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Avril 1944 - Balkans et Hongrie
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loic
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Inscrit le: 16 Oct 2006
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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 13:13    Sujet du message: Répondre en citant

egdltp a écrit:
@loic : le pudding, si plus facilement reconnaissable, se coupe beaucoup moins facilement que la jelly/gelée. Je trouve pour ma part l'image bien trouvée.

D'accord, alors écrivons jelly.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Archibald



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Messages: 9239

MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 13:53    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
egdltp a écrit:
@loic : le pudding, si plus facilement reconnaissable, se coupe beaucoup moins facilement que la jelly/gelée. Je trouve pour ma part l'image bien trouvée.

C'est pour celà que je n'ai pas proposé "beurre" qui est l'expression usuelle.
Pour une fois, j'avais compris l'image. Il faut dire que deux séjours linguistiques en UK m'ont aidé ... La gelly ...
Et dire qu'au Moyen-Age, les Anglais étaient réputés pour leurs viandes rôties:
rosbif = roastbeef (bœuf rôti)
Triste d'assister à la déchéance culinaire d'un peuple
(j'arrête le HS)


J'adore la FTL...
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 14:50    Sujet du message: Répondre en citant

Je maintiens ricaner ! Et la licence poétique John ? Et la tendresse, b...del ? (c'est une citation).
Oui, j'ose. Dans les Balkans. Cool Cool Cool Cool Cool
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 10:36    Sujet du message: Répondre en citant

15 avril
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Vol à l’arraché
Vallées du Danube et de la Save
– Face à Plunder-Right et sous un ciel qui permet une multiplication des sorties aériennes, au moins durant une partie de la journée, le XV. Gebirgs-Armee-Korps paraît désormais en grave difficulté. Sur le flanc droit, la 117. Jäger (Karl von Le Suire) – et surtout la 264. ID (Albin Nake) – luttent, certes, avec une certaine efficacité pour leur existence. Mais elles restent incapables de contrer les actions communes de la 6th Australian (Jack Stevens) et de la 1st Australian Armored (Horace Stevenson).
Poussés vers le sud en direction de la Save, dans les secteurs de Sremska Mitrovica – où les hommes de Le Suire luttent toujours pour retarder l’inévitable – et de Laćarak-Martinci – où Nake s’est rabattu en urgence avant d’être écrasé en plaine – les forces de l’Axe ne sont plus à même de peser. Ce qui a une conséquence : la voie est libre pour la 6th Armoured de Vyvyan Evelegh ! Ce dernier ne tarde donc pas à jeter enfin sa division dans la brèche, direction Bačka Palanka et le Danube. Au soir, bien couverte par l’aviation et ne rencontrant que peu d’opposition organisée, elle approche déjà Erdevik et commence à monter vers Ljuba et Vizić, à travers le massif du Fruška Gora en direction de Bačka Palanka. La nuit n’en sera pas moins pénible pour les tankistes alliés, confrontés tout au long de leur trajet à de multiples bouchons improvisés par des unités en retraite – nous ne sommes pas en Grèce l’été dernier ! Toutefois, avant minuit, les premiers escadrons de reconnaissance alliés peuvent signaler qu’ils aperçoivent le reflet des étoiles (ou des incendies) dans les eaux du Danube.
Au nord, tout ne va certes pas aussi bien. La 2nd New Zealand de Robert Freyberg est toujours enferrée dans un combat hargneux avec la 277. ID (Albert Praun), laquelle retraite pas à pas vers le nord. Etonnamment, cette division, bien que composée pour moitié d’Osttruppen et pour le reste de volontaires d’ex-Yougoslavie (surtout des Souabes du Danube, baptisés « Allemands ethniques ») ne s’est pas désintégrée au premier choc. Elle a sans doute été correctement formée et encadrée, mais surtout, le récent échec du retournement hongrois (sans parler du bulgare) ont semé l’inquiétude chez les ex-prisonniers de guerre soviétiques : la propagande nazie ne s’est pas privée de leur répéter que « si les Juifs capitalistes livrent des pays entiers aux Bolcheviques, ils n’auront aucun scrupule à vous livrer, vous ! » Quant aux locaux, la proximité du 1er Corps yougoslave, avec lequel l’aile droite de Freyberg collabore par-dessus le Danube, associée aux débordements hargneux du gouvernement de Belgrade à l’égard des « traîtres de tout poil », constitue un vaccin puissant à toute envie de désertion. L’infanterie alliée n’avance donc que pesamment de Velika Remeta aux abords de Bukovac, approchant à peine de Novi Sad.
Ainsi que l’écrira un correspondant de guerre du New-Zealand Herald : « Comme c’est curieux ! Des Asiatiques en uniforme allemand qui affrontent des Océaniens en Serbie… On aurait pu croire qu’il ne s’agissait que d’un immense malentendu issu d’un mauvais tour du destin. Et pourtant, ils combattaient comme des mineurs allant frapper la roche à fond de galerie. Avec méthode, hargne, et résignation. Il y avait simplement les montagnes en moins. Comme me le disait un des gars du Divisional Cavalry Regiment, le sergent Robert Muldoon (1) : “C’est aussi que nous sommes seuls – les Aussies sont partis en goguette pendant que nous faisons tout le boulot. Mais ce n’est pas grave, nous irons jusqu’au bout. En 1939, nous avons appris la folie de l’appeasement. Cette grande catastrophe est le prix que nous en payons. Les Nazis ne doivent pas être apaisés. La Nouvelle-Zélande doit soutenir l’Angleterre jusqu’au bout.” » De façon étonnante, cette saillie à la fois très pro-Commonwealth et nettement anti-australienne passera la censure – Londres tient, de temps en temps, à flatter Wellington, alors que Canberra semble parfois tenté par l’aventure américaine… Quoi qu’il en soit, du point de vue d’O’Connor – et de Montgomery – ce petit contretemps est sans importance. L’aile gauche de la 20. Armee est déjà percée, la voie vers la vallée de la Save et le lac Balaton est libre. Quant à l’aile droite…
Du côté de Plunder-Left, le LXVIII. Armee-Korps commence lui aussi à montrer des signes de faiblesse. S’il ne craque pas comme le XV. GAK, c’est essentiellement pour deux raisons : le terrain… et le fait qu’il se retire vers sa seconde ligne. La 4th Indian (Arthur Holworthy) approche de Gornja Vranjska, toujours bien soutenue par l’aviation et l’artillerie face à une 162. ID (Johann Fortner) en perte de vitesse et dont la 100. Jäger (Willibald Utz), aidée du 914. StuG Ab (Major Friedrich Domeyer) doivent de plus en plus compenser les multiples défaillances. La poussée des hommes d’Holworthy a une autre conséquence désagréable pour les Allemands – la possibilité d’un encerclement de Šabac entre Australiens au nord et Indiens au sud prend sérieusement corps. Utz, d’accord avec ses collègues, se voit donc contraint de solliciter de son chef l’autorisation de se retirer en urgence derrière la Drina. De toute façon, avec l’effondrement en cours sur le flanc nord, sa position ne compte plus vraiment…
Cette manœuvre est d’ailleurs déjà plus ou moins enclenchée – pressés par la 32th Army Tank Brigade, la 173. ID (Heinrich von Behr) et le 907. StuG Abt décrochent à présent vers Zavlaka, menacée par l’aile droite de la 10th Armoured Division (Horace L. Birks). Celle-ci vient finalement de se lancer sur un axe Metlić-Mačvanski Prnjavor, contournant Šabac… et aboutissant au bord de la Drina, droit vers le QG du LXVIII. AK ! Il n’en est que plus urgent de prendre une décision.
Surtout que sur l’aile droite de ce corps, la 181. ID (Hermann Fischer) recule elle aussi – jusqu’à Osečina, avec, sur ses talons, la 51st Infantry (Charles Bullen-Smith). Celle-ci est entrée en fanfare dans Valjevo, avec tartans et joueurs de cornemuse en tête ! Sur sa gauche, les Grecs de la 6e Brigade de Montagne (colonel Pafsanias Katsotas) sont un peu moins bruyants – mais aussi agressifs – dans la région de Bobova… Quoiqu’il en soit, la question de l’abandon de la rive droite de la Drina se pose ici aussi pour l’Axe, avant qu’il ne soit vraiment trop tard.

