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La Finlande
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mikey1983



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MessagePosté le: Ven Fév 15, 2013 12:32    Sujet du message: La Finlande Répondre en citant

Note de Loïc : sujet séparé de celui-ci

Very good, except for one caveat:

Citation:
Jdanov sait que le vieux et sage président Mannerheim a choisi (grâce à une véritable offensive diplomatique des capitalistes yankees) une prudente neutralité, mais que certains éléments de son armée souhaiteraient faire basculer la Finlande du côté de l’Axe.


With Finland not in the war, it is certain that Risto Ryti is president while Mannerheim remains Chief of Defence of the Finnish Defence Forces. The situation in May 1942 was nowhere near similar to the one in 1944 OTL, when Ryti had to resign in order for Finland to make peace with the USSR.


Dernière édition par mikey1983 le Ven Fév 15, 2013 22:30; édité 1 fois
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mikey1983



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MessagePosté le: Ven Fév 15, 2013 22:29    Sujet du message: Répondre en citant

patrikev a écrit:
Pour la Finlande, merci pour la précision. Je n'avais pas vérifié la situation politique de la Finlande à cette date. Je vais voir s'il y a lieu de remplacer Mannerheim.


You are welcome. Very Happy
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sting01



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MessagePosté le: Lun Fév 18, 2013 02:06    Sujet du message: Répondre en citant

mikey1983 a écrit:
Very good, except for one caveat:

Citation:
Jdanov sait que le vieux et sage président Mannerheim a choisi (grâce à une véritable offensive diplomatique des capitalistes yankees) une prudente neutralité, mais que certains éléments de son armée souhaiteraient faire basculer la Finlande du côté de l’Axe.


With Finland not in the war, it is certain that Risto Ryti is president while Mannerheim remains Chief of Defence of the Finnish Defence Forces. The situation in May 1942 was nowhere near similar to the one in 1944 OTL, when Ryti had to resign in order for Finland to make peace with the USSR.


I do believe the key is in Stalin view of the situation :

I was told once, Stalin did have both a true respect and apprehension for Von Mannerheim. So if FTL the same feelings are true, then Mannerheim shall follow the same way, as it is certainly the interrest of every parties that Finland became FTL the Finland it was IRL (a bridge btw the 2 blocs).

If not, I would tend to think the very survival of Finland will be difficult (the Duchy was part of the Russian Empire, the wounds btw the red and the white are still bleeding, ... I would be affraid Helsinky would become another Riga)
_________________
La can can-can, cancouillote,
c'est pas fait pour les francois.

Anscarides je suis ne,
heritier de la Comte je serai.
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mikey1983



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MessagePosté le: Lun Fév 18, 2013 14:09    Sujet du message: Répondre en citant

sting01 a écrit:
I do believe the key is in Stalin view of the situation :

I was told once, Stalin did have both a true respect and apprehension for Von Mannerheim. So if FTL the same feelings are true, then Mannerheim shall follow the same way, as it is certainly the interrest of every parties that Finland became FTL the Finland it was IRL (a bridge btw the 2 blocs).

If not, I would tend to think the very survival of Finland will be difficult (the Duchy was part of the Russian Empire, the wounds btw the red and the white are still bleeding, ... I would be affraid Helsinky would become another Riga)


Mannerheim did succeed Ryti in 1944, but only after three years of war with the USSR, and only after Ryti had made his personal guarantee to von Ribbentrop and Hitler to continue the war in return for expanded German military and food assistance. His resignation freed Finland from this commitment, but the Agreement also permanently tainted him in the eyes of the Soviets (then again, he was already tainted for being Finland's wartime president). Mannerheim was considered at the time to be the only one with enough gravitas to extricate Finland out of the war.

No such thing existed in 1940. Neither President Kallio nor Prime Minister Ryti were forced to resign, the former only resigning in November 1940 due to failing health, with Ryti already taking over Kallio's duties in August after Kallio's stroke.

The same thing would apply also in FTL May 1942. What, precisely, has happened at this time? A few days of Soviet bombing (and a bunch of Soviet planes being shot down, no doubt) and Finno-Soviet skirmishes at the border. Nothing at all comparable to the OTL 1944 situation. The Soviets would just want Finland to remain neutral as they would have rather bigger concerns at the time. No doubt Ryti will eventually step down (he had a chronic illness, only worsened by his later imprisonment). I would venture that this would happen at the end of 1944 once Germany has surrendered and the situation normalizes. I doubt that Mannerheim would succeed him, though, as he would already be 77 and the situation would not be as critical as in OTL 1944.

Also, without a Continuation War the Communists will not do as well in the following general election, which will lessen (even if only a bit) Soviet influence in Finland. Here in Finland the years 1944-48 are known as the "Years of Danger" as there was a very real fear of a communist takeover at the time. In FTL there would not be such fears, at least to the OTL's extent.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mar 10, 2013 15:44    Sujet du message: La Finlande jusqu'au Point de Divergence, par Mikey Répondre en citant

Le texte qui suit (et que je posterai en plusieurs parties) est de notre ami finlandais Mikey (rédigé en anglais et traduit par votre serviteur).
Il est 100 % OTL, en dehors de la brève introduction.
Il n'en est pas moins intéressant, car la Guerre d'Hiver est assez peu connue chez nous, et la période de l'histoire de la Finlande qui précède (de 1917 à 1939) nous est tout à fait inconnue !
Mikey prévoit de poursuivre son histoire de la Finlande, dans la ligne FTL cette fois.
Merci Mikey !
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)


Dernière édition par Casus Frankie le Dim Mar 10, 2013 15:49; édité 1 fois
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mar 10, 2013 15:46    Sujet du message: Répondre en citant

La Finlande et la Deuxième Guerre Mondiale

L’une des facettes les plus curieuses et les moins connues de la Deuxième Guerre Mondiale est sans doute la neutralité de la Finlande. Après avoir livré une guerre particulièrement sanglante contre l’URSS en 1939-1940 alors que l’affrontement principal commençait de l’autre côté de l’Europe, ce petit pays nordique faillit bien être entraîné dans le conflit mondial en mai 1942. Seule une véritable offensive diplomatique orchestrée par le Secrétaire d’Etat américain, Cordell Hull, au nom du Président Roosevelt, put éviter qu’un incident de frontière ne dégénère en une guerre ouverte entre la Finlande et l’Union Soviétique – du moins, c’est en général le point de vue des historiens. Les Etats-Unis – eux-mêmes en guerre depuis six mois contre l’Allemagne – firent en effet tout pour éviter que leur nouvel (et quelque peu inattendu) allié, l’URSS, n’ait pas à subir l’assaut d’un ennemi de plus, sur un front de plus.
Quoi qu’il en soit, la Finlande fut l’un des quelques pays d’Europe à rester neutre jusqu’à la fin du conflit mondial, même si, un peu comme l’Espagne (mais pour des raisons fort différentes), la Guerre elle-même ne l’avait pas épargnée. Le moins qu’on puisse dire est que cette neutralité ne fut nullement facile à maintenir. Pendant plus de deux ans, la Finlande dut marcher sur la proverbiale corde raide tendue au dessus d’un précipice. Il reste qu’à la fin, les efforts diplomatiques et politiques des dirigeants finlandais s’avérèrent fructueux : grâce à eux, la Finlande est aujourd’hui l’une des nations les plus prospères et les plus industrialisées du monde.
Cependant, avant de considérer l’attitude finlandaise à partir de mai 1942, il nous faut examiner l’histoire du pays depuis la naissance d’une Finlande indépendante, en 1917.

