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1940 - La France continue la guerre
 
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Dak 69 s'évade !!

 
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Oct 22, 2008 18:09    Sujet du message: Dak 69 s'évade !! Répondre en citant

C'est le grand retour de Dak 69. Après l'évasion d'un général, il s'intéresse à de simples troufions...
Bonne lecture !!


16 août 1940
Des Alpes à la Corse
« (…) Pendant les ultimes semaines de la campagne de France, quand il fut évident que les combats n’avaient plus pour but que de permettre à un maximum de troupes et de civils de trouver refuge en Afrique du Nord, empêcher ce transfert par tous les moyens devint un des principaux objectifs des Allemands, pendant la bataille mais aussi après, afin de ne pas laisser de porte de sortie aux retardataires.
En août, pour ces derniers, les possibilités d’évasion se résumaient à deux : soit l’Espagne par les Pyrénées, soit la voie maritime en partant du littoral méditerranéen, avec éventuellement une étape en Corse.
Verrouiller le littoral méditerranéen au fur et à mesure de l’avance des troupes n’était pas simple pour les Allemands. Il leur aurait fallu un double dispositif, terrestre et maritime, à l’image de celui qui fut employé le long des côtes de la Manche et qui interdisait presque tout passage vers l’Angleterre. Il était évidemment impossible de conduire des patrouilleurs d’Allemagne en Méditerranée en raison du délabrement des voies de communication (mais aussi à cause du manque d’unités disponibles). Les Occupants pensèrent réquisitionner tout ce qui était susceptible de tenir la mer plus d’une journée pour s’en servir comme patrouilleurs improvisés. Mais ils déchantèrent rapidement : tous les ports étaient vides, il ne restait que des épaves, coques pourries, quelques barques de pêche et des bateaux à voile… Dans les chantiers navals, rien n’était susceptible d’être utilisé à court terme. Le Grand Déménagement était passé par là aussi.
Devant cette situation, des discussions s’ouvrirent rapidement avec l’allié italien et se poursuivirent en coulisse des négociations d’armistice de Wiesbaden avec l’équipe Laval. En effet, les Italiens, eux, pouvaient facilement mettre en place des moyens de surveillance le long de la côte française… Mais, jouant sans hésiter cette carte, l’une des rares dont ils disposaient, ils exigèrent en contrepartie une extension de leur zone d’occupation le long de la côte, estimant, non sans raison, que s’ils devaient déployer même de petites unités en Provence, il leur faudrait pour cela disposer de bases en territoire contrôlé par l’Italie. Le Reich ne céda pas sur ce point, préférant accorder à son allié l’occupation d’une grande partie des Alpes (« Autant que ce soient eux qui gèlent sur les sommets » aurait dit Keitel), mais lui refusant tout accès au littoral à l’ouest de Cannes. Les discussions traînèrent donc en longueur, avant que les Italiens ne se résignent. »

(D’après “La Grande Evasion – Filières et réseaux de passage entre la France occupée et les territoires alliés” – Colloque organisé en 1994 par le Centre d’Etudes d’Histoire de la Défense – Textes publiés en 1995 par les Editions du CNRS, s.d. Jean-Marie Servan)