Opération Veritable – Celle dont personne ne voulait
Bosnie orientale
– Après déjà 48 heures de Veritable, les jours commencent à se suivre et à se ressembler pour la 2e Armée française. Le 1er Corps grec poursuit sa progression en Bosnie orientale. La 3e Brigade de Montagne (colonel Thrasyvoulos Tsakalotos) continue ainsi son espèce de randonnée armée en descendant la Drina – les soldats alliés s’arrêteront cependant à Donja Strmica pour la nuit. Le terrain est difficile, le risque de tomber sur une mine ou un obus piégé constant et les reconnaissances toujours nécessaires – inutile de se presser… Quant à la 1ère DI (Vasileios Vrachnos), elle ne bouge toujours pas, dans l’attente d’une évolution de la situation plus au nord.
Une petite centaine de kilomètres plus bas, le 2e Corps grec de Dimitrios Papadopoulos, lui, semble par contre être bel et bien entré dans le vif du sujet. Certes, la 13e DI en est à peine à quitter le secteur de Pljevlja pour progresser sur la route de Sarajevo par Boljanići – en tâchant de ne pas collaborer trop visiblement avec l’AVNOJ, même si celui-ci vient de dépêcher deux “corps d’armée” locaux (2) pour l’appuyer ! Par contre, la 1ère Brigade Blindée du colonel Socrates Demaratos est toujours bien engagée face au Ier Corps d’Armée oustachi.
Ivan Brozovic a rameuté sur sa gauche la 2e DI Vrbaska du colonel Mirko Greguric, en l’absence de véritable offensive de l’AVNOJ dans son secteur, au moins pour l’instant. Avec ce renfort, on peut dire que Brozovic aligne ici le meilleur de l’armée croate hors KLAK – à savoir les vétérans d’anciennes formations… dont ceux qui ont tourné casaque lors de la dislocation de feu la 4e Armée yougoslave. Face à une résistance toujours improvisée mais qui tente de se renforcer, les blindés du colonel Demaratos continuent néanmoins à remonter la Lim. Au soir, ils entrent ainsi dans Dobrakovo, à moins de douze kilomètres de Bijelo Polje, où le Ier Corps oustachi replie son QG sans montrer trop de hâte en direction de Nikšić. C’est que plus bas, du côté du IIIe Corps d’Ivan Markuli, les choses sont loin d’être aussi maîtrisées…
En effet, dans la descente de Berane, la 5e DI (Georgios Stanotas) commence à culbuter franchement la 2e Division de Montagne d’Antun Prohask. Or, celle-ci ne bénéficie d’aucun soutien en dehors de la très médiocre 5e DI Bosanka du colonel Roman Domanic, elle-même déjà sollicitée dans la région de Murino (soit en fond de vallée, au sud d’Andrijevica) par le 4e RST du colonel Roux. Les Spahis se sont infiltrés presque sous les yeux de l’Armée nationale monténégrine de Sekula Drljević, après quelques accrochages ayant tourné à la très grande confusion des défenseurs ! Du coup, ces derniers… regardent ailleurs… En fait, on peut soupçonner que les Monténégrins – trempant jusqu’au cou dans un grand nombre de crimes oustachis, mais pas assez liés à eux pour risquer leur vie à leur profit – s’imaginent volontiers se replier vers Vermosh avant de disparaitre dans les montagnes au nord de Pogdorica. A leur décharge, le commandement croate leur avait aussi attribué une position littéralement impossible, à la jonction de deux corps d’armée dont l’un est carrément défaillant… En tout cas, Drljević a visiblement choisi de faire cavalier seul – étant déjà idéologiquement opposé aux Croates génocidaires, comme aux Serbes favorables à l’union des deux royaumes, c’est sans doute la continuation logique de sa politique.
Cette défaillance, ainsi que la déplorable performance des deux unités encore réputées loyales – la 2e Division de Montagne ne tient Berane que d’extrême justesse, tandis que la 5e DI est repoussée vers Andrijevica ! – a une conséquence gravissime : le IIIe Corps croate est proche d’être encerclé, faute de pouvoir s’échapper vers le nord et Bijelo Polje, d’où le Ier Corps commence à évacuer ! Ivan Markuli, un vétéran du Front de l’Est, a bien compris dans quelle impasse il se trouvait : sans alternative et ne faisant pas confiance à ses troupes pour redresser la barre, il ordonne donc la retraite sans attendre l’accord de qui que ce soit. Ce recul hâtif, improvisé dans des conditions difficiles, ne peut que mal se terminer.
………
« La résistance ennemie commençait visiblement à faiblir, et nous par ricochet à prendre un peu trop confiance. Erreur banale de débutants – soudain, heurté par un énorme rocher qui s’était comme par hasard décroché de la paroi au moment de notre passage, Bḗlē dévie et sort de la route, plongeant à flanc de colline dans un grand crissement mécanique. Je gueule “Me…e ça sent pas bon ! Accrochez-vous !” comme si les copains avaient besoin du conseil. Et l’halfitrackos va finir sa course contre une sorte d’obstacle antichar local en bois, une vingtaine de mètres en contrebas. Stop, cris, odeur de brûlé… Réaction ! Dioskoros : “Attends un peu Bébé j’arrive ! Couvrez-moi pendant que je rafistole Bḗlē, Entáxei ?” Nous avons déjà récupéré, et notre groupe jaillit de l’engin pour se déployer en défense derrière le moindre couvert disponible.
“Delta, couvrez Dioskoros !” L’attente n’est pas longue : je viens à peine de me caler le dos contre un rocher que des coups de feu éclatent. “On lâche rien, tenez-les à distance et couvrez le véhicule !” Au loin : “Son nom, c’est Bḗlē !” Ils sont bien une trentaine en face de nous : nombreux, motivés mais avec peu d’armes automatiques. Nous maintenons un gros volume de feu pour leur faire baisser la tête. Un fantassin trop téméraire tente de se redresser et encaisse immédiatement une rafale dans la poitrine. Il part valdinguer dans la terre humide. A côté de moi, Nikos, mon radio, a le bon réflexe : “Contrôle, de Delta-314. Nous sommes endommagés, on commence à réparer. Demandons renforts !” ”Reçu, je déroute des Centaure vers vous. Et le groupe 6 est en approche de votre position. Terminé !”
Une jambe dépasse de derrière un tronc d’arbre. J’arrose généreusement les deux à la Thompson et le type s’écroule en hurlant, haché par les balles et les esquilles arrachées au tronc. Une grenade vers ce bosquet qui bouge… De plus grosses explosions me répondent. “A tous les groupes : tirs de mortiers.” “Ils nous refont le coup par la crête ?” Dans un éclair d’esprit d’à-propos, je bouge immédiatement d’une quinzaine de mètres avec Nikos, dérapant dans la boue avant qu’on ne me contourne moi aussi. Bonne précaution, je vois des silhouettes crapahuter plus haut, entre les rochers. Quand tout à coup, couvrant presque les tirs et les détonations, un grand bruit de moteurs : ”Accrochez-vous les gars, on est là !”
Deux halfitrackos surgissent sur la route d’où nous avons glissé et commencent à balayer les avoisinants à la M1. Un duo de tirs très sonore, très puissant… très efficace aussi – j’aperçois un sous-officier qui tentait d’emmener son groupe à l’assaut se faire littéralement couper en deux par les impacts. Le reste s’acharne encore un peu à riposter – pas longtemps, ils disparaissent sous nos rafales. Puis, j’entends distinctement Gáïos, le second de Bías, qui rit dans sa Mariánna : “Alors, on dit merci à qui, Delta ?”
Une demi-heure plus tard, nous repartons clopin-clopant, en laissant malheureusement derrière le numéro 3 du groupe 6, incendié par un obus de mortier. Nous passons devant son épave – un avertissement salutaire. Dioskoros : “Merci pour le coup de main, Elissaíos !” Le conducteur de Mariánna : “C’est un plaisir, Dioskoros !” Et un peu tard, comme d’hab, voilà les Pégase : “Contrôle, de Pégase-01… On a éliminé des mortiers. La voie est dégagée. Terminé.” »

(Markus Amynthe –  [Machines de guerre] – Souvenirs de la campagne de Bosnie, Kedros éditeur via LGF, 1993)

Opération Veritable – L’aigle et le damier
Monténégro
– Avant même le lever du soleil, les positions du KLAK dans l’isthme de Bar sont l’objet d’un violent matraquage offert à la 392e DI Plava divizija par les marines alliées. Les bâtiments d’appui-feu réclamé par Sylvestre Audet sont enfin là, et Athènes a mis les moyens ! En l’espèce, l’HMS Erebus bien sûr, mais aussi les monitors légers classe M-100 de la 2e Escadre interalliée d’appui-feu côtier (remaniée) et même deux nouveaux venus : les destroyers Themistokles et Vassilissa Olga II. La marine grecque reprend des couleurs et tient à le montrer ! Surtout au moment-même où la Royal Navy se montre quant à elle plus prudente, entre dragage, escorte nombreuse de vedettes rapides et parapluie aérien. Est-ce que la perte du Terror ou les récentes gesticulations turques ont rendu les Britanniques plus timorés ? Peut-être ! A moins qu’à l’Amirauté, on estime qu’on a désormais mieux à faire que bombarder le Monténégro, avec ce qui se prépare bien loin de là…
Néanmoins, à reculons ou pas, la frappe fait mal aux Croates. Et pour cause : ils n’ont strictement aucun moyen de riposter à l’avalanche d’obus de 5 pouces et de 7.5 pouces épicée d’obus de 15 pouces qui s’abat sur leurs têtes ! C’est donc contre un dispositif rudement secoué, voire attendri – mais non point brisé ! – que la 5e DI polonaise du général Bolesław Bronisław-Duch repart à l’attaque, en direction de Bar et de la crête dominant l’isthme. Les reliefs de la région de Bojke ou de Kunje deviennent vite le théâtre d’une suite de petits affrontements hargneux digne de l’Autre Guerre, où les orages d’acier précèdent l’assaut de tranchées. On réduit, on assaille, on avance – mais une fois encore, les Polonais n’emportent aujourd’hui aucune localité d’importance, faute d’attaquer avec assez de rage, peut-être. Au grand étonnement des Croates, il faut le dire – ceux-ci imaginaient que cette débauche d’artillerie allait précéder une véritable vague humaine.
Le commandement oustachi, et d’abord Ivo Herenčić, est déconcerté par l’attitude adverse. Néanmoins, Johann Mickl a un œil plus expert et n’est pas rassuré pour autant. Et parmi une foule d’étrangetés et autres bizarreries qui achèvent de prouver aux Croates que leurs assaillants ne sont pas tout à fait… normaux, les Oustachis remarquent à la jumelle une silhouette pour le moins inattendue qui court à quatre pattes entre les positions polonaises en portant des caisses de munitions : un Ursus arctos syriacus, soit un ours brun syrien nommé Wotjek (3). La jeune Irena Bokiewicz, petite-nièce du général Bolesław Wieniawa-Długoszowski, s’était prise d’affection pour celui qui n’était alors qu’un ourson orphelin lors de son passage en Iran en venant d’URSS… Passant d’unité en unité au fil des mutations, Wotjek a finalement abouti à la 22nd Artillery Supply Compagny (relevant du 2e Corps polonais), laquelle l’a officiellement intégré en tant que soldat payé afin de contourner une réglementation britannique vexatoire interdisant les mascottes ! La bête, qui fait bien 90 kilos, sert aujourd’hui loyalement et fait le travail de force de quatre hommes, malgré un léger problème d’addiction à la bière et à la cigarette (4)…
Nonobstant le sympathique animal, et contrairement à ce qui sera écrit plus tard par certains, l’armée des exilés fait bonne figure dans cette lutte d’un autre temps. Mais tout de même pas au point de se jeter sur les mitrailleuses, comme jadis les Anglais sur la Somme. Et comme, du côté de la 3e DI de Zygmunt Bohusz-Szyszko, les choses n’avancent pas beaucoup non plus (2 à 3 kilomètres tout le long du front – on approche enfin d’Hani i Hotit), à Athènes, certains en tirent des conclusions erronées. C’est que la 3e DI n’a pas de monitors pour l’aider, et peu d’aviation… Enfin, les Croates non plus, c’est déjà ça ! Par contre, les problèmes de moral – sinon de motivation ! – du corps Anders sont bien réels et restent entiers…

Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine
– Début de l’attaque de Čenta par la 2e DI de Mihailovitch – toujours avec un puissant soutien d’aviation et en profitant de ce que la 42. Jäger de von Haydringen est à la fois isolée et attaquée sur sa droite par la 2nd New-Zealand de Freyberg. Illija Brasic sait qu’il n’a pas les moyens de passer en force – mais il peut par contre, en suivant le plan, rendre intenable la défense de l’Axe en menaçant son adversaire d’enveloppement. Il s’y applique donc et, au soir, la 42. Jäger a déjà cédé 4 kilomètres d’une position pourtant favorable…
C’est qu’au nord aussi, les choses ne vont pas ! Et Ernst von Leyser ne peut envoyer aucun renfort, alors que la 297. ID (Gullmann) est assaillie à Farkaždin par les tubes de la 1ère Brigade blindée yougoslave (Stefanović) et les premières tentatives de la 1ère DI de Krstic – laquelle ne craint visiblement pas une prise de flanc par le XXII. Gebirgs-Armee-Korps. Faute de mieux, Alexander Löhr envoie son unique réserve – la pauvre 1. GebirgsJâger (Lanz) – réduite à 60 % de ses effectifs – à la rescousse de Gullmann, afin de gagner le temps nécessaire à von Haydringen pour battre en retraite. Nul doute que celui-ci s’y décidera bientôt, vu comment ça se passe du côté de la 20. Gebirgs-Armee…
Dans l’intervalle, pour faire preuve d’un peu de diplomatie, Löhr ira proposer à son chef, Maximilian von Weichs, que le XXII. GAK (Fehn) lance une contre-offensive du côté des Yougoslaves, justement, afin de soulager la pression vers la Hongrie. Voilà une manœuvre comme on les aime : optimiste, pleine d’initiative et de foi en la victoire… Même si, en réalité, elle ne peut rien faire d’autre que retarder l’inévitable. Car enfin, ce n’est pas avec deux divisions de Jäger et une division improvisée de Panzergrenadiers que la 12. Armee va retourner sur le Danube !

Opération Perun – Raids semi-lointains
Balkans
– Nouvelle journée d’effort pour la Balkans Air Force, qui utilise toute sa puissance tactique pour soutenir autant que faire se peut les forces du 18th GAA. De plus, en dépit de ces priorités et d’une météo toujours capricieuse, l’Air-Marshall Tedder envoie certains de ses appareils en deux raids “semi-lointains” afin de frapper la logistique de l’Axe.
Le premier s’effectue de jour, mais en Croatie (donc sans opposition !) sur le nœud ferroviaire de Sunja. Frappe efficace – seul ennui : l’un des A-20 engagés par l’Escadre Gascogne est endommagé par les tirs et rentre sur un moteur.
La seconde mission est lancée de nuit, en Hongrie, par les Wellington des Sqn 104 et 202, contre la gare de Budakalász (au nord de Budapest). L’état-major allié a bien noté la présence irritante des Pumas rouges, qui défendent férocement le territoire magyar. Tedder comme Weiss ne doutent certes pas de réussir à les réduire, avec le temps et (surtout) la contribution cordiale des VVS. Mais dans l’attente, inutile de risquer leurs modestes moyens pour rien…
La MKHL n’a pas de chasseurs de nuit, hormis quelques rares Me 210/Ca du 4/2 Ungvár, lui-même en voie de dissolution. Autant en profiter ! Contournant largement la capitale hongroise par l’ouest et la région de Biscke pour approcher par le nord, les appareils alliés auront toutefois du mal à trouver leur cible dans cette nuit presque sans lune… Et s’ils n’ont aucune perte, la majorité des bombes vont labourer les champs.

Heeresgruppe E – Les ennuis s’aggravent
Mohács (Hongrie)
– Toute foi en la victoire mise à part, il est des évidences qu’un soldat doit savoir reconnaitre : la situation de la 20. Armee s’aggrave. En l’état, sa dislocation par enveloppement n’est qu’une question de temps. Cela, Maximilian von Weichs le sait : il n’a que trop étudié les leçons de la campagne de 1943 – la sienne – sans parler de ce qui filtre du Front de l’Est.
En résumé, il faut que Rendulic recule. Sur sa gauche, derrière le Danube, afin de défendre la Hongrie, seule terre vraiment utile au Reich, comme Berlin et l’OKH ne cessent de lui en rebattre les oreilles, sans pour autant lui donner le moindre renfort supplémentaire. Et sur sa droite, derrière la Drina évidemment – le HG E ne va pas perdre deux corps d’armée pour un misérable bout de Bosnie. Tout ceci est compréhensible et justifiable. Garder la Hongrie, donner la main à Krüger…
Malheureusement, pour la seconde mission, il reste le problème de la vallée de la Save. Dans cette zone, l’Axe n’a rien – ou si peu. Un malheureux corps oustachi sans valeur, quelques éléments SS ne relevant même pas de son commandement… Dans ces circonstances, Weichs ne voit qu’une solution : il doit étirer son dispositif en l’appuyant sur les montagnes et prier pour que l’offensive ennemie s’éteigne d’elle-même, entre manque d’effectifs, couverture des flancs et contraintes logistiques. Canaliser, faute de mieux – et en créant un vaste saillant impossible à résorber. Du coup, la 12. Armee va devoir se décaler depuis la Voïvodine vers l’ouest… Et ce, alors que, faute de Hongrois, elle manque déjà gravement d’effectifs pour tenir ses positions !
Il faudra faire avec. Dans ce contexte, Weichs considère d’un œil fatigué la dernière proposition de Löhr : une action offensive vers Pančevo avec le XXII Gebirgs-Armee-Korps de Fehn. Ça pourrait servir… même si le Saxon ne sait pas encore très bien à quoi.
Encore que… à la réflexion, si, il sait. En lançant sa seule unité blindée (la 19. PzGr Brandenburg) infliger un coup de canif au flanc allié comme jadis à Kavadarsti, le général peut espérer gagner du temps, semer le trouble dans le camp d’en face et – qui sait ? - prouver à certains la fragilité du flanc allié tout en rappelant à quel point le sud de la Hongrie reste un charodrome. Pas au point qu’on lui affecte des renforts, non – Weichs a trop de lucidité pour y songer. Mais en jouant ensuite habilement de la peur des uns comme des espoirs des autres, il espère bien, par contre, obtenir de conserver sur ses arrières la 1. Panzer, laquelle pourra servir de “brigade de pompiers” pour consolider les lignes sans cesse plus étirées de Löhr. Ce n’est donc pas une contre-offensive de dégagement, ou destinée à repousser l’ennemi, non – c’est une preuve. Que le HG E se bat, et qu’il a besoin de soutien. Ne serait-ce que pour faire ce qu’on attend de lui : subir et tenir bon…

