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Diplomatie-Economie, Avril 1944
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Volkmar



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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 21:35    Sujet du message: Répondre en citant

Etant donné qu'il se rend bien dans le bureau du président le lendemain, c'est peut-être une erreur de nom dans la première itération et non une erreur de titulature avec le bon nom. Non ?
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Casus Frankie
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Messages: 13715
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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 19:30    Sujet du message: Répondre en citant

8 avril
Les Balkans compliqués
Ce n’était pas la bonne question…
Višegrad (Serbie)
– Au soir de ce jour d’angoisse, le maréchal Broz-Tito émet une dernière fois depuis son QG pratiquement déserté, avant de disparaître vers une grotte plus au nord, vers Zaovine. Son message s’adresse, non pas à Athènes ou même à Londres, mais bien à Moscou, où le général Velimir Terzić attend avec une certaine inquiétude les nouvelles qu’il lui faudra bien annoncer à la Stavka.
Ces dernières se veulent rassurantes, du moins en apparence : malgré une succession de revers tactiques et forcément momentanés, le chef du NKOJ voit l’avenir avec sérénité, compte tenu du soutien matériel fourni par l’extérieur (on ne précise pas de quel « extérieur » il s’agit) et de la présence à proximité de nombreuses forces qui pourraient bientôt intervenir (forces bien évidemment soviétiques !). Pour conclure, Tito demande quand les premières formations entrainées par l’Armée Rouge pourront rentrer au pays.
En effet, la Yougoslavie a à présent environ 5 000 hommes en Roumanie – entre liaisons aériennes et traversées des territoires occupés, la ligne de démarcation entre Est et Ouest est tout sauf étanche. Ces soldats devraient bientôt former une division d’élite, calquée sur le modèle soviétique et destinée à combattre aux côtés de leurs frères pour la Révolution… si les Russes veulent bien l’équiper rapidement.
Ce discret appel du pied ne plaira guère à Moscou, où l’on veut bien aider l’AVNOJ à gagner face à ses adversaires, mais sans l’appuyer trop ouvertement. Le soutien de Churchill – ou tout au moins sa bienveillance – est à ce prix. Les services soviétiques rédigeront donc une réponse assez peu amène, où il sera question une fois de plus de « la compréhension globale de la stratégie du conflit par l’AVNOJ », de sa « discipline » et de sa « capacité à gérer efficacement ses ressources grâce aux experts qui lui ont été envoyés ». Même si l’URSS ne ferme pas définitivement la porte à une intervention ultérieure, ce rappel formulé depuis le confort du Kremlin et assez mal reçu par le maréchal dans sa grotte humide…

Poker menteur
Karlovac (Croatie)
– Dans un pavillon discret des alentours de cette ville heureusement située entre Zagreb, Ljubljana et Rijeka se déroule une confrontation étonnante, sous la protection conjointe d’agents tchetniks et croates.
D’un côté de la table, le colonel américain Robert H. McDowell, de la mission OSS “Ranger”, qui représente (sans doute…) les Etats-Unis d’Amérique dans cette région du globe.
De l’autre, l’officier allemand Rudi Stärker, du Sicherheitsdienst, représentant (peut-être) Berlin et le général Glaise-Horstenau. Il rencontre ainsi un Anglo-Saxon pour évoquer avec lui l’évolution de la guerre en Yougoslavie… et pour lui remettre un message, dont il se prétend porteur : le Reich et son armée régulière, la Heer, ne s’opposeront pas à un changement d’alliances des Croates. Car il est temps de neutraliser les Balkans dans l’attente d’un règlement pacifique du conflit entre Occidentaux. La guerre dans cette région coute cher à l’Allemagne, tout comme à ses adversaires, sans que personne en retire le moindre bénéfice. Si Zagreb se déclare neutre, les Alliés auront le champ libre dans toute l’ex-Yougoslavie, pour peu qu’ils ne s’opposent pas à un retrait ordonné allemand vers la Hongrie et l’Autriche. Oh, bien sûr, la SS pourrait vouloir rester – mais elle n’aura pas la prétention de défendre la région toute seule.
Pour Stärker, il est évident que les Etats-Unis ne peuvent pas – contrairement aux Anglais, peut-être, et aux Africains, sûrement – accepter que l’Europe devienne communiste ! Une alliance entre eux et l’Allemagne pour faire face à la Horde Rouge n’est évidemment qu’une question de temps. Dans l’intervalle, le gouvernement américain laissera-t-il un vulgaire aventurier gagner le gros lot entre Belgrade et Kotor, offrir à Staline une tête de pont sur la Méditerranée et déstabiliser toute la région avant une inévitable offensive révolutionnaire ? On peut en douter.
L’Allemagne et les Etats-Unis ont donc pour la première fois un intérêt commun. Le Reich veut retirer ses armées de cette région, sécuriser son flanc et affronter sereinement le Bolchevisme. Les USA veulent installer dans les Balkans un état ami non collectiviste et qui sera leur obligé.
Evidemment, McDowell écoute ce discours avec circonspection – on le comprend. Si empêcher Tito d’accéder au pouvoir fait bien partie de ses objectifs, il n’est pas venu ici pour faire la paix avec les Allemands. Libre à eux, par contre, d’imaginer avoir conclu un accord : cela pourrait servir ses fins. L’Américain ne donnera donc jamais aucune vraie réponse – par contre, il écoute, discute et promet même de revenir voir Stärker. Ce dernier y verra – comme l’espérait McDowell – une forme d’approbation de son projet.

