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Diplomatie-Economie, Mars 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Mar 22, 2022 16:12    Sujet du message: Répondre en citant

31 mars
Pologne
Notre (nouveau et sympathique) meilleur ami
Athènes, aéroport de Tatoi
– Les ministres Jan Kwapiński et Władysław Banaczyk ne seront pas restés bien longtemps en Grèce. Vers 10h00, profitant de la couverture nuageuse comme de son plafond opérationnel (le Petlyakov Pe-8 vole très haut, surtout pour un soviétique… (18 ) ), un gros quadrimoteur vert à étoiles rouges se pose à Athènes pour y embarquer la délégation. Il repartira avant midi. Les Grecs ne tiennent pas spécialement à ce qu’il s’attarde – les royalistes et les républicains du moins ! – et les aviateurs alliés savent depuis longtemps ce qu’il y a à attendre des VVS en matière de collaboration – c’est-à-dire rien.
En dépit de ce manque d’intérêt, le général Béthouard est venu jusqu’à Tatoi pour accueillir puis raccompagner ses invités (surtout ne pas répéter l’impair infligé à Kazimierz Sosnkowski !). Il les escorte jusqu’à l’appareil, dont les hélices tournent déjà, pour un ultime salut cordial avant le départ. Un pied déjà sur l’escalier, Kwapiński se retourne et serre la main de son hôte sous l’œil impatient (et un peu inquiet…) d’un responsable du NKVD. La poignée de main se prolonge. Le Polonais lance à Béthouard un long regard qui en dit beaucoup. « Nous ne nous reverrons peut-être plus avant… longtemps. » Le Français n’ira pas le contredire… Le vice-premier ministre lâche sa main et disparaît dans les entrailles de l’avion, tandis que Béthouart se fige dans un salut d’adieu.
Le Pe-8 ne tarde pas à finir de charger, puis sa porte se referme sur ses passagers. Il va s’aligner, accélère dans le grondement de ses moteurs, s’envole et s’éloigne vers le nord-est, très vite avalé par la nuée. C’est vrai qu’il fallait faire vite, la pluie revient…
Resté seul, le Français aura tout le temps de réfléchir, dans la voiture qui le ramène au QG de la place Sýntagma, au rapport confidentiel qu’il transmettra à Marseille. Il y évoquera sûrement les paroles de l’hymne qu’on a joué hier pour les Polonais à leur descente d’avion. Le Mazurek Dąbrowskiego, et plus particulièrement son second couplet. A présent qu’il se l’est fait traduire, il résonne bizarrement à ses oreilles.
Przejdziem Wisłę, przejdziem Wartę,
Będziem Polakami.
Dał nam przykład Bonaparte,
Jak zwyciężać mamy.

………
Nous passerons la Vistule, nous passerons la Warta,
Nous serons Polonais.
Bonaparte nous a donné l'exemple,
Comment nous devons vaincre.

