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Histoire de famille (Houps)
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Casus Frankie
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Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 10:33    Sujet du message: Histoire de famille (Houps) Répondre en citant

En guise de petite récréation à présent que nous sommes arrivés au 20 avril 44 sur TOUS les fronts, HOUPS nous offre ce texte qui nous permet de connaître le "prequel" de l'histoire de différents personnages dont il nous a parlé… et pas seulement.


21 juin 1940
Histoire de famille
Réquisition
Non loin de la Loire
– L’officier – un capitaine dans l’infanterie – se haussa sur la pointe des pieds pour s’assurer que les fichus biplans s’éloignaient pour de bon, sans doute gavés de carnage ou à court de munitions. Si pas les deux. Par-ci par-là, des têtes inquiètes se risquaient hors de la protection illusoire d’un buisson, d’un tronc, ou d’un fossé. Il se découvrit ainsi un voisin. Un second. Un autre. De part et d’autre de la chaussée, une floraison de voisins. Une pensée commune flottait dans l’air : ce n’était pas encore pour cette fois.
Aidé de son compère, l’un des deux motocyclistes relevait déjà sa Peugeot, avant de rendre la pareille à son équipier. Tout doucettement, le flot des réfugiés se remettait en route, en direction des fumées noires que les oiseaux de mauvais augure abandonnaient derrière eux. Ah oui, on parlait de « Stukas » ! Ceux-là ressemblaient à un Stuka – il en avait suffisamment vus – comme lui au Maréchal. On n’allait pas philosopher plus. Pas le lieu, ni l’heure. Et maintenant ? Il se frotta pensivement le menton. Pas eu beaucoup le temps de se raser non plus.
Prenant appui sur le capot du Laffly, victime, non pas des croix gammées, mais moins glorieusement, quoique plus prosaïquement, d’une bête panne mécanique, il se hissa sur le bitume. Son regard se porta sur un autobus civil en approche. Surchargé de ballots, bondé de… troufions. Bon. A oublier. Alors ? Autant qu’il pouvait en distinguer, rien de valable pour le moment. Réquisitionner un civil ? Déjà, quel civil ? De toute façon, rien que l’idée le défrisait. Tandis qu’il gambergeait, une vingtaine de biffins presqu’en ordre le dépassèrent. Et il y avait presqu’autant de flingues que de casques. Deux ou trois lui jetèrent un rapide coup d’œil au passage. Vint ensuite un tombereau à grosses roues, gavé de literie et de choses diverses, péniblement tracté par un mulet. Une vieille en châle noir, au regard fixe et figée comme une statue, assise à l’arrière, peignait la poussière de ses jambes maigrichonnes.
Mais il y avait aussi du monde – oh, pas encore la foule – qui venait en sens inverse. Pinçant les lèvres, l’officier alla glisser quelques mots au sergent qui attendait assis à califourchon sur son engin. Pétaradant, ce dernier s’éloigna en louvoyant entre piétons, bétail et véhicules. Ceux-là étaient de tout type : hippomobile, anthropomobile, automobile, et pour certains, immobiles. Ayant perdu de vue son estafette, le capitaine Dupont reporta son attention en arrière. Il en avait vu de toutes les couleurs. Il se doutait bien qu’il en verrait, des bizarreries. Mais ce qui arrivait…
Un fourgon, qui avait dû sans aucun doute faire la Marne, si pas la première, du moins la seconde, se frayait son petit bonhomme de chemin dans cette gigantesque et misérable transhumance. Sur un signe de leur supérieur, le second motocycliste et le chauffeur du tracteur, jusque-là négligemment adossé à la carrosserie du Laffly, se mirent en travers des deux mules qui traînaient le sabot sur la route. Aussi leur conducteur serra-t-il le frein à main avec une certaine fatalisme avant d’une main de fourrager sous sa veste et de l’autre de s’épousseter, redonnant ainsi un peu de lustre à l’argent de ses galons. Le capitaine s’avança :
– Oh, ne vous donnez pas la peine de trouver votre ordre de mission. Le mien – il brandit le document – m’autorise à vous réquisitionner…
– Me réquisitionner ? Diantre, capitaine, à la rigueur, je veux bien m’occuper d’une fracture. Sans doute quelques points, mes – hum – “collègues” médecins ne m’en tiendront guère rigueur vu les circonstances. Après, évidemment, pour ce qui est de la morve, de l’éparvin, de l’éponge, toutes ces joyeusetés qui sont de mon ressort… Je peux m’assurer de l’état sanitaire de vos provisions, si vous y tenez. Mais je doute que cela s’étende aux chevaux mécaniques…
