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Asie-Pacifique, Avril 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 14, 2022 15:17    Sujet du message: Asie-Pacifique, Avril 1944 Répondre en citant

1er avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Le génie de la 19e Division Indienne renforce le pont entre Tamok et Lutlut puis s’attelle à la tache à Kyaukpa, où le contact est enfin pris avec les Chindits de Wingate. En attendant, les dix LCT qui ont participé à Horseman et qui assuraient depuis la chaîne logistique sur la Tavoy permettront la traversée à ce niveau. Le reste de la division contourne la langue de terre et atteint Kywegu en soirée.


2 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Les premiers éléments de la 8e Division Indienne traversent le pont de bateaux monté à Kyaukpa pour atteindre officiellement Mergui et relayer les Chindits des 77e et 111e Brigades. La 19e Indienne, elle, continue sur sa lancée ; en fin de journée, elle a dépassé Sindin.

Opération Fauconneau / Falconet
Rangoon
– Extrait du rapport final du colonel d’Astier de la Vigerie
« En dix-huit mois, la mission Fauconneau/Falconet a remporté de nombreux succès, même si, comme nous le verrons, le concept est largement perfectible.
1 – Renseignement : l’obtention de renseignements utiles était la raison première de la mission et son succès a dépassé les objectifs fixés. Non seulement les équipes ont pu obtenir des mises à jour régulières de l’ordre de bataille ennemi et des informations sur ses dispositifs défensifs, mais les informations sur le moral de la population et ses relations avec l’occupant ont été d’un grand intérêt. L’idée d’utiliser des autochtones ayant des liens familiaux dans le secteur pour leur servir de couverture s’est révélée très pertinente.
2 – Contact avec les mouvements de résistance : c’était une autre bonne idée, dans la mesure où le terreau social a répondu favorablement. Cependant, à trop cloisonner pour ne pas compromettre notre présence, certains patriotes, n’étant pas encadrés sérieusement, se sont retrouvés en position “sauvage”, ce qui s’est avéré contre-productif. Par exemple, les premières attaques contre des postes de garde au nord, il y a environ huit mois, auraient pu se retourner contre nous si les Japonais avaient mené une enquête sérieuse et méthodique, additionnant les indices quant à la provenance des armes utilisées. Et la révolte de Kye, menée trop tôt par des éléments impatients d’en découdre (ou exaspérés) a conduit à un massacre d’innocents. Il faut donc savoir encadrer les mouvements et c’est à ce niveau que doivent se faire les cloisonnements.
3 – Préparation de l’opération Hatchet et intendance : les caches et dépôts clandestins destinés à soutenir la progression d’une colonne ont peu servi. Il faut dire que le concept de base, en deux ans, avait largement évolué : au départ, il s’agissait de soutenir une colonne en pénétration profonde sans ravitaillement, et c’est finalement une base arrière ravitaillée par air qui s’est installée. Là encore, l’idée d’utiliser des autochtones avec une couverture fut excellente puisqu’en un an, les hommes de la section du génie birmane qui nous ont rejoints et se sont installés sur place en tant que paysans ont défriché (à la main) et préparé un véritable aérodrome qui a permis les opérations de la 3e Division Indienne.
Il est heureux que les idées de base aient évolué, car notre stratégie de l’écureuil était une préparation trop ou pas assez forte. Trop car la quantité d’armes, de munitions et de matériels enterrés aurait permis de soutenir les mouvements de Résistance dès avant l’offensive ; je ne serais pas étonné que l’on retrouve encore dans plusieurs années des caches de matériel. Pas assez puisqu’elle n’aurait pu suffire à entretenir une force susceptible d’intervenir sur les arrières des Japonais ; il a fallu pour cela que le concept évolue vers une vraie base arrière fortifiée. »

………
Journal de Jean-Marie de Beaucorps
« Nous avons fait aujourd’hui la jonction avec les troupes alliées venues du nord. Dans quelques jours je dormirai dans un vrai lit, avec de vrais draps, pour la première fois depuis presque deux ans. Je ne sais pas encore ce que je vais faire ensuite. Vais-je demander à rentrer en France ? Mais le temps d’arriver, la guerre sera peut-être finie ! Vais demander à aller en Indochine ? Ça barde là-bas et ce serait une occasion d’utiliser ma connaissance de la jungle dans un cadre français. A moins de prolonger l’aventure en Malaisie avec les Fauconneaux (je préfère ce nom à “2e Groupement de Choc”) ? Les Anglais nous feront bien une place !
Le colonel a sans doute la réponse – en attendant, il nous a promis un gueuleton d’anthologie dans le meilleur restaurant de Rangoon. Je pense qu’à l’apéro, il y aura un moment de silence pour repenser à tout ce que nous avons vécu, mes frères Fauconneaux et moi, depuis deux ans. »


