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1940 - La France continue la guerre
 
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Capitaine caverne



Inscrit le: 11 Avr 2009
Messages: 4138
Localisation: Tours

MessagePosté le: Mar Déc 24, 2013 16:00    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Pour JPBWEB : attention toutefois à ne pas juger avec notre recul de 2013.


J'approuve, car l'un des mes professeurs d'histoire contemporaine à la fac disait souvent: <<La france sous l'occupation c'était 1% de collabos, 1% de résistants, et 98% d'attentistes qui veulent passer au travers de la guerre en évitant les ennuis!>>. Le français moyen de l'époque, ce n'etait pas Lucien lacombe ou Les époux aubrac, c'était Monsieur Batignolles!
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"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mar Déc 24, 2013 16:38    Sujet du message: Répondre en citant

Ça c'est clair et cela ne date pas d'hier. Comme vous le savez peut-être je connais bien mieux l'histoire médiévale que celle de la deuxième guerre mondiale. A ce titre, l'occupation anglaise au VXème offre une grande similitude avec l'occupation allemande de la France durant la deuxième guerre mondiale.

Les deux commencent par un désastre militaire (Azincourt; campagne de France), se poursuivent par une reddition du gouvernement en place (Charles VI; Pétain), par l'apparition d'un "rebelle" (le "roi de Bourges" Charles; Charles de Gaulle) et se terminent par un retournement de situation incroyable qui voit les faibles "rebelles" battre ceux qui étaient donnés pour vainqueur.

Ce qui est intéressant, c'est que pendant ce conflit, il y eut des gens qui écrivirent des textes expliquant aussi que la véritable défaite venait d'une abdication française et d'une collaboration d'une partie des français (Bourguignons et vichystes). A cette époque comme dans les années 40, il y en eut d'autre pour s’alarmer que chacun rejeta la responsabilité de la défaite sur les autres. Le Quadrilogue invectif, se place dans cette dernière catégorie. Écris en 1422 par Jean Charnier, il représente la situation sous forme allégorique. dame France, les habits déchirés pleure à chaude larme, s'adressant à ses trois enfants, le Noble, le Clerc et paysan, leur reprochant le triste état qui est le sien. Alors que chacun rejette la responsabilité sur les autres, la conclusion sonne encore remarquablement juste même pour l'oreille des hommes contemporains : " "trêve de querelle, ce n'est pas lorsque la maison brûle qu'il faut chercher qui a allumé l'incendie, il faut travailler en commun à l'éteindre".

Tout ce long débat, est encore une recherche du "coupable". C'est l'arbre qui cache la forêt. Il n'y a pas de militaires qui ont abandonné la France, ou de politiciens "de rencontre" ou même de "lâcheté" ou de "trahison française comme on l'entends encore souvent chez les anglo-saxon. La réponse que Jean Charnier nous a donné il y a près de 600 ans est toujours la bonne. Peu importe qui est à l'origine de cette défaite. Sa véritable gravité celle qu'elle constitue toujours un fossé entre les Français qui continuent encore à chercher les coupables ou à la juger "inévitable". Ce qui nous empêche de voir "après" et "au-delà".
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JPBWEB



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Localisation: Thailande

MessagePosté le: Mar Déc 24, 2013 18:07    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Pour JPBWEB : attention toutefois à ne pas juger avec notre recul de 2013.


Bien sûr, mais il y avait le précédent de 1914. Face au même adversaire, confronté à des revers répétés et avec un allié britannique évanescent, avec les mêmes institutions, le gouvernement de l'époque n'a pas jugé, le coeur brisé, qu'il fallait cesser le combat. Il est vrai qu'à l'époque, Pétain faisait le coup de feu sur le front.

Et en 1940, la thèse de la poursuite de la guerre a été avancée et défendue par plusieurs, et non des moindres. Le Massilia a été affrété, la Chambre était en plein déménagement vers Alger.

Je crois qu'il ne faut pas mélanger deux choses: la décision de demander (et donc d'accepter) l'armistice, et l'acceptation quasi unanime de cette décision par la majorité des Français, y compris les combattants. La FTL montre à merveille que la décision de demander l'armistice s'est jouée à très peu, entre un petit nombre d'hommes, et que l'acceptation de la poursuite de la lutte se serait imposée à tout un chacun tout comme l'armistice l'a fait.