………..
Un aérodrome près de Lublin, 15h45 – Le Pe-8 en provenance d’Athènes, à présent solidement escorté (19) (nous ne sommes pas si loin du front), arrive enfin à destination, après un vol sans escale de plus de 5 heures. Les conditions météorologiques sur la Roumanie l’ont obligé à un petit détour, qui n’a cependant causé qu’un léger retard.
La ville de Lublin est triste et macabre. Mais c’est le choix des Soviétiques, pour plusieurs de raisons évidentes. Jusqu’à l’arrivée de l’Armée Rouge, seul le Reich l’a occupée. De plus, sa libération n’a pas exigé trop de combats et elle a montré au monde l’horrible vérité sur les massacres perpétrés par l’Allemagne nazie. C’est donc aujourd’hui un parfait symbole de la concorde et de l’humanité régnant entre les Nations-Unies. Au contraire, par exemple, de Suwałki – plus au nord, vers la Lituanie (mauvais souvenir), plus loin du front actuel, mais très ravagée par la guerre. De plus, elle a été occupée par l’Armée Rouge de septembre 1939 jusqu’à mai 1942. Et puis, Suwałki est aujourd’hui bien davantage liée aux institutions provisoires du comité de Lublin qu’à celles du gouvernement de la République polonaise, dont l’autorité légale est la seule mondialement reconnue…
Le quadrimoteur s’immobilise dans le vent gris, sous un tourbillon de MiG, de Yak et de Lavotchkine. Jan Kwapiński est le premier à sortir, sous les flashs et les caméras de toute l’URSS, alors qu’un orchestre, comme à Athènes, joue le Mazurek Dąbrowskiego – un air que même les communistes n’oseront jamais interdire !
A gauche du Polonais et de sa suite, la fanfare de l’Armée Rouge et une garde d’honneur soviétique, drapeau (rouge) au vent. A droite, une garde semblable, mais de la 1ère Armée polonaise du général Berling – lequel, au premier rang, sous un drapeau rouge et blanc, s’efforce de ne laisser paraître nulle autre émotion qu’une légitime fierté patriotique. Et dans le fond, hors champ des caméras, un groupe plus ou moins épars de Partisans de l’AK et de parachutistes de la brigade Sosabowski. La rencontre qui se produira quelques instants plus tard sera bien sûr émouvante, même si, curieusement, on a choisi pour accueillir les ministres les soldats plus fatigués, aux uniformes les plus usés – et même plusieurs blessés au bras en écharpe ou au crâne bandé.
Au bout du tapis rouge, comme un prince devant sa cour, Viatcheslav Molotov, précédant une avalanche d’étoiles (rouges), est venu en personne offrir son sourire et son enthousiasme à l’événement. Le Soviétique écarte les bras d’un geste élégant pour refermer ses deux mains sur celle que lui tend Kwapiński. Voilà, pour le monde, c’est fait, les caméras peuvent s’interrompre. Un peu plus loin, trois rangs derrière l’Histoire, un officier du NKVD glisse à un inconnu dans un uniforme incertain : « Vous avez fait un excellent travail, Cam… Monsieur Krymer. » L’intéressé ne répondra pas.
– Bienvenue chez vous, Monsieur Kwapiński. Vous et vos compatriotes devez avoir beaucoup à nous dire !
– En effet, Monsieur Molotov. Beaucoup à dire et à faire. Le voyage pour venir jusqu’ici a été long et difficile.
– C’est vrai. Heureusement que notre aviation est excellente : elle tient le ciel et le ferme aux vautours nazis. Grâce à elle, je peux vous présenter certaines personnes avez lesquelles nous aurons tous beaucoup à travailler dans les jours à venir. D’abord, le général Nikolai Boulganine, qui sera mon représentant permanent auprès de votre futur gouvernement d’union nationale.

Salut militaire. Poignée de mains. Sourire. Photos.
– Les maréchaux Georgui Joukov et Rodion Malinovski, de notre 3e Front Biélorusse, qui ont beaucoup contribué au brillant succès que nous connaissons.
L’exercice se répète.
– Le général Sygmund Berling, qui a vaillamment commandé notre – pardon, votre ! – 1ère Armée polonaise. Il va bientôt rejoindre l’Académie militaire de Moscou pour y faire bénéficier nos jeunes officiers de son expérience.
Pour cette fois, le sourire est bien plus du côté du visiteur que de l’hôte. En bon lampiste, Berling paye les efforts brouillons, désordonnés et coûteux qui ont été imposés par Moscou à ses faibles forces. On lui reproche aussi (bien sûr) sa seule initiative personnelle, le débarquement de la 1ère DI Tadeusz Kościuszko à Czerniaków, qui s’est achevé sur un véritable désastre et n’a servi à rien. Son limogeage est un petit sacrifice qui fera plaisir au gouvernement en exil… tout en débarrassant la Stavka d’un gêneur (20).
Après quelques autres poignées de mains et accolades infligées à une délégation de plus en plus épuisée, Molotov conclut, tout miel : « Voilà. Je vous propose de rejoindre à présent nos voitures. Nous allons vous conduire à vos logements, vous devez être fatigués. »
C’est vrai – de toute façon, la pluie revient. Et les jours à venir vont être très chargés pour les ministres polonais comme pour leurs collaborateurs. Cependant, en vérité, tous sont un peu rassurés – après la guerre, certains membres du cabinet Kwapiński “passés à l’Ouest” diront avoir craint d’être arrêtés à leur descente d’avion, voire exécutés sans autre forme de procès. Pourtant, à cette époque, ils n’avaient évidemment rien à craindre… En effet, agir de la sorte et aussi visiblement envers un Allié – chronologiquement, le premier d’entre eux ! – risquerait de remettre en cause les accords conclus par les Soviétiques avec la Roumanie, la Bulgarie, voire la Finlande ! Sans parler des négociations en projet avec les Hongrois, de la parole donnée à l’Angleterre et des relations avec les autres Occidentaux…
Au surplus, à ce moment, la concorde nécessaire entre Polonais et Russes allait au-delà du symbole diplomatique : c’était une garantie de tranquillité pour l’Armée rouge sur le territoire revendiqué par Varsovie, au moins durant le conflit. Il n’y a donc aucune raison que cela se passe mal ! Les Polonais peuvent dormir tranquilles… pour l’instant.