Entre Jausiers et Saint-Etienne de Tinée, à plus de 2 700 m d’altitude, se dresse le fort du Restefond. Cet ouvrage de la “ligne Maginot des Alpes” n’a jamais été achevé. Pourtant, comme le disent plaisamment les habitants de la vallée, lui et ses voisins défendent plus que la patrie : le fief électoral de Paul Reynaud, natif de Barcelonnette. Durant toute la campagne de France, il a fait vaillamment son devoir. Les Italiens sont restés bloqués de leur côté de la frontière : toutes leurs tentatives de forcer ou de contourner le col de Larche ont échoué avec des pertes importantes.
Le 15 août pourtant, apprenant par le poste de TSF de l’ouvrage que les combats ont pratiquement cessé sur le territoire métropolitain, le commandant de la garnison, qui ne compte plus qu’une quarantaine de soldats, tous originaires des environs, a laissé à ses hommes le choix entre « le retour aux foyers, dans l’attente de la revanche » ou « l’évasion vers l’Afrique du Nord, pour continuer la lutte. » Lui-même partira le dernier et disparaîtra dans la nature sans attendre les Italiens. Auparavant, les hommes détruisent l’armement du fort, versant des litres d’acide de batterie dans les deux canons de 75 et les deux mortiers de 81, brisant à la masse les appareils de visée et cachant les armes automatiques et leurs munitions au fond des ravins voisins, dans l’attente de jours meilleurs.
Un groupe composé de douze hommes de troupe et deux sous-officiers commandés par le lieutenant Lejeune a choisi de tenter de rejoindre l’Afrique du Nord. A l’aube du 16, il part à pied, tout d’abord vers le col des Fourches, dont les installations militaires sont déjà abandonnées, puis en direction de la frontière italienne, qu’il franchit au col de Pouriac, avant de descendre sur Argentera, dans la vallée conduisant à Cuneo. Ils ne rencontrent qu’un berger isolé, bien que le sol soit par endroits jonché de douilles de petit calibre et les crêtes parsemées de murets de défense. Ils comprennent pourquoi en arrivant à Argentera dans la soirée : les Italiens sont en train de fêter bruyamment “leur” victoire !
Les quinze hommes prennent alors discrètement le chemin de la vallée et au village suivant, Bersezio, la chance leur sourit : un gros camion Fiat vide est arrêté devant l’auberge. Tout le groupe embarque et le camion dévale vers Cuneo. Chaque fois qu’ils croisent des militaires italiens, tous les hommes hurlent : « Viva il Duce, Avanti Italia ! », tirant si nécessaire des coups de feu en l’air pour être encore plus crédibles. Dans la nuit qui tombe, nul ne s’inquiète d’eux. Dès Cuneo, ils ne croisent plus que de rares véhicules et poursuivent leur route jusqu’à Savone sans être inquiétés.
A 4 heures du matin, le camion atteint le village de Spotorno, réservoir presque à sec, mais la mer est toute proche. Il ne reste plus qu’à faire main basse sur un bateau s’apprêtant à quitter le petit port de pêche. Mais tout dort à Spotorno. A 5 heures, comme le jour va se lever, le lieutenant Lejeune conduit tout le groupe à l’abri dans les collines à l’arrière du village, de l’autre côté de la voie ferrée. Quant au camion, il est garé à proximité de la caserne des carabiniers.

17 août 1940
Village de Spotorno, côte du golfe de Gênes
Vers 10h00, le lieutenant Lejeune envoie au village le soldat Bernard Robbia, celui du groupe qui maîtrise le mieux l’italien, avec pour mission de se renseigner sur les habitudes des pêcheurs locaux. Robbia porte un uniforme italien trouvé dans le camion et il est affublé d’un énorme bandage sur la tête et d’un bras en écharpe, témoignages des blessures glorieuses subies lors de l’offensive italienne sur Menton. Il est censé rentrer en permission dans son village de la Garfagnana pour un repos bien mérité…
La journée passe lentement et Lejeune commence à s’inquiéter quand Robbia revient enfin, vers 22h00. Le lieutenant avait oublié qu’en Italie, les cafés sont bien plus fréquentés (et les langues plus déliées) après la journée de travail… Robbia a de bonnes nouvelles : « Il y a un bateau de pêche, la Santa Rita, qui doit sortir vers minuit. Le patron, son fils et un autre marin. Il est assez gros pour qu’on tienne tous dedans ! »
« Sainte Rita, patronne des causes désespérées ! » se dit Lejeune (ses études chez les Jésuites lui ont laissé des traces, pour ne pas dire des séquelles).
La Santa Rita est amarrée à couple avec un autre bateau. Lejeune dissimule ses hommes dans les deux embarcations et à leur arrivée, vers minuit, les trois Italiens n’ont guère d’autre choix que d’obéir et d’appareiller en emmenant les quinze Français.

18 août 1940
Golfe de Gênes
L’euphorie des Français embarqués sur la Santa Rita est de courte durée. D’abord, l’abominable odeur de poisson régnant dans la cale retourne les estomacs pourtant vides de la plupart des montagnards, mais c’est surtout la mauvaise nouvelle transmise par Robbia qui porte un coup à leur moral : « Le capitaine dit qu’il n’a pas assez de gasoil pour traverser la Méditerranée et que ça ne suffira sans doute même pas pour atteindre la Corse. » Cependant, le vin est tiré et Lejeune décide d’ignorer ce pronostic. Les heures passent et la Santa Rita chemine gentiment à 5-6 nœuds, cap sud-sud-est, comme l’atteste le compas surveillé de près par le lieutenant. La Corse devrait être visible en début d’après-midi.
De fait, les montagnes du cap Corse apparaissent par bâbord avant vers 14h00.
Mais les prévisions du pêcheur se révèlent exactes : peu après 14h30, le moteur s’arrête et le bateau se met à dériver mollement vers l’est. Le soir, le vent se lève, mais pour retomber rapidement et la suggestion d’un des montagnards de confectionner une voile de fortune avec les filets n’attire que des ricanements de la part du patron pêcheur.

