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1940 - La France continue la guerre
 
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Europe occupée… et Allemagne tyrannisée - Mars 1944
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houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1847
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Jeu Jan 27, 2022 14:56    Sujet du message: Répondre en citant

En fait, à part larguer en territoire occupé un agent secret ou deux, voire un opérateur radio et son matos... Tiens, accrochés sous les ailes, dans des containers spéciaux... Very Happy
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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John92



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Messages: 1029
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MessagePosté le: Jeu Jan 27, 2022 15:00    Sujet du message: Répondre en citant

Imberator a écrit:
Etienne a écrit:
Attention: Si modification pour des passagers (paras), plus de soute à bombe centrale, donc plus de containers non plus.

Amha: Containers ok, mais pas de paras.

Les containers auraient ils pu malgré tout, en plus de paras dans la soute, être simultanément placés sous les ailes comme certaines des bombes dans la version originale ?

Encore que, ça parait pas comme ça, mais une étiquette posée correctement, ça demande une certaine dextérité...[/quote]
1. Le LeO451 peut emporter 5 bombes de 200 kg en soute ventrale et 2 de 500kg en soute dans les ailes.
2. Je ne suis pas arrivé à trouver les dimensions des bombes françaises, mais les britanniques sont:
pour la 200 kg: L = 1,7 m, diam = 33 cm
pour la 500 kg: L = 2,1 m, diam = 41 cm
3. Le container "standard" de parachutage a pour dimensions:
L = 1,8 m, diam = 38 cm
et il peut être parachuté depuis un lance-bombe

Donc oui, les containers dans les ailes, ca passe et encore plus facilement qu'en soute ventrale
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 11:57    Sujet du message: Répondre en citant

15 mars
Allemagne
Iden des März
Résidence du colonel von Stauffenberg (Wannssee, Berlin), 05h00
« Il est désormais temps de faire quelque chose. Mais l’homme qui a le courage de faire quelque chose doit le faire en sachant qu’il restera dans l’histoire de l’Allemagne comme un traître. S’il ne le fait pas, cependant, c’est sa conscience qu’il trahira. » En finissant d’ajuster le col de sa veste d’officier, le colonel Claus Von Stauffenberg repense à ce qu’il a écrit récemment dans son journal.
Ainsi, le sort en est jeté. Tout va se jouer aujourd’hui. Du sort d’Hitler dépend l’avenir de l’Allemagne dans une Europe pacifiée. Aujourd’hui, pour la dernière fois, il prendra l’avion pour le QG du Führer en Prusse Orientale. Depuis sa nomination au début du mois au poste de chef d’état-major de l’armée de réserve, ce sera la quatrième fois ! Chaque fois, en l’absence d’Himmler et/ou de Göring, Stauffenberg n’a pu mener à bien son plan et celui de la conjuration : tuer Hitler et renverser le régime national-socialiste qui règne sur l’Allemagne.
Cette fois, il doit passer aux actes, il en a prévenu les principaux membres du Cercle de Kreisau quelques jours auparavant. A prendre tant de risques pour reculer au dernier moment, le mouvement tout entier pourrait finir par être compromis. Il y a deux jours, Carl Goerdeller, ancien maire de Leipzig dans les années 30, importante figure politique d’opposition aux Nazis avant la guerre et chancelier désigné du gouvernement qui, dès demain peut-être, gouvernera l’Allemagne, a dû passer dans la clandestinité, les ombres de la Gestapo se montrant trop menaçantes. De plus, au début du mois, l’Armée Rouge a lancé une offensive massive pour franchir la Vistule, ce qui pourrait isoler la Prusse Orientale du reste du Reich. Certes, depuis trois jours, l’opération Friedericus II paraît repousser les Soviétiques, mais l’évacuation de la Tanière du Loup n’est pas écartée – tout serait à recommencer pour les conjurés… Il est temps d’agir et de mettre fin aux jours d’Hitler.
Mais cet assassinat – ou cette exécution – est-il bien nécessaire ? La question a taraudé Stauffenberg tout l’hiver. Les Alliés sont maintenant bien ancrés sur le sol français, ils approchent du haut de la botte italienne et de la frontière hongroise, tandis que les Soviétiques sont aux frontières orientales du Reich. Un second débarquement à l’Ouest aura lieu, tout le monde en est convaincu. Où exactement, et quand ? C’est secondaire. La défaite est inévitable. Alors, pourquoi ne pas l’attendre ? La réponse est venue de von Tresckow, exilé sur le Front de l’Est, d’abord sur le front puis dans un état-major d’Armée : « L’assassinat doit être tenté à tout prix. Même s’il devait ne pas réussir, il est vital que le coup d’état ait lieu, que le monde extérieur sache qu’il existait un mouvement allemand prêt à sacrifier la vie de ses membres pour mettre un terme à un régime aussi épouvantable. »
Le jour ne va pas tarder à se lever sur la capitale de l’Allemagne d’Hitler. En rejoignant le véhicule qui doit l’emmener, lui et son aide de camp, le lieutenant Werner von Haeften, jusqu’à un aérodrome, le colonel von Stauffenberg prie quelques instants pour que le soleil se couche sur une Allemagne libre. Dans la voiture, il murmure à von Haeften : « Savez-vous quel jour nous sommes, lieutenant ? »
– Heu… Mais, le 15 mars, mon colonel…
– Certes. Mais savez-vous comment les Romains appelaient ce jour ?
– …
– Les Ides de Mars, lieutenant. Les Ides de Mars.


Pologne
Face au mur
Muranów (district de Varsovie), 06h00
– Le jour n’est pas encore levé et la lumière blafarde des phares de plusieurs semi-chenillés éclairent bien davantage la pluie qui tombe que les hommes, silhouettes sombres et sinistres découpées dans le clair-obscur d’un hangar industriel ravagé aux portes béantes.
C’est là que l’Armia Krajowa rencontre, près de la Vistule, à l’est de Muranów, les envoyés du Reich. Côté polonais, on trouve le colonel Kazimierz Iranek-Osmecki et le lieutenant Zygmunt Dobrowolski – lesquels ont le douteux privilège d’avoir reçu mandat de Londres, via Antoni Chruściel “Monter”, pour négocier avec l’Occupant les moyens de mettre un terme aux hostilités dans la capitale, ou au moins de les apaiser un bref instant. En face, bien sûr, l’Obergruppenführer-SS Erich von dem Bach-Zelewski n’a pas daigné venir en personne. Non – il a préféré envoyer à sa place le Gruppenführer-SS Heinz Reinefarth discuter avec la racaille.
La rencontre se déroule dans une atmosphère de haine totale, encore moins civile que celle qui, en septembre 1939, avait confronté les généraux Juliusz Rómmel (sic !) et Johannes Blaskowitz. Les plénipotentiaires discutent à dix bons mètres les uns des autres, entre deux haies de combattants pistolets-mitrailleurs à la hanche et pointés sur l’ennemi, en feignant de ne s’adresser qu’à leurs traducteurs : « Piotr, dites à ce tueur d’enfants que l’Armia Krajowa demande que… » – « Heinrich, veuillez faire comprendre à ce chien que l’armée allemande n’a pas à… » Ambiance – chacun n’a plus la moindre envie même de faire semblant.
Le bon côté de ce genre d’atmosphère, cependant, c’est que les discussions vont vite. Les Polonais veulent une trêve humanitaire durable permettant d’évacuer les civils des zones de combat et une discussion sur les conditions qui autoriseraient le passage des blessés et des non-combattants sur la rive est. Le tout est un redoutable exercice d’hypocrisie, car chacun a déjà compris que c’est en réalité l’évacuation de toute la rive ouest qui se joue – les non-combattants, cela peut représenter beaucoup de monde ! Et en partant, bien sûr, les Polonais ne manqueraient pas d’oublier leurs captifs dans les caves où ils sont détenus – assez nombreux aujourd’hui, ils ont sans doute hâte de rejoindre les lignes amies.
Enveloppé dans sa zibeline, la tête enchâssée jusqu’aux oreilles dans sa toque de cosaque (sic ! (22) ), Reinefarth écoute sans paraitre vouloir comprendre – il était venu recevoir une reddition, pas discuter droit de la guerre avec des terroristes, quand bien même cette AK se présente comme l’héritière de la pathétique et défunte armée polonaise (23). Donc, pour les évacuations humanitaires, c’est non. Déjà, sur le front, l’Armée Rouge n’applique pas les lois de la guerre, et de toute façon, l’AK n’est pas une armée régulière – il n’y pas lieu de développer plus avant. Les civils ? L’armée allemande veut bien envisager leur évacuation… vers ses propres lignes, cela va de soi, car il se trouve parmi eux un grand nombre de sympathisants communistes et de terroristes, dont il va falloir s’occuper. Et quant aux prisonniers… bof. Du point de vue allemand, on les récupérera bientôt de toute façon, et le Reich dispose de largement plus d’otages que l’AK, si d’aventure celle-ci voulait s’aventurer à jouer au jeu des représailles. Finalement, conclut l’Allemand, le seul moyen d’épargner des souffrances, c’est encore d’arrêter les frais. Les Alliés ont peut-être, pour l’instant, l’avantage sur plusieurs fronts (et encore, ça se discute…) mais ici les Polonais perdent la bataille. Alors, qu’ils arrêtent de se prévaloir de la force d’autrui !
Les pourparlers débouchent ainsi sur un constat d’échec total. En réalité, Allemands et Polonais ne sont d’accord que sur une chose : il faut prolonger de douze heures – donc jusqu’à ce soir – la trêve actuelle, afin que chacun revienne vers 18 heures 30 avec des propositions « sérieuses ». Iranek-Osmecki et Dobrowolski repartent vers le palais Raczyński avec résignation – il n’y a rien à faire, c’était prévisible. Par contre, côté allemand, von dem Bach-Zelewski est très dubitatif… Le SS sait que la 4. PanzerArmee commencera à arriver demain aux abords de Varsovie, et il voit déjà le moment où Kurt von Der Chevallerie n’aura plus qu’à finir son travail pour aller ensuite expliquer que son prédécesseur – lui-même – était un incapable – alors qu’il a déjà tout fait, la preuve ! Aussi, s’estimant assuré de ses appuis politiques et se jugeant sans doute bien plus brillant qu’il ne l’est, l’Obergruppenführer-SS signale formellement à Rastenburg les pourparlers en cours, pensant qu’on lui saura gré d’obtenir ainsi la capitulation des Polonais. Et le malheureux va jusqu’à demander quelles concessions sans importance il pourrait lâcher pour accélérer la chose, comme des os qu’on jetterait à un chien ! Aurait-il oublié que, pour ses chefs, le Polonais est encore bien au-dessous du chien…

Allemagne
Iden des März
Aérodrome de Rastenburg (Prusse Orientale), 08h15
– L’avion amenant le colonel von Stauffenberg, son aide de camp le lieutenant von Haeften et le général de division Stieff, tous trois membres de la conjuration, se pose sur la piste de l’aérodrome situé à quelques kilomètres de la Tanière du Loup, suivi des chasseurs de l’escorte qui l’a accompagné depuis Berlin – le front n’est plus si loin et des avions soviétiques peuvent rôder. Le colonel Stauffenberg doit participer à 11h30, en compagnie d’une poignée d’officiers, à un pré-briefing orchestré par le maréchal Keitel pendant environ trois quarts d’heure.
Stauffenberg et Haeften échangent un coup d’œil quand il leur est annoncé que le briefing dirigé par le Führer est avancé à 12h30, une demi-heure plus tôt que d’habitude, pour cause de visite “surprise” du Duce dans la Tanière du Loup. En fait, à l’heure où les Allemands semblent avoir de moins en moins envie de défendre ce qui reste de la République Sociale Italienne, Mussolini vient chercher l’appui de son ex-disciple. Mais la marge de manœuvre des deux conjurés se rétrécit…