De l’indépendance aux années Trente

Les révolutions de février et octobre 1917 signifiaient la fin de l’union personnelle entre la Russie et la Finlande, qui durait depuis 1809 – la Finlande était un grand-duché autonome au sein de l’empire russe. Après la tenue d’élections, le Parlement finnois se déclara le 5 novembre 1917 « possesseur du pouvoir politique suprême » sur le territoire finlandais, selon la Constitution de Finlande et plus précisément selon le §38 du vieil Instrument de Gouvernement de 1772, instauré par les Etats Généraux de Suède après le coup d’état réussi sans verser de sang par le roi Gustave III.
Le 4 décembre, le « Sénat de Finlande » – le gouvernement désigné en novembre par le Parlement – présenta une proposition d’un nouvel Instrument de Gouvernement, républicain celui-ci. La Déclaration d’Indépendance avait pour des raisons techniques pris la forme d’un préambule à cette proposition et devait recevoir l’accord du Parlement. Ce fut fait le 6 décembre 1917, et à partir de 1919, le 6 décembre devint la Fête de l’Indépendance finlandaise. Le 4 janvier 1918, la République Socialiste Fédérative de Russie (RSFR) reconnut l’indépendance de la Finlande, bientôt suivie par d’autres pays.
En dépit de cette reconnaissance de la Finlande par le nouveau régime russe, un état de guerre s’installa bientôt entre le nouvel état et la Russie soviétique en raison du déclenchement de la guerre civile finlandaise, qui dura de janvier à mai 1918. Plus de 35 000 personnes furent tuées pendant cette guerre, mais essentiellement lors de combats entre les Gardes Rouges et Blancs finlandais. Il n’y eut jamais de batailles majeures entre les Gardes Blancs et les forces russes.
A la suite de la guerre civile, la Finlande passa sous influence allemande jusqu’à la défaite de l’Allemagne en novembre 1918. Cette défaite condamnait le projet de faire de la Finlande une monarchie dirigée par le prince Frédéric-Charles de Hesse, beau-frère de Guillaume II.
A la même période, après la fin de la guerre civile, des forces de volontaires finlandais avaient mené des expéditions militaires en Estonie, en Carélie de l’est et dans la région de Petsamo. Ces campagnes sont connues sous le nom de “heimosodat”, terme finnois que l’expression “guerres familiales” traduit sans doute mieux que “guerres tribales”.
Le 14 octobre 1920, après quatre mois de négociations, la Finlande et la Russie soviétique signèrent le traité de Tartu. Ce traité confirmait la vieille frontière entre le Grand Duché de Finlande et la Russie Impériale, qui devenait la frontière soviéto-finlandaise. De plus, la Finlande recevait la région de Petsamo, au nord-est, avec son port libre de glaces sur l’Océan Arctique. La revendication de cette région par la Finlande remontait à une promesse faite par le Tsar Alexandre II en 1864, selon laquelle le Grand-Duché devait recevoir Petsamo en échange d’une partie de l’isthme de Carélie. De son côté, la Finlande acceptait d’évacuer les régions de Repola et de Porajärvi, en Carélie russe, qu’elle occupait. Enfin, le traité comprenait des articles concernant le transit par voie de terre entre la Russie soviétique et la Norvège via Petsamo.
Cette même année 1920, la Finlande rejoignit la Société des Nations. Ce faisant, elle recherchait les garanties de sécurité offertes par la SDN, mais son but principal était de resserrer les liens avec les pays scandinaves. Les armées finlandaise et suédoise entamèrent une large coopération ; l’objet de celle-ci était plus l’échange de renseignements et la défense des îles que des manœuvres communes ou le déploiement de matériels nouveaux. Par ailleurs, dans le plus grand secret, l’armée finlandaise entama une coopération avec l’Estonie.
Sur le plan politique, les années Vingt et le début des années Trente fut une période d’instabilité en Finlande. En 1931, le Parti Communiste fut déclaré illégal et le Mouvement Lapon se lança dans des violences anticommunistes organisées, culminant en 1932 dans une tentative de soulèvement avortée. Dans le même temps, le Mouvement Patriotique du Peuple (IKL), de tendance ultra-nationaliste, parvenait à avoir quelques élus (au maximum 14 sièges sur 200) au parlement finlandais.
Néanmoins, à la fin des années Trente, l’économie finlandaise, orientée vers l’exportation, était en plein essor et le pays avait presque résolu les problèmes posés par les mouvements politiques extrémistes, de gauche comme de droite.