19 août 1940
Côte du Languedoc
« Jusqu’au début 1941, le filet empêchant de fuir la France par la Méditerranée était assez lâche. Les Allemands occupaient le littoral de Perpignan à Cannes, mais ils ne tenaient guère que les villes et villages ; les Italiens en faisaient autant de Cannes à Nice, mais eux patrouillaient aussi en mer (leur zone de patrouille ne s’étendit que progressivement vers Toulon). Ce dispositif ne se resserra que vers mars 1941, au fur et à mesure que les Allemands remirent en route les petits chantiers navals des environs de Marseille, pour y produire ou y réparer en hâte des bateaux adaptés à la surveillance côtière. De nombreux Français profitèrent des trous dans la couverture du littoral pour s’échapper.
D’abord, dans les semaines qui suivirent l’arrêt des combats, plusieurs centaines de soldats français purent passer en Afrique du Nord, soit directement, soit par la Corse, après des aventures plus ou moins rocambolesques. Entre bien d’autres, il faut signaler ici le rôle joué par un modeste cargo, le Rhin. Ce bâtiment de 2 450 tonneaux et de 80 m de long s’était déjà distingué (dans le plus grand secret), car derrière son aspect de vieille baille rouillée marchant au charbon et cherchant du fret au hasard des ports, il servait de base à une section des Forces spéciales de la Marine, emmenée par le lieutenant de vaisseau Péri. En mai 1940, Péri avait réussi à faire sauter deux mines sous le ravitailleur de sous-marins allemands Corrientes, en plein port de Las Palmas, aux Canaries.
Après cet exploit, le navire participa au Grand Déménagement, s’offrant le luxe d’abattre deux Stuka dans la deuxième quinzaine de juillet, devant Marseille et Sète. Il faut dire que son commandant, le capitaine Cannebotin, avait hérissé son bateau de mitrailleuses anti-aériennes de 13,2 mm, en se servant libéralement dans le lot de celles qu’il avait embarquées à Toulon et devait débarquer à Oran. Ces armes étaient dissimulées par des prélarts pour n’être aperçues ni des avions allemands… ni des officiers de l’Armée de Terre.
L’aventureuse carrière du Rhin se poursuivit après la fin des combats sur le Continent. (…) »

(D’après “La Grande Evasion” – op. cit.)
00h30 – Une ombre passablement rouillée croise au large des côtes languedociennes. Enfin, au large si l’on peut dire, car le Rhin ne doit pas être à plus d’un mille de la côte. Comme les deux nuits précédentes, il cherche des groupes de soldats français réfugiés sur les plages, afin de les récupérer. Plusieurs dizaines d’homme ont ainsi été ramassés sur les plages entre Saint-Cyprien et Leucate. Cette nuit, le bateau opère un peu plus au nord, entre Gruissan et Agde. Sur la passerelle, la conversation, quoique à voix basse, est animée :
– Il n’y a plus personne par ici ! Et à force, nous finirons par prendre un obus allemand. Avec la lune pleine et haute, il faudrait être aveugle pour ne pas nous voir, feux masqués ou pas.
– Vous avez raisons, Doc. Et avec si peu d’eau sous la quille, d’ici qu’on passe de cible mouvante à cible fixe, il n’y a pas loin.
– Pas d’inquiétude, capitaine. Le sondeur indique plus de 10 mètres.
– Vous faites confiance à cette invention ?
– Rien ne nous empêche de mettre un homme avec une sonde au bossoir, capitaine !
– Bien sûr, et il gueulerait 3 brasses, 2 brasses, 4 brasses comme du temps de la marine à voile. Comme ça, en plus d’être vus, on serait entendus !
– Le vent vient de terre, pas de risque. Et de toute façon, la machine non plus n’est pas vraiment discrète !
– Ah, vous êtes volontaire pour ramer ?
– Capitaine, je plaisantais. Voyons les choses du bon côté : si un sous-marin italien s’aventure jusqu’ici, il se raclera le ventre par terre avant nous. Et avec la lune, au moins, on y voit assez pour la navigation même au ras de la côte, ce qui n’est pas si mal vu que les Boches ont éteint tous les phares.
Une voix indiscutablement féminine interrompt cet échange : « Un signal lumineux intermittent à babord, là ! »
00h55 – Sur la plage de Vias, le soldat de deuxième classe Albert Blin ne trouve pas le sommeil. Il a échoué là avec trois autres troupiers, issus comme lui de la compagnie de l’Air dont quelques membres étaient chargés du terrain de Béziers-Vias. Lors de l’arrivée des Allemands, ils ont échappé à la capture en se dirigeant vers le sud et, après avoir franchi le canal du Midi, ils ont trouvé refuge aux abords de la plage. Mais, dans leur fuite, ils n’ont pas emporté grand-chose, et craignent d’être obligés de se rendre bientôt, l’estomac vide.
Albert Blin a sorti de sa poche une de ses dernières Gauloises et l’a allumée (non sans mal, à cause du vent) avec un gros briquet à essence qui crache une longue flamme. Les craquements de la molette ont réveillé ses compagnons Joseph Bouvet, Maurice Lefort et Georges Duval. Tous trois ont imité leur camarade et se sont partagé leurs dernières cigarettes, qu’ils ont allumées avec le briquet d’Albert Blin, toujours aussi peu discret.
Alors qu’ils tirent leurs dernières bouffées, une voix venue de la mer les fait bondir sur leurs pieds : « Oh, les biffins ! Vous attendez le métro ? Le dernier est à quai, et il ne repassera pas avant longtemps ! » C’est le LV Péri, arrivé en chaloupe. Les quatre hommes ne se font pas prier pour embarquer et la chaloupe repart à force de rames vers le Rhin.
Il n’y aura pas d’autre ramassage cette nuit-là.
05h45 – Au petit matin, alors que le Rhin a pris la direction des îles Baléares, il est survolé par un avion allemand, mais il arbore à ce moment un immense pavillon espagnol et son nom est masqué par une toile noire où est écrit San Miguel. Les aviateurs se contentent donc d’un petit tour, d’autant plus que les marins présents sur le pont leur font de grands gestes amicaux (pendant que d’autres s’agrippent nerveusement à leurs mitrailleuses…).
Le vieux cargo arrivera sans encombre à Alger dans la journée du 21 août.

