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Des sous-marins aux champs - Grand Feuilleton par dak69
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2007 09:19    Sujet du message: Répondre en citant

Episode 24

Mercredi 24 mars – Des Allemands obstinés


Le 24, en fin d’après-midi, l’ampleur des dégâts était plus exactement mesurée du côté allemand. La matinée s’était passée avant tout à gérer les urgences, mais, en début de soirée, un plan pour les jours suivants avait été ébauché, même s’il ne satisfaisait pas P.E. Cremer :
« La journée avait été horrible, et une mauvaise nouvelle chassait l’autre. Entre les exigences des démineurs, qui étaient prioritaires, celles du Génie, qui étaient urgentes, celles de la Marine, qui étaient vitales, et celles des civils, qui étaient inquiétantes si d’aventure l’adjoint du Gauleiter revenait, il fallut trancher rapidement. Vers 17 heures, tout le monde se retrouva pour faire le point de la journée et préparer la suite.
Les démineurs prirent la parole en premier :
– Nous avons neutralisé les deux bombes non explosées qui se trouvaient à quelques mètres du canal, ainsi que celle qui émergeait de la vase d’un bief qui s’était vidé après la rupture de son écluse aval. Mais il y en a sans doute d’autres dans des secteurs toujours en eau. Comment allons-nous continuer ?
La réponse n’était pas simple. Le plus commode était de vider les biefs concernés, mais cela risquait d’inonder encore davantage les abords, et surtout de vider une portion énorme du canal de son eau, ce qui, avec la perte de l’alimentation à cause du raid du samedi, n’était pas envisageable.
Au tour du lieutenant du Génie :
– La bonne nouvelle, si on peut dire, c’est qu’il n’y a rien d’irréparable. Là où la berge s’est effondrée, il est possible de la renforcer avec des palplanches, puis accumuler et compacter de la terre derrière. Pour les écluses, on est dans la même situation que plus en amont. Au lieu d’en reconstruire une ou deux, on en reconstruira six ou sept, et au lieu de remplacer quelques portes, on en remplacera deux dizaines. Pour ce qui est des mauvaises nouvelles, la liste est par contre longue. Le premier problème va être d’arriver à travailler assez vite. Si on mettait tout le canal à sec, ce serait sans doute plus facile. Le deuxième, c’est celui de la main d’œuvre. Il va falloir des terrassiers et des maçons, qu’on va devoir aller chercher chez les civils, et sans doute loin, car on ne pourra pas réquisitionner grand monde dans le coin, tous les jeunes ayant été envoyés à l’Arbeitsdienst [STO]. Et je ne veux pas que le Gauleiter m’envoie des prisonniers polonais ou des malheureux du camp de Schirmeck, avec les SS qui vont avec ! Trop d’ennuis par rapport au bénéfice ! Enfin, il va falloir évacuer les épaves. Impossible d’amener des grues lourdes, les berges ne résisteraient pas.
Je partageais son point de vue sur l’emploi des prisonniers, ils n’avaient rien à faire ici.
– Pour les grues, on verra avec le chantier naval. L’Ingénieur Fleischmann est arrivé de Toulon et il va nous rejoindre dans quelques minutes, il est en train de se faire expliquer ce qui s’est passé. Dites-moi, vous êtes le deuxième à vouloir vider le canal. Comment ferez-vous pour cela sans aggraver la situation, et comment le remplirez-vous à nouveau ? Ah, Herr Fleischmann, vous tombez juste au bon moment ! Qu’en pensez-vous ?
– Je ne peux pas vous en dire plus que ce que vous savez déjà, tant que je ne pourrai pas accéder aux sous-marins.
– Ne me dites pas que vous aussi voudriez qu’ils soient accessibles à pied ?
– Mais oui, Herr Kapitänenleutnant…
Le lieutenant du Génie reprit la parole.
– Pour vider proprement le canal, ce n’est pas un problème. On laissera l’eau s’écouler assez lentement bief par bief, jusqu’à ce qu’elle se vide dans la Largue par les brèches du pont-canal. Et pour remplir le canal à nouveau, il y a une solution si les bassins d’alimentation ne sont pas pleins. De ce côté là, nous allons refaire la maçonnerie et réinstaller des vannes.
– Et tout cela va durer combien de temps ?
– Trop tôt pour le dire aujourd’hui. Tout dépendra du nombre d’ouvriers. Au moins un mois, plus probablement deux.
– Bien, Messieurs. Donc, on vide le canal dès maintenant. Ensuite, les démineurs agissent. Demain soir, je veux que les bombes non explosées soient évacuées, pour que les civils que j’ai eus sur le dos toute la journée puissent rentrer chez eux. Ensuite, la Luftwaffe installe ses canons correctement, même s’il y a peu de chances que ces fous de Français reviennent. Vendredi, Herr Fleischmann et moi-même irons voir les bateaux de près. Et je veux que tous les poissons morts qui commencent à sentir mauvais aient disparu quand je passerai ! Ensuite, priorité à la réparation des premiers dégâts pour reconstituer le stock d’eau. Pendant ce temps, dégagement des épaves en les découpant au chalumeau s’il le faut, et, après, réparation du canal dans la zone bombardée. »
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patzekiller



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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2007 10:02    Sujet du message: Répondre en citant

question qui m'evitera de remonter les 24 episodes, y'avait pas une charges avec des detonateurs 24h? plus en aval je crois? je ne me souviens pas de l'avoir vu sauter?
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Finen



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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2007 10:25    Sujet du message: Répondre en citant

Ce ne sont pas celles du pont canal?
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dak69



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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2007 10:32    Sujet du message: Répondre en citant

Les charges avec retard de 24 h ont été posées par le commando le 19 mars. Elles explosent le 20 mars peu avant les charges posés par le commando la même nuit du 20 mars (ce sont leurs explosions qui réveillent Cremer et ses marins). Le bombardement aérien a lieu aux petites heures du 23.

