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Bataille de France, Mai 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 10:34    Sujet du message: Répondre en citant

Hardric62 a écrit:
Avenol est déjà en Suisse depuis que la réécriture de son destin l'a exclu du NEF.


Peux-tu me préciser où on a écrit ça ? Je n'en retrouve pas trace !
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Casus Frankie

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Hardric62



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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 10:49    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Hardric62 a écrit:
Avenol est déjà en Suisse depuis que la réécriture de son destin l'a exclu du NEF.


Peux-tu me préciser où on a écrit ça ? Je n'en retrouve pas trace !


Le sujet "Les désarrois de la SDN, par TYLER" comporte les références à ce sujet, avec la confirmation que les collabos n'ont pas voulu de lui à cause de sa démission le 14 février 1941.

Ce qui a amené la création d'un sujet "Le NEF recherche un Ministre des Affaires Etrangères" ou Jacques Bouly de Lesdain avait été avancé comme remplaçant pour Avenol... Ce qui fait que je remarque aussi que Avenol reste référencé comme ministre des Affaires Etrangères dans l'Annexe Juillet 1943 à la place de Lesdain comme ministre des affaires étrangères, et le 20 juillet 1943 concernant la fin de la commission d'armistice.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 11:15    Sujet du message: Répondre en citant

Merci d'avoir repéré ce problème.
En fait, si Laval envoie paître Avenol en 1941 après sa démission forcée de la SDN, il est récupéré en Suisse en 1943 par Doriot… et il y retourne en 44.
La mention en 41 "Il mourra en 1952 en Suisse, sans avoir remis les pieds dans son pays natal." doit être reportée à 44 ! Je corrige le fichier en question.
NB - Comme d'habitude, seuls les fichiers archivés font foi. Les autres ne sont souvent que des étapes de la réflexion.
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Casus Frankie

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loic
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 12:08    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour la réponse concernant les Belges, cela reste un peu flou, mais on comprend mieux.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 15:43    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais déjà apporté quelques éclaircissements aux fichiers les 7 et 8 mai, notamment en rubrique belge, je vais essayer de préciser encore.