Les relations politiques soviéto-finlandaises de 1920 à 1939

Malgré la signature du traité de Tartu, les relations entre la Finlande et la Russie soviétique (puis l’URSS) restèrent tendues. Le gouvernement finlandais permit à des combattants volontaires de passer la frontière pour soutenir la révolte de Carélie Orientale en 1921. En face, les communistes finlandais exilés en Union Soviétique continuèrent à préparer la revanche de la guerre civile perdue, lançant même en 1922 un raid en Finlande, la « mutinerie du porc » .
En 1932, l’URSS et la Finlande signèrent pourtant un pacte de non agression, qui fut réaffirmé en 1934 pour une durée de dix ans. Cela n’empêcha pas les relations entre les deux pays de rester très réduites. Alors que le commerce extérieur de la Finlande explosait, moins de 1 % se faisait avec l’Union Soviétique. L’inscription de cette dernière à la SDN en 1934 n’y changea rien. Alors que Staline avait succédé à Lénine, la propagande soviétique continuait à peindre les gouvernants finlandais comme « une clique fasciste vicieuse et réactionnaire ». Le maréchal Carl Gustaf Emil Mannerheim et Väinö Tanner, le chef du Parti Social-Démocrate finlandais, étaient particulièrement voués aux gémonies.
Cependant, quand Staline eut gagné un pouvoir quasi absolu après la Grande Purge de la fin des années Trente et qu'Hitler eut accédé au pouvoir en Allemagne, l’URSS changea de politique à l’égard de la Finlande. En effet, les Soviétiques étaient très préoccupés par la sécurité de Leningrad, dont les faubourgs n’étaient qu’à 25 km de la frontière finlandaise.
En avril 1938, un agent du NKVD nommé Boris Yartsev (de son vrai nom Boris Rybkin) prit contact avec le ministre des Affaires Etrangères finlandais, Rudolf Holsti. Il lui expliqua que l’URSS était certaine d’être un jour ou l’autre attaquée par l’Allemagne, et craignait que le territoire finlandais ne fût utilisé comme l’une des bases de départ d’une telle agression. Ces entretiens se poursuivirent durant l’été 1938 avec le Premier ministre Aimo Cajander et le ministre des Finances Väinö Tanner. Yartsev les informa que l’Union Soviétique serait heureuse d’assister la Finlande de toutes les manières si cela contrariait les plans allemands. L’URSS était prête à accepter la militarisation des îles Åland si elle était autorisée à participer à l’armement des fortifications et à superviser la concentration de forces. En contrepartie, la Finlande devait accepter que les Soviétiques fortifient l’île de Suursaari, qui était un territoire finlandais, mais qui était aussi vitale pour la sécurité de Leningrad. Le gouvernement finlandais refusa la totalité de ces propositions, car elles auraient gravement compromis la souveraineté de la Finlande en même temps que sa politique de neutralité.
En mars 1939, l’ambassadeur soviétique, Boris Stein, rencontra Eljas Erkko, le nouveau ministre des Affaires Etrangères . Stein dévoila une nouvelle proposition de Staline, selon laquelle les îles du Golfe de Finlande devaient être louées pour 30 ans à l’URSS. En échange, la Finlande recevrait une partie de la Carélie Orientale. Mannerheim était prêt à abandonner les îles – qui étaient de toutes façons indéfendables – ainsi qu’à accepter certaines rectifications de frontières sur l’Isthme, mais Erkko répliqua sèchement que le territoire finlandais n’était pas à vendre. Les négociations furent rompues le 6 avril.
Pendant ce temps, la Finlande et la Suède avaient établi des plans pour une protection militaire conjointe des îles Åland. Ces plans s’écroulèrent, cependant, quand il devint évident que l’URSS ne les admettrait pas. En juin 1939, le gouvernement suédois annonça qu’il abandonnait tout projet de ce genre en raison de l’opposition soviétique.
Durant l’été 1939, tandis que la situation en Europe continuait à se détériorer, le haut commandement finlandais s’inquiétait de l’état de préparation de l’armée. Dès février, le Conseil de Défense, présidé par le maréchal Mannerheim, avait demandé de façon répétée d’accroître le budget de la Défense pour réarmer rapidement l’armée finlandaise. Mais le gouvernement centriste et social-démocrate refusa fermement cette augmentation des dépenses militaires, au point que Mannerheim, frustré, proposa à plusieurs reprises de démissionner. Cajander et Erkko auraient accepté de remplacer le vieux maréchal, mais le président Kyösti Kallio y était totalement opposé, car il craignait que la démission de Mannerheim – qui était alors devenu une sorte d’icône nationale – ait un effet désastreux sur le moral du pays. Pendant ces querelles politiques, la défense finlandaise n’était pas complètement inactive : à l’initiative de la Société Académique de Carélie et de la Garde Civile (Suojeluskunta), 60 000 volontaires participaient à la construction d’une série de tranchées, de bunkers, d’obstacles antichars et autres fortifications sur l’Isthme de Carélie, qui serait surnommée “Ligne Mannerheim” lors du déclenchement de la guerre.
Finalement, le gouvernement et Mannerheim parvinrent à un compromis selon lequel le maréchal restait à son poste et, en échange, le gouvernement augmentait les fonds consacrés aux dépenses militaires. Cependant, cette dispute devait faire définitivement taxer de médiocrité le gouvernement Cajander et les uniformes finlandais symboliques de la Guerre d’Hiver (que seules une cocarde et une ceinture distinguaient des vêtements civils) seraient ironiquement baptisés “uniformes modèle Cajander”.
Tout changea le 23 août 1939, quand l’Allemagne et l’URSS signèrent le Traité de Non-Agression qui serait bientôt connu comme le Pacte Ribbentrop-Molotov. Outre les stipulations publiques sur la non-agression, le traité incluait un protocole secret qui divisait les territoires de Roumanie, de Pologne, des Etats Baltes et de Finlande en « zones d’influence » nazie et soviétique, prévoyant des « remaniements territoriaux et politiques » de ces pays.
Dès le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. Trois jours plus tard, la France et le Royaume-Uni déclaraient la guerre au Reich. Le 17, après la conclusion officielle de l’Incident du Nomonhan entre l’URSS et le Japon, l’Union Soviétique envahit elle aussi la Pologne. En octobre, à la suite de l’anéantissement de la Pologne, les Etats Baltes – Estonie, Lettonie et Lituanie – furent contraints de conclure des traités d’assistance mutuelle avec l’URSS, qui permettaient à l’Union Soviétique d’établir des bases militaires sur leur territoire « pour la durée de la guerre en Europe ». C’était en réalité la première étape de l’occupation soviétique des Etats Baltes.
Après la chute de la Pologne, Mannerheim avait demandé : « A qui le tour à présent, maintenant que l’appétit de ces messieurs [Hitler et Staline] a commencé à grandir ? » La Finlande devait le savoir très vite.
Le 5 octobre 1939 vint la convocation à Moscou d’une réunion destinée à discuter de « sujets politiques concrets ». Ces entretiens se déroulèrent en trois étapes : du 12 au 14 octobre, du 3 au 4 novembre et le 9 novembre. Lors du premier round de négociations, la délégation finlandaise était constituée de Juho Kusti Paasikivi, l’ambassadeur finlandais en Suède, Aarno Yrjö-Koskinen, l’ambassadeur finlandais en URSS, Johan Nykopp, un diplomate de haut rang, et le colonel Aladár Paasonen, premier aide de camp du président Kallio. Lors des deux autres sessions, le ministre des Finances, Tanner, se joignit à Paasikivi à la tête de la délégation.
Cependant, le gouvernement finlandais avait laissé très peu de latitude à ses négociateurs et le 13 octobre, Paasikivi fut forcé de rejeter les exigences soviétiques, qui comprenaient la location de la péninsule de Hanko (incluant le village de Lappohja) pour y établir une base navale, le déplacement de 70 km vers l’ouest de la frontière sur l’Isthme de Carélie et la cession des îles du Golfe de Finlande en échange de vastes (mais inhabitées) zones de Carélie Orientale. En raison de l’opposition du parlement et de l’opinion publique, le gouvernement finlandais refusa l’échange tel qu’il était proposé, acceptant seulement d’abandonner les régions de Kuokkala et Terijoki, les plus proches de Leningrad. « Oubliez que l’Union Soviétique est une grande puissance ! » fut la dernière instruction donnée par le ministre des affaires Etrangères, Erkko, à Paasikivi quand ce dernier quitta Helsinki pour Moscou pour la dernière fois, le 31 octobre.
Le 13 novembre, les négociations furent définitivement rompues.
On peut douter que Staline ait espéré que les Finlandais acceptent ses « exigences minimales ». Voyant ce qui arrivait à leurs voisins estoniens, les Finlandais avaient bien des raisons de ne pas lui faire confiance. De plus, les secteurs de l’Isthme réclamés étaient d’importance vitale – sans eux, la Finlande perdait toute possibilité de se défendre contre une agression soviétique, de même que la Tchécoslovaquie avait été incapable de se défendre en 1939 après avoir abandonné les Sudètes en 1938. L’instruction donnée par Erkko à Paasikivi montre bien que les plus hauts responsables politiques finlandais avaient joué le tout pour le tout. De plus, a posteriori, il peut sembler qu’accepter les exigences soviétiques aurait eu des conséquences fatales pour la Finlande
Quoiqu’il en soit, du côté soviétique, les préparatifs d’invasion avaient commencé dès le printemps, et la constitution d’une République Socialiste Soviétique de Finlande dirigée par le communiste finlandais en exil Otto W. Kuusinen était bien avancée. Les négociations avaient donné à l’Armée Rouge tout le temps de concentrer des troupes à la frontière soviéto-finlandaise, car la mobilisation avait commencé dès le début des entretiens de Moscou.
Côté finlandais cependant, on n’était pas resté inerte : les réservistes avaient été rappelés pour des manœuvres organisées les 9 et 10 octobre, correspondant en pratique à une mobilisation générale des forces armées. L’entraînement au black-out et aux alertes aériennes avait commencé, ainsi que l’évacuation volontaire des populations des villes vers la campagne, que le ministre de l’Intérieur Urho Kekkonen avait jugé nécessaire en raison de « la gravité de la situation politique générale ».
Devant l’échec des négociations, Staline résolut de régler la question par la force. Il est clair qu’il s’attendait à ce que la guerre soit aussi facile que l’invasion de l’est de la Pologne. Bien que certains officiers de l’Armée Rouge aient recommandé la prudence, l’opinion générale à Moscou était que la Finlande tomberait en dix à douze jours. Cela ne semblait pas déraisonnable étant donné le déséquilibre des forces.
Ironiquement, la rupture des négociations de Moscou poussa la plupart des membres du gouvernement finlandais à croire que le pays était en sécurité, car ils pensaient que Staine avait bluffé et qu’il n’était pas prêt à la guerre. Les menaces semblant s’éloigner, Erkko et Tanner crurent qu’une partie au moins des réservistes pouvaient être démobilisés pour assurer les travaux agricoles. Le 23 novembre, ce sentiment de sécurité fut renforcé par un discours du Premier ministre Cajander, proclamant que la vie en Finlande revenait à la normale. Cet optimisme étrange et irréaliste conduisit la population à croire que le pire était passé.
Mannerheim considérait le comportement du gouvernement comme irresponsable. Les demandes d’Erkko et de Tanner tendant à diminuer l’effort de défense le mirent dans une telle fureur qu’il donna une fois de plus sa démission. Cette démission était accompagnée d’un long mémorandum où il critiquait le gouvernement pour la médiocrité de sa politique étrangère et pour la négligence avec laquelle il avait préparé la défense du pays. Cette fois, même le président Kallio était prêt à remplacer le « vieux et grincheux » maréchal par un homme plus jeune. Mais ce remplacement fut brutalement interrompu par l’Incident de Mainila.
Le 26 novembre, le ministre soviétique des Affaires Etrangères, Molotov, envoya à Helsinki une protestation officielle par laquelle il accusait la Finlande d’avoir bombardé le village de Mainila, su côté soviétique de la frontière. La missive exigeait que les forces finlandaises se retirent immédiatement à 20 ou 25 km de la frontière. Dans sa réponse, le gouvernement finlandais expliqua que Mainila n’était à portée d’aucune unité d’artillerie finlandaise et proposa que un retrait mutuel des deux armées à distance de la frontière. Mannerheim, qui se trouvait à ce moment en inspection sur l’Isthme, répliqua sèchement que toutes les forces finlandaises du voisinage étaient à la messe au moment de l’incident !
Dans un nouveau message, Molotov accusa la Finlande d’aggraver les tensions entre les deux pays et déclara nul et non avenu le pacte de non agression de 1932. La réponse finlandaise – qui proposait de demander à une tierce parie de tirer au clair l’incident – n’était pas encore parvenue aux autorités soviétiques quand l’URSS rompit les relations diplomatiques.
Depuis, des recherches ont démontré que l’Incident de Mainila avait été bel et bien l’œuvre d’une équipe de l’Armée Rouge opérant sous couverture, quoique la Russie ne dût pas l’admettre avant de nombreuses années, après la chute de l’URSS.

