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Combat aériens dans le Sud-Ouest, juillet 1940.
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Jan 03, 2008 15:49    Sujet du message: Combat aériens dans le Sud-Ouest, juillet 1940. Répondre en citant

Bonjour à tous

Relu par Casus, voici ce qu'aurait pu etre les combats aériens dans le Sud-Ouest de la France en juillet 1940. Un seul groupe de l'armée de l'air doit défendre la cote atlantique et les ports d'embarquement vers l'AFN, il s'agit du GC II/8 équipé de Bloch 152.
J'ai peché les noms des pilotes ici
http://www.cieldegloire.com/gc_2_08.php

30 juin 1940
Saint-Brieuc
Le GC II/8 totalise 11 victoires depuis le début de la campagne, mais la défense de Brest lui a coûté cher. Ses chasseurs Bloch 152 ont montré leur solidité et la puissance de leur armement, mais ils sont trop lents et pas assez maniables. C’est un Groupe épuisé qui reçoit l’ordre de repli sur Bordeaux-Mérignac.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

9 juillet 1940
Bordeaux-Mérignac
Depuis une semaine, le GC II/8 a principalement assuré des missions d’appui-feu sur la Dordogne, dans la région de Brive-Sarlat. Trois pilotes ont été tués et deux autres avions endommagés au point d’être irréparables par la flak, toujours redoutable. Le Groupe s’est vengé sur deux Hs-123, un He-111 et un Bf-110.
Huit avions de renfort ont été reçus en une semaine, mais il faut encore battre en retraite, cette fois en direction de Mont-de-Marsan.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

11 juillet 1940
Mont-de-Marsan
Le GC II/8 vient de prendre ses quartiers dans la cité montoise, sur l’hippodrome. Il a reçu en deux jours cinq nouveaux appareils et compte à présent vingt machines opérationnelles. Malgré les pertes, le moral est bon, car les hommes savent pourquoi ils se battent : il faut assurer la couverture aérienne des transports qui évacuent troupes et matériel à partir de la côte atlantique, afin de poursuivre la lutte de l’autre côté des mers.
Bordeaux est tombé le 10 juillet et les troupes allemandes ont pris la direction du massif forestier landais. Suivant les ordres en vigueur depuis la mi-juin, de courageux combats retardateurs se succèdent, mais les Allemands parviennent à percer vers le sud près d’Arcachon, puis enlèvent Cazaux, où le centre d’instruction aérien a été incendié. En fin de journée, Biscarosse tombe, non sans que l’usine Latécoère et l’hydrobase des Hourtiquets aient été consciencieusement dynamitées.
A partir de Biscarosse, deux axes de pénétration du massif landais sont la N-10, le long de la côte, et la N-234, vers Dax et Mont-de-Marsan. Les villages sur ces deux routes ont été transformés en autant de hérissons par des groupes de combat plus ou moins improvisés.
Le GC II/8 va devoir appuyer les défenseurs de ces villages.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

12 juillet 1940
Mont-de-Marsan
Le GC II/8 fait décoller quinze Bloch 152. Leur objectif est une colonne allemande qui approche de Muret, 100 km plus au nord. Ce village situé sur la N-10 barre également l’entrée de la N-134. Il résiste à d’incessantes attaques depuis la veille, mais sa chute est imminente.
Le Sgt Dietrich témoigne : « Nous nous mettons en noria et passons à l’attaque, mitraillant de toutes nos armes, deux canons de 20 et deux 7,62 chacun. La route, droite et bien dégagée, est favorable à notre attaque, mais hélas à leur DCA aussi. Je vois deux de mes camarades, désemparés par la flak, s’écraser au sol. A mon tour, j’amorce mon piqué à 30° et 600 km/h. Je vise d’abord une automitrailleuse arrêtée, dont le léger blindage ne résiste pas à mes 20 mm ; plusieurs hommes en sortent au moment où elle s’enflamme. Je remonte la colonne, lâchant rafale sur rafale. Je redresse ric-rac, filant à 10 m au dessus du sol.
C’est alors qu’arrivent les 109, j’entends des cris d’alerte à la radio. Apparemment, un furieux combat s’est engagé au dessus de la forêt de pins. J’en aperçois deux, arrivant en sens inverse, heureusement ils me voient trop tard et je parviens à les semer. Je reprends le cap de Mont-de-Marsan au ras des pins puis des collines de Chalosse. Je me présente dans le circuit d’atterrissage et me pose avant de faire lentement le tour de ma machine. Quelques impacts de petits calibres sur le ventre, la routine. J’apprendrai plus tard qu’un de mes camarades est tombé en flammes sur la commune de Pissos. Il a été tué. Mais l’adjudant Nicole (revenu de blessure l’avant-veille) l’a vengé, abattant un 109 qui s’écrase sur Liposthey quelques minutes plus tard. Le pilote allemand a été fait prisonnier et aussitôt, selon les consignes, envoyé vers la côte pour être évacué. De longues vacances l’attendent, au fond du désert algérien. »
Muret tombe dans la soirée. Les forces allemandes poursuivent leur progression sur les N-10 et N-134.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