– Parfois, on en viendrait à le souhaiter. Vous n’avez pas de joint de culasse, par hasard ?
– J’ai trois sacs d’avoine, là derrière. Ma malle. De la charpie… des antiseptiques…
– Et à part ça ?
– Ah… Venez voir…
– Excusez-moi… Capitaine Dupont…
– Major première classe de Fresnay. Et voici Mademoiselle Arlette… Ma monture personnelle.
Tout en parlant, les deux hommes avaient gagné l’arrière du véhicule, auquel étaient attachés quatre chevaux de selle, non pas en piteux état, à dire vrai, mais recrus de fatigue. Et « Mademoiselle Arlette » qualifiait la jument qui les menait, et qui donnait de petits coups de tête à son maître, tout en roulant des yeux.
– Ça me crevait le cœur de la laisser aux Boches. Et puis, quoi, c’est du personnel militaire, non ?
– Je n’ai rien dit….
– Voilà, regardez, je ne cache pas la cinquième colonne dans mes bagages…
– Effectivement… Il vous reste même de la place… Excellent ! Allez, on embarque les miens, de bagages…
Déjà, les deux autres militaires extirpaient une caisse du Laffly. Une caisse peu volumineuse, mais apparemment assez lourde. Des inscriptions au pochoir ne faisaient pas mystère de sa provenance et – théoriquement – de son contenu.
– Une caisse enregistreuse ? Qu’est-ce que l’Armée peut bien fiche d’une caisse enregistreuse ? Aujourd’hui ? Je veux bien aider à transporter du matériel militaire, des armes… à la rigueur, des rôles et des états de service, mais pas question que vous me fourriez les frusques d’une quelconque colonelle ou la cave du général dans mon fourgon, mes gaillards !
– Major…
– Capitaine !
– Si vous croyez…
– Oui. Je crois. Et il passe suffisamment de monde sur cette route…
– Bon. Je vais ouvrir cette caisse. Pour vous rassurer… Sergent ? Allez-y… Je prends sur moi… Là ! Alors ? Ça ressemble à des fourrures, ça ? Ou à du pinard ?
Le major de Fresnay convint que ce qu’enveloppaient soigneusement paille et copeaux ressemblait plus à des rouages et un clavier qu’à un château millésimé. Aussitôt ouverte, la caisse fut recadenassée. Sa consœur la rejoignit, sans subir cet humiliant outrage : l’homme de l’art inspectait rapidement les jambes de ses animaux. Il se releva en faisant la grimace.
– Vous pensez qu’on pourra faire étape pas loin ? J’ai perdu le maréchal ferrant, la forge, et pour tout dire, toute mon unité. Leur faut plusieurs heures de repos. Les mules aussi.
– A mon avis, doit y avoir un bouchon, là-devant. La Loire n’est pas loin.
L’officier indiquait du même doigt et la direction à prendre, et la cohue qui résultait du reflux des réfugiés, la marée descendante se heurtant maintenant au flot montant. Deux belles limousines taillaient leur route à rebours dans tout ce fatras. Sans doute quelque gros bourgeois qui devait pester contre tous ces jean-foutre qui le ralentissaient. A son étonnement, lorsque les véhicules parvinrent à leur hauteur, il découvrit que si les deux mécaniques étaient surchargées, l’une était effectivement aux mains d’un homme embourgeoisé. Mais l’officier était prêt à parier que le commerce du quidam – panama, veste rayé, bagouze(s) – devait se passer de rayonnages et d’entrepôts.
A ses côtés, chapeau à plume, étole – étole ! par cette chaleur ! – et maquillage, la femme était peut-être sa légitime, mais sans doute aussi, il n’allait rien parier là-dessus, sa – heu… son associée, disons. Sur la banquette arrière, deux drôlesses vêtues en citadines encadraient des boîtes qui, elles, ne renfermaient certainement pas des caisses enregistreuses. Quant à la tire qui suivait – pas une Citron ! – ce qui le frappa, c’est qu’elle était aux mains d’une ma foi jolie blonde avec laquelle, un autre jour, il aurait fait causette. Voire contemplé les feuilles à l’envers. Mais n’avait rien d’une Cosette. Ni d’une secrétaire. Encore moins d’une bonniche.
Il en était à déplorer in petto qu’on vivait décidément une drôle d’époque si on en arrivait à confier de si superbes et délicats engins à des femmes, qu’elle qu’en fût la plastique – il se pensait “moderne”, mais la modernité avait ses limites – lorsque le major-vétérinaire, suivant lui aussi des yeux la caravane, lâcha : « Pas un BMC, ça ! », réflexion qui rejoignait ses pensées. Le dernier pare-chocs arrière disparut, avalé par le troupeau hétéroclite tout autant qu’hétérogène. Les deux hommes s’ébrouèrent, échangeant un regard complice. Voire un tantinet égrillard. Ça tombait bien : l’estafette revenait, porteuse de nouvelles presque bonnes : il y avait bien, à deux kilomètres de là, environ, un barrage, où territoriaux et troufions de l’active triaient ce qu’ils pouvaient.