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ladc51



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MessagePosté le: Dim Mar 10, 2013 16:01    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

c'est excellent !

Merci pour cette présentation d'une histoire effectivement méconnue...

On attend la suite avec impatience...

Une suggestion : qques mots d'explication sur le passé de Mannerheim rendraient le texte "autoporteur" en permettant de mieux comprendre son importance dans le jeu politique finlandais sans chercher ailleurs sa biographie...

Amitiés,
_________________
Laurent
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mar 10, 2013 19:20    Sujet du message: Répondre en citant

Ci-après quelques paragraphes remaniés avec l'aide de Mikey.

En dépit de cette reconnaissance de la Finlande par le nouveau régime russe, un état de guerre s’installa bientôt entre le nouvel état et la Russie soviétique en raison du déclenchement de la guerre civile finlandaise, qui dura de janvier à mai 1918. Plus de 35 000 personnes furent tuées pendant cette guerre, mais essentiellement lors de combats entre les Gardes Rouges et Blancs finlandais. Il n’y eut jamais de batailles majeures entre les Gardes Blancs et les forces russes. Les Gardes Blancs étaient commandés par le général Carl Gustaf Emil Mannerheim.
Il faut s’arrêter ici un instant sur ce personnage. Agé à ce moment de 51 ans, Mannerheim, issu d’une famille de l’aristocratie suédophone
Je rappelle que la langue maternelle d'une partie des Finlandais n'est pas le finnois, mais le suédois : 15% il y a deux siècles, 5,5% aujourd'hui. A la fin du XIXe, la classe dirigeante était majoritairement suédophone.,
s’était engagé dans l’armée (russe) et avait été nommé colonel après la bataille de Moukden, où il s’était distingué par son courage. Il avait commandé la brigade de cavalerie de la Garde durant la Première Guerre Mondiale. Promu lieutenant général, puis relevé de ses fonctions par le gouvernement Kerensky, il était rentré en Finlande à la fin de 1917.
A la suite de la guerre civile, la Finlande passa sous influence allemande jusqu’à la défaite de l’Allemagne en novembre 1918. Cette défaite condamnait le projet de faire de la Finlande une monarchie dirigée par le prince Frédéric-Charles de Hesse, beau-frère de Guillaume II. Le général Mannerheim (après avoir démissionné de son poste de commandant des Gardes Blancs) fut désigné Régent de Finlande. Il se présenta à la première élection présidentielle de l’histoire du pays, mais fut battu par K.J. Ståhlberg.

(...)

Sur le plan politique, les années Vingt et le début des années Trente fut une période d’instabilité en Finlande. En 1929, l’extrême-droite tenta de faire du général Mannerheim – qui avait exprimé un certain soutien pour ses positions – un dictateur de fait, mais Mannerheim refusa. En 1931, le Parti Communiste fut déclaré illégal et le Mouvement d’extrême-droite Lapua se lança dans des violences anticommunistes organisées, culminant en 1932 dans une tentative de soulèvement avortée. Dans le même temps, le Mouvement Patriotique du Peuple (IKL), de tendance ultra-nationaliste, parvenait à avoir quelques élus (au maximum 14 sièges sur 200) au parlement finlandais.

(...)

En face, les communistes finlandais exilés en Union Soviétique continuèrent à préparer la revanche de la guerre civile perdue, lançant même en 1922 un raid en Finlande, la « mutinerie du porc » .
[Ainsi nommée parce que le chef communiste fit son principal discours debout sur une caisse ayant contenu du porc…]
En 1931, le général Mannerheim fut nommé par le président de la République, Pehr Evind Svinhufvud, à la tête du Conseil de Défense, avec promesse de devenir commandant en chef des armées en cas de guerre. Deux ans plus tard, il devenait maréchal.

(...)