11 mai
Opération Lüttich
Les Ardennais bloquent la Götz von Berlichingen
PC du 1er Rgt Ardennais
– On observe les cartes et les derniers rapports. L’ordre du CA est clair : « La division ennemie la plus engagée, identifiée comme la 14e SS-Panzergrenadier, cherche à fuir vers le nord le long du fleuve. Vous devez la bloquer pour permettre sa destruction. »
– Un ordre on ne peut plus clair ! commente Merckx.
– Les bataillons vont lancer leur attaque, mon colonel.
– Objectif, la Saône, on ferme la porte aux Boches. Nous avons les appuis aériens et les AU90 de la Tancrémont en renfort, qu’ils n’hésitent pas à les utiliser. Faites savoir aux hommes qu’il y a toute une division blindée SS qui cherche à fuir et que c’est à nous de les en empêcher ! C’est pour ça que nous avons été retirés du front le 7, que nous nous sommes regroupés le 8, et que nous nous battons depuis deux jours dans ces collines !
– Bien reçu mon colonel.
………
Sur son half-track, le chef Massart du I/1e Ardennais observe… Là-bas, des engins SS qui tentent de fuir vers le nord – et les ordres sont clair : les bloquer.
Dans le ciel, un grondement sourd se fait entendre. Il lève les yeux – les Sangliers ! Et pas un ou deux, beaucoup ! Ils volent si bas qu’on distingue très bien leurs cocardes sont noir-jaune-rouge.
– Les Boches vont déguster, commente son mitrailleur. Chaque P-47 trimballe tout ce qu’il faut !
– Ils l’auront bien mérité !
Soudain la radio crache l’ordre d’avancer.
– On y va les gars, vous connaissez la mission. Chaque Boche qu’on enverra au Sahara ne nous empêchera plus de rentrer au pays !
– Au Sahara ou au cimetière, grogne le conducteur. Tous approuvent sombrement.
Les half-tracks avancent vers l’est. Soudain, entre Charnay et Morancé, des blindés ennemis sont repérés, arrivant de la droite, à 2 heures !
– Section, débarquez ! Vite, avant qu’ils nous voient !
– Chef, les AU90 les ont repérés, ils vont les engager !
Les chasseurs de chars se mettent en position. Très vite, les obus de 90 trouvent leurs cibles sur les panzers qui se présentent de flanc. Mais pendant ce temps, l’infanterie poursuit à pied et cherche un couvert, précédant les semi-chenillés. Heureusement, derrière, les artilleurs sont déjà en position.
– Ici Vert 1, je demande un tir de fumigènes sur les coordonnés xxx/xxx
– Reçu… Pièce 4, tir pour le réglage !
– Trop court 150, trop à droite 50.
– Reçu, correction et tir !
– But !
– À toutes les pièces, feu pour barrage fumigène !
Les Ardennais avancent en espérant que les Allemands, noyés sous les fumigènes et poursuivis par les obus des chasseurs de chars, ne les verront pas. Une sourde angoisse étreint les corps, la peur de se prendre la balle fatale ou d’être emporté par l’explosion d’un obus… Massart donne ses ordres à sa section – ils sont en vue des épaves des blindés détruits, mais les autres se sont repliés et sûrement pas loin ! C’est alors qu’une MG se découvre, fauchant deux hommes ! La .50 du half-track lui répond, en espérant qu’il n’y ait pas un char pour couvrir la mitrailleuse ennemie, mais il faut soutenir les hommes qui prennent d’assaut la position SS, pendant que les infirmiers tentent de sauver les blessés… en pure perte.
………
La matinée passe lentement. Morancé est pris, mais les ordres sont de continuer d’avancer, il faut atteindre le fleuve ! L’aviation tourne sans cesse au-dessus du champ de bataille. Les pilotes sont en liaison permanente avec les FAC au sol. Ceux-ci ne se privent pas de donner de nombreuses cibles. Au sol, à pied le plus souvent, les Ardennais gagnent mètre après mètre.
Dans l’après-midi, la Saône est enfin atteinte, aux prix de pertes sensibles. Les SS ne se sont pas laissé faire, mais qu’attendre d’autre de ces fanatiques ! se dit Massart, tout en mettant ses hommes en position défensive. A présent, il faut tenir la position et empêcher les Boches de passer. On a fermé la porte, ils sont dans la nasse. Au sud, au sud-ouest, on entend le canon – c’est la Tancrémont et les blindés français qui font goûter de leur propre médecine aux Boches. Tout comme l’aviation, qui fait son boulot depuis l’aube.
Et justement, la 40e Escadre de Bombardement, l’Escadre Roi des Belges, arrive du sud au grand complet.
– Amai, commente Groote Luc, toute l’escadre participe à la fête !
– Oui, les Allemands sont bien enfermés dans une poche, il faut taper le plus fort possible ! répond Ernould.
– J’aurai l’embarras du choix question cible !
– Radio, reste bien à l’écoute de la fréquence des FAC.
– De radio, reçu !
Durant tout l’après-midi du 11, les SS sont matraqués par les B-25 et les P-47. Le temps est beau et les aviateurs belges n’hésitent pas à voler très bas pour les débusquer – d’autant plus qu’ils savent qu’au sol, ce sont des compatriotes qu’ils aident. En plus, depuis trois jours, avec ce qui se passe en Normandie, le retour au pays paraît à portée de main ! Les Allemands survivants diront après-guerre que c’était un enfer où les prières ne suffisaient plus…


(Ce qui précède est de Vil Coyote, bien sûr)
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John92



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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