Guerre sino-japonaise
Naissance de la XXth Air Force
Washington
– C’est à l’initiative du général Arnold qu’est créée officiellement la XXth Air Force. Arnold en assumera personnellement le commandement à l’échelon du Joint Chief of Staff et le général Kenneth Wolfe assurera le commandement opérationnel. Cet inhabituel organigramme a deux raisons. La première, c’est que la XXth AF a une vocation exclusivement stratégique : frapper le Japon même, laissant à d’autres unités les opérations tactiques sur le théâtre asiatique – Arnold veut donc éviter que Wedemeyer ou Chennault (et plus encore Tchang !) aient la moindre autorité sur cette nouvelle unité. La deuxième, c’est qu’elle va être équipée d’un tout nouveau bombardier lourd, de conception révolutionnaire, le Boeing B-29 Superfortress ! Cet appareil est capable d’emporter une charge de bombes supérieure à tout autre avion existant, à une altitude et à une vitesse qui le mettent à peu près à l’abri de tout risque d’interception. Sa mise au point a cependant été particulièrement longue et laborieuse, à tel point qu’il a été décidé de ne pas prévoir son déploiement en Europe, où la victoire est attendue dans les mois qui viennent. C’est uniquement contre le Japon qu’il va être employé, dans le cadre d’un programme de bombardement stratégique à outrance dont on espère qu’il mettra à genoux l’Empire du Soleil Levant.
Quelques-uns, parmi les généraux américains les plus hauts gradés, savent que le B-29 est aussi capable de servir de vecteur à une bombe “spéciale” en cours de développement sur un site ultra-secret au fin fond du Nouveau-Mexique, une bombe qui relèguera au rang de pétard les plus puissants explosifs connus… Et même si cette future arme n’existe pas encore, la Superfortress peut d’ores et déjà emporter dans ses soutes jusqu’à neuf tonnes de charge utile, de quoi faire pleuvoir le fer et le feu sur les orgueilleuses cités nippones. Arnold baptise ce beau programme “opération Matterhorn”. Il confie sa mise en œuvre au 58th Bombardment Wing (Very Heavy) de la XXth Air Force.


3 avril
Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– A la tombée de la nuit, la 130e Division japonaise lance une nouvelle contre-attaque. Cette fois, elle tente de prendre en tenaille les éléments avancés de la 52e Armée chinoise dans l’est de la vieille ville. Bénéficiant du soutien de l’artillerie des destroyers Tsuga et Kaii, les soldats japonais parviennent à reprendre plusieurs pâtés de maisons. La situation est d’autant plus préoccupante pour les forces chinoises que le ravitaillement en munitions a pris du retard. Leur propre artillerie ne peut offrir qu’un soutien parcimonieux et il arrive à l’infanterie d’être à court de balles et de grenades. Néanmoins, les hommes n’hésitent pas à se battre à l’arme blanche, mode de combat que les Nippons sont loin d’éviter. La situation reste longtemps indécise mais finalement, en fin de nuit, les Japonais battent en retraite.


4 avril
Campagne d’Indochine
Le Laos nouveau est en gestation
Vientiane (Laos)
– Une importante réunion a lieu pour officialiser les décisions prises depuis la Libération. Elle est présidée par le prince Phtetsarah Rattanavongsa (fondateur des Lao Issara et ancien Premier ministre du roi Sisavang Vong). Est également présent son demi-frère, le Premier ministre Souphanouvong (le “Prince Rouge”), qui lui avait succédé à la tête des Lao Issara au moment de l’invasion japonaise et dirige depuis leur dissolution le parti Pathet Lao (Pays des Laos) qui lui a succédé. Le chef de l’opposition, le prince Souvanna Phouma, représente le parti de droite neutraliste (indépendantiste et nationaliste modéré) – incidemment, c’est aussi le frère cadet de Phtetsarah Rattanavongsa. Ont également été invités Jean Sainteny, en tant que commissaire de la République française pour l’Indochine, Pham Van Dong (le bras droit d’Hô Chi-Minh) pour le Front National Uni du Vietnam, et l’ambassadeur de la Thaïlande au Laos. Le bâtiment où se déroule la conférence est pour l’occasion abondamment pavoisé. Le drapeau royal rouge orné de l’éléphant blanc est à la place d’honneur, mais il est encadré du drapeau rouge et bleu orné d’un disque blanc du Pathet Lao et du tricolore de la République française…
C’est justement à Jean Sainteny, en tant que représentant de la puissance encore tutélaire, que revient l’honneur d’ouvrir les débats. Après un bref résumé des événements des derniers mois, le commissaire de la République entre dans le vif du sujet. La France, par la signature de son président du Conseil, le général de Gaulle, a validé le projet de modification de la constitution du royaume du Laos que le Premier ministre Souphanouvong lui avait soumis. Le titre de vice-roi, aboli en 1920, est rétabli au profit du prince Phtetsarah Rattanavongsa, à condition que ce dernier renonce à ses droits sur la couronne. Les attributions royales sont élargies. Au sein de l’administration du royaume, une politique de remplacement des fonctionnaires vietnamiens par des Laotiens sera poursuivie pour permettre une plus grande autonomie du protectorat. Toutes ces décisions confirment la politique poursuivie avant-guerre par le prince Phtetsarah Rattanavongsa.
Le nouveau vice-roi prend la parole à son tour. « L’occupation étrangère, déclare-t-il, a été durement ressentie au Laos, non seulement du fait de la perte de territoires, mais aussi en raison de l’aliénation culturelle engagée par les ennemis du peuple lao. » Plus d’un regard se tourne vers l’ambassadeur de Thaïlande, mais ce dernier reste figé dans une attitude d’attention polie, comme si cette pique ne le concernait pas. Le prince continue : « Après de durs combats, les Japonais ont été chassés de nos terres. Il convient à présent de soigner les dégâts insidieux infligés par leur propagande. L’ennemi s’est attaqué à notre culture, la rabaissant pour que nous nous sentions inférieurs. Je propose donc la fondation d’une association culturelle que nous nommerons Lao Nhay, afin de promouvoir l’identité lao et son développement dans notre pays. »
Après quelques applaudissements, c’est au Premier ministre Souphanouvong d’intervenir. Contrairement aux intervenants précédents, le chef du Pathet Lao pose sur le pupitre une liasse de documents. Il ne parlera pas de mémoire, mais lira un programme en dix-huit points.
………
En premier lieu, les principales factions du pays s’uniront sous le nom de Conseil Politique National de Coalisation (CPNC). Ce conseil aura pour charge d’inspirer le Gouvernement Provisoire d’Union Nationale (GPUN) qui assurera la direction du Laos jusqu’à la tenue d’élections démocratiques.
Afin d’éviter l’usage de la violence et toute tentative de coup d’état, Vientiane (la capitale administrative) et Luang Prabang (la capitale royale) seront neutralisées. Les bandes armées des différentes factions n’auront pas le droit d’y entrer. La police thaïlandaise (!) sera chargée de maintenir l’ordre dans ces deux villes, le gouvernement de Bangkok recevant en échange une compensation financière versée par le GPUN.
Le Prince Rouge évoque ensuite la poursuite de la guerre contre le Japon, mais il n’oublie pas la politique intérieure. Il faut contrôler le prix du riz, qui a quintuplé depuis le début de la guerre – les manifestations contre la vie chère qui se multiplient dans le pays. Une “université populaire” sera créée à Vientiane pour rééduquer les fonctionnaires les plus corrompus [Cette université sera bientôt déplacée à Sam-Neua (en zone Pathet Lao), parce que les fonctionnaires de la capitale administrative se révéleront aussi corrompus que ceux qu’ils étaient chargés de rééduquer.]. La création du “Mouvement des 21 Organisations” permettra de fédérer les mouvements politiques et syndicaux proches du Pathet Lao regroupant fonctionnaires, professeurs, étudiants, paysans et militaires. Ses membres auront la charge de former politiquement la population lors de réunions organisées dans les pagodes, les bureaux et les casernes.
Le modèle conseil-gouvernement est étendu au niveau national avec la formation dans chaque village, district et province d’un “conseil d’administration” comprenant des représentants de toutes les classes sociales. Ceux-ci élisent à leur tour un “comité exécutif” en charge de la gestion administrative, dont ils orientent et contrôlent l’action.
………
En résumé, le programme en 18 points cherche à éveiller la conscience politique de la population, pour lui faire comprendre la nécessité de remplacer l’ancienne administration corrompue par des Laotiens honnêtes. Le but final est l’indépendance du pays et l’élection d’un gouvernement démocratique.
Le Premier ministre Souphanouvong termine son intervention en présentant la composition de son gouvernement remanié, dit « d’union nationale » bien que les quatre cinquièmes des portefeuilles reviennent au Pathet Lao.
Ce gouvernement ne comprend qu’un seul Français, Charles Rochet, qui reprend le poste de ministre de l’Education qu’il occupait déjà avant l’invasion japonaise. Ses efforts pour la revitalisation de la culture laotienne et son soutien à l’association culturelle Lao Nhay le rendront incontournable. Toutefois, il s’opposera au vice-roi en proposant l’introduction de l’alphabet latin pour retranscrire le laotien.