Pologne
Opération Vengeance – Sauver Varsovie
District de Cracovie
– Après les derniers exploits de l’Armia Krajowa, et comme souvent quand il s’agit de petite guerre ou de guérilla, la poursuite succède à la bataille. Alors que la 8. SS-Kavalerie-Division Florian Geyer d’Hermann Fegelein continue de ratisser la campagne en versant abondamment le sang d’autrui, les manœuvres de dispersion et de retraite vers Olkusz de la 6e DI Retaliation se poursuivent donc… avec plus ou moins de succès.
Ainsi, vers Słomniki, une colonne qui tentait de rejoindre la forêt est surprise à découvert par les blindés du Gouvernement général – essentiellement de médiocres engins de prise dont plusieurs, insulte suprême, sont des tankettes TKS et des Samochód Pancerny WZ. 34 d’origine locale. Leur blindage (10 mm) comme leur armement (une mitrailleuse Hotchkiss ou, au mieux, un vieux canon de 37 mm) les rendrait ridicules face à n’importe quel véhicule moderne – hélas, l’AK ne dispose que de PIAT comme antichars, et il n’y en a pas beaucoup. Les petits blindés infligent donc de lourdes pertes… mais pas sans en payer le prix.
A la nuit, la 6e DI du colonel Wojciech Wayda “Retaliation” a perdu plus du quart de ses forces. Et il faudra du temps pour que le reste revienne à Olkusz. Surtout pour le lieutenant-colonel Julian Więcek “Topola” et son 12e RI, qui ont fait un long et très risqué crochet vers l’est. Au soir tombant, ils atteignent finalement Nowy Wiśnicz. La nuit prochaine, ils frapperont pour délivrer les captifs !
Quant à la 106e DI du colonel Bolesław Nieczuja-Ostrowski “Tysiąc”, elle continue son travail de libération et de razzia dans les campagnes à l’est de Siewierz, sans résultats vraiment décisifs, mais en faisant beaucoup parler d’elle. Au point que la Heer – qui a pourtant vraiment autre chose à faire en ce moment que jouer les cantonniers en bord de voie – ordonne à Hans Frank d’envoyer pour rétablir l’ordre une partie des garnisons qu’il a regroupées auprès de lui. Renforcée de troupes venant de Katowice, la colonne allemande se let en marche – elle devrait bientôt entrer en collision avec celle de “Tysiąc”.
Pendant ce temps, le Groupement opérationnel Cracovie d’Edward Kleszczyński continue de remonter vers le nord. Il arrive à hauteur de Kielce, en veillant à rester bien à l’écart de cette cité très défendue.
………
Maquis de Końskie-Stąporków (districts de Radom-Kielce et de Łódź) – Les trois groupes définis par Sosabowski et Dworzak ont décidé de quitter la forêt avant qu’il ne soit trop tard. La journée s’est passée en préparation, à boucler les paquetages tout en maudissant ces maudits prétendus alliés qui n’ont rien fait. Familles et camarades ont dû se séparer douloureusement… Signe des temps pour tous et de leurs convictions pour certains, les trois groupes ne se dirigeront cependant pas tous vers les lignes soviétiques.
Le premier groupe, centré autour de la 28e DI Stefan Okrzei du colonel Franciszek Pfeiffer “Radwan”, file vers l’est et Starachowice. Le chemin le plus facile et le plus direct jusqu’à la Vistule – en restant à couvert des arbres jusqu’au nord d’Ostrowiec, “Radwan” peut espérer rejoindre la région d’Annopol… donc la ligne de front dans le secteur du I. SS-PanzerKorps, même s’il l’ignore, bien sûr ! Lourdement encombré de bagages et de civils, ce groupe est supposé mettre à l’abri le plus vite possible le maximum de non-combattants. Une tâche ardue, bien sûr, quoiqu’a priori pas insurmontable.
Le deuxième groupe est commandé par le major-général Sosabowski en personne, qui a gardé avec lui une bonne partie de ses paras. Accompagné de la très expérimentée 10e DI Maciej Rataj du Lt-col. Józef Rokicki “Charles”, il descendra vers le sud-est en direction de Staszów, en tachant de rester à l’est de Kielce. Néanmoins, ces hommes n’ont pas vocation à passer discrètement – ils doivent au contraire faire le maximum de bruit et attirer à eux les assassins du Reich afin de libérer le passage pour Pfeiffer ! Ensuite, ils sont supposés poursuivre vers Połaniec puis traverser la Vistule vers Mielec. Une gageure…
Enfin, le troisième groupe, formé par les 25e et 26e DI (Lt-Col. Wincenty Mischke “Henryk” et colonel Stanisław Dworzak “Daniel”) n’ira pas vers l’Armée Rouge. Entre conscrits et engagés récents, ces jeunes soldats ne tiendraient probablement pas le rythme en manœuvre, sans parler du combat. Non – ils iront plein ouest, aussi discrètement que possible, vers Przedbórz puis sans doute Radomsko. Là-bas, ils continueront à aider la population en luttant contre l’envahisseur. L’Armée secrète ne saurait abandonner son pays.
Sur les 574 parachutistes qui restent, des sections autonomes jouent les encadrements ainsi que les troupes de choc pour le premier et le troisième groupe. Mais la majorité marcheront bien entendu avec Sosabowski pour sa mission quasi-suicide.
Percée et charge ! Au soir, profitant des averses comme d’une certaine désorganisation – voire d’une sorte de flottement – dans les lignes ennemies, les trois groupes réussissent à forcer sans trop de mal le dispositif lâche et mal armé des SicherungDivisionen, toujours pas renforcées par les renforts attendus de Varsovie et qui ne s’attendaient plus à un pareil effort. La colonne Sosabowski, qui attaque de front, subit toutefois quelques pertes – c’était prévisible. Mais elle en inflige aussi… et c’est une humiliation de plus pour les forces de sécurité du Reich, qui ont tôt fait de se lancer à sa poursuite !

Allemagne
Iden des März
QG de la police du Reich (Alexanderplatz, Berlin), 11h00
– Un groupe de conjurés au sein duquel on retrouve le comte von Helldorf (préfet de police de Berlin), Arthur Nebe (directeur de la KriPo) ou bien encore Hans-Bernard Gisevius (ancien agent de l’Abwehr en Suisse et agent de liaison de la conjuration avec l’OSS) se réunit pour coordonner les actions à venir de la police de Berlin et de la Kriminalpolizei une fois qu’Olbricht aura transmis l’ordre de commencer le coup d’état. Nebe, qui a été à la tête d’un des premiers Einsatzgruppen à l’est (!), dirige une équipe d’une douzaine d’agents qui attendent les ordres pour aller éliminer Himmler (dont les conjurés ignorent qu’il se trouve à Rastenburg !) et Goebbels.

Pologne
Face au mur
Vieille ville (district de Varsovie), 12h00
– La matinée a été calme. Les armes se sont tues – ou presque, car il reste toujours un excité pour viser une ombre qui bouge ou un adversaire qu’on surveillait de longue date. Même Ziu ne tire plus. La capitale en ruines respire, comme un plongeur émergeant de l’eau au bord de l’asphyxie. Malgré le siège qui se poursuit, il y a bien longtemps qu’on n’a pas connu cela à Varsovie. Depuis le début de l’Occupation, il y a bientôt cinq longues années, la ville n’a connu que la misère et la terreur, du fait d’une politique parfaitement assumée de destruction de toute vie sociale, politique ou culturelle (24). Les habitants de la zone des combats sortent donc, un peu hébétés de cette paix après vingt-et-un jours de mort. Des rassemblements spontanés apparaissent en arrière des lignes, pour échanger, commercer, et aider ceux qui en ont besoin.

Notes
22- Un cadeau de la RONA – ce n’est plus vraiment à la mode au sein du Reich, mais cela reste néanmoins très confortable, surtout en hiver.
23- Sur le plan strictement légal – et Heinz Reinefarth doit le savoir, en tant qu’ancien juriste – cette affirmation est au moins plaidable. De fait, l’Armée Secrète combat à Varsovie sous insigne (à défaut d’uniformes…), sous les ordres d’un gouvernement légal, et avec une organisation structurée reposant en très grande partie sur les cadres de l’ancienne armée.
24- Hans Frank avait expliqué clairement celle-ci : « Dans ce pays, un certain endroit concentre toutes nos infortunes : Varsovie. S’il n’y avait pas Varsovie dans le Gouvernement général, quatre cinquièmes de nos ennuis disparaitraient. Varsovie est et continuera à être la tanière du désordre, le lieu d’où l’agitation se répand dans tout le pays. »
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 12:07    Sujet du message: Répondre en citant

Allemagne
Iden des März
Rastenburg, 12h15
– Prétextant devoir changer de chemise, la faute à un bouton perdu, et avoir besoin d’aide pour cela, eu égard à son handicap, Stauffenberg s’éclipse un moment dans les toilettes avec Haeften, qui porte la mallette contenant les explosifs. Dans dix minutes, la conférence avec Hitler, Keitel, Jodl et les autres généraux va commencer. Göring a snobé la réunion, préférant se préparer pour la visite du Duce dans l’après-midi (il est vrai que la météo réduit à rien le rôle de la Luftwaffe dans la lutte en cours sur le front de l’Est). Quant à Himmler, il a fait savoir qu’il n’arriverait qu’à l’heure habituelle, « retenu par la mise sur pied de nouvelles unités SS, dont la nécessité apparaît évidente à la lumière de l’opération Friedericus II » (en fait, il semble qu’il se soit vexé de n’avoir été prévenu qu’à la dernière minute du décalage de la réunion, alors que “ses” SS jouent le premier rôle dans l’offensive en cours).
Stauffenberg se résigne à agir malgré l’absence des héritiers présomptifs du Führer. Il doit amorcer la charge des deux pains d’explosif, d’un kilo chacun – l’explosion aura lieu quinze à trente minutes plus tard. Le temps presse : déjà, dans la salle de réunion, on commence à s’impatienter de ne pas voir arriver celui qui doit venir décrire l’état des unités de réserve et évaluer combien de nouvelles divisions opérationnelles pourraient être envoyées sur le front. Pressé de se hâter par le commandant von Freyend, aide de camp du maréchal Keitel, von Stauffenberg ne peut amorcer la seconde charge. Il la laisse à Haeften (alors qu’il aurait pu la placer simplement avec l’autre, en espérant qu’elle exploserait par sympathie) et se dirige vers la salle de réunion habituelle, aménagée dans un bunker, avec une seule charge dans sa sacoche.
………
12h30 – La réunion a déjà commencé. Le général Zeitzler, chef des opérations à l’état-major général, décrit la situation sur le front de l’Est : l’opération Friedericus II semble devoir concrétiser tous les espoirs placés en elle ! Prétextant ses problèmes auditifs et le fait de devoir utiliser des documents qui se trouvent dans sa sacoche pour son exposé à venir, Stauffenberg obtient d’être placé sur la droite du Führer, proche du bout de la table. Freyend, qui a accompagné le retardataire, dépose sa mallette sous la table, tout contre le massif pied de celle-ci. Quelques minutes plus tard, Stauffenberg prétexte devoir téléphoner pour s’absenter. L’auditoire ne s’en émeut pas, peut-être trop passionné par les dernières nouvelles de Friedericus, sans doute aussi parce que ce genre d’allées et venues est habituel lors de ce genre de réunions. Stauffenberg laisse derrière lui sa mallette, sa casquette et son ceinturon, preuve que son absence sera brève…
………
12h40 – Le colonel Heinz Brandt, “1er officier” de l’OberKommando des Heeres, a du mal à voir ce que montrent les cartes étalées sur la grande table. En s’approchant, il est gêné par une sacoche posée sur le sol et la déplace du côté extérieur du pied de la table en chêne massif.
Mais que fait donc ce Stauffenberg, déjà retardataire tout à l’heure et dont on a eu besoin pour un point de détail il y a quelques instants ?
………
12h41 – Croisant de nouveau le commandant von Freyend, le colonel von Stauffenberg demande à téléphoner au général Erich Fellgiebel, chef des Transmissions au QG du Führer. Peu désireux d’attendre de nouveau le chef d’état-major du général Fromm, l’aide de camp de Keitel retourne dans la salle de réunion.
Sitôt seul dans la pièce, von Stauffenberg raccroche le combiné et va retrouver Haeften et Fellgiebel, qui l’attendent près du bâtiment des aides de camp de la Wehrmacht avec l’adjoint de Fellgiebel, Sander (lequel ne fait pas partie de la conjuration). Haeften a déjà demandé un véhicule pour les conduire au terrain d’aviation.
La voiture arrive sous une averse de neige qui commence à tomber, quand une violente explosion se fait entendre. « C’est probablement une bête égarée dans les bois qui a sauté sur une mine ! » commente Sander. Stauffenberg et ses complices échangent un long regard. Alea jacta est… Stauffenberg et Haeften partent vers l’aérodrome et l’avion qui doit les mener à Berlin, tandis que Fellgiebel rentre au PC Transmissions avec Sander. Haeften va se débarrasser de la seconde charge explosive, des amorces et des autres outils ayant servi à commettre l’attentat, en les jetant de la voiture sur le bas-côté de la route.
Ils ont encore beaucoup à faire…
………
12h45 – L’épaisse fumée peine à s’échapper par l’embrasure de la porte blindée de la salle de réunion du bunker. Confinée dans la grande pièce, l’explosion a eu des effets redoutables. Après de longues secondes de sidération, des gémissements commencent à se faire entendre et l’on peut distinguer des mouvements désordonnés.
Le Feld-maréchal Keitel porte les mains à sa tête, il a mal et le sang qu’il sent couler sur ses doigts lui confirme qu’il été blessé. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Un bombardement, peut-être ? Non, le bunker est trop profond et la Tanière du Loup est trop bien protégée, et puis l’alarme aurait sonné auparavant. Alors, un attentat ! Le Führer ! Comment va t-il ? Bien que des douleurs plus vives les unes que les autres commencent à se manifester en divers endroits de son corps, le chef de l’OberKommando des Wehrmacht cherche à se relever, mais une de ses jambes lui refuse tout service. Il s’agrippe à la table en chêne, renversée et brisée en deux, tentant d’ignorer la douleur que ce mouvement provoque, et se rapproche d’Adolf Hitler, dont il aperçoit le corps, en partie masqué par un panneau de la massive table.
– Mon Führer ?
Les gémissements des autres participants à la réunion, mélange de râles d’agonie et d’appels à l’aide, sont la seule réponse.
– Mon Führer ?
Sa voix se fait implorante. Mais la demande n’a pas la réponse espérée. Sous l’effet du choc, de l’émotion, de la douleur, des larmes coulent sur le visage du fidèle Keitel, qui fait fi de la souffrance et rampe en direction d’Hitler.
– Mon Führer ? Etes-vous vivant ?
Une douleur fulgurante. Une longue esquille de bois planté dans son abdomen achève de perforer une artère. La main posée sur l’épaule inerte de son maître, “La-Keitel” perd connaissance. Il ne se réveillera pas.
………
Berlin, 13h00 – Le chef des Transmissions de l’OKH, le général Thiele, conjuré lui aussi, reçoit un dernier message du général Fellgiebel, à Rastenburg : « Il s’est passé quelque chose de terrible ! ». Puis Fellgiebel coupe toutes les transmissions entrant et sortant du QG d’Hitler. Le message est transmis à Olbricht et Mertz von Quirnheim, mais ceux-ci restent perplexes. Il s’est passé quelque chose de terrible, mais quoi ? Walkyrie doit-elle être lancée ?