19 août 1940
Aux approches du cap Corse
Au lever du jour, la Santa Rita n’a guère bougé. Et elle ne bouge guère plus de toute la journée…

20 août 1940
Aux approches du cap Corse
Enfin, Sainte Rita se penche sur ses ouailles.
A l’aube, le petit caboteur Tenace (119 tonneaux, 30 mètres) sort du port de Saint-Florent, cap sur Bastia. Son capitaine choisit de passer relativement au large du cap Corse : il ne craint pas les sous-marins italiens, car il faudrait un savoir-faire peu commun pour réussir à atteindre une si petite coque avec une torpille. C’est ainsi que le Tenace aperçoit la Santa Rita encalminée, qui se met à envoyer des séries de coups de sirène à son approche – trois brefs, trois longs, trois brefs… et quelques minutes plus tard, les militaires français se retrouvent à bord du petit caboteur, qui leur apparaît comme un véritable paquebot après l’exiguïté du bateau de pêche.
On décide de prendre la Santa Rita en remorque, en y laissant ses trois pêcheurs, mais au bout d’un petit moment, le patron italien tranche l’amarre et son bateau redémarre et met le cap au nord – apparemment, il avait une réserve de carburant bien cachée. Le capitaine du Tenace envisage de poursuivre le petit bateau, quand on voit le matelot du Santa Rita se jeter à la mer et nager vers le cargo français ! Repêché, il déclare qu’il s’appelle Gianbattista Grassi, qu’il est anti-fasciste, qu’il veut s’engager dans la Légion Etrangère et qu’il demande aux Français de laisser tranquilles les pêcheurs italiens, qui sont de braves gens avec une famille à nourrir… [NDE (2008) – Gianbattista Grassi ne revit jamais Spotorno. Engagé dans la Légion, il fut envoyé en Indochine, où il gagna deux médailles, mais finit simple légionnaire en raison de son indiscipline chronique. Après la guerre, il se fixa à Saïgon, où il mourut en 1977 d’une cirrhose du foie, pleuré par les pensionnaires de l’établissement discret mais hospitalier qu’il avait créé et fait prospérer, et qu’il avait baptisé… “Santa Rita”.]
Finalement, dans l’après-midi, le Tenace débarque ses passagers inattendus à Bastia. Les évadés du fort de Restefond arriveront à Alger deux semaines plus tard, félicités – dira la légende – par leur député, Paul Reynaud en personne…
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MessagePosté le: Jeu Oct 23, 2008 07:33    Sujet du message: Répondre en citant

Superbe !

En parlant des Canaries, je me demande si les Alliés vont tolérer que le Corrientes ou bien le Charlotte Schliemann puissent faire relâche à Las Palmas en toute impunité ... Surtout que la donne avec Franco est différente.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Nov 12, 2008 21:04    Sujet du message: Par l'Espagne (Dak69 toujours) Répondre en citant

Hé oui, Dak69 a encore frappé !
Dans ce premier épisode apparaissent deux personnages, historiques mais non nommés. Ceux qui trouvent qui c'est ont droit à toute mon estime, moi j'ai séché.
Embarassed