5 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– La 19e Division Indienne atteint Wachaung, où les généraux Wynford-Rees et Wingate se rencontrent et se congratulent. L’ennemi semble avoir disparu, il semble qu’il aurait évacué la Birmanie. Le chef des Chindits met ses hommes à la disposition de la 19e Indienne pour faciliter sa progression.
En fin de journée, la 251e Brigade Blindée Indienne arrive à Wachaung après avoir refait le plein de ses chars à Mergui, où le premier cargo allié depuis deux ans décharge du ravitaillement.

Guerre sino-japonaise
Pure Lumière
Canton
– Dans les quartiers de Canton libérés de l’occupant japonais, la journée de la Pure Lumière est fêtée avec une ferveur reconnaissante. Au cours de ce festival dont les origines remontent à la Période des Printemps et des Automnes, au premier millénaire avant notre ère, les familles se rendent sur les tombes de leurs aïeux pour brûler rituellement des offrandes destinées aux mânes des défunts. Mais cette année, personne ne fait éclater les traditionnels pétards : tout le monde a plus que son compte de détonations… Pour les soldats, c’est l’occasion de faire le deuil de leurs nombreux camarades tombés au combat depuis le début de l’opération.
Quant à Li Zongren et son état-major, ils décident de s’offrir un moment de répit. Pour cela, ils se rendent très officiellement dans une maison de plaisirs réputée de Xiguan. Les pensionnaires de l’établissement se répandent en démonstrations de gratitude, expliquant qu’elles ont été forcées durant toute l’Occupation de recevoir des officiers japonais, qui exigeaient d’elles des prestations gratuites sous peine d’être envoyées rejoindre les « femmes de réconfort » des sordides bordels gérés par l’armée japonaise à l’intention des hommes de troupe. Le temps d’une trop brève pause, les généraux chinois oublient les horreurs de la guerre en compagnie des jeunes courtisanes qui leur servent à boire, portent délicatement à leur bouche des mets raffinés et accompagnent les plus entreprenants vers les chambres à l’étage. La plus jolie d’entre elles sort un pipa [Instrument à cordes pincées proche du luth.] de son étui, et, l’ayant accordé, entonne de sa voix aiguë un chant inspiré des vers du poète Du Mu, qui vécut sous la dynastie Tang :
« C’est le jour des défunts
La pluie ne cesse de tomber
Ceux qui sont loin de chez eux
Ont d’autant plus de tristesse
Où trouverai-je une auberge ?
Un jeune berger indique un village
Dissimulé par des fleurs d’abricotier… »

Et tous ces hommes de guerre, endurcis par des années de combats sans merci, laissent couler leurs larmes…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 14, 2022 15:20    Sujet du message: Répondre en citant

Vous aurez reconnu, selon les théâtres, Patzekiller ++, Hendryk, Anaxagore…
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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John92



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MessagePosté le: Jeu Avr 14, 2022 16:46    Sujet du message: Répondre en citant

...
Le génie de la 19e Division Indienne renforce le pont entre Tamok et Lutlut puis s’attelle à la tache (tâche)à Kyaukpa, où le contact est enfin pris avec les Chindits de Wingate. En attendant, les dix LCT qui ont participé à Horseman et qui assuraient depuis la chaîne logistique sur la Tavoy permettront la traversée à ce niveau. Le reste de la division contourne la langue de terre et atteint Kywegu en soirée.