Pologne
Face au mur
QG de la force de répression allemande (manoir Reicher d’Ożarów, en banlieue de Varsovie), 12h30
– Du côté de Bach-Zelewski, l’attente a fait place à l’inquiétude. Lui qui a déjà dû pendant toute sa carrière surmonter le handicap d’un nom méprisé (25) se demande désormais s’il n’est pas allé un peu vite en besogne. Et si on lui reprochait son initiative ? Et si le Führer l’estimait défaitiste ? Et si… Bon, le téléphone ne sonne pas, mais est-ce inquiétant ? Non, non, l’OKH a simplement trop à faire avec Friedericus II pour s’occuper de Varsovie – son cas n’est pas prioritaire, voilà tout. Il sera sans doute contacté plus tard, après la conférence d’état-major.

Allemagne
Iden des März
Aérodrome de Rastenburg, 13h15
– Malgré l’alarme qui a fini par retentir, malgré un arrêt inquiétant du véhicule à un point de contrôle, von Stauffenberg et von Haeften réussissent à monter dans l’avion mis à disposition par un conjuré et décollent pour Berlin, accompagnés par l’escorte aérienne rendue nécessaire par la récente avance des Soviétiques. Cette escorte va donner des sueurs froides aux deux conjurés une bonne partie du vol, jusqu’à ce que leurs anges gardiens rebroussent chemin, au-dessus de l’Oder.
Hitler mort, il reste à faire basculer le Reich du bon côté de l’Histoire…
………
Bendlerblock (Berlin), 13h20 – La conversation est animée entre Thiele, Olbricht et Mertz von Quirnheim. Thiele affirme que même si le message de Fellgiebel était peu clair, il semblait insister pour poursuivre l’opération en cours quoiqu’il arrive. Mertz von Quirnheim est d’accord : il faut lancer Walkyrie dès maintenant.
Certes, contrairement aux tentatives avortées du mois de mars, le général Fromm est présent au Bendlerblock – or, il faut sa signature pour mobiliser l’Armée de Réserve et lancer Walkyrie. Mais sans preuve de la mort d’Hitler, Fromm refusera de rejoindre la conjuration. Olbricht décide donc… de ne rien décider. Il faut attendre la confirmation de la mort du Führer ! Thiele, en plein doute, quitte les lieux sans prévenir pour… faire une promenade ; il ne reviendra que deux heures plus tard ! Mertz von Quirnheim se désespère. Olbricht, lui, attend…
………
Ministère de la Propagande (Berlin), 13h30 – Goebbels a passé la fin de la matinée à discourir sur l’état de l’industrie de l’armement en compagnie d’industriels, de fonctionnaires et d’autres membres du gouvernement, dont Albert Speer (ministre des Armements et de la Production de Guerre) et Walther Funk (ministre de l’Economie et président de la Reichsbank). Alors que la réunion s’achève, il reçoit un appel de Dietrich, chef du Bureau de Presse du Reich. On a attenté à la vie d’Adolf Hitler ! Mais s’il y a de nombreux morts, le Führer, lui serait vivant, on l’emmènerait à l’hôpital. On suspecterait des ouvriers ayant travaillé dans le bunker ou s’est produit l’attentat.
Goebbels saisit l’occasion pour lancer à Speer qu’il n’avait pas assez pris des mesures de sécurité assez strictes sur ce chantier. Il convie néanmoins les deux ministres à rester déjeuner. Calme et pensif, il décide tout simplement de rentrer comme d’habitude dans ses appartements pour s’octroyer sa traditionnelle sieste de début d’après-midi. Attend-il cyniquement le dénouement des événements ? Croit-il qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter ? Aujourd’hui encore, les historiens s’interrogent sur cette attitude surprenante du ministre de la Propagande.

Pologne
Face au mur
District de Varsovie, 14h00
– Dans la ville torturée, la vie a repris quelque peu. On sort sous la pluie qui tombe dru à la recherche d’un proche, d’un repas, d’un lit. Les langues se délient, tandis que l’on passe d’abri en abri pour échapper au déluge. Dans pareil contexte, les rumeurs vont vite. Et on commence à parler d’échapper aux Allemands en passant dans les lignes soviétiques.

Allemagne
Iden des März
Aérodrome de Tempelhof (Berlin), 15h15
– L’avion amenant Stauffenberg et Haeften de la Tanière du Loup atterrit. L’ambiance étant étrangement calme, Stauffenberg s’interroge : il ne semble pas que l’état d’alerte ait été déclenché. A ce moment, son aide de camp l’informe que le chauffeur qui devait les conduire au Bendlerblock les attend… sur un autre aérodrome de Berlin ! Le colonel appelle alors le Bendlerblock pour informer les autres chefs du complot qu’Hitler est mort. Walkyrie doit être lancé sans attendre, l’opération a déjà pris un retard important !
………
Bendlerblock (Berlin), 15h30 – Avant de se rendre auprès de Fromm pour enfin lui faire signer le document mobilisant l’Armée de Réserve, Olbricht contacte les conjurés de l’Alexanderplatz et dit simplement à Helldorff : « L’affaire a démarré ». Helldorff, Gisevius et quelques autres se mettent en route pour rejoindre le Bendlerblock où les autres conjurés, comme Beck (qui devrait occuper le poste de Président du Reich) ou le général Von Hase (commandant en chef de la ville de Berlin) commencent à se rassembler.
15h45 – Confronté à Fromm, Olbricht se sent bien seul quand il doit le convaincre de signer la mobilisation de son Armée de Réserve. Surtout quand Fromm lui annonce avoir été en contact quelques minutes auparavant avec le général Fegelein, représentant la Waffen-SS auprès d’Adolf Hitler, qui lui a confirmé l’attentat, mais lui a annoncé que le Führer, bien que blessé, avait survécu ! Olbricht tente de contenir son désarroi : et si Stauffenberg s’était trompé ? De plus, Fellgiebel les a-t-il trahis, puisque les communications semblent pouvoir de nouveau entrer et sortir de la Tanière du Loup ?
Olbricht n’est certes pas un homme d’action et l’audace lui a déjà manqué un peu plus tôt dans la journée, mais c’est depuis toujours un opposant d’Hitler et l’un des rares officiers allemands qui était partisan de l’Allemagne de Weimar, aussi tente-t-il le tout pour le tout : « Pourquoi est-ce un sous-fifre comme cet opportuniste de Fegelein qui vous a répondu ? Pourquoi pas Keitel, Jodl ou bien encore Zeitzler ? Où sont-ils, si le Führer est vivant ? Pourquoi ne parlent-ils pas en son nom ? » Sa voix est troublée, mais son trouble gagne Fromm. Ce dernier doit prendre une décision…
16h00 – Après un moment d’hésitation, Fromm décide de refuser la demande d’Olbricht. Non, il ne signera pas l’ordre déclenchant Walkyrie ! Signe de la grande confusion où il est plongé, il plante là Olbricht et va l’annoncer à Beck et aux autres conjurés. C’est alors que l’aide de camp d’Olbricht, le colonel Mertz von Quirnheim, annonce qu’en fonction du message de Stauffenberg, il a décidé de déclencher le coup d’état une bonne fois pour toutes : il a envoyé à tous les commandants militaires régionaux un câble commençant par ces mots : « Le Führer Adolf Hitler est mort… ».

Pologne
Face au mur
QG de la force de répression allemande (manoir Reicher d’Ożarów), 15h30
– Toujours pas d’ordres pour l’Obergruppenführer-SS Bach-Zelewski. Mais des nouvelles franchement inquiétantes parviennent de l’arrière : on parle d’attentat, de coup d’état et… de mort du Führer ! Impossible ! Que deviendrait-il, lui, Erich von dem Bach-Zelewski ? Et si demain une… “nouvelle-nouvelle” Allemagne venait à faire la paix avec les Occidentaux (donc avec la Pologne, sans doute), ne risquerait-il pas de porter seul le chapeau pour bien des choses qui se sont passées ici ? Ne sachant quelle décision prendre, le SS ordonne de suspendre sine die toute action de ses forces. Cela, sous la forme d’instructions équivoques qui plongeront ses subordonnés et ses troupes dans l’incertitude.
………
Quartier de Śródmieście (district de Varsovie), 16h00 – Dans le dernier quartier tenu par l’insurrection qui soit – plus ou moins – relié aux lignes soviétiques (par le pont interurbain), la rumeur enfle. Pire : plusieurs racontars s’entremêlent. « Les Allemands acceptent d’arrêter le combat pour nous permettre d’évacuer, je le sais par mon cousin qui est lieutenant. » – « Sornettes, c’est l’AK qui est en train de négocier de se rendre contre nos vies ! » – « Se rendre une fois encore ? Jamais ! D’ailleurs, les Allemands ont peur. La radio dit qu’il y a eu un coup d’état. Des parachutistes sont descendus sur le QG d’Hitler et… »
Les rumeurs grossissent, incontrôlables, portées par le désespoir. Ou par l’espoir ?