Les sept sceaux
Karlovac (Washington DC)
– Dans la nuit, William Donovan fait le point avec ses collaborateurs sur ce qu’il y a à tirer de l’entrevue McDowell-Stärker, selon le rapport qu’il vient de recevoir du colonel. Evidemment, il n’est question que de la Croatie – rien de plus pour l’instant. L’OSS croit désormais le plan de Belgrade crédible : il est prêt à faire pression auprès du Département d’Etat, donc de la diplomatie américaine, pour accepter le repentir croate… à deux ou trois détails près.
Le premier est que le retournement soit politiquement acceptable – ce qui veut dire qu’il faut impérativement neutraliser Pavelic et sa bande. Morts, emprisonnés, en exil – peu importe, mais morts serait sans doute mieux. A l’extrême limite, Pavelic pourrait passer en Suisse, avant de prendre un avion qui l’emmènerait très loin de l’Europe…
Ensuite, il conviendra que les forces croates montrent une réelle cobelligérance dans les combats à venir contre le Reich – comme le font actuellement les Italiens, de l’autre côté de l’Adriatique. C’est à ce prix que l’opinion publique oubliera les, disons, petits errements du passé, qu’on se hâtera d’enterrer dans les collines de la région (s’il y a encore de la place…).
Enfin, il faut à tout prix ruiner la crédibilité de l’AVNOJ – c’est-à-dire marginaliser définitivement ce dernier et surtout son chef, Tito. Belgrade a déjà tenté d’assez maladroites manœuvres de… communication dans ce but. Elles étaient bien sûr vouées à l’échec, car dépendant de l’aide de la France et du Royaume-Uni – des nations dont on mesure désormais pleinement la complaisance envers l’AVNOJ.
Il est donc impératif que les Partisans attaquent assez vite, et le plus violemment possible, les forces royales et les forces croates alors que celles-ci ne feront rien d’autre que lutter contre le Reich. Tito et ses hommes doivent apparaître comme les agresseurs – quitte à ce que Belgrade leur tende une dernière fois la main pour la forme, par exemple par des tracts appelant à la réunification sous le commandement allié… Non que Donovan croie que cette démarche ait la moindre chance de succès, mais elle permettra de faire passer l’AVNOJ pour ce qu’il doit être : un groupe sectaire et dangereux, qui prétend gagner la guerre seul et imposer sa loi tout en enchaînant les défaites avec le soutien des Européens. La riposte sera alors massive, aboutissant à une éradication drapée dans le bon droit. Et si Tito pouvait très vite passer de vie à trépas, cela n’en serait que mieux – sans son chef, le mouvement communiste yougoslave n’est rien.
Cette stratégie n’a absolument rien d’officiel, le Secrétaire d’Etat n’est pas au courant (officiellement du moins…). Elle doit évidemment rester totalement secrète. Mais Donovan se fait fort de convaincre l’Army de préparer une intervention – sans doute l'été prochain – destinée à sécuriser définitivement un NDH cobelligérant. Peut-être par un débarquement à Rijeka, avec le soutien des Slovènes, qui suivront immanquablement le mouvement…
Mais une chose à la fois – pour l’instant, la balle est dans le camp des Yougoslaves. A eux de jouer leur partition comme il convient, pour que Washington agisse ensuite. A eux donc, d’éliminer les deux plus gros obstacles. « Comment les Serbes et les Croates envisagent-ils de se débarrasser de Pavelic et de Tito ? » risque un responsable. Donovan sourit : « Apparemment, Belgrade a de très beaux projets pour éliminer ces… nuisances. »
L’OSS, tout comme les Yougoslaves, joue décidément à un jeu des plus dangereux. Mais à la différence de leurs… partenaires (?), les Américains ne risquent rien. Sinon de devenir d’un coup les gagnants des enjeux du poker yougoslave sans même avoir misé.