11 mai[/b]
– On observe les cartes et les derniers rapports. L’ordre du CA est clair : « La division ennemie la plus engagée, identifiée comme la 14e SS-Panzergrenadier, cherche à fuir vers le nord le long du fleuve (Juste au cas où, je n’ai pas trop suivi, le Rhône ou la Saône – à préciser peut-être – simple suggestion si nécessaire). Vous devez la bloquer pour permettre sa destruction. »
...
Sur son half-track, le chef Massart du I/1e Ardennais observe… Là-bas, des engins SS qui (à supprimer ??) tentent de fuir vers le nord – et les ordres sont clair (clairs) : les bloquer.
Dans le ciel, un grondement sourd se fait entendre. Il lève les yeux – les Sangliers ! Et pas un ou deux, beaucoup ! Ils volent si bas qu’on distingue très bien leurs cocardes sont (soit à supprimer soit qui sont ?) noir-jaune-rouge.
...
Les half-tracks avancent vers l’est. Soudain, entre Charnay et Morancé, des blindés ennemis sont repérés (signalés ?), arrivant de la droite, à 2 heures !
– Section, débarquez ! Vite, avant qu’ils nous voient !
– Chef, les AU90 les ont repérés , ils vont les engager !
...
Les Ardennais avancent en espérant que les Allemands, noyés sous les fumigènes et poursuivis par les obus des chasseurs de chars, ne les verront pas. Une sourde angoisse étreint les corps, la peur de se prendre la balle fatale ou d’être emporté par l’explosion d’un obus … Massart donne ses ordres à sa section – ils sont en vue des épaves des blindés détruits, mais les autres se sont repliés et sûrement pas loin ! C’est alors qu’une MG se découvre, fauchant deux hommes ! La .50 du half-track lui répond, en espérant qu’il n’y ait pas un char pour couvrir la mitrailleuse ennemie, mais (cependant/toutefois/malgré tout/en dépit des risques ?) il faut soutenir les hommes qui prennent d’assaut la position SS, pendant que les infirmiers tentent de sauver les blessés… en pure perte.
...
Les SS ne se sont pas laissé (laissés ??) faire, mais qu’attendre d’autre de ces fanatiques ! se dit Massart, tout en mettant ses hommes en position défensive. A présent, il faut tenir la position et empêcher les Boches de passer. On a fermé la porte, ils sont dans la nasse. Au sud, au sud-ouest, on entend le canon – c’est la Tancrémont et les blindés français qui font goûter de leur propre médecine aux Boches (Teutons/Fritz ?).
...
– Oui, les Allemands sont bien enfermés dans une (la ?) poche, il faut taper le plus fort possible ! répond Ernould.
...
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loic
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 20:46    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Durant tout l’après-midi du 11, les SS sont matraqués par les B-25 et les P-47. Le temps est beau et les aviateurs belges n’hésitent pas à voler très bas pour les débusquer

Du coup, il faudrait quand même quelques pertes aériennes belges !
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 20:51    Sujet du message: Répondre en citant

Pour les P-47, ces avions sont considérés comem indestructibles, en tout cas très diffcile à détruire. Durant Overlord OTL, l'un d'eux a même traversé un mur et continué à combattre. Shocked
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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loic
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 20:55    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, enfin une rafale de Flakvierling, ça fait un peu mal quand même.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mar 29, 2023 22:22    Sujet du message: Répondre en citant

Bien sûr, il y en a ! C'est juste que Wil Coyote n'en a pas parlé Wink
Wil, tu ajoutes une phrase ou deux ?
J'ajoute une ligne au récit général.
@ John - Ils ne se sont pas laissé faire. Oui je sais, l'accord du participe c'est parfois… délicat.
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2023 09:25    Sujet du message: Répondre en citant

Pour finir le 11 mai en Normandie, cette chronique de Houps, avec un vrai morceau de Légende Dorée à la fin.

