Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Diplomatie-Economie, Mars 1944
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4 ... 11, 12, 13  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Diplomatie, Economie
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9242

MessagePosté le: Dim Jan 09, 2022 07:31    Sujet du message: Répondre en citant

Bon à savoir. Surtout quand on sait que l'année de sa mort OTL est aussi celle de la bombe H Soviétique. Qu'ils auront peut être plus vite FTL. Bref il est mort au bon moment, si l'on peut dire.
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Jan 09, 2022 19:51    Sujet du message: Répondre en citant

7 mars
Les Balkans compliqués
Surenchère
Washington DC
– Le général William J. Donovan, chef de l’Office of Strategic Services, a reçu le rapport du colonel Robert MacDowell, son envoyé en Yougoslavie. Il lui revient à présent d’en transcrire la substance au secrétaire d’Etat à la Défense James V. Forrestal.
Globalement, et même s’il prend bien garde à ne pas critiquer frontalement les actions des services britanniques et français sur ce théâtre, Donovan ne prend pas de gants. Son intérêt pour les Balkans est bien connu. Seule l’intense activité de l’OSS sur les autres théâtres d’opérations et (selon lui) les menées européennes l’ont empêché de s’y consacrer autant qu’il le souhaitait. Quant à son action, elle s’inscrit avant tout dans une optique de concurrence avec l’URSS – la réalité du contexte yougoslave importe peu.
C’est ainsi que l’Américain écrit : « La duplicité de l’AVNOJ, envers nos alliés comme envers Belgrade, est certaine. Il est évident que le maréchal Tito, derrière la façade de son gouvernement, ne représente que les intérêts de Moscou et n’a d’autre objectif que d’aligner son pays sur l’URSS, avant peut-être de l’y intégrer ! Bien sûr, l’intéressé s’efforce de dissimuler de son mieux ses intentions, sans même y parvenir totalement. Citons, à titre d’exemple, sa récente interview dans le New York Times, où il indique : « Dans certains pays, les communistes ont montré trop peu de courage et de détermination. Quand les manifestations publiques sont impossibles, il faut recourir à la lutte armée. » Face aux intérêts divergents de nos alliés et à la faiblesse de nos moyens, il nous faut régler notre activité en Europe orientale selon l’adage bien connu : ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Dans cette optique, l’AVNOJ comme les empires passés sont des obstacles au développement économique et à la démocratie (10).
Nous devons donc développer notre réseau en nous appuyant sur les éléments compatibles avec nos objectifs finaux, sans que leurs actions ou allégeances passées soient un obstacle. Les premiers contacts établis avec les éléments royalistes serbes sont plus que prometteurs – même si les moyens font défaut sur place.
Il convient ici de rappeler une réalité : le gouvernement de Belgrade est faible et peu soutenu par les Européens – mais quels que soient ses défauts, il peut servir nos intérêts. Je propose donc la mise sur pied d’un régiment spécialement affecté à cette zone, intégrant nos agents déjà sur place (11°. Ce régiment aura pour premier objectif la résolution du conflit civil en cours en Yougoslavie, et la réunification de cette nation sous un régime aligné sur nos vues. Nous tâcherons ensuite d’étendre notre influence vers la Grèce et potentiellement l’Autriche et la Hongrie. Dans l’intervalle, il va sans dire que notre soutien matériel à Belgrade ne doit pas se tarir – il est même souhaitable qu’il soit renforcé. »

On aura bien compris que, pour Donovan, même les Oustachis ont un intérêt – au même titre que les Tchetniks et sans doute les Slovènes. Et l’Américain envisage désormais sereinement de mettre ses forces (onze mille agents dispersés en Europe tout de même !) ainsi que la puissance des Etats-Unis à la disposition des éléments les plus réactionnaires dans le pays. Ce qui n’ira pas sans faire grincer quelques dents, depuis Tito jusqu’à Eden en passant par Blum. Comme le dira un agent britannique anonyme : « Les Américains jouent aux cow-boys (eux) contre les… Rouges (les autres) ! » Un jeu dangereux en vérité, pour leurs partenaires comme pour leurs adversaires.