9 avril
Pologne
Mots malheureux
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– Alors que le gouvernement en exil polonais se remet à peine des effroyables convulsions qui viennent de le secouer, Tomasz Stefan Arciszewski – l’un des principaux responsables du Parti socialiste polonais en exil et féroce défenseur d’une ligne dure vis-à-vis de l’URSS – accorde une interview absolument pas préparée au Times. Et, questionné sur son sentiment quant aux négociations en cours (et à venir !) avec Moscou, il a cette réponse pour le moins maladroite : « Le nouveau gouvernement doit rester fondé sur le principe de l’unité nationale, fermement ancré dans la fidélité, le devoir d’alliance et bien sûr la lutte pour des relations amicales avec l’Union soviétique [sic !]. Cependant, des relations égalitaires doivent être la condition préalable à tous pourparlers sérieux avec l’URSS, et tous les différends devront être réglés directement de gouvernement à gouvernement. Il ne saurait être question de subordination et encore moins de marchandage de territoires. Concernant les frontières occidentales, nous revendiquons nos territoires ethniques et historiques sous domination allemande. En revanche, nous ne voulons pas étendre notre frontière vers l’ouest pour absorber huit à dix millions d'Allemands ! Nous ne voulons pas de Wrocław ou de Szczecin. »
Cette sortie déclenchera un tollé dans tout le nouveau gouvernement d’union nationale, achevant au passage de discréditer les éléments les plus durs de la ligne polonaise “légaliste” – déjà à l’agonie depuis la “Seconde Union de Lublin”. Arkadiusz Bożek, représentant du gouvernement auprès de la diaspora polonaise, résumera le sentiment de beaucoup : « J’ai lu avec horreur l’interview dans laquelle Tomasz Arciszewski affirme que nous ne voulons pas de Wrocław ou de Szczecin. Les effets de cette déclaration ne peuvent être que désastreux, car nous perdrons l’Est et, à cause de ces propos, nous risquons de ne pas gagner l’Ouest. »
Ainsi donc, l’opinion polonaise – du moins, si l’on en croit ses représentants ! – semble s’être déjà très largement faite à l’idée d’un vaste déplacement du pays vers l’ouest. A Eaton Place, on expliquera bien vite qu’Arciszewski n’exprimait que son opinion personnelle, que cette dernière n’engageait évidemment que lui et qu’il était sans doute mal informé – on lui enjoindra aussi vite (mais un peu plus discrètement) de se taire, désormais. Ce qu’il fera, comme bien d’autres de son opinion, en envisageant cependant la formation d’un futur comité autonome à côté de cette soi-disant « autorité légale ».
La diaspora se déchire… Elle pèsera donc encore moins dans les discussions à venir. Même si, pour les Soviétiques et leurs affidés, l’affaire ne vaut pas vraiment la peine qu’on en parle davantage. Et comme le dira en soupirant Stanisław Mikołajczyk à ses compatriotes : « Dieu merci, c’est moi le vice-président du Conseil, pas lui ! »

Les Balkans compliqués
Démarrage laborieux
Tirana
– Ivan Šubašić, « délégué général à l’administration des territoires yougoslaves libérés », reçoit dans son bureau le général Borisav Ristic, ancien officier des forces royales yougoslaves. L’homme n’est pas un amateur : vétéran des guerres balkaniques puis de la Première Guerre mondiale, chef d’état-major adjoint de division puis de district, enfin directeur de cabinet de diverses instances décisionnaires entre les deux guerres, il a même été chef d’état-major de l’Armée de 1932 à 1934 –son approche « vigoureuse » des problèmes de corruption du Royaume l’a fait remarquer, ce qui lui vaudra un certain nombre d’inimitiés. Ces frictions atteindront un point tel que le 28 septembre 1940, après une période de mise à l’écart, il sera admis, sur sa propre demande, à prendre une retraite anticipée.
Rappelé lors de l’invasion de 1941, Ristic n’a pas, hélas, l’occasion de briller. Affecté au district du Mur, entre Croatie et Slovénie, il est aux premières loges pour assister à la trahison croate et à l’effondrement des défenses du secteur. Capturé par les Allemands, il s’échappe, réussit à rejoindre Belgrade et prend alors contact avec les résistants communistes du secteur – car il ne souhaite pas collaborer avec des Tchetniks déjà très compromis – avant de finalement passer en l’Italie et de se mettre à la disposition des Alliés. Mais ses relations avec ce qu’on n’appelait pas encore le NKOJ ne lui seront pas pardonnées par le gouvernement royal. Le général en exil est disgracié et tenu à l’écart de sa propre armée.
On comprend que l’homme en ait tiré quelque amertume… Pour lui, aujourd’hui comme hier, l’heure n’est vraiment pas aux intrigues politiques alors que le Royaume connaît la pire crise de sa jeune existence – qui n’en manque pourtant pas. Libérer le pays est son seul souci. Les Anglais ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en le gardant soigneusement sous le coude ; ils lui ont même autrefois offert un poste d’officier de liaison dans leur propre armée (poste qu’il a refusé pour une question de principe).
Ristic pourrait donc bien être une carte maîtresse dans le jeu que se construit Ivan Šubašić – un militaire professionnel, non compromis et davantage loyal à la Nation qu’à la personne de ses chefs. Quand il quitte son bureau, le général Borisav Ristic est officiellement en charge des liaisons entre la 2e Armée française, l’AVNOJ et Belgrade… et il est aussi chargé de la répartition du ravitaillement entre les différentes milices opérant en territoire tenu par l’armée de Sylvestre Audet. Un poste stratégique donc, qui lui permettra très vite de se faire de nombreux amis… ou ennemis, sans qu’il s’en préoccupe outre mesure.
Demain, le Croate rencontrera Isidor Cankar – l’avion de celui-ci, en provenance du Canada, a été retardé par les mauvaises conditions météo. Il y a longtemps que l’ancien ambassadeur du Royaume auprès d’Ottawa n’est pas revenu en Europe : il est resté coincé en Amérique après avoir donné sa démission de façon fracassante en 1942, pour protester contre la politique pro-tchetnik de Pierre II. Un homme de caractère donc, doublé d’un diplomate raffiné… Mieux vaut qu’il arrive frais et dispo pour les difficiles négociations à venir avec ses compatriotes. Car au fond, Šubašić n’a aucun doute sur la réponse du Slovène à sa proposition.