Les charges du pont canal explosent aussi le 20 mars, "fortuitement"

Bien amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2007 19:48    Sujet du message: Répondre en citant

Episode 25 et 26

Samedi 27 mars – Efficacité germanique (bis)


Le 27, même s’il ne digérait pas la perte de la moitié de sa flotte, P.E. Cremer ne pouvait que se féliciter de la rapidité avec laquelle la Wehrmacht avait repris le dessus, au moins moralement, après les événements de la semaine écoulée :
« Le Génie montra à cette occasion toutes ses capacités. Avec l’aide d’entreprises civiles réquisitionnées dès lundi, la reconstruction des écluses détruites par le commando avança rapidement. D’ailleurs, à part pendant l’attaque aérienne, le travail ne s’était jamais arrêté ! Le manque de ciment, que l’on craignit à un moment, fut rapidement oublié, la cimenterie d’Altkirch, qui ne tournait plus qu’au ralenti depuis 1941 par manque de charbon, ayant été approvisionnée. Plutôt que de reconstruire les vannes des bassins-réservoirs à l’identique, le Génie récupéra tout ce qui se trouvait dans le dépôt du Canal à Mulhouse et se mit à refaire une maçonnerie neuve adaptée à ce qu’il avait récupéré. « Un vrai bricolage digne des Français, mais avec le sérieux allemand ! » me dirent-ils. Le 10 avril au plus tard, toute cette partie serait terminée. Et comme il s’était mis à pleuvoir à verse, je ne m’inquiétai pas du remplissage ultérieur du canal.
En ce qui concernait le pont-canal, il fut décidé de reconstruire deux piles en béton à la place de celles qui étaient effondrées et de raccorder une espèce de goulotte en béton armé aux extrémités intactes du pont-canal. L’inspecteur de la navigation s’était chargé de faire évacuer les déblais par un entrepreneur du coin, et je l’en remerciai. J’ignorais qu’il continuait ainsi à faire disparaître des preuves !
Pour la partie bombardée, la main d’œuvre était attendue le lundi. Beaucoup de terrassement d’abord (cratères à combler, berges à consolider, évacuation de la terre tombée dans le canal), puis reconstruction des écluses comme en amont. Les portes étant toutes du même modèle, leur fabrication était en cours à Mulhouse.
Restait ce qui était le plus important pour moi : les sous-marins. Sept d’entre eux étaient brisés, je les oubliai. Mais c’étaient sur ceux qui étaient endommagés que le débat fut le plus vif avec l’Ingénieur Fleischmann. Pour quelques-uns, nous étions d’accord : vu l’ampleur des dégâts, ils étaient perdus, il était inimaginable de monter un chantier naval sur place. Pour d’autres, que j’estimais intacts, il me démontra, mètre et plans à la main, qu’ils nécessiteraient de très grosses réparations à cause de la déformation ou de l’affaiblissement des cloisons résistantes à la pression ou d’autres structures internes, même s’ils pouvaient poursuivre leur voyage sur le canal. Le bilan final fut donc de sept bateaux brisés, six réparables en théorie, mais intransportables, et six qui nécessiteraient une reconstruction partielle dans un chantier spécialisé. Il ne me restait donc que huit baleines absolument indemnes, dont celles qui avaient échappé au bombardement. En ce qui concernait les remorqueurs, la situation était moins dramatique : deux étaient perdus, la coque éventrée, mais les autres, une fois évacuée toute l’eau qu’ils avaient embarquée, devraient être capables de repartir. Je disposerais donc de 13 remorqueurs pour 14 sous-marins (huit intacts et six endommagés), ce qui me faciliterait la vie, mais c’était maigre comme réconfort.
Ce samedi 27, j’invitai les officiers du Génie et de la Luftwaffe à dîner avec les miens à l’auberge à la tête de cerf. Dieter Thunau, confirmé dans son rôle d’officier de liaison entre la Heer et la Marine, était aussi avec nous. Le patron avait l’air un peu nerveux, il m’expliqua que c’était dû à la fatigue liée au surcroît d’activité depuis une semaine, avec tous les militaires à servir. La conversation porta tout naturellement sur la durée de notre “séjour”. Le Riesling aidant, tout le monde était optimiste : on parlait du 15 mai, du 1er juin au pire. A toutes fins utiles, j’avais fait préparer par Franz Klein des instructions détaillées pour les quatre baleines qui se trouvaient avant la coupure de Dannemarie et leurs deux remorqueurs, afin qu’ils retournent à Strasbourg et rejoignent Chalon par un autre itinéraire, bien plus long. Si nous repartions assez tôt, ils finiraient le voyage avec nous.
Dieter Thunau nous raconta les découvertes faites le long des travaux de la Rigole, hélas macabres pour la plupart, au point qu’il était sérieusement question d’aménager un cimetière pour donner une sépulture décente aux soldats des deux camps de la guerre précédente, dont les restes étaient retrouvés chaque jour. Visiblement bien informé, il nous expliqua aussi que l’appel à la délation lancé par le Gauleiter n’avait rien donné, hormis quelques vengeances de voisinage sans intérêt. Pour lui, ceux qui avaient fait sauter le canal n’avaient pas fait leurs préparatifs côté alsacien, mais dans le Territoire de Belfort, ne passant en Alsace que pour commettre leur sabotage, profitant ainsi du manque d’unité entre les administrations, civiles ou militaires, d’Alsace et de France occupée. Je me rappelai les paroles du colonel de Belfort, qui répétait qu’il n’agirait jamais en territoire alsacien. Quoi qu’il en fût, le Gauleiter Wagner était paraît-il furieux et les Alsaciens n’allaient pas tarder à s’en apercevoir. Je me dis que plus vite nous serions partis, mieux cela vaudrait. »


