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Elisabeth de Miribel en mission au Canada

 
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patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2010 22:45    Sujet du message: Elisabeth de Miribel en mission au Canada Répondre en citant

Tous les dix-huit-juinistes connaissent Elisabeth de Miribel, secrétaire de la mission commerciale française à Londres et dactylo bénévole du général de Gaulle en juin 1940.

En FTL, elle n'a pas encore rencontré de Gaulle (elle l'a juste entendu à la radio), mais cela ne saurait tarder. Elle va rejoindre Alger depuis l'Angleterre, par le paquebot qui amène le colonel Vanier, ministre du Canada en France (le représentant du Canada n'a pas encore rang d'ambassadeur), un brave unijambiste qui a laissé une jambe dans les tranchées d'Artois en 1918. En route, Mlle de Miribel sympathise avec Mme Vanier, et le monde est petit, il se trouve que Mlle de Miribel a des lointains cousins au Canada.

Mlle de Miribel a une entrevue avec le général, qui voit qu'il a affaire à une personne sérieuse. Il ne tarde pas à lui confier une mission de représentation au Canada, sous la houlette théorique d'un ancien (par exemple, un politicien caractériel dont tout le monde a envie de se débarrasser http://www.1940lafrancecontinue.org/forum/viewtopic.php?p=11187#11187).

Le général saluera son départ avec un sonore "Vive la France LIBRE!"

Le moment est venu de préparer vos carnets de commande pour le Canada. Proposition pas du tout désintéressée, car le secrétariat d'Etat à l'Education indigène aurait justement sa petite idée...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2010 08:41    Sujet du message: Répondre en citant

Dis donc, Patrikev, c'est ton carnet de commandes qui se remplit : tu dois déjà nous donner l'odyssée de Bourguiba, la prise de fonctions de Marius Dubois, voilà à présent l'histoire de la mission EdM / HdK...
Ce sont là plein de bonnes intentions, nous sommes en attente ! 8)
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Casus Frankie

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patrikev



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MessagePosté le: Mar Juil 06, 2010 19:23    Sujet du message: Répondre en citant

Pray Citation FTL d'Elisabeth de Miribel, "La liberté souffre violence", chapitre 18, "Les Montagnais".


C’est pendant ce dîner chez M. Marius Dubois que nous vint une des idées les plus heureuses de cette époque si dure. M. Dubois mit la conversation sur un sujet qui lui tenait à cœur : l’enseignement technique. Il savait que le nouveau développement de l’Afrique du Nord allait exiger une foule de travailleurs qualifiés, et que les formateurs, déjà rares en temps de paix, manqueraient terriblement du fait de la mobilisation dans l’armée et dans les usines de guerre. J’étais moi-même attentive à cette question de l’enseignement professionnel, souvent discuté dans les cercles du christianisme social. M. Dubois nous sonda prudemment, Mme Vanier et moi, sur l’éventualité de recruter de formateurs au Canada. L’idée, pour généreuse qu’elle fût, était peu réalisable. Les ouvriers canadiens avaient suffisamment de perspectives d’emploi et de bon salaire dans leur pays, et meilleures encore aux États-Unis tout proches : il était improbable, quelle que fût leur amitié pour notre pays, qu’ils vinssent courir le risque d’une embauche dans un pays en guerre, soumis au rationnement, aux privations de toutes sortes, et dangereusement exposé aux attaques de l’ennemi. M. Dubois ne tarda pas à en convenir.

Nous n’avons jamais su qui de nous pensa le premier à retourner les termes du problème. Je craindrais de paraître présomptueuse en disant que l’Esprit souffla sur nous tous ensemble. Puisqu’il n’était pas possible de faire venir des maîtres-ouvriers, pourquoi ne pas amener les apprentis auprès des maîtres ? « Si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet ira à la montagne », résuma M. Dubois.