Un visa pour la liberté

Avant d’aborder les premières évasions par l’Espagne, il est nécessaire de résumer brièvement la période du printemps 1940 vue du côté hispanique. Franco ne détenait la totalité du pouvoir que depuis un an, pouvoir qu’il devait en partie à l’assistance de l’Axe pendant la guerre civile. Pourtant, il n’avait pas été question en septembre 1939 de prendre ouvertement parti pour l’Allemagne, encore moins de se joindre au conflit, car utiliser l’armée à cette fin aurait affaibli la fragile mainmise du pouvoir sur le pays, et peut-être permis aux opposants de relancer la lutte armée. L’Espagne fut donc officiellement neutre en 1939, avec un gouvernement comportant des éléments ouvertement pro-allemands (le ministre de l’intérieur et beau-frère de Franco Serrano Suner, qui ne portait pas les Français dans son cœur, car il rendait la France responsable de la mort de ses deux frères pendant la guerre civile) et d’autres discrètement pro-alliés (le ministre des affaires étrangères Beigbeder, ancien gouverneur du Maroc espagnol, où il avait eu des relations de bon voisinage avec les Français). En mai 1940, la situation évolua en faveur du parti pro-allemand avec l’effondrement de l’armée française. Quant à l’influence strictement française sur le pays, elle avait cessé lorsque Pétain avait quitté son poste d’ambassadeur, laissant discrètement entendre qu’il partait pour faire cesser la guerre contre l’Allemagne. Le 13 juin, l’Espagne abandonna la neutralité au profit de la non-belligérance : elle avait choisi le camp de l’Axe, mais ne participerait pas aux combats, même si des manifestations “spontanées” réclamaient déjà Gibraltar…
Pourtant, peu après cette date, mais avec beaucoup plus de discrétion, le gouvernement de Franco et celui de Reynaud allaient conclure des accords assurant une coexistence pacifique des deux pays au Maroc et échangeant contre des livraisons américaines de biens de première nécessité l’indifférence espagnole face à l’enrôlement généralisé des exilés républicains dans l’armée française.
Lors des dernières semaines de la campagne de France, avant que les forces allemandes n’atteignent la frontière espagnole beaucoup de civils franchirent la frontière espagnole, au point que Serrano Suner, dans ses mémoires, n’hésiterait pas à proclamer que son pays avait fait plus que son devoir en accueillant à ce moment des centaines de milliers de réfugiés. En plus de l’exagération manifeste de leur nombre, il oubliait simplement de préciser que ces réfugiés devaient être munis de papiers en règle et que, hormis une infime minorité, ils n’allaient faire que transiter quelques jours par son pays en se rendant au Portugal, d’où ils repartiraient presque aussi vite pour l’Afrique du Nord. Le ministre de Franco négligeait aussi de préciser que le sort réservé aux réfugiés des mois et des années suivantes serait fort différent.
Cependant, les conditions du transit par l’Espagne de juillet-août 1940 restent exceptionnelles et méritent d’être précisées.
Dès la mi-juin 1940, un grand nombre de réfugiés se trouvaient dans le sud de la France, avant même que le gouvernement ne prenne les décrets encadrant le “Grand Déménagement”, et notamment ceux interdisant à tout civil ne voulant pas rejoindre l’Afrique du Nord de partir de chez lui. Parmi ces réfugiés, plusieurs dizaines de milliers étaient d’origine étrangère et avaient, pour la plupart, déjà fui le régime nazi quand il s’était installé dans leur pays natal. Ils étaient loin d’être tous “regroupés” (en fait, enfermés) dans les camps de Gurs et du Vernet, pour ne citer que les plus connus, malgré l’injonction qui leur en avait été faite par voie d’affiches. Ils furent plus ou moins laissés à leur sort jusqu’au 29 juin 1940, date à laquelle le ministre de l’intérieur, Georges Mandel, demanda par voie de décret aux préfets des départements encore épargnés par les combats d’organiser l’évacuation des réfugiés étrangers vers l’Afrique du Nord, les intégrant de fait au Grand Déménagement. Cette mesure, bien que ne faisant en fait qu’officialiser des dispositions déjà prises localement, par exemple à Bordeaux, eut parfois du mal à être comprise et appliquée localement.
