Finances, se lève alors et déclare qu’il ne peut soutenir l’option d’une lutte menée depuis l’Empire car, dit-il « les ressources financières de l’Empire sont loin d’être à la mesure de cette tâche immense si nous devions quitter le territoire métropolitain. L’endettement auprès de nos alliés et des neutres placerait alors la France dans un état de sujétion qui ne serait pas différent de celui que les armes seules pourraient nous imposer ». De Gaulle lance alors d’un ton sec « L’honneur, la grandeur et l’avenir de la France ne se mesurent pas à l’aune d’un comptable ». Après un regard à Reynaud, dont il fut un fidèle collaborateur, et comprenant qu’il ne trouverait aucun secours, Bouthillier présente sa démission et son poste est rattaché, provisoirement, à la Présidence du Conseil.
Le Conseil se sépare à 01h35 après que Reynaud ait indiqué qu’un nouveau Conseil suprême interallié se tiendrait dans la journée.

Nouveau gouvernement Reynaud


Président du conseil : Paul Reynaud (AD) (Ministre des Finances et Ministre des Affaires Étrangères)

* Vice-présidents du conseil
o Léon Blum (SFIO)
o Georges Mandel (Ministre de l’Intérieur)

* Ministres :
o Ministre de la Défense Nationale et de la guerre : Charles de Gaulle
o Ministre des Armements : Raoul Dautry
o Ministre du Travail : Jules Moch (SFIO)
o Ministre de la Justice : Albert Sérol (SFIO)
o Ministre de la Marine militaire : César Campinchi (PRS)
o Ministre de la Marine marchande : Alphonse Rio (USR)
o Ministre de l'Air : Laurent Eynac (PRS)
o Ministre de l'Éducation nationale : Yvon Delbos (PRS)
o Ministre des Anciens combattants et des pensions : Albert Rivière (SFIO)
o Ministre de l'Agriculture : Paul Thellier (AD)
o Ministre du Ravitaillement : Henri Queuille (PRS)
o Ministre des Colonies : Louis Rollin
o Ministre des Travaux publics : Ludovic-Oscar Frossard (USR)
o Ministre de la Santé publique et de la Famille Française : Georges Pernot (FR).
o Ministre des Postes, Télégraphe, Téléphone et Transmissions : Alfred Jules-Julien (PRS)
o Ministre de l'Information : Jean Zay (SFIO)
o Ministre du Commerce et de l'Industrie : Albert Chichery (PRS)
o Ministre du Blocus : Georges Monnet (SFIO)
o Ministres d'État: Louis Marin (FR)

* Sous-secrétaire d'État
o Sous-secrétaire d'État à la vice présidence du Conseil : Robert Schuman (PDP)
o Sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale : Philippe Serre (PDP)
o Sous-secrétaire d'État aux Travaux Publics : André Février (SFIO)
o Sous-secrétaire d'État aux Affaires Etrangères : Roland de Margerie
o Sous-secrétaire d'État aux Fabrications de l'Air : Jules Meny

------

13 juin :
Les participants au dramatique conseil de la nuit ne dormirent que quelques heures. Dès 7h30 Mandel rencontre Reynaud à sa résidence au château de Chissay. Il le persuade de faire lever l’immunité parlementaire des « chefs du parti défaitiste », en utilisant la procédure dont Clemenceau avait usé. Mandel obtient de Reynaud un décret-loi sur la « sécurité intérieure ».
Peu après, apprenant à Bordeaux ce qui s’était passé dans la nuit à Cangé (sans doute grâce à Chautemps), Déat, Laval, Bonnet, Bergery et Flandin dénoncent le « coup d’État du tandem Reynaud-Mandel », ainsi que « …la honteuse arrestation du maréchal Pétain ». Ils annoncent aussi dans un communiqué qu’en tout état de cause ils se refuseront à quitter le territoire métropolitain et à suivre le gouvernement à Alger.
À 9h le nouveau Ministre de la Guerre joint le Grand Amiral de la Flotte, François Darlan, qu’il informe du Conseil de la nuit. Darlan, quoique très en froid avec de Gaulle, réaffirme sa volonté de continuer le combat, tout en faisant de la coopération britannique une condition de la réussite de l’évacuation vers l’AFN. De Gaulle a moins de chance avec l’Amiral Laborde commandant la flotte de l’Atlantique. Ce dernier refuse de lui parler et lui fait dire par un de ses officiers « qu’il n’a pas d’ordre à recevoir d’un gouvernement qui s’est déshonoré en renvoyant le Maréchal Weygand et en arrêtant le Maréchal Pétain ». De Gaulle signe alors sur le champ le décret démettant Laborde de ses fonctions et de son grade, et nomme, sur conseil de Moch, le Vice-Amiral Emile Muselier (que Darlan avait démis et qui se morfondait à la préfecture du Var) à la place de Laborde, avec la tâche difficile de faire évacuer ce qui est possible et de détruire tout ce qui ne peut être conduit en Angleterre ou vers l’AFN.
À 10h Mandel fait partir de Tours un télégramme pour tous les préfets encore joignables où il ordonne de « tout mettre en œuvre, de concert avec les autorités militaires pour assurer la défense la plus longue possible du territoire métropolitain et la préparation du transfert en Afrique du Nord des personnels essentiels à la Défense Nationale. ». Le même texte enjoint aussi à ses destinataires de « combattre le défaitisme où qu’il se manifeste avec la plus extrême rigueur » et indique qu’ils seront immédiatement démis en cas de manquement à leurs obligations.