Perfide Albion
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– Au moment précis où la République polonaise bascule, de fait, dans l’orbite soviétique, le gouvernement britannique accentue encore sa pression sur le Premier ministre Mikołajczyk et le président Raczkiewicz afin que le général Kazimierz Sosnkowski “démissionne” de ses fonctions. Ce dernier, qui vient à peine de rentrer d’Albanie, est donc soumis à rude épreuve, malgré le fait que Raczkiewicz et lui soient proches. Il semble que, pour les Anglais, à présent que la Pologne est objectivement perdue pour l’Ouest (mais de son plein gré, bien sûr !), il ne serve plus à rien de ménager les membres du gouvernement en exil. S’ils veulent rester, ils obéissent. Sinon, ils partent !
Avec un peu de cynisme, on pourrait penser que Londres secoue rudement les ministres réputés les plus “nationalistes” afin de faire plaisir à Staline, dans le cadre des arrangements conclus en Europe centrale. Cela ne coûte rien et démontre aux Rouges toute la bonne volonté anglaise ! Or, avec les graves complications yougoslaves déjà en cours ou à prévoir, Sir Winston aura vraiment besoin de toute l’indulgence possible de la part du Kremlin.
Néanmoins, soutenu en cela par une partie de ses collègues et par son président, Sosnkowski tient bon, pour l’heure du moins, et au risque de créer bientôt un début de scission dans un gouvernement déjà très fragile.

Les Balkans compliqués
Entremise française
Tirana
– Comme le général Sylvestre Audet l’y a cordialement invité, Ivan Šubašić ne perd pas de temps. Avec l’enthousiasme de celui qui est persuadé de faire quelque chose d’utile pour son pays, il met à profit tout son carnet d’adresses (bien rempli, après de nombreuses années en politique) pour réunir autour de lui et au bénéfice de tous une équipe de personnalités compétentes et constructives – ces deux qualités sont pour le moins rares ces temps-ci, et il est plus rare encore qu’elles soient associées.
Parmi les premiers qu’il prévoit de rencontrer (quitte à les faire venir à lui avec l’aide des services alliés…) : Sava Kosanović et Emanuel Cuckov. L’un est un homme politique croate modéré, membre de la Coalition Paysanne Démocrate et adversaire de longue date du fascisme comme de toutes les dictatures. Il réside actuellement aux Etats-Unis et lutte à son modeste niveau contre la politique autoritaire de Belgrade. Pour l’anecdote, c’est aussi un neveu de Nikola Tesla… L’autre est physiquement plus proche – c’est un membre du VMRO macédonien, qui désespère de se faire reconnaitre par le gouvernement royal et de pouvoir enfin discuter de l’avenir de sa province si maltraitée par l’Histoire. Avec ces deux hommes, il sera peut-être possible d’enclencher quelque chose d’utile.


Notes
18- 9 300 mètres de plafond opérationnel.
19- Mais pas par la Franche-Comté, contrairement à ce que certains écriront après la guerre. L’escadre était en effet au repos à cette date, et le gros de son effectif se trouvait à Moscou pour… relations publiques. Et même si cela n’avait pas été le cas, Staline n’aurait jamais permis pareil mélange des genres : les gestes diplomatiques ont vocation à s’additionner, pas à s’entremêler.
20- Coincé à Moscou durant deux ans, Berling ne rentrera en Pologne qu’en 1946, pour y organiser l’Académie de l’état-major général (Akademia Sztabu Generalnego) sous la direction tatillonne de Konstantin Rokossovski. Mis à la retraite de l’armée en 1952, il n’occupera plus ensuite que des postes de peu d’importance : Sous-secrétaire d’Etat à l’Industrie agricole puis à l’Agriculture, inspecteur de la Chasse pour le ministère des Forêts ! Il est décédé en 1980, couvert de décorations… mais quasi-oublié par l’Histoire.
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John92



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MessagePosté le: Mar Mar 22, 2022 17:12    Sujet du message: Répondre en citant


Mais c’est le choix des Soviétiques, pour plusieurs de (en trop ?) raisons évidentes.

La rencontre qui se produira quelques instants plus tard sera bien sûr émouvante, même si, curieusement, on a choisi pour accueillir les ministres les soldats les (manque ?) plus fatigués, aux uniformes les plus usés – et même plusieurs blessés au bras en écharpe ou au crâne bandé.

Grâce à elle, je peux vous présenter certaines personnes avez (avec) lesquelles nous aurons tous beaucoup à travailler dans les jours à venir.

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