En mars 1939, l’ambassadeur soviétique, Boris Stein, rencontra Eljas Erkko, le nouveau ministre des Affaires Etrangères .
[Holsti s’était retiré en novembre 1938 pour différents problèmes : mauvaise santé, attaques sur son salaire – de plus, il aurait fait des remarques offensantes sur Hitler alors qu’il était ivre lors d’un dîner entre diplomates à Genève. ]
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mar 10, 2013 19:55    Sujet du message: Répondre en citant

(la suite)


La Guerre d’Hiver, 1939-1940

Le 30 novembre 1939, Helsinki fut bombardée par des avions russes et cinq armées soviétiques totalisant 450 000 hommes traversèrent les frontières sud et est de la Finlande en plusieurs points.
Au sud, les 7e et 13e Armées soviétiques (généraux Meretskoy et Grendal) attaquèrent dans l’Isthme de Carélie avec douze divisions et sept brigades blindées, soit 120 000 hommes et 90 pièces d’artillerie, contre l’Armée de l’Isthme (général Östermann), comptant tout juste 21 600 hommes et 92 canons, dont 21 pièces antichars.
Au nord du lac Ladoga, les 8e et 9e Armées soviétiques attaquèrent sur le front centre avec quatorze divisions et une brigade blindée, contre le Groupe Talvela (colonel Paavo Talvela).
Enfin, sur le front nord-est, la 14e Armée soviétique faisait face au Groupe Laponie (général Tuompo).
………
Le jour suivant, 1er décembre, les Soviétiques proclamèrent la République Démocratique de Finlande, dirigée par un gouvernement communiste fantoche, dit “gouvernement de Terijoki”, à la tête duquel se trouvait bien sûr Otto Kuusinen. Ironiquement, on se battait encore à Terijoki au moment de l’annonce faite sur Radio Moscou. Le 2 décembre, l’URSS signa un accord d’assistance mutuelle avec le gouvernement Kuusinen, selon lequel « les questions territoriales pesant sur les relations entre finno-soviétiques avaient été finalement réglées ». En échange des concessions faites par le gouvernement de Terijoki (qui satisfaisaient toutes les exigences territoriales soviétiques formulées avant la guerre), l’Union Soviétique cédait 70 000 km2 de Carélie Orientale et « exauçait enfin le vœu séculaire du peuple finlandais de réunifier le peuple de Carélie ». Trois divisions furent rapidement recrutées pour soutenir le gouvernement Kuusinen, mais elles ne comptèrent pas plus de dix mille hommes en tout, dont un tiers de Russes et deux tiers de Caréliens et d’Ougriens. Cette force, essentiellement destinée à des tâches d’occupation, ne participa aux combats qu’à la fin de la guerre. Le gouvernement de Terijoki fut en réalité une erreur diplomatique et politique qui souleva la colère en Finlande et renforça en réalité l’unité nationale. L’opération échoua d’autant plus que les purges de Staline, les années précédentes, avaient éliminé presque jusqu’au dernier les dirigeants du PC finlandais. Le gouvernement Kuusinen eut d’ailleurs toujours du mal à recruter ses “ministres”.
A Helsinki, le déclenchement de la guerre provoqua un changement de gouvernement. Celui-ci était d’autant plus nécessaire que l’URSS refusait catégoriquement toutes nouvelles négociations avec le gouvernement “Cajander-Erkko”. Mannerheim et Tanner (le ministre des Finances) furent les premiers à exiger ce changement. Risto Ryti, président de la Banque de Finlande, accepta le poste de Premier ministre avec réticence : il fallut que le président Kallio et le maréchal Mannerheim fissent appel à son sens du devoir. Tanner devint ministre des Affaires Etrangères et Paasikivi, qui avait dirigé la délégation finlandaise à Moscou, devint ministre sans portefeuille, mais n’en était pas moins le troisième homme fort du gouvernement. Malgré ce changement, les Soviétiques, utilisant le gouvernement Kuusinen comme un bouclier diplomatique, refusèrent d’abord de négocier avec le gouvernement “Ryti-Tanner”.
………
Cependant, comme le front de la “vraie” guerre était alors silencieux, l’attention du monde se porta sur la lutte de la Finlande pour son indépendance, qui souleva la compassion et l’admiration générales. Le pays bénéficia ainsi d’un soutien diplomatique et d’une assistance humanitaire de l’étranger, mais ces appuis ne se matérialisèrent que fort peu sur le plan militaire.
Les espoirs d’aide militaire de la Finlande reposaient essentiellement sur la Suède, mais celle-ci refusa de s’engager dans le conflit. Ce refus provoqua la démission du ministre des Affaires Etrangères de Suède, Rickard Sandler, qui souhaitait que son pays aide activement la Finlande. Cependant, l’opinion publique suédoise était très favorable à la Finlande, comme l’exprime ce slogan très populaire : « Finlands sak är vår » (La cause de la Finlande est nôtre). Plus de huit mille volontaires suédois vinrent s’engager dans l’armée finlandaise.
La Finlande fit appel à la SDN, bien qu’il fût alors évident que celle-ci n’avait guère de moyens d’action à sa disposition. Mais l’Union Soviétique refusa toutes les offres de médiation, sous prétexte qu’elle avait déjà d’excellentes relations avec le gouvernement de la prétendue “République Démocratique finlandaise”. Le 14 décembre 1939, la SDN expulsa l’URSS et exhorta ses membres à soutenir la Finlande. Hélas, à ce moment, l’organisation était en pratique morte et enterrée.
Néanmoins, à la suite de l’appel de la SDN, le Royaume Uni et la France élaborèrent un plan visant à envoyer une force militaire secourir la Finlande en passant par la Scandinavie. Fin décembre, ce plan fut proposé par Edouard Daladier (à ce moment Président du Conseil français) lors d’une réunion du Conseil de Guerre Interallié. Le colonel Jean Ganaval fut même envoyé en Finlande pour faire le point de la situation sur le terrain.
L’opinion publique alliée était nettement favorable à la Finlande, surtout en France, mais aider la Finlande n’était pas le but principal de l’envoi de troupes dans la région. Pour les Alliés, l’important était le contrôle des gisements de minerai de fer du nord de la Suède. Ils redoutaient que les Soviétiques ne s’en emparent après avoir englouti la Finlande, assurant ainsi un approvisionnement aisé à leur allié de facto allemand… De ce fait, plus l’URSS aurait de mal à vaincre la Finlande, mieux ce serait pour les Alliés. Cependant, les Suédois se voyaient ainsi menacés d’une invasion par l’URSS, par les Alliés et par l’Allemagne, dont il fallait redouter la réaction en cas d’intervention alliée en Suède. Sans doute les Suédois préféraient-ils une victoire franco-britannique, mais ils n’en réagirent pas moins de façon très négative à l’idée de voir les forces alliées traverser leur territoire.

A suivre...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mar 10, 2013 20:01    Sujet du message: Répondre en citant

Entracte (qui n'a que fort peu à voir avec l'histoire de la guerre d'Hiver) : le (alors colonel) Mannerheim passa deux ans en Chine en service commandé, de 1906 à 1908.
Son rapport insiste sur l'intérêt du...Xinjiang, sur sa richesse, la possibilité de l'envahir et de s'en servir comme d'une monnaie d'échange avec la Chine en cas de guerre entre la Russie et la Chine (à l'époque toutes deux Impériales).
Histoire de démontrer que les pays ont d'habitude la politique de leur géographie avant d'avoir celle de leur régime politique.
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MessagePosté le: Lun Mar 11, 2013 13:27    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis toujours épaté par l'aveuglement des responsables politiques des démocraties (venus au pouvoir par la flatterie, le bluff et la négociation) lorsqu'il jugent les agissements des tyrans (Hitler, Staline ou plus récemment Saddam Hussein). Ils croient toujours qu'ils bluffent et agitent leurs armées dans un but politique ou diplomatique... Ils sont tellement accaparés par leur petit système qu'ils oublient toujours que les tyrans ne sont pas élus et se fichent de "l’opinion publique" comme de " l’opinion internationale".
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MessagePosté le: Lun Mar 11, 2013 16:44    Sujet du message: Répondre en citant

Ce n'est que partiellement exact, et donc le paradoxe n'est que partiel. Les tyrans ne sont pas élus, c'est un fait, ou alors dans des plébiscites grotesques. Mais ils ne peuvent ignorer l'opinion publique. C'est pour cela qu'ils s'efforcent de contrôler les médias et d'une manière générale d'imposer une 'pensée unique'. De plus, ils gouvernent en s'appuyant sur un sous-groupe de la population, une nomenklatura ou l'autre, dont ils sont issus et à laquelle ils doivent donner des gages pour rester au pouvoir ou pour l'exercer.