AVNOJ – La lutte finale
Yougoslavie
– Suivant l’ordre donné la veille par leur maréchal, les forces de l’AVNOJ jettent leurs dernières réserves dans la bataille. Sous le verbe grandiloquent du chef, elles ont des objectifs, précis et (peut-être) réalistes : gêner les transferts et le ravitaillement de l’Axe, faciliter la progression des troupes alliées (non compris le 1er Corps yougoslave) et se saisir d’un maximum de terrain en prévision d’un inévitable rapport de force politique entre Yougoslaves, où l’on tâchera d’imposer le “fait accompli”. Toutefois, ce n’est pas parce que la lutte finale a enfin commencé que les Titistes vont se jeter sur les mitrailleuses nazies – de fait, la stratégie de chacun présente des particularités très… locales.
………
Slovénie – La pointe nord-ouest de la Yougoslavie est assurément le secteur le plus difficile : exposé face au Reich et gouverné par un des régimes collaborateurs nationalistes les plus forts. Ici, l’AVNOJ ne prétend pas pouvoir d’emblée s’emparer d’une ville. La Garde nationale locale serait trop heureuse de réagir brutalement face aux Rouges ! Et puis, ce n’est pas en déclenchant la guerre civile chez eux qu’on fera basculer les Slovènes dans le camp de la Révolution – il doit y avoir une autre méthode…
C’est en tout cas l’avis du responsable en charge du secteur, Edvard Kardelj “Bevc”, fin connaisseur de son pays, et déjà assez désolé par les ravages récents que l’aviation alliée a infligé à plusieurs villes de la région. Son Slovenski narodnoosvobodilni svet (5) doit se soucier de sa population – après tout, ce sont aussi ses futurs administrés !
Ses forces se contenteront donc pour l’heure d’intensifier leur travail de renseignement et leurs opérations de harcèlement. Celles-ci concernent surtout les convois croates et allemands cheminant dans la région “frontalière”, afin de faire tourner en bourrique SS comme Oustachis. Ces attaques ont des conséquences sanglantes, c’est vrai, en raison des représailles allemandes… Mais l’expérience a prouvé que les nazis ont en Slovénie la main moins lourde qu’ailleurs.
Deux zones seront plus particulièrement visées. La route Ljubljana-Karlovac, soit la voie côtière entre Slovénie et Bosnie, sera la cible du 7e Corps “Slovène” de Rajko Tanasković – un homme d’une rare compétence, ancien sous-officier de l’armée royale puis membre de la défunte 2e Brigade prolétarienne. Le triangle Celje-Maribor-Ptuj, lui, sera l’objectif du 9e Corps “Slovène” de Lado Ambrožič. Ce dernier risque, hélas, de se heurter assez vite à une forte résistance : la zone est moins boisée, moins montagneuse, plus facile à tenir… et surtout, elle relie l’Autriche au front de la Save. Il faut donc s’attendre à ce qu’elle soit férocement défendue. Il y aura de la casse…
………
Croatie – En territoire croate, la situation est moins évidente pour l’AVNOJ. De fait, trois de ses quatre corps (en comptant le 5e Corps “Bosniaque” de Slavko Rodić) sont déjà engagés face à l’adversaire, dans des circonstances et avec des résultats variables, quoiqu’encourageants.
– Dans la vallée de la Save, au nord de la Croatie, le 6e Corps “Slavon” de Petar Drapšin fait toujours face avec courage aux Oustachis.
Eperonné par tout ce que l’Etat indépendant de Croatie compte de chefs militaires à même de comprendre que le peu de crédibilité qu’ils conservent dépend aussi de la sûreté des lignes allemandes, le Ve Corps oustachi relance vers le nord, en travers de la vallée de la Save, un vaste assaut concentrique impliquant trois unités d’importance : la Légion Noire (Rafael Boban), la 6e DI (Ivan Sarnbek) et la Brigade de Cavalerie (Aurel Schlacher). Il s’agit d’arracher Nova Gradiška à la 28e Division “Slavone” (commandant Vicko Antic Pepe, commissaire Vlado Janic Capo). A trois contre un, voire plus – les Partisans n’ont qu’environ 1 500 combattants embrigadés dans la région – ils y parviennent évidemment, quoiqu’au prix d’un effort plus important qu’escompté. Cependant, l’AVNOJ ne s’accroche pas au terrain pour rien et se replie dans les bois un peu plus au nord, en direction de Požega – laquelle reste pour l’heure complètement hors d’atteinte des Fascistes, comme une douloureuse écharde plantée dans une région sensible.
– Entre Gospić et Knin, au sud-ouest de la Croatie, le long de l’Adriatique, Andrija Hebrang a compris qu’il ne pouvait prétendre ignorer l’ordre du jour de son maréchal, sauf à encourir de graves conséquences, ou au minimum les accusations de ceux qui continuent de prétendre qu’il a été “retourné”. Il relance donc ses 4e et 11e Corps “Croates” (presque 15 000 combattants, tout de même) afin d’aller chercher l’adversaire fasciste, de le vaincre et de libérer du territoire.
Au nord, le 11e Corps de Pavle Jaksic envoie sa 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” (commandant Veljko Kovacevic, commissaire Josip Skočilić) et sa 35e Division “Lika” (commandant Stanko Perhavec, commissaire Šime Balen) attaquer le secteur de Brinje et la région des lacs de Plitvice.
Quant au 4e corps, il continuera de contrôler les plaines de Lapačko à partir de Krbavsko, tout en s’efforçant d’éviter d’éventuels retours de bâton depuis le nord (le NDH) ou le sud (le III. SS-GAK). On ne saurait assurément mieux faire, au vu des circonstances – il faut bien tenir le terrain ! Déjà qu’en s’approchant de l’Adriatique, Hebrang craint d’encourir la fureur du SS-Gruppenführer Odilo Globocnik, en charge de cette région…
– Enfin, le 10e Corps “de Zagreb” (Vladimir Matetić) est implanté dans la région de Petrinja. Cette position est à la fois isolée et stratégique : cinquante kilomètres au sud de la capitale du NDH, au croisement de la plupart des voies entre Croatie et Bosnie. C’est qu’auparavant, on avait prévu qu’il joue un rôle dans une inévitable future insurrection croate… Ce projet n’ayant, tout compte fait, aucune chance d’aboutir dans l’immédiat, les forces de Matetić vont donc plutôt mettre à profit leur positionnement pour semer un désordre sans nom sur les terres oustachies, détruisant dépôts et centres de recrutement, allant affronter sur leur terrain la Hrvatsko Domobranstvo du Krilnik Ante Vokić. Celle-ci, bien qu’en nette supériorité numérique, aura sans doute du mal à soutenir le choc.
………
Bosnie-Herzégovine – Les formations actuellement au voisinage ou dans les lignes alliées – les 1er Corps “Prolétarien”, 3e Corps “Bosniaque” et 8e Corps “Bosniaque” pour l’essentiel – ont toutes reçu l’ordre d’une part, de se porter en avant aux côtés des troupes alliées, et d’autre part, de défendre à tout prix Višegrad. En dehors de ces trois corps, l’AVNOJ ne dispose actuellement en Bosnie que d’une seule grande unité : le 5e Corps “Bosniaque” de Slavko Rodić, durement molesté durant les événements de Banja Luka et actuellement en reconstitution vers Doboj. Il est douteux que cette formation puisse influer sur le cours des événements avant longtemps… Cependant, dans les rangs titistes, ce n’est pas parce qu’une chose parait impossible qu’il ne faut pas la tenter. Les quelques trois mille combattants survivants, guidé par un chef lui-même blessé – mais aussi courageux qu’eux – se préparent donc dès à présent à repartir vers le front avec leur maigre matériel ainsi que… leur aviation de prise, à savoir un Fiat CR.42, toujours opérationnel en dépit de tout !
………
Nord du Monténégro – Ici, le gros des forces titistes est concentré autour de Pljevlja – le 2e Corps “de choc” au sud, déjà au côté du 2e Corps grec face au Ier Corps oustachi, ainsi que le 12e Corps “de Voïvodine”, en réserve au nord. Le chef de ce dernier, Danilo Lekic “Spaniard”, se propose désormais d’accompagner les Alliés dans leur remontée vers Sarajevo. De son côté, Petar Dapcevic “Peko”, à la tête du 2e “de choc”, ne voit aucune raison de modifier sa stratégie : elle répond aux objectifs du Vieux, tout en lui laissant la gloire d’aller porter le fer contre les fascistes croates… Les forces de l’AVNOJ dans la région se divisent donc.

Etat indépendant de Croatie
Reprogrammation
Région de Zagreb
– Après déjà plusieurs jours d’opérations, et alors que la vague d’offensives alliées ne connaît pour l’heure aucune accalmie – au contraire, les Bolcheviques semblent même s’être joints au mouvement ! – les conspirateurs oustachis conviennent qu’il est vraiment temps d’attendre. L’attaque britannique étant d’évidence centrée sur la Hongrie (ce qui est bon pour la Croatie, cela éloigne autant les combats que le péril rouge !) la lutte contre les Titistes reste prioritaire. Le Krilnik Ante Vokić a beaucoup à faire pour éliminer la racaille collectiviste – elle qui a eu la sotte prétention de sortir du bois juste avant le moment critique pour sauvegarder malgré tout leur pathétique et fragile création ! Quelle arrogance !
Le coup d’état mijoté par la conspiration Lorković-Vokić est donc mis en sommeil jusqu’à nouvel ordre, et les responsables suspendent tout contact avec leurs correspondants serbo-américains. Dans les formes, c’est vrai – mais cela ne suffira pas à apaiser tout le monde !

Notes
1- Futur Premier ministre néo-zélandais – il ne laissera qu’un souvenir mitigé. On lui doit aussi, avec encore plus de mépris pour ses voisins : « La Nouvelle-Zélande a été colonisée par des Australiens qui ont eu assez d’initiative pour s’échapper » ou encore « Les Néo-Zélandais qui émigrent en Australie augmentent la moyenne du QI de ces deux pays ! »
2- Soit, en effectifs, l’équivalent d’une division occidentale.
3- De Wojciech – le soldat heureux, qui est aussi un prénom très commun en Pologne…
4- La légende prétend qu’il a même appris à saluer (mais seulement en réponse…). Il voyage dans sa propre caisse en bois et dort avec les hommes dans une tente sans trop ronfler.
5- Le Comité de Libération Nationale Slovène, qui a succédé au Front de Libération Nationale Slovène et constitue aussi un parlement provisoire.
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loic
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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 12:17    Sujet du message: Répondre en citant

On est bien d'accord que ces derniers épisodes ont été postés après avoir été complétés ?
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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John92



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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 13:17    Sujet du message: Répondre en citant

...
Sur le flanc droit, la 117. Jäger (Karl von Le Suire) – et surtout la 264. ID (Albin Nake) – luttent , certes, avec une certaine efficacité pour leur existence. Mais elles restent incapables de contrer les actions communes de la 6th Australian (Jack Stevens) et de la 1st Australian Armored (Horace Stevenson).
Poussés vers le sud en direction de la Save, dans les secteurs de Sremska Mitrovica – où les hommes de Le Suire luttent ( se battent ?) toujours pour retarder l’inévitable – et de Laćarak-Martinci – où Nake s’est rabattu en urgence avant d’être écrasé en plaine – les forces de l’Axe ne sont plus à même de peser.
...
En fait, on peut soupçonner que les Monténégrins – trempant jusqu’au cou dans un grand nombre de crimes oustachis, mais pas assez liés à eux pour risquer leur vie (leurs vies ??) à leur profit – s’imaginent volontiers se replier vers Vermosh avant de disparaitre dans les montagnes au nord de Pogdorica. A leur décharge, le commandement croate leur avait aussi attribué (leurs avait aussi attribués ??? –vraiment pas sur de moi, juste au cas où ) une position littéralement impossible, à la jonction de deux corps d’armée dont l’un est carrément défaillant…
...
«...
Je gueule
: (à ajouter ??)“Me…e ça sent pas bon ! Accrochez-vous !” comme (Comme) si les copains avaient besoin du conseil.
...
Deux halfitrackos surgissent sur la route d’où nous avons glissé et commencent à balayer les avoisinants à la
M1 (la doucette c’est pas la Bowning M2 ?). Un duo de tirs très sonore, très puissant… très efficace aussi – j’aperçois un sous-officier qui tentait d’emmener son groupe à l’assaut se faire littéralement couper en deux par les impacts.
...