13 juillet 1940
Mont-de-Marsan
La ligne de défense s’est repliée sur l’Adour. Les villes de Magescq (sur la N-10), Dax et Mont-de-Marsan deviennent des nœuds fortifiés où sont concentrées les dernières unités cohérentes. Le général d’Astier de la Vigerie (commandant de la ZOA Sud-Ouest) décrit la bataille : « Tout le long des 60 km de la N-134 entre Muret et Mont-de-Marsan furent disposés des groupes de retardement. La route fut minée en divers endroits, notamment aux sorties des villages. Ainsi les colonnes allemandes étaient immobilisées dans ces villages, où elles étaient attaquées en de féroces combats de rue. Parfois, les habitants et leur maire protestaient, parfois ils prêtaient main-forte aux soldats, allant jusqu’à prendre les armes eux-mêmes. La tactique fut utilisée à Trensacq, Sabres et Garein avec un certain succès, infligeant des pertes non négligeables aux forces allemandes. Il en fut de même sur la N-10. Nous appuyâmes ces combats de retardement en mitraillant les colonnes allemandes ainsi fixées. »
Les Bloch 152 du II/8 sont toujours très actifs. Le 13 juillet dans la matinée, huit appareils mitraillent les troupes allemandes près de Sabres, sur la N-134, sans pertes. Les Allemands progressant plus rapidement sur la N-10, les Bloch 152 interviennent l’après-midi, mitraillant l’interminable colonne de véhicules avançant vers Castets, dernier verrou avant Magescq. De nombreux véhicules sont laissés en flammes, au prix d’un appareil abattu. Le Groupe n’en a plus que 16, dont une douzaine à peine sont opérationnels.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

14 Juillet 1940
Mont-de-Marsan
Lassée des incessantes attaques sur les colonnes de la Heer, la Luftwaffe a envoyé plusieurs Bf-110 rechercher la base de départ des Bloch 152. Les appareils ont décollé de Mérignac à 06h30 et reconnaissent Pau, Biarritz et Mont-de-Marsan, où ils finissent par découvrir leurs adversaires. Ils sont cependant repérés et le GC II/8 est mis en alerte, tandis que le réseau d’observateurs est averti.
A 10h00, douze Bloch 152 décollent sur alerte et se portent à la rencontre d’une puissante formation allemande. En effet, vingt Bf-110 ont quitté Mérignac, suivis de près par quinze Heinkel 111 escortés par douze Bf-109.
Les Bloch 152 se heurtent aux attaquants au dessus de la petite ville de Villeneuve de Marsan. La mêlée est terrible et dure un quart d’heure. Un Bf-110 est abattu près d’Aire sur l’Adour, l’équipage est fait prisonnier. Deux Heinkel 111 sont détruits ; l’un tombe du côté de Grenade sur l’Adour, tuant son équipage. Le lieutenant Dutey-Harispe, isolé, attire l’attention de deux Bf-109 après une passe contre les He-111 : « Avec deux 109 dans mes six heures, je n’avais aucune chance de m’en tirer en manœuvrant, alors je suis descendu au ras du sol en direction de Saint-Sever.
J’ai survolé cette charmante ville au ras des toits, filant le long d’une route, probablement pas à plus de 10 mètres du sol. J’ai entr’aperçu une demi-seconde un pauvre diable avec ses vaches, qui ont dû s’éparpiller en voyant trois avions passer en ouragan au ras de leurs cornes. Les 109 ne me lâchaient pas, mais le Bloch savait encaisser, c’était sa grande qualité. Mais ça ne pouvait pas durer éternellement et bientôt mon moteur, après avoir pris plusieurs balles, a commencé à serrer. J’ai décéléré brutalement et j’ai posé mon appareil droit devant moi, sur le ventre, dans un champ, pendant que les 109 me passaient au dessus. Il y a eu un bruit terrible de ferraille martyrisée, puis le silence. J’étais intact ! J’ai débouclé mon harnais en vitesse, j’ai sauté du cockpit et j’ai couru me mettre à couvert, pendant que les 109, que la poursuite avait dû énerver, piquaient sur mon pauvre Bloch et le faisaient sauter dans un grand bang ! Heureusement les paysans du village voisin, qui s’appelait Aubagnan, était sympathiques, et ils ont mobilisé une carriole pour me raccompagner à Mont de Marsan… Il est vrai que c’était jour de fête nationale ! »
Deux autres Bloch 152 sont abattus, leurs pilotes tués. Pendant ce temps, les Heinkel 111 bombardent le terrain de Mont-de-Marsan, très reconnaissable une fois que l’on sait qu’il est situé sur l’hippodrome de la ville, et que les Bf-110 ont au préalable copieusement mitraillé. Trois Bloch dans l’attente d’une improbable réparation sont détruits et les bâtiments très abîmés. L’un des Bf-110 revient à la charge, mais il est touché par la maigre DCA et s’écrase sur la ville, tombant sur le quartier de la gare où il fait de nombreuses victimes.
Un autre Bloch est abattu lors d’un ultime combat qui a lieu au dessus de Saint Sever, 15 km au sud de la ville. L’appareil se fait surprendre en fin de mission par deux Bf-110 en maraude et parvient in extremis à détaler vers le nord, mais pour tomber sous les balles de Bf-109 couvrant la retraite des He-111. Le pilote, légèrement blessé, saute en parachute ; il est recueilli et soigné par le docteur Fournier (une légende locale), qui le raccompagnera le soir même dans sa voiture à Mont-de-Marsan.
Malgré les exploits accomplis par les mécanos dans la nuit, il ne reste plus le lendemain au GC II/8 que neuf appareils opérationnels sur les vingt disponibles six jours plus tôt. Ce sont ces neuf machines qui vont, le surlendemain 16 juillet, s’envoler pour Biarritz, avec pour ordre de couvrir la région, d’Orthez à Oloron.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