11 mai
Une affaire de famille
Un invité d’Outre-Atlantique
Cotentin
– Le fichu arrimé, un cageot fortement ficelé sur le porte-bagage, la cuisse ferme, la cheville pugnace et le cabas prêt à tout, Mme “veuve” de Fresnay pédalait gaillardement en direction du bourg. Sous la selle, la mécanique chiche en cambouis était prodigue en grincements et couinements. Pas de quoi étouffer les grondements des nouveaux maîtres de la route, cependant.
« Et pis, Madame, les Américains, y font pas d’bruit ! » – le commentaire d’Albertine ne manquait pas de sel. Certes, en regard des clous teutons, les semelles caoutchoutées ne produisaient guère de martèlement – par Saint Escarpin [voir encadré], comparés aux godillots de Charles-Edouard, quelle envie ne susciteraient pas ces équipements-là ! Mais pour ce qui relevait, non des pieds, mais des roues, “Amérique” et “moteur” resteraient indissolublement liés dans sa mémoire. Ces vagues de camions, voitures et autres engins vous donnaient le tournis. En sus de vous enduire généreusement d’une poussière fortement imprégnée de relents d’essence. Des fumées grasses stagnaient dans les lointains.
A l’entrée du bourg, des jouvenceaux en kaki avaient remplacé les feldgraus de service. Leur apparente nonchalance vous en aurait fait oublier la mitrailleuse installée sur le bord du fossé.
Au-delà d’un cordon de camions et de choses sur roues paraissant dessinées par un gamin de cinq ans, à l’arrêt sous les drapeaux qui fleurissaient à l’envi, la cycliste découvrit qu’elle arrivait au bon moment : la foule des grands jours – ou ce qu’il en restait – s’amassait devant de nouvelles affiches. En vagues concentriques, les commentaires allaient bon train. Chacun y mettait du sien, suivant que l’on était de ceux qui pouvaient lire, mais ne comprenaient rien, de ceux qui avaient cru comprendre, mais n’étaient pas sûrs, de ceux qui avaient tout compris, sans lire une seule ligne (1), et surtout de ceux qui n’y entendaient goutte, perdus qu’ils étaient à la périphérie du troupeau.
Tout ce beau monde s’accordait cependant sur un point : on allait devoir se serrer encore la ceinture. A regretter d’être “libérés”, tiens !
L’apparition du maire accentua les remous, le temps qu’on réalise qu’il allait donner des explications. Hélas, là où tout un chacun voulait entendre “provisions”, il donna surtout du “provisoire”.
Provisoirement, la circulation des véhicules civils était soumise à restrictions. Beau changement ! Provisoirement, le boulanger cessait la cuisson, n’étant plus livré en farine (reprise des remous). Provisoirement, les tickets de rationnement continuaient d’avoir cours. Provisoirement, le laval (le franc d’avant, quoi…) ne valait plus un fifrelin (remous) mais fallait pas s’en séparer. (Ah !?) Et… (silence) et… un système de distribution de denrées de première nécessité allait être mis en place. Provisoirement. Le temps que la situation se normalise (remous). Il fallait pour cela s’inscrire en mairie. Air connu.
Mairie dont le maire restait provisoirement en place (remous).
Nouveau mouvement de foule : quelques-uns – et quelques-unes – se disant que premier arrivé, premier servi, n’entendirent point que la chose se ferait le lendemain, priorité aux familles avec enfants, et…
Le (encore) maire fut interrompu par l’Edmond.
‒ Et pour les dégâts ?
‒ Les dégâts ?
‒ Ben tiens ! T’as vu dans quel état “ils” m’ont mis le grand pré ? Et d’abord, qui c’est qui va les enlever, leurs fichus planeurs, hein ?
‒ Pis, les maisons, hein, qui va payer ? C’est qu’on a r’çu, nous aut’ ! L’toit, l’a un trou gros comme une porte de grange. Faut changer la charpente. Et même qu’y nous ont cassé la grande armoire !
‒ Va t’plaindre aux “V” ! J’te rappelle qu’on enterre la gamine et la tante cet après-midi !