Nous applaudîmes à ce projet, que Mme Vanier promit de soutenir de toutes ses relations et de celles de son mari. M. l’abbé Duval se chargea d’obtenir une chaleureuse lettre de recommandation de Mgr Leynaud, alors archevêque d’Alger, pour le clergé canadien dont l'appui lui apparaissait fort souhaitable. Moi-même, je pris le bateau peu après et je n’eus pas plus de part aux préparatifs de cette expédition. Mais une fois sur la terre de la Nouvelle France, je fis le tour des entreprises intéressées et leur fis savoir, en montrant plus d’assurance que je n’en éprouvais, que telle était la condition des contrats avec le gouvernement français. L’événement aurait pu cruellement me démentir, mais il n’en fut rien : M. Dubois, au moins pour les contrats qui dépendaient de son ministère, fit tout ce qu’il fallait dans ce sens.


(A suivre Arrow )
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patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Jeu Juil 08, 2010 22:05    Sujet du message: Répondre en citant

Speak to the hand Les bons comptes faisant les bons alliés, Mlle de Miribel est heureuse d'apprendre que la Banque de France a au moins 213 tonnes d'or, dont une partie en pièces rares, bien au chaud dans les coffres de la Banque du Canada à Ottawa.

Annexe 40-6-7
Le nerf de la guerre

De quoi faire quelques emplettes.
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patrikev



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Messages: 1774

MessagePosté le: Sam Juil 24, 2010 21:05    Sujet du message: Répondre en citant

C’est ainsi que nous vîmes débarquer, au début de juillet 1941, quarante-trois garçons des plus vifs et remplis d’ardeur. L’Enseignement indigène avait choisi, parmi de nombreux volontaires, ceux qui présentaient le plus d’aptitudes à leur travail et qui avaient un niveau satisfaisant en français. Des enseignants et maîtres-ouvriers canadiens avaient généreusement sacrifié leurs vacances pour leur permettre de commencer leurs cours aussitôt, et ils devaient passer leur examen à la session de rattrapage de septembre 1942, pour une formation qui durait habituellement deux ans. Si ce premier contact se passait bien, d’autres groupes devaient les rejoindre à la rentrée de septembre pour suivre le cursus ordinaire.

L’accord prévoyait deux ans d’alternance entre travail en entreprise et cours théoriques en école secondaire, donnés en langue française : notre gouvernement, avec raison, avait jugé cette condition essentielle. Un maître musulman, M. Abbou, les accompagnait pour les entretenir dans la foi de Mahomet. M. l’abbé Duval écrivit au cardinal Villeneuve, archevêque de Québec, pour supplier que nos coreligionnaires leur épargnassent tout prosélytisme intempestif.

Les Canadiens, voyant leurs cheveux noirs et leur teint mat, les crurent d’abord sortis de la réserve indigène la plus proche, qui était celle des Indiens Montagnais ou Innus. Ce nom leur resta, et c’est ainsi que ces jeunes gens, venus du Djebel Kabyle pour la plupart, devinrent les Montagnais. M. Dubois, lorsque les premiers revinrent en Algérie, ne manqua pas de les saluer en évoquant un chapitre de l’Emile de Jean-Jacques Rousseau.

Il y eut d’autres malentendus, et j’étais présente le jour où un vieux maître-ouvrier provoqua un éclat de rire général en disant à sa classe : « Maintenant, je vais vous montrer ma verge ». La verge, que les Anglais appellent yard, était ici un instrument de mesure. Cet excellent homme y gagna le surnom de Bou Az-Zob, que je ne crois pas utile de traduire. Du reste, lui et les autres Canadiens acceptèrent avec une patience admirable l’esprit moqueur de ces « lestes et astucieux garçons » et les firent pleinement bénéficier de leur expérience et de leur savoir-faire.