« Ce télégramme sera beaucoup reproché à Mandel par les milieux proches de Chautemps, qui accuseront le Ministre de l’Intérieur d’avoir inutilement durci les clivages résultant du dramatique Conseil de la nuit du 12-13 juin. Il est certain que Mandel agit alors avec brutalité et que certains préfets allèrent même au-delà de ses exigences. Affirmer cependant comme le fit Laval à son procès que ce texte fut à l’origine des persécutions antisémites en France entre 1940 et 1944 est loin d’être conforme à la réalité. Les publications de Doriot, Déat et de l’extrême-droite étaient remplies d’attaques antisémites virulentes depuis 1936. Les militants de Déat ne chantaient-ils pas dès 1939, sur l’air de l’Internationale, ‘Et s’ils persistent ces cannibales/ à faire de nous des héros/ ils verront que nos balles/ sont pour Mandel, Blum et Reynaud’ ? Il convient de dire ici que la décision d’arrêter le maréchal Pétain provoqua un immense choc et un trouble profond dans certains milieux. Le fait de voir se grouper autour de Reynaud Mandel et les socialistes fut, dans certains milieux qui n’avaient jamais acceptés le Front Populaire, une véritable déclaration de guerre. Les mesures prises par Mandel entre le 13 et le 14 juin, si elles ajoutèrent au ressentiment d’une fraction de la classe politique, eurent l’immense mérite de sortir l’administration française de son attentisme et de la remobiliser autour des objectifs du nouveau gouvernement. Quant au décret-loi sur la sécurité intérieure, lui aussi dénoncé par certains, il faisait partie, depuis 1938, des procédures acceptées de la IIIème république ».
(J. Chapsal et A. Lancelot, La vie politique en France de 1939 à 1944, Éditions Cujas, Paris, 1970).

Peu avant midi, Reynaud, Mandel, Blum et de Gaulle se réunissent à la mairie de Tours et décident de préparer le transfert des services du gouvernement vers Toulouse, car Bordeaux est trop éloigné de la Méditerranée et Marseille peu pratique si on ne veut pas gêner l’évacuation. Le Ministre de l’Air, M. Laurent Eynac est alors envoyé à Toulouse par avion en compagnie de M. Albert Caquot (Directeur Technique des Industries Aéronautiques) pour préparer l’installation des administrations et accélérer la production dans les usines encore en état de fonctionner tout en prévoyant le transfert du matériel transportable et la destruction du reste.
À 12h une allocution de Paul Reynaud, une de Léon Blum et une de Georges Mandel sont diffusées par la radio, repliée à Tours, Lyon, Bordeaux et Toulouse.

