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loic Administrateur - Site Admin
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 9671 Localisation: Toulouse (à peu près)
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Posté le: Lun Nov 11, 2024 22:10 Sujet du message: Le Luxembourg sous l'occupation |
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Avant la publication des épisodes relatifs à la libération du Luxembourg, rédigés par Heorl (avec relecture de ma part), voici un récapitulatif (toujours perfectible) de ce qui s'est passé depuis... eh bien depuis le début. Une descente aux enfers tristement banale...
Tous les passages sont OTL, seul le dernier a été quelque peu avancé vu le contexte (après le débarquement en Provence).
25 juillet 1940
Sur décret du Führer, Gustav Simon, Gauleiter du Moselland (région de Koblenz-Trier), voit le Luxembourg rattaché à sa juridiction. Jusque-là, le Grand-Duché était sous occupation militaire et dépendait à ce titre du général Alexander von Falkenhausen, gouverneur militaire de la Belgique et du Nord-Pas-de-Calais.
Cette nomination n'est vraiment pas un cadeau pour le petit état, car Simon est considéré par beaucoup comme l'un des moins compétents et des plus arrogants des Gauleiters et sa juridiction est gangrenée par la corruption et le népotisme. En raison de sa petite taille et de sa personnalité toxique, il surnommé par dérision le "champignon vénéneux de Hermeskeil", du nom de la localité où il a fondé en 1926 une section locale du NSDAP.
Alors que sa mission officielle est l'administration civile du Luxembourg, le travail du Gauleiter consistera en réalité à préparer le rattachement pur et simple du territoire au Reich et la germanisation de sa population. C'est aussi l'objectif de la Volksdeutsche Bewegung (littéralement "Mouvement ethnique allemand"), fondée par un professeur d'université d'origine allemande au mois de mai 1940, quelques jours après l'arrivée des troupes du Reich.
En l'absence de la famille grand-ducale et du gouvernement luxembourgeois, évacués par l'armée française et à présent en exil, une commission administrative a été créée pour collaborer avec l’occupant allemand, dans le but de conserver la souveraineté du pays. Soutenue par la Chambre des députés et avec la bénédiction du Gauleiter, elle lance un appel à la Grande-Duchesse Charlotte, lui demandant de revenir au Luxembourg. Celle-ci répondra bientôt : "Mon cœur dit oui, mais ma raison dit non".
De son côté, Gustav Simon va rapidement comprendre qu'il ne pourra pas compter sur les fonctionnaires luxembourgeois pour faire preuve d'un comportement loyal à l'égard de l'Allemagne nazie. Il va bientôt les obliger à adhérer à la Volksdeutsche Bewegung, sous peine d'être licenciés.
26 août 1940
Alors que la plupart des Luxembourgeois ont adopté une position attentiste et que l'économie est à présent au service du Reich, le Gauleiter Gustav Simon poursuit la mise en place d'une véritable mise sous tutelle du pays. Au début du mois, il a déjà ordonné la dissolution de la gendarmerie luxembourgeoise, remplacée par la police allemande. La Gestapo a installé son Einsatzkommando à la Villa Pauly et pourra compter sur le soutien de collaborateurs luxembourgeois, bientôt surnommés Gielemännercher (nains jaunes), à cause de leur uniforme brun jaunâtre.
Dans le même temps, les écoles françaises ont été fermées et l'usage de la langue de Molière et du luxembourgeois ont été interdits. L'allemand est devenu la langue officielle, qui doit s'imposer dans tous les secteurs, des actes administratifs à la presse, en passant par les enseignes commerciales et les panneaux de signalisation...
Peu de temps après, la totalité des partis politiques ont été interdits [Note : Seul le parti communiste poursuivra une existence clandestine, mais encore largement passive.], à l'exception de la Volksdeutsche Bewegung, favorable à l'intégration au Reich. Toute référence à l'Etat luxembourgeois ou au Grand-Duché ont été proscrits et la constitution a été suspendue. Ces dernières décisions ont fait définitivement basculer la famille grand-ducale et le gouvernement dans le camp allié.
Aujourd'hui, le reichsmark devient la monnaie officielle, cohabitant avec le franc luxembourgeois qui devra disparaître d'ici quelques mois.
21 octobre 1940
Aujourd'hui a lieu un événement qui va consterner une bonne partie de la population : la Gëlle Fra (Dame Dorée), monument national dédié aux héros de guerre luxembourgeois tombés en France pendant la Grande Guerre, est mis à bas par l'occupant nazi.
Mais le Gauleiter Gustav Simon s'attelle déjà aux prochaines étapes de son programme mortifère : la dissolution du parlement et du conseil d'état et la création de nouveaux tribunaux pour faire juger et emprisonner tous ceux qui ont un comportement anti-allemand.