La décision de demander l'armistice est colorée de ce que les anglo-saxons appellent le Wishful Thinking. On espère que ce qu'on veut va se réaliser. Dans le cas du gouvernement français, il devait être manifeste même dans les journées sombres de juin 1940 que les Nazis n'étaient pas des gens avec lesquels on pouvait traiter. Ils ne l'avaient pas été alors que la France disposait de sa pleine force militaire, ils n'allaient pas devenir subitement sympas et accommodants alors qu'elle était à genoux dans la neige. Il ne fallait pas être grand clerc pour s'imaginer que la France allait être occupée et soumise sous la botte allemande, armistice ou pas. S'imaginer que la France pourrait s'exonérer des conséquences de sa défaite relevait du Wishful Thinking, une sorte de rêve éveillé. On l'explique très bien par la suite de déconvenues militaires et par la déliquescence du régime si on veut, mais le jugement reste sans appel qu'en cette occasion, l'élite politique de la France lui a fait faux bond, avec des conséquences tragiques. C'est évident en 2013, et ça ne devait être si difficile à percevoir même en 1940
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Konrad Adenauer
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patrikev



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MessagePosté le: Mar Déc 24, 2013 21:37    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
A vrai dire, qui peut affirmer que, dans l'hypothèse d'une poursuite de la guerre à partir de l'empire, l'armée restée en métropole n'aurait pas été contrainte à un moment ou un autre, de capituler ?
Qui peut affirmer que des troubles civils n'auraient pas éclaté sur les arrières (de plus en plus réduits) de l'armée ? On a bien vu des exemples de populations civiles demandant aux soldats d'aller se battre plus loin, voir aussi le cas Lyon déclarée ville ouverte ?


La capitulation de l'armée, c'est ce qui est arrivé en Grèce: le gros de l'armée de terre a dû se rendre sur place faute de moyens d'évacuation, et une bonne partie de ses généraux se sont retrouvés dans le gouvernement collabo de Tsolakoglou. C'est même un problème quand on cherche un général grec pour la FTL et qu'on veut vérifier qu'il n'a pas servi l'ordre du Phénix (pas chez Harry Potter, chez les collabos). Il y a eu des conséquences douloureuses et qui n'ont pas fini de se vider après la guerre.

Une insurrection en France, je n'y crois pas trop. La plupart des Français valides étaient sous l'uniforme ou sur les routes de l'Exode. Le seul parti à vocation insurrectionnelle (les communistes) était complètement dispersé et déboussolé, et ses militants, dans le fond, n'avaient aucune envie de jouer le jeu de l'Allemagne fasciste. Que certains responsables français aient cru à ce scénario, c'est une preuve supplémentaire qu'ils avaient perdu le contact avec la réalité.

Les villes ouvertes, c'est plutôt la sensibilité des notables locaux qui constituaient la majorité de la Chambre et du Sénat. D'accord pour défendre la patrie, mais pas au prix de leur circonscription... Le choix était vraiment dur.
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JPBWEB



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MessagePosté le: Mer Déc 25, 2013 05:47    Sujet du message: Répondre en citant

Capitaine caverne a écrit:
Le français moyen de l'époque, ce n'était pas Lucien lacombe ou Les époux aubrac, c'était Monsieur Batignolles!


Hélas, mais ce n'est pas Monsieur Batignolles qui a décidé de demander un armistice sans même en connaitre les termes, ni de dire à la radio tout de suite après qu'il fallait cesser le combat, alors que rien n'était signé.
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Francois Delpla



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MessagePosté le: Mer Déc 25, 2013 11:58    Sujet du message: Répondre en citant

Il convient d'éclaircir le prétendu débat entre armistice et capitulation, qui n'a pas vraiment eu lieu.

"Pétain et Weygand partisans d'un armistice, Reynaud d'une capitulation" est une idée reçue qui fait la part belle au pétainisme et montre à quel point, malgré ses cris d'orfraie, ce courant a influencé l'historiographie d'après guerre.