...
La marine grecque reprend des couleurs et tient à le (les –simple suggestion) montrer ! Surtout au moment-même où la Royal Navy se montre quant à elle plus prudente (fait preuve de prudence – pour éviter la répétition de montrer ), entre dragage, escorte nombreuse de vedettes rapides et parapluie aérien.
...
C’est qu’au nord aussi, les choses ne vont pas ! Et Ernst von Leyser ne peut envoyer aucun renfort, alors que la 297. ID (peut être une tabulation à supprimer) (Gullmann) est assaillie à Farkaždin par les tubes de la 1ère Brigade blindée yougoslave (Stefanović) et les premières tentatives de la 1ère DI de Krstic – laquelle ne craint visiblement pas une prise de flanc par le XXII. Gebirgs-Armee-Korps.
...
Ce n’est donc pas une contre-offensive de dégagement, ou destinée à repousser l’ennemi, non – c’est une preuve. Que le HG E se bat ( c’est une preuve que le HG E se bat – pourquoi mettre un . ?), et qu’il a besoin de soutien.
...
– Entre Gospić et Knin, au sud-ouest de la Croatie, le long de l’Adriatique, Andrija Hebrang a compris qu’il ne pouvait prétendre ignorer l’ordre du jour de son maréchal, sauf à encourir de graves conséquences, ou au minimum les accusations de ceux qui continuent de prétendre qu’il a été “retourné”.
...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 14:17    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
On est bien d'accord que ces derniers épisodes ont été postés après avoir été complétés ?


Pour me citer :
je reprends tout au 13 avril, en espérant avoir corrigé / amélioré / complété ce que vous avez déjà lu.

(première version postée par Demo Dan pour faire patienter en attendant mon rétablissement)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 14:32    Sujet du message: Répondre en citant

Merci John ! Quelques commentaires.

Pas assez pour risquer leur vie - Chacun n'en a qu'une et il la risque isolément.

leur avait attribué - c'est de la position qu'il s'agit, mais COD après l'auxiliaire, donc pas d'accord.

balayer les avoisinants à la M1 (la doucette c’est pas la Browning M2 ?).
Heu, là, je laisse la parole à des techniciens…

c'est une preuve. Une preuve que le HG E se bat………
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FREGATON



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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 14:44    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
balayer les avoisinants à la M1 (la doucette c’est pas la Browning M2 ?)

Si! Browning M2 HB (.50) cal 12,7 x 99 mm, surnommée "Ma Deuce" ou "the fifty". Vieux Sage
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 15:09    Sujet du message: Répondre en citant

Merci !!!!
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John92



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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 15:52    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
Casus Frankie a écrit:
balayer les avoisinants à la M1 (la doucette c’est pas la Browning M2 ?)

Si! Browning M2 HB (.50) cal 12,7 x 99 mm, surnommée "Ma Deuce" ou "the fifty". Vieux Sage

ou encore la doucette chez la biffe, car sa musique est un régal, une douceur à l'oreille du fantassin (évidemment quand elle de ton côté).
La MG43 [EDIT: correction MG-42] étant elle surnommée la scie circulaire d'Hitler.
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marc le bayon



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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
La MG43 étant elle surnommée la scie circulaire d'Hitler.


MG-42...
1.200 coups/minutes

Et ils avaient sorti une version légèrement améliorée et encore plus simplifiée fin 44, la MG-45, 600 cps/M
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John92



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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 16:36    Sujet du message: Répondre en citant

marc le bayon a écrit:
John92 a écrit:
La MG43 étant elle surnommée la scie circulaire d'Hitler.


MG-42...
1.200 coups/minutes

Et ils avaient sorti une version légèrement améliorée et encore plus simplifiée fin 44, la MG-45, 600 cps/M

Merci d'avoir signaler l'erreur. La MG43 est beaucoup plus récente. Ma mémoire m'a trompé.
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marc le bayon



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MessagePosté le: Jeu Sep 08, 2022 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

Là aussi c'est la MG-3.
En fait les MG-42 récupérées en 45 par la France, au titre des dommages de guerre, et re-chambrées en 7.62 et revendues (il n'y a pas de petits profits...) à la nouvelle Bundeswher de la RFA.
Et pour info la nouvelle miteuse est la MG-4, un mix entre la Mag et la minimi gonflée en 7.62.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Sep 09, 2022 09:48    Sujet du message: Répondre en citant

16 avril
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Vol à l’arraché
Vallées du Danube et de la Save
– Les forces de l’Axe sont désormais en plein repli.
Face à la puissance de Plunder-Right, le XV. Gebirgs-Armee-Korps recule pour ne pas complétement être coupé en deux. La 117. Jäger (Karl von Le Suire) et la 264. ID (Albin Nake), compagnes d’infortune face aux Australiens de l’ANZAC, tentent de décrocher vers l’ouest avant d’être acculées dos à la Save puis détruites. Mais c’est un peu tard ! Certes, la 264. ID arrive à s’extraire de Laćarak-Martinci et se dirige vers Bosut, mais c’est pour être aussitôt rattrapée en plaine par la 1st Australian Armored (Horace Stevenson). Celle-ci inflige une véritable correction à la médiocre unité de garnison, qui part en déroute vers les bois de Višnjićevo pour ne pas être complètement anéantie. Au même moment, Le Suire et ses Jäger passent la Save à Sremska Mitrovica, dans des conditions épouvantables, rudement pressés qu’ils sont par les soldats de Jack Stevens – même si ces dernies rencontrent quelques difficultés en raison du terrain semi-urbain. L’affaire n’en est pas moins consommée dans la soirée : les Huns sont soit vers Višnjićevo, soit vers Salaš Noćajski et les ponts sautent. Lavarack peut ainsi annoncer à la 8th Army qu’après trois jours d’assez durs combats, l’aile droite de l’ANZAC est enfin sécurisée.
En revanche, la 2nd New Zealand de Robert Freyberg n’a pas encore tout à fait bouclé son affaire. Toujours confrontés sur la gauche à la 277. ID d’Albert Praun et sur la droite à la 114. Jäger – deux unités heureusement elles aussi en retraite – les Kiwis avancent péniblement vers Novi Sad, toujours retardés par une défense en tiroir aussi maîtrisée qu’efficace, et en laissant au 1er Corps yougoslave de Brasic le soin d’occuper la rive gauche du Danube. Au soir, la division a enfin passé le massif du Fruška Gora et atteint Sremska Kamenica – sur la rive opposée à Novi Sad, où une évacuation est visiblement en cours. La Heer abandonne l’Újvidék hongroise, peuplée d’une faible majorité de Magyars, visiblement très inquiets de voir arriver les alliés des Yougoslaves…
Au même moment, au centre, la 6th Armoured avance également. Vyvyan Evelegh et ses hommes ont atteint à nouveau le Danube à Bačka Palanka. Dans ce secteur du fleuve, tous les ponts ont hélas sauté, et les Australiens font immédiatement donner leurs pontonniers. Ceux-ci peuvent travailler sans trop d’opposition c’est vrai – mais ils sont aussi à l’extrémité d’une chaîne logistique particulièrement complexe, passant par l’Egypte, la Grèce, la Bulgarie avant de finir enfin en Serbie ! Le matériel, déjà rare, est donc surtout long à parvenir en ligne et d’autant plus précieux – il faudra un peu de temps pour passer. Heureusement, la ville n’est pas vraiment défendue pour l’heure, sinon par quelques bataillons de marche allemands renforcés (en théorie) de garnisons d’une Honvèd en pleine débâcle. Dès cette nuit, des escadrons de reconnaissance parviendront ainsi à passer, puis à dégager de quoi permettre la pose d’un pont de bateaux. Pas un Bailey hélas – 400 mètres à franchir, ce serait beaucoup pour ce genre de petit préfabriqué !
Côté Plunder-Left, l’Axe bat aussi franchement en retraite – juste à temps, en vérité. Il ne s’en est pas fallu de beaucoup pour que le LXVIII. Armee-Korps subisse le sort de son voisin ! La 162. ID (Johann Fortner) se retire vers Lipolist, tandis que la 100. Jäger (Willibald Utz) et le 914. StuG Abt (Major Friedrich Domeyer) évacuent vers Štitar sous la poussée de la 4th Indian (Arthur Holworthy). Ce n’est pas le chemin le plus direct, c’est vrai – mais il faut jouer collectif avec les camarades qui reculent plus au nord. Et de toute façon, Hellmuth Felmy ne peut pas faire de manœuvre plus complexe – il est déjà occupé à transférer son PC de Prnjavor vers Bijeljina, avant sans doute Brčko… Les Indiens entrent donc dans l’après-midi dans Šabac, haut-lieu du premier soulèvement serbe face aux Ottomans, conduit par Karađorđe – révolutionnaire parti de rien et dont un descendant règne aujourd’hui à Belgrade (1)… La ville, déjà littéralement massacrée par les Austro-Hongrois lors du premier conflit-mondial (la moitié de la population avait été exécutée !), n’a pas non plus oublié la féroce répression des insurrections déclenchées par les titistes en 41-42 (8 000 morts, 22 000 déportés) – elle ne prendra donc pas vraiment part à la bataille. Surtout que les Indiens du Commonwealth ne sont ni Croates, ni musulmans (en partie…), ni communistes ! Autant de raison pour les Serbes de se murer dans une indifférence étudiée, en attendant le retour des autorités royales légales.
Un peu au sud, plus rien n’arrête la 10th Armoured ! Horace L. Birks se glisse entre la 162. ID et la 173. ID (Heinrich von Behr). Celle-ci, appuyée par le 907. StuG – qui a fort à faire avec la 32th Army Tank Brigade – est en pleine retraite vers Loznica, par Zavlaka (laquelle est atteinte en fin de matinée). Profitant alors du chaos qui s’installe dans les lignes allemandes, Birks suit la route jusqu’aux ruines de la forteresse de Trajan (2), s’engage dans la vallée de la Leśnica en laissant le mont Cer sur sa droite et arrive finalement à fond de train dans la soirée à Donji Dobrić et Lipnički Šor – donc en vue de la Drina, entre Loznica et Prnjavor ! Le Britannique prévoit à présent de remonter vers le nord – la menace d’un encerclement au moins partiel du LXVIII. Armee-Korps se précise…
Enfin, à l’aile droite du LXVIII. AK, la 181. ID (Hermann Fischer) continue de décrocher d’Osečina vers Zavlaka, mollement poursuivie par la 51st Infantry Highland (Charles Bullen-Smith), entre Kamenica et Beomužević, et par la 6e Brigade de Montagne grecque (colonel Pafsanias Katsotas). Celle-ci commence à obliquer vers le sud-ouest depuis Pecka vers Bratunac, où la 164. ID (Karl-Heinz Lungerhausen) se retranche autant que possible. Fischer peut donc se croire sorti d’affaire, à l’abri des montagnes et courant vers la Drina… En fait, il s’approche surtout de la 10th Armoured, avec laquelle il risque fort de tomber nez-à-nez au détour d’un bosquet !