Pologne
Notre meilleur ami
Ministère des Affaires étrangères (quai de la Joliette, Marseille)
– Sitôt Margerie rentré de sa brève escapade à Alger, Léon Blum – à qui son sous-secrétaire d’Etat a fait un rapport aussi fidèle que navré – invite personnellement l’ambassadeur Feliks Frankowski à bien vouloir le rencontrer dans son bureau pour une entrevue de la plus haute importance.
Le Polonais n’ignore rien des multiples efforts des Français en leur faveur, auprès des autres Alliés occidentaux… comme des Soviétiques. Et le gouvernement en exil espère toujours que la République française – nation majeure des Nations-Unies, combattante infatigable et alliée historique de la Pologne – va donner de la voix pour obtenir une solution acceptable par tous. C’est donc avec un optimisme mesuré mais réel que Frankowski se rend à l’invitation.
Hélas, le subtil diplomate aura vite fait de deviner là où son ami veut en venir. Les circonlocutions d’usage, évocation des événements passés, énumération des efforts en cours et inventaire de ceux à venir, ont tôt fait de dissiper ses illusions. C’est en vain que le ministre rappelle à l’ambassadeur les termes particulièrement rudes dans lesquels l’URSS avait répondu aux premières sollicitations des Alliés (12). Et quand, finalement, Blum énonce l’offre soviétique, c’est un silence de mort qui s’abat dans le bureau. Après un très long silence, le Français doit faire un effort pour reprendre la parole : « J’aurais aimé venir vers vous avec… une meilleure proposition. »
– Franchement, Monsieur le ministre, j’aurais préféré aussi. Si vous le permettez, je vais prendre congé pour consulter mon gouvernement. Vous comprendrez, j’en suis sûr, l’urgence de cette démarche.
– Bien entendu. A très vite, j’espère.

Et saluant le Polonais, Blum ne peut s’empêcher de constater que sa poignée de main n’est plus aussi chaleureuse qu’à son arrivée…


Notes
10- Au début de l’année 1944, les relations entre le MI6 et l’OSS sont extrêmement tendues. Inquiet d’une éventuelle perte d’influence, voire même d’actions anti-anglaises sous couvert de lutte contre l’Axe, Steward Menzies a fini par interdire formellement à Donovan d’envoyer des hommes sur le territoire du Royaume-Uni ou dans les territoires où ses services sont présents – ce qui inclut les zones contrôlées par les gouvernements grec et yougoslave. On comprend que l’arrivée en force des Américains dans les Balkans, encouragée ou non par Churchill, n’ait pas donné lieu à la moindre coordination.
11- Donovan fait ici allusion à ses très bonnes relations avec certains membres de l’Eglise catholique, qui lui fournissent depuis fort longtemps un grand nombre d’informations à l’insu même du pape !
12- De fait, la réponse formelle à la demande américaine d’obtention de bases pour le ravitaillement de Varsovie tenait en une ligne : « Il s’agit d’une affaire intérieure, sur laquelle nous ne saurions intervenir, tout comme les Alliés occidentaux ne sauraient intervenir dans [notre propre] organisation intérieure ». A cette époque, et bien qu’il acceptât de promettre à Churchill « un ravitaillement et un soutien aérien en temps voulu », Staline ajoutait en même temps que « ce serait dans la stricte limite de [ses] possibilités ». Et il précisait : « les informations qui vous sont communiquées par les Polonais sont très exagérées et n’inspirent pas confiance (...) L’Armée de l’Intérieur polonaise se compose de plusieurs unités, qui se nomment à tort divisions. Ils n’ont ni artillerie, ni aviation, ni chars. Je ne peux pas imaginer comment de telles unités peuvent prendre Varsovie. » Et pendant ce temps, la censure soviétique bloquait évidemment toute information sur le sujet en URSS.


Dernière édition par Casus Frankie le Lun Jan 10, 2022 11:09; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
John92



Inscrit le: 27 Nov 2021
Messages: 1013
Localisation: Ile de France

MessagePosté le: Lun Jan 10, 2022 08:48    Sujet du message: Répondre en citant

Les numéros de notes ne sont pas dans le texte
...
Le général William J. Donovan, chef de l’Office of Strategic Services, a reçu le rapport du colonel Robert MacDowell, son envoyé en Yougoslavie. Il lui revient à présent d’en transcrire la substance au secrétaire d’Etat à la Défense James V. Forrestal.
Globalement, et même s’il prend bien garde à ne pas critiquer frontalement les actions des services britanniques et français sur ce théâtre, Donovan ne prend pas de gants. Son intérêt pour les Balkans est bien connu. Seule l’intense activité de l’OSS sur les autres théâtres d’opérations et (selon lui) les menées européennes l’ont empêché de s’y consacrer autant qu’il le souhaitait. Quant à son action, elle s’inscrit avant tout dans une optique de concurrence avec l’URSS – la réalité du contexte yougoslave importe peu.
C’est ainsi que l’Américain écrit : « La duplicité de l’AVNOJ, envers nos alliés comme envers Belgrade, est certaine. Il est évident que le maréchal Tito, derrière la façade de son gouvernement, ne représente que les intérêts de Moscou et n’a d’autre objectif que d’aligner son pays sur l’URSS, avant peut-être de l’y intégrer ! Bien sûr, l’intéressé s’efforce de dissimuler de son mieux ses intentions, sans même y parvenir totalement
...
Dans cette optique, l’AVNOJ comme les empires passés sont des obstacles au développement économique et à la démocratie .
Nous devons donc développer notre réseau en nous appuyant sur les éléments compatibles avec nos objectifs finaux, sans que leurs actions ou allégeances passées soient un obstacle. Les premiers contacts établis avec les éléments royalistes serbes sont plus que prometteurs – même si les moyens font défaut sur place.