Dimanche 28 mars – Printemps…

Le 28, premier dimanche de printemps, Georges Hartmann prit le train pour Dannemarie avec son épouse et leur petit garçon. Il allait bien sûr voir son frère pour une innocente réunion de famille.
En raison de l’affluence militaire des derniers jours, Alphonse avait dû embaucher du personnel supplémentaire, et il fut plusieurs fois interrompu pendant le déjeuner pour régler des problèmes à la cuisine ou dans le service. Ce n’est que vers 16 heures qu’il put prendre son frère à part pour lui parler des derniers événements : « Je n’ai pas beaucoup de temps, je vais à l’essentiel. Hier soir, j’avais des officiers allemands et j’ai pu saisir quelques mots. Pour notre pont, officiellement, c’est un accident, même si je suis persuadé qu’au moins une de nos charges a explosé. Avec la dérouillée qu’ils ont ramassée à Valdieu alors qu’ils regardaient tous ailleurs, puis le bombardement, je suppose que ça les arrange bien. A part ça, ils sont coincés là jusqu’à la fin mai… » Il ne put en dire plus, étant à nouveau appelé dans la salle.
Les deux familles se quittèrent vers 18 heures, sans avoir reparlé de la guerre, ou presque. Le seul épisode évoqué fut celui de l’alerte aérienne qui avait retenti à Mulhouse le mardi. Herr Doktor Graunitz s’était précipité dans l’abri anti-aérien dès le premier coup de sirène, ce qui lui avait valu des remarques ironiques de la part de ses collègues allemands, trouvant son comportement « inattendu de la part d’un héros de Tannenberg ». Il répliqua qu’il s’y était rendu le premier « pour vérifier la manière dont l’installation des malades dans l’abri se ferait », ce que les autres firent semblant de croire… Trop d’oreilles allemandes traînaient par là pour que des questions plus délicates soient abordées, les différences entre l’Alsacien et le Hochdeutsch n’assurant pas une discrétion suffisante.
En descendant du train à Mulhouse, Georges fut surpris par la présence en nombre des différentes forces de police du Reich, à commencer par celle dont les membres portaient de longs manteaux de cuir. Il eut le plus grand mal à cacher son inquiétude à sa femme.

Pour le commando de Michel Fabre, ce dimanche marqua la fin du bûcheronnage, même si les huit hommes conservèrent haches et cognées pour se rendre à Saint-Claude le lendemain 29. Ces outils évitaient toute question sur leur profession et suffisaient à expliquer leur présence dans ces contrées de forêts. A Saint-Claude, ils abandonnèrent leurs haches et se répartirent par deux ou trois dans le tortillard qui allait à Lyon-Perrache, où ils firent escale dans le même hôtel que quinze jours plus tôt. De là, ils devaient partir pour Carcassonne, où une nouvelle mission les attendait, car ils étaient en France, ils y restaient ! Le Chef Martinez se réjouissait de revoir son pays, mais Pierre Bilger (dont la promotion au grade de sergent avait été confirmée) et François Sifert étaient désormais priés de ne plus parler qu’en français, en faisant de surcroît attention à leur accent. Mais alors que le commando s’éloignait, le bâton s’abattait sur la région de ses premiers exploits.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Avr 18, 2007 10:35    Sujet du message: Répondre en citant

Episode 27 et 28

Lundi 29 mars, lundi 5 avril : le bâton


Le cauchemar des habitants du canton de Dannemarie et de la vallée de la Largue commença à six heures du matin le 29 mars, quand les maires des villages, pourtant désignés pour leur sympathie voire leur allégeance au régime nazi furent réveillés sans ménagement par la Gestapo. La note signée du Gauleiter qui leur fut remise énonçait le menu des réjouissances :
« Tous les déplacements en dehors de ceux nécessaires pour le travail sont désormais interdits aux habitants du canton de Dannemarie et à ceux de la vallée de la Largue. En cas d’urgence, exclusivement de nature médicale ou liée au décès d’un membre de la famille, un Ausweis valable pour un seul voyage sera délivré par les autorités de police.
Chaque homme ou femme dont le travail se situe en dehors de la commune de son domicile devra faire établir un Ausweis par la mairie, contresigné par celle de la mairie de son lieu de travail. Les personnes dont le travail les conduit à se déplacer à plusieurs endroits (médecins, employés des transports…) feront établir leur Ausweis par les autorités de police. »
Mais le pire figurait au bas de la note :
« Toutes les familles dont un membre ( père, mère, frère, sœur, cousin…) se trouve actuellement en dehors du territoire du Reich ou de ses alliés se voient déchues de la nationalité allemande pour 5 ans. Il en est de même pour toutes celles dont un membre est actuellement interné au camp de réhabilitation par le travail de Schirmeck. Toutes ces personnes disposent de 48 heures pour faire leurs bagages, limités à 30 kg par individu. Elles devront abandonner toutes leurs autres possessions, qui reviennent au Reich, et seront déplacées en Saxe et en Silésie, où elles auront la possibilité de retrouver leur honneur de citoyen du Reich en œuvrant à la mise en valeur de ces régions. Les maires sont chargés de l’application de cette disposition et tenus pour personnellement responsables en cas de manquement.
Heil Hitler !
Robert Wagner, Gauleiter »
Pendant ce temps, la troupe verrouillait les routes et les chemins menant à chaque village concerné, où les trains, quand il y avait une gare, ne s’arrêtaient plus. Les personnes habitant à l’extérieur de la zone bouclée et qui tentaient d’y pénétrer furent refoulées. Toute possibilité d’évasion vers la Suisse était interdite et seules quelques familles des villages frontaliers parvinrent à s’échapper. Le bâton s’était abattu lourdement, et Wagner avait encore quelques coups en réserve, destinés cette fois-ci à l’ensemble des Alsaciens.
Deux jours plus tard, le mercredi 31 mars, plusieurs trains partirent des gares de Dannemarie et d’Altkirch vers les contrées brumeuses situées aux confins de la Pologne. La solidarité villageoise joua cependant, dans une certaine mesure. Lorsque ces familles (ou du moins leurs membres survivants) revinrent après avoir été libérées par l’Armée Rouge (à qui elles avaient eu bien du mal à expliquer leur situation), elles retrouvèrent intacts la plupart des biens qu’elles avaient laissés derrière elles. La plupart, car leur bétail et leurs volailles étaient morts pendant leur absence, à la suite d’une épizootie qui avaient épargné les animaux des familles qui n’avaient pas été déplacées…
Les mesures du Gauleiter ne firent pas l’affaire de Peter Cremer.
« Le lundi 28 mars au matin, tout le chantier de remise en état du canal se retrouva plus ou moins paralysé. Les dispositions du Gauleiter empêchaient les ouvriers civils de venir travailler, et les matériaux, notamment le ciment et le sable, de nous arriver. Pourtant, les Alliés ne nous gênaient guère : depuis le passage d’un avion de reconnaissance quelques heures après le bombardement, aucun appareil ennemi ne survolait plus le canal et les seules alertes résultaient d’erreurs d’identification.
Le Génie protesta par la voie hiérarchique contre la gêne apportée à ses travaux et une note extrêmement sèche fut adressée au Gauleiter par le Général Tscherning, de Strasbourg. Le Gauleiter, sans doute fort de ses relations personnelles avec le Führer, eut l’aplomb de répondre que l’Armée n’avait qu’à assumer les conséquences de ses propres manquements. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que le général en question ait pris part au mouvement anti-hitlérien qui commençait à naître dans l’Armée, et ce malgré sa mise à la retraite en juillet.
Ce n’est qu’en fin de semaine que le travail reprit à peu près normalement, mais les nouvelles restrictions apportées à la circulation la semaine suivante nous causèrent à nouveau des ennuis. »