En effet, à Bordeaux, le préfet Bodeman, peut-être à l’instigation du maire Marquet pour qui la présence d’un grand nombre d’étrangers dans sa ville était incompatible avec sa conception de l’ordre (il fut pressenti plusieurs fois comme ministre dans les “gouvernements” Laval successifs), ordonna que tous les navires quittant le port et à destination soit de l’Afrique du Nord, soit de l’Angleterre, soit des colonies, emmènent autant de passagers étrangers que possible. Cela mit fin immédiatement aux interminables files d’attente devant les consulats des pays neutres (Etats-Unis, Espagne, Portugal) et de Grande-Bretagne, lesquels, de toute manière, ne délivraient les visas qu’au compte-gouttes (sauf le consulat du Portugal). L’évacuation des ressortissants étrangers, mêlés aux civils français partant pour l’Afrique du Nord, dura ainsi jusqu’à ce que la Gironde et ses ports deviennent impraticables.
Mais ailleurs, la situation n’était pas aussi limpide, comme le montrent plusieurs cas célèbres.
(D’après “La Grande Evasion – Filières et réseaux de passage entre la France occupée et les territoires alliés” – Colloque organisé en 1994 par le Centre d’Etudes d’Histoire de la Défense – Textes publiés en 1995 par les Editions du CNRS, s.d. Jean-Marie Servan)
………………………
« Le 7 juillet, cela faisait déjà plus d’un mois que j’étais enfermée dans cet infâme camp de Gurs, où j’étais entrée volontairement, comme presque tous les autres, ayant à l’époque une confiance aveugle dans la volonté de la France de nous protéger des nazis. Mais depuis, le désespoir avait pris sa place. Depuis que les Espagnols étaient partis, nous errions lamentablement dans ce lieu, en évitant les immenses flaques de boue, dont la présence ne manquait pas de m’étonner en cette saison. Le seul bienfait du départ des Républicains était que nos rations avaient été augmentées, du moins en quantité, car la qualité était plus que jamais une insulte faite à la cuisine française. Pourtant, le 30 juin, un rayon d’espoir avait traversé mon cœur : le chef du camp, le commandant Davergne, nous avait annoncé que nous partirions pour l’Afrique du Nord dès que possible. Mais le possible s’éloignait au fur et à mesure que les troupes de la terreur s’approchaient. Le soir, alors que j’arrachais des mauvaises herbes derrière notre baraquement, une voix me héla depuis l’autre côté des barbelés : c’était Heinrich ! Il avait fini par me retrouver ! Sans ces infâmes fils de fer, je l’aurais serré dans mes bras et me serais abandonnée à lui, mais, plus pragmatique que moi à ce moment-là, il me parla rapidement :
– Demain soir, je te fais partir d’ici. Tout est arrangé, à la tombée de la nuit, là où le chemin longe le camp, de l’autre côté. J’ai un laissez-passer qu’ils m’ont donné parce qu’ils n’ont pas voulu de moi dans la Légion. Trop vieux.
– On ira où ?
– Bayonne, et de là, en Espagne, puis plus loin.
– Et les Français ? Qu’est-ce qu’ils deviennent ?
– Ne t’inquiète pas. Ici, ils ne vous mettent pas au courant, mais à l’extérieur, ils bougent.
– Oui, ils fuient, tu veux dire !
– Je comprends ta rancœur, mais ne leur jette pas trop tôt la pierre. A demain, Liebling !
Je ne dormis pas cette nuit-là, me retournant sans cesse sur ma paillasse. Il ne m’avait pas parlé de Martha, c’est donc qu’il ne savait pas où elle était.
Le 8 juillet , après 10 heures du soir, comme convenu, Heinrich m’attendait de l’autre côté du camp, à l’extérieur. J’emportais avec moi mes maigres bagages. Les modestes barbelés de la clôture furent vite coupés, et je me retrouvai avec lui dans une charrette tirée par deux chevaux et conduite par un Français qu’Heinrich appelait “camarade”. Les communistes auraient-ils été réhabilités ? Beaucoup de choses devaient avoir changé pendant que j’étais isolée à Gurs. Bercée par les cahots de la charrette dans la nuit, et fatiguée comme j’étais, je m’endormis. Je me réveillai vers 4 heures du matin, devant la gare d’un petit village, où Heinrich remercia notre “chauffeur”, puis nous attendîmes sur le quai.
Au bout d’un temps qui me sembla interminable, un train s’arrêta, dans lequel nous montâmes. Heinrich avait eu le temps de me raconter ce qui lui était arrivé depuis notre séparation, et de m’expliquer ce qui s’était passé “dehors”. Les compartiments étaient à moitié vides. Nous nous assîmes en face d’un couple et nous reprîmes notre conversation en allemand. La femme, nous entendant nous exprimer dans cette langue, nous adressa alors la parole. Je la regardai de plus près. Elle avait une soixantaine d’années, dix de plus que l’homme assis à côté d’elle, qui se présenta simplement comme “Franz” ; tous deux me firent à ce moment-là l’impression de bons bourgeois viennois très aisés. Ils nous racontèrent qu’ils étaient en France depuis 1938, qu’ils avaient déjà voulu passer en Espagne en voiture, mais qu’ils avaient été