...
Les circonlocutions d’usage, évocation des événements passés, énumération des efforts en cours et inventaire de ceux à venir, ont tôt fait de dissiper ses illusions. C’est en vain que le ministre rappelle à l’ambassadeur les termes particulièrement rudes dans lesquels l’URSS avait répondu aux premières sollicitations des Alliés . Et quand, finalement, Blum énonce l’offre soviétique, c’est un silence de mort qui s’abat dans le bureau. Après un très long silence, le Français doit faire un effort pour reprendre la parole : ...
Notes
Les numéros de notes ne sont pas dans le texte
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Kirishima



Inscrit le: 10 Nov 2013
Messages: 160

MessagePosté le: Lun Jan 10, 2022 11:40    Sujet du message: Répondre en citant

James Forrestal était à cette période OTL Sous-secrétaire à la Marine. Il deviendra Secrétaire en mai 44 suite au décès de Frank Knox et le premier Secrétaire à la Défense en 47.

Le Secrétaire à la Guerre à l'époque était Henry Stimson.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Jan 10, 2022 11:44    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Kirishima !
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patzekiller



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 3940
Localisation: I'am back

MessagePosté le: Lun Jan 10, 2022 18:45    Sujet du message: Répondre en citant

sur ces histoires d'OSS et de vatican, la situation n'est pas à l'image d'otl : rome occupé par les SS, le vatican enclavé, et un pape qui joue la neutralité, tout en montant des réseaux d'évasion par l'intermédiaire d'un cardinal irlandais, bien que sa tête soit sur le billot.

la situation ftl justifiera elle une coopération aussi poussée du vatican avec les SR alliés, y compris ceux d'alger?
c'est un point qui mérite discussion.
_________________
www.strategikon.info
www.frogofwar.org
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Jan 11, 2022 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

8 mars
Pologne
Notre meilleur ami
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– La nouvelle de la « trahison française » – car c’est ainsi que certains membres du gouvernement polonais évoquent la transmission par Blum à Feliks Frankowski de la proposition soviétique – a fait l’effet d’une bombe. Sous le choc de la déception, le général Tadeusz Bór-Komorowski a carrément quitté la salle. « Puisque tout est fini et que la dernière chance a disparu », a-t-il déclaré à la cantonade, « il ne me reste plus qu’à rejoindre Varsovie pour aller mourir avec mes hommes, avant de voir la fin de notre identité et de nos traditions ».
Plus éprouvée que jamais, l’institution – qui représente toujours légalement la République de Pologne, faut-il le préciser ! – est désormais clairement scindée entre “réalistes” – persuadés qu’il n’est plus d’autre voie que de négocier avec Moscou pour sauver ce qui peut encore l’être – et “idéalistes” – devenus “jusqu’au-boutistes”, le général Kukiel en tête. Pour ces derniers, puisque que tout est joué, il ne sert à rien de cautionner l’abandon aux Rouges de leur pays ; mieux vaut se confronter à Moscou, voire aux Occidentaux, en prenant le monde à témoin de la réalité de l’action soviétique en Pologne, quitte à mettre le nez de chacun dans la fange répandue par tous. « Après tout, les Français ont bien redressé la tête, même contre une partie de leurs propres… compatriotes [Kukiel a failli dire “dirigeants”, dans une comparaison qui n’aurait peut-être pas plu à tous autour de la table]. Face aux envahisseurs, c’est maintenant qu’il faut nous imposer – le temps ne joue pas pour les Rouges, il joue pour nous. Le monde ne pourra pas rester éternellement sourd à ce que nous infligent les Allemands et les Soviets, objectivement complices. Des dissensions entre Moscou et Washington sont inévitables ! »
Ainsi donc, les Polonais aussi se prennent à rêver d’une rupture entre les membres des Nations-Unies… pour des raisons très différentes de celles des Allemands, il est vrai. Du temps du général Władysław Sikorski – lequel aurait peut-être pu révéler certains crimes communistes, malheureusement fort peu documentés à ce jour – pareille bravade aurait peut-être eu une chance de rassembler la majorité du gouvernement polonais. Seulement voilà : le général est mort dans un accident d’avion. Et si Marian Włodzimierz Kukiel, en tant que militaire, a bien dû admettre la réalité de la situation, les “idéalistes” sont de plus en plus isolés. Le ministre des Affaires étrangères, Edward Bernard Raczyński, prône une attitude « mesurée mais patriote ». Le ministre de la Justice, Wacław Komarnicki, ne fait pas davantage confiance aux Rouges… mais c’est un constat partagé autour de la table, qui ne permet pas de faire pencher la balance.
Tous les autres principaux responsables – le Premier ministre Stanisław Mikołajczyk, le ministre de l’Industrie (et vice-Premier ministre) Jan Kwapiński, le ministre du Trésor Ludwik Grosfeld, le ministre de l’Information et de la Documentation Stanisław Kot ainsi que le ministre de l’Intérieur Władysław Banaczyk – sont partisans d’un arrangement plus ou moins pérenne… et plus ou moins sincère avec les Rouges. Quant au président Władysław Raczkiewicz, ses vues « libérales » sont bien connues.
Le débat se poursuit ainsi toute la journée dans une très grande confusion, parfois même à couteaux tirés. Le soir est tombé depuis longtemps qu’il n’est pas encore vraiment tranché, et les noms d’oiseaux volent à présent par-dessus la table. La nuit sera longue…