En effet, le lundi 5 avril, une nouvelle proclamation du Gauleiter fut affichée, cette fois-ci dans l’ensemble de l’Alsace :
« Alsaciens !
Pour votre sécurité, les déplacements en dehors de la commune du domicile sont désormais limités à ceux strictement nécessaires à l’activité économique de production, aux besoins médicaux et aux relations avec la famille proche. Un Ausweis devra être présenté à toute réquisition des autorités de police, ce document précisant, en fonction de la situation de chacun, quels sont les déplacements qui lui sont autorisés. Il appartiendra aux mairies et aux autorités de police de délivrer ces Ausweis, selon des modalités précises qui leur ont été communiquées. Ces dispositions annulent celles, plus restrictives, pouvant avoir été prises dans certaines localités.
Ces mesures ne s’appliquent pas aux personnes nées dans le territoire du Reich avant le 1er septembre 1939, pour lesquelles les dispositions actuellement en vigueur continuent à s’appliquer. (…)
Robert Wagner, Gauleiter »
Dès le matin du 5 avril, des queues se mirent à se former et à s’allonger devant les mairies, les anciennes gendarmeries et autres commissariats, les « modalités précises » occupant une trentaine de pages dactylographiées, avec la nécessité d’un recours à « l’autorité supérieure » en cas de difficulté. Ce n’est qu’à la fin de la semaine que Georges Hartmann trouva le temps d’aller chercher son Ausweis, qui lui fut délivré immédiatement pour des déplacements sans restriction, en raison de sa profession de médecin. Graunitz, en tant que citoyen allemand, échappait bien sûr à cette mesure.


10 au 30 avril – Les caprices de la météo

Vers le 10 avril, le temps passa franchement au beau, la température ne tardant pas à atteindre des niveaux habituellement rencontrés en été, et la pluie se fit de plus en plus rare. Les paysans craignaient un été caniculaire, après un hiver doux et peu arrosé. Peter Cremer se désolait : « Le 15 avril, alors que les écluses détruites par le commando étaient enfin réparées (avec une semaine de retard) et que les bassins d’alimentation étaient à nouveau en état à la même date, la pluie cessa tout à fait. Quinze jours plus tôt, nous étions trempés, et maintenant qu’elle nous aurait été utile, l’eau se faisait attendre ! Devant cette situation, j’ordonnai aux bateaux se trouvant avant Dannemarie, qui ne pouvaient d’ailleurs toujours pas nous rejoindre, le pont-canal étant loin d’être complètement réparé, de faire demi-tour et d’aller nous attendre à Chalon. »

Malgré tout, le niveau d’eau montait, mais très lentement, dans les parties remises en état du canal, différents ruisseaux alimentant le bief de partage. Le 24 avril, les troupes du Génie attaquèrent sérieusement la réparation du tronçon endommagé par le bombardement, tout en poursuivant la réfection de la Rigole. Enlever les épaves n’avait pas non plus été facile, malgré la débrouillardise des marins et de l’Ingénieur Fleischmann, raconte Cremer :
« Le premier point à régler était celui du découpage des carcasses des Typ II, qu’il fallait réduire à des morceaux d’au plus quelques tonnes. Trouver les ouvriers pour cela fut paradoxalement moins difficile que pour les terrassiers. Les usines de mécanique de Mulhouse, qui ne tournaient pas à leur capacité normale, nous les fournirent grâce aux réquisitions. Si, au, début, cela alla assez vite, sans doute parce que ces Alsaciens étaient heureux de détruire des fabrications allemandes, le rythme ralentit rapidement. Les récriminations portant sur le travail dans la boue ou les risques d’effondrement des berges étaient peut-être justifiées, mais ils avaient surtout compris que plus ils traînaient, moins cela nous arrangeait. Ensuite, il fallut dégager du canal les tôles découpées. La seule solution simple était de recourir à des grues munies d’électro-aimants, mais pour cela et pour déplacer ces grues le long du canal, il fallait des groupes électrogènes puissants. Nous finîmes par trouver deux grues montées sur rails dans les environs de Mulhouse, qu’il fallut démonter, et pour lesquelles des tronçons de voie ferrée durent être aménagés sur le chemin de halage. Tout cela prit du temps, beaucoup trop de temps. »

Le pont-canal de Dannemarie était maintenant réparé, mais le bief correspondant restait à sec. P.E. Cremer demanda au Génie qu’il soit rempli au plus vite, afin que les deux sous-marins intacts qui reposaient sur le fond du canal puissent repartir dans l’autre sens et aller à Chalon au plus tôt. Le lieutenant du Génie lui demanda « juste quelques jours, le temps d’aller chercher Hercule pour détourner un fleuve. »
Maintenir le moral des marins n’était pas non plus aisé. Faute de mieux, Cremer autorisa des permissions par roulement, espérant toujours pouvoir repartir avant fin mai, le ciel allant finir par apporter à nouveau de la pluie.
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 08:40    Sujet du message: Répondre en citant

Ce post est pour l'instant le dernier de la série, mais Dak69 nous promet du neuf d'ici une petite semaine.
Pour vous occuper, nous retournerons à partir de demain aux Philippines, où il y a du Grandiose (et de l'horrible - ça va souvent ensemble).