20 juillet 1940
Biarritz
Depuis deux jours, le GC II/8 opère de son nouveau terrain.
Les forces allemandes avancent désormais suivant trois axes. Une partie de celles qui ont suivi la N-134 et pris Mont-de-Marsan le 18 continuent leur progression dans la direction du Gers vers Auch, cherchant à prendre Toulouse à revers. Les autres ont obliqué vers Pau, déclarée ville ouverte, puis ont pris la N-117 en direction de la côte. Par ailleurs, d’autres unités continuent à avancer sur la N-10 en direction de Biarritz ; elles sont entrées le 18 dans Dax (elle aussi déclarée ville ouverte). Le 19, les Allemands ont atteint la frontière espagnole dans la région de Bagnères.
La ligne de front cours désormais au nord de Biarritz, passant par Orthez et Oloron, puis rejoint la frontière. Les dernières forces françaises du Sud-Ouest sont donc isolées dans une poche entre le front, l’Atlantique et la frontière. Pendant dix jours, cette poche sera héroïquement défendue.
Chaque jour depuis le 18, le GC II/8 lance plusieurs attaques : des groupes de deux à six avions vont mitrailler les forces allemandes sur la N-117 ou sur la N-10. Pilotes et mécanos sont épuisés, mais s’acharnent à retarder l’échéance. Chaque fois qu’ils aperçoivent la mer, les pilotes aperçoivent des sillages qui se dirigent vers l’ouest. Ils savent qu’ils ne luttent pas pour rien.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

22 juillet 1940
Biarritz
Ce qui reste du GC II/8, huit avions dont la moitié ne volent plus que par miracle (comme leurs pilotes épuisés !), doit appuyer l’ultime contre-attaque française lancée de Saint-Jean Pied de Port, entre Orthez et Oloron. Ce baroud d’honneur vise le flanc et les arrières des troupes allemandes qui progressent sur la N-117.
Déclenchée à l’aube, l’attaque française tombe à la sortie du village de Lacq sur des troupes allemandes qui ne s’attendaient pas à une contre-attaque. Elles sont balayées et le village est occupé pour quelques heures, coupant le ravitaillement des troupes allemandes qui se trouvent déjà dans les faubourgs d’Orthez. Avertis, les défenseurs de cette ville lancent également une contre-attaque. Les troupes allemandes sont prises en étau et mitraillées par les Bloch 152 tout le long de la route entre Lacq et Orthez. Ordre est ensuite donné de se replier sur Peyrehorade et Saint Jean Pied de Port. Ce repli s’effectuera dans la nuit. Cette action bien menée interrompt pour deux jours l’avancée allemande.
Le GC II/8 y a laissé deux Bloch ; un pilote est tué, l’autre est grièvement blessé. Mais le capitaine de Vaublanc a abattu un 109 du coté de Navarrenx, sa troisième victoire personnelle.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

26 juillet
Biarritz
Les troupes françaises s’accrochent désespérément à un périmètre réduit. Le front va à présent de Bayonne à Cambo-les-Bains et à la frontière.
Le GC II/8, réduit à cinq machines, canonne et mitraille inlassablement les troupes allemandes qui tentent de forcer le périmètre. Bayonne doit être défendue à tout prix afin de permettre l’évacuation des troupes par Biarritz. Naturellement, les bombardiers allemands font des ravages dans le port, mais cela n’est pas sans perte pour la Luftwaffe.
L’intrépide Adjudant Nicole, revenu au groupe le 10 juillet, parvient au statut d’as.
Il décolle comme ailier du lieutenant Dutey-Harispe – les deux hommes totalisent à ce moment 8 victoires à eux deux. Ils patrouillent dans le secteur Dax - Peyrehorade, quand ils tombent sur une formation de He-111 non escortés et certainement sidérés de se faire agresser par deux chasseurs français. Les deux pilotes passent à l’action, Nicole ouvre le feu au 20 mm sur un des bombardiers et voit ses obus mettre le feu à l’aile droite. Le Heinkel part en vrille et s’écrase près de Monfort en Chalosse dans une colonne de fumée noire. L’équipage est tué.
Pour l'anecdote, se sont deux intrépides gamins du village, âgés respectivement de 6 et 3 ans qui donneront l’alerte. Ces deux frères inséparables entreront bien plus tard dans la légende du rugby français...