Opération Veritable – Celle dont personne ne voulait
Bosnie orientale
– La 3e Brigade de Montagne du colonel Thrasyvoulos Tsakalotos a fini de suivre la Lim. Elle arrive au petit bourg d’Ušće Lima, au confluent de la Lim et de la Drima – un lieu encore marqué par les affrontements récents entre SS et Partisans lors de Morgenstern. Laissant à la 192. DIA de Léon Jouffrault, qui le suit, le soin de tenir ce carrefour à hauteur de Međeđa (c’est nécessaire : plus haut dans la vallée, à Goražde se trouve la SS-Prinz Eugen !), Tsakalotos entreprend à présent de remonter à travers les montagnes vers Rogatica par Krvojevići, afin de se donner du champ en territoire convenant mieux à ses troupes. Dans l’esprit du Grec – et selon la conception de Veritable – il s’agit ici de faire jonction prochainement avec la 1ère DI de Vasileios Vrachnos, supposée redescendre de Vlasenica une fois Bratunac tombé. Et, au-delà, de menacer Sarajevo d’une sorte d’enveloppement sans aller se cogner aux bouchons ennemis.
C’est la conception d’une bonne partie de Veritable. Par ce genre de manœuvre, l’état-major de la 2e Armée française – donc celui du 18e GAA – imagine volontiers jouer une gigantesque partie d’échecs entre les montagnes, contraignant Allemands et Croates à se retirer peu à peu sans trop d’accrochages. Une stratégie évidente, car l’enjeu de la partie en question n’est prioritaire pour personne… Au surplus, la supériorité numérique alliée est vraiment trop marginale pour escompter faire autre chose en terrain aussi difficile.
Au passage, et même s’ils feignent de ne pas s’en rendre compte, les Alliés viennent aussi de dégager définitivement Višegrad du risque d’une éventuelle action nazie – libérant de fait trois corps de l’AVNOJ chargés de défendre le maréchal Tito contre toute velléité d’attenter à sa personne… La nouvelle, très peu diffusée (et pourtant !) ne fera évidemment pas plaisir à tout le monde – même si les Franco-Grecs s’en défendent, ce sont bien les contours d’une collaboration de fait entre eux et les Partisans qui se dessinent, dans l’ombre complice des monts des Balkans…
Quoiqu’il en soit, du côté du 2e Corps grec, la tactique alliée commence à porter ses fruits – après quelques rudes accrochages toutefois et en profitant surtout de la défaillance de certains. La 13e DI a passé Boljanići, sur le plateau de Pljevlja, et entreprend de descendre vers le Nord en direction de Goražde. Une tâche évidemment longue – on parle tout de même d’un dénivelé de 5 à 600 mètres ! Le tout par une petite route de montagne – le soir, les evzones en sont encore à défiler dans le bourg perdu de Metaljka, malgré l’aide des Partisans du 12e Corps “de Voïvodine” de Danilo Lekic “Spaniard”, dont tous les Alliés reconnaissent que sa présence est tout de même bien utile…
Dans la vallée de la Lim, la situation se décoince par contre un peu pour la 1ère Brigade Blindée grecque – comme un outil ferait céder une vieille serrure rouillée à force de sollicitations. Le Ier Corps oustachi est en pleine retraite : les 2e et 3e DI ne cherchent plus qu’à gagner du temps en se retirant vers Bijelo Polje, sous le couvert de la 1ère Division de Montagne (Matija Čanić) – laquelle affronte sur sa droite le 2e Corps “de Choc” de Peko Dapcevic dans la région de Kovren et Babaići. En conséquence, les blindés du colonel Socrates Demaratos vont vite – trop vite même pour certains, quelque peu échaudés par les événements de ces derniers jours. Ils arrivent ainsi en vue de Bijelo Polje dans la soirée.
Plus au sud, la situation du IIIe Corps oustachi d’Ivan Markuli reste catastrophique : son dispositif est désormais percé comme une écumoire et ses formations en pleine débâcle – sans même avoir beaucoup combattu ! La 5e DI de Georgios Stanotas s’empare ainsi définitivement de Berane, achevant de rejeter vers le nord une 2e Division de Montagne (Antun Prohask) avant tout préoccupée de se frayer un chemin vers Kruševo (au sud de Bijelo Polje) et vers le salut, avant qu’il ne soit trop tard. D’ailleurs, son chef de corps, Markuli, ne pense pas lui-même à autre chose ! Dans une véritable ambiance de déroute encore aggravée par les raids des Bucéphale des 335th et 336th (Hellenic) Squadrons, la soldatesque croate court le long de la Lim et passe Zaton au cœur de la nuit. Elle n’est plus qu’à 6 kilomètres de son objectif.
Quant à la 5e DI Bosanka du colonel Roman Domanic, c’est simple : elle doit fuir vers Kolašin, en passant un col à 1 564 mètres, sous les coups des baïonnettes du 4e RST – autant dire que tous n’y arriveront pas… Le colonel Roux ne se sent absolument pas en danger – tellement d’ailleurs qu’il néglige complètement la vallée de Plav (menant au secteur d’ Hani i Hotit, où la 3e DI polonaise affronte les légionnaires) pour se lancer à la poursuite de l’ennemi. D’évidence, pour lui, l’armée du NDH n’est pas un adversaire sérieux.

Opération Veritable – L’aigle et le damier
Monténégro
– Matraquages d’artillerie, bombardements aériens et assauts infructueux se succèdent sur l’isthme de Bar. Cependant, malgré les passages des Beaumont du 235th Wing et les obus des monitors alliés – lesquels tirent sans discontinuer et sans opposition de l’Adriatique sur les positions de la 392. ID – la Division Bleue s’accroche à ses rochers comme ses lointains homonymes et alliés espagnols face à la vague bolchevique. Et vu qu’en face, les fantassins de la 5e DI du général Bolesław Bronisław-Duch n’y mettent toujours qu’une énergie calculée, la ligne ne bouge finalement qu’assez peu : Bojke tombe, Kunje reste contestée – les Polonais sont encore à 12 kilomètres de Bar. Ils n’ont avancé que d’une dizaine de kilomètres en trois jours. Et encore, grâce à l’appui des chars du général Maczek, qui montent de plus en plus souvent en ligne !
Quant à la 3e DI de Zygmunt Piotr Bohusz-Szyszko, elle s’est – enfin ! – emparée d’Hani i Hotit et commence à descendre le long de la côte vers Drume, toujours efficacement contenue par la Division du Diable – la 369. ID de Marko Mesić gagne encore et toujours du temps.
Cette situation pénible qui se prolonge depuis déjà trois jours a des conséquences diverses.
A Pogdorica, Ivo Herenčić n’est décidément pas inquiet. Des troupes remontant d’Albanie ! De la seconde ligne ! Leurs efforts, d’évidence coûteux, s’éteindront probablement d’eux-mêmes. Par contre, l’effondrement du IIIe Corps dans le secteur de Berane ouvre une brèche sur son flanc. D’accord (pour une fois !) avec Johann Mickl, il envoie donc son unique réserve, la 373e DI Tigar divizija de Nikolaus Boicetta faire barrage dans la région de Kolašin. Cette solution trouvée, les avis divergent, par contre. Dans l’esprit du Croate, c’est une construction vouée à durer. Dans l’esprit de l’Allemand, au vu de l’évolution globale de la situation partout en Bosnie, c’est une rustine, avant une refonte plus globale du dispositif croato-allemand ! Et comme il n’est personne pour arbitrer…
A Athènes par contre, en dépit des efforts désespérés de la hiérarchie française de camoufler les faits – ou simplement de les présenter favorablement en mettant en valeur les réelles difficultés rencontrées ! – on n’est pas satisfait du tout du corps d’armée du général Władysław Albert Anders. D’évidence, ces Polonais mettent vraiment de la mauvaise volonté à jouer leur rôle dans Veritable, une mauvaise volonté proche de l’insubordination. La visite de ce général Kazimierz a été un désastre – un authentique désastre, n’ayant rien fait sinon ruiner le moral des troupes et encourager la sédition. Toutefois, Monty n’est pas un de ces bouchers de l’Autre Guerre, prompte à lancer les fantassins en avant sous les mitrailleuses à coups de menaces disciplinaires. Non – même s’il reste indifférent aux états d’âme ressentis dans les rangs polonais, le Britannique veut rester positif et encourager ses Slaves – du moins au début. D’abord en envoyant à Anders un message personnel : « Vous êtes le cul de la bouteille – tenez fermes pendant qu’on la remplit ! » – une métaphore un peu obscure qui n’arrangera rien ! Et surtout en dépêchant sur place une mission chargée d’aider les exilés à organiser leurs assauts…