2 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Les premiers éléments de la 8e Division Indienne traversent le pont de bateaux monté à Kyaukpa pour atteindre officiellement Mergui et relayer les Chindits des 77e et 111e Brigades. La 19e Indienne, elle, continue sur sa lancée ; en fin de journée, elle a dépassé Sindin.
...
« ...
3 – Préparation de l’opération Hatchet et intendance : les caches et dépôts clandestins destinés à
soutenir la progression d’une colonne ont peu servi. Il faut dire que le concept de base, en deux ans, avait largement évolué : au départ, il s’agissait de soutenir une colonne en pénétration profonde sans ravitaillement, et c’est finalement une base arrière ravitaillée par air qui s’est installée. Là encore, l’idée d’utiliser des autochtones avec une couverture fut excellente puisqu’en un an, les hommes de la section du génie birmane qui nous ont rejoints et se sont installés sur place en tant que paysans ont défriché (à la main) et préparé un véritable aérodrome qui a permis les opérations de la 3e Division Indienne.
Il est heureux que les idées de base aient évolué, car notre stratégie de l’écureuil était une
préparation trop ou pas assez forte.
...»


« ...
Vais-je demander à rentrer en France ? Mais le temps d’arriver, la guerre sera peut-être finie !
Vais (Vais-je ?) demander à aller en Indochine ?
...»

...
– A la tombée de la nuit, la 130e Division japonaise lance une nouvelle contre-attaque. Cette fois, elle tente de prendre en tenaille les éléments avancés de la 52e Armée chinoise dans l’est de la vieille ville. Bénéficiant du soutien de l’artillerie des destroyers Tsuga et Kaii, les soldats japonais (nippons ?arf déjà utilisé plus bas. Du mikado alors ?) parviennent à reprendre plusieurs pâtés de maisons. La situation est d’autant plus préoccupante pour les forces chinoises que le ravitaillement en munitions a pris du retard. Leur propre artillerie ne peut offrir qu’un soutien (appui ?) parcimonieux et il arrive à l’infanterie d’être à court de balles et de grenades.
...
Est également présent son demi-frère, le Premier ministre Souphanouvong (le “Prince Rouge”), qui lui avait succédé à la tête des Lao Issara au moment de l’invasion japonaise et dirige depuis leur dissolution le parti Pathet Lao (Pays des Laos) qui lui a succédé .
...
Les attributions royales sont élargies. Au sein de l’administration du royaume, une politique de remplacement des fonctionnaires vietnamiens par des Laotiens sera poursuivie pour permettre une plus grande autonomie du protectorat. Toutes ces décisions confirment la politique poursuivie avant-guerre par le prince Phtetsarah Rattanavongsa.
...
Après quelques applaudissements, c’est au Premier ministre Souphanouvong d’intervenir . Contrairement aux intervenants précédents, le chef du Pathet Lao pose sur le pupitre une liasse de documents. Il ne parlera pas de mémoire, mais lira un programme en dix-huit points.

Le Prince Rouge évoque ensuite la poursuite de la guerre contre le Japon, mais il n’oublie pas la politique intérieure. Il faut contrôler le prix du riz, qui a quintuplé depuis le début de la guerre – les manifestations contre la vie chère qui se multiplient dans le pays.
...
Le but final est l’indépendance du pays et l’élection d’un gouvernement (en plus de la répétiton, question : un gouvernement peut-il être élu ; n’est-il pas nommé par une représentation élue ?) démocratique.
Le Premier ministre Souphanouvong termine son intervention en présentant la composition de son gouvernement remanié, dit « d’union nationale » bien que les quatre cinquièmes des portefeuilles reviennent au Pathet Lao.
...
En fin de journée, la 251e Brigade Blindée Indienne arrive à Wachaung après avoir refait le plein de ses chars à Mergui, où le premier cargo allié depuis deux ans décharge du ravitaillement (je trouve la formulation peu claire - où un cargo allié, le premier depuis deux ans, décharge ...).
...
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Ne pas confondre facilité et simplicité
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Avr 14, 2022 19:47    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
il nous a promis un gueuleton d’anthologie dans le meilleur restaurant de Rangoon


J'ai un peu de mal à me représenter - c'est quoi par curiosité ?
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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FREGATON



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MessagePosté le: Jeu Avr 14, 2022 20:18    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Citation:
il nous a promis un gueuleton d’anthologie dans le meilleur restaurant de Rangoon


J'ai un peu de mal à me représenter - c'est quoi par curiosité ?

Bah je ne saurais dire, à Singapour c'est forcement une soirée au "Raffles" mais à Rangoon peut-être un diner au "The Strand"?
_________________
La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Avr 14, 2022 20:26    Sujet du message: Re: Asie-Pacifique, Avril 1944 Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Dans quelques jours je dormirai dans un vrai lit, avec de vrais draps, pour la première fois depuis presque deux ans.

Je repense à la BD La Nueve, sur les volontaires espagnols de la France libre, dont le personnage principal, après des années à dormir à la dure, n'arrive plus à trouver le sommeil dans un vrai lit... alors il s'allonge sur le plancher.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 10:10    Sujet du message: Répondre en citant

6 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– La 19e Division Indienne se remet en marche et atteint Karathuri, où l’attend la 14e Brigade des Chindits. Chemin faisant, elle occupe l’ex premier aérodrome de la zone de défense aérienne de Kampong Ulu, Taugkamet, où était basé le 103e Sentai avant son départ pour la Malaisie. Aussitôt, le génie de la division, aidé des sapeurs de l’Air Commando, se met au travail pour réparer la piste.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Après un long pilonnage d’artillerie, le général Liao lance de nouveau sa 22e Division à l’assaut de l’île Shamian, mais malgré leur entêtement, les soldats chinois sont encore une fois repoussés avec de lourdes pertes. Les défenseurs ont détruit le pont dit « des Anglais » (puisqu’il donne sur la partie de l’île concédée aux Britanniques) mais continuent de recevoir des renforts par le pont dit « des Français » (puisqu’il donne sur la partie concédée aux Français), qui communique avec la ville nouvelle, encore tenue par les Japonais.