Pendant ce temps là Dutey-Harispe, moins heureux, voit ses canons s’enrayer l’un après l’autre et son Heinkel, endommagé tenter de fuir à basse altitude. La poursuite s’engage, le bombardier est sévèrement poivré par les deux mitrailleuses légères mais continue de voler. Le pilote français doit renoncer à la poursuite, mais le bombardier fera un atterrissage sur le ventre près de la petite ville d’Hagetmau en tentant de rejoindre son terrain de Mont-de-Marsan. Après la guerre, c’est au colonel Dutey-Harispe que cette victoire sera confirmée.
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)

1er août 1940
Saint-Jean-de-Luz
Le lieutenant Jacquemet témoigne des derniers moments du GC II/8.
« Cette fois c’est la fin, Bayonne est tombée, toute la côte sera bientôt aux mains des Boches. Deux de nos braves chasseurs, transformés en passoire, se trouvaient encore la veille à Biarritz, mais moi et les copains les avons incendiés, au grand désespoir des mécanos qui pensaient encore pouvoir les remettre en l’air. Nos mécanos ont été formidables tout au long de ces trois mois de bataille ininterrompue et les derniers jours ont été terribles.
Le 26, nous avons eu à peine le temps de célébrer le titre d’As de Nicole et de peindre sa cinquième marque de victoire sur son appareil.
Le 27, nouvelles missions – nous n’avions plus d’ordres, nous décollions et nous allions mitrailler tout ce que nous pouvions. Le soir, nous n’avions plus que quatre machines en état de vol. L’avantage, c’est que quatre zincs, c’est plus facile à camoufler que 20, et les Boches ne nous ont jamais trouvés ! Mais Dutey-Harispe, faisant fonction de commandant du Groupe, a reçu un ordre d’évacuation. Nicole, Marchais, Pelletier et moi l’avons supplié de nous laisser derrière avec quatre mécanos volontaires, puisque nous avions encore quatre avions ! Il nous y a autorisé, mais ça se voyait qu’il aurait préféré nous évacuer et rester.
Le 28, nous sommes sortis tous quatre canarder les Boches qui massacraient cette bonne ville de Bayonne et ses habitants – j’ai appris qu’ils avaient refusé que leur ville soit déclarée ville ouverte. Pas de victoire ce jour là, mais nous avons fait passer un mauvais moment aux Heinkel. Hélas, ils ont appelé à l’aide, des 109 sont arrivés et j’ai dû laisser partir le mien avec un moteur fumant et plein de trous. Mon appareil a été transformé en écumoire, je ne sais pas trop comment je l’ai ramené. Marchais a pris un obus dans l’aile, et son taxi a été mis H.S. aussi. Nos deux camarades sont revenus indemnes, ce qui leur a permis de signer les dernières missions de nos taxis au dessus de notre pauvre France.
Le 31 juillet, après deux jours de maraude à basse altitude, à mitrailler quelques biffins par ci par là, Pelletier et Nicole sont courageusement allés affronter de nouveaux bombardiers, mais ceux-ci étaient escortés de près. Pelletier a été abattu et tué, mais ce veinard de Nicole a survécu. Son avion en feu, il s’est dirigé vers la mer et s’est posé sur l’eau à quelques dizaines de mètres de la plage. Il s’en est sorti avec des brûlures aux mains.
Et voilà notre groupe sans avions, quelle tristesse ! Mais il fallait songer à notre évacuation, nous aussi. Pas question d’être faits prisonniers, surtout que nous brûlions toujours d’en découdre ! Nous sommes donc partis à sept pour Saint-Jean-de-Luz.
Cette nuit, nous monterons à bord d’un destroyer anglais – tous les soirs, il y en a un qui vient récupérer les traînards comme nous.
Direction l’Afrique.
Mais nous espérons bien revenir vite ! »
(Extraits de “Le Groupe de Chasse II/8 dans la défense de l’Ouest – D’après le journal de marche de l’unité”, Editions Ouest-France, 1990)
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MessagePosté le: Ven Jan 04, 2008 08:33    Sujet du message: Répondre en citant

Très sympa. J'ai juste un petit doute sur le fait que des avions français puissent continuer à opérer jusqu'au tout dernier moment, car les Bf.109 auront été redéployés fin juin/début juillet pour couvrir le sud de la France. Donc à mon avis à partir de la 3ème semaine de juillet, il ne devrait pas rester grand chose.
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En principe (moi) ...
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Jan 04, 2008 08:50    Sujet du message: Répondre en citant

bah, le GC II/8 a une histoire atypique... une des 2-3 escadrilles qui ont pu faire voler les cocardes jusqu'au dernier moment...
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MessagePosté le: Ven Jan 04, 2008 12:34    Sujet du message: Répondre en citant

Je trouve le texte très bon, et certains détails permettraient d'en accroître la plausibilité:

(1) Les chaînes de montages du Bloch sont à Bordeaux. Il est donc plausible que des techniciens de la SNCASO aient rejoint le Groupe, ce qui expliquerait le niveau de disponibilité relativement élevé.
(2) Certains avions terminés sur la chaîne de montage ont pu être directement remis au Groupe avant que Merignac ne tombe et il est logique que le GC II/8 ait des avions "non répertoriés" par l'AdA et peut-être même 3 ou 4 MB-155.

Félicitations à Archibald

F
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Archibald



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MessagePosté le: Ven Jan 04, 2008 17:35    Sujet du message: Répondre en citant

Merci!

Je n'avait pas pensé que Bordeaux etait la "capitale" du MB-152 a l'époque, d'ou bénéfice pour le GC II/8 équipé de ce type d'avion...