À 13h le Comité de Guerre se réunit pour élaborer le plan de l’évacuation vers l’AFN et de la défense sur le territoire Métropolitain. L’Amiral Darlan rejoindra la réunion avec une heure de retard et aura le premier d’une longue série d’accrochages avec de Gaulle au sujet de la nomination de Muselier. Le Comité se penche en premier lieu sur la situation de l’aviation. Le transfert des 2070 officiers et élèves et des 7500 sous-officiers et élèves des écoles de l’Armée de l’Air vers le Maroc est décidé. Les personnels des Centre d’Instruction suivront, sauf ceux dont le niveau est tel qu’ils pourraient être affectés immédiatement aux unités combattantes. Les 6855 officiers, sous-officiers et hommes de troupes de la DIAP (Division d’instruction de l’Aviation Polonaise) stationnés à Lyon-Bron feront mouvement sur Marseille en vue de leur évacuation vers le Maroc. Il en va de même pour les aviateurs Tchèques, Hollandais et Norvégiens stationnés sur le territoire métropolitain. Le cas des militaires Belges devra être réglé au plus vite, en accord avec les autorités civiles et militaires. La Zone d’Opérations Aériennes Centre (ZOAC) créée le 6 juin, absorbe la ZOA Nord (ZOAN) dont le commandant, le Général d’Astier de La Vigerie, prend alors le commandement de la ZOAC. Il est décidé que la ZOA Est (commandé par le Général Bouscat) se déploiera sur les terrains de la ZOA Sud pour couvrir le « seuil de Bourgogne ». En ce qui concerne les forces terrestres, ordre est donné au 2ème Groupe d’Armées de ne laisser sur la Ligne Maginot que le personnel strictement nécessaire à la défense des ouvrages et au retardement de l’ennemi, et de se porter sur une ligne Epinal-Chaumont-Auxerre. Les généraux Huntziger et Georges insistant sur la constitution d’un « bouchon » à Chaumont afin de laisser une possibilité de repli aux armées de l’est. Quant à l’Armée des Alpes, il lui est demandé de prélever sur les forces faisant face à l’Italie (mais sans dégarnir la défense de la côte) de quoi constituer un « rideau défensif » sur la ligne Dijon-Besançon.
Alors que le Comité est en session, le Ministre de la Guerre reçoit un télégramme du colonel Perré (commandant de la 2ème DCR) lui indiquant qu’il démissionne « ne pouvant servir un régime qui emprisonne le plus illustre de ses soldats ». De Gaulle, après avis d’Huntziger et Georges, décide de nommer le Colonel Sudre (T.T.) à la tête de la 2ème DCR et de combiner ce qui reste de cette unité avec les éléments de la 4ème DCR dans le « Groupement Blindé Delestraint ».
Une autre réaction ne devait être communiquée au Ministre de la guerre que dans la soirée. Le Maréchal Weygand avait envoyé au Président du Conseil ses insignes de Maréchal de France, distinction qu’il ne se sentait plus digne de porter depuis l’arrestation de Pétain et indiquait qu’impuissant à empêcher ce qu’il considérait toujours comme une folie dangereuse, il se préparait à « mourir en soldat et dans l’honneur ».
Weygand rejoint le « Groupement de Lattre » et tomba, incognito, dans les durs combats que cette unité mena le 17 juin devant Orléans.

Reynaud se retire du Comité, dont il laisse la présidence à de Gaulle, vers 15h pour s’entretenir avec de Margerie et Leca des conséquences diplomatiques de la situation. Il avait reçu dans la matinée un télégramme chiffré de l’Ambassadeur Labonne qui venait de prendre son poste à Moscou. Labonne suggérait de prendre contact avec le gouvernement soviétique, en dépit des toutes les réticences imaginables de part et d’autres depuis le Pacte Germano-Soviétique et la « Guerre d’Hiver » entre l’URSS et la Finlande, pour expliquer que les victoires militaires allemandes modifiaient l’équilibre des forces en Europe et que l’URSS ne saurait manquer en éprouver rapidement les effets. Reynaud donna son accord pour cette tentative et le câble chiffré autorisant Labonne à agir partit vers 15h30. De fait Molotov devait recevoir Labonne dès le lendemain, pour un entretien de deux heures. Mais, il ne s’engagea pas.
Une fois le câble envoyé à Moscou, Reynaud a un entretien avec le chargé d’affaires de l’Ambassade américaine, M. Biddle. L’ambassadeur américain, M. William Bullitt, étant resté à Paris
. Reynaud informe Biddle de la résolution du gouvernement français de continuer la lutte par tous les moyens et de se replier en AFN quand la situation deviendra intenable en Métropole. Il transmet au chargé d’affaires un message invitant le Président Roosevelt à reconsidérer sa position de neutralité ou au moins à permettre à la France d’avoir le plus grand accès possible à l’industrie américaine pour reconstituer ses forces après l’évacuation. Quand Biddle demande ce que représenteraient les forces françaises en AFN, Reynaud lance le chiffre de 960 000 hommes (il semble que Reynaud ait additionné les 350 000 hommes déjà présents en AFN, les 110 000 évacués de Dunkerque et les 500 000 hommes qui représentaient l’effectif total que la Marine espérait pouvoir évacuer en Méditerranée).