7 avril
Campagne d’Indochine
Coutumes locales
Mangrove de Can Giao (Cochinchine, à 40 km de Saigon)
– La mangrove est un enfer végétal pourrissant. Mais pour le “major” Jean-Louis Delayen, il s’agit d’un cadre habituel, un lieu aussi ordinaire que les trottoirs de Paname pour un Parisien. Pourtant, il a le dos moite, couvert d’une transpiration glacée qui ne doit rien à la température tropicale.
C’est que Delayen n’est pas seul : il se trouve sur une jonque, entouré d’une cinquantaine de Binh Xuyen. Des malfrats de la pire espèce, pirates, bandits de grand chemin, proxénètes, vendeurs d’opium, formant la cour du “général” Bai Vien à qui la jonque sert de QG flottant. En guise de distraction, on vient de faire débarquer, grâce à une petite embarcation, deux prisonniers solidement encadrés par des brutes armées. Tandis qu’on les ligote aux troncs de deux palétuviers émergeant de l’eau saumâtre, les prisonniers hurlent des supplications terrifiées. Delayen se tourne vers Bai Vien.
– Qui sont ces hommes, mon général ?
– Des traîtres, major.
– Qu’allez-vous leur faire ?

Dans la pénombre nocturne, à la médiocre lumière de quelques torches fuligineuses, il ne faut pas beaucoup d’imagination pour qualifier de démoniaque le sourire du maître de la Triade.
– La mangrove est un milieu particulier, une forêt dans l’estuaire d’une rivière. L’eau y est salée, mais moins qu’en mer. Quant aux habitants…
Le cri d’un des prisonniers fait frémir Delayen. L’homme se débat violemment… Son voisin hurle à son tour, de douleur et de terreur.
– Ah… voilà nos invités. À marée basse, les crabes remontent dans la mangrove et s’installent sur les palétuviers. Tu sais, ce sont des nécrophages. Ils s’en prennent aux cadavres pris dans les racines… mais aussi à tout ce qui est immobilisé, mort ou vivant.
Jean-Louis Delayen met la main sur le Colt à sa ceinture, mais plus de dix hommes armés suivent le moindre de ses gestes… Tenter d’achever les prisonniers serait un suicide ! Sont-ils vraiment des traîtres ? Où n’est-ce qu’une mascarade sanglante imaginée pour le terrifier, un avertissement pour le rappeler à ses engagements ? Delayen chasse la colère de son esprit – même s’il est difficile de faire abstraction des cris des deux malheureux et des rires de leurs bourreaux.
– Vous avez reçu les munitions, quand allez-vous organiser la libération de Poulo Condore ?
– Je n’ai pas encore reçu les mitraillettes promises.

Le “major” Delayen a envie de démolir le sinistre individu qui lui faisait face, de lui enfoncer le nez à coups de poing, de lui briser les dents et la mâchoire, de l’entendre couiner – le fantasme vire à l’hallucination. Les poings serrés à s’en blanchir les articulations, le chef du commando Pirate se contient.
– Il n’y a pas actuellement de Thompson disponibles en Indochine. Nous avons demandé en Birmanie, mais l’approvisionnement de la Chine est actuellement prioritaire. Ici, en Cochinchine, vous êtes au bout d’une très longue chaîne logistique, prenez-en conscience. Nous vous avons obtenu une grande faveur : le sous-marin Casabianca doit bientôt quitter l’Australie, il apportera ce que vous avez demandé.
– Et quand cela ?
– Dès que possible ! Un sous-marin, ce n’est pas un avion ! Vous les aurez vos mitraillettes, général. Pour vous, le
Casabianca va traverser des mers tenues par l’ennemi et où patrouillent des navires hostiles, rien que pour vous ! Vous savez où se trouve l’Australie, général ? Vous pouvez compter toutes les îles tenues par les Japonais entre le Vietnam et l’Australie ?
– Ne le prends pas ainsi, petite tête !
– Général Bai Vien, j’ai répondu à votre question, la moindre des politesses serait de répondre à celle que je vous ai posée.

Les deux hommes s’affrontent du regard. Delayen est seul et sans allié sur cette jonque. Sans autre allié, du moins, que la cupidité de son interlocuteur. Bai Vien sourit.
– N’ayez crainte, j’ai déjà rassemblé mes troupes et mes navires. Donnez-moi encore quatre ou cinq jours et nous pourrons commencer.
– Cinq jours ?

Bai Vien hésite un instant.
– Oui, cinq jours. Et de votre côté ?
– Nous serons prêts quand vous le serez.

………
Jean-Louis Delayen rentre à Saigon à trois heures du matin. Comme d’habitude, l’adjudant “Roger” attend son jeune chef sans montrer d’impatience. Rageur, Delayen vide son sac.
– Il y a des salauds sur cette Terre… des crevures irrécupérables.
– Oui, mon lieutenant.
– Je rêve d’un grand trou où on les enterrerait tous, et on oublierait où !
– Je suis certain que nos gars adoreraient le creuser.
– Ah ! Oublie ça…
– C’était dur, mon lieutenant ?