D'ailleurs on peut soulever une hypothèse intéressante dans ce cas. Les derniers Bloch sont livrés le 7 juillet, on peut supposer qu'ensuite l'usine sera vouée a la destruction, car les Bloch n'ont pas d'interet en AFN.
MAIS
Le passage du GC II/8 pourrait etre un bon pretexte pour sauver tout ce qui peut l'etre et envoyer cela, non pas en AFN, mais a Biarritz/ Anglet, ou se trouve l'usine Breguet. Ca tombe bien, le groupe rejoindra la région dans la dernière semaine de juillet.
Un détachement réduit pourrait etre envoyé a Mont de Marsan.

Stock important de pièces détachées, outillage, mécanos et techniciens en abondance : du luxe pour le GC II/8... ce ne sera pas de trop.

On peut toujours rever de récupérer un petit nombre de MB-152 achevés a plus de 85% sur la chaine de montage de Mérignac, les convoyer par la route vers Biarritz et les terminer là bas avec des pièces détachées et l'aide des mécanos de Breguet. Et voila un renfort non négligeable pour notre GC...
En passant de Bordeaux a Biarritz on dispose de 20 jours de plus...
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Fantasque



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MessagePosté le: Ven Jan 04, 2008 19:03    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense plutot que les MB-152 incomplets seront remorqués vers le sud pour servir de "banques d'organes" aux avions opérationnels, voire de leures sur les terrains. C'est compliqué de transformer en avion opérationnel un avion qui est à 90% voire 95% d'achèvement (surtout s'il manque l'hélice...)

par contre on a le cas des avions terminés, mais pas encore en reception AdA et ceux-là vont être utilisés.

Il faudrait vérifier sur les archives SNCASO mais le MB-155 était en train de remplacer le 152 sur les chaînes de montage et donc le GC II/8 devrait en récupérer.

Amitiés
F
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Jan 05, 2008 11:10    Sujet du message: Répondre en citant

Disons alors que ces Blochs prendront les memes routes que les allemands apres eux - N10 et N134. Stockons ce qui est utile a Biarritz, et dispersons le reste...
C'est vrai qu'on pourrait faire tourner en bourrique les aviateurs de la Luftwaffe en semant des Bloch 152 sur plusieurs terrains, voire dans des champs Laughing
Une sorte d'opération "fortitude" avant l'heure, a part que ces avions ne sont pas du carton pate...

Au passage pour peu que certains soient oubliés ça et là, ca fera du boulot pour les musées après guerre...
Je vais ajouter un paragraphe
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Finen



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MessagePosté le: Sam Jan 05, 2008 12:36    Sujet du message: Répondre en citant

il est même fort possible que les derniers vols de combat se fassent sur des avions couleur naturel avec juste une cocarde à peine fini de sécher.


De plus, si Franco envoi des signes discrets à travers le pays basque qu'il ne considère pas les soldats français comme des bandits, je vois bien les dernières troupes du coté de bayonne s'évaporer en pays basque espagnol et l'armée de l'air espagnole hériter de quelques Bloch 152.
1 ou 2 mois plus tard, tous ce petit monde devrais être "expulsé" d'espagne par la frontière marocaine.

Les espagnol ont toujours eu, sous franco, un faible pour tout ce qui porte un uniforme ....
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Jan 05, 2008 14:47    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Franco je ne sais pas, apparement le gouvernement français a sollicité les réfugiés républicains pour combattre. Je doute que cela plaise au caudillo... bien que l'idée de MB-152 espagnols soit bien tentante.

Quelques paragraphe supplémentaires

5 Juillet 1940
Usines Bloch
A Bègles, Bacalan et Mérignac, c’est l’effervescence, comme probablement dans toutes les autres usines aéronautiques de France à cette époque. Sauf qu’ici, on ne détruit pas, du moins pas pour le moment.
Le gouvernement, sur requête du GC II/8, a donné autorité au commandant du groupe pour prélever tout ce dont il a besoin afin d'assurer la bonne marche de ses appareils dans les trois semaines qui suivront.
En effet par une coïncidence intéressante, Mérignac ou stationne actuellement le groupe est également le lieu de production du chasseur MB-152. Une telle chance ne saurait être perdue en ces temps difficiles. Depuis quelques temps la production a été arrêtée car il n’y a plus d’espoir de terminer des machines avant l’arrivée des avant gardes de la Wermarcht.
Seule une équipe réduite assure la finition de quatre machines devant être livrée au GC II/8.

Les pilotes constatent avec joie que ce sont des MB-155 dont le rayon d'action est tout simplement doublé par l'adjonction d'un réservoir supplémentaire, qui a par ailleurs necessité un allongement du fuselage et le déplacement du cockpit vers l'avant.