L’annonce doucha l’assemblée. Pas longtemps.
– C’est pas pour faire du mauvais esprit, mais… et les vaches ? Z’avez pensé aux vaches ?
‒ Les vaches ?
‒ Les vaches, quoi ! Pas les miennes, j’en ai pus. Mais l’père Maurice, l’en a cinq qui sont crevées sous ses arbres. Comment qu’y va faire ? Ça va bien qu’on est pas en juin, mais ça va pas tarder à schlinguer…
‒ N’a qu’à d’mander aux Ricains !
‒ Tu parles ! Tu crois qui z’ont qu’ça à fout’ ?
‒ Avec tous les engins qui z’ont ? Ça va leur prendre quoi ? Deux heures ?

Le maire se gratta la tête.
‒ Faudrait voir.
‒ Pourraient au moins faire le trou. Z’ont pas que des pelles ! M’ont foutu ma haie en l’air en moins de deux ! Après, les bestiaux, on s’en occupe.
‒ Tu les portes sur ton dos ?
‒ Ben v’là : faut trouver des ch’vaux. Au moins un. Deux, si c’est possible. Et des bras. Moi, avec ma guibole, j’vaux plus grand’chose…
(remous) Les ch’vaux, ça va être le plus compliqué. Les Boches les ont tous raflés…
L’assistance opina.
‒ Hé, c’est-y pas m’dame de Fresnay, là ? M’dame, dites, vous, y vous reste bien vot’ Carolus, à vous ? Y pourrait pas… ?
‒ Je veux bien vous prêter Carolus, avec plaisir, mais il vous faudra le ménager, ce n’est plus un poulain ! Et trouvez quelqu’un pour…
‒ Dis donc, l’Antoine – excusez, m’dame – c’est-y pas toi qui vient d’nous causer d’restrictions, là tantôt ? Moi, j’dis que c’est d’la bonne barbaque, les vaches au Maurice. Réfléchis : l’est mûre juste à point. Mais faut pas attendre de trop, elles ont commencé à gonfler. J’m’en vas chercher ma feuille et tout mon fourbi, et y’en aura pour tout l’monde.
[Nouveaux remous.] Hé, ho ! Pas tout d’suite ! Faudra patienter, parce que mon Richard s’est barré maquisard avec les aut’, là, et j’m’en vas êt’ seul…
‒ C’est que c’est pas très régl…
‒ Mais fous nous la paix ! On a quasiment plus rien à becqueter.
[Remous.] Le Maurice a la moitié de ses bêtes qu’ont crevé, viens pas nous emmerder avec tes règlements ! Tu crois que les Gris vont rev’nir ce soir ? Sont aux abonnés absents, les Gris ! Et ton Ricain, là, avec son “ordonnance”, y s’en fout, des vaches au Maurice ! Et puis, t’inquiète, l’Maurice, y touchera ses sous, Laval, Alger ou dollars, mais y crachera pas sur un bout de steak ! Et pis, les gosses, y z’auront pu trop d’lait, et tu voudrais pas qu’y profitent d’un bon morceau ? Tu veux que j’te rappelle c’qu’on m’a livré, la fois dernière ? Tu f’rais mieux d’voir à c’que tout l’monde il ait sa part, et qu’y ait pas d’resquilleur. [Tour d’horizon des présents. Remous d’assentiment (2).] Vous aut’, vous pressez pas, faut m’laisser une bonne heure, et si y’en avait un ou deux pour venir m’donner la main, c’est pas d’refus ! [Remous.] Par contre, trouvez quand même un tombereau, pour c’qui restera…
………
Le fichu arrimé, un cageot fortement ficelé sur le porte-bagage, la cuisse ferme, la cheville pugnace et le cabas prêt à tout, Eulalie s’en retourna donc derechef chez elle, sans pain, ni farine, ni nouvelle d’intérêt personnel, mais avec l’assurance d’avoir échangé provende à venir contre prêt du vieux hongre.
Comme il y avait cérémonie dans l’après-midi, elle décida que Marie-Sophie ferait la queue à sa place. D’abord, la demoiselle se rendrait utile. Ensuite, ça l’éloignerait un temps des occupants du pré, parce que, il ne fallait pas se voiler la face, tous ces cow-boys en attente de casse-pipe ne visaient pas qu’à perfectionner leur Molière. Incroyable, le nombre de jeunots qui venaient puiser l’eau du puits pour se raser torse nu sous les arbres, occupation militaire dont elle n’avait pas souvenance. Elle doutait néanmoins que ce fût une spécificité d’outre-Atlantique.
Chocolat, cigarettes, prestige de l’uniforme du libérateur et poussée printanière, on voyait bien où ça pouvait mener.
Pour l’heure, elle trouva l’intéressée, aidée d’Albertine, fort occupée à transformer un parachute de fourniture militaire en tissu civil. Peu passionnée par la chose, Marie-Sophie ne rechigna guère à l’idée d’aller poireauter en plein air. Sa vocation de guérillero (guérillera ?) étouffée dans l’œuf pour des raisons qu’il n’était pas urgent d’éclaircir, et toujours décidée à “faire quelque chose”, elle tâtait, mais mollement, du bénévolat de réconfort moral, statut précaire et périlleux. Il était urgent de lui trouver une saine occupation.
Une heure ne s’était pas écoulée que Léopold venait harnacher Carolus, pas fâché de mettre le nez dehors. Deux blessés légers et un infirmier en panne d’injection vinrent assister à l’opération. L’un d’eux démontra au passage que sa motorisation récente n’avait pas occulté son enfance campagnarde. Appréciateur (et comprenant apparemment fort bien l’américain), l’animal lui manifesta sa reconnaissance à sa façon.
Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, Léopold, plus à jeun que jamais, avait pensé à amener son Mathurin, « un vrai Normand ». Déjà émoustillé, le gaillard à longues oreilles fut illico introduit auprès des deux dernières occupantes des lieux, à leur grand émoi. Ça ne donnerait pas d’œuf (3) mais, si tout allait bien, ça permettrait de voir venir. Tant mieux, parce qu’à propos d’œuf, il ne restait plus que trois poules, deux s’étant… volatilisées tout récemment.
………
En fin d’après-midi, Marie-Sophie rattrapa sa mère sur le chemin du retour. Une bonne chose, car la séance au cimetière avait été éprouvante. Elle ramenait des ragots, une langue, et une côte : on allait faire bombance ! Et nourrir enfin convenablement leur invité. Un invité provisoire, lui aussi !
Le tout jeune – de l’avis d’Eulalie – lieutenant-colonel Robert Wolff avait, en sus de son grade, le double avantage (toujours de l’avis d’Eulalie) d’être marié (encore que, finalement…) et de se débrouiller bien mieux en français qu’elles en anglo-américain. Un quart de sang acadien y aidait, leur avait-il confié le soir de son installation.
Le provisoire de celle-ci tenait tout autant à la suite des événements militaires qu’au caractère spartiate si ce n’était succinct du toit qui l’accueillait.
L’homme, qui arborait un écusson orné de quatre feuilles de lierre, s’était présenté à la porte au lendemain de cette mémorable journée qui avait chamboulé leur vie. Il demandait l’hospitalité pour deux ou trois nuits. Comment lui refuser ?
Mais Eulalie était sûre que c’était sa bonne éducation qui l’avait fait rester, une fois sa demande acceptée. L’absence de salle de bain l’avait sans équivoque beaucoup plus marqué, sinon choqué, que la frugalité du repas pris en commun – sans Albertine, Dieu merci ! A preuve, la livraison, dans la matinée suivante, de trésors qu’elle croyait à jamais disparus : les boîtes de lait concentré, de fruits au sirop et de conserves diverses étaient accompagnées de dentifrice et surtout, surtout… de savonnettes ! Pas du savon : de vraies savonnettes, délicatement parfumées !
Qu’on puisse trouver de telles choses dans les bagages d’une armée en campagne en disait long sur cette armée ! Oh, dès son départ, extirper la baignoire en zinc de la remise et prendre enfin un vrai bain, et non plus se laver par pièces et morceaux ! Et tant pis pour le bois !
Bref, viande normande et conserves US aidant, ce repas vespéral fut fort différent du précédent. A la lumière de lampes à pétrole – le poste de distribution d’électricité étant désormais en ruines – et chacun ayant pris mesure de l’autre partie, on tenta de trouver au moins un sujet de conversation “neutre”. Difficile de parler restrictions. Encore plus difficile de commenter les événements en cours. Une question anodine à propos de l’origine de la viande fit naître tout un bataillon d’anges en parachute.
A la recherche d’un sujet plus consensuel, l’officier sortit deux photographies de son portefeuille : « Ma femme » et « ma femme et notre fille ».
Si le premier cliché ne suscita guère l’enthousiasme de ces dames – l’épouse n’étant pas vedette de cinéma – le second permit de s’extasier sur la gamine, et son âge – six ans – d’échanger diverses anecdotes. Wolff s’étant bien gardé de faire la moindre allusion à l’absence de mâle dans les lieux, il revint donc à Marie-Sophie de mettre les pieds dans le plat.
Sur une banale remarque de sa mère : « Vous êtes un père comblé ! » elle quitta la cuisine et revint avec le cadre barré de noir. « C’est mon père. » Le ton n’était ni provocant, ni attristé, mais Eulalie s’exclama in petto : « Oh là là ! » Et Anne-Sophie d’enchaîner : « Il a été tué par les Allemands. »
A une marque d’attention polie du militaire, qui imaginait peut-être Charles-Edouard livrant un combat désespéré à des hordes de panzers, le Lebel dans une main et le front ceint d’un linge ensanglanté, ainsi qu’à un timide « Marie-Sophie, vous… » de la part d’Eulalie, succéda un terrible « Dès que la guerre sera finie, nous irons sur sa tombe. Et puis, nous le ferons enterrer convenablement chez nous… Au fait, mère, cette tombe, où se trouve-t-elle ? »
‒ Euh… Eh bien, en Bourgogne…
‒ En Bourgogne ? Je croyais en Champagne ?
‒ En Champagne ? Non, non, du côté de Dijon, j’ai oublié le nom…
‒ Oh, mais c’est facile, on a son acte…
‒ Marie-Sophie, je crois que nous importunons le Colonel. Il se fait tard…