Delayen raconte rapidement. Roger hoche la tête tout du long sans mot dire.
– Bon, on a des ordres… et le pseudo-général Bai Vien est une petite pointure, comparé à Hitler ou à Hiro-Hito. Un artisan du massacre qui tient une petite boutique et qui n’aura droit qu’à une note de bas de page dans les livres d’Histoire.
Bon Dieu, mais qu’est-ce que ce salopard va faire avec cent Thompson ? C’est avec ce type d’arme qu’Al Capone a organisé le massacre de la Saint-Valentin. Aucun doute : la célèbre mitraillette va bientôt faire de nouvelles victimes, vietnamiennes cette fois.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– A force d’obstination et de sacrifices, les 5e et 52e Armées finissent par faire leur jonction dans le centre de la vieille ville, coupant en deux les forces japonaises : celles-ci tiennent encore les quartiers nord de Canton intra-muros, ainsi que la ville nouvelle le long du fleuve. Dans la zone libérée par la 52e Armée se trouve un bâtiment dans lequel des partisans résistent depuis près d’un mois à toutes les tentatives japonaises de les déloger !
………
Les officines de prêt sur gages sont, dans le sud de la Chine en général et à Canton en particulier, une institution multiséculaire. De tout temps, quand un Chinois avait un besoin urgent de liquidités, le moyen le plus rapide d’en obtenir était de placer quelque bien en gage chez un prêteur. A la fin du XIXe siècle, Canton comptait plus de 400 commerces de ce type, regroupés en de puissantes guildes ; leur nombre a diminué avec l’implantation des banques modernes, mais chaque quartier en compte encore quelques-uns. Leur symbole est une chauve-souris tenant une pièce d’or, car cette créature mal perçue en Occident est considérée comme porte-bonheur dans l’Empire du Milieu, son nom se prononçant comme le caractère « bonne fortune ».
Or, pour entreposer les biens en lieu sûr, de nombreux prêteurs se sont fait bâtir d’imposantes tours aux murs épais et aux fenêtres étroites, à l’épreuve du feu, des inondations et bien sûr des voleurs. Certaines sont de véritables donjons comportant jusqu’à sept étages, qui s’élèvent çà et là au cœur de la vieille ville. Les insurgés ont réussi à prendre les Japonais de court et à se retrancher dans plusieurs d’entre eux, les transformant en blockhaus. Les Nippons n’ont pu les reprendre qu’en utilisant l’artillerie et au prix de lourdes pertes, et quand l’attaque de la ville par l’armée régulière chinoise a interrompu les assauts japonais, l’un des entrepôts tenus par les Partisans résistait encore, formant une irritante poche au milieu de la zone contrôlée par l’Occupant : des tireurs embusqués y prenaient pour cible tout soldat, et de préférence tout gradé qui se risquait à découvert à portée de fusil. Au bout de 27 jours, le siège japonais est finalement levé par l’avancée de l’armée chinoise et les défenseurs survivants, épuisés mais au comble de la joie, hissent triomphalement le drapeau nationaliste sur le toit du bâtiment grêlé d’impacts. La scène sera reconstituée pour les besoins de la propagande le lendemain, aucune caméra n’étant présente pour la filmer sur le vif. La tour sera surnommée « le nouveau Sihang », en référence au siège de l’entrepôt Sihang lors de la bataille de Shanghai en 1937, et ses défenseurs les « Cent Héros ». Après la fin de la guerre, l’endroit deviendra le musée du Soulèvement de Canton.


8 avril
Campagne d’Indochine
Un sous-marin français à Saigon
Arsenal de Saigon
– Remontant lentement la rivière de Saigon, le sous-marin Monge avance dans la nuit, précédé par une lame d’étrave fluorescente. En dépit de l’heure tardive, deux hommes d’équipage sont occupés à envoyer un grand pavillon tricolore.
Lorsqu’il accoste, les toutes neuves autorités civiles et militaires de la ville – dont un représentant de l’empereur Bao Dai – accueillent le navire français avec joie malgré les décombres qui jonchent encore les quais. Il faut dire qu’il s’agit du premier navire de l’ex-puissance colonisatrice à toucher un port vietnamien depuis la chute de Saigon par les Japonais au moment de l’invasion de 1941-42. Des photographes et même un cameraman sont présents – la cérémonie, avec lever du drapeau sur l’arsenal, Marseillaise et équipage en tenue tropicalisé au garde-à-vous, sera largement diffusée dans les journaux de l’Indochine libérée et les salles de cinéma alliées.
Avec les deux autres navires du “2e Groupe Hydrographique” (Fresnel et Henri Poincaré), le Monge reprend ainsi en direction du Vietnam les missions de transport d’armes, d’agents et même de commandos qu’ils ont effectuées durant trois ans en Méditerranée. Ces trois sous-marins de 1 500 tonnes feront bientôt une navette régulière entre l’Australie et le Vietnam, assurant un mini-ravitaillement des forces alliées en Indochine. Le Casabianca s’ajoutera bientôt officiellement à leur petite escadre.
En moyenne, un de ces bâtiments sera à quai une fois tous les vingt jours à Saigon (ou plutôt à Cam Ranh, pour les suivants : le port est d’accès plus commode et le séjour est plus sûr, s’il est moins médiatique). Vu les besoins de l’Indochine, ce ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan. Toutefois, le symbole politique pèsera d’un poids réel dans les équilibres de la région à la fin la guerre… et dans les suites du conflit.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Tandis que la 195e Division se dispose en posture défensive côté sud, le reste des 5e et 52e Armées concentrent leur attention sur le nord de la vieille ville, où la zone tenue par les Japonais forme une poche qui va en se rétrécissant inexorablement. Le gros de la 130e Division japonaise s’y trouve piégé et ses stocks de munitions s’amenuisent.