Enosis !
L’avenir de Chypre sera grec
Limassol
– Les cloches sonnent partout pour les Pâques orthodoxes, alors que la foule sortant des églises forme un grand défilé nationaliste – mais globalement pacifique – dans les rues de la capitale. Rigoureusement tenu à l’écart des quartiers musulmans par la maréchaussée britannique et par l’armée hellène, un cortège de plusieurs milliers de personnes (c’est beaucoup pour cette petite ville) s’avance jusqu’au palais du gouverneur, pour lui envoyer un message clair en prévision des tractations à venir ! La foule défilera durant de très longues minutes sous le regard impassible des fonctionnaires britanniques, lesquels ne sont plus aussi inquiets qu’auparavant – mais quand même un peu… Il y a du monde : les popes ont délibérément raccourci leurs offices pour laisser aux ouailles le temps de manifester avant de rentrer déjeuner en leurs demeures.
Chypre veut donc devenir grecque… Ou tout du moins presque tout Chypre. Au nord et à Nicosie, l’armée britannique sur les dents, dans la crainte d’un nouvel incident violent qui réveillerait encore Ankara. Mais il n’est plus nécessaire de se presser – l’île est déjà grecque dans les faits. Le reste attendra l’après-guerre.
………
« Tout comme celui de l’Epire du Nord, le sort final de Chypre fit dès février 1945 l’objet d’âpres discussions entre les différentes parties prenantes au dossier – et tout comme pour l’Epire du Nord, le résultat était joué d’avance. Les troubles du mois de mars 1944 avaient fait 1 120 victimes : 751 grecs et 317 turcs, auxquels il faut hélas ajouter 52 dépouilles enterrées dans la montagne autour de Klirou, découvertes bien plus tard et jamais vraiment identifiées. Les blessés se comptaient par milliers, les dégâts matériels étaient substantiels – surtout pour un si petit territoire.
La Turquie, puissance tierce des discussions en cours, n’hésita pas à jouer son va-tout, comme jadis sur les mers, pour tenter d’arracher le maximum de concessions : menace de fermeture des Détroits, menace de révision des contrats commerciaux conclus en 1943 entre Ankara et Athènes (outrageusement favorables la Turquie, mais dont la Grèce avait encore grand besoin…), incidents “techniques” à répétition dans la traversée des Dardanelles… en vain. Face à elle, le Royaume-Uni et le Royaume de Grèce – vainqueurs respectés du conflit mondial et liés par le nouveau traité de l’Atlantique Nord – poussèrent sans hésitation leurs pions, avec la certitude que plus rien ne pouvait changer.
C’était vrai. Mais la minorité turque obtint toutefois trois clauses garanties par Londres : la liberté de culte, l’absence d’expropriation et le droit de commercer avec la Turquie avec un régime douanier particulièrement favorable. On comprend que, dans ces conditions, les appels d’Ankara à un embargo des échanges avec l’île n’aient été suivis par personne – il n’arrangeait même pas ceux qu’il prétendait défendre. Chypre devint officiellement grecque lors d’un référendum organisé deux ans plus tard, pour la Pâque orthodoxe, le 21 avril 1946. Le score du scrutin (84,7 % de Oui) fut certifié exact par les organismes de surveillance internationaux – il ne faisait que refléter la démographie de l’île. La monarchie grecque en fut bien sûr très satisfaite – le régent Paul jouait sur ce sujet une partie de l’avenir de sa dynastie.
Pour faire passer la pilule auprès d’Ankara, Londres se hâta de débloquer une importante aide au développement (on parle de 100 millions de Livres Sterling) destinée à financer les installations portuaires d’Istanbul et les futures grandes routes d’Anatolie. C’était moins que l’aide apportée par les Américains… L’opposition nationaliste turque ne se priva pas de qualifier ce subside de « salaire du déshonneur » sous les huées d’un Parti républicain du Peuple fragilisé et du nouveau Parti démocrate de Celâl Bayar – avant tout mercantiliste, mais qui ferait finalement chuter İsmet İnönü en 1950.
La vie politique turque continua donc, sous le nouveau multipartisme instauré fin 1944, animée par l’opposition entre les nationalistes accrochés à leurs sièges et les partis religieux tentant de revenir sur le devant de la scène. Dans ce tumulte, Chypre devint un mythe, une terre perdue digne de la Transylvanie du régime Horthy dont tous parlaient sans rien en savoir – elle était d’autant plus fantasmée que bien peu pouvaient prétendre y être allé ! Burhan Nalbantoğlu et Daniş Karabelen rejoignirent ainsi peu à peu, à leurs modestes niveaux, des héros nationaux tels que le grand Mustapha Kemal et Enver Bey, ou encore d’obscurs militaires d’Asie centrale comme Timur Chevket. Le cinéma – toujours outrancièrement cocardier – parla longtemps d’eux, sous une forme ou une autre (voir à ce propos Tout pour la patrie, 1972, ou Önce Vatan, 1974, de Duygu Sagiroglu).
Chypre était donc bel et bien désormais détachée de la Turquie, dans les faits sinon dans l’esprit. Abandonnée par la mère patrie, la communauté turque de l’île oscilla longtemps entre résistance et résignation, au rythme des attentats de la Kara Çete. Toutefois, l’arrangement de 1945 tint un moment dans la forme, les bases britanniques garantissant la protection des musulmans. Cependant, victimes d’un très net ostracisme de la société grecque, la jeunesse se vit peu à peu contrainte à l’exil pour chercher du travail en Europe, en Afrique et bien sûr en Turquie. La communauté turque se vidait ainsi de ses forces vives, à l’ombre de l’Union Jack. Le transfert des escadrons de la RAF vers Akrotiri (au sud de l’île) dès 1950 et la fermeture de la base de Nicosie en 1956 accélérèrent cet exode. Au début des années 1990, on ne comptait plus que 8 000 musulmans sur l’île – les autres étaient morts ou avaient émigré. Soudée par l’adversité comme par son identité, cette population connait un regain de dynamisme depuis 1998 et la normalisation définitive des relations Ankara-Athènes – il faut bien des commerçants, et pour cela, les relations interpersonnelles, dont on sait l’importance traditionnelle en Orient, s’avèrent incontournables.
Finalement et pour élargir un peu le sujet, que retenir de cette improbable confrontation entre un croiseur de bataille allemand accompagné par des destroyers italiens (de classe Freccia) et des cargos américains escortés par des destroyers tout aussi italiens (de classe Dardo) ? Sans doute que, constatant son isolement sur la scène internationale, mais persistant malgré tout à maintenir une politique « de stricte défense de ses intérêts » analogue à celle de l’Argentine, la Turquie ressentit le besoin de se trouver de nouveaux alliés. Ce ne pouvait être l’URSS – qui tenta néanmoins de très nombreuses ouvertures. Quant au mouvement des Non-Alignés, il était mené par un royaume baroque, avec un roi orthodoxe allié à la monarchie grecque… Ce furent donc les Etats-Unis et (un peu) la France, sous l’impulsion du regretté René Massigli, lequel permit de maintenir une forte influence française à Ankara. La politique au Moyen-Orient du Général trouva peut-être là ses prémisses.
Aujourd’hui cependant, cet équilibre est complètement remis en question : la dislocation de l’URSS a fait renaître une forme de panturquisme d’Asie centrale qui regrouperait volontiers Turquie, Turkménistan, Kazakhstan, Azerbaïdjan et Ouzbékistan dans une grande “union des peuples”. Les démons nationalistes et religieux ne sont jamais loin des rivages turcs… »