refoulés comme bien d’autres faute de papiers valides, puis conduits par les Français à Lourdes, d’où ils avaient pris ce train pour Bayonne de bonne heure ce matin-là. Heinrich me murmura que l’homme lui évoquait quelqu’un, un écrivain, mais pour moi, s’il avait écrit des livres, ce n’était certainement pas de ceux que je lisais. Nous arrivâmes à Bayonne et, avec la centaine de personnes qui descendirent du train, prîmes la direction de la sous-préfecture. Nous perdîmes de vue les deux Viennois, que nous retrouvâmes deux mois plus tard sur le bateau qui nous emmenait en Amérique. C’est là seulement que j’appris qui était cette femme et qui était celui qui l’accompagnait. L’aurais-je su lors de notre première rencontre, je n’aurai peut-être pas porté sur eux le jugement de classe que je leur infligeai in petto.
A la sous-préfecture, devant laquelle la Croix-Rouge distribuait du café, on nous photographia et un fonctionnaire, après examen de nos papiers et quelques questions, établit pour chacun d’entre nous un passeport français, puis nous envoya dans une autre pièce où on y colla un visa portugais. Ce visa fut signé par un petit homme dont je n’oublierai jamais le sourire chaleureux quand il nous souhaita bonne chance. Il était alors près de midi, et, cette fois-ci, c’était de la soupe que distribuait la Croix-Rouge. On nous mit dans un autobus, qui nous déposa à la frontière espagnole. Le policier de l’autre côté de la frontière vérifia nos papiers, les tamponna, rajouta un visa de transit valable trois jours et nous fit signe de suivre ceux qui étaient passés avant nous jusqu’à la gare du lieu. Là, un Français répétait sans cesse qu’il fallait acheter des billets de train pour le Portugal. Heinrich avait heureusement pour cela de l’argent français sur lui, qui fut accepté. Après plus de 30 heures de voyage inconfortable, avec pour seuls vivres ceux que Heinrich s’était procurés à Bayonne, nous arrivâmes finalement à Lisbonne, où une personne du consulat français accueillait ceux qui comme nous avions traversé l’Espagne. On nous embarqua à nouveau dans un autobus bringuebalant, jusqu’au port où on nous fit monter dans un bateau, où on nous donna une cabine et où nous pûmes enfin souffler. Le bateau partit dans la nuit et arriva au Maroc, à Casablanca, dans la soirée du lendemain. Lorsque nous débarquâmes, les Français reprirent les passeports qu’ils nous avaient donnés à Bayonne, et la Croix-Rouge s’occupa de nous. »
(Hannah Arendt, correspondance avec Martin Heidegger, décembre 1944)
………………………
Ce que ce témoignage ne dit pas, c’est l’incroyable concours de circonstances qui avait permis d’établir cette filière et qui n’aurait jamais été possible sans l’extraordinaire personnalité du consul du Portugal à Bordeaux, Aristide Souza Mendes. Tant que Bordeaux fut sous contrôle français, il distribua plusieurs centaines de visas à destination de son pays, malgré l’interdiction formelle qui lui avait été faite par le gouvernement Salazar de délivrer des visas “aux personnes arrivant des pays d’Europe de l’Est envahis par les Allemands, aux suspects d’activités politiques contre le nazisme et aux juifs”. Il échappa de peu aux foudres du dictateur portugais à ce moment-là, grâce au fait que presque tous les étrangers à qui il avait accordé un visa pour le Portugal furent évacués par bateau vers l’Afrique du Nord. Quand Bordeaux fut menacé, Aristide Souza Mendes alla s’installer provisoirement à Bayonne, où il délivra près de 60 000 visas pour son pays, y compris sur tous les bouts de papier possibles quand, malgré les efforts d’un imprimeur local, il vint à manquer de formulaires. Mais cette fois, pour respecter ses instructions, il ne les délivra qu’à des citoyens français, du moins en apparence. En effet, conscient du refus des Espagnols de laisser entrer chez eux les réfugiés et pour ne pas embarrasser le consul portugais, Georges Mandel ordonna de leur délivrer des passeports français “provisoires”. Les règlements de l’administration ne connaissant pas cette notion, un fonctionnaire plus imaginatif que la moyenne fit passer l’idée de les antidater, de telle sorte que leur validité cesse au plus tard le 1er septembre 1940. Ainsi, les bénéficiaires ne pourraient pas rester longtemps au Portugal !
(D’après “La Grande Evasion”, op. cit.)
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loic
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MessagePosté le: Mer Nov 12, 2008 21:27    Sujet du message: Re: Par l'Espagne (Dak69 toujours) Répondre en citant