Hong Kong – Dix-sept B-24 du 68th Composite Wing surgissent au-dessus de la ville, a relativement basse altitude. S’ils sont encore escortés de huit P-51, c’est pour le principe : les Japonais ne semblent plus vouloir risquer les quelques chasseurs qui leur restent dans des tentatives d’interception coûteuses en avions… et en pilotes. L’objectif du jour est justement l’aéroport de Kai Tak. Malgré une DCA mordante (qui parvient à abattre deux Liberator), il subit d’importants dégâts : les deux pistes sont éventrées par des bombes de forte puissance tandis que plusieurs hangars sont réduits à l’état de gravats. Les Mustang se livrent également à des passes de mitraillage qui détruisent au sol plusieurs avions.
En fait, les Japonais, pressentant un tel raid, ont évacué Kai Tak quelques jours plus tôt : les appareils encore en état de voler et leur train logistique ont été déplacés vers une base de repli discrètement aménagée à Sha Tin, là même d’où, le 18 mars 1911, s’était envolé le tout premier avion à survoler Hong Kong (un Farman III piloté par le Belge Charles Van den Born et baptisé Spirit of Sha Tin). Seuls ont été laissés sur place des appareils hors d’usage, pour donner le change.


9 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Pendant que les troupes du XVe Corps Indien continuent leur progression, le Calcutta Light Horse (50e Brigade Blindée indienne) atteint la frontière thaïe, à Aye Chan Thar Yar.

Campagne d’Indochine
Objectif Poulo Condore
Palais du Gouverneur Général, siège (provisoire) du gouvernement impérial du Vietnam (Saigon)
– La salle est élégamment pavoisée de la bannière personnelle de l’Empereur (d’or avec un dragon rampant de gueules) et des drapeaux de l’Empire du Vietnam, du Vietminh, de l’Union Indochinoise et de la République française. Divers secrétaires et représentants des pouvoirs civils assistent à la conférence donnée par trois militaires (ou supposés tels) : le “général” Bai Vien, le colonel Vo Nguyen Giap et le “major” Jean-Louis Delayen. Il est curieux de noter que Giap – l’ancien instituteur – est le seul des trois à avoir réellement le brevet de son grade (encore certains militaires français lui contesteraient-ils ses galons…). Delayen “fait fonction de” et Bai Vien s’est auto-proclamé général.
Jean-Louis Delayen a raconté à Giap ses deux précédentes rencontres avec le “général”. Le Vietminh l’a écouté sans l’interrompre. Mais ses yeux ont jeté des éclairs lorsque le Français en est arrivé aux prisonniers dévorés vivants par les crabes. En 1939, une véritable chasse aux communistes s’est abattue sur l’Indochine à la suite du pacte germano-soviétique, de l’invasion de l’est de la Pologne par l’URSS et de la mise du PCF au ban de la République. Si Giap a réussi à se cacher, son épouse Nguyen Thi Quang Thai est restée plus d’un an et demi en prison. Elle en est ressortie profondément affaiblie [Historiquement, la femme de Giap est morte en prison. Ici, l’assouplissement des positions de la République française en exil vis-à-vis des communistes vietnamiens lui vaut de sortir avant l’invasion japonaise, tandis que Giap peut revenir de son exil en Chine au même moment et non en 1944.]. Depuis, le colonel hait ceux qui abusent de leur pouvoir sur les faibles et les innocents. Les despotes au petit-pied le révoltent, qu’ils soient Français, Japonais… ou Vietnamiens. L’invasion japonaise lui a démontré qu’il y avait pire que les colonialistes, et le comportement de certains Vietnamiens a donné une forme d’universalité à son aversion.
Quand Bai Vien prend la parole pour ouvrir les débats, Giap reste de marbre. Avec une patience bien orientale, il écoute l’arrogant chef de la Binh Xuyen parler pour ne rien dire. Une fois vomies ses vantardises, le “général” se rassied. En uniforme de campagne dénué des décorations clinquantes (et imaginaires) de son prédécesseur, le colonel Giap est bien plus discret, mais dès ses premiers mots il apporte des informations claires, pointant du doigt la carte épinglée sur un panneau mobile.
– Le but de l’opération Bastille est de libérer l’archipel de Con Dao… ou de Poulo Condore, si vous préférez… et les nombreux prisonniers politiques détenus dans le pénitencier de la Grande Condore, l’île principale de l’archipel. La garnison japonaise est principalement concentrée dans cette île, que ce soit dans la baie du pénitencier ou dans le camp militaire qui se trouve plus au sud, face à l’îlot Rond. Plusieurs bunkers de sacs de sable et de rondins ont été édifiés le long des côtes de la Grande Condore. La seule autre position militaire notable dans l’archipel est le phare de l’île Hon Bai Can.
Giap s’approche de la carte et poursuit.
– Comme vous le voyez, l’île de la Grande Condore est approximativement en forme de croissant. Il existe trois points de débarquement possibles. La baie nord-est – mais, au delà d’une plage étroite semée de cocotiers, on se trouve immédiatement face à des collines dépassant trois cents mètres. La baie sud-ouest est située presque à l’opposé – la bande de plage est tout aussi étroite et elle est dominée par la cote 600, qui est le point le plus élevé de l’île. La baie du Pénitencier, à l’est, dans la courbe intérieure du croissant, est l’emplacement le plus favorable à un débarquement, avec le seul terrain plat au delà de la plage. C’est d’ailleurs là que se trouve la seule localité de l’île, qui est son seul port. Le problème, c’est que pour l’atteindre, il faut contourner le croissant de la Grande Condore, avec ses nombreux îlots et récifs. De plus, si l’on passe par le sud, on défile sous les yeux de la garnison principale, laquelle est en même temps fort bien positionnée pour couvrir la baie du Pénitencier.
Lorsque le colonel Giap s’interrompt, Delayen lève la main. Lui aussi a bien réfléchi : « Pour résumer, on a le choix entre deux points de débarquement peu pratiques et une plage trop évidente et très bien défendue. »
– Exactement ! De plus, si le but principal de l’opération est bien d’éliminer les Japonais, la libération des prisonniers est un objectif secondaire mais important. Si nous laissons trop de temps à la garnison, il est évident qu’ils en profiteront pour mettre à mort tous les captifs.
– En tout cas, il faut compter une dizaine d’heures de mer en partant de Vung Tau pour atteindre l’archipel. C’est à dire qu’il faut débarquer en une seule fois. D’éventuels renforts ne pourraient être amenés à la Grande Condore que le lendemain.