On se remit en route, motocyclette devant, motocyclette derrière, le dernier soldat s’étant installé entre les caisses, deux sacs d’avoine, une malle, deux valises et divers autres ballots. Comme il faisait très beau, et parce que l’époque voulait qu’il fût prudent d’agir ainsi, il avait laissé la porte du fourgon ouverte, pour guetter… tout ce qui était à guetter.
Ils dépassèrent ainsi les lieux de l’attaque, avec son lot de charrettes renversées, de bétail crevé, d’objets épars… La plupart des passants essayaient – et y réussissaient fort bien – de ne pas entendre les cris des blessés, les hurlements déchirants d’une femme, les pleurs d’un bambin. Une poignée de cornettes s’activaient, épaulées par de bonnes âmes. De moins bonnes, sans doute, devaient aussi œuvrer. Sur le bord de la route, on alignait les victimes. Près d’une voiture criblée de trous, malgré les matelas juchés sur son toit, trois corps : un couple assez jeune, et une gamine, dont les pieds dépassaient d’une couverture jetée à la hâte. Elle n’avait qu’une chaussure. Curieux qu’on note ce genre de détail plutôt qu’un autre…
Des chevaux de frise, ainsi qu’un petit fourgon, barraient effectivement la route un peu plus loin. Perdus, affolés, coléreux, apathiques, les marcheurs et autres rouleurs s’agglutinaient devant, au grand désespoir des factionnaires qui tentaient d’y mettre de l’ordre, expliquant sans être entendus que faire masse ainsi, c’était à coup sûr attirer l’attention des « Stukas ». On pouvait parier que pour quasiment la moitié du troupeau, puisque « les Stukas » venaient de frapper, ils n’allaient pas revenir, et que pour l’autre, ce qui venait de se passer poussait clairement à filer au plus vite. Apercevant l’équipage, un caporal traversa cette cohue à la remorque d’une escouade qui peinait à lui frayer le chemin. Il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche : sautant à bas de son siège, Dupont lui collait sous le nez divers papiers, ce qui eut pour effet de faire apparaître un mouchoir avec lequel cette espèce d’échalas mal fagoté s’épongea le front. De son perchoir, De Fresnay perçut un net « Oh, merde ! » Suivit une brève discussion qui se conclut par une invitation à franchir l’obstacle.
Le caporal se dépêcha de refiler le fourgon, son contenu et les individus y afférant à son supérieur, et il ne fallut que deux intermédiaires avant que le tout arrivât chez un colonel, qui tenait bureau fermé dans un bistrot de la ville. Pour ce faire, on avait emprunté le pont routier, l’autre gisant en plusieurs tronçons dans le fleuve, ce qui n’empêchait pas certains téméraires de tenter de passer par là pour atteindre la rive opposée, le niveau de l’eau les y engageant. Il y avait déjà eu des noyés, en sus des victimes boches ; gendarmes et pompiers ne savaient plus où donner de la tête. A l’entrée de l’ouvrage, nouveaux obstacles en chicanes : un autocar, des sacs de sable, rien de bien utile face à des chars, sauf, quand même, un 47 mm dissimulé dans une maison proche.
Devant le bar, malgré ses sésames, le capitaine patientait, et avec lui le major, les motocyclistes, leurs montures et la carriole, que le dernier membre de l’équipée occupait toujours. De Fresnay cajolait ses bêtes, Dupont fumait, le sergent de même, son collègue motard (un simple première classe) farfouillait dans une mécanique, les mouches ne faisaient aucune différence entre quadru et bipèdes. Tout autour, c’était un brouhaha incroyable, des va- et-vient de militaires, de véhicules, et de réfugiés qui passaient au compte-goutte.
Et puis un planton vint les chercher. Dans l’estaminet, le zinc était nu, les chaises sur les tables, les bouteilles au garde-à-vous. Tout était propre, quoique légèrement poussiéreux. Et dans un coin, derrière un rideau de fumée, le colonel. Il leva les yeux à leur approche.
– De Fresnay ? C’est toi ?
– Eh bien ça alors ! Dombert ! Si on m’avait dit…
Et le colonel de contourner son bureau improvisé, et le major de s’avancer, et les deux hommes de s’étreindre. Et du « tu » en veux-tu, en voilà. Mais le service reprit illico le dessus.
– C’est toi qui viens f… le bordel avec ton ordre de mission ?
– Ah, non ! C’est le capitaine ici présent…
– Capitaine Dupont, mon colonel…
– Qu’est-ce que c’est que ça ?
Le colonel Dombert brandissait une feuille maintes fois pliée et dépliée.
– Sauf votre respect, mon colonel, un coup de fil…