Le commandant de ce groupe a reçu, en accord avec la préfecture de la Gironde, le droit de réquisitionner un certain nombre de camions ainsi que quelques bus afin d’envoyer pièces détachées, mécanos, ingénieurs et techniciens vers Biarritz et l’usine Breguet.
Dutey-Harispe se souvient « Moi et les copains parcourions l’usine en quête de tout ce qui pouvait servir à nos taxis dans l’avenir. Les braves gars qui avaient construit nos avions sans ménager leur peine nous aidaient, l’air triste. A un moment, l’un d’eux, situé non loin de moi a regardé la chaîne de montage arrêtée, où restait quelques Bloch dans des états de finitions divers. Bien entendu ils avaient été dépouillés de toute pièce utile aux nôtres.
Cela me faisait tout de même rager de vouer ces robustes carcasses à la destruction par la dynamite ou le chalumeau, et je devinais que ce type partageait les memes sentiments.
« Que pourrait on en faire ? » m’a il brusquement demandé , se tournant vers moi. Je pense que nous avons eu la même idée au même moment, car les mêmes mots ont jaillis « des leurres ! »
J’ai alors ajouté « Plantons plusieurs de ces épaves sur des terrains du Sud-Ouest, elles prendront les coups de la Luftwaffe à notre place.»
« Vous savez très bien que les aviateurs allemands verront que ce ne sont que des squelettes métalliques", a t'il répondu, songeur. "A moins qu’on leur en donne l’illusion à peu de frais » a t'il repris en souriant.
« Comment cela ? »
« Avec un entoilage, comme les SPADs. Beaucoup de compagnons ici ont connus cette époque, et je pense qu’avec l’appui de couturières locales et de leurs draps, nous pourrions fabriquer quelques MB-152 plus vrai que nature »
J’ai exprimé cette idée au commandant du groupe, qui a accepté, mais seulement si les épaves étaient évacuée les dernières. Il ne fallait tout de même pas que cela entrave l’équipement du groupe. Reste qu’il a fallu ensuite trouver un moyen de les emmener à destination. Cela n’a pas manqué de piquant, comme on me l’a raconté par la suite ».

7 Juillet 1940
Bordeaux

A présent tout ce qui peut être utile au GC II/8 est en route pour Biarritz. La destruction de l’usine est imminente, elle devrait avoir lieu dans la matinée du 8.
Une équipe réduite reste donc en place, mais avant de dynamiter, ces hommes doivent accomplir une ultime mission. Une vingtaine de MB-152 inachevés doivent être préparé pour leur première (et dernière) mission, servir de leurre.
Un mécanicien raconte « Ma dernière journée à Bordeaux avant l’évacuation, je l’ai passé à souder et souder encore. En effet les carcasses démantelées des MB-152 n’avaient naturellement pas de train d’atterrissage, soit qu’il ait été prélevé, soit simplement jamais monté. Mon boulot ce jour là était de créer un bâti suffisamment solide pour supporter cent kilomètre de remorquage sur les routes landaises. Je soudais une barre dans le puit de train, une deuxième en contrefiche, et enfin une dernière servait de potence sur laquelle on enfilait une roue de
MB-200 – on en avait trouvé un stock dans l’usine de la S.A.S.O, qui avait fabriqué ces bombardiers. Je soudais ensuite un boulon de l'autre coté pour que la roue ne s’échappe pas.
Ça roulait, et c’était bien tout ce qu’on attendait de ce bricolage… Comme nous manquions de véhicules pour remorquer la vingtaine de machines, un des copains a eu l’idée d’attacher les Bloch par la queue, deux par deux. Nous avons donc percé des trous dans la dérive, et noué ça solidement avec les câbles qui auraient normalement servis à actionner les commandes de vol. Décidément, rien n’était perdu ! Deux fois moins à remorquer , et en plus l’ensemble avait quatre roues… Si Marcel Bloch avait vu ça !
Nous disposions de dix véhicules pour remorquer ces étranges attelages baroques.
L’usine a sauté au matin, nous avons songé pour alléger notre peine que c’était ça ou la laisser aux mains des Boches.
Les Bordelais, qui avaient pourtant bien des soucis, ont regardé notre étrange convoi avec des yeux ronds.
Nous nous sommes séparés au sud de la ville, certains devant semer leurs leurres sur les terrains de la cote, d’autre a l’intérieur des terres.

Nous avions pris contact avec des aéroclubs qui, la mort dans l’ame, avaient accepté de laisser leur terrains servir de défouloir à la Luftwaffe. Mon groupe à emmené les siens du coté de Dax et nous les avons disposés sur un petit terrain, bien en évidence au coté d’épaves de voitures et de camions prêtées par la ville. Restait alors à faire l’entoilage de nos vieux tacots, ce qui a été fait dans la journée du 10. Malgré la gravité de la situation, je n’ai pu m’empêcher de sourire au spectacle de cette carcasse enturbannée et monté sur ces roues de
MB-200 bien trop grandes pour elle… "


Dernière édition par Archibald le Sam Jan 05, 2008 18:26; édité 2 fois
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Finen



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MessagePosté le: Sam Jan 05, 2008 15:32    Sujet du message: Répondre en citant

Le Caudillo sait que sa survie dépend en grande partie de son commerce avec l'amérique du sud d'un coté et de la neutralité des forces de l'axe de l'autre.

En ce temp, la politique général de l'espagne est dictée par la notion d'Hispanidad, notion qui inclu la grandeur de l'espagne et son autonomie.
C'est cette idée qui a conduit l'espagne a avoir des relations bilatérales indépendantes menant de front de bonnes relations distantes avec l'allemagne et l'italie et par ailleur une politique de contacts de plus en plus étroits avec les états unis.
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patzekiller



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MessagePosté le: Sam Jan 05, 2008 18:11    Sujet du message: Répondre en citant

pas 3 ou 4 mb 155 finalement? Crying or Very sad
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Jan 05, 2008 18:23    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Tous les MB-152 survivants avaient été regroupés. Le Groupement 21 disposait de 45 avions (dont 31 opérationnels), en comptant 2 survivants de l’ELD Romorantin, et opérait comme un gros GC. Le GC II/8, dont les survivants avaient évacué Brest-Guipavas le 22 juin, avait reçu 2 MB-152 du GMO et pouvait aligner 15 avions (dont 9 opérationnels). Grâce à l’évacuation des avions de l’usine de Châteauroux et aux efforts constants des ouvriers de l’usine de Mérignac de la SNCASO, 11 autres chasseurs Bloch ont été directement livrés en première ligne sans même être enregistrés par l’EAA-301 (7 MB-152 réparés et 4 MB-155). Ces avions ont été livrés en deux lots au GC II/8, le 4 et le 7 juillet.