Enosis !
La Grèce est pour les Grecs
Limassol
– Après une huitaine de jours de manifestations encadrées (ou du moins organisées) par les affidés de Georgios Grivas, la fièvre ne retombe décidément pas sur la grande île. La communauté hellène réclame désormais ouvertement le rattachement à la Grèce, par des manifestations symboliques chaque jour plus fortes : pavoisement des maisons en bleu et blanc, Hymne à la Liberté repris en chœur dans les églises, discours et surenchères nationalistes de la part du clergé (l’archevêque Makarios n’étant bien sûr pas le dernier à s’enflammer…). Le tout devant une police complice et une garnison britannique passive, quand elle n’est pas tout simplement absente.
Les manifestants sont d’ailleurs encouragés par le Premier ministre grec Papandréou, à Athènes, qui accueille « avec un immense plaisir la splendide preuve d’attachement à la Mère Patrie que nous offrent les Chypriotes. Qu’ils soient assurés que leur voix est entendue sur l’autre rive de la mer Egée et saura atteindre les esprits comme elle a déjà touché nos cœurs. »
Ni le Foreign Office, ni le gouvernement britannique ne souhaitent apparemment réagir à ces manœuvres. Dans la soirée, Ankara fait parvenir officiellement à Londres une note exprimant son « inquiétude face à la situation dans [son] ancien territoire, au sein duquel la Turquie a conservé de nombreux ressortissants. » L’île a beau avoir été cédée à la couronne britannique en tant que colonie par le traité de Lausanne, la Turquie estime conserver un droit de regard sur les affaires chypriotes, pour des raisons ethniques et religieuses – considérations dont il semblerait d’ailleurs qu’elles fassent déjà beaucoup de morts dans des pays proches.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
John92



Inscrit le: 27 Nov 2021
Messages: 1013
Localisation: Ile de France

MessagePosté le: Mer Jan 12, 2022 09:03    Sujet du message: Répondre en citant


Enosis !
La Grèce est pour les Grecs
Limassol
– Après une huitaine de jours de manifestations encadrées (ou du moins organisées) par les affidés de Georgios Grivas, la fièvre ne retombe décidément pas sur la grande île. La communauté hellène réclame désormais ouvertement le rattachement à la Grèce, par des manifestations (actions ?) symboliques chaque jour plus fortes : pavoisement des maisons en bleu et blanc, Hymne à la Liberté repris en chœur dans les églises, discours et surenchères nationalistes de la part du clergé (l’archevêque Makarios n’étant bien sûr pas le dernier à s’enflammer…).
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Jan 12, 2022 22:15    Sujet du message: Répondre en citant

9 mars
Les Balkans compliqués
Récupération
Palais Blanc (Belgrade)
– De son domaine royal, Pierre II Karađorđević émet une nouvelle note diplomatique protestant contre l’inaction alliée face aux Oustachis. Evidemment, la protestation en question n’ira pas bien loin – le ministre Milan Grol, qui tente encore de ménager la chèvre et le chou, y veillera. Et puis, les récriminations en question sont moins rudes qu’en décembre 1943 – est-ce un début de sagesse de l’entourage du souverain ? Ou bien le signe qu’il s’agit simplement d’émouvoir le monde en donnant une large publicité à cette affaire ? En tout cas, le général Petar Živković en profite pour solliciter des Etats-Unis l’envoi de moyens supplémentaires, y compris pour les corps francs yougoslaves…