– Un coup de fil ? Encore faudrait-il que j’aie un téléphone ! Je n’ai même pas une carte du secteur, pas assez d’hommes pour mettre de l’ordre dans tout ça, aucune idée d’où sont mes voisins, et a fortiori les Boches, et vous voudriez que j’aie une ligne directe avec le QG de Colson ? On est en guerre, capitaine !
– Il n’y a pas une Poste, dans le coin ?
– La Poste ? Que vient faire la Poste ici ?
– Dombert ! Ne monte pas sur tes grands chevaux, tu vas te casser la gueule ! Laisse faire le capitaine…
– Mon colonel, pas besoin d’appeler votre QG. Il suffit juste que je joigne quelqu’un…
Après quelques minutes de discussion, le colonel (nouvellement promu) se dirigea à grandes enjambées vers la Poste locale, entraînant à sa suite un planton surpris, un De Fresnay plus ou moins fataliste, et un Dupont déterminé, et semant sur ses traces un grand remue-ménage de « Garde-à-vous ! », de saluts et de rectifications diverses. Et de la Poste, où officiait notamment une charmante dame d’un certain âge, le colonel Dombert put correspondre avec quelqu’un qui lui fit redresser le torse et bafouiller, puis, ensuite, miracle ! non pas avec le général, mais avec son ordonnance. Laquelle ne lui donna bien sûr aucune nouvelle directive, mais savoir qu’une telle bouée de sauvetage existait rasséréna l’officier. De quoi faire passer la pilule : le capitaine Dupont pouvait réquisitionner tout véhicule, dans des limites raisonnables (pas de Somua S-35, par exemple), et le colonel devait lui faciliter la poursuite de son voyage. Pas bien loin : jusqu’à la prochaine gare. Dombert avait avancé Nouan-le-Fuzelier. Après un certain délai (là-bas, on devait chercher une carte), son correspondant avait agréé.
Signe d’une certaine détente, le colonel ayant proposé de partager son repas avec le major, le capitaine fut invité à se joindre à eux. De tout ce temps, il ne pipa mot, se bornant à déguster (il n’avait pas pris un vrai repas depuis deux jours) et surtout, à écouter. Autour d’un petit salé aux lentilles, que faisait passer un petit blanc d’Anjou, on avait laissé la Grande Muette de côté. « Charles » et « Edmond » remplaçaient les grades, et les deux anciens condisciples – ils avaient fréquenté les mêmes classes au lycée – qui s’étaient perdus de vue à l’Armistice, rattrapaient le temps perdu à grands coups de « Tu te souviens de… ? ». Suivaient une anecdote, ou un nom. Untel était décédé, tel autre avait réussi, et pour finir, tous deux avaient été rattrapés par les événements. Dombert y avait gagné ses galons : il lui fallait au moins ça pour avoir quelque poids. De Fresnay avait échappé de peu à la Ligne Maginot : à quelques jours près, il devait y être affecté, afin de veiller à ce que les troupes reçoivent une viande exempte de contamination.
– Et ton aîné, alors ?
– Après le décès de sa mère, il est quand même rentré aux Ponts. Bonne situation. Evidemment, plus aucune nouvelle. Henriette a rejoint son mari en Argentine. Et toi ?
– Henri suivait une école d’officiers. Je crois… enfin, j’espère… on a dit qu’ils étaient partis dans les premiers, pour « là-bas ». Ce qui m’inquiète le plus, c’est Eulalie. Elle et Anne-Sophie – je t’ai dit que j’avais eu une fille ? Le choix du roi, paraît-il. Comme toi, quoi ! Enfin, elles devraient être chez la tante d’Eulalie, en Bourgogne, mais, je ne sais pas si tu te rappelles, elle a son caractère ! Elle est bien capable d’essayer de passer en Suisse sans me demander mon avis !
– Et ça m’étonnerait que les Postes la joignent. Enfin… Vous m’excuserez, mais je ne peux pas m’attarder… Au fait, tu es bien arrivé avec des canassons ?
– Quatre. Et je te signale que dans « mes canassons », il y a ma jument !
– Tu dois en faire quoi ?
– Oh ? Rien. Je pense qu’il faut que je joigne Tarascon, puisque c’est là qu’on devait se rendre. Si possible avec mon matériel. » Un branlement du chef commenta le terme. « Les chevaux, c’était en plus. Un coup de tête.
– Tu peux me les laisser ? Tu comprends, le téléphone, c’est bien beau, mais je n’ai que deux cyclistes pour me relier à ma droite et à ma gauche. Et j’ai une dizaine de hussards à pied, qui s’ennuient. Si je pouvais avoir un ou deux éclaireurs pour m’avertir de l’arrivée de nos bons amis…
– Je te laisse le lot volontiers. Toute cette route, ça ne leur va pas. Et même Mademoiselle Arlette. Je me vois mal demander la permission de l’embarquer, et je sais que tu montais convenablement.
– Tu m’enlèves une sacrée épine du pied ! Et pour ta jument, écoute, si je peux te la ramener….
– Oui, oui… Je sais !