La preuve, tous les tyrans se font renverser, ou s''ils meurent avant, leur successeur ne peut pas se maintenir. De même, les tyrans doivent avoir une diplomatie active et font grand cas de leurs relations même avec des ennemis idéologiques ou des rivaux.

En bref, la tyrannie n'est pas un blanc-seing pour faire ce qu'on veut. Le parcours est balisé, et on ne peut s'en détourner sans courir le grand risque de se faire déposer.
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MessagePosté le: Lun Mar 11, 2013 18:38    Sujet du message: Répondre en citant

Restons dans le sujet, OK ?
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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MessagePosté le: Mer Mar 13, 2013 18:59    Sujet du message: Répondre en citant

(Désolé pour le décalage, dû à un incident technique indépendant de ma volonté...).

La Guerre d’Hiver, 1939-1940


Le 30 novembre 1939, Helsinki fut bombardée par des avions russes et cinq armées soviétiques totalisant 450 000 hommes traversèrent les frontières sud et est de la Finlande en plusieurs points.
Au sud, les 7e et 13e Armées soviétiques (généraux Meretskoy et Grendal) attaquèrent dans l’Isthme de Carélie avec douze divisions et sept brigades blindées, soit 120 000 hommes et 90 pièces d’artillerie, contre l’Armée de l’Isthme (général Östermann), comptant tout juste 21 600 hommes et 92 canons, dont 21 pièces antichars.
Au nord du lac Ladoga, les 8e et 9e Armées soviétiques attaquèrent sur le front centre avec quatorze divisions et une brigade blindée, contre le Groupe Talvela (colonel Paavo Talvela).
Enfin, sur le front nord-est, la 14e Armée soviétique faisait face au Groupe Laponie (général Tuompo).
………
Le jour suivant, 1er décembre, les Soviétiques proclamèrent la République Démocratique de Finlande, dirigée par un gouvernement communiste fantoche, dit “gouvernement de Terijoki”, à la tête duquel se trouvait bien sûr Otto Kuusinen. Ironiquement, on se battait encore à Terijoki au moment de l’annonce faite sur Radio Moscou. Le 2 décembre, l’URSS signa un accord d’assistance mutuelle avec le gouvernement Kuusinen, selon lequel « les questions territoriales pesant sur les relations entre finno-soviétiques avaient été finalement réglées ». En échange des concessions faites par le gouvernement de Terijoki (qui satisfaisaient toutes les exigences territoriales soviétiques formulées avant la guerre), l’Union Soviétique cédait 70 000 km2 de Carélie Orientale et « exauçait enfin le vœu séculaire du peuple finlandais de réunifier le peuple de Carélie ». Trois divisions furent rapidement recrutées pour soutenir le gouvernement Kuusinen, mais elles ne comptèrent pas plus de dix mille hommes en tout, dont un tiers de Russes et deux tiers de Caréliens et d’Ougriens. Cette force, essentiellement destinée à des tâches d’occupation, ne participa aux combats qu’à la fin de la guerre. Le gouvernement de Terijoki fut en réalité une erreur diplomatique et politique qui souleva la colère en Finlande et renforça en réalité l’unité nationale. L’opération échoua d’autant plus que les purges de Staline, les années précédentes, avaient éliminé presque jusqu’au dernier les dirigeants du PC finlandais. Le gouvernement Kuusinen eut d’ailleurs toujours du mal à recruter ses “ministres”.
A Helsinki, le déclenchement de la guerre provoqua un changement de gouvernement. Celui-ci était d’autant plus nécessaire que l’URSS refusait catégoriquement toutes nouvelles négociations avec le gouvernement “Cajander-Erkko”. Mannerheim et Tanner (le ministre des Finances) furent les premiers à exiger ce changement. Risto Ryti, président de la Banque de Finlande, accepta le poste de Premier ministre avec réticence : il fallut que le président Kallio et le maréchal Mannerheim fissent appel à son sens du devoir. Tanner devint ministre des Affaires Etrangères et Paasikivi, qui avait dirigé la délégation finlandaise à Moscou, devint ministre sans portefeuille, mais n’en était pas moins le troisième homme fort du gouvernement. Malgré ce changement, les Soviétiques, utilisant le gouvernement Kuusinen comme un bouclier diplomatique, refusèrent d’abord de négocier avec le gouvernement “Ryti-Tanner”.
………
Cependant, comme le front de la “vraie” guerre était alors silencieux, l’attention du monde se porta sur la lutte de la Finlande pour son indépendance, qui souleva la compassion et l’admiration générales. Le pays bénéficia ainsi d’un soutien diplomatique et d’une assistance humanitaire de l’étranger, mais ces appuis ne se matérialisèrent que fort peu sur le plan militaire.
Les espoirs d’aide militaire de la Finlande reposaient essentiellement sur la Suède, mais celle-ci refusa de s’engager dans le conflit. Ce refus provoqua la démission du ministre des Affaires Etrangères de Suède, Rickard Sandler, qui souhaitait que son pays aide activement la Finlande. Cependant, l’opinion publique suédoise était très favorable à la Finlande, comme l’exprime ce slogan très populaire : « Finlands sak är vår » (La cause de la Finlande est nôtre). Plus de huit mille volontaires suédois vinrent s’engager dans l’armée finlandaise.
La Finlande fit appel à la SDN, bien qu’il fût alors évident que celle-ci n’avait guère de moyens d’action à sa disposition. Mais l’Union Soviétique refusa toutes les offres de médiation, sous prétexte qu’elle avait déjà d’excellentes relations avec le gouvernement de la prétendue “République Démocratique finlandaise”. Le 14 décembre 1939, la SDN expulsa l’URSS et exhorta ses membres à soutenir la Finlande. Hélas, à ce moment, l’organisation était en pratique morte et enterrée.
Néanmoins, à la suite de l’appel de la SDN, le Royaume Uni et la France élaborèrent un plan visant à envoyer une force militaire secourir la Finlande en passant par la Scandinavie. Fin décembre, ce plan fut proposé par Edouard Daladier (à ce moment Président du Conseil français) lors d’une réunion du Conseil de Guerre Interallié. Le colonel Jean Ganaval fut même envoyé en Finlande pour faire le point de la situation sur le terrain.
L’opinion publique alliée était nettement favorable à la Finlande, surtout en France, mais aider la Finlande n’était pas le but principal de l’envoi de troupes dans la région. Pour les Alliés, l’important était le contrôle des gisements de minerai de fer du nord de la Suède. Ils redoutaient que les Soviétiques ne s’en emparent après avoir englouti la Finlande, assurant ainsi un approvisionnement aisé à leur allié de facto allemand… De ce fait, plus l’URSS aurait de mal à vaincre la Finlande, mieux ce serait pour les Alliés. Cependant, les Suédois se voyaient ainsi menacés d’une invasion par l’URSS, par les Alliés et par l’Allemagne, dont il fallait redouter la réaction en cas d’intervention alliée en Suède. Sans doute les Suédois préféraient-ils une victoire franco-britannique, mais ils n’en réagirent pas moins de façon très négative à l’idée de voir les forces alliées traverser leur territoire.
………
Le commandement soviétique croyait que l’Armée Rouge écraserait la résistance finlandaise en deux semaines.
Le 6 décembre, les Finlandais s’étaient repliés sur l’Isthme, à quelque distance (25 à 50 km) de la frontière, jusqu’à la Ligne Mannerheim, qu’ils avaient renforcée. Le 7, les Soviétiques lancèrent leur première offensive contre la ligne principale, à Taipale, dans la partie est de l’Isthme, et furent repoussés. Dix jours plus tard, l’Armée Rouge tenta de percer à Summa, dans la partie centrale de l’Isthme, avec des unités blindées, mais cette attaque aussi fut repoussée. Le 22 décembre, une contre-attaque finlandaise fut lancer pour tenter d’encercler les Soviétiques dans le secteur de Summa, mais l’opération fut interrompue le jour même, après que les Finlandais aient subi de lourdes pertes. A la fin de l’année, les combats sur l’Isthme avaient dégénéré en une guerre de tranchées.
Dans le même temps, les Finlandais utilisaient des tactiques d’encerclement avec efficacité dans les régions désertiques de l’est. Ils avaient ainsi arrêté l’avance soviétique au nord du lac Ladoga, à Kollaanjoki, Deux divisions soviétiques s’étaient retrouvées isolées et assiégées – les Finlandais appelaient ces grandes unités encerclées des mottis. Cependant, ces encerclements immobilisaient des forces finlandaises substantielles.
Pendant ce temps, plus au nord, le Groupe Talvela remportait la première grande victoire offensive de la Finlande contre l’Armée Rouge grâce à une contre-attaque hardie à Tolvajärvi.
Une autre grande bataille se déroula à Suomussalmi du 7 décembre 1939 au 8 janvier 1940. Le 30 novembre, la 163e Division soviétique avait passé la frontière et avancé du nord-est jusqu’au village de Suomussalmi. L’objectif soviétique était de progresser jusqu’à la ville d’Oulu et de couper la Finlande en deux, laissant la Laponie isolée et vulnérable. En réponse, les forces commandées par le colonel Hjalmar Siilasvuo lancèrent mi-décembre une contre-offensive. Après deux semaines de violents combats, les restes de la 163e Division s’enfuirent vers l’est au début de janvier.