Note
25- Son oncle, Emil von Zelewski (1854-1891), commandant en chef des forces allemandes en Afrique de l’Est, devait « pacifier » le soulèvement des Hehe (dans ce qui est aujourd’hui la Tanzanie). Avançant dans la savane avec une force relativement peu nombreuse, déjà certain de sa victoire contre des indigènes mal armés, Zelewski ignora les reconnaissances et ne prit aucune mesure de sécurité. Et le 17 août 1891, près de Lugalo, des guerriers africains à moitié nus, surgissant de la brousse et des hautes herbes, prirent par surprise la colonne allemande. Zelewski et la plupart de ses soldats furent massacrés en dix minutes. Ce désastre, connu de tous dans les cercles d’officiers allemands, devint source d’intenses moqueries envers toute la famille du mort – à tel point qu’Erich von dem Bach-Zelewski, déjà humilié que son sang ait été vaincu par des « êtres inférieurs », devait passer toute sa vie à tenter de venger l’honneur familial. De son engagement volontaire à 15 ans en 1914, jusqu’à ses pathétiques travestissements en riche Junkers prussien, alors que sa lignée était fort pauvre ! On comprend qu’il ait voulu à tout prix régler au plus vite l’affaire de Varsovie, au profit d’un régime auquel il devait tout…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 12:27    Sujet du message: Répondre en citant

Allemagne
Iden des März
Hôpital de Carlhorst (près de Rastenburg), 16h00
« Il va s’en sortir ? » demande fébrilement le Duce au Dr Giesling à la porte de la chambre d’Hitler.
Giesling, d’un ton… doctoral, énonce : « Le cas est sérieux. Le bras droit est dévitalisé et la main droite déchirée. Les deux jambes portent de nombreuses plaies, responsables d’une hémorragie assez sévère. Les deux tympans ont été crevés par l’effet de souffle, d’où une surdité importante qui demandera de longues semaines pour s’atténuer. »
Soudain, il réalise qu’il s’est un peu trop laissé aller à décrire le “cas” comme s’il avait oublié pendant quelques instants qui était son patient. Se reprenant rapidement, il arbore un sourire commercial et déclare : « Mais notre Führer est fort ! Il surmontera ces épreuves, comme toutes les autres ! D’ailleurs, il est impatient de vous recevoir ! »
Ainsi introduit, Benito Mussolini pénètre dans la chambre, ne sachant trop à quoi s’attendre. La neige qui tombait en Prusse Orientale avait ralenti son train et à son arrivée, il avait été tout de suite informé : “on” avait attenté à la vie d’Adolf Hitler ! La plupart des participants à la réunion qu’il présidait étaient morts sur le coup !
Le Duce avait blêmi. Alors que les Anglais se dirigeaient vers Bologne et que les Français étaient sur la frontière ouest, la RSI avait plus que jamais besoin de son protecteur allemand. Alors, si les principaux leaders du Reich étaient éliminés… Himmler et Göring assistaient souvent à ce genre de réunion…
Le dictateur italien avait été rapidement rassuré, les deux dauphins du Führer n’étaient pas présents. Par contre… Keitel, Jodl, Zeitzler, tous morts ou tout comme. Seulement six survivants sur la vingtaine de participants à la réunion. L’aide de camp de Jodl, un certain général Warlimont, était le survivant le plus haut gradé. La chaîne de commandement décapitée, que resterait-il de la Wehrmacht ? Quelle était la situation à Berlin ? Kesselring, à la tête du HeeresGruppe F, en Italie, faisait-il partie des comploteurs ? Allait-il offrir sa reddition aux Alliés et, par la même occasion, jeter sa République Socialiste Italienne (et lui, Benito !) en pâture aux Communistes ?
Un instant, Mussolini n’en croit pas ses yeux. Le spectacle lui paraît presque plus effrayant encore que celui de la salle de réunion, où les murs sont éclaboussés de sang et de chair humaine. Assis au bord du lit, dans un costume froissé, se tient un petit vieillard, l’air absent et perdu dans ses pensées. Mais dès qu’il s’aperçoit de la présence de son ancien mentor, la diabolique magie opère à nouveau. La passion, la fougue animent le corps décrépit du petit caporal bavarois pour ensorceler son auditoire, même si celui-ci ne se compose que du seul Benito Mussolini !
L’attentat ? L’acte d’une petite clique d’officiers déjà sur le point d’être éliminés. Keitel et Jodl morts dans l’explosion ? Deux nouveaux martyrs pour la belle et noble cause du national-socialisme qui façonnera le monde nouveau. Et lui, Hitler, a décidé de nommer Guderian, le génie de l’arme blindée, commandant en chef des armées allemandes. Il va apporter ses idées neuves et son énergie à la Wehrmacht et faire plier les ennemis extérieurs du Reich, qui en sont réduits à soudoyer des officiers renégats pour faire leur basse besogne en usant de méthodes de gangster. Quant aux ennemis intérieurs, Himmler, qui part pour Berlin, ne va pas tarder à prendre la tête de l’Armée de Réserve pour rétablir l’ordre dans la capitale. Rien n’a changé !
« Mon destin est lié à celui de l’Allemagne et rien ne peut m’atteindre tant qu’elle survit. La preuve, regardez mon uniforme, cher ami ! » Et le Führer d’exhiber au Duce les lambeaux de ce qu’il portait encore il y a quelques heures.
Hilare, l’interprète, Paul Schmidt, a bien du mal à suivre le débit torrentiel d’Hitler. Mais le principal est que, venu pour être rassuré, Mussolini l’est bel et bien par l’énergie que déploie le Führer dans son discours grandiloquent. Il pourrait même s’autoriser à sourire si la situation n’était pas si inquiétante en Italie… Aussi ne voit-il pas, ou plutôt ne veut-il pas voir, les petites taches sombres qui apparaissent au niveau des cuisses du pantalon du Führer, ni le déambulateur qui attend dans un coin…
Le numéro de cirque du Führer ayant fait son effet, le reste de l’entrevue est un échange de fantasmes entre les deux dictateurs, de rêves de contre-attaques victorieuses, d’armes secrètes et d’effondrement soudain des armées ennemies. Paul Schmidt, qui est présent pour tout retranscrire, finit néanmoins par comprendre pourquoi Hitler a repoussé un éventuel discours : il fallait que la réunion avec Mussolini ait lieu. Et comme le Duce semble parfaitement apaisé, peut-être n’avait-il pas tort ? A écouter Hitler, on se dit que ce qui se passe à Berlin n’a pas la moindre importance.
Oui, le Führer est bel est bien vivant !
………
Bendlerblock (Berlin), 16h30« Le Führer est mort ! Walkyrie peut avoir lieu ! », déclare Stauffenberg en entrant, suivi par Haeften. Son attitude vise à vaincre les atermoiements des différents putschistes, Olbricht en tête, qui ont trop attendu aux yeux du colonel prussien et qu’il entend dynamiser maintenant qu’il est arrivé à Berlin.
« Sans chef et sans cervelle », voilà comment, des années après le putsch, Gisevius décrira le groupe de conjurés regroupé au Bendlerblock et attendant un signe pouvant les convaincre d’agir. Il n’aura jamais de mots assez durs pour parler d’Olbricht et de la façon dont il a laissé passer des heures précieuses…
Quelle n’est pas la surprise de Stauffenberg d’apprendre que Walkyrie vient seulement d’être déclenchée – et par Mertz von Quirnheim, que Fromm est toujours plus ou moins libre malgré son refus de participer aux opérations en cours et que des nouvelles commencent d’arriver de Rastenburg selon lesquelles, bien que le Führer ait été emmené à l’hôpital, il est toujours vivant, ainsi que les généraux Warlimont, Schmundt et Fegelein. Une fraction de seconde, Stauffenberg vacille. S’est-il trompé il y a quelques heures en quittant précipitamment la Tanière du Loup ? Son excès de confiance vient-il de compromettre définitivement le Cercle de Kreisau et la conjuration tout entière ?
« Quoiqu’il arrive, pour moi cet homme est mort », annonce le général Beck. L’ancien chef d’état-major de l’armée allemande est une figure respectée de la conjuration – pour preuve, le poste de président du Reich qui doit lui échoir si tout se passe bien. Son intervention permet de calmer les doutes de nombreux conjurés dans le Bendlerblock.
Une des premières décisions de Stauffenberg est de formaliser la mise aux arrêts du général Fromm. L’opération Walkyrie, un temps chancelante, peut reprendre. A charge au service des Communications de continuer à prendre contact avec les différents commandants des régions militaires.
Le jeune capitaine des Transmissions Friedrich Klausing, qui doit jouer un rôle clef dans une journée déjà bien entamée possède deux traits de caractère accusés : il est prudent, mais… pas forcément méthodique. C’est lui qui est en charge des transmissions du Bendlerblock vers l’extérieur pour le compte des conjurés. Sa prudence fait qu’il n’a autorisé qu’une poignée de transcriptrices à émettre les instructions vers les différentes régions militaires du Reich, ce qui va ralentir fortement la transmission des informations. Malheureusement pour lui, manquant de méthode, il a oublié de vérifier la liste des destinataires des instructions qu’il doit envoyer. Or, parmi eux se trouve toujours le quartier général du Führer en Prusse Orientale !

Pologne
Face au mur
District de Varsovie, 16h30
– Poussés par leurs hommes et un peu encouragés par le désordre qui paraît gagner les lignes allemandes, plusieurs commandants de secteurs particulièrement exposés décident de se replier vers le fleuve. Les ultimes positions dans le quartier de Muranów sont abandonnées. A Mokotów, le lieutenant-colonel Stanisław Kamiński “Daniel” prend l’initiative – qui sera très controversée – de retirer son groupe d’une bonne part de la périphérie de la ville afin de se retrancher dans la forêt de Chojnowskie. Quant à Śródmieście…

Allemagne
Iden des März
Rastenburg, 17h00
– Depuis que, quatre heures plus tôt, on a sorti Adolf Hitler des vestiges de la salle de réunion, sévèrement blessé mais vivant, le général Fellgiebel sait que le complot va probablement échouer. Il ne saura jamais qu’un étonnant hasard a sauvé la vie du Führer (en plus des maladresses de Stauffenberg au moment d’amorcer la bombe). Quelques instants avant l’explosion, Hitler avait demandé à son aide de camp, le général Schmundt, de faire distribuer des boissons. C’est au moment où Schmundt ouvrait la porte pour rentrer dans la salle de réunion que l’explosion s’est produit. La salle de réunion n’était plus un endroit clos et l’effet de l’explosion a été amoindri. De plus, au moment de l’explosion, la sacoche de Stauffenberg avait été déplacée de l’autre côté d’un des massifs pieds de table en chêne. Un morceau de cette table a basculé sur Hitler et absorbé une partie de l’explosion, évitant au Führer des blessures létales.
Le général Schmundt, debout à l’entrée de la salle à l’instant de l’explosion, a été éjecté dans le couloir. C’est l’un des rares survivants de l’explosion, même s’il a perdu un œil et s’il boitera le restant de sa vie. Les autres survivants sont le général Scherff, chargé de mission pour l’écriture de la guerre, le colonel von Below, aide de camp pour la Luftwaffe auprès d’Hitler, le général Fegelein, représentant la Waffen-SS auprès d’Hitler, le sténographe Heinz Bucholz et le général Warlimont, qui remplacera bientôt le maréchal Jodl. Tous sont plus ou moins blessés mais encore en vie.
Il y a quinze morts, tués sur le coup ou qui mourront peu après de leurs blessures. C’est une véritable pluie d’étoiles !
- Maréchal Keitel, chef du Haut Commandement de la Wehrmacht ;
- Général Jodl, chef des opérations de la Wehrmacht ;
- Général Zeitzler, chef des opérations au Haut-Commandement de la Heer (26) ;
- Général Korten, chef d’état-major adjoint de la Luftwaffe ;
- Général Bodenschatz, officier de liaison du commandant en chef de la Luftwaffe au QG du Führer ;
- Général Buhle, représentant de l’état-major de la Heer auprès de l’OKW ;
- Contre-amiral von Puttkamer, aide de camp de Hitler pour la Kriegsmarine ;
- Colonel Brandt, 1er officier d’état-major de l’OKH ;
- Lieutenant-colonel Borgmann, aide de camp d’Hitler ;
- Lieutenant-colonel Waizenegger, aide de camp du maréchal Keitel ;
- Major von Freyend, autre aide de camp de Keitel ;
- Kapitan zur see Assmann, officier représentant la Marine à l’OKW ;
- SS-Hauptsturmführer Gunsche, aide de camp d’Hitler ;
- Secrétaire d’état von Sonnleithner, représentant du ministère des Affaires Étrangères au QG du Führer ;
- Heinrich Berger, sténographe.

………
Quelques jours plus tard, un éditorialiste français évoquant la tentative de putsch ira jusqu’à parler malicieusement d’un Iéna des Etoiles allemandes. Jugée douteuse (et rappelant la période noire de la guerre), l’expression ne passera pas la censure ; elle ne sera exhumée que de longues années après la guerre, par un historien de “Madame Anastasie”.
Autre curiosité, que certains ont mise en doute malgré les documents d’époque qui ont été conservés dans les archives soviétiques : Jodl et Keitel portaient tous deux une blessure d’origine inexpliquée – une fracture de l’os hyoïde (dans la gorge), normalement caractéristique du décès par pendaison…
………
« On tient tête, on ne fait pas cela. » Alors que la survie d’Hitler était confirmée et que, de ce fait, le coup d’état était condamné, l’idée du suicide avait vite été balayée par Fellgiebel. Pendant plusieurs heures, il avait même bien joué sa partition. La confusion née du nombre des morts, l’affolement de nombreux officiers se retrouvant subitement sans supérieur hiérarchique direct et surtout l’élimination de ceux qui auraient pu faire rapidement le rapprochement avec Stauffenberg (comme von Freyend, venu interrompre Stauffenberg et Haeften aux toilettes) avaient joué en faveur de la conjuration. Pendant de longues heures, Fellgiebel avait réussi à bloquer les communications de la Wehrmacht. Les premières communications entre la Tanière du Loup et Berlin (qui avaient notamment permis à Goebbels d’être informé) avaient été le fait de services de transmissions propres à la SS, Fellgiebel ne pouvait rien se reprocher.
Puis, au fur et à mesure que passait l’après-midi, il avait reçu de plus en plus d’ordres pour communiquer avec l’extérieur, il ne pouvait gagner davantage de temps. La conjuration avait laissé passer l’occasion – encore qu’il est difficile de savoir ce qui aurait été possible dès l’instant qu’Hitler n’était pas mort.
Finalement, le régime nazi reprenait le dessus…
Tout à l’heure, quand le Führer reviendra de l’hôpital dans la Tanière du Loup, Fellgiebel ira le féliciter avant d’attendre patiemment sa mise aux arrêts. Celle-ci interviendra dans la soirée. Soumis pendant plus de trois semaines à des interrogatoires, Fellgiebel ne dévoilera jamais le nom d’aucun des autres conjurés.