À 17h le Conseil suprême Interallié se réunit à nouveau à la Mairie de Tours. La délégation britannique est composé de Winston Churchill, Lord Halifax (Foreign Office), Lord Beaverbrook, les généraux Dill, Ismay et Spears, sir Alexander Cadogan (secrétaire du Foreign Office) et l’Ambassadeur Campbell. La délégation française comprend MM. Reynaud, Mandel, Blum, De Gaulle, Serre, de Margerie, le Général Huntziger et l’Amiral Darlan.
L’essentiel des délibérations porte sur les conditions du « repli » français en Afrique du Nord et les opérations contre l’Italie afin d’assurer aux Alliés le contrôle de la Méditerranée. Le Général Dill présente la situation des forces du Commonwealth en Egypte et au Soudan, et le Général Huntziger la situation des forces françaises en AFN. Il confirme aux britanniques qu’il n’est pas question que soient prélevées sur ces forces des moyens pour les derniers combats en Métropole, et demande à ce que les troupes évacuées à Dunkerque et revenant de Norvège, soient transférées le plus rapidement possible en Algérie.
Saluant la détermination française à poursuivre la lutte, Winston Churchill annonce l’arrivée le lendemain de sir Dudley Pound (Premier Lord de l’Amirauté) pour concertation avec l’amiral Darlan. Après les discussions militaires, Churchill propose de compléter le communiqué Reynaud-Chamberlain par une nouvelle déclaration entre les deux pays sur les buts de guerre. Tandis que de Margerie et Sir Alexander Cadogan sortent pour préparer un texte commun, une légère collation (dixit Churchill) est servie. Dans la discussion informelle Churchill, qui n’ignore rien de l’histoire de France, désigne de Gaulle (alors en pleine discussion avec les généraux Dill, Ismay et Spears) comme « le Connétable de France ». Le mot restera.
La séance reprend peu avant 20h. Le texte, court, est peu amendé. Sa rédaction finale est la suivante :

« La France et le Royaume-Uni, convaincues de l’absolue nécessité de s’opposer à la guerre d’agression menée par l’Allemagne et l’Italie et de défendre les principes de la démocratie, s’engagent mutuellement à ne jamais signer de paix ou accord d’armistice séparés et à se prêter mutuellement secours par tous les moyens possibles. Elles affirment en ces heures difficiles combattre dans un plein esprit d’union et tout mettre en commun en vue de la victoire finale. Elles affirment qu’il ne saurait y avoir de paix et de sécurité en Europe et dans le monde tant que les forces bellicistes ne seront pas écrasées. Elles appellent toutes les nations éprises de paix et de liberté à les rejoindre et à s’unir avec elles dans cette lutte. »
(Texte cité dans J.B. Duroselle, Au Bord de l’Abîme – 1939-1945, Imprimerie Nationale, Paris, 1982).

Dans la nuit, Hélène de Portes, qui a repris partiellement connaissance mais est toujours dans un état extrêmement préoccupant, est transférée en ambulance de Tours à Châteauroux puis vers Limoges. Transportée en Wagon Hôpital de Limoges à Toulouse le 15 juin, elle passera quelques jours dans cette dernière ville (ou elle aura l’occasion d’échanger quelques mots avec Paul Reynaud) avant d’être transférée à Sète d’où elle partira pour l’Algérie le 21 juin. Son état s’améliorant quelque peu (mais elle ne pu jamais ni marcher à nouveau ni tenir de conversation excédant la dizaine de minutes) elle passera les derniers mois de sa vie dans la résidence de Paul Reynaud à Alger, ou elle décèdera le 11 janvier 1941.