Pour transformer cette idée reçue en thèse historique, il conviendrait d'écrire l'histoire de son début et de sa fin. Me penchant sur la question en 2006 http://www.delpla.org/article.php3?id_article=227, j'ai constaté l'extrême brièveté des échanges sur ce sujet :

-il n'apparaît pas avant le 15 juin;

-il s'agit moins, dans la bouche de Reynaud, de prendre parti pour une capitulation plutôt que pour un armistice que de faire jouer une soupape face à la pression de Pétain et de Weygand en faveur d'un armistice. Celui-ci suppose une entente avec l'ennemi, après une discussion politique. Entre le 11 et le 15, Reynaud est satellisé par Churchill, qui le convainc de faire un forcing auprès de Roosevelt pour obtenir que celui-ci se déclare plus nettement en faveur du camp allié. C'est dans ce contexte que Reynaud, assis entre deux chaises, en vient à dire que le transfert du gouvernement en AFN moyennant une capitulation de l'armée en métropole résoudrait les problèmes, notamment humanitaires, que Weygand met en avant;

-un texte et un seul, jusqu'à plus ample informé, évoque une date antérieure au 15 : le journal de Villelume, écrit de mémoire trois mois après; il aurait trouvé en arrivant le 15 à son bureau un texte du commandant Vautrin écrit la veille sur instruction de Reynaud et comportant le mot de capitulation. Voilà qui correspond beaucoup plus à la journée du 15 et ne saurait en tout cas justifier l'affirmation péremptoire que le thème est apparu auparavant, sans nul souci de rechercher le moment, les conditions et les raisons de cette apparition ;

-il convient de remarquer que Reynaud, le 15, prend parti pour la capitulation de l'armée métropolitaine en théorie, et en vue de la période où il faudrait trancher (celle de la réception du télégramme de Roosevelt le 15 au soir et de la réponse anglaise à la proposition Chautemps attendue d'une heure à l'autre). Ainsi on ne saurait interpréter ses propos de l'après-midi du 15 comme une tentative pour faire capituler l'armée immédiatement, en donnant un ordre dans ce sens à Weygand. Lequel aurait sauvé et l'armée, et l'armistice, par sa réponse infondée suivant laquelle l'obéissance à un tel ordre déshonorerait l'armée;

-de même, il ne faut pas faire dire plus qu'elle ne dit à une parole de Reynaud, tombant sur Weygand à la sortie du conseil et excipant de l'unanimité de celui-ci pour lui répéter son option en faveur de la capitulation;

-voir là une tentative de faire capituler immédiatement les troupes françaises de métropole serait, contre Reynaud, une accusation gravissime : pendant qu'il applique une décision du conseil avec effet immédiat (demander aux Anglais l'autorisation de demander aux Allemands leurs conditions d'armistice), il mettrait son allié devant le fait accompli d'un abandon de la lutte, du moins en métropole, par une annihilation immédiate de la force militaire française, alors que des Anglais se battent encore à ses côtés et sans rien tenter pour en évacuer la moindre fraction;

-il est infiniment plus vraisemblable que ce bref échange entre deux portes avec Weygand soit encore et toujours théorique, et que la capitulation ne soit pas envisagée immédiatement;

-en tout cas, le 16, il y a deux conseils des ministres entièrement consacrés à l'armistice, en fonction des réponses anglaises jugées insatisfaisantes, ce qui conduit tout naturellement à la démission provisoire de Reynaud en faveur d'un Pétain décidé depuis le début à des démarches d'armistice sans s'occuper des Anglais ; la question qui domine les débats entre les ministres est celle de l'armistice, sans que nul ne la mette en balance avec celle de la capitulation (abordée, en dehors des conseils, par le seul Weygand, lorsqu'il va présenter à Lebrun ses doléances contre Reynaud).

Pendant ce temps, de Gaulle se démène dans un sens opposé à la fois à l'armistice et à la capitulation : il cherche à faire entrer dans les faits sa note du 8 juin http://www.delpla.org/article.php3?id_article=553 , tendant à une évacuation en bon ordre de la métropole; il s'appuie en particulier, mais pas du tout exclusivement, sur l'idée d'une résistance en Bretagne, qu'il a trouvée en arrivant dans les bureaux gouvernementaux le 6, et qui a le mérite de prendre Reynaud au mot.
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