(Evelyne Roussel, De la Résistance à l’Union – La Grèce de l941 à 1948, La Fabrique, 1987, édition complétée 1997)


10 avril
Les Balkans compliqués
Manœuvres obscures
Lukavec (Etat indépendant de Croatie)
– Dans leur repaire habituel, les conspirateurs oustachis évoquent les derniers développements de leur grand projet. Pure hypothèse au début de l’année, ce dernier semble désormais prendre corps, grâce à l’appui des « puissances sympathisantes » dont se prévaut désormais Mladen Lorković.
Ce dernier envisage donc l’avenir avec optimisme – mais il n’est pas militaire. Et son complice Ante Vokić aimerait bien être aussi insouciant, alors qu’il voit une foule de soldats en uniforme gris neufs, accompagnés de blindés, parcourir la capitale croate. Le Vitez n’était déjà qu’assez peu sûr des performances de sa Hrvatsko domobranstvo en cas de confrontation – sans parler de sa loyauté. Les circonstances actuelles n’arrangent rien, hélas. Finalement, Vokić appelle donc – avec des arguments d’autant plus frappants qu’ils sont exacts – à la prudence. Mieux vaut être certain de porter l’estocade décisive avant d’agir. Il n’y a qu’à regarder du côté du Reich pour voir où aboutit le chemin des traîtres qui ratent leur coup… August Košutić, du Parti Paysan Croate, est encore plus catégorique – pour lui, le coup n’a une chance de réussir que si on évite toute violence entre Croates. Sinon, ce sera la guerre civile – enfin, une de plus – avec les Allemands au milieu. La conjuration serait assurée de perdre… Elle doit donc redoubler de précautions.
Problème : ces fort compréhensibles inquiétudes ne sont partagée ni à Washington, ni à Belgrade. Et ces capitales ne seront d’ailleurs pas informées des hésitations des Croates. Pour elles, les affaires continuent et doivent aller vite… Par ailleurs, parmi les participants, un invité de Vokić, le responsable de la police croate Ante Štitić, n’a pas perdu une once de tout ce qui s’est dit dans la soirée.