Episodes 29, 30 et 31

1er mai au 13 juin – Patience et longueur de temps…


Le samedi 1er mai, le dégagement des épaves se poursuivait, lentement, ainsi que les réparations de la section bombardée. La rigole d’alimentation du canal était de nouveau en service, mais son débit était bien faible face aux besoins. Cremer : « Le problème du niveau d’eau dans le canal restait toujours entier. Il fallait environ 2,30 m et on n’était qu’à 50 ou 60 cm dans la partie réparée, sans même parler de celle qui ne l’était toujours pas. A ce rythme, il faudrait attendre le mois de juillet au mieux pour pouvoir repartir. Le Génie m’avait laissé entrevoir une solution, mais je ne voyais toujours rien venir. »

Le jeudi 6 mai, le lieutenant du Génie était enfin de retour, sans Hercule… Il demanda immédiatement à voir P.E. Cremer :
« Il commença par poser une grosse boule de fromage de Hollande sur la table, en me disant : “Pour améliorer l’ordinaire, de la part de mes collègues de là-bas, grâce à qui on va s’en sortir.” Interloqué, je lui demandai de s’expliquer.
– Comme nous manquons d’eau venant d’en haut, on va utiliser de l’eau venant d’en bas !
– En creusant des puits ? Avec des foreuses de Hollande ?
– Non, on n’aurait jamais eu assez d’eau. Mais en pompant l’eau des rivières voisines du canal. On utilise déjà l’eau de la Largue, dont on ne pourra rien tirer de plus. Mais il nous reste l’Ill et surtout le Doubs !
– Mais il va falloir des kilomètres de tuyaux !
– Pourquoi ? On installe à chaque écluse entre le point haut et le Doubs une pompe que les Hollandais utilisent habituellement pour leurs polders et comme ça, on fait remonter l’eau. Idem du côté de l’Ill.
– Tu es sûr que ça va marcher ? Il y aura assez d’eau dans les rivières ?
– Oui ! En théorie, en 48 heures, on aura rempli les biefs supérieurs du canal. Même si on met une semaine parce qu’on ne peut quand même pas assécher le Doubs, l’affaire est réglée. Et de l’autre côté, il faudra à peu près le même délai pour le bief où les deux sous-marins sont au sec. Et ensuite, quand tout le canal sera réparé, on remplira les parties qu’il a fallu assécher de la même manière.
– Et tes pompes, tu les fais marcher comment ? Tu as aussi amené les moulins à vent ?
– On voit que ça va mieux, tu recommences à plaisanter. Demain matin, un train avec une douzaine de pompes arrive en gare de Dannemarie, où il sera attendu par des camions équipés de groupes électrogènes. Avec ça, on devrait enfin s’en sortir.
Effectivement, le lendemain 7 mai, les pompes arrivèrent. Et le lundi 10, le pompage commençait entre l’Ill et le bief de Dannemarie. Le Génie ne s’était pas trompé, à la fin de la semaine, le niveau d’eau était devenu suffisant sur cette portion du canal. Aucune difficulté administrative ne vint entraver le pompage. Le samedi 15, le Génie déplaça les pompes pour remplir le bief de partage en faisant venir l’eau du Doubs. Au bout d’une nouvelle semaine, la partie bombardée du canal étant désormais réparée, la longue section à sec du côté alsacien, en aval de l’escalier de Valdieu, put elle aussi être mise en eau. En même temps, les sous-marins étaient repositionnés sur leurs cadres, les remorqueurs remis en état et, le 8 juin, nous étions prêts à repartir.
J’avais fait durer les permissions aussi longtemps que possible, et le moral était revenu, même si j’avais perdu la moitié de ma flotte. L’Amiral Doenitz, que j’avais tenu informé presque quotidiennement, me fit savoir que mes efforts avaient été appréciés et qu’il regrettait de ne pas pouvoir se rendre sur place, étant de plus en plus occupé par la conduite de l’ensemble des opérations de la Kriegsmarine. »

Le mardi 9 juin, les sous-marins reprirent lentement leur progression vers la Méditerranée. Mais la quantité d’eau disponible était encore faible, et Montbéliard ne fut atteint que le samedi 13 juin. Il est vrai que P.E. Cremer prenait un maximum de précautions, le matériel ayant souffert du bombardement et de la longue période d’inaction, même si son convoi ne comportait plus que dix sous-marins et onze remorqueurs. Cette fois-ci, la Heer précédait le mouvement, gardant chaque section du canal, écluse ou pont au moins 24 heures à l’avance. Et tous les soirs, le poste émetteur du réseau “Lion de Fer” donnait la position du convoi à Alger.


14 au 24 juin – Enfin la Saône !