Monténégrins – Opportunisme
Région de Veruša (nord du Monténégro)
– Sekula Drljević, commandant d’une armée nationale monténégrine visiblement aussi peu fiable pour ses alliés que pour ses concurrents – ce n’est pas feu Pavle Đurišić qui dira le contraire – a renoncé à servir le NDH et l’Axe. A présent terré dans les monts à l’ouest de Vermosh, observant à distance respectueuse son ex-ami Krsto Popović (dont les “Verts” ne sont pas si loin), l’ancien avocat devenu chef de guerre et homme politique fasciste pour pouvoir réaliser ses objectifs férocement anti-serbes, se demande s’il n’est pas tombé dans une impasse. Pour l’heure et faute de mieux, il entreprend donc de déplacer ses forces vers l’ouest, en direction des monts de Morakovo (à l’est de Nikšić), en profitant de ce que les lignes oustachies sont encore lâches. C’est que les Croates pourraient lui en vouloir !

Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine
– La 2e DI yougoslave de Mihailovitch entre dans Čenta – sous la protection des FARY et avec beaucoup moins de difficultés que prévu. De fait, son adversaire, le XXI. GAK, est désormais en cours de redéploiement sur une ligne Zabalj – Zrenjanin, afin de parer à la tentative d’enveloppement en cours par l’est et l’ouest tout en raccourcissant ses lignes pour maintenir la jonction avec la 20. Armee de Rendulic. Il est d’ailleurs prévu que le XXII. GAK se décale d’autant… Les Yougoslaves prennent donc pied au nord des canaux reliant Timiș et Danube, dans un secteur visiblement impropre à la poursuite.
Au nord, la 297. ID (Otto Gullmann) décroche elle aussi face à la 1ère Brigade Blindée (Milutin D.Stefanović) et à la 1ère DI (Krstic) dans le secteur de Farkaždin. Sans panique, et avec le soutien de la 1. Gebirgs (Hubert Lanz), qui fait l’intervalle. La Heer recule ainsi d’une petite dizaine de kilomètres vers le nord, et certaines unités se préparent à franchir la Bega à hauteur de Perlez. Par contre, dans la soirée, la 19. PanzerGrenadier Brandenburg quitte ses positions de Jarkovac et s’avance à hauteur de Kovačica, pour un raid destiné à gagner du temps. Elle espère profiter de la nuit pour ne pas être repérée tout de suite par l’aviation…

Opération Perun – Interdiction
Balkans
– Aujourd’hui, en plus des opérations d’appui au sol ou d’interdiction des voies de communication ennemies, l’Air-Marshall Tedder envoie les A-20 de la 19e EB Gascogne bombarder la gare de Nasice. Une fois encore, la Luftwaffe ne se montre pas – quant à la ZNDH, elle a d’autres soucis qu’une installation ferroviaire perdue en Slavonie, dans un secteur de tout façon contesté par les Partisans. Les NA-89 de la 9e EC (tchécoslovaque) ne rencontrent donc aucun adversaire. Un Havoc a tout de même un moteur endommagé par la DCA – il rejoindra sa base sans autre ennui.

Waffen-SS du HG E – Demandes d’aide
Sarajevo
– Pour l’Obergruppenführer Friedrich-Wilhelm Krüger, la journée a été plus pénible que d’habitude. Il a dû se préoccuper tout à la fois des conséquences de l’avance alliée vers Sarajevo (pas encore véritablement au contact de ses troupes, mais ça viendra) de la dernière défaillance croate en date et (surtout !) du regain d’activité terroriste sur ses arrières. Maudite soit l’insuffisance de tous ses prédécesseurs, ces incapables qui le contraignent à rattraper d’un seul coup des années d’erreur !
En leur état actuel, ses forces ne peuvent évidemment pas tout faire : affronter l’ennemi devant et les terroristes derrière, tout en tenant à bout de bras le NDH. Il ne dispose tout simplement pas des effectifs pour cela ! Sans vouloir voir qu’il agit en fait exactement comme les « incapables » qui ont occupé sa place avant lui, Krüger demande donc des renforts.
D’abord, il téléphone à l’Obergruppenführer Friedrich Rainer, commissaire du Reich pour le littoral adriatique nord-est : l’Oberbefehlshaber de sa région doit l’aider à résoudre la situation au sud de Rijeka, en mobilisant au moins un régiment de sa 173. ID (Franz Fehn) de ce côté. Fehn n’a rien à craindre : en cas de problème sur les rives de l’Adriatique, la 292. ID serait là pour faire face. Et en cas d’agitation dans l’intérieur, les SS slovènes, et notamment le Gruppenführer Odilo Globocnik, sont réputés pour leur efficacité…
Ceci fait, évidemment, Friedrich-Wilhelm Krüger sollicite Wewelsburg. Chacun sait depuis la mort de Phelps l’intérêt que le ReichsFührer-SS porte à la région…

AVNOJ – La lutte finale
Slovénie
– Les forces de l’AVNOJ dans cette région engagent leur campagne de harcèlement et de coupure des lignes de communication avec un zèle et un professionnalisme qui font véritablement plaisir à voir. De fait, Edvard Kardelj “Bevc” n’est pas comme certains autres camarades, un peu mollassons de nature, ou craignant la riposte adverse. Les deux corps d’armée sous son autorité ne tardent donc pas à faire parler d’eux… même s’ils restent pour l’heure à bonne distance des villes ! En face, les forces collaboratrices sont pour l’essentiel représentées par la Domobranci de l’Obergruppenführer Erwin Rösener, à défaut d’une SS-Freiwilligen Gebirgs-Brigade Karstjäger toujours pas arrivée. L’homme en noir se sait toutefois en supériorité numérique, avec de surcroît un léger avantage tactique : ses troupes aussi connaissent le terrain et bénéficient même de la complicité d’une partie de la population locale ! Et puis elles sont un peu mieux armées.
Les affrontements ne tardent donc pas à se succéder : dans les forêts au sud de Kočevje pour le 7e Corps de Rajko Tanasković, et à l’est de Celje, à hauteur de Šentjur et Dramlje surtout, pour le 9e Corps “Slovène” de Lado Ambrožič. Sans qu’il en sorte rien de décisif pour l’instant.
………
Croatie, entre Glina et Majur – L’activation du 10e Corps “de Zagreb” dans ce secteur pose un véritable souci aux forces d’Ante Pavelic. D’abord, par ce que l’action de l’AVNOJ, au cœur d’un état déjà fragile, constitue un énième problème pour un régime n’en manquant pourtant déjà pas – entre Bosnie, Monténégro et les événements de la région de Požega. Ensuite parce que le cœur de l’armée oustachie, qui était précisément supposé affronter la racaille collectiviste… se trouve sur la ligne de feu, face aux troupes alliées ! On mesure ici à quel point le débarquement des forces des Nations-Unies en Grèce, puis leur remontée vers le Danube, fait du tort au NDH. Sans cette désagréable occurrence, il aurait sans doute pu s’abriter derrière le parapluie allemand pour poursuivre ses crimes et ses manigances, peut-être jusqu’aux derniers jours du conflit ! Sombre cauchemar…
Pour l’état-major croate, eu égard aux précédents événements, notamment ceux survenus au mois de mars, demander à nouveau un soutien de Berlin serait évidemment une véritable humiliation, doublée d’une annulation du pauvre reliquat de crédibilité oustachie. Faute de mieux, et en l’absence de cette fameuse “division d’assaut” toujours en formation et que le Poglavnik semble bien vouloir conserver sous le coude, on en est donc réduit à solliciter la Garde nationale – la Hrvatsko Domobranstvo du Krilnik Ante Vokić. Le parent pauvre de l’armée du NDH, à force de prélèvements et de transferts. Il est donc à prévoir qu’elle se comporte pauvrement.
………
Croatie (nord), vallée de la Save – Du côté de Petar Drapšin, le 5e Corps oustachi continue de tenter de sécuriser les communications entre Zagreb et le front – sans vraiment y parvenir, faute d’effectifs. Confronté à des raids de forces de l’AVNOJ plus mobiles et (surtout) plus agressives, l’armée du NDH ne fait pas de progrès notables et ne tente pas pour l’heure de remonter à l’assaut des massifs entourant Požega. Les Allemands ne manqueront pas de persifler (discrètement) : « Au train où vont les choses, c’est le front qui les rejoindra avant qu’ils en aient fini ! » En réalité, l’armée oustachie – mal équipée, en sous-effectif et en proie à de graves problèmes de désertion dans ses formations les moins encadrées – en est réduite à la défensive dans le cadre d’opérations anti-Partisans sur son propre territoire…
Zagreb – Devant cette situation, le général Slavko Štancer se gratte la tête pour trouver des troupes à envoyer dans la Save. Surtout que, si l’allié allemand recule (et il semble bien reculer !), on se rapprocherait alors dangereusement du camp de Jasenovac. Ce dernier n’est d’ailleurs qu’à 40 kilomètres à vol d’oiseau de Nova Gradiška, reprise la veille à peine. L’Oustachi gratte donc les fonds de tiroir, à la recherche d’un bataillon, d’un groupe de conscrits, d’un détachement irrégulier qui aurait pu être oublié… De n’importe quoi en vérité. C’est ainsi que l’armée croate expédiera au front, au milieu d’un fatras de pseudo-unités, une section de trois automitrailleuses Samochód Pancerny WZ. 34 polonaises, capturées en 1939 et transférées depuis de service en service, jusqu’à aboutir dans un quelconque placard nazi dont le responsable local les a généreusement extraites pour en faire offrande aux Croates : Berlin sait prendre soin de ses alliés ! Les petits véhicules, à peine blindés et équipés d’un canon français de 37 mm Puteaux SA 18 même pas forcément approvisionné, partent donc vers la bataille. Une triste fin paraît inévitable – mais il faut dire que la ZNDH fait déjà voler des avions italiens ou français démodés depuis des années, alors…
………
Croatie (ouest), entre Gospić et Knin – Andrija Hebrang continue de sécuriser soigneusement les abords de sa vaste zone libérée sur les rivages de l’Adriatique. Les 4e et 11e Corps “Croates” de l’AVNOJ balayent les secteurs de Lapačko et Plitvice sans rencontrer beaucoup d’opposition. Ils en ont encore pour quelques jours à sécuriser villages et routes de la région. Par contre, au sud, la 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” (commandant Veljko Kovacevic, commissaire Josip Skočilić) progresse depuis Otočac en direction de Brinje, en repoussant les quelques sections déployées dans le coin par la 173. ID et censément renforcées par des Slovènes de la Domobranci – lesquels ne sont visiblement pas assez nombreux, ou pas assez motivés pour l’exercice. L’AVNOJ s’empare ainsi d’une foule de villages et ne tarde pas à contester le carrefour de Žuta Lokva. Encore un peu, et elle sera en position de descendre en force vers l’Adriatique pour menacer Rijeka… ou alors de remonter vers le nord et Karlovac.
………
Bosnie-Herzégovine – Après une nuit à rassembler munitions, véhicules et blessés légers, le 5e Corps “Bosniaque” quitte la région de Doboj pour prendre la route du nord, vers la vallée de la Save. Slavko Rodić, toujours blessé, laisse encore le plus gros de son commandement à son commissaire Velimir Stojnic – lequel est sensiblement moins expérimenté mais assez populaire auprès de la troupe et, au surplus, connaît bien la région (il est originaire de la Krajina bosniaque). Les deux officiers de l’AVNOJ ambitionnent de marcher sur Slavonski Brod, moins pour la prendre (ils n’en n’ont pas les moyens !) que pour menacer le Ve Corps oustachi et ainsi réduire la pression sur le 6e Corps “Slavon” du côté de Požega. Au pire, il sera toujours possible, ensuite, de rallier Petar Drapšin ou de se retrancher dans les marais de Jelaš.