Pendant ce temps, la 44e Division soviétique avait avancé de l’est vers Suomussalmi et s’était retranchée sur la route entre ce village et Raate. Du 4 au 8 janvier, elle fut entraînée par la déroute de la 163e Division, dispersée en groupes isolés sous forme de mottis et finalement détruite par les troupes finlandaises, qui capturèrent de grandes quantités d’équipements lourds.
La bataille de Suomussalmi fut une grande victoire finlandaise. Si les Soviétiques avaient pris Oulu, la Finlande aurait dû se défendre sur deux fronts et la liaison ferroviaire vers la Suède aurait été coupée.
Ces victoires consolidèrent de façon décisive le moral de l’armée et de la population finlandaises. Après le pessimisme des premiers jours, chacun commença à croire que la Finlande pourrait véritablement survivre à la guerre.
En plus de l’équipement arraché aux Soviétiques, la Finlande reçut une aide matérielle de plusieurs pays et notamment de la France, qui fit parvenir à Helsinki trente avions de chasse et des centaines de milliers de grenades.
Par ailleurs, des volontaires continuaient d’arriver en Finlande – au total, il y en aurait plus de onze mille, de vingt pays différents, mais surtout de Suède. Il y eut ainsi plus de 8 700 Suédois, dont certains contribuèrent de façon décisive à la défense de la Finlande du Nord avec le 19e Régiment Aérien, qui fit voler 25 appareils plus ou moins démodés comme des Bristol Bulldog et des Hawker Hart. Mais il y eut aussi plus de mille Danois, 727 Norvégiens, 346 Hongrois et un nombre inconnu d’Estoniens. Des Etats-Unis vinrent plus de 350 citoyens américains d’ascendance finlandaise, qui formèrent la Légion Finno-Américaine (Amerikansuomalainen Legioona ou ASL). Cette Légion avait deux compagnies ; l’une arriva sur le front le jour même de la fin de la guerre, l’autre fut tout près de participer à une action, mais sans succès. Du Royaume Uni vinrent 13 volontaires ; 214 autres arrivèrent en Finlande une semaine après la fin de la guerre et 750 Britanniques de plus attendaient en Angleterre de pouvoir se rendre en Finlande. Ces volontaires britanniques devaient être regroupés en une sorte de Brigade Internationale sous le commandement du colonel Kermit Roosevelt, fils de l’ancien président américain Theodore Roosevelt. Enfin, 150 Italiens se portèrent volontaires pour participer à la croisade anti-bolchevique ; un pilote italien fut même tué en se battant pour la Finlande.
Cependant, bien que l’aide matérielle et les volontaires fussent appréciés, tout cela restait bien maigre par comparaison avec la puissance de l’Armée Rouge. C’est ce que fit remarquer le ministre de Affaire Etrangères Tanner quand il observa en ricanant, devant l’Ambassadeur américain, que tout le matériel reçu de l’étranger depuis le début de la Guerre d’Hiver représentait moins que la quantité prise aux Soviétiques.
Néanmoins, devant le soutien manifesté à la Finlande par les pays scandinaves, Moscou perdit son sang-froid et accusa la Suède et la Norvège d’envoyer des combattants et de l’aide matérielle à la Finlande tout en colportant des récits défavorables à l’URSS. Réciproquement, l’Union Soviétique refusa de “comprendre” les protestations de la Suède quand un vapeur civil fut coulé par les forces soviétiques au large de la côte d’Umeå.
………
En janvier 1940, les Finlandais repoussèrent aussi des tentatives de percée soviétiques à Kuhmo, où une division de l’Armée Rouge fut encerclée. A Kemijärvi et Pelkonsenniemi, deux divisions soviétiques furent forcées de battre en retraite avec de lourdes pertes.
Cette série de succès finit par convaincre certains membres du gouvernement finlandais que la guerre était gagnable. Néanmoins, Mannerheim était bien conscient que la situation stratégique restait sombre, car le seul poids du nombre devait finir par faire pencher la balance en faveur de l’URSS.
Au même moment, ces événements provoquaient des modifications de l’organisation militaire et politique des Soviétiques.
………
Durant le premier mois de la guerre, l’activité de l’Armée Rouge en Finlande avait été considérée comme une opération locale dirigée par le District Militaire de Leningrad, dont le but était l’occupation du pays. Dans ce cadre, le gouvernement Kuusinen devait jouer un rôle important. Mais Staline n’était pas satisfait des résultats du premier mois de la campagne de Finlande. L’Armée Rouge avait été humiliée. Dès la troisième semaine de la guerre, la propagande soviétique faisait de son mieux pour expliquer au peuple les échecs de l’armée, qu’elle expliquait par la dureté du climat et les difficultés du terrain, tout en prétendant que la Linge Mannerheim était plus forte que la Ligne Maginot (les Finlandais affirmaient la même chose concernant la Ligne Mannerheim pour renforcer le moral du pays, mais cela ne rendait pas ce mensonge plus véridique).
Le commandement soviétique fut obligé de réévaluer la situation. Au début de janvier, le Kremlin prit les rênes : un Front Nord-Ouest fut créé dans l’Isthme de Carélie, commandé par Semyon Timoshenko sous la supervision directe de Klement Voroshilov, Commissaire du Peuple à la Défense. Les doctrines tactiques furent modifiées pour tenir compte des réalités : par exemple, le rythme d’avance quotidien prévu (15 km à pied et 50 pour les véhicules) ne s’était jamais réalisé. Les relations entre les différentes branches de l’Armée Rouge furent resserrées et réorganisées. Stratégiquement, des plans furent dressés pour débloquer la situation : le centre de l’attaque serait désormais l’Isthme de Carélie.
Toutes les forces soviétiques du secteur furent réparties en deux armées, les 7e et 13e Armées. La 7e, à présent commandée par Kirill Meretskov, concentrerait 75 % de ses forces sur les 16 km de la Ligne Mannerheim séparant Taipale des marais de Munasuo. On fit expédier sur le front d’énormes quantités de chars neufs et de pièces d’artillerie. Les effectifs passèrent de dix divisions à vingt-cinq ou vingt-six, plus six ou sept brigades blindées et plusieurs pelotons de chars indépendants, soit au total 600 000 hommes. La tactique serait basique : un coin armé pour faire la percée initiale, suivi par la force d’assaut principale, constituée d’infanterie et de véhicules d’assaut. L’Armée Rouge commença sa préparation en signalant les fortifications finlandaises en première ligne. La 123e Division d’Assaut s’entraîna à l’assaut sur des maquettes grandeur nature.
………
Le 1er février, l’Armée Rouge entama son offensive sur le front de l’Isthme par un bombardement d’artillerie : 300 000 obus furent tirés sur les lignes finlandaises dans les 24 premières heures. Ces bombardements s’accrurent peu à peu, épuisant les défenseurs et dégradant les fortifications.
Chaque jour, les Finlandais s’abritaient dans leurs fortifications et réparaient les dommages subis durant la nuit. Mais l’épuisement gagna peu à peu les défenseurs, qui perdirent 3 000 hommes dans cette guerre de tranchées. De temps en temps, les Soviétiques lançaient de petites attaques d’infanterie. A court de munitions, l’artillerie finlandaise avait l’ordre de ne tirer que si elle était directement menacée.
Au bout de 10 jours de bombardement d’artillerie permanent, les Soviétiques lancèrent leurs troupes à l’attaque, derrière des écrans de fumée, avec un appui d’artillerie lourde et des soutiens blindés, mais en terrain dégagé, l’infanterie chargeait encore en formations denses. Les généraux soviétiques étaient toujours prêts à accepter de lourdes pertes pour atteindre leurs objectifs. En revanche, à la différence du mois de décembre, les chars russes progressaient par petits groupes, protégés par l’infanterie contre les équipes antichars des Finlandais.
Le 11 février, lors de la deuxième bataille de Summa, les Soviétiques réussirent à percer dans la partie ouest de l’Isthme de Carélie. L’Armée Rouge concentrait à ce moment dans ce secteur environ 460 000 hommes, plus de 3 350 pièces d’artillerie, environ 3 000 blindés et à peu près 1 300 avions. Des renforts lui arrivèrent par la suite constamment. En face de cette masse, les Finlandais alignaient huit divisions, soit environ 150 000 hommes en tout. Un par un, les points fortifiés craquèrent sous les attaques et les Finlandais furent forcés de se replier. Le 15 février, après être venu sur le front se rendre compte personnellement de la situation, Mannerheim autorisa une retraite générale jusqu’à la Ligne Intermédiaire.
Du côté est de l’Isthme en revanche, les Finlandais continuaient à résister aux assauts des Soviétiques, qui furent repoussés à la bataille de Taipale.
Mais à la fin du mois de février, l’armée finlandaise fut obligée de se retirer de la Ligne Intermédiaire jusqu’à la Ligne Viipuri-Kuparsaari-Vuoksi-Taipale