Berlin, 17h15 – Le général von Hase, commandant la place de Berlin donne l’ordre au chef du Bataillon de la Garde, le commandant Otto-Ernst Remer, de prendre part à « l’éradication du soulèvement des SS et de membres du parti nazi contre la personne d’Adolf Hitler, qui vient de décéder en Prusse Orientale » en bouclant le quartier du gouvernement et en arrêtant les présumés conjurés. Fanatique nazi jusqu’au bout des ongles, Remer obéit sans broncher. Un temps… Mais assez rapidement, le doute commence à germer dans son esprit : réprime-t-il les conjurés ou est-il en train d’œuvrer pour eux ?
En début d’après-midi, le lieutenant Hagen, officier d’instruction national-socialiste, est intervenu au sein de son bataillon pour prêcher la bonne parole du Parti. En fin de journée, Hagen revient et lui propose de rencontrer Goebbels : le ministre de la Propagande lui confirmera que les instructions de von Hase sont tronquées. Mais Goebbels ne fait-il pas partie de la conjuration ? En le rencontrant, Remer ne se place-t-il pas lui-même sur le chemin de la désobéissance ? Après s’être interrogé avec inquiétude, il finit par accepter de rencontrer le ministre du Reich.

Pologne
Face au mur
Quartier de Śródmieście (district de Varsovie), 17h15
– Il y a désormais dans les rues presque 20 000 personnes qui commencent à marcher vers la Vistule avec baluchons, enfants, vieillards et parfois chariots. Puisque la bataille se calme et que l’on peut – semble-t-il – passer, il faut passer, et maintenant ! Face à ce mouvement de foule improvisé, les forces de l’Armia Krajowa sont ambivalentes. Elles, qui combattent depuis longtemps les Allemands, ne croient guère à un soudain miracle. Mais elles ont tellement envie d’y croire… Et puis, de toute façon, elles n’ont pas les moyens de contrôler pareille marée humaine. Le groupe “Śródmieście” du colonel Stanisław Steczkowski “Zagończyk” est dépassé par cette tâche de maintien de l’ordre, qui n’avait vraiment pas été anticipée.
………
Quartier de Powiśle (district de Varsovie), 17h45 – Une foule qui grossit sans cesse approche à présent de la Vistule, sans que rien ni personne ne puisse l’arrêter. Les sceptiques sont raillés, les prudents écartés – tu veux que nous restions ici à nous laisser égorger par les Allemands, vaurien ?
Le premier civil s’engage sur le pont, sous le regard des Allemands postés à quelques 500 mètres de là, près du pont Poniatowski. Que doivent-ils faire au juste ? Tirer ? Sans doute, mais sur une telle masse ? Masse visiblement composée de civils et qui ne les menace nullement ? Et puis d’ailleurs, la trêve court toujours, non ?
En face, les Polonais ne se posent pas tant de questions : on avance parce que le voisin avance et le voisin avance parce qu’il nous voit avancer. Le tout sur la base d’une rumeur dont tout le monde a déjà oublié l’origine autant que la probable fausseté.

Opération Vengeance – Sauver Varsovie
Force de secours “Czeslaw” (districts de Radom-Kielce et de Łódź)
– La “Czeslaw” est à Nowe Miasto nad Pilicą – plus précisément une poignée de kilomètres plus à l’est, à hauteur d’un petit village dénommé Kiedrzyn – et sont toujours en train de passer la Pilica quand on annonce l’approche du Sonderkommando Dirlewanger… Les Polonais ne le connaissent certes pas aussi bien que leurs compatriotes de Varsovie, mais la réputation de ces criminels les a précédés. Fuir, c’est prendre le risque d’être poursuivis et obligés, plus tard, d’affronter ces assassins dans des circonstances plus défavorables. Mais rester, c’est aussi chercher l’affrontement, sans autre but que la vengeance et aux dépens de l’aide qu’attend toujours Varsovie.
Varsovie… Vengeance… Les mots se mélangent et résonnent ensemble dans bien des esprits. Finalement, après un bref conciliabule, les responsables conviennent qu’une solution “professionnelle” s’impose. Le gros de la troupe – 2e Division d’Infanterie Pogoń (Lt-colonel Antoni Żółkiewski “Lin”) et 7e DI Orzel (colonel Gwido Kawiński “Czeslaw”) – ira vers le nord et passera à l’ouest de Grójec, vers Belsk Duży, pour aller aider la capitale. Les parachutistes du major W. Ploszewski, renforcés de quelques volontaires et éclaireurs, resteront pour accueillir les Dirlewanger. Une mission sacrificielle, ici aussi ? Peut-être pas complétement. Dans les marais autour de la Pilica, le terrain est très favorable à la défense. L’appui blindé (fort modeste d’ailleurs) de l’Axe ne jouera pas. Et les commandos de chasse vont devoir aller chercher à pied dans les lagunes chacun des combattants professionnels de Ploszewski. Ils risquent d’être surpris ! Avec un peu de chance, on pourra même envisager de les contre-manœuvrer, en mettant à profit tout à la fois leur arrogance, leur nombre supérieur (qui va évidemment les gêner !) ainsi que leurs besoins logistiques qu’on présume importants. Bon an, mal an, même si personne ici ne pense sérieusement exterminer la Dirlewanger, chacun peut espérer donner aux SS une leçon de polonais, et la leur faire payer très cher.
Pendant ce temps, le Strafbataillon SS s’avance justement dans les bois sous la pluie, à hauteur de Grzmiąca – en brûlant bien sûr tout sur son passage.

Allemagne (et France occupée)
Iden des März
Paris, 18h00
– Le général von Stülpnagel, commandant les troupes allemandes en France, vient de recevoir les instructions de la conjuration. Il ordonne au gouverneur du Gross Paris, le général von Loineburg-Lengsfeld, de faire arrêter sur le champ les SS et les membres du Parti nazi se trouvant dans la capitale et contacte von Rundstedt, commandant en chef du Front Ouest, pour qu’il se joigne à la conjuration. Stülpnagel sait que Rundstedt exècre les conjurés, mais que l’idée de négocier avec les Occidentaux le taraude. Après tout, le Führer n’est-il pas mort ? Cela devrait suffire à ce que von Rundstedt soutienne, sinon par sympathie, au moins par raison, l’entreprise menée par les généraux Beck, Olbricht et Wagner (quartier-maître général à l’OKH) et par le maréchal von Witzbleden…
L’adjoint de von Loineburg-Lengsfeld, le Generalmajor Walter Brehmer, se charge en personne de mettre aux arrêts le général SS Carl Oberg en le retenant au Continental. Brehmer est rentré quelques jours auparavant d’une opération à la tête d’un groupement ad hoc, la Division B (ou Division Brehmer), chargé de réduire les maquis dans le Centre-Ouest de la France. L’opération a consisté en une série d’exactions durant plusieurs semaines, sans apporter de réel avantage sur le terrain.
………
Résidence de Goebbels (porte de Brandebourg, Berlin), 18h30 – Quand le commandant Remer entre chez Goebbels, c’est pour mettre fin aux doutes qui l’assaillent depuis l’intervention du lieutenant Hagen et procéder, si besoin, à l’arrestation du ministre de la Propagande du Reich.
Des doutes, Goebbels en a depuis son réveil de sa sieste. Il semble que Führer n’ait été que blessé, mais il n’a pas eu de nouvelles plus précises de la Tanière du Loup. Et puis il n’a pas de nouvelles d’Himmler. Est-ce lui qui est derrière tout ça ? Tentant d’en savoir plus, il s’est résolu à demander à Speer de venir le voir. Mais si des mouvements de troupes dans Berlin sont maintenant connus de tout le monde, Speer n’est au courant de rien et c’est Goebbels qui l’informe de l’attentat. Enfin, raisonnent-ils, si les éventuels conjurés n’ont encore fait aucune proclamation sur les ondes et si le Führer est encore vivant, le coup d’état est peut-être voué à l’échec. Néanmoins, Goebbels va chercher une petite boîte contenant des comprimés de cyanure – au cas où… A ce moment, Speer, qui regarde par la fenêtre, l’avertit que des hommes du Bataillon de la Garde font mouvement vers chez lui ! C’est alors que le téléphone (qui n’a nullement été coupé par les conjurés !) se met à sonner…
Un moment plus tard, quand le commandant Remer se présente dans le bureau de Goebbels, c’est pour le mettre aux arrêts, conformément aux ordres donnés par son supérieur, le général von Hase.
– Et votre loyauté envers le Führer ? demande Goebbels.
– Je ne vous permets pas de mettre en doute ma loyauté envers le parti et notre Führer. Mais il est mort. J’ai reçu l’ordre de mon supérieur de vous mettre aux arrêts, rétorque Remer, droit comme un i.
– Mais le Führer est en vie ! Je viens de lui parler il y a quelques instants ! Voulez-vous que je vous mette en relation avec lui ?

Les convictions de Remer n’avaient pas besoin de ça pour vaciller. Hébété, il se contente de hocher la tête pour marquer son approbation. Quelques minutes plus tard, entendant la voix à l’autre bout du téléphone, le commandant Remer transpire à grosses gouttes, en proie à des émotions contradictoires.
– Vous m’entendez ? Je suis bien en vie ! La tentative a échoué. Une minuscule clique d’officiers ambitieux a voulu se débarrasser de moi. Mais nous tenons maintenant les saboteurs. Nous allons sans tarder nous débarrasser de ce fléau. Je vous confie personnellement pour mission de rétablir le calme et la sécurité dans la capitale du Reich. A cette fin, vous êtes placé sous mon autorité personnelle jusqu’à l’arrivée du Reichsführer-SS dans la capitale.
Tout penaud, le commandant Remer alterne protestations de fidélité et « Jawohl mein Führer ». Goebbels et Speer observent l’officier changer d’attitude du tout au tout. Ils peuvent dorénavant souffler. La balle n’est plus dans le camp des conjurés… si elle y a jamais été.


Note
26- Zeitzler, nommé depuis l’automne 1943 à ce poste, était si déprimé de voir que ses avis étaient systématiquement ignorés par le Führer, s’était organisé pour quitter son poste sans espoir de retour. Il avait longuement hésité à participer à cette réunion…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 12:45    Sujet du message: Répondre en citant

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Face au mur
QG de la force de répression allemande (manoir Reicher d’Ożarów), 19h00
– La nuit est tombée quand le téléphone sonne enfin chez von dem Bach-Zelewski. Celui-ci était justement en grande conversation avec Heinz Reinefarth quant à la suite à donner aux pourparlers avec les Polonais – on était censé les revoir vers 18h30, mais il n’en était pas question avant de savoir ce qui se passait à Rastenburg. A l’autre bout du fil, ni Keitel ni personne de l’OKH, mais le chef d’état-major personnel de Himmler, Maximilian von Herff, lequel a choisi de faire court.
– Heil Hitler, Herr Obergruppenführer ! Je viens aux nouvelles !
– Heil Hitler, Herr Obergruppenführer ! Cher ami, je veux bien des nouvelles, moi aussi !

De tout temps, et plus encore en période de doute, la Schutzstaffel aime à feindre la camaraderie.
– Il n’y a rien à dire. Le complot est déjoué, le Führer est en bonne santé et les traîtres déjà châtiés. L’Allemagne national-socialiste est debout et se bat !
Soulagement unanime dans le bureau – mais pas longtemps.
– Par contre, von dem Bach-Zelewski, j’ai cru comprendre, en lisant votre câble de ce matin, que vous aviez commencé à négocier avec la racaille polonaise ?
Stupeur, sueur froide – réponse improvisée : « Pas du tout, au contraire. Nous sommes en train d’arranger leur capitulation. »
– Je vous arrête. Il n’y a rien à négocier, et rien à arranger. Si ces terroristes se rendent, libres à eux. Sinon, nous les exterminons. Et quand je dis nous – c’est vous. Est-ce clair ?
– Absolument, parfaitement clair. Il n’a jamais été question d’autre chose.