Enfin, et ce dernier point a été jugé particulièrement important par Himmler, lors de sa visite le mois dernier, le Gauleiter a entrepris de rendre la région Judenfrei. Les Juifs, environ 4.000 personnes dont les trois quarts sont des réfugiés d'autres pays européens, seront encouragés - et si besoin sommés par la Gestapo - à émigrer volontairement, principalement vers la France (occupée, s'entend) ou le Portugal. L'application des lois de Nuremberg de 1935 et des mesures économiques anti-juives de 1938 va suivre d'ici peu.
Pourtant, une poignée d’hommes va trouver le courage d'organiser l’évasion de nombreux Juifs du Luxembourg vers les États-Unis ou l'Amérique Latine. Le Grand Rabbin Serebrenik est aidé entre autres par le chargé d’affaires américain et... un officier de la Wehrmacht responsable du bureau des passeports.
31 janvier 1941
Après avoir fêté il y a quelques jours le remplacement définitif du franc luxembourgeois par le reichsmark, le Gauleiter Gustav Simon édicte une nouvelle directive qui va directement affecter la vie quotidienne des citoyens : tous les travailleurs doivent adhérer au Deutsche Arbeitsfront [Note : Ce syndicat unique, sous contrôle du NSDAP, a remplacé en 1933 les organisations historiques de travailleurs et d'employeurs d'Allemagne].
Dans le même temps, les citoyens luxembourgeois ayant un prénom non allemand sont priés d'adopter la version allemande ou, si celle-ci n'existe pas, de sélectionner tout autre prénom à consonance germanique.
Face à ces mesures, la Résistance luxembourgeoise, qui a commencé à s'organiser très tôt, entre autres autour des mouvements de scouts, continue d'agir essentiellement de façon pacifique, En effet, en raison de la petite taille de l'armée luxembourgeoise d'avant-guerre, il est difficile de trouver des armes. Elle se concentre plutôt sur l'édition de journaux clandestins et de tracts, la collecte de renseignements et l'organisation de filières d'évasion vers les maquis français et belges pour les aviateurs alliés abattus et les soldats évadés, ainsi que la cache de fugitifs.
Le régime durcit sa politique envers les Juifs : les biens de ceux qui ont émigré doivent être saisis avec effet rétroactif pour les familles ayant quitté le territoire depuis le 10 mai 1940. Le Grand Rabbin Serebrenik va devoir négocier, y compris en se rendant à Berlin, avec le préposé aux affaires juives, un certain Adolf Eichmann. Ce dernier s'engagera à faciliter l'émigration des Juifs restants, charge à Serebrenik de se procurer les visas, la condition était que les personnes qui partent abandonnent biens et argent au Luxembourg.
10 octobre 1941
En ce jour se tient un référendum, plus ou moins maquillé en recensement de la population, dans lequel les Luxembourgeois doivent donner leur bénédiction à une adhésion volontaire au Troisième Reich. Les résidents doivent ainsi répondre à trois interrogations sur leur nationalité, leur langue maternelle et leur ethnicité, les questions étant formulées de manière que la seule réponse logique soit "l'allemand". Mais la Résistance luxembourgeoise, via la presse clandestine, a incité les citoyens à répondre dräimol Lëtzebuergesch (trois fois "luxembourgeois"). Le Gauleiter Gustav Simon n'a finalement pas d'autre choix que d'annuler le référendum.
En représailles, sa politique va devenir beaucoup plus brutale envers la communauté juive, dont quelques centaines de membres n'ont pas encore quitté le pays et subissent à présent le port de l'étoile jaune et la mise au ban de la vie publique. Déjà, la grande synagogue de la capitale a été profanée par la Gestapo et est promise à la démolition, tandis que celle d'Esch-sur-Alzette a déjà subi le même sort. Sur ordre d'Heinrich Himmler, il n'est désormais plus possible aux Juifs d'émigrer. Au contraire, la Gestapo vient d'ouvrir un centre de rassemblement et de triage, avant d'envoyer les malheureux aux travaux forcés ou de les déporter vers des ghettos et camps d'extermination à l'Est.
30 août 1942
Finit de tergiverser ! Le Reich déclare l’annexion officielle du Luxembourg à l’Allemagne. Par voie de conséquence, l'instauration du Wehrpflicht (service militaire obligatoire) pour la tranche d'âge 1920-1927 est décrétée. Ces mesures provoquent dès le lendemain une grève qui s'étend rapidement à tout le pays, encouragée par le Résistance. Mais, en quelques jours, le mouvement est écrasé : le Gauleiter Gustav Simon décrète la loi martiale et fait fusiller une vingtaine de grévistes pour l'exemple.
Pour éviter de servir dans l'armée allemande, de nombreux jeunes hommes quittent le pays ou entrent dans la clandestinité, souvent avec des conséquences dramatiques pour leurs familles, car l’occupant répond par la terreur : emprisonnements, déportations au camp de concentration de Hinzert ou plus à l’Est, exécutions sommaires.