Extrait du rapport d'Harcourt Annexe 40-6-1

Les quatre Bloch terminés par l'équipe réduite sont effectivement des
MB-155.
Texte modifié Smile

Il y en a apparement 9 autres au GC I/1.

Personellement j'aimerais bien les regrouper, 13 machines c'est quand meme un nombre correct. On peut toujours les compléter par un petit nombre de MB-152...

Citation:
il est même fort possible que les derniers vols de combat se fassent sur des avions couleur naturel avec juste une cocarde à peine fini de sécher.


Dans ce cas, on pourrait peut etre modifier un profil du MB-150.01, qui n'était pas camouflé.

Citation:
je vois bien les dernières troupes du coté de bayonne s'évaporer en pays basque espagnol et l'armée de l'air espagnole hériter de quelques Bloch 152.


On peut toujours leur donner quelque une des machines terminées a 85% évoquées plus haut. Libre a eux de venir les chercher et de les terminer s'ils le veulent.
Des MB-155 espagnols ? Avec un moteur BMW-801 peut etre ? Comment dit on Bloch MB-157 en espagnol ?
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Fantasque



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MessagePosté le: Lun Jan 07, 2008 09:56    Sujet du message: Répondre en citant

Le GC II/8 et ses MB-152/5

Après quelques vérifications dans les archives je peux confirmer les éléments suivants :

Le MB-152 est produit à Châteauroux-Déols (où se trouve le « parc de réception » de la SNCASO) mais il y a une chaîne à Bordeaux-Mérignac. Ainsi on sait que simultanément certaines unités durement éprouvées début Mai font mouvement sur Châteauroux pour se rééquiper en MB-152 (le GC II/6 par exemple) et que des avions sont en réception à Bordeaux-Mérignac. La présence de 2 chaînes s’explique par la montée des commandes de MB-151/2 en 38/39. Jusqu’au début juin 40 cependant les avions terminés à Mérignac sont envoyés à Châteauroux où ils sont livrés à l’AdA puis aux unités équipées de ce chasseur.
Les avions produits à Mérignac sont reconnaissables à une peinture de camouflage aux tâches plus petites et plus irrégulières que sur les avions produits à Déols.

Cela signifie que, vers le 20 juin, Châteauroux étant menacée par l’avance Allemande, le parc de réception sera logiquement déplacé vers Mérignac, où se situe la 2ème chaîne de montage.
Les chiffres d’avant Mai 40 et les prévisions établies au 28 mai 40 par l’EMGAA montrent que le volume total de production est de 75 avions mois, mais que l’on espère une montée en puissance progressive du MB-155 à 120 unités mois vers août/septembre, certainement en additionnant les 2 sites de production.

Ceci donne une production potentielle de 35 à 38 avions/mois pour Mérignac.
Si Bordeaux tombe le 10 juillet 40, la production supplémentaire par rapport aux chiffres historiques devrait être de 18 à 25 avions sur Mérignac, dont probablement 12 à 18 MB-155 (en plus des 9 pris en compte par l’AdA historiquement) car le MB-155 entrait juste en production et se substituait aux MB-152.

Jean Cuny et Raymond Danel indiquent dans « L’aviation de chasse française 1918-1940 » (Docavia n°2) que le GC II/8 a reçu « quelques MB-155 » avant l‘Armistice. Nous savons que dans le décompte des avions restés en Métropole au 24 juin 1940 on trouve 9 MB-155.

De tous ces éléments je propose la synthèse suivante pour permettre à Archibald d’enrichir son déjà excellent texte :

Décision au 19 juin 1940 d’organiser le repli vers Merignac du Parc de réception de Châteauroux-Deols ainsi que le transfert des ouvriers et des machines-outils que l’on peut déplacer. La colonne n’arrivera pas à Mérignac avant le 24 juin.
Accélération de la production sur le site de Mérignac sur la base des stocks disponibles permettant la production « bon de guerre » de 21 avions supplémentaires dont 14 MB-155. Les avions et cellules en achèvement, mais dont il devient évident qu’ils ne pourront être mis au standard opérationnel (par manque d’équipements) sont démontés pour servir de pièces de rechange, ou sont remorqués vers des « faux aérodromes » pour servir de leurres.