Nerveusement dressé devant son fauteuil, un général SS très pâle fait déjà de grands signes énergiques à l’intention de ses subordonnés.
Donc, le câble de ce matin – un câble qui peut nous porter préjudice à tous, mais notamment à votre carrière, est bien… une sorte d’erreur ?
– Absolument, une erreur d’interprétation de mes ordres, que j’ai déjà corrigée. A l’heure qu’il est, les obus pleuvent sur les positions terroristes et nous attaquons à nouveau demain.
– C’est ce que je voulais entendre.

………
District de Varsovie, 19h10 – La totalité des forces de l’Axe du secteur, de la forêt de Kampinos jusqu’à Mokotów, reçoit l’ordre de faire tirer immédiatement toute l’artillerie disponible sur la partie non occupée de Varsovie à l’ouest de la Vistule.
Le major-général Gunther Rohr ordonne de détruire les ponts déjà minés, et de bombarder plus particulièrement, malgré l’obscurité, le pont interurbain. Pour le reste, dans la nuit, inutile de tenter de viser une cible ou une autre – l’important est de tirer ! Et bien sûr, Ziu doit reprendre son martèlement aveugle…
………
District de Varsovie, 19h15 – L’orage de feu s’abat sur Varsovie, ravageant des quartiers ayant trop vite sombré dans l’insouciance, matraquant approximativement des positions qui se croyaient tranquilles pour la nuit, et surtout massacrant sans prévenir des foules de civils qui se préparaient à partir. Les ponts de Kierbedź et Poniatowski sautent.
A Powiśle, la masse qui tentait de franchir le pont interurbain reflue d’un seul coup, écrasant les faibles et les malchanceux dans la panique. Devant, certains – nombreux – se hâtent vers la rive est. D’autres sont poussés sans pitié dans la Vistule. Au bout d’environ un quart d’heure, une pluie de fusée éclairantes ayant finalement permis de régler le tir allemand, un obus de gros calibre emporte un large morceau du tablier d’acier. L’ouvrage, coupé en deux, s’effondre dans le fleuve, au milieu de cadavres flottants et de malheureux encore vivants qui tentent de nager sous les tirs.
La « parenthèse enchantée de Varsovie » – comme l’écrira plus tard Jan Nowak-Jeziorański – est terminée. Elle a duré un peu plus de 21 heures et sa fin a coûté la vie à un grand nombre de personnes – les estimations varient de 3 500 à 7 000 victimes. A ce moment, impossible de savoir combien ont pu se sauver en passant sur la rive est – plus tard, les historiens parleront de presque 12 000 personnes, qui ont ainsi survécu d’extrême justesse à l’enfer.
La capitale martyre n’en a donc pas fini avec le malheur. Et pour les habitants coincés sur la rive ouest, le réveil est à la fois douloureux et coûteux – comme un lendemain de bagarre d’ivrognes, avec les hématomes par-dessus la gueule de bois.

Allemagne
Iden des März
Rastenburg, 19h30
– Depuis plus de deux heures, Mussolini, son fils, Graziani et leur cour assistent à un spectacle des plus déstabilisants. Alors que des morceaux de chair continuent de pendre au plafond du bunker où a péri la fleur de l’état-major du Reich, leurs hôtes n’ont plus aucun filtre avec les Italiens – en fait, ils semblent même avoir oublié leur présence.
Au début de la “réunion intergouvernementale” officielle, les Allemands ont tranché en quelques minutes la question des Internés Militaires Italiens, alors les Transalpins n’osaient même pas l’aborder ! Les prisonniers faits lors du basculement de l’Italie pourront désormais bénéficier du statut de travailleurs libres. Cette décision marque en théorie la fin de leur utilisation aux postes les plus dangereux dans les usines d’armement ou pour les tâches de déblaiement des bâtiments bombardés et de déminage, sur le territoire du Reich et parfois même en zone de guerre (28).
On est passé ensuite aux autres doléances du Duce : statut de la Vénétie Julienne et du Haut Adige, autonomie du gouvernement de la RSI, demande de matériels pour renforcer l’armée républicaine… Les Italiens ont remis à Hitler un memorandum sur ces sujets. Le Führer a décrété que ces demandes seraient transmises pour étude « fraternelle » aux services concernés et l’on a parlé d’autre chose… c’est à dire plus du tout des Italiens !
S’interrogeant sur les responsables du complot, Ribbentrop et Göring en sont venus aux insultes, sinon aux mains. Dönitz a accusé aussi bien l’armée que l’aviation d’être responsable de la tragédie – « On doit être assez loin de la mer pour qu’il puisse se permettre de se considérer à l’abri d’une telle accusation ! » a murmuré Graziani à son aide de camp. Hitler a annoncé qu’il fallait jeter en camp de concentration les familles de tous les conjurés identifiés, « y compris les enfants au berceau ! ». En général, le vernis des bonnes manières diplomatiques des Allemands a totalement disparu. Il y aurait de quoi s’inquiéter du côté des Republicchini…
Heureusement, le Führer consacre pour conclure un petit monologue à l’arrivée imminente de ses Wunderwaffen, aussi puissantes que mystérieuses ! Impressionné par la survie miraculeuse de son compère, le Duce se laisse encore séduire, comme un peu plus tôt à l’infirmerie. Il en oublie presque que les sujets pour lesquels il était venu n’ont pas réellement été traités…
Quand la délégation italienne quitte la Tanière du Loup, elle est raccompagnée jusque sur le quai de la gare par le Führer en personne. Ce dernier va même jusqu’à poser sa main sur l’épaule du Duce et lui glisse : « Je sais que je peux compter sur vous. Je vous prie de me croire quand je vous dis que vous êtes un de mes seuls amis. Peut-être même le seul. »
Cette effusion particulièrement surprenante touche beaucoup Mussolini. Mais les deux hommes ne se reverront jamais.
………
Résidence de Goebbels (porte de Brandebourg, Berlin), 20h30 – Flanqué du commandant Remer, Goebbels fait un bref discours aux hommes du Bataillon de la Garde. Non, le Führer n’est pas mort ! La SS n’est en rien responsable de la conjuration ! Au contraire, les conjurés sont les officiers réunis au Bendlerblock, avec le général Olbricht et le colonel Stauffenberg à leur tête ! Il faut donc sans plus tarder rompre l’isolement du quartier du gouvernement, libérer les membres du Parti national-socialiste et de la SS qui ont été mis aux arrêts et s’emparer du Bendlerblock en exterminant ces traîtres ! Ce discours suffit largement pour soulever l’enthousiasme des hommes du Bataillon de la Garde. La conjuration a dorénavant un problème de plus à gérer.
Son discours terminé, le ministre de la Propagande retourne dans ses appartements pour dîner avec… le général Paul von Hase, commandant en chef de la place de Berlin. Le même qui, quelques brèves heures plus tôt, a donné l’ordre au commandant Remer d’arrêter tous les SS et Gestapistes de la ville ! Le général avait-il prévu de mettre lui-même aux arrêts le ministre du Reich ? A-t-il senti le vent tourner ? Cherche-t-il – fort maladroitement – à faire comme si de rien n’était ? Toujours est-il qu’au dessert, il va être arrêté… Moins de trois semaines plus tard, il pendra au bout d’une corde.
………
Bendlerblock, Berlin, 22h00 – L’incertitude a régné une grande partie de l’après-midi mais depuis le début de soirée, les communications ne laissent plus aucun doute : Hitler a survécu ! Olbricht a de plus en plus de mal à se montrer convaincant dans son explication d’un pseudo-complot mené par les SS que toute la Wehrmacht devrait faire échouer. Pourquoi aucun membre du gouvernement n’est-il intervenu à la radio pour le proclamer ? Pourquoi le général Fromm est-il aux arrêts dans son bureau ? Pourquoi toutes ces allées et venues au Bendlerblock d’officiers à la retraite, comme le maréchal von Witzbleden ? Ce dernier, arrivé vers 20h30 en parlant de gâchis, s’est isolé avec Beck, Olbricht et Stauffenberg le temps d’une homérique dispute ayant fait trembler les murs ; il a fini par repartir, l’air extrêmement contrarié.
C’en est trop pour le lieutenant-colonel Franz Herber, qui est à la tête d’un petit groupe d’officiers d’état-major bien décidé à s’opposer aux instructions du général Olbricht. C’est d’ailleurs quand il se trouve dans le bureau de ce dernier pour avoir des explications claires sur les événements en cours que la situation dérape : des coups de feu claquent ! Les autres membres du groupe d’Herber ont récupéré leurs armes et ont décidé de s’en servir ! Forçant la porte du bureau du général Fromm, ils retrouvent Stauffenberg (blessé à l’épaule dans l’échange de coups de feu), Mertz von Quirnheim, Haeften, Beck et le général Hoepner (que la conjuration voulait mettre à la tête de l’Armée de Réserve) et demandent à parler au général Fromm. Il leur est répondu que le général s’est retiré dans ses appartements. L’explication ne convainc pas l’un des rebelles qui va droit aux appartements en question – dont la porte, signe de la déconfiture totale de la conjuration, n’est plus du tout gardée depuis des heures.
Quelques minutes plus tard, la massive silhouette du général Fromm fait son entrée dans la pièce ou sont regroupés les conjurés : « Ainsi donc Messieurs, je vais à présent vous faire subir ce que j’ai subi cet après-midi ! » Il va leur faire subir bien pire. Et il ne songe pas à les remercier d’avoir été si maladroits et si peu convaincants : il s’en est fallu de peu qu’il ne bascule de leur côté !
Jouant de son autorité retrouvée, Fromm confisque les armes des conjurés présents dans la pièce. Stauffenberg, Mertz, Haeften et Hoepner les rendent avec plus ou moins de bonne volonté. Le général Beck, néanmoins, refuse : « Je souhaite la conserver pour mon usage personnel ! » déclare-t-il avec dignité, son auditoire sachant pertinemment ce que cette réponse implique.
– Servez-vous en immédiatement alors ! lance Fromm, dédaigneux, à son prisonnier.
– Je pense à des temps qui ne sont plus, soupire Beck, l’air absent, en pointant le canon en direction de son crâne.
Mais il incline trop son arme et la balle ne fait que le blesser. L’ancien chef d’état-major s’écroule, mais refuse de se voir enlever son pistolet et réussit à recommencer son geste, mais cette deuxième tentative ne fait que le blesser gravement. Le vieux général respecté de tous s’écroule en râlant sur le tapis – indifférent à ce pathétique spectacle, Fromm s’adresse alors aux conjurés, leur déclare qu’ils ont quelques minutes pour coucher par écrit leurs derniers mots et quitte la pièce. Hoepner le suit et réussit à s’entretenir quelques instants en privé avec lui.
Fromm ne va pas pouvoir faire durer plus longtemps sa macabre mise en scène : les premiers éléments du Bataillon de la Garde viennent de prendre position dans la cour du Bendlerblock ! Le commandant de l’Armée de Réserve revient alors rapidement dans son bureau : « Au nom du Führer, je viens d’organiser une cour martiale réunie en urgence. Colonel Mertz. Général Olbricht. Lieutenant Haeften et ce colonel dont je ne veux même pas prononcer le nom. Vous êtes tous les quatre condamnés à mort. Hoepner, vous êtes mis aux arrêts. Conduisez les condamnés dans la cour ! Et achevez le vieux ! » ordonne-t-il d’une voix nerveuse. Fromm commence lentement mais sûrement à perdre son sang-froid. S’est-il dit que l’un des hommes qu’il va faire exécuter pourrait bien avouer que lui, Fromm, a été fort près de se joindre aux comploteurs ?
Un sergent traîne sans ménagement la carcasse du général Beck dans la pièce à côté pour achever le malheureux, qui agonise depuis de nombreuses minutes. Stauffenberg tente alors de prendre toute la responsabilité du complot sur ses épaules, mais en vain : Fromm n’a cure de ses protestations. Bientôt, se dit-il, Himmler sera là : il lui faut vite nettoyer toute trace de ses atermoiements passés.
Dans la cour, un tas de sable éclairé par les phares de plusieurs véhicules va servir de lieu d’exécution. C’est le général Olbricht, le plus gradé des conjurés, qui est fusillé en premier. Le deuxième doit être Stauffenberg mais au dernier moment, son ordonnance, le lieutenant Haeften, s’interposer et reçoit à sa place les balles du peloton d’exécution. Hélas, ce n’est que partie remise – après un dernier coup d’œil à son vieil ami, le colonel Mertz von Quirnheim, Stauffenberg a le temps de crier : « Longue vie à la Sainte Allemagne ! » Les coups de feu claqueront une dernière fois – pour ce soir – quelques instants plus tard pour mettre fin aux jours de Mertz von Quirnheim. La conjuration a vécu.