Hélas, si le colonel en question sentit bien qu’il y avait là un terrain glissant, il ne put abonder dans le sens de son hôtesse. Marie-Sophie, innocente et frustrée de sa part d’héroïsme, se mit à conter tout de go quels avaient été ses derniers passe-temps. L’occasion lui était trop belle – avec un témoin, Madame Mère serait contrainte à la retenue – d’avouer le but de ses escapades – et non, mère, je n’ai point fauté (4).
Tandis qu’elle débitait son récit, Eulalie et son hôte échangèrent un regard. L’un était plein de condescendance amusée (5) pour ces singeries de civils ; l’autre était plein d’effroi.
Marie-Sophie “recrutée” par un presque inconnu alors qu’elle était encore au pensionnat – Eulalie aurait deux mots à dire à la Mère Supérieure ! – et pour toute sécurité, des pseudonymes de boulevard entre membres d’un réseau baptisé “Avia” qui se côtoyaient quasiment tous les jours ! Tant d’amateurisme, ce n’était plus de l’inconscience, c’était criminel. Elle se promit, dès qu’elle renouerait contact avec quelqu’un de fiable, d’en savoir plus sur “Avia” et de faire en sorte que qui de droit remonte quelques bretelles.
Pour conclure, répondant à une question que personne n’avait formulée, la donzelle expliqua que, puisqu’elle ne pouvait suivre les traces de son frère, il ne lui était resté que ce moyen de venger son père, un moyen bien moins puéril que celui qui consistait à tracer à la craie des “VV de Gaule” ou “VV Rénaud” (6) sur les murs, tout en étant aussi risqué.
Le bras armé de Roosevelt marqua un regain d’intérêt à la mention d’un capitaine qui se battait, croyait-on savoir, dans le sud de la France. Lui avait un frère “Sibi” (?) dans le Pacifique et comprenait. Mais, pour de bon, il était tard…
………
Encadré – A propos de Saint Escarpin
Petrus S. Scarpus naît probablement en 805 dans les environs de Troyes. Ordonné prêtre vers 830, il part répandre la bonne parole dans les îles britanniques en 834. C'est alors qu’il se rend au monastère de Minster-in-Sheppey, sur l’île du même nom, qu’il est capturé par le Danois Olaf Grande-Barbe. Torturé pour le forcer à abjurer sa foi, il résiste vaillamment au supplice des brodequins chauffés au rouge et est exécuté par ses ravisseurs. Son corps sera retrouvé sur place après le départ des envahisseurs.
Scarpus est canonisé en 1112 sous le vocable de Saint Escarpin. L’Eglise lui reconnaît plusieurs miracles, entre autres celui d’avoir prévenu en songe Æthelbald, fils d’Æthelwulf, roi du Wessex, de l’arrivée des Vikings, ce qui lui aurait permis de les vaincre à Aclea en 1022. Le second miracle important de Saint Escarpin est d’avoir guéri de sa paralysie Berthuld, nièce de Guillaume le Roux, en 1096.
Saint Escarpin, invoqué à la naissance d’un enfant pour protéger le nourrisson de malformations – spécialement du pied bot – est devenu par la suite le saint patron des artisans bottiers et chausseurs. Ses précieuses reliques voyagèrent beaucoup et furent dispersées dans toute l’Europe. C’est ainsi qu’on trouve ainsi une chiesa di San Scarpino à Volterra (Toscane) et même un São Sapato à Recife (Brésil). Il est à remarquer que si nombre de ses reliques ont disparu durant le mouvementé XVIe siècle, Saint Escarpin se trouve quand même encore doté de deux fémurs gauches et de cinq clavicules.