22 juin 1940
Histoire de famille
Voyage en train
Nouan-le-Fuzelier
– Après une vraie nuit dans de vrais lits (pour ce qui était du chauffeur et des motocyclistes, on avait convenu qu’ils savaient se débrouiller), De Fresnay, Dupont et leur suite étaient en gare du fameux Nouan-machin. Un wagon découvert les y attendait tout spécialement. De Fresnay n’en fut qu’à demi surpris. Avant leur départ, Dombert lui avait glissé : « Si ton capitaine est dans l’infanterie, moi je suis meneuse de revue aux Folies. » Le wagon confirmait ses soupçons naissants.
Le fourgon antédiluvien y fut amarré, aux côtés des deux motocyclettes, de fûts métalliques et de caisses. Sous-off’ et soldats se joignirent à leurs collègues assis un peu partout, au grand air. Les mules eurent droit pour elles toutes seules au classique « Hommes : 60 – Chevaux : 20 ». La paille sentait bon le propre, les deux officiers s’y installèrent confortablement. Le voyage s’annonçait pittoresque, quoiqu’un peu long, et se déroula sans encombre. Tout comme son compagnon de circonstance, Dupont ronflait. Le duo n’était pas en cadence. N’étant pas mélomanes, leurs voisines ne s’en offusquèrent point.
Une roulante quelque part en tête dispensait un rata convenable, on put avoir du pain frais, et du vrai café. Si l’on faisait exception du pinard, exécrable, on se serait presque cru en vacances. A deux reprises, lors de haltes prolongées, le capitaine se mit en quête d’un téléphone, et dut le trouver. Il revint porteur de nouvelles d’une fraîcheur relative. Sans être pessimiste, tout un chacun se faisait à l’idée qu’on pratiquerait une défense élastique jusqu’à la Grande Bleue, et au-delà. Après…
Le major en profita pour faire prendre l’air aux deux équidés, l’exercice fit du bien à tout le monde.
Si la guerre ne se montrait pas encore dans les paysages traversés, elle se lisait sur les figures de ceux qui le regardaient passer. Même les enfants, qui ne saluaient plus le train joyeusement et le laissaient défiler dans un silence inquiet.
A deux dans ce grand machin brinquebalant – les bêtes ne comptant pas – il n’y avait pas de raison que chacun campât dans son coin. Dupont restant très évasif, ce que De Fresnay comprenait fort bien, ce fut donc lui qui fit les frais de la conversation. Comment il avait fait connaissance de Dombert, les petits travers de ce dernier, les misères que subissait sa profession et dont l’Armée, selon lui, était en grande partie responsable, mais pas que, etc, etc…