14 juin :
À l’aube les forces de police se présentent à Bordeaux pour arrêter MM. Bergery, Bonnet, Déat, Doriot et Laval. Prévenu par Vladimir Sokolovsky, un de ses amis au 2ème Bureau, Laval réussit à échapper à l’arrestation, tout comme Doriot. Déat est introuvable à l’adresse indiquée (qui se révèle fausse). Seuls Bonnet et Bergery sont arrêtés. Dans la matinée, Pétain, prostré de puis la veille, est transféré en compagnie du docteur Bergeret en avion de Chateauroux à Blida. Le journal l’Action Française est interdit à la suite de son numéro du 13 juin (mais connu seulement dans la nuit du 13 au 14) dénonçant « un complot Juif et Maçonnique au gouvernement ». Ce même numéro porte en couverture un caricature où Mandel, décrit sous les traits du Juif Suss fuit le regard de Clemenceau avec la légende « après le Tigre, la Hyène ».
Le Comité de Guerre, rebaptisé Comité de Défense Nationale pour inclure les éléments économiques, tient une nouvelle séance. Elle est marquée entre autres par la décision concernant les « combattants espagnols » qui seront intégrés à leur demande dans la Légion Étrangère.
Le Comité décide l’envoi au Général Noguès du câble suivant « Veuillez organiser, de concert avec les forces britanniques, toutes mesures offensives et défensives nécessaires et visant à garantir la sécurité du transfert des forces en AFN et la réduction des territoires africains sous contrôle de l’ennemi ».

Avant de partir pour Toulouse, Paul Reynaud informe le Président Lebrun d’une nouvelle modification de la composition du gouvernement avec l’entrée d’Henry de Kérilis (colonies) qui remplace Rollin, de Pierre Mendès-France (sous-secrétaire d’État à l’économie) et de Pierre Cot (approvisionnements militaires) qui remplace Jules Meny.

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Composition du gouvernement au 14 juin
Président du conseil : Paul Reynaud (AD) (Ministre des Finances et Ministre des Affaires Étrangères)

* Vice-présidents du conseil
o Léon Blum (SFIO)
o Georges Mandel (Ministre de l’Intérieur)

* Ministres :
o Ministre de la Défense Nationale et de la guerre : Charles de Gaulle
o Ministre des Armements : Raoul Dautry
o Ministre du Travail : Jules Moch (SFIO)
o Ministre de la Justice : Albert Sérol (SFIO)
o Ministre de la Marine militaire : César Campinchi (PRS)
o Ministre de la Marine marchande : Alphonse Rio (USR)
o Ministre de l'Air : Laurent Eynac (PRS)
o Ministre de l'Éducation nationale : Yvon Delbos (PRS)
o Ministre des Anciens combattants et des pensions : Albert Rivière (SFIO)
o Ministre de l'Agriculture : Paul Thellier (AD)
o Ministre du Ravitaillement : Henri Queuille (PRS)
o Ministre des Colonies : Henry de Kerilis
o Ministre des Travaux publics : Ludovic-Oscar Frossard (USR)
o Ministre de la Santé publique et de la Famille Française : Georges Pernot (FR).
o Ministre des Postes, Télégraphe, Téléphone et Transmissions : Alfred Jules-Julien (PRS)
o Ministre de l'Information : Jean Zay (SFIO)
o Ministre du Commerce et de l'Industrie : Albert Chichery (PRS)
o Ministre du Blocus : Georges Monnet (SFIO)
o Ministres d'État: Louis Marin (FR)

* Sous-secrétaire d'État
o Sous-secrétaire d'État à la vice présidence du Conseil : Robert Schuman (PDP)
o Sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale : Philippe Serre (PDP)
o Sous-secrétaire d'État aux Travaux Publics : André Février (SFIO)
o Sous-secrétaire d'État aux Affaires Etrangères : Roland de Margerie
o Sous-secrétaire d'État à l’Économie : Pierre Mendès-France
o Sous-secrétaire d'État aux Approvisionnements Militaires : Pierre Cot

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En fin de matinée, escorté par une escadrille d’Hurricane, l’avion de Dudley Pound se pose à Chateauroux-Deols. Le Premier Lord de l’Amirauté est conduit à la mairie où il rencontre l’amiral François Darlan. Au bout d’une réunion de 2 heures en présence de Sir Alexander Cadogan et de de Margerie, « semblable à la négociation d’un contrat de mariage par devant notaire » (J. Lacouture, De Gaulle, T-II, op.cit.), le protocole de coopération entre la Marine Nationale et la Royal Navy est signé. Il inclut l’engagement britannique d’envoyer en méditerranée « dès qu’il sera opérationnel » le porte-avions « Illustrious » et l’engagement français de mettre à disposition de la Home Fleet une escadre constituée autour du Richelieu dès que le cuirassé sera lui aussi opérationnel.