La guerre dans le Grand Nord : la campagne de Petsamo
Finlandais et Soviétiques se battirent aussi à l’extrême nord du pays, dans la région de Petsamo. Très inférieurs en nombre, les Finlandais réussirent pourtant à contenir les troupes soviétiques grâce aux conditions extrêmes en termes de météo et de terrain régnant dans le secteur, et grâce aux inquiétudes soviétiques concernant un possible débarquement des Anglais et des Français à Mourmansk.
Du côté finlandais, les forces se composaient au début de la guerre de la 10e Compagnie Indépendante (10.Er.K.) à Parkkina et de la 5e Batterie Indépendante (5.Er.Prti : quatre canons de campagne de 76 mm, M1887) à Liinakhamari. Ces forces faisaient partie du Groupe Laponie de l’armée finlandaise, dont le QG était à Rovaniemi (les unités dites indépendantes n’appartenaient à aucune division spécifique et pouvaient constituer des formations ad hoc). La 10.Er.K. et la 5.Er.Ptri furent par la suite renforcées par la 11e Compagnie Indépendante (11.Er.K.), par le petit Groupe de Reconnaissance 11 et par une autre compagnie qui n’était pas incluse dans les plans de mobilisation originaux. L’ensemble de ces troupes, soit environ 900 hommes, avait été baptisé Détachement Pennanen (Osasto Pennanen), du nom de leur chef, le capitaine Antti Pennanen.
Du côté soviétique, la péninsule de Kola était occupée par la 14e Armée. Celle-ci se composait des 14e, 52e et 104e Divisions d’Infanterie, alignant en tout 52 500 hommes. Seules les 52e et 104e DI prirent part aux opérations dans le secteur de Petsamo, la 14e occupant le port de Liinakhamari. La supériorité numérique des Soviétiques restait écrasante, mais le commandement de la 14e Armée devait garder la plus grande partie de ses troupes en réserve pour contrer un éventuel débarquement Anglo-Français près de Mourmansk.
Le 30 novembre 1939, des éléments de la 104e DI passèrent la frontière et occupèrent la partie finlandaise de la péninsule de Rybachi. Le 1er décembre, le 242e RI atteignit Parkkina, tandis que les Finlandais se repliaient jusqu’à Luostari.
La 52e DI fut alors transportée par bateau jusqu’à Petsamo et reprit l’attaque à son compte, repoussant le Détachement Pennanen jusqu’à Höyhenjärvi. Mais, le 18 décembre, l’attaque fut suspendue.
Les deux mois suivants, les forces soviétiques restèrent immobiles, craignant d’avancer trop loin et d’être encerclées comme à Suomussalmi. Cette crainte était entretenue par des raids de reconnaissance finlandais et des opérations de guérilla derrière les lignes ennemies.
Le 25 février, les Soviétiques reprirent leur avance, forçant les Finlandais à se replier jusqu’à Nautsi, près du lac Inari. Le front se stabilisa là jusqu’à la fin des hostilités.
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MessagePosté le: Mer Mar 13, 2013 21:35    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le 22 décembre, une contre-attaque finlandaise fut lancée


Citation:
L’Armée Rouge commença sa préparation en signalant les fortifications finlandaises en première ligne.
signalant ?

Citation:
Du côté finlandais, les forces se composaient au début de la guerre de la 10e Compagnie Indépendante [...]
Un passage bien long pour une troupe minuscule ...

Citation:
mais le commandement de la 14e Armée devait garder la plus grande partie de ses troupes en réserve pour contrer un éventuel débarquement Anglo-Français près de Mourmansk.
Point déjà signalé juste avant.
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