Nul n’est prophète en son pays…
Belgrade
– Dans la capitale royale yougoslave, alors que Pierre II complote avec son cabinet militaire (composé essentiellement des frères Knežević), son ministre Momčilo Ninčić et, parfois, le général Petar Živković, d’autres militaires yougoslaves rongent leur frein en attendant le printemps. Et ils sont nombreux, dans l’armée royale, ceux qui ont désormais des doutes sur la politique de leur souverain, sans toutefois oser le dire trop fort pour l’instant. Parmi ces mécontents, on trouve même des officiers de haut rang. Trois d’entre eux se sont justement réunis dans un immeuble réquisitionné pour échanger leurs points de vue.
Le général Borivoje Mirković d’abord, le chef des FARY, qui voit ses forces épuisées par l’opération Perun sans que son gouvernement s’en émeuve outre mesure – par ailleurs, il n’a réussi à empêcher le gaspillage de ses maigres ressources dans la formation d’un groupe de bombardement lourd totalement inutile qu’au prix d’une ruse subtile. Le général Dušan Simović ensuite, ancien Premier ministre, délaissé après des années de bons et loyaux services et sans affectation depuis octobre dernier – il en éprouve une amertume légitime. Le général Bogoljub Ilić enfin, qui commanda l’ancienne 2e Armée de Sarajevo, vaincue dans un combat héroïque et inégal, puis fut ministre de la Guerre durant l’exil – il est aujourd’hui parfaitement oublié. Ces hommes – militaires de carrière attachés au Royaume mais aussi au retour du statu-quo – voient d’un mauvais œil l’influence grandissante des “Jeunes Tchetniks” qui sont aujourd’hui seuls à avoir l’oreille du souverain. Non qu’ils aient vraiment quelque chose contre les hommes du défunt Mihailovic : ce sont tous de farouches nationalistes Serbes. Mais ils aimeraient beaucoup que leurs mérites personnels dans la Victoire qui s’annonce ne soient pas oubliés et que leurs noms ne soient pas effacés par l’ambition d’une clique d’intrigants et de cet imbécile obséquieux de Miodrag Lozić.
Ce trio de généraux plus très loin de la retraite n’est pas sans appuis – loin de là. Le colonel Žarko Popović, chef du Renseignement militaire, par exemple, est très proche de leur cause. Et il est aussi très proche des Alliés, puisqu’il entretient d’excellentes relations avec le SOE et le Deuxième Bureau. Aujourd’hui, le colonel vient justement rendre visite à ses amis – et il leur propose d’exposer leur point de vue aux Britanniques. Proposition qui sera bien sûr très favorablement accueillie…

Démarrage laborieux
Tirana
– Après les armes, la toge : Isidor Cankar sort du bureau d’Ivan Šubašić avec la lourde tâche de représenter officiellement sa jeune institution (on ne saurait parler de gouvernement…) auprès des pays étrangers et de Belgrade. Une espèce de mini-ministre des Affaires étrangères… Charge à lui de mobiliser toutes les énergies, où qu’elles soient, et d’expliquer que la démarche engagée par l’équipe “para-gouvernementale” de Šubašić n’est que provisoire et que cette dernière est vouée à se dissoudre à la fin du conflit. Il va donc se rendre très vite à Belgrade – mais avant, pourquoi ne pas faire un tour par la grotte du maréchal Tito, sitôt que la situation le permettra ?
Cankar aux affaires étrangères, Ristic aux affaires militaires, Kosanović à l’intérieur… L’équipe de Šubašić commence décidément à s’étoffer. Reste le plus important : la réconciliation nationale. Pour ce faire, le Croate ne voit qu’un seul interlocuteur valable : le Slovène Drago Marušič, dont il réclame la venue depuis un certain temps déjà. Le SOE vient enfin d’accepter de le laisser partir, après une succession de vives protestations françaises – l’homme devrait donc arriver sous peu. Juriste de haut niveau, ancien membre du Conseil législatif suprême et Résistant de surcroit, il sera très utile pour assurer la légalité de tout l’édifice et y mettre un peu d’ordre.
Sur ces pensées, le rusé Šubašić relance Emanuel Cuckov pour obtenir des nouvelles de Skopje. Elles sont excellentes (de son point de vue) : l’autorité royale n’y est que nominale et la 2e Armée française y assume toujours les prérogatives régaliennes. Pourquoi ne pas envisager un transfert là-bas ? On serait au moins en territoire yougoslave.