Notes
1- Et sans forcément s’en remettre aux précédents.
2- Comment, des resquilleurs ? Des resquilleurs, ici ? C’est de la calomnie !
3- Contrairement à ce qu’affirmaient certaines croyances d’Outre-Manche – d’ailleurs Pâques était passé depuis longtemps.
4- Quoique…
5- Sa bonne éducation lui interdisait pire.
6- Sic et re-sic. Pour aller plus vite, sans doute.

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MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2023 10:06    Sujet du message: Répondre en citant

Saint Escarpin se trouve quand même encore doté de deux fémurs gauches et de cinq clavicules.

Et de dix sept orteils ! Cela dit, je plussoie pour le côté petite douceur coupable du texte... On en reprendrait bien quelques portions !
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FREGATON



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MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2023 10:17    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
L’homme, qui arborait un écusson orné de quatre feuilles de lierre

4th Infantry Division, I presume... Cool
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MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2023 10:40    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
il est capturé par le Danois Olaf Grande-Barbe

Cela aurait plus rigolo avec Olaf Grossebaf :


Je ne vois pas trop pourquoi l'officier se moquerait des activités de Marie-Sophie dans un supposé réseau de résistance. Bref, "singeries de civils" me semble un peu fort.
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John92



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MessagePosté le: Jeu Mar 30, 2023 10:50    Sujet du message: Répondre en citant

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