25 juin 1940
Histoire de famille
Recrutement
Bouches-du-Rhône
– On approchait de Tarascon – après trois jours d’un périple ponctué d’arrêts, de détours, d’alertes (fausses), et une panne de motrice – lorsque Dupont déclara :
– Je suis d’accord avec vous : vouloir passer en Suisse, ou en Espagne, pour votre épouse, c’est tout juste bon à être coincée par les Boches, ou par les traîtres qui n’attendront que ce genre d’occasion pour se faire bien voir.
– Quand même ! A la rigueur, si j’étais général ! Mais la femme d’un major de première classe !
– « Otage », ça ne vous dit rien ?
– Croyez-vous ?
– Et vous, tout bien réfléchi ?
– Et que puis-je faire ? Leur téléphoner ? Envoyer un pigeon voyageur ? Je vais prier pour elles, mais, honnêtement…
– Hmmm… Ecoutez… Vous, vous allez embarquer pour Alger. Ou Oran. Enfin, pour là-bas. Pas moi.
– Pas vous ? Vous avez oublié une caisse enregistreuse quelque part ?
– Non… » Il sourit. « Et moins vous en saurez… »
– Bien sûr. Et le rapport… ?
– Vous voyez, major, certains voient plus loin que ce… Déménagement. Un jour, il faudra revenir. Dans un an, deux, cinq… et pour que ce retour s’accomplisse, il faudra que nos soldats sachent où ils mettront les pieds…
– Et ?
– Il nous faut des yeux et des oreilles.
– Des espions. Appelez les choses par leur nom !
– Espions… oui et non. Pas d’action violente, pas de Mata-Hari, pas de cambriolage… Des gens de confiance. Recevoir un colis. Porter une lettre…
– Et au bout, le poteau.
– Je n’ai pas dit sans danger. C’est pour cela que nous avons besoin de personnes sûres. Pas de têtes de linotte ou de têtes brûlées ! A vous entendre, votre épouse conviendrait. Si elle accepte, évidemment.
– Evidemment. Et vous allez passer une annonce dans le journal ?
– Je pense pouvoir la contacter.
– Vous ?
– Moi. Si elle est toujours chez votre parent, la localiser sera facile. Après, je pourrai l’approcher.
– Et elle vous fera confiance sur votre bonne mine ? Comme ça ? Eulalie n’est pas bête, vous savez. Et puis, dans la famille, on a eu un précédent. Enfin, famille… Si. Mais ça remonte à loin. Arrière-petit cousin, pour le moins. Fusillé par les Boches en 15. Ou en 16. En Belgique.
– La décision appartient à votre épouse. Mais vous avez raison : ce serait un bon point pour elle qu’elle se montre méfiante. Il faudrait me confier quelque chose qui ferait pencher la balance.
– Je peux vous faire un mot.
– Court, alors. Mais ça ne sera pas suffisant. N’importe qui peut écrire une bafouille. Si vous aviez un objet personnel…
– Oui… Tant qu’à faire – si vous la voyez, qu’elle soit d’accord ou pas… Je serai plus tranquille si au lieu de rentrer chez nous, elle se rendait en Normandie. C’est un coin tranquille, la Normandie. Oui, on s’y est battu, mais ça n’a pas duré. Demain, comme plus tard, c’est par ici que ça va barder. Et en Bourgogne : c’est la route directe pour l’Allemagne. Rappelez-lui donc qu’elle allait en vacances du côté de Caen… ’tendez… à Villers-Bocage, je crois. Pas d’usine, pas de gare : pas de risque d’être bombardé. La frontière est loin, les gens se connaissent tous, et la connaissent. Elle y sera bien. Evidemment, pour ce que vous voulez lui faire faire, elle sera loin de tout…
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Finen