Citation:
[...] lorsque Pétain avait quitté son poste d’ambassadeur, laissant discrètement entendre qu’il partait pour faire cesser la guerre contre l’Allemagne.

C'est véridique ?
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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ladc51



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MessagePosté le: Mer Nov 12, 2008 22:11    Sujet du message: Répondre en citant

Je sèche aussi... Confused

Après les intrigues irako-irlandaises, c'est FTL-quizz ? Embarassed
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Laurent
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Jeu Nov 13, 2008 01:20    Sujet du message: Quizz Répondre en citant

Je parierais volontiers pour Alma Mahler et Franz Werfel.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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dak69



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MessagePosté le: Jeu Nov 13, 2008 06:05    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Bravo à Menon-Marec !

Pour Loïc, il me semble que cela figurait dans l'acte d'accusation de son procès (ce qui n'établit pas la vérité des faits, il est vrai). Il faut que je remette la main sur mes notes quand j'ai écrit cela.

Bien amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Nov 13, 2008 10:09    Sujet du message: Répondre en citant

Bravo à Menon-Marec. Applause
Dirais-je que ça ne m'étonne pas de lui ?

A part ça, non seulement je suis inculte, mais encore je suis tête en l'air, j'ai omis cette notule de Dak69 :

Quand Aristide Souza Mendes retourna au Portugal en août 1940, Salazar, qui sentait bien qu’il avait été joué, le fit dégrader et reléguer à des tâches obscures au fin fond du ministère des Affaires Etrangères. En novembre 1942, à la demande de la France (dont le crédit auprès de Salazar avait considérablement augmenté depuis août 1940), il fut malgré tout nommé à Alger. Le jour même de sa prise de fonctions, il fut décoré de la Légion d’Honneur.

(le personnage est historique, mais OTL, il n'a pas eu la chance d'être repêché par le gouvernement français)
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Casus Frankie

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Manu Militari



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MessagePosté le: Jeu Nov 13, 2008 17:34    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Bravo à Menon-Marec. Applause
Dirais-je que ça ne m'étonne pas de lui !
Bravo, bis Very Happy

Je pensais au docteur Freud et à la princesse Bonaparte mais celà ne collait pas. Il est mort d'un cancer en 1939 à Londres. Son rachat aux Nazi date de 1938 (sauf erreur) ...

A+
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dak69



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MessagePosté le: Ven Nov 14, 2008 10:29    Sujet du message: Pétain à Madrid Répondre en citant

Bonjour

Extrait de "Mémoires de guerre - l'appel" du Général de Gaulle

(période fin mars 1940, quand le gouvernement Reynaud succéda de justesse au gouvernement Daladier)


Citation:

"Dans tous les partis, dans la presse, dans l’administration, dans les affaires, dans les syndicats, des noyaux très influents étaient ouvertement acquis à l’idée de cesser la guerre. Les renseignements affirmaient que tel était l’avis du maréchal Pétain, ambassadeur à Madrid, et qui était censé savoir, par les Espagnols, que les Allemands se prêteraient volontiers à un arrangement. « Si Raynaud tombe, disait-on partout, Laval prendra le pouvoir avec Pétain à ses côtés. Le Maréchal, en effet, est en mesure de faire accepter l’armistice par le commandement ». Par milliers d’exemplaires, circulait un dépliant, portant sur ses trois pages l’image du Maréchal, d’abord en chef vainqueur de la grande guerre avec la légende : « Hier, grand soldat !... », ensuite en ambassadeur : « Aujourd’hui, grand diplomate !... », enfin en personnage immense et indistinct : « Demain ?... »"


Là encore, ce n'est pas une preuve, mais au moins une forte présomption

Bien amicalement
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dak69



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MessagePosté le: Mer Nov 26, 2008 11:22    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Pétain à Madrid, toujours :

dans le livre "Pétain - Franco, les secrets d'une alliance", l'auteur, Mathieu Séguela, cite l'extrait suivant des mémoires de Franco, relatif à la rencontre que Franto eut avec Pétain lorsqu'il fut rappelé en France, et où, selon Franco, Pétain lui déclara :

"Ma patrie est battue. On m'appelle pour faire la paix et signer l'armistice"

Au passage, une remarque sur le côté "difficile à intepréter" des actions de Franco : lors de cette même entrevue, Franco chercha à retenir Pétain à Madrid en lui conseillant de ne pas retourner en France. On ne sait toujours pas si Franco fit cela pour éviter des déboires à Pétain (qu'il appréciait beaucoup) ou si c'était par calcul : une fois un armistice signé, il resterait une armée française, même réduite, qui pourrait s'opposer aux visées espagnoles dans le Maroc. Alors qu'avec une France franchement battue et aux ordres de l'Allemagne, la donne serait différente et la voie serait libre pour les ambitions espagnoles... Le jeu préféré de Franco était
"pile je gagne, face je gagne aussi !"

Bien amicalement
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