Pologne
Notre meilleur ami
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– Après une nuit de débats désordonnés et désespérés, l’impensable s’impose : le gouvernement polonais en exil, par l’intermédiaire de son premier ministre Stanisław Mikołajczyk, reconnait les autorités provisoires mises en place sur son territoire par l’Union Soviétique et accepte de collaborer avec celles-ci dans le cadre d’un futur gouvernement d’union nationale.
Pareil retournement de position, aussi douloureux qu’inéluctable, n’a pas été obtenu sans mal. La noble institution – et notamment son président Władysław Raczkiewicz – aurait aimé garder un visage uni pour tenter de peser au moins un peu le moment venu sur les rouges. Hélas, cela s’est révélé impossible ! Le général Marian Włodzimierz Kukiel, premier des jusqu’au-boutistes, a démissionné de son poste de ministre de la Guerre. Il est remplacé par le général Kazimierz Sosnkowski – qui cumule donc désormais cet emploi avec celui de commandant en chef de l’armée. De fait, Sosnkowski, bien que militaire respecté, n’a jamais cru à Tempête – le 3 février, encore, il affirmait à Mikołajczyk, devant Kukiel : « un soulèvement sans accord préalable avec l’URSS selon des termes équitables serait politiquement injustifié. Et sans une coopération honnête et authentique avec l’Armée Rouge, ce ne serait rien d’autre qu'un acte de désespoir sur le plan militaire ». Force est de constater qu’il avait raison… Sa première tâche sera de tenter de redonner une cohérence aux forces armées polonaises, régulières comme clandestines, minées par le mécontentement et un début de dissensions.
La République polonaise s’engage donc sur la voie de la collaboration avec l’Union Soviétique. Pour ce faire, mieux vaut s’entourer des bonnes personnes. Si le reste du gouvernement est toujours en place, le général Tadeusz Bór-Komorowski, commandant de l’AK à Londres, est déchargé de son poste pour être remplacé par Léopold Okulicki, lequel se trouve chargé de gérer un projet fort différent… Mais pour l’heure, une chose à la fois : toute honte bue, toute rage ravalée, le gouvernement polonais communique sa décision à ses principaux partenaires : la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis d’Amérique et… l’Union Soviétique, par la voie diplomatique normale. Evidemment, dans tous les cas, l’information remontera en urgence aux principaux décideurs…
………
Kremlin (Moscou) – Pour le maréchal Staline, c’est une fois encore jour de fête ! A titre personnel, il efface une fois pour toutes l’affront qui lui avait été fait en 1921. A titre professionnel, il est ravi de voir la Pologne enfin revenue à une attitude plus raisonnable – et toute l’URSS avec lui. Cela simplifiera bien des choses pour la fin du conflit – et même pour tout ce qui se passera ensuite.
– Au train où vont les choses, Viatcheslav Mikhaïlovich, il va falloir songer à agrandir notre futur palais des Soviets (13) ! plaisante-t-il, jovial, avec son ministre des Affaires étrangères, venu personnellement lui annoncer la nouvelle. Car c’est à présent l’intégration de la Pologne à l’URSS que le dictateur a en tête – ou tout au moins sa soumission sur le modèle roumano-bulgare. Cependant, la présence des capitalistes dans les Balkans, notamment, incite aussi le Vojd, non à la négociation, mais à la patience. Et pour l’heure, le plus important pour l’URSS est évidemment de démontrer son humanité comme sa générosité. Des ordres sont donc immédiatement donnés afin de venir en aide à Varsovie. A croire qu’ils étaient déjà rédigés… à une variable près, toutefois.
………
Ministère des Affaires étrangères (quai de la Joliette, Marseille) – Au même moment, Roland de Margerie, Léon Blum et Charles De Gaulle évoquent brièvement, loin des oreilles indiscrètes, les événements polonais – brièvement, non par manque d’intérêt, mais bien parce qu’il n’y a plus rien à dire. Les Français n’ont aucune espèce d’illusions sur la réalité de la bonté d’âme soviétique – Margerie a rédigé un rapport plus qu’éloquent à ce sujet, dans des termes dont Blum lui-même ne peut que convenir. Celui-ci commente d’ailleurs, quelque peu amer : « Finalement, nous aurions peut-être mieux fait de ne pas nous en mêler et de jouer le jeu des Anglais, qui nous ont fait passer par devant leurs propres arbitrages. »
Le Général n’est pas exactement de cet avis : « Nous avons essayé, et c'est à notre honneur. Bien sûr, nos amis polonais vont nous en vouloir d’avoir échoué. Mais un jour, ils nous rendront justice, j'en suis certain. » Suit une bouffée de Player’s, avant une sombre conclusion : « Et puis, cela aurait pu être pire. Bien pire. » Personne n’ira le contredire.
La loi de Staline est dure… Et les dommages aux relations entre Pologne et Occident – et plus particulièrement entre Pologne et France – seront immenses et même pour partie irréparables. Ce d’autant plus que la « République populaire » ne fera évidemment rien pour rétablir les responsabilités des uns et des autres. Aujourd’hui encore, beaucoup de citoyens polonais parlent de « la trahison occidentale » et des alliés européens qui ont laissé tomber leur pays aux mains des Rouges…