Pologne
Opération Comet – Etoiles voilées
Athènes, 22h30
– Alors que, comme d’habitude, il ne se passe pas grand-chose sur les aérodromes alliés de la région, les forces de l’ancien maquis de Końskie-Stąporków – désormais en cours de dispersion – informent par ondes courtes le QG allié qu’il ne sera pas nécessaire de procéder à de nouveaux parachutages dans leur secteur : il n’y aura plus personne pour les recevoir. Dommage… le temps se découvrait et, cette nuit, on aurait peut-être pu tenter quelque chose.
Obligés de rester discrets et succincts dans les messages – on craint à la fois la triangulation et l’interception puis le décodage – les responsables des colonnes quittant le maquis annoncent qu’ils risquent de ne plus pouvoir émettre régulièrement durant les jours à venir. Ensuite… On préférera sans doute de l’appui aérien à du ravitaillement. Ainsi, peut-être, que quelques évacuations sanitaires…

Allemagne (et France occupée)
Iden des März
Paris, 23h00
– Le coup de filet a pleinement réussi. Pratiquement sans violence aucune, plus d’un millier d’officiers SS et de membres du parti nazi ont été arrêtés dans la capitale française. Le gros des prisonniers a été réparti entre la prison de Fresnes et le Fort de l’Est (à Saint-Denis). C’est un succès pour le commandant en chef des troupes d’occupation en France, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel, et pour son subordonné, le général commandant le Gross Paris, le baron von Boineburg-Lengsfeld.
Mais presque au même moment, un télex en provenance du QG du commandement du Front Ouest transmet un ordre de von Rundstedt qui démet de ses fonctions von Stülpnagel, beaucoup trop prompt à obéir aux ordres de ce qui semble être une conjuration conduite par « quelques officiers réunis au Bendlerblock de Berlin ». C’est Guderian, tout nouveau chef de l’OKW, qui vient d’appeler von Rundstedt pour lui confirmer l’information. Le vieux général est d’ailleurs passablement vexé de n’avoir pas été choisi pour remplacer Keitel et d’être dorénavant obligé d’obéir aux ordres de celui qui est de treize ans son cadet…
………
Sur les ondes, 23h30 – Toutes les radios allemandes diffusent un discours d’Adolf Hitler rassurant la population sur son état de santé. Il invoque la Providence qui l’a épargné et affirme qu’après cette victoire sur les ennemis de l’intérieur, l’élection du Peuple allemand et de son Führer sera encore démontrée sous peu par l’inévitable victoire sur leurs ennemis de l’extérieur…
………
Bendlerblock, Berlin, 23h45 – Les exécutions dans la cour du Bendlerblock viennent à peine de se terminer que le général Fromm, décidément pressé, redoutant apparemment l’arrivée, d’un moment à l’autre, du Bataillon de la Garde, voire d’Himmler, se lance dans un discours enflammé devant tous les occupants de l’immeuble réunis. Il proclame que la survie du Führer est due à rien moins que la Providence et que le coup d’état vient d’être écrasé par ses soins dans le sang ! Sieg Heil ! Sieg Heil ! Sieg Heil !
Avec toute cette ardeur hitlérienne et le télégramme envoyé à qui de droit quelques instants plus tôt, qui peut encore soupçonner le général Fromm d’avoir été ne serait-ce que proche des conjurés, sous le prétexte futile que l’homme qui a commis l’odieux attentat était son chef d’état-major… Non, décidément, Fromm attend de pied ferme Himmler, Goebbels et tous les représentants du Führer que le Reich voudra bien lui envoyer pour décrire avec orgueil son action décisive dans la répression de la conjuration.

Nuit et brouillard
Rien à perdre
Camp d’Auschwitz
– Ce matin, quand on est venu les chercher au crématorium pour aller sans doute les massacrer au fond d’un bois, les “Sonderkommandos” du four IV ont sauté à la gorge des SS avec tout ce qui leur tombait sous la main : pelle, marteau, simple pierre… Tout était bon pour ces hommes qui savaient déjà qu’ils allaient y passer. Les gardiens du camp n’étaient pas habitués à ce qu’on leur résiste. Surpris, ceux qui ont survécu à l’assaut ont fui le bâtiment, que les prisonniers ont alors incendié avec des chiffons imbibés d’huiles !
Au bruit de l’affrontement, les hommes du four II ont compris qu’une révolte avait commencé – ils ont alors attrapé leur OberKapo pour le jeter hurlant dans les flammes !
Ensuite, ce fut le chaos, la prison s’est embrasée, tandis qu’on lâchait les chiens et que les gardes des miradors arrosaient les révoltés à la mitrailleuse. Plusieurs “Sonderkommandos” ont alors profité de la confusion pour s’enfuir après avoir découpé la clôture électrique à l’aide d’outils sommairement isolés. Ils ne sont pas allés bien loin… Rattrapés à Rajsko – tout près, dans un camp satellite – ils se sont retranchés dans un grenier dont les Nazis ont fait un bûcher sans que personne ne souhaite en sortir.
Pendant ce temps, dans l’usine de mort, le calme est revenu. Parmi les forçats de la machine, on décomptera 212 morts et 451 survivants. Une bonne part de ceux-ci seront exécutés les jours suivants. Parmi eux, Zalmen Gradowski – un ouvrier du four III, qui aura toutefois eu le temps de coucher son histoire sur le papier et d’enterrer son journal près de son lieu de « travail » avant de disparaître (28).
La vie… non, la mort reprendra vite à Auschwitz.


Notes
27- Précisons que les semaines suivantes, pour des raisons multiples, obscures et contradictoires, 10 % des IMI choisiront de rester internés, tandis que 15 % décideront de reprendre le combat pour le compte de la RSI ou même directement du Reich (dans la SS) !
28- Ce récit, retrouvé sur les indications d’un rescapé, sera publié en 2016 dans un recueil glaçant au titre évocateur : Au cœur de l’enfer.


Dernière édition par Casus Frankie le Dim Jan 30, 2022 17:15; édité 3 fois
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JPBWEB



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 13:22    Sujet du message: Répondre en citant

Finalement, les anti-Nazis sont aussi cafouilleux et ineptes que les Nazis...
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 13:28    Sujet du message: Répondre en citant

JPBWEB a écrit:
Finalement, les anti-Nazis sont aussi cafouilleux et ineptes que les Nazis...

C'est à souligner, parce que dans la culture populaire, dès qu'il s'agit d'officiers de la Wehrmacht opposés à Hitler, ils sont surdoués, courageux et ils ont la tête de Tom Cruise.
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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 13:43    Sujet du message: Répondre en citant

Euh... quelqu'un a un digestif ?

Blague à part, c'est un texte bel et fort ! :

Maquis de Końskie-Stąporków (districts de Radom-Kielce et de Łódź)

"...Percée et charge ! Au soir, profitant des averses comme d’une certaine désorganisation – voire d’une sorte de flottement – dans les lignes ennemies, les trois groupes réussissent à forcer sans trop de mal le dispositif lâche et mal armé des SicherungDivisionen, toujours pas renforcées par les renforts attendus de Varsovie et qui ne s’attendaient plus à un pareil effort. La colonne Sosabowski, qui attaque de front, subit toutefois quelques pertes – c’était prévisible. Mais elle en inflige aussi… et c’est une humiliation de plus pour les forces de sécurité du Reich, qui ont tôt fait de se lancer à sa poursuite !..."

Des renforts pour renforcer ? Fichtre !

Remplacer "forcer" par "enfoncer" ; "renforcées" par "épaulées" ; "renforts" par "troupes" ?

Pologne
Face au mur
Vieille ville (district de Varsovie), 12h00
– "... Malgré le siège qui se poursuit, il y a bien longtemps qu’on n’a pas connu cela à Varsovie. Depuis le début de l’Occupation, il y a bientôt cinq longues années, la ville n’a connu que la misère et la terreur, ..."

"vécu" à la place du premier ?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 13:59    Sujet du message: Répondre en citant

Tu avais raison Casus, c'est un monument. Et la couture est bien faite ! Quelques remarques très mineures toutefois :

- L'avion qui amène et ramène Von Stauffenberg a circulé sous très mauvais temps. On décale pas les heures mais ... le mentionner peut-être,
- Dans les Balkans, Von Freyend est Oberst,
-
Citation:
De plus, au début du mois, l’Armée Rouge
En fait ca date même de fin février même si le passage de la Vistule c'est début du mois,
- On a déjà largement pioché dans l'ErsatzHeer pour remettre sur pied un ODB convenable - le glisser ?

Wakyrie est un très très mauvais film - un genre d'aboutissement du courant de 'romantisation de la Wehrmacht' selon le livre que je lis actuellement. La cause perdue de la lutte contre le communisme à cause d'Hitler, tout ca ...
Citation:

Autre curiosité, que certains ont mise en doute malgré les documents d’époque qui ont été conservés dans les archives soviétiques : Jodl et Keitel portaient tous deux une blessure d’origine inexpliquée – une fracture de l’os hyoïde (dans la gorge), normalement caractéristique du décès par pendaison…
Huhuhu ...
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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 14:29    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
- Dans les Balkans, Von Freyend est Oberst,


Heu… A quelle date ? Ce n'est pas un autre Freyend ?
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John92



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 14:30    Sujet du message: Répondre en citant

Relecture de la 1ère livraison de Casus

La rencontre se déroule dans une atmosphère (ambiance ?) de haine totale, encore moins civile que celle qui, en septembre 1939, avait confronté les généraux Juliusz Rómmel (sic !) et Johannes Blaskowitz. Les plénipotentiaires discutent à dix bons mètres les uns des autres, entre deux haies de combattants pistolets-mitrailleurs à la hanche et pointés sur l’ennemi, en feignant de ne s’adresser qu’à leurs traducteurs : « Piotr, dites à ce tueur d’enfants que l’Armia Krajowa demande que… » – « Heinrich, veuillez faire comprendre à ce chien que l’armée allemande n’a pas à… » Ambiance – chacun n’a plus la moindre envie même de faire semblant.
Le bon côté de ce genre d’atmosphère, cependant, c’est que les discussions vont vite. Les Polonais veulent une trêve humanitaire durable permettant d’évacuer les civils des zones de combat et une discussion (négociation ?) sur les conditions qui autoriseraient le passage des blessés et des non-combattants sur la rive est.

Donc, pour les évacuations humanitaires, c’est non. Déjà, sur le front, l’Armée Rouge n’applique pas les lois de la guerre, et de toute façon, l’AK n’est pas une armée régulière – il n’y pas lieu de développer plus avant. Les civils ? L’armée allemande veut bien envisager leur évacuation (rapatriement ? pas terrible)… vers ses propres lignes, cela va de soi, car il se trouve parmi eux un grand nombre de sympathisants communistes et de terroristes, dont il va falloir s’occuper.

Les Alliés ont peut-être, pour l’instant, l’avantage sur plusieurs fronts (et encore, ça se discute…) mais ici les Polonais perdent la bataille. Alors, qu’ils arrêtent de se prévaloir de la force d’autrui !
Les pourparlers débouchent ainsi sur un constat d’échec total. En réalité, Allemands et Polonais ne sont d’accord que sur une chose : il faut prolonger de douze heures – donc jusqu’à ce soir – la trêve actuelle, afin que chacun revienne vers 18 heures 30 avec des propositions « sérieuses ».

Aussi, s’estimant assuré de ses appuis politiques et se jugeant sans doute bien plus brillant qu’il ne l’est, l’Obergruppenführer-SS signale formellement à Rastenburg les pourparlers en cours, pensant qu’on lui saura gré d’obtenir ainsi la capitulation des Polonais. Et le malheureux (l’imbécile ? malheureux, c’est trop gentil je trouve)va jusqu’à demander quelles concessions sans importance il pourrait lâcher pour accélérer la chose, comme des os qu’on jetterait à un chien ! Aurait-il oublié que, pour ses chefs, le Polonais est encore bien au-dessous du chien…

L’avion (L’appareil) amenant le colonel von Stauffenberg, son aide de camp le lieutenant von Haeften et le général de division Stieff, tous trois membres de la conjuration, se pose sur la piste de l’aérodrome situé à quelques kilomètres de la Tanière du Loup, suivi des chasseurs de l’escorte qui l’a accompagné depuis Berlin – le front n’est plus si loin et des avions soviétiques peuvent rôder. Le colonel Stauffenberg doit participer à 11h30, en compagnie d’une poignée d’officiers, à un pré-briefing orchestré par le maréchal Keitel pendant environ trois quarts d’heure.
Stauffenberg et Haeften échangent un coup d’œil quand il leur est annoncé que le briefing dirigé (la réunion dirigée ?)par le Führer est avancé (avancée ?) à 12h30, une demi-heure plus tôt que d’habitude, pour cause de visite “surprise” du Duce dans la Tanière du Loup.