Au 28 juin les règles classiques de réception ont volé en éclat. Le GC II/8 se sert sur place avec l’assistance du personnel et des pilotes de réception de la SNCASO. On commence à voir apparaître des avions « composites » (soit des avions réceptionnés AdA utilisant des morceaux d’avions non réceptionnés ou des avions neufs mais manquant de certaines pièces essentielles comme l’hélice, la radio ou l’armement et recevant ces pièces depuis des avions « officiels » trop endommagés pour être réparés). On a des hybrides 152/155 en plus des 7 MB-155 pris en compte par le GC II/8 (sur les 14 produits mais dont seuls 8 seront portés aux registres de l’AdA. Les 7 autres ont abouti au Groupement 21 replié vers Toulouse). Il faut donc ici corriger le « rapport d’Harcourt » en expliquant que les chiffres donnés par de la Vigerie (11 chasseurs MB-152 et 155 livrés) ne tiennent compte que des avions « officiellement » pris en compte par l’AdA via l’EAA-301.
Début juillet, le GC II/8 a souvent plus d’avions que de pilotes, et les pilotes vont faire jusqu’à 4 ou 5 missions par jour (surtout en appui-feu sur la Dordogne et devant Bordeaux) en utilisant 2 à 3 avions différents (sur le modèle des pilotes israéliens lors de la guerre d’Octobre 73). Ce système permet au GC II/8 de fournir un nombre important de missions mais au prix d’un épuisement des pilotes.
Le GC II/8 incorporera durant juillet quelques pilotes des ECN III/13 et IV/13 basées à Aurillac et qui n’ont que 5 Potez 631 « bon de guerre » ainsi que des pilotes de réserve du Groupement 21.

Le 9 juillet l’usine de Mérignac est dynamitée après qu’une colonne soit partie pour Mont de Marsan, puis Biarritz et une autre pour Pau avec le matériel et les pièces de rechange récupérables ainsi que des cellules en cours de finition mais utilisée comme banques de pièces ou comme leurres.

Les combats des derniers jours (du 10 juillet au 31 juillet) verront le stock d’avions fondre rapidement, la pratique des hybrides se multiplier grâce à la présence des ouvriers et techniciens de la SNCASO qui peuvent prélever des sous-ensembles complets sur certains avions pour en réparer d’autres.


Quelques indications de nature tactique :
Le texte d’Archibald ne fait pas mention des Henschel 126 (le « mouchard ») qui fut pourtant un des gibiers de la chasse française dans cette période. Il serait surprenant que les pilotes du GC II/8 n’en rencontrent pas dans les combats au-dessus de la Dordogne ou dans la couverture du repli sur Bayonne ou Biarritz.
Vers le 10 juillet les pilotes auront appris (dans le sang et les larmes) les règles de base du straffing, soit (a) attaquer le soleil dans le dos et (b) ne jamais faire une deuxième passe ou attaquer une colonne qui vient d’être attaquée par une autre formation.

Quant aux qualités de vol du MB-152, voici quelques indications tirées des essais en vol de l’avion et des notes de Daniel Rastel.
L’avion est un bon piqueur (meilleur que le Hurricane, le MS-406 ou le H-75), mais il devient instable au-dessus de 700 km/h badin. Risque de survitesse du moteur, en général fatal pour le G&R 14N49. Le décrochage est sain, sans risque de vrille, mais il y a apparition d’une instabilité latérale à faible badin (180 km/h indiqués).
Décollage : VI : 135 km/h, avec 350 m de roulement (sans vent) et passage de l’obstacle de 8 m en 500m.
Atterrissage : sortie des volets à 180-200 km/h (jamais au-dessus de 235 km/h). Arrondi à 135 km/h. L’avion est sain au roulage grâce à une voie assez large.
Vitesse minimale de renversement : 300 km/h. Boucle : 360 km/h. Tonneau lent : 280 km/h.

V. Max pour le MB-152 n°99 à moteur N25 : 482 km/h à 5500m.
Les avions équipés de N49 montent à 505-508 km/h suivant l’état de la peinture.
Le MB-155 vaut 520 km/h à 5670m.

Le 155 grimpe moins bien que le 152 car il est plus lourd de 100kg.

L’autonomie est pathétique : 540 km pour le MB-152 à moteur 14N49.
Le 155 vaut 1000km par contre à régime économique.

Un témoignage, celui du colonel Jean Nollet (Fana de l’Aviation n°11, mai 1970, p.7).

« L’avion ne présentait aucune difficulté ni au décollage ni à l’atterrissage grâce à son train très large. Le manche était gros, la manette des gaz aussi. On en avait plein les mains !
L’habitacle était spacieux et les vues remarquablement dégagées sauf vers l’arrière. Les commandes étaient souples mais avec une certaine lourdeur.(…) le Bloch 152 rustique et lourd faisait un peu « camion » par rapport aux MS-406 et D-520. »
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MessagePosté le: Lun Jan 07, 2008 10:26    Sujet du message: Répondre en citant

OK, Franck (ou moi) allons corriger le rapport d'Harcourt.
Je pense que je 19 juin pour l'évacuation de Châteauroux est un peu tardif. Les Allemands atteignent la Loire (en OTL comme en FTL) aux alentours du 15-16 et l'ont complètement bordée (à l'est d'Orléans) le 17. Je vois plutôt la décision prise le 17 (après une première reconnaissance aérienne allemande ?).
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...


Dernière édition par loic le Lun Jan 07, 2008 13:11; édité 1 fois
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MessagePosté le: Lun Jan 07, 2008 11:58    Sujet du message: Répondre en citant

Oui,
Le 17 est sans doute plus approprié.

Il faut entre 4 et 5 jours pour qiue la colonne issue de Deols atteigne Merignac.

F
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