Changement de paradigme
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– Le général Léopold Okulicki, nouveau commandant en chef de l’Armia Krajowa, sitôt en place, émet un premier ordre : arrêt immédiat de toute l’opération Tempête. En effet, cette dernière ne correspond plus en quoi que ce soit aux objectifs de la nouvelle politique du gouvernement.
Dans la nuit, un second ordre, au moins aussi simple, sera émis : déclencher l’opération Vengeance, pour succéder à Tempête. Le nom est trompeur – il s’agit en fait d’envoyer autant d’hommes que possible vers Varsovie, afin d’assister l’insurrection dans l’attente des Soviétiques. En réalité, Vengeance n’a qu’un seul objectif : sauver ce qui peut encore l’être. C’est à dire au moins une partie de la capitale et de ses habitants…
………..
« Ainsi donc, après la Tempête, venait la Vengeance – dont le but était bien différent, mais aussi ambitieux, du moins à l’échelle des moyens polonais. Tout comme, à vrai dire, le simple fait de lancer une seconde opération après l’échec complet qu’avait été Tempête. Echec qui avait, au surplus, drainé une part significative des maigres ressources de l’Armée secrète dans un combat dont on pouvait dire désormais qu’il était perdu d’avance.
Hélas pour l’AK, la meilleure volonté du monde ne pesait décidément rien face à des circonstances initiales aussi défavorables – la violence de la réaction allemande et l’hostilité soviétique ne pouvant bien sûr qu’aggraver une situation déjà fort difficile et confuse. Rétrospectivement, il semble évident que la tentative “d’insurrection légale” polonaise ne pouvait que déboucher que sur un résultat objectivement nul !
Pour autant, peut-on dire que les responsables polonais aient manqué de réalisme ? En partie, c’est vrai, mais ils ont surtout manqué d’anticipation politique. En déclenchant Tempête, poussés par un sentiment d’urgence extrême, au milieu d’un effondrement allemand qui avait surpris tout le monde et que l’on pensait alors sans remède, les Polonais ne prenaient personne de vitesse. En réalité, ils commençaient, paradoxalement, par gaspiller leurs cartes dans les secteurs où ils étaient les moins solides, tant du fait de l’action des forces de répression du Reich que de la foule de conflits inter-ethniques qui ravageaient la Pologne Orientale. Puis, faute de résultats, et se sentant de plus en pris à la gorge par l’avance soviétique comme par la réserve occidentale, ils décidaient finalement de jouer leur va-tout le 23 février à l’échelle de tout le pays. Donc, cette fois-ci, dans leurs régions les plus fortes… mais aussi les plus densément occupées par l’Allemagne et les plus éloignées de toute aide ! Le tout pour prétendre libérer ces territoires « juste avant » l’arrivée de l’Armée Rouge, donc très vite, mais sans en avoir forcément les moyens… Il devait évidemment s’ensuivre une lutte aussi féroce que sans espoir (malgré un soutien aérien tardif venu de Grèce), qui permettrait bien sûr ultérieurement aux Russes de profiter à bon compte des marrons tirés du feu, en critiquant à la fois la répression fasciste et l’absence de coordination nationaliste…
Il est inutile de disserter plus longtemps sur les aspects militaires foncièrement déséquilibrés des événements – contentons-nous simplement de constater que, grâce à l’action de leurs services de renseignement comme à l’efficacité de leurs outils de répression, les Soviétiques eurent dans les faits presque toujours un coup d’avance sur cette opération pourtant censée les prendre de court. Ce qui était tout de même un gros handicap pour l’AK, qui lui ôtait toute possibilité de s’imposer avant l’arrivée de l’Armée Rouge, Allemands ou pas… Dans le fond, c’était sans doute encore le temps des espoirs naïfs pour la Résistance polonaise.
Cette dernière était désormais réduite à moins d’un tiers de ses forces initiales, malgré le renfort des parachutistes exilés. Et dans les ruines de Varsovie, ravagée par la destruction, la famine et la mort, l’AK se retrouvait irrémédiablement prisonnière d’une logique de surenchère perdante. C’est-à-dire qu’elle se trouvait obligée de rajouter désespérément des moyens – qu’elle savait de toute façon insuffisants ! – pour faire en sorte que tout ce qui avait déjà été dépensé ne l'ait pas été en vain. Ou tout au moins pour tenter de limiter un tant soit peu les dégâts…
La suite serait terrible – comme le puits sans fond dans lequel paraissait s’enfoncer Varsovie à chaque nouvel impact d’obus. »

(Robert Stan Pratsky, Amère libération : la seconde Campagne de Pologne – Granit, 2008).