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 12:00    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Non loin de la Loire – L’officier – un capitaine dans l’infanterie – se haussa sur la pointe des pieds pour s’assurer que les fichus biplans s’éloignaient pour de bon, sans doute gavés de carnage ou à court de munitions.


Biplan ou stuka?
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 12:12    Sujet du message: Répondre en citant

Finen a écrit:
Citation:
Non loin de la Loire – L’officier – un capitaine dans l’infanterie – se haussa sur la pointe des pieds pour s’assurer que les fichus biplans s’éloignaient pour de bon, sans doute gavés de carnage ou à court de munitions.


Biplan ou stuka?

Biplan (lis la suite)
Ca doit être des Henschel d'attaque au sol (me souvient plus du numéro, j'aurai dit 123 mais pas sur)
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
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Merlock



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 12:13    Sujet du message: Répondre en citant

Finen a écrit:
Citation:
Non loin de la Loire – L’officier – un capitaine dans l’infanterie – se haussa sur la pointe des pieds pour s’assurer que les fichus biplans s’éloignaient pour de bon, sans doute gavés de carnage ou à court de munitions.


Biplan ou stuka?


Biplan, enfin... sesquiplan:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henschel_Hs_123
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"Le journalisme moderne... justifie son existence grâce au grand principe darwinien de la survivance du plus vulgaire." (Oscar Wilde).
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loic
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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 12:30    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
C’est un coin tranquille, la Normandie.

Ouais, on dit ça Laughing

Curieux de voir où cela va nous mener.

NB : pour couvrir les ponts sur la Loire, il y avait souvent 1 ou 2 canons de 75.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 13:00    Sujet du message: Répondre en citant

...
Ayant perdu de vue son estafette, le capitaine Dupont reporta son attention en arrière. Il en avait vu de toutes les couleurs. Il se doutait bien qu’il en verrait , des bizarreries. Mais ce qui arrivait…
...
Aussi leur conducteur serra-t-il le frein à main avec une certaine (un certain) fatalisme avant d’une main de fourrager sous sa veste et de l’autre de s’épousseter, redonnant ainsi un peu de lustre à l’argent de ses galons.
...
Le major de Fresnay convint que ce qu’enveloppaient soigneusement paille et copeaux ressemblait plus à des rouages et un clavier quelle étrange énigme^^ qu’à un château millésimé.
...
Sans doute quelque gros bourgeois qui devait (devaient) pester contre tous ces jean-foutre qui le (les) ralentissaient.
...
A ses côtés, chapeau à plume (plumes ?? ), étole – étole ! par (Par ??) cette chaleur ! – et maquillage, la femme était peut-être sa légitime, mais sans doute aussi, il n’allait rien parier là-dessus, sa – heu… son associée, disons.
...
Quant à la tire qui suivait – pas une Citron (Citroën ??) ! – ce qui le frappa, c’est qu’elle était aux mains d’une ma foi jolie blonde avec laquelle, un autre jour, il aurait fait causette.
...
Et de la Poste, où officiait notamment une charmante dame d’un certain âge, le colonel Dombert put correspondre avec quelqu’un qui lui fit redresser le torse et bafouiller, puis, ensuite, miracle ! non (Non ?) pas avec le général, mais avec son ordonnance.
...
« Charles » et « Edmond » remplaçaient les grades, et les deux anciens condisciples – ils avaient fréquenté les mêmes classes au lycée – qui s’étaient perdus de vue à l’Armistice (de 14/18 je suppose ? Sinon pourquoi les avions allemands attaquent encore ? ), rattrapaient le temps perdu à grands coups de « Tu te souviens de… ? ».
...
– Oh ? Rien. Je pense qu’il faut que je joigne (rejoigne ?) Tarascon, puisque c’est là qu’on devait se rendre. Si possible avec mon matériel. » Un branlement du chef commenta le terme. « (à supprimer ou à fermer ) Les chevaux, c’était en plus. Un coup de tête.
...
A deux reprises, lors de haltes prolongées, le capitaine se mit en quête d’un téléphone, et dut ( put ?) le trouver.
...
Le major en profita pour faire prendre l’air aux deux (quatre ?) équidés, l’exercice fit du bien à tout le monde.
...
On approchait de Tarascon – après trois jours d’un périple ponctué d’arrêts, de détours, d’alertes (fausses) ,(à supprimer à cause du et ?) et une panne de motrice – lorsque Dupont déclara :
...


Coloriage très coloré, merci Houps
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 13:27    Sujet du message: Répondre en citant

Tout cela me rappelle 'L'honneur d'un général" avec Corap...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Hendryk



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 16:25    Sujet du message: Répondre en citant

Finen a écrit:
Citation:
Non loin de la Loire – L’officier – un capitaine dans l’infanterie – se haussa sur la pointe des pieds pour s’assurer que les fichus biplans s’éloignaient pour de bon, sans doute gavés de carnage ou à court de munitions.


Biplan ou stuka?