Le dimanche 14 juin, Georges Hartmann revint avec sa femme et son fils voir son frère, à Dannemarie. L’auberge était quasiment vide, seuls quelques rares clients alsaciens occupant la salle. La famille Hartmann put converser librement :
– Dis donc, tu as fait des affaires, ces dernières semaines, avec tous ces Allemands !
– Oui et non, ils ont négocié les tarifs, et il a fallu que j’embauche du monde. De plus, ils ont vidé mon stock de Riesling, et j’ai eu un mal fou à en retrouver.
– Toujours à se plaindre, comme les paysans, c’est bien connu dans ta corporation ! Dis moi, pourquoi as-tu eu des problèmes pour acheter du vin ?
– Oh, même pour moi, ce n’est pas très clair. Le vigneron chez qui je l’achetais, à Bennwihr, m’a raconté que ses vignes, qu’il avait pourtant replantées en 1932 et qui donnaient du bon vin, avaient été arrachées sur décision des Allemands pour “amélioration de la qualité” et qu’il était incapable de me vendre quoi que ce soit avant la cuvée 1944. Il a ajouté qu’il était sans ressources, devant, avec ses deux fils, aller travailler dans l’exploitation d’un voisin, dont les vignes n’avaient pas été touchées.
– Et c’est chez le voisin que tu as acheté ton vin ?
– Tu rigoles ? A un membre du Parti ? Quand mon fournisseur habituel sera complètement fauché, ce cher voisin lui rachètera ses vignes à vil prix “pour lui rendre service”. Si la guerre ne s’arrange pas avant, bien sûr… Finalement, j’ai acheté mon Riesling dans un autre village du vignoble. Mais il n’est pas aussi bon. C’est du 1940, une année à oublier !
– Et qu’en disent les clients ?
– Avec toutes les restrictions de circulation, je n’en ai presque plus. Ceux qui restent sont trop copains avec les Nazis, quand ils ne sont pas nazis eux-mêmes, pour que je les apprécie.
– Enfin, nos gros poissons sont quand même restés presque trois mois en rade.
– Oui, et sans leurs pompes, ils y restaient encore au moins aussi longtemps. Les gars de l’Armée de l’Air ont fait un beau boulot…
– Tu as lu le communiqué du Gauleiter ? “Ces Français qui, non contents d’abandonner l’Alsace en juin 1940 en laissant derrière eux des amas de ruines, ont lâchement assassiné des civils alsaciens.” Enfin, on connaît leur musique… Rien à signaler, pour le pont-canal ?
– L’inspecteur de la navigation a toujours déclaré que c’était un accident fortuit quand les Allemands étaient dans les parages. Mais, une fois, alors que nous étions seuls, il m’a dit en alsacien, en me regardant droit dans les yeux, qu’un accident bien pire aurait pu arriver aux inconscients qui avaient fait ça. A bon entendeur… Tu continues toujours à envoyer des renseignements par la Suisse ?
– Oui, mais il ne se passe pas grand-chose à Mulhouse susceptible d’intéresser nos amis.
– Et côté alimentation, ce n’est pas trop dur ?
– On trouve de moins en moins de choses sur les marchés, et tous les patients de l’hôpital se plaignent. Il n’y a que ceux de la campagne qui n’ont pas commencé à maigrir. Quand à Graunitz, il se réjouit ouvertement de la situation !
– Bon, comme chez nous il y a encore à manger, tu ne rentreras pas les mains vides.
Georges Hartmann repartit chez lui en fin d’après-midi. Des œufs, un poulet, un saucisson et des cerises garnissaient le fond de son sac ainsi que celui de son épouse. Comme tout un chacun, il contournait les dernières dispositions prises par le Gauleiter, qui espérait qu’affamés, les Alsaciens allaient se montrer plus souples. Contrôlés à la sortie de la gare, ils ne furent pas inquiétés, le policier municipal les saluant respectueusement d’un « Guten Abend, Herr und Frau Doktor » sans les fouiller.

La semaine suivante, le convoi allemand franchit Besançon. Le passage délicat de l’écluse située à la sortie du tunnel de la Citadelle, dans un tournant serré, prit toute la journée. Puis ce fut Dôle, Saint-Jean de Losne et Verdun sur le Doubs, dernière étape avant Chalon-sur-Saône, qui fut atteint le 24 juin, et aucun événement particulier n’étant venu troubler sa progression, hormis des incidents mineurs et les difficultés liées au manque d’eau à certains endroits. Les pompes étaient retournées en Hollande, une fois Montbéliard passé. Les sous-marins étaient toujours accompagnés par le 5ème Régiment d’Infanterie de remplacement de Mulhouse et par une compagnie de Flak de la Luftwaffe. Et c’était désormais le réseau “Brandy” qui informait Alger de la progression du convoi.


Nemo-III ou pas Nemo-III ?

Du côté allié, à la suite du succès de Nemo-II, l’état-major se posait de sérieuses questions sur une nouvelle opération destinée à détruire les sous-marins survivants. L’appétit venant en mangeant, comme c’est bien connu, le blocage du convoi pendant quelques semaines, qui était l’objectif initial, semblait désormais bien trop modeste, et la destruction de la moitié de la flotte de sous-marins apparaissait comme une première étape, qui appelait la suppression complète. Mais où et comment frapper à nouveau et à quelle opposition fallait-il s’attendre, maintenant que l’effet de surprise n’avait plus aucune chance de jouer ?

La première idée fut un nouveau bombardement aérien du canal, cette fois-ci à Saint-Jean de Losne, cible déjà envisagée pour Nemo-II. Mais le bénéfice potentiel d’un tel bombardement n’était que bien faible, tout au plus un retard de deux semaines dans la progression du convoi, les Allemands ayant démontré leur savoir-faire en matière de remise en état des écluses. Si Saint-Jean de Losne était exclu, la cible la plus logique devenait Chalon, où, savait-on, un transbordement des sous-marins sur des chalands aurait lieu, dans le chantier naval Schneider situé sur la rive gauche de la Saône, au Petit-Creusot. Mais un bombardement à basse altitude du chantier naval aurait cette fois été suicidaire, la Flak accompagnant le convoi, et il ne faisait aucun doute qu’elle serait déployée aux abords du chantier naval pendant la durée du transbordement. Quelqu’un suggéra de demander à la RAF de détourner sur Chalon quelques avions d’un nouveau raid massif prévu sur le Creusot, mais le Conseil de Défense Nationale s’y opposa, les bombardements nocturnes des Anglais, notoirement imprécis, risquant de faire de nombreuses victimes civiles, tout en ratant la cible assignée.