À midi, c’est au tour du Général de Gaulle de s’exprimer à la radio (voir annexe). L’appel lancé sera rediffusé plusieurs fois en même temps que les appels diffusés la veille par Reynaud, Blum et Mandel.
Le Progrès de Lyon publie un éditorial co-signé par Herriot et Jeanneney et appelant tous les démocrates et patriotes à soutenir de toutes leurs forces « l’œuvre magnifique de redressement entreprise par le nouveau gouvernement Reynaud ». La Dépêche de Toulouse publie in extenso le décret-loi sur la sécurité intérieure, accompagné d’un article de Georges Mandel titré « Se Battre ! ».

Dans l’après-midi, les forces allemandes pénètrent dans paris et leurs avant-gardes se heurtent durement au Groupement de Lattre entre Savigny et Bretigny sur Orge.

Rentré à Londres, après avoir présenté au Conseil des Ministres les résultats du Conseil suprême interallié du 13 juin, Churchill fait une déclaration à la BBC dont les principaux points sont :
« The French Government has taken the incredibly painful decision to fight to the finish and leave its home country to Algiers with an admirable fortitude. This has been decided with the cold and strong resolution not to let Britain alone whatever the price. We will never forget.
Whatever the course of the land war in France, French armed forces will go on fighting from North Africa and the French Empire.

France is still alive and will rebound with time. France is now led by leaders of the utmost will and competency. Even if Mr. Hitler’s hordes are to reach Mediterranean shores they will pay such a price they will never enjoy their temporary success.
Italy too will pay for its treacherous aggression as French and Commonwealth forces are to let Mr. Mussolini’s army and navy no place safe.

Our both countries have reached the conclusion that there will be no peace till German and Italian dictatorships are not to be brought down for one and ever. We will fight together on land, over the sea and in the air as never two old European nations have fought side by side. (…)

I can promise nothing but blood, sweat and tears, but in the end Victory. »

En fin de journée, de Margerie, replié lui aussi sur Toulouse, est prévenu par Noguès (relayé par de Gaulle) que le gouvernement espagnol vient d’annexer Tanger, au mépris du statut international de la ville. Le câble de Noguès signale « suis prêt à prendre toutes mesures pour détruire préventivement éléments militaires au Maroc espagnol ». Soucieux de ne pas précipiter une crise avec l’Espagne, il fait transmettre au résident général, après avoir montré le contenu de son message à Reynaud « Prenez toutes mesures nécessaires pour assurer la sécurité du Maroc en évitant les mouvements agressifs. »
Un message diplomatique sera transmis au gouvernement espagnol dans la nuit, suivi d’une note tout aussi ferme de la part du gouvernement britannique. Ces deux messages, ainsi que l’action de l’ambassadeur britannique à Madrid aboutiront dans la seconde partie du mois de juin au « modus vivendi » qui devait régler les relations entre la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne jusqu’en 1943.
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Aoû 03, 2007 06:12    Sujet du message: Répondre en citant

il faut reprendre le passage de CF sur l'arrestation de petain avec le 2 flics qui font partie d'une loge Wink
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Cornelis



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MessagePosté le: Ven Aoû 03, 2007 11:15    Sujet du message: Répondre en citant

Magnifique !

On en regrette encore plus la réalité...

Mais je m'interroge : quand Weygand a-t-il été créé maréchal de France ? Ce n'est pas dans l'OTL et même dans la FTL faire maréchal le chef d'une armée en décapilotade, bof bof.
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Fantasque



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MessagePosté le: Ven Aoû 03, 2007 12:10    Sujet du message: Répondre en citant

Le Maréchalat de Weygand est une erreur de ma part.

Amitiés
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Fantasque
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Archibald



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MessagePosté le: Dim Aoû 05, 2007 11:50    Sujet du message: Répondre en citant

Epoustouflant! Tient, je vais me renseigner de suite sur Helene de Portes...
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kiarg



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MessagePosté le: Dim Aoû 05, 2007 23:34    Sujet du message: Répondre en citant

J'aurai une quéstion La vielle garde a part pétain et weygrand suit le gouvernement en Algérie? (requin,pretelat,noges,garchery,laure,condé,georges,doumenc,dufieu,fournier,nollet,fayolle)
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Archibald



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MessagePosté le: Lun Aoû 06, 2007 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

Vu la nouvelle version du "turning point" c'est peu probable. L'arrestation de Petain a provoqué un vrai séisme, donc la vieille garde restera surement en France, avec Laval et les autres cacochymes...
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clausewitz



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MessagePosté le: Lun Aoû 06, 2007 16:33    Sujet du message: Répondre en citant

En même temps avant guerre, Petain était vu par la gauche comme le seul général républicain et on connait la suite
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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 13:11    Sujet du message: Répondre en citant

Je me demande quelles peuvent être les réactions allemandes et italiennes au nouveau POD ... même si évidemment il faut se placer de leur point de vue.