Japon
L’appétit de Staline
Moscou
– En janvier, la question avait été abordée lors de la Conférence des Bermudes, mais assez vite repoussée par les Britanniques. Puis, en février, ces mêmes Britanniques, par le Prime Minister en personne, avaient sondé le maréchal Staline sur la possibilité pour l’URSS d’entrer en guerre contre le Japon aux côtés de ses alliés, une fois que l’Allemagne serait vaincue. Certes, le Soviétique ne s’était pas engagé clairement – quoi de surprenant, dans une réunion censée rester secrète entre deux des quatre principaux dirigeants alliés. Mais les Soviétiques ne s’étaient pas privés de faire fuiter l’information de la rencontre, tout en restant vague sur son contenu, auprès des ambassades américaine et française dans la capitale russe.
Mais, côté américain, on aime avoir du concret. C’est pourquoi, missionné par Roosevelt, l’ambassadeur Harriman a été chargé de rencontrer Staline afin d’en savoir plus sur ses demandes politiques concernant une participation soviétique à la guerre contre le Japon. La réponse du Vojd est très claire, comme si elle était préparée depuis longtemps :
– Retour des îles Kouriles et des Sakhaline du sud à l’Union Soviétique ;
– Baux sur les ports de Lushun (l’ancien Port Arthur) et Dalian ;
– Baux sur les chemins de fer de Chine Occidentale et du sud de la Mandchourie ;
– Maintien du statu quo en Mongolie Extérieure.

« En somme, le retour aux privilèges et possessions de la Russie des Tsars ! », murmure pour lui-même Harriman.
Les aspects politique semblant donc clarifiés, l’ambassadeur s’aventure sur le terrain militaire et demande au maréchal de l’Armée Rouge si celle-ci aurait des demandes particulières pour l’aider à attaquer le Japon. Là aussi, la chose semble avoir été dûment réfléchie : Staline réclame des navires pour renforcer sa flotte du Pacifique – non des grands bâtiments, mais des escorteurs… et des engins de débarquement ! L’Américain, qui n’a qu’un rôle de messager dans cette affaire, ne peut que répondre qu’il en référera à qui de droit à Washington.
En sortant du bureau du chef de l’URSS, Harriman a – comme souvent depuis qu’il est à Moscou – l’impression fort désagréable que, quand il s’agit d’obtenir quelque chose de la part de ses alliés, l’Union Soviétique se souvient qu’elle fait partie des Nations-Unies, mais, le reste du temps, les échanges entre militaires alliés et soviétiques sont au point mort, ou tout comme. Bien que le Président Roosevelt semble particulièrement apprécier le Petit Père des Peuples, Harriman se dit qu’il va quand même glisser quelque chose sur ce point dans le rapport qu’il va transmettre, comme il se doit, à la Maison Blanche et au Secrétariat d’État.
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Chabert



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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 19:42    Sujet du message: Répondre en citant

Oh une habitude de rédaction ! situation initiale posée !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 19:51    Sujet du message: Répondre en citant

Chabert a écrit:
Oh une habitude de rédaction ! situation initiale posée !


Euh…… ??? Question
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Casus Frankie

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Hendryk



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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 19:55    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
d’obscurs militaires d’Asie centrale comme Timur Chevket

Pas obscurs pour tout le monde... Cool
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 20:31    Sujet du message: Répondre en citant

Tu te doute bien que quand j'ai lu ca, je l'ai noté ...
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John92



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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 20:54    Sujet du message: Répondre en citant

Pouce, relecture demain
j'ai du monde à la maison Very Happy
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Bob Zoran



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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 22:51    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Les sept sceaux
Karlovac (Washington DC)


Un Karlovac à côté du Pötomac?


Citation:
avant de finalement passer en l’Italie et de se mettre à la disposition des Alliés. Mais ses relations avec ce qu’on n’appelait pas encore le NKOJ ne lui seront pas pardonnées par le gouvernement royal. Le général en exil est disgracié et tenu à l’écart de sa propre armée.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 09, 2022 23:52    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, Bob Zoran - emmêlement de copier-coller, il fallait lire :

Les sept sceaux
Washington DC – Dans la nuit, William Donovan fait le point avec ses collaborateurs sur ce qu’il y a à tirer de l’entrevue McDowell-Stärker, selon le rapport qu’il vient de recevoir du colonel, à Karlovac.
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Etienne



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MessagePosté le: Dim Avr 10, 2022 07:28    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
ce rappel formulé depuis le confort du Kremlin et assez mal reçu par le maréchal dans sa grotte humide…


est?

Citation:
Poker menteur
Karlovac (Croatie) –
Car il est temps de neutraliser les Balkans dans l’attente d’un règlement pacifique du conflit entre Occidentaux. La guerre dans cette région coute cher à l’Allemagne, tout comme à ses adversaires, sans que personne en retire le moindre bénéfice.

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John92



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MessagePosté le: Dim Avr 10, 2022 08:56    Sujet du message: Répondre en citant


D’un côté de la table, le colonel américain Robert H. McDowell, de la mission OSS “Ranger”, qui représente (sans doute…) les Etats-Unis d’Amérique dans cette région du globe.
De l’autre, l’officier allemand Rudi Stärker, du Sicherheitsdienst, représentant (peut-être) Berlin et le général Glaise-Horstenau.

Cette stratégie n’a absolument rien d’officiel, le Secrétaire d’Etat n’est pas au courant (officiellement du moins…).