Note
13 - NDE – Gigantesque projet de construction stalinienne (architecte principal Boris Iofan), sur le site de la cathédrale démolie du Christ-Sauveur. Destinée à abriter les sessions du Soviet suprême, ce palais aurait dû pouvoir accueillir plus de 20 000 personnes, dans une salle de 130 m sur 100, au sein d’une structure culminant à 416 mètres (dont une statue de Lénine de 100 m de haut !) pour un volume cumulé supérieur à celui des six plus hauts gratte-ciels de Manhattan. Il était aussi censé disposer des technologies les plus modernes (177 ascenseurs, une foule d’escalators, douze centrales de renouvellement de l’air et trente unités d’élimination de déchets, le tout exigeant trois centrales thermiques pour l’alimenter en énergie…). Evidemment, la technicité comme le coût de l’ouvrage dépassait de très loin les capacités de l’URSS ! En 1942, une fois les fondations réalisées (160 000 m3 terrassés…), on en était à peine au rez-de-chaussée. Le chantier fut alors mis en sommeil pour cause de conflit, mais nullement démoli, car il était alors trop avancé pour que l’on puisse récupérer ses matériaux. Après la fin du conflit, il fut abandonné de fait, l’attention de Staline s’étant portée sur d’autres projets de construction ou de reconstruction. Après la mort du Vojd, n’attirant pas le moindre intérêt de la part des décideurs, il entra dans l’Histoire comme un prodigieux gaspillage de ressources. Quoique le site soit aujourd’hui devenu… la grande piscine olympique Moskva – le cuvelage béton aura au moins servi à cela.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Jeu Jan 13, 2022 08:31    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
pour tenter de peser au moins un peu le moment venu sur les Rouges.

_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Hendryk



Inscrit le: 19 Fév 2012
Messages: 3203
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Jan 13, 2022 08:39    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Gigantesque projet de construction stalinienne (architecte principal Boris Iofan), sur le site de la cathédrale démolie du Christ-Sauveur. Destinée à abriter les sessions du Soviet suprême, ce palais aurait dû pouvoir accueillir plus de 20 000 personnes, dans une salle de 130 m sur 100, au sein d’une structure culminant à 416 mètres (dont une statue de Lénine de 100 m de haut !) pour un volume cumulé supérieur à celui des six plus hauts gratte-ciels de Manhattan. Il était aussi censé disposer des technologies les plus modernes (177 ascenseurs, une foule d’escalators, douze centrales de renouvellement de l’air et trente unités d’élimination de déchets, le tout exigeant trois centrales thermiques pour l’alimenter en énergie…). Evidemment, la technicité comme le coût de l’ouvrage dépassait de très loin les capacités de l’URSS ! En 1942, une fois les fondations réalisées (160 000 m3 terrassés…), on en était à peine au rez-de-chaussée. Le chantier fut alors mis en sommeil pour cause de conflit, mais nullement démoli, car il était alors trop avancé pour que l’on puisse récupérer ses matériaux. Après la fin du conflit, il fut abandonné de fait, l’attention de Staline s’étant portée sur d’autres projets de construction ou de reconstruction. Après la mort du Vojd, n’attirant pas le moindre intérêt de la part des décideurs, il entra dans l’Histoire comme un prodigieux gaspillage de ressources. Quoique le site soit aujourd’hui devenu… la grande piscine olympique Moskva – le cuvelage béton aura au moins servi à cela.

OTL la cathédrale a été reconstruite à l'identique dans les années 1990, projet à peine moins pharaonique pour un régime post-soviétique au bord de la banqueroute. Ce n'est peut-être pas plus mal que le site reste une piscine.
_________________
With Iron and Fire disponible en livre!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
John92



Inscrit le: 27 Nov 2021
Messages: 1013
Localisation: Ile de France

MessagePosté le: Jeu Jan 13, 2022 09:09    Sujet du message: Répondre en citant


De son domaine royal, Pierre II Karađorđević émet une nouvelle note diplomatique protestant (d’indignation ?) contre l’inaction alliée face aux Oustachis. Evidemment, la protestation en question (concernée ?) n’ira pas bien loin – le ministre Milan Grol, qui tente encore de ménager la chèvre et le chou, y veillera. Et puis, les récriminations en question sont moins rudes qu’en décembre 1943 – est-ce un début de sagesse de l’entourage du souverain ?

[/b]– Après une nuit de débats désordonnés et désespérés, l’impensable s’impose : le gouvernement polonais en exil, par l’intermédiaire de son premier ministre Stanisław Mikołajczyk, reconnait les autorités provisoires mises en place sur son territoire par l’Union Soviétique et accepte de collaborer avec celles-ci dans le cadre d’un futur gouvernement d’union nationale.

Car c’est à présent l’intégration de la Pologne à l’URSS que le dictateur a en tête – ou tout au moins sa soumission sur le modèle roumano-bulgare. Cependant, la présence des capitalistes dans les Balkans, notamment, incite aussi le Vojd, non à la négociation, mais à la patience. Et pour l’heure, le plus important pour l’URSS (la patrie des travailleurs ?) est évidemment de démontrer son humanité comme sa générosité.