Une intervention de la Résistance à Chalon pendant le transbordement semblait être une piste plus intéressante, d’autant que le réseau “Brandy” était bien structuré. Mais la perspective de devoir affronter au moins l’équivalent d’un régiment de la Wehrmacht dans un espace restreint fit rejeter toute opération de cette nature. Quant à attaquer le convoi une fois sur la Saône ou le Rhône, ce n’était pas la peine d’y penser, car, même avec des mitrailleuses lourdes ou des mortiers, il n’y avait que très peu de chances de parvenir à un résultat tangible là où une embuscade pouvait être montée.

Il restait une dernière possibilité d’attaque : le trajet entre le débouché dans la Méditerranée, à Port-Saint-Louis du Rhône, et Toulon. Là, c’était l’affaire de la Marine Nationale, qui n’était pas encore intervenue dans cette histoire. Les marins se mirent donc sérieusement à étudier une opération, sachant qu’il fallait s’attendre à ce que les chalands portant les sous-marins soient sérieusement escortés par les bonnes à tout faire côtières de la Kriegsmarine, des dragueurs de mines bien armés (R-boote). De plus, une solide couverture aérienne était évidemment à prévoir.
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patzekiller



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

j'aime bien le cross over qui s'annonce avec l'histoire de JL Wink
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ladc51



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 18:02    Sujet du message: Répondre en citant

Comment peut-il y avoir un "cross-over" avec la future histoire d'un mort ? Confused Embarassed Wink

Dans tous les cas... chapeau l'artiste ! Applause
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patzekiller



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 18:36    Sujet du message: Répondre en citant

il y aura d'autres episodes "JL" dans la mesure ou celui ci est descendu en arles, c a d à la sortie du rhone pour avertir la resistance locale d'eventuels passages de barges, de sm etc etc...
il reste toujours arsene, gaetan, gaston...
on peut envisager des tas de chose pour un nemo III : livraison de mines à la resistance par sous marin, dans le rhone meme, torpillage de la barge avec des torpilles italiennes volées... Wink
et pis si vous m'embetez, je le ressucite en disant que la balle n'a fait qu'amputer le cerveau et qu'il est operationnel pour remonter la seine à la nage, s'introduire dans les canaux et aller rebloquer les portes d'ecluses avec un canif, na!
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clausewitz



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 20:07    Sujet du message: Répondre en citant

Moi je pencherais pour Nemo III pour une redite de l'opération Frankton menée en 1942 par les SBS, pourrait-on imaginer le minage des coques de sous marins à Chalons sur Saone ou alors il y à la solution du minage du Rhône avec des mines autopropulsées ou des mines derivantes
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FREGATON



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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 23:16    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ne pas laisser la Marine en reste dans cette affaire, il ne resterait pas un vieux 4 tuyaux à sacrifier dans l'écluse de Port St Louis façon St Nazaire Question
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MessagePosté le: Jeu Avr 19, 2007 23:32    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
Pour ne pas laisser la Marine en reste dans cette affaire, il ne resterait pas un vieux 4 tuyaux à sacrifier dans l'écluse de Port St Louis façon St Nazaire Question


Non bis in idem....

Dak69 va nous servir quelque chose de plus original. Wink
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Avr 20, 2007 06:40    Sujet du message: Répondre en citant

hein,? des extraterrestres? Laughing
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MessagePosté le: Mer Avr 25, 2007 18:38    Sujet du message: la suite ! Répondre en citant

Episodes non encore validés par Fantasque.
Mais si Fantasque demande des corrections, vous aurez eu droit à deux versions pour le prix d'une !

Episodes 32 et 33

25 juin au 1er juillet : Contre mauvaise fortune…


Une fois arrivés à Chalon, les Allemands eurent à prendre plusieurs décisions délicates à propos du transfert vers Toulon. Le témoignage de Peter-Erich Cremer est révélateur des incertitudes régnant à ce moment :

« A notre grande surprise, il ne nous arriva plus rien de notable entre Valdieu et Chalon une fois que nous fûmes enfin repartis. Au début, je prenais les plus extrêmes précautions, ralentissant volontairement les manœuvres pour éviter au moins tout incident de notre fait. Mais rien ne se produisit. La Heer nous accompagnait et nous précédait : chaque soir, les étapes du lendemain et du surlendemain étaient préparées, les points sensibles à surveiller désignés et les soldats se mettaient en place, pendant que d’autres nous accompagnaient, en camion, sur le chemin de halage ou les routes longeant le canal et le Doubs. Quel dommage que ce dispositif n’ait pas été mis en place dès le départ ! Mais, trêve de regrets, l’essentiel maintenant était d’arriver à bon port avec ce qui restait de bateaux.

A Chalon, où le régiment de la Heer avait occupé le chantier naval ainsi que le port fluvial, et empêchait ainsi tout indésirable de s’approcher, une déconvenue nous attendait, mais elle fut en grande partie compensée par une opportunité intéressante. A notre arrivée, nous fûmes accueillis par trois personnages : un Allemand des services administratifs d’occupation, un civil français à l’air particulièrement obséquieux, et un autre Français qui visiblement passait plus de temps dans les ateliers que dans les bureaux. Mon compatriote m’expliqua qu’en raison de notre retard, il n’avait pas pu retenir les barges et les remorqueurs nécessaires pour amener nos sous-marins à Toulon. A la place, il me proposait des bateaux automoteurs du Rhône, assez voisins de ceux utilisés sur le Rhin, mais il n’en avait que huit sur place, les autres étant bloqués à l’autre bout du Rhône « en raison du manque de carburant. » Le bureaucrate français opinait du chef, faute de pouvoir confirmer en allemand les déclarations de son homologue. Cela ne m’arrangeait bien sûr pas, car je n’avais aucune envie de moisir ici, quand Klaus Fleischmann, qui avait longuement discuté de son côté avec l’autre Français, m’annonça qu’il y avait de fortes chances pour que les six sous-marins qui avaient subi des dommages relativement légers puissent être remis en état ici. Je me rappelai alors le sous-marin français dont la fabrication avait été interrompue et que j’avais entrevu l’automne précédent.