Ainsi, vers Słomniki, une colonne qui tentait de rejoindre la forêt est surprise à découvert par les blindés du Gouvernement général – essentiellement de médiocres engins de prise dont plusieurs, insulte suprême, sont des tankettes TKS et des Samochód Pancerny WZ. 34 d’origine locale. Leur blindage (10 mm) comme leur armement (une mitrailleuse Hotchkiss ou, au mieux, un vieux canon de 37 mm) les rendrait ridicules face à n’importe quel véhicule moderne – hélas, l’AK ne dispose que de PIAT comme antichars, et il n’y en a pas beaucoup. Les petits blindés (engins ?) infligent donc de lourdes pertes… mais pas sans en payer le prix.
A la nuit, la 6e DI du colonel Wojciech Wayda “Retaliation” a perdu plus du quart de ses forces. Et il faudra du temps pour que le reste revienne à Olkusz. Surtout pour le lieutenant-colonel Julian Więcek “Topola” et son 12e RI, qui ont fait un long et très risqué crochet vers l’est. Au soir tombant, ils atteignent finalement Nowy Wiśnicz.

Renforcée de troupes venant de Katowice, la colonne allemande se let (met) en marche – elle devrait bientôt entrer en collision avec celle de “Tysiąc”.

Un groupe de conjurés au sein duquel on retrouve le comte von Helldorf (préfet de police de Berlin), Arthur Nebe (directeur de la KriPo) ou bien encore Hans-Bernard Gisevius (ancien agent de l’Abwehr en Suisse et agent de liaison de la conjuration (organisation ? bof) avec l’OSS) se réunit pour coordonner les actions à venir de la police de Berlin et de la Kriminalpolizei une fois qu’Olbricht aura transmis l’ordre de commencer le coup d’état. Nebe, qui a été à la tête d’un des premiers Einsatzgruppen à l’est (!), dirige une équipe d’une douzaine d’agents qui attendent les ordres pour aller éliminer Himmler (dont les conjurés ignorent qu’il se trouve à Rastenburg !) et Goebbels.

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John92



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 15:52    Sujet du message: Répondre en citant

Relecture 2ème livraison
Beau boulot même si
Beaucoup (trop Question ) d’explosion et de conjurés/conjuration

« Mon destin est lié à celui de l’Allemagne et rien ne peut m’atteindre tant qu’elle survit. La preuve, regardez mon uniforme, cher ami ! » Et le Führer d’exhiber au Duce les lambeaux de ce qu’il portait encore il y a quelques heures.
Hilare, l’interprète, Paul Schmidt, a bien du mal à suivre le débit torrentiel d’Hitler. Mais le principal est que, venu pour être rassuré, Mussolini l’est bel et bien par l’énergie que déploie le Führer (le grand chef/dictateur ?) dans son discours grandiloquent. Il pourrait même s’autoriser à sourire si la situation n’était pas si inquiétante en Italie… Aussi ne voit-il pas, ou plutôt ne veut-il pas voir, les petites taches sombres qui apparaissent au niveau des cuisses du pantalon du Führer, ni le déambulateur qui attend dans un coin…
Le numéro de cirque du Führer ayant fait son effet, le reste de l’entrevue est un échange de fantasmes entre les deux dictateurs, de rêves de contre-attaques victorieuses, d’armes secrètes et d’effondrement soudain des armées ennemies. Paul Schmidt, qui est présent pour tout retranscrire, finit néanmoins par comprendre pourquoi Hitler a repoussé un éventuel discours : il fallait que la réunion avec Mussolini ait lieu. Et comme le Duce semble parfaitement apaisé, peut-être n’avait-il pas tort ? A écouter Hitler, on se dit que ce qui se passe à Berlin n’a pas la moindre importance.
Oui, le Führer est bel est bien vivant !

Son excès de confiance vient-il de compromettre définitivement le Cercle de Kreisau et la conjuration tout entière ?
« Quoiqu’il arrive, pour moi cet homme est mort », annonce le général Beck. L’ancien chef d’état-major de l’armée allemande est une figure respectée de la conjuration (l’organisation ?)– pour preuve, le poste de président du Reich qui doit lui échoir si tout se passe bien. Son intervention permet de calmer les doutes de nombreux conjurés dans le Bendlerblock.

Le jeune capitaine des Transmissions Friedrich Klausing, qui doit jouer un rôle clef dans une journée déjà bien entamée possède deux traits de caractère accusés : il est prudent, mais… pas forcément méthodique. C’est lui qui est en charge des transmissions (communications ?) du Bendlerblock vers l’extérieur pour le compte des conjurés. Sa prudence fait qu’il n’a autorisé qu’une poignée de transcriptrices à émettre les instructions vers les différentes régions militaires du Reich, ce qui va ralentir fortement la transmission des informations. Malheureusement pour lui, manquant de méthode, il a oublié de vérifier la liste des destinataires des instructions (ordres ?) qu’il doit envoyer.

Depuis que, quatre heures plus tôt, on a sorti Adolf Hitler des vestiges de la salle de réunion, sévèrement blessé mais vivant, le général Fellgiebel sait (se doute ?) que le complot va probablement échouer. Il ne saura jamais qu’un étonnant hasard a sauvé la vie du Führer (en plus des maladresses de Stauffenberg au moment d’amorcer la bombe). Quelques instants avant l’explosion, Hitler avait demandé à son aide de camp, le général Schmundt, de faire distribuer des boissons. C’est au moment où Schmundt ouvrait la porte pour rentrer dans la salle de réunion que l’explosion s’est produit (la charge a détonné ?). La salle de réunion n’était plus un endroit clos et l’effet de l’explosion a été amoindri. De plus, au moment de l’explosion,(en trop ?) la sacoche de Stauffenberg avait été déplacée de l’autre côté d’un des massifs pieds de table en chêne. Un morceau de cette table a basculé sur Hitler et absorbé une partie de l’explosion, évitant au Führer des blessures létales.
Le général Schmundt, debout à l’entrée de la salle à l’instant de l’explosion (la déflagration ?), a été éjecté dans le couloir. C’est l’un des rares survivants de l’explosion, même s’il a perdu un œil et s’il boitera le restant de sa vie (ses jours ?). Les autres survivants sont le général Scherff, chargé de mission pour l’écriture de la guerre, le colonel von Below, aide de camp pour la Luftwaffe auprès d’Hitler, le général Fegelein, représentant la Waffen-SS auprès d’Hitler, le sténographe Heinz Bucholz et le général Warlimont, qui remplacera bientôt le maréchal Jodl. Tous sont plus ou moins blessés mais encore en vie.
Il y a quinze morts, tués sur le coup ou qui mourront peu après de leurs blessures.


- Contre-amiral von Puttkamer, aide de camp
de Hitler (d’Hitler ?) pour la Kriegsmarine ;


Pendant de longues heures, Fellgiebel avait réussi à bloquer les communications de la Wehrmacht. Les premièrescommunications (premiers contacts ?) entre la Tanière du Loup et Berlin (qui avaient notamment permis à Goebbels d’être informé) avaient été le fait de services de transmissions propres à la SS, Fellgiebel ne pouvait rien se reprocher.
Puis, au fur et à mesure que passait l’après-midi, il avait reçu de plus en plus d’ordres pour communiquer avec l’extérieur, il ne pouvait gagner davantage de temps. La conjuration avait laissé passer l’occasion – encore qu’il est difficile de savoir ce qui aurait été possible dès l’instant qu’Hitler n’était pas mort.
Finalement, le régime nazi reprenait le dessus…
Tout à l’heure, quand le Führer reviendra de l’hôpital dans la Tanière du Loup, Fellgiebel ira le féliciter avant d’attendre patiemment sa mise aux arrêts. Celle-ci interviendra dans la soirée. Soumis pendant plus de trois semaines à des interrogatoires, Fellgiebel ne dévoilera jamais le nom d’aucun des autres conjurés (putschistes ?).

Berlin, 17h15 – Le général von Hase, commandant la place de Berlin donne l’ordre au chef du Bataillon de la Garde, le commandant Otto-Ernst Remer, de prendre part à « l’éradication du soulèvement des SS et de membres du parti nazi (National-Socialiste ?) contre la personne d’Adolf Hitler, qui vient de décéder en Prusse Orientale » en bouclant le quartier du gouvernement et en arrêtant les présumés conjurés. Fanatique nazi jusqu’au bout des ongles, Remer obéit sans broncher. Un temps… Mais assez rapidement, le doute commence à germer dans son esprit : réprime-t-il les conjurés ou est-il en train d’œuvrer pour eux ?
En début d’après-midi, le lieutenant Hagen, officier d’instruction national-socialiste, est intervenu au sein de son bataillon pour prêcher la bonne parole du Parti. En fin de journée, Hagen revient et lui propose de rencontrer Goebbels : le ministre de la Propagande lui confirmera que les instructions de von Hase sont tronquées. Mais Goebbels ne fait-il pas partie de la conjuration ? En le rencontrant (voyant ?), Remer ne se place-t-il pas lui-même sur le chemin de la désobéissance ? Après s’être interrogé avec inquiétude, il finit par accepter de rencontrer (un entretien avec ?) le ministre du Reich.

Elles, qui combattent depuis longtemps les Allemands, ne croient guère à un soudain miracle. Mais elles ont tellement envie d’y croire (espérer ?)

Les sceptiques sont raillés, les prudents écartés – tu veux que nous restions ici à nous laisser égorger par les Allemands, vaurien ?
Le premier civil s’engage sur le pont, sous le regard des Allemands (landsers ?) postés à quelques 500 mètres de là, près du pont Poniatowski.

Fuir, c’est prendre le risque d’être poursuivis et obligés, plus tard, d’affronter ces assassins dans des circonstances plus défavorables. Mais rester, c’est aussi chercher l’affrontement (le combat ?), sans autre but que la vengeance et aux dépens de l’aide qu’attend toujours Varsovie.

Le général von Stülpnagel, commandant les (responsable des ?)troupes allemandes en France, vient de recevoir les instructions de la conjuration. Il ordonne au gouverneur du Gross Paris, le général von Loineburg-Lengsfeld, de faire arrêter sur le champ les SS et les membres du Parti nazi se trouvant dans la capitale et contacte von Rundstedt, commandant en chef du Front Ouest, pour qu’il se joigne à la conjuration (aux putschistes ?). Stülpnagel sait que Rundstedt exècre les conjurés, mais que l’idée de négocier avec les Occidentaux le taraude.

Brehmer est rentré quelques jours auparavant d’une opération à la tête d’un groupement ad hoc, la Division B (ou Division Brehmer), chargé de réduire les maquis dans le Centre-Ouest de la France. L’opération (Cette action ?) a consisté en une série d’exactions durant plusieurs semaines, sans apporter de réel avantage sur le terrain.
……
Résidence de Goebbels (porte de Brandebourg, Berlin), 18h30 – Quand le commandant Remer entre chez Goebbels, c’est pour mettre fin aux doutes qui l’assaillent depuis l’intervention du lieutenant Hagen et procéder, si besoin, à l’arrestation du ministre de la Propagande du Reich.
Des doutes, Goebbels (le ministre de l’Éducation du peuple et de la Propagande ?) en a depuis son réveil de sa sieste. Il semble que le (à ajouter)Führer n’ait été que blessé, mais il n’a pas eu de nouvelles (d’informations ?) plus précises de la Tanière du Loup. Et puis il n’a pas de nouvelles d’Himmler. Est-ce lui qui est derrière tout ça ? Tentant d’en savoir plus, il s’est résolu à demander à Speer de venir le voir. Mais si des mouvements de troupes dans Berlin sont maintenant connus de tout le monde, Speer (ce dernier/la ministre de l’Armement et des Munitions ?) n’est au courant de rien et c’est Goebbels qui l’informe de l’attentat. Enfin, raisonnent-ils, si les éventuels conjurés n’ont encore fait aucune proclamation sur les ondes et si le Führer est encore vivant, le coup d’état est peut-être voué à l’échec. Néanmoins, Goebbels (le ministre de l’Éducation du peuple et de la Propagande ?) va chercher une petite boîte contenant des comprimés de cyanure – au cas où

– Je ne vous permets pas de mettre en doute ma loyauté envers le parti (Parti ?) et notre Führer.

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Tyler



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 16:12    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
demolitiondan a écrit:
- Dans les Balkans, Von Freyend est Oberst,


Heu… A quelle date ? Ce n'est pas un autre Freyend ?


Oui c'est le même
https://en.wikipedia.org/wiki/Ernst_John_von_Freyend
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John92



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MessagePosté le: Dim Jan 30, 2022 16:17    Sujet du message: Répondre en citant

Autres synonymes possibles en plus de ceux déjà utilisés:
explosion -> conflagration
conjurés -> complotistes/traîtres
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