« Comment les Serbes et les Croates envisagent-ils de se débarrasser de Pavelic et de Tito ? » risque un responsable. Donovan sourit : « Apparemment, Belgrade a de très beaux projets pour éliminer ces… nuisances. »
L’OSS, tout comme les Yougoslaves, joue décidément à un jeu des plus dangereux. Mais à la différence de leurs… partenaires (?), les Américains ne risquent rien.

Cette sortie déclenchera un tollé dans tout le nouveau gouvernement d’union nationale, achevant au passage de discréditer les éléments les plus durs de la ligne polonaise “légaliste” – déjà à l’agonie depuis la “Seconde Union de Lublin”. Arkadiusz Bożek, représentant du gouvernement auprès de la diaspora polonaise,

Au nord et à Nicosie, l’armée britannique est (à ajouter ?) sur les dents, dans la crainte d’un nouvel incident violent qui réveillerait encore Ankara.

« …
menace de fermeture des Détroits, menace de révision des contrats commerciaux conclus en 1943 entre Ankara et Athènes (outrageusement favorables
à (à ajouter ?)la Turquie, mais dont la Grèce avait encore grand besoin…),

Dans ce tumulte, Chypre devint un mythe, une terre perdue digne de la Transylvanie du régime Horthy dont tous parlaient sans rien en savoir – elle était d’autant plus fantasmée que bien peu pouvaient prétendre y être
allé (allés ??)!

Cependant,
victimes (victime ?) d’un très net ostracisme de la société grecque, la jeunesse se vit peu à peu contrainte à l’exil pour chercher du travail en Europe, en Afrique et bien sûr en Turquie.
…»


Problème : ces fort compréhensibles inquiétudes ne sont partagée (partagées) ni à Washington, ni à Belgrade.

Le général Borivoje Mirković d’abord, le chef des FARY, qui voit ses forces épuisées par l’opération Perun sans que son gouvernement s’en émeuve outre mesure – par ailleurs, il n’a réussi à empêcher le gaspillage de ses maigres ressources dans la formation d’un groupe de bombardement lourd totalement inutile qu’au prix d’une ruse subtile laquelle ? juste pour info.

Certes, le Soviétique ne s’était pas engagé clairement – quoi de surprenant, dans une réunion censée rester secrète entre deux des quatre principaux dirigeants alliés. Mais les Soviétiques ne s’étaient pas privés de faire fuiter l’information de la rencontre, tout en restant vague sur son contenu, auprès des ambassades américaine et française dans la capitale russe.

Les aspects politique (politiques) semblant donc clarifiés, l’ambassadeur s’aventure sur le terrain militaire et demande au maréchal de l’Armée Rouge si celle-ci aurait des demandes particulières pour l’aider à attaquer le Japon.

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Avr 10, 2022 10:31    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
Le général Borivoje Mirković d’abord, le chef des FARY, qui voit ses forces épuisées par l’opération Perun sans que son gouvernement s’en émeuve outre mesure – par ailleurs, il n’a réussi à empêcher le gaspillage de ses maigres ressources dans la formation d’un groupe de bombardement lourd totalement inutile qu’au prix d’une ruse subtile laquelle ? juste pour info.


Petit rappel - le général a envoyé un as réputé, le fameux Miha Ostric, avec les négociateurs chargés de convaincre les Français de livre aux FARY des Liberator. Là, Ostric est entré dans une fureur noire, car il savait très bien que ces avions ne serviraient à rien… Bref, tout s'est arrangé au mieux pour Mikovic : la demande de Liberator est devenue une demande de Mitchell.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Avr 10, 2022 10:47    Sujet du message: Répondre en citant

Pour être plus précis Casus, il l'a emmené avec lui en réunion. Je ne résiste pas à vous renvoyer à la chrono du 16 février - Ostric est un personnage exceptionnel, je fais le complexe de Miller à son sujet : je regrette de ne pas l'avoir inventé moi ! Cool Cool Cool Cool Cool
Ceci étant, cet événement n'est jamais autre chose que l'aboutissement d'un harcèlement depuis de long mois par Belgrade, laquelle réclame des bombardiers lourds pour ses forces aériennes. Elle a obtenu des Mitchell en lieu et place - bien. Maintenant, question intéressante : à quoi ceux-ci vont-ils servir ?
Huhuhuhuhuhuhu ......
...
Froncement de sourcils
...
...
Grimaces.
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John92



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MessagePosté le: Dim Avr 10, 2022 11:03    Sujet du message: Répondre en citant

Merci à vous deux pour ces précisions.
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MessagePosté le: Dim Avr 10, 2022 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
En effet, la Yougoslavie compte à présent environ 5 000 hommes en Roumanie

Pour éviter une répétition.

Citation:
Face à elle, le Royaume-Uni et le Royaume de Grèce – vainqueurs respectés du conflit mondial et liés par le nouveau traité de l’Atlantique Nord

OTL, signé en 1949, même s'il est avancé de quelques mois FTL, n'est-ce pas un peu tôt ? Par ailleurs, la Grèce et la Turquie rejoignent l'OTAN en 1952 OTL.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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