Ces quarante-trois furent suivis par beaucoup d’autres, et à la fin de la guerre, il y avait au Canada plus de onze mille de nos Montagnais, sans compter ceux qui, ayant obtenu leur diplôme d’études professionnelles, étaient déjà retournés au pays natal. Ils trouvèrent sans difficulté à se former dans l'industrie canadienne en pleine expansion, aussi bien dans les métiers du bois, du cuir, des métaux et de l’électricité qu’aux constructions navales de Sorel, dans le bâtiment et dans les mines. Quelques-uns s’employèrent aux mines d’Asbestos, et j’avoue que je le regrettai par la suite quand j’appris certains effets de la poussière d’amiante, que j’ignorais alors.

Les bâtiments préfabriqués, demandés par M. Dubois et par d’autres, ne furent pas oubliés. Je ne saurais dire la fierté des villageois kabyles en voyant arriver les panneaux et tout l’équipement de leur école, portant gravée la signature de leurs fils.

Le clergé catholique, en général, suivit la consigne donnée paternellement par Mgr Villeneuve et s’abstint de toute tentative de conversion. En revanche, nos Montagnais firent l’objet d’une rivalité, d’ailleurs amicale, entre les deux syndicats qui se partageaient le monde ouvrier canadien. Le syndicat chrétien, la Confédération des travailleurs catholiques du Canada, fut le premier à les recevoir et à les aider dans leurs démarches. Le syndicat laïque, le Congrès des métiers et du travail, ne voulut pas demeurer en reste. Monsieur Trépanier, président de ce syndicat à Montréal, les cita même en exemple lors du vote de la loi qui permit l’envoi des conscrits canadiens outre-mer : « Voyez ces petits, dit-il, qui passent l’océan pour venir travailler chez nous pendant que leur père ou leur grand frère va combattre à l’autre bout des mers contre le fascisme et le nazisme, et il n’y a pas quatre ans qu’ils sont citoyens pour tout de bon. Et ça leur fait tant de fierté d’être citoyens d’un pays libre qu’ils trouvent tout naturel de le faire ».

Ils se composèrent un hymne, « Les Hommes libres de nos montagnes », qui est inspiré d’un chant des scouts musulmans, « Min Djibalina », composé par M. Hocine Aït Ahmed. Ils le jouaient dans les occasions, en l’accompagnant de leurs petits tambours et d’autres instruments qu’ils s’étaient procurés. Ils parlaient le français avec un fort accent canadien qui les fait reconnaître, encore aujourd’hui, lorsqu’on les rencontre à Alger ou ailleurs.

Ils connurent des fortunes diverses, et l’ardeur de leur tempérament joua parfois de mauvais tours à quelques-uns, mais je tiens à dire que les mésaventures les plus graves furent dues au whisky canadien plutôt qu’à ce que M. Eugène Lefebvre appelait « le heurt des civilisations ». Dans leur grande majorité, ils devinrent des travailleurs et des citoyens remarquables, soit en Algérie, soit en France d’Europe, soit au Canada où plusieurs choisirent de rester, et ils contribuèrent à la prospérité et à la fraternité de leurs trois pays


Elisabeth de Miribel : « La Liberté souffre violence », chapitre 18, « Les Montagnais ».
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patrikev



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MessagePosté le: Ven Juil 30, 2010 23:43    Sujet du message: Répondre en citant

Pour la chrono, la première rencontre de Marius Dubois avec Elisabeth de Miribel se situe un peu après son entrée au gouvernement, le 17 janvier 1941.
http://www.1940lafrancecontinue.org/forum/viewtopic.php?t=559&highlight=

Mlle de Miribel, qui était à Londres en juin 1940, a dû y rester quelques mois de plus pour régler diverses affaires commerciales (elle appartient au service de Jean Monnet pour la coordination interalliée). Mme Vanier a dû aussi rester quelques mois en Angleterre pour son travail hospitalier pendant le Blitz, avant de rejoindre son mari le colonel (bientôt général), ambassadeur du Canada à Alger.

Les premiers "Montagnais" quittent Alger fin juin 1941 et reviennent avec leur diplôme tout frais en octobre 42.
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