AVNOJ – Un coup de main des Français
Tirana
– Au même moment, le général Sylvestre Audet – qui a bien vu les efforts de l’AVNOJ pour faciiter la progression de ses forces – demande officiellement à Athènes d’engager une nouvelle campagne de parachutages massifs à destination de l’AVNOJ. Certes, cela ne sera pas forcément bien vu par tous sur le plan politique, mais Alexandros Othonaios et Audet sont d’accord pour convenir que toute aide est la bienvenue pour s’extraire de ce bourbier au plus vite !
La réponse du 18e GAA, la réponse ne sera pas à la hauteur des espérances : toutes les énergies sont concentrées au bénéfice du ravitaillement de la 8th Army, Veritable n’est qu’une diversion et… les affaires de Belgrade restent encore trop pendantes à cette heure pour s’engager davantage (Londres ne précisera évidemment pas ses projets concernant les Serbes). Heureusement pour la 2e Armée française, Marseille – qui a reçu copie du message et de la réponse – sera plus réceptive. Le Détachement Spécial de Transport Opérationnel en Méditerranée Orientale a justement en stock une grande quantité de matériel destiné à Varsovie… et n’ayant jamais servi.

AVNOJ – Grandes ambitions
Une grotte au nord de Višegrad
– Le maréchal Tito est content : d’abord, parce que l’offensive alliée en Bosnie le dégage enfin de tout risque de défaite complète face aux SS de Krüger – et, quand on évoque le sujet, il s’agit aussi des risques qui concernent sa propre personne. Ensuite, et surtout, parce que cette même offensive étend naturellement le territoire où il pourra puiser de nouvelles forces. L’administration royale de Belgrade n’est visiblement pas en odeur de sainteté auprès des Occidentaux. Et de toute façon, elle ne dispose pas des ressources humaines qui auraient pu lui permettre de reprendre rapidement le contrôle des zones libérées. Sinon, les Français n’auraient pas inventé cette fameuse Délégation générale à l’administration des territoires yougoslaves libérés, faux-nez parfaitement évident d’un contrôle par leurs obligés des zones dont ils ont l’immédiate utilité.
Le champ est donc libre pour que l’AVNOJ se renforce et étende son ordre de bataille, en recrutant et mobilisant au fil de l’avance alliée – quitte pour cela à collaborer au moins provisoirement avec les royalistes grecs, les républicains français, voire même les réactionnaires catholiques polonais. Et Josip Broz a de l’appétit ! Son adjoint Milovan Đilas, manœuvrant avec adresse – mais sans pour autant travestir la réalité – estime qu’il est possible de revenir dans les deux mois aux effectifs d’avant l’offensive de février, voire même de les dépasser significativement si d’aventure les progrès alliés étaient meilleurs qu’attendu. A mots couverts, il serait carrément question d’un doublement !
Il est vrai qu’en Yougoslavie centrale, c’est à dire surtout en Bosnie, l’AVNOJ parait portée par un enthousiasme populaire de plus en plus sincère, grâce à ses luttes victorieuses contre les assassins de tout poil, ainsi qu’à sa tendance à se préoccuper au moins un peu du sort du quidam bosniaque. Un sujet que Zagreb comme Belgrade ont sans doute un peu perdu de vue, si tant est qu’il ait jamais eu la moindre importance à leurs yeux. Et les conséquencesen sont aujourd’hui visibles : pour un grand nombre de musulmans bosniaques lassés d’être les victimes collatérales des affrontements entre d’autres fractions du peuple yougoslave, comme pour certains Croates de Bosnie inquiets du sort funeste que leur promettent les zélateurs pan-serbes de Pierre II, Tito apparait de plus en plus comme un moindre mal. Et beaucoup paraissent donc maintenant prêts à le soutenir ouvertement, voire à le défendre les armes à la main s’il le faut !
Encore faut-il pour cela trouver le matériel nécessaire… Ne faisant pas complétement confiance aux Occidentaux, et mû par une sorte de réflexe familial, Tito s’est, dans un premier temps, naturellement tourné vers Moscou afin de compléter son arsenal, par l’intermédiaire de la mission Korneev. La Patrie des Travailleurs est désormais si puissante qu’elle a mis à genoux les Allemands en Pologne ! Ne peut-elle aider ses frères des Balkans ?
Sans doute Staline est-il disposé à consentir à quelques dons par parachutage… Mais ses bases sont encore loin, tandis que son attention reste portée ailleurs, notamment sur la Hongrie ou (peut-être bientôt) sur la Slovaquie. La Yougoslavie est donc, une fois encore, priée d’attendre. Idem pour les troupes encore en formation en URSS, dont le retour en Bosnie serait pourtant bien utile ! Quant à un appui des VVS, on n’en parlera même pas. Autant pour les grandioses projets internationalistes de Tito… Il faudra donc improviser, comme d’habitude, en mendiant aux capitalistes la corde qui les pendra demain.
Enfin… Si l’AVNOJ n’a toujours pas d’aviation, elle possède par contre un premier peloton blindé, comprenant quatre FT-17 sortis des stocks royaux (et oubliés par les Allemands), un R-35 de même origine et deux Somua S-35 utilisés par les SS, endommagés puis abandonnés avant d’être plus ou moins rafistolés.
A l’heure actuelle, les forces titistes envisagent néanmoins de former au moins trois nouvelles divisions – les 41e et 42e Divisions “Macédoniennes”, composés de ralliés de l’ASNOM (environ 8 000 hommes ont fui l’arrivée des forces royalistes en novembre 1943, avec leurs familles – c’est bien assez, selon les standards de l’AVNOJ) et la 43e Division “Istrienne” (une fois que les opérations en Adriatique se seront acheminées vers leur inévitable conclusion positive, grâce à l’énergie de ce cher Hebrang). Dans le fond, Tito comme son état-major ne se font pas d’illusions – ces unités n’auront vraisemblablement pas une existence opérationnelle avant un certain temps. Mais comme souvent en politique, l’important est aussi dans le symbole : en armant des Macédoniens, le Comité national de libération de la Yougoslavie prouve qu’il se soucie de toutes les composantes de la patrie des Slaves du Sud – et surtout qu’il n’en privilégie aucune. Unis dans l’effort pour la lutte anti-fasciste ! C’est d’ailleurs pour cela qu’on n’a pas encore décidé de reformer les 23e et 24e Divisions. Celles-ci sont en effet supposées être composées de Serbes, qu’il faudra bien arracher un jour à la conscription royaliste…
Quoiqu’il en soit, la nouvelle Yougoslavie égalitaire et fédérale se construit dès à présent, difficilement et par les armes.


Notes
1- Les Karađorđević se sont imposés après une longue lutte contre les Obrenović, portés au pouvoir par le second soulèvement anti-turc. Ceux-ci étaient réputés proches des Habsbourg alors que les Karađorđević étaient soutenus par les tsars de Russie.
2- Le mythique empereur slave, rien à voir avec le Trajan romain…
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