De plus en plus de Luxembourgeois participent au recueil d'informations économiques et militaires, qui sont transmises aux services secrets alliés à Londres. C'est ainsi que de jeunes travailleurs forcés envoyés en Allemagne vont révéler l'existence du centre de recherche militaire de Peenemünde, situé sur la Mer Baltique. Par ailleurs, une autre forme de résistance voit le jour : dans les mines et les aciéries, il va bientôt régner un "esprit sabotage", qui contribue à ralentir - un peu - la production.
25 novembre 1943
Une vingtaine de chefs de la Résistance luxembourgeoise sont exécutés par les nazis près du camp de concentration de Hinzert. Ce coup dur va provoquer l'unification, après des négociations difficiles, de la plupart des mouvements de résistance du pays, sous le nom Unio'n vun de Letzeburger (Union des Luxembourgeois). Le vibrant appel à l'unité lancé par la grande-duchesse Charlotte y est sans doute pour quelque chose, car la souveraine s'inquiète de voir son pays divisé mis sous tutelle après de sa future libération tant espérée.
Toutefois, l'Union reste une mosaïque de groupements, parmi lesquels l'un présente une idéologie antisémite que n'auraient pas reniée les nazis. Par ailleurs, la motivation première des différents mouvements ne semble pas être un désir de liberté ou un idéal démocratique, mais le nationalisme, bien qu'influencé par le socialisme pour la gauche, ou par le corporatisme antiparlementaire pour la droite. S'il est une caractéristique commune à tous les mouvements de Résistance, qu'ils soient de gauche ou de droite, c'est bien ce nationalisme, appelant à la création d'un Lebensraum pour le peuple luxembourgeois. _________________ On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ... |
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Anaxagore
Inscrit le: 02 Aoû 2010 Messages: 10691
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Posté le: Lun Nov 11, 2024 22:37 Sujet du message: |
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Citation: | car la souveraine s'inquiète de voir son pays divisé mis sous tutelle après de sa future libération tant espérée. |
Cette partie de la phrase me semble maladroite. _________________ Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe. |
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Casus Frankie Administrateur - Site Admin
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 14280 Localisation: Paris
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Posté le: Lun Nov 11, 2024 23:33 Sujet du message: |
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J'intègre ces textes en rubrique Europe Occupée ? _________________ Casus Frankie
"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire) |
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loic Administrateur - Site Admin
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 9671 Localisation: Toulouse (à peu près)
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Posté le: Mar Nov 12, 2024 07:37 Sujet du message: |
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Anaxagore a écrit: | Citation: | car la souveraine s'inquiète de voir son pays divisé mis sous tutelle après de sa future libération tant espérée. |
Cette partie de la phrase me semble maladroite. |
Si tu as une meilleure formulation, n'hésite pas. Ou sinon Casus fera au mieux, comme d'hab.
Casus Frankie a écrit: | J'intègre ces textes en rubrique Europe Occupée ? |
Absolument, sachant qu'en juillet 1940, cette rubrique est vide pour le moment. _________________ On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ... |
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houps
Inscrit le: 01 Mai 2017 Messages: 1952 Localisation: Dans le Sud, peuchère !
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Posté le: Mar Nov 12, 2024 07:56 Sujet du message: |
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30 août 1942
Finit de tergiverser !
Fini.... _________________ Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie. |
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ChtiJef
Inscrit le: 04 Mai 2014 Messages: 3033 Localisation: Agde-sur-Hérault
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Posté le: Mar Nov 12, 2024 08:09 Sujet du message: |
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Le vibrant appel lancé par la grande-duchesse Charlotte y est sans doute pour quelque chose, car la souveraine s'inquiète de voir son pays, faute d'unité, mis sous tutelle après sa libération tant espérée _________________ "Les armes ne doivent pas être utilisées dans des guerres" - Alain Berset, président de la Confédération helvétique |
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loic Administrateur - Site Admin
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 9671 Localisation: Toulouse (à peu près)
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Posté le: Mar Nov 12, 2024 09:04 Sujet du message: |
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houps a écrit: | 30 août 1942
Finit de tergiverser !
Fini.... |
Oups oui _________________ On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ... |
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ChtiJef
Inscrit le: 04 Mai 2014 Messages: 3033 Localisation: Agde-sur-Hérault
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Posté le: Mar Nov 12, 2024 10:08 Sujet du message: |
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loic a écrit: |
Casus Frankie a écrit: | J'intègre ces textes en rubrique Europe Occupée ? |
Absolument, sachant qu'en juillet 1940, cette rubrique est vide pour le moment. |
Hum...
Présage d'une nouvelle édition révisée et complétée du tome 1 d'un ouvrage désormais de référence ? _________________ "Les armes ne doivent pas être utilisées dans des guerres" - Alain Berset, président de la Confédération helvétique |
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loic Administrateur - Site Admin
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 9671 Localisation: Toulouse (à peu près)
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Posté le: Mar Nov 12, 2024 10:20 Sujet du message: |
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Hélas non, malheureusement. Ceci dit, en livre numérique, ce serait une possibilité. _________________ On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ... |
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