De toute façon, "stuka" ce n'est pas le nom d'un avion en particulier, c'est juste une abréviation de "bombardier en piqué". Aussi, les civils avaient raison dans leur erreur: biplans ou pas, c'étaient bien des stukas.
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 16:28    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:

De toute façon, "stuka" ce n'est pas le nom d'un avion en particulier, c'est juste une abréviation de "bombardier en piqué". Aussi, les civils avaient raison dans leur erreur: biplans ou pas, c'étaient bien des stukas.

Désolé mais pas d'accord avec toi. Un stuka attaque en très fort piqué (entre 60° et 90°). Pas sur qu'un biplan puisse pratiquer ce genre de truc (surtout la ressource qui suit).
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Hendryk



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 16:33    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
Hendryk a écrit:

De toute façon, "stuka" ce n'est pas le nom d'un avion en particulier, c'est juste une abréviation de "bombardier en piqué". Aussi, les civils avaient raison dans leur erreur: biplans ou pas, c'étaient bien des stukas.

Désolé mais pas d'accord avec toi. Un stuka attaque en très fort piqué (entre 60° et 90°). Pas sur qu'un biplan puisse pratiquer ce genre de truc (surtout la ressource qui suit).

Ben si il peut, si c'est un Henschel Hs 123 comme mentionné plus haut.
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 16:39    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:

Ben si il peut, si c'est un Henschel Hs 123 comme mentionné plus haut.

Effectivement, tu as raison. Toutes mes excuses.
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 17:44    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir

Citation:
Les mules eurent droit pour elles toutes seules au classique « Hommes : 60 – Chevaux : 20


Suivant les normes de l'époque le "classique" était "Hommes : 40 - Chevaux : 8".

@+
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Hendryk



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 18:35    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
Effectivement, tu as raison. Toutes mes excuses.

Bah, même les professionnels de l'époque s'y trompaient.
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DMZ



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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 20:02    Sujet du message: Répondre en citant

La particule doit être omise quand le nom est seul : de Fresnay devient Fresnay tout court dans ce cas.

Les deux premières occurrences sont bonnes :
– Major première classe de Fresnay. Et voici Mademoiselle Arlette… Ma monture personnelle.

Le major de Fresnay convint que ce qu’enveloppaient soigneusement paille et copeaux ressemblait plus à des rouages et un clavier qu’à un château millésimé.

Mais non les suivantes :
De son perchoir, Fresnay perçut un net « Oh, merde ! » Suivit une brève discussion qui se conclut par une invitation à franchir l’obstacle.

Fresnay cajolait ses bêtes, Dupont fumait, le sergent de même, son collègue motard (un simple première classe) farfouillait dans une mécanique, les mouches ne faisaient aucune différence entre quadru et bipèdes.

Fresnay ? C’est toi ?

Après quelques minutes de discussion, le colonel (nouvellement promu) se dirigea à grandes enjambées vers la Poste locale, entraînant à sa suite un planton surpris, un Fresnay plus ou moins fataliste, et un Dupont déterminé, et semant sur ses traces un grand remue-ménage de « Garde-à-vous ! », de saluts et de rectifications diverses.

Fresnay avait échappé de peu à la Ligne Maginot : à quelques jours près, il devait y être affecté, afin de veiller à ce que les troupes reçoivent une viande exempte de contamination.

Après une vraie nuit dans de vrais lits (pour ce qui était du chauffeur et des motocyclistes, on avait convenu qu’ils savaient se débrouiller), Fresnay, Dupont et leur suite étaient en gare du fameux Nouan-machin. Un wagon découvert les y attendait tout spécialement. Fresnay n’en fut qu’à demi surpris.

Dupont restant très évasif, ce que Fresnay comprenait fort bien, ce fut donc lui qui fit les frais de la conversation.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Sep 14, 2022 21:29    Sujet du message: Répondre en citant

Remerciements au relecteurs, et quelques précisions.

Quelque gros bourgeois : veut dire un gros bourgeois quelconque, le tout est donc au singulier.

Il dut le trouver (puisque) il………

Une Citron : surnom courant des Citroën à l'époque.

l'Armistice : évidemment celle de 18, celle de 40 n'existe pas…

Il faut que je joigne Tarascon : = je dois joindre le QG à Tarascon… Pas y aller, mais entrer en contact avec.

les équidés en question sont les deux qui tirent la voiture.
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Casus Frankie

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