Les Italiens vont assister à des attaques assez rapides au-dessus de la Sardaigne, peuvent-ils réagir ?
Vont-ils tenter de renforcer la Libye, étant donné que les allocutions des dirigeants français annoncent que la lutte va continuer à y compris à partir de l'AfN ?

Les Allemands assistent à un décrochage du GA2 (et globalement à un raidissement de la situation), alors que jusqu'à présent il restait en place, malgré la situation au nord. Evidemment, il se produit alors que les PzK sont en train de percer pour enfermer le GA2. Vont-ils donner un coup de collier pour fermer la nasse ? Vont-ils tenter un coup de force via la Suisse (ne serait-ce que passer histoire de disposer d'une deuxième pince pour l'encerclement) ?
Ils savent d'ores et déjà que la France va se replier en AfN. Que vont-ils tenter en direction de Franco ? Vont-ils pousser les Italiens à tenter une action navale ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

N'oublions pas que le nouveau PoD n'est en avance que de quelques jours sur l'ancien. Du point de vue allemand, la seule différence entre les deux PoD est une résistance différemment organisée trois ou quatre jours plus tôt.
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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 14:02    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Le passage par la Suisse...

En juin 1940, les Allemands n'avaient pas de plan "prêt à l'emploi" pour envahir la Suisse. Ils ne l'ont préparé qu'après juin 1940, A Hitler étant très mécontent du fait que ses armées n'aient pas réussi à encercler complètement le territoire helvétique. Il n'a jamais eu à être mis en oeuvre, la Suisse se pliant à toutes les demandes allemandes pour se transformer en "camp de prisonniers volontaires se gardant eux-mêmes".

En OTL, la "pince" a été réalisée suite au franchissement du Rhin par 3 divisions allemandes les 15 et 16 juin. Ce franchissement avait été facilité par l'évacuation de la plupart des troupes françaises qui se trouvaient le long du Rhin quelques jours plus tôt. Dans la FTL, la volonté de résister peut se traduire par un échec de ce franchissement. Ce serait une victoire 'pour l'honneur" car rien ne pourra empêcher la remontée des Allemands le llong de la vallée du Doubs et le bouclage par le sud.

Bien amicalement
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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 14:21    Sujet du message: Différences (minimes) et Casablanca... Répondre en citant

La différence va être minime.

Matériellement l'Armée Italienne ne peut pas bouger avant le 21 juin (en fait les généraux auraient même voulu attendre le 25. Mussolini leur force la main car il sent que l'armistice est proche. Ici il est possible que les généraux obtiennent de retarder l'attaque dans les Alpes et à Menton jusqu'au 25 juin).

Pour la Sardaigne, si la Marine Française est présente (avec la RN en appui) la RM ne prendra aucun risque. Donc, pas de transport de matériel possible.
Si les bombardements sur Tripoli et Benghazi commencent dès le 19 ou le 20 juin comme prévu, alors l'idée de transporter des renforts en Afrique du Nord Italienne devient plus que risquée. rappelez vous l'OdB de la RA au 10 juin 40 et n'oubliez pas que les Macchi MC.200 sont indisponibles jusqu'à début août.

En vérité, Mussolini a eu historiquement beaucoup de chance car son attaque est très risquée avec une armée et une aviation qui ne sont absolument pas prètes au combat.

Pour les Allemands, il est possible que sentant la résistance se raidir les généraux soient moins enclin à lancer leurs unités très en avant. Historiquement la prise de risque des allemands à partir du 17 juin s'explique par le fait qu'ils escomptent que les forces françaises ne se battront plus ou très mollement.

Pour Franco, déjà pas très chaud dans une situation plus favorable, après un avertissement en bonne et due forme des britanniques et des Français sur la question de Tanger (et avec Washington en remettant une couche) il se tiendra tranquile pour toutes les raisons déjà évoquées. Une petite fuite organisée dans la presse neutre (US?) indiquant qu'il a fallu retenir Noguès par les manches avant qu'il ne tombe à bras raccourcis sur le Maroc Espagnol pourrait aussi aider.