Bai Vien vient de faire sa première intervention et les autres doivent admettre qu’elle est frappée au coin du bon sens.
Jean-Louis Delayen reprend la parole : « N’oublions pas l’aviation. Les appareils d’Epervier peuvent soutenir les combats au sol, c’est un avantage qui peut être décisif. »
– Mais quelle baie choisir ?
répète Giap.
– On peut tenter un débarquement simultané sur deux d’entre elles, répond Bai Vien.
– Et diviser nos forces ! Une stratégie risquée.
– Les plages nord-est et sud-ouest sont étroites et nous ne pourrions faire débarquer toutes les jonques en même temps sur une seule. En plus, les navires se gêneraient mutuellement.
– Remarquons que les bunkers japonais sont tournés vers la mer,
intervient Delayen. Si nous prenons les casemates qui se trouvent face à notre plage, les autres seront indéfendables si on les attaque à revers.
Giap se redresse, le sourcil froncé : « Si je vous suis bien, Major Delayen, vous suggérez de débarquer en un point secondaire, de prendre d’assaut ses défenses, puis d’attaquer un autre site à revers afin de faciliter la mise à terre du reste de nos troupes ? »
– Exactement ! Cela minimiserait nos pertes.

Giap regarde pensivement la carte pendant une longue minute ; puis sa voix se fait pensive.
– Je crois que nous tenons une idée… oui. Nous allons débarquer dans la baie sud-ouest. La cote 600 se trouve entre cette plage et la garnison principale, cela devrait empêcher l’ennemi d’envoyer des renforts autrement qu’en longeant les plages, sous le feu de nos avions. Pendant que nous feindrons un assaut contre la garnison principale pour la fixer, le commando Pirate attaquera à revers les positions japonaises du nord-est de l’île et le débarquement de la seconde vague commencera dans la baie nord-est dès que celle-ci sera sécurisée. Toutes nos forces pourront alors porter la véritable attaque contre l’agglomération de Condore et le pénitencier. Avec un peu de chance, nous les prendrons par surprise et à revers !

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Tandis que les combats font rage dans le nord de la vieille ville, où les Japonais, à court de munitions, cèdent peu à peu du terrain, le général Liao tente pour la troisième fois de prendre l’île Shamian de vive force. Le génie de la 22e Division, couvert par un feu nourri d’artillerie légère ainsi que par les chars du 599e Régiment blindé alignés le long du canal, installe plusieurs ponts flottants. Dix B-25 de la ROCAF, mobilisés pour l’occasion, patrouillent le long du canal, mitraillant tout défenseur qui se risque à découvert et interdisant l’arrivée de renforts par le pont des Français.
Le destroyer Tsuga, qui cherchait à soutenir les défenseurs, attire l’attention des B-25. Ces derniers n’ont aucun entraînement dans l’attaque d’objectifs navals et leurs passes de bombardement ne font que secouer le navire. Cependant, les B-25 mitraillent généreusement les ponts du destroyer, dont de nombreux marins sont tués ou blessés. Le navire bat en retraite vers l’embouchure du fleuve, craignant de s’échouer en tentant d’éviter de nouvelles bombes.
Enfin les soldats chinois parviennent à prendre pied en force sur l’île. Ils investissent méthodiquement les luxueux bâtiments ayant abrité les divers consulats étrangers, que les Japonais ont transformés en autant de fortins. Le dernier à tomber sera le consulat britannique, aux petites heures de la matinée du lendemain.
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loic
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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 10:25    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Des photographes et même un cameraman sont présents – la cérémonie, avec lever du drapeau sur l’arsenal, Marseillaise et équipage en tenue tropicalisé au garde-à-vous, sera largement diffusée dans les journaux de l’Indochine libérée et les salles de cinéma alliées.

On croit entendre le ton nasillard (insupportable) des actualités de l'époque.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 11:46    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui, le siège de l'entrepot de 37 !
Petit joueur, le milieu - tout le monde sait que les triades aiment à enrober leur cruauté naturelle de raffinement typiquement asiatique. Je sens néanmoins que ce "général" va mal finir ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 15:10    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le “major” Delayen a envie de démolir le sinistre individu qui lui faisait face, de lui enfoncer le nez à coups de poing, de lui briser les dents et la mâchoire, de l’entendre couiner – le fantasme vire à l’hallucination.

"Fait face" plutôt.
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 15:27    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Pendant que nous feindrons un assaut contre la garnison principale pour la fixer, le commando Pirate attaquera à revers les positions japonaises du nord-est de l’île et le débarquement de la seconde vague commencera dans la baie nord-est dès que celle-ci sera sécurisée.

Pourquoi une partie en italique et pas le reste ?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 16:50    Sujet du message: Répondre en citant

C'est "pirate" qui devait être en italique.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 16:59    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
C'est "pirate" qui devait être en italique.

Tout le passage est en italique parce que c'est un dialogue. Si l'on veut le mettre en valeur c'est au contraire Pirate qui ne devrait pas être en italique.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 17:51    Sujet du message: Répondre en citant

Bien sûr, bien sûr !
Comme j'en ai déjà parlé, je dois réenrichir les textes que je poste, et parfois il y a des incidents dépendants de ma hâte.
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Casus Frankie

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Bob Zoran



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MessagePosté le: Sam Avr 16, 2022 21:12    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Tenter d’achever les prisonniers serait un suicide ! Sont-ils vraiment des traîtres ?
n’est-ce qu’une mascarade sanglante imaginée pour le terrifier, un avertissement pour le rappeler à ses engagements ? Delayen chasse la colère de son esprit – même s’il est difficile de faire abstraction des cris des deux malheureux et des rires de leurs bourreaux.
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