Quand je demandai au bureaucrate français où étaient les mariniers qui allaient mener ces bateaux, ses réponses furent on ne peut plus évasives. Visiblement, j’avais hérité de ces péniches, dont il ne savait que faire, parce qu’elles avaient été confisquées à leurs propriétaires, qui ne devaient pas être tout à fait du même bord que le gouvernement Laval. Mes hommes me firent d’ailleurs un rapport peu enthousiaste sur l’état de ces bateaux, sales, rouillés et dépouillés de tout équipement en dehors de ceux absolument indispensables. Même les couchettes n’avaient plus de matelas ! Devant cette situation, je demandai tout de même à mes mécaniciens de vérifier et de remettre en état si nécessaire les moteurs et les différents apparaux. Ensuite, mes hommes essayèrent les péniches sur la Saône jusqu’à les avoir bien en main. Comme on était en été, je ne m’inquiétai pas trop du courant plus en aval, sur le Rhône. Ce n’est qu’après que le chargement des sous-marins put commencer.

Deux jours avant de repartir, huit autres grosses péniches entrèrent dans le port de Chalon. Le fonctionnaire français vint immédiatement me voir, l’air très content de lui : « Je vous ai fait remonter ces bateaux depuis Port Saint-Louis. Grâce à mes relations, j’ai fini par obtenir assez de gazole, j’espère qu’ils vous seront utiles. » Qu’est-ce qu’il espérait de ma part ? Des remerciements ? Un pourboire ? Mes six éclopés étaient encore loin d’être réparés, Klaus Fleischmann parlant d’encore plusieurs semaines, malgré l’arrivée de Toulon de plusieurs équipes de spécialiste allemands qui se morfondaient à nous attendre. Ces péniches supplémentaires, en aussi mauvais état que les précédentes, ne me serviraient à rien pour l’instant. J’étais encore en train de pester quand Franz Klein vint pour faire le point sur les menaces qui nous attendaient sur le reste du trajet jusqu’à la Méditerranée, ainsi que sur les dispositions prises pour les contrer. Mais une fois arrivés à la mer, il faudrait encore parvenir à Toulon. C’est à ce moment que je commençais à penser que les huit poubelles flottantes qui venaient d’arriver pourraient nous être fort utiles ! »


2 au 5 juillet : Chalon – Port Saint-Louis, avant-dernière étape

Il n’était plus possible pour P.E. Cremer de continuer à perdre des bateaux, et la mise en service des Typ II-E était de plus en plus urgente. Il choisit donc de partir avec les huit coques intactes, quitte à organiser un deuxième transfert entre Chalon et Toulon quelques semaines plus tard pour les six autres.
Bien entendu, la descente du Rhône fut méticuleusement préparée. Les mesures pour éviter toute mauvaise surprise furent impressionnantes. Tout d’abord, les petits remorqueurs qui avaient servi sur les canaux furent modifiés : leur hélice pour leur permettre d’aller plus vite (ils n’avaient plus de charge à tirer) et chacun fut armé de deux mitrailleuses lourdes pour servir d’escorte rapprochée. Tous les emplacements propices à une embuscade furent repérés par Franz Klein et Dieter Thunau et devaient être occupés par la troupe le temps nécessaire. Lors de la traversée des grandes villes comme Mâcon, Valence et bien sûr Lyon, toute circulation serait interdite sur les quais, piétons compris. Idem sur les tous les ponts traversant le fleuve, même ceux de chemin de fer. Pour plus de précautions, deux Fieseler Storch allaient survoler en se relayant les abords du fleuve à basse altitude en avant du convoi, afin de repérer toute anomalie. Même les pêcheurs à la ligne allaient être délogés ! Les trois points d’arrêt prévus (Lyon, juste avant le confluent avec le Rhône, Valence, en aval de la ville, et Avignon) seraient sévèrement gardés par les troupes en garnison sur place, et, du côté du fleuve, des filets destinés à arrêter d’éventuelles mines descendant le courant seraient mis en place. Un bataillon du 5ème Régiment d’Infanterie de Remplacement, prêt à intervenir à tout moment, servirait de force mobile. D’ailleurs, il n’était plus du tout question que ce régiment aille en Russie. Une fois arrivé avec les sous-marins au bord de la Méditerranée, il y resterait pour renforcer les maigres forces se trouvant déjà sur place, dans l’hypothèse de moins en moins absurde d’un débarquement ennemi dans le sud de la France.
Le 2 juillet, les seize péniches partirent de Chalon. La Kriegsmarine ne s’était pas donné la peine de les repeindre dans les couleurs réglementaires et seul le pavillon de la Marine allemande montrait pour qui elles naviguaient. Il fallait un œil relativement exercé pour distinguer celles qui transportaient un sous-marin des huit autres. Les panneaux d’écoutille en tôle cintrée avaient été posés par-dessus les sous-marins et fixés à des planches verticales prolongeant vers le haut les hiloires de cale. Les péniches vides avaient été lestées pour s’enfoncer dans l’eau à peu près autant que celles portant les sous-marins et, au moins de loin, il était impossible de les distinguer les unes des autres. Ces dispositions avaient pour but, les premières, de protéger les coques des sous-marins des tirs d’armes de petit calibre ou des lancers de grenades, les secondes, que de diviser par deux le risque d’un coup au but.
Il ne fallut que trois jours pour rejoindre Port Saint-Louis du Rhône, qui fut étroitement contrôlé par la Heer peu avant l’arrivée du convoi.
Pendant le trajet, malgré les mesures prises, le convoi put être observé plusieurs fois dans de bonnes conditions, notamment à Lyon où, de sa fenêtre du quai Saint-Vincent, un ancien quartier-maître de la Marine Nationale n’eut aucun mal à distinguer les péniches transportant les sous-marins des autres, et même à noter leurs noms et numéros. L’information ne tarda pas à être transmise à qui de droit. Par contre, personne ne put tenter la moindre action offensive pendant tout le trajet sur la Saône et le Rhône ou à l’arrivée à Port Saint-Louis. La nuit, les bateaux étaient trop bien gardés ; le jour, la disproportion entre les moyens de la Résistance et ceux des Allemands était vraiment trop importante. Même si cette situation n’allait pas tarder à changer…
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