(Pour Casus: j'y vois un beau sujet de coloriage...un journaliste américain à casablanca, abordé dans un bar par un officier français qui, entre deux verres et un peu de piano -play it again, Sam...- lui dis désabusé qu'il a fallu que Reynaud et de Gaulle calment son patron, et que c'est bien dommage, parce que Franco, on aurait pu lui montrer de quel bois on se chauffe, etc..
Bref, le journaliste cable à NY un petit article "Was French Army ready to Invade Spanish Morocco? French military authorities outraged by Spanish gamble over Tangier...". Petit Scandale. Protestation du gouvernement espagnol. Communiqué du gvt Français "nous n'avons aucune intention d'envahir le Maroc espagnol tant que l'Espagne respect scrupuleusement les obligations d'un pays neutre...", sanction pour la forme contre l'officier bavard qui se retrouve envoyé préparer l'invasion de Rhodes et du Dodécanèse et le journaliste comprend, un peu plus tard, qu'il a été gentiment manipulé par le 2ème bureau...
Bref, on a fait un film pour moins que celà...)

F
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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 15:03    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Casus:

je viens de vérifier que le pauvre Bill Clifton est en France le 22/06.

Il pourrait bien être arrivé via Casablanca le 15/06 avant de trouver un avion le conduisant à Oran et de là vers Marseille.
Disons qu'il traine (en bon journaliste...) dans les bars de Casablanca le 16 au soir....

Il se pourrait qu'il retrouve en Corse en 41 son interlocuteur de Casablanca...

Bref, Play it again Casus...
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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 15:54    Sujet du message: Répondre en citant

dak69 a écrit:
Bonjour

Le passage par la Suisse...

En juin 1940, les Allemands n'avaient pas de plan "prêt à l'emploi" pour envahir la Suisse. Ils ne l'ont préparé qu'après juin 1940, A Hitler étant très mécontent du fait que ses armées n'aient pas réussi à encercler complètement le territoire helvétique. Il n'a jamais eu à être mis en oeuvre, la Suisse se pliant à toutes les demandes allemandes pour se transformer en "camp de prisonniers volontaires se gardant eux-mêmes".
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Tres interessant... un autre site envisageant une issue différente a 1940 Very Happy envisage precisement cette hypothese.

http://atf40.forumculture.net/Et-si-c2/Et-si-la-percee-des-Ardennes-n-avait-pas-abouti-a-la-defaite-Francaise-c5/Un-miracle-de-1940-mais-ou-f24/
France-40-la-Victoire-en-revant-t327-30.htm

Dans ce scenario, Gamelin se viande dans un escalier de son PC de Vincennes le 18/03 / 1940.
consequence : une cascade de changement dans l'etat major, et l'introduction en masse des brillants généraux de la France libre (De Gaulle, de Lattre, Leclerc...)

Resultat : le coup de faux par les ardennes de Von Manstein est eventé mi-avril, et un renforcement de l'armée a Sedan en cours.
Hitler desespere lance son plan B : "on passera par la suisse!"

Les choses en sont la, l'auteur est en vacances. Apparement la France va gagner, mais au prix fort, comme en 14 sur la Marne en fait.
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dak69



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MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 16:47    Sujet du message: Répondre en citant

Dans les plans allemands pour envahir la Suisse après juin 1940, une (grande) partie des forces devaient attaquer à partir du territoire français occupé, en traversant le Jura dans le sens le plus facile.

Pour "tomber" sur la France depuis l'Allemagne en traversant la Suisse, la manoeuvre n'est pas simple. Les Suisses vont défendre leur territoire, le terrain est soit accidenté, soit nécessite de gros détours, et les sorties intéressantes vers la France ne sont pas nombreuses. L'état-major allemand avait étudié cette solution avant la guerre, pour contourner la ligne Maginot par le sud, et était arrivé à la conclusion qu'elle ne mènerait pas bien loin.

Mais, dans le cadre de la désinformation, tout avait été mis en oeuvre pour faire croire que ce passage par la Suisse aurait lieu (mouvements de troupe vers le sud de l'Allemagne...) ! Les Suisses en tout cas s'y attendaient (et comptaient sur l'aide de la France en cas d'attaque), jusqu'à ce qu'ils se rendent compte vers le 10 juin 40 que les Allemands pourraient les attaquer depuis la France suite à l'effondrement de l'armée française.
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