Le général Léopold Okulicki, nouveau commandant en chef de l’Armia Krajowa, sitôt en place, émet (envoie) un premier ordre : arrêt immédiat de toute l’opération Tempête. En effet, cette dernière ne correspond plus en quoi que ce soit aux objectifs de la nouvelle politique du gouvernement.
Dans la nuit, un second ordre, au moins aussi simple, sera émis : déclencher l’opération Vengeance, pour succéder à Tempête.

« …
Rétrospectivement, il semble évident que la tentative “d’insurrection légale” polonaise ne pouvait que déboucher
que (en trop) sur un résultat objectivement nul !
…. »


Note

Le chantier fut alors mis en sommeil pour cause de conflit, mais nullement démoli, car il était alors trop avancé pour que l’on puisse récupérer ses matériaux. Après la fin du conflit (de la guerre/des affrontements ?), il fut abandonné de fait, l’attention de Staline s’étant portée sur d’autres projets de construction ou de reconstruction.
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9250
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Jeu Jan 13, 2022 09:26    Sujet du message: Répondre en citant

Et sinon une réaction sur le fond d'une des trois rubriques ? Wink
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Jan 17, 2022 19:46    Sujet du message: Répondre en citant

10 mars
Pologne
Notre meilleur ami
Londres
– Suite au retournement auquel s’est résolu le gouvernement polonais en exil, les réactions dans le monde sont évidemment nombreuses et diverses, voire contrastées. La France et l’Angleterre gardent une sorte de modeste réserve – l’une parce qu’elle a beaucoup essayé sans parvenir à grand-chose, l’autre parce qu’elle voit dans toute cette lamentable histoire la confirmation de la justesse de ses vues. Néanmoins interpellé à la Chambre des Communes par les Conservateurs (donc par son propre parti !) sur la possibilité de survie à terme de la Pologne, Winston Churchill, tout en feignant de ne pas comprendre que la question s’inquiète moins des Allemands que des Soviétiques, se lance dans une envolée lyrique qu’il n’a pas daigné offrir au bon moment : « The soul of Poland is indestructible ! She will rise again as a rock, which may for a spell be submerged by a tidal wave, but which remains a rock. » L’âme de la Pologne est indestructible. Elle s’élèvera de nouveau pareille à un rocher, qui peut être submergé par une lame de fond à cause d’un coup du sort, mais reste bien un rocher…
………
Berlin – De son côté, le Reich, informé par ses réseaux diplomatiques en pays neutre, ne tardera pas à monter l’affaire en épingle : « C’est le signe évident de la conjonction judéo-plouto-bolchevique, prête à se partager l’Europe sur le dos de ses peuples ! » proclame Goebbels. L’information ne tardera évidemment pas à être soulignée à qui de droit, et notamment au royaume de Hongrie, lequel paraît ces derniers temps se faire beaucoup d’illusions.
………
Moscou – Quant à l’Union Soviétique, à présent que tout paraît enfin dit, elle est ravie de pouvoir enfin jouer les sauveurs volant au secours d’un peuple martyre ! C’est bien sûr sa générosité qui la pousse à se réconcilier avec lui avant que, sous sa bienveillante égide et dans la concorde totale, se forme un gouvernement d’union nationale, qui contrastera à n’en pas douter singulièrement avec les pathétiques convulsions yougoslaves.
………
Washington – Mais le plus significatif ici ne se situe sans doute pas de ce côté de l’Atlantique. Mis au pied du mur par une diaspora polonaise chauffée à blanc (et qui vote, or les élections approchent !) et alors que le Département d’Etat échafaude déjà des stratégies anti-communistes pour l’après-guerre, l’administration Roosevelt se demande si elle n’a pas été, tout de même, un peu… légère sur ce dossier. Ne rien pouvoir faire est une chose, ne rien vouloir faire en est une autre. Et puisque les Européens ont – comme d’habitude – été inefficaces, c’est désormais à l’Oncle Sam de s’inquiéter auprès de Moscou du manque de soutien accordé à Varsovie. Il faudra trouver des moyens – bien visibles ! – d’y remédier dans une belle démonstration d’unité interalliée.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Hendryk



Inscrit le: 19 Fév 2012
Messages: 3203
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Jan 17, 2022 20:36    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Quant à l’Union Soviétique, à présent que tout paraît enfin dit, elle est ravie de pouvoir enfin jouer les sauveurs volant au secours d’un peuple martyre !

Plutôt peuple martyr?

Casus Frankie a écrit:
Mise au pied du mur par une diaspora polonaise chauffée à blanc (et qui vote, or les élections approchent !) et alors que le Département d’Etat échafaude déjà des stratégies anti-communistes pour l’après-guerre, l’administration Roosevelt se demande si elle n’a pas été, tout de même, un peu… légère sur ce dossier.

_________________
With Iron and Fire disponible en livre!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Diplomatie, Economie Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4 ... 11, 12, 13  Suivante
Page 3 sur 13

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com