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Les Balkans (et la Hongrie), Février 44
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Hendryk



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MessagePosté le: Mar Sep 14, 2021 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
En effet, la 20. Armee cède officiellement (et immédiatement) le contrôle de Split à l’Oberbefehlshaber du littoral adriatique nord-est et à son unique 713. ID, qui devrait envoyer sous peu un bataillon pour tenter de garder un œil sur cette ville si agitée…

En effet, Split est une ville propice aux scissions, c'est bien connu.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Sep 14, 2021 21:00    Sujet du message: Répondre en citant

Et aussi un authentique coupe-gorge, autre genre de séparation.
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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Messages: 13715
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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2021 15:25    Sujet du message: Répondre en citant

21 février
La campagne des Balkans
Répit
Front des Balkans
– La pluie succède à la neige sur l’ensemble du théâtre d’opérations. Il n’y a pas la moindre action à signaler.

Fraternité d’armes aérienne
GQG des VVS (Moscou)
– La place Rouge est blanche de neige, alors que les forces aériennes soviétiques mettent la dernière main à la mission qui part cette nuit vers Athènes. Celle-ci sera restreinte : le colonel Levandovich ira presque seul chez les Capitalistes, en compagnie d’un unique assistant-traducteur qui émarge évidemment au NKVD (pour le colonel, c’est si évident que même leurs hôtes doivent le savoir).
Levandovich – bien sûr, ce n’est pas son vrai nom – est l’homme de la situation : après tout, on lui doit la mise en place fluide sur le front de la 52e Escadre Mixte française, venue fraternellement assister le peuple soviétique dans sa lutte héroïque. Il a d’ailleurs profité de l’occasion pour apprendre un minimum de français – au point qu’il se demande si la principale mission de son assistant n’est pas de le surveiller, lui !
Le colonel devrait donc être bien reçu à Athènes. Toutefois, la diplomatie ne fait pas tout – et puisque ce sont les capitalistes qui sont demandeurs ici, il conviendra de négocier dur, en donnant le moins possible et en glanant le maximum de soutien… et bien sûr d’informations.
C’est pourquoi, face à Levandovich, il n’y a pas moins de trois généraux autour de la table : le général Fedor Yakovlevich Falaleyev (représentant de la Stavka pour l’aviation sur sur le front Sud), le lieutenant-général d’aviation Vladimir Alexandrovich Sudets (17e Armée aérienne) et le lieutenant-général d’aviation Sergueï Kondratievich Goryunov (5e Armée aérienne). Trois pointures des forces aériennes soviétiques donc, dont le temps est précieux et qui ne cachent pas de leurs souhaits de solder au plus vite ce dossier. Goryunov, en particulier, ne cesse d’abréger pour aller à l’essentiel, son large visage sévère surmontant une silhouette courte mais corpulente – l’homme est indéniablement compétent mais n’incite pas vraiment à la discussion.
Finalement, après un long exposé technique, Falaleyev conclut : « Camarade colonel, cette collaboration avec les forces occidentales a été approuvée… au plus haut niveau [Au ton employé, le colonel comprend qu’en effet, le superlatif est de mise.]. Vous aurez toutefois bien compris qu’elle répond davantage à un but politique – à savoir ramener la Hongrie dans le camp des Travailleurs, comme nous l’avons déjà fait pour la Roumanie et la Bulgarie – qu’à un profond désir de faciliter la vie des Capitalistes. Nous comptons donc sur vous pour limiter à la Hongrie notre participation aux opérations anglo-françaises, en valorisant les forces des pays… cobelligérants [Les sus-citées Roumanie et Bulgarie !] qui seront mobilisées pour cette tâche. Concernant la Yougoslavie, toute action est à proscrire – ce sujet relève directement du Kremlin. Je ne doute pas que vous trouverez une raison convaincante pour expliquer aux Occidentaux cette limitation… »
Le colonel Levandovich n’a pas le luxe d’être d’un autre avis. Il acquiesce évidemment, avant que les généraux ne se lèvent pour bien signifier que chacun en a fini. Dans deux heures, l’émissaire soviétique sera dans un avion à destination de la Grèce.

Fraternité d’armes prolétarienne
Yougoslavie
– Après avoir demandé pour la forme l’accord des partis politiques non collectivistes membres de l’AVNOJ, le mouvement des Partisans donne officiellement son accréditation à la mission d’assistance soviétique. Symbole de ses tentatives désespérées pour masquer son orientation, le Commissaire aux Affaires étrangères Josip Smodlaka est allé jusqu’à signifier à Moscou que le Comité National de Libération de la Yougoslavie était « flatté de l’intérêt que l’URSS lui [portait] » ! L’histoire ne dit pas si Molotov a souri à cette tartufferie. Mais une chose est désormais certaine : l’arrivée des Soviétiques est prévue dans la nuit du 25 au 26 février.


22 février
La campagne des Balkans
Répit
Grèce
– Après le front, c’est au tour de la Grèce d’être atteinte par une forme de calme inhabituel. Les terres du Royaume ne sont le théâtre d’aucun incident depuis déjà plusieurs jours. Le travail de préparation des forces armées hellènes s’en trouve bien sûr facilité.

Les Grecs montent en ligne
Xanthi
– En conséquence des récentes assurances soviétiques – discrètement transmises à Athènes par Londres – la 5e DI grecque (Georgios Stanotas) se prépare à son tour à quitter les bords de la Méditerranée pour les neiges du Kosovo. Les soldats grecs se font un peu tirer l’oreille pour préparer leurs paquetages, faute d’enthousiasme pour ce redéploiement – il faut bien avouer qu’on a vu des villégiatures hivernales plus sympathiques que Pristina. Mais l’unique unité encore en réserve du 2e CA de Papadopoulos n’allait tout de même pas rester éternellement en vacances en Thrace. Et puis son arrivée dans la vallée des Merles est d’autant plus attendue qu’elle permettra de faire nombre face aux miliciens ballistes et (peut-être) d’avancer enfin vers la Bosnie. Il n’y a donc pas de temps à perdre, malgré les apparences.

Un travail de forçat
Salonique
– Le grand port grec reçoit aujourd’hui une cargaison inhabituelle en provenance de l’Angleterre : dix locomotives à vapeur de type GWR 4300 des lots 204 à 208, soit des vétérans du premier conflit mondial, réquisitionnées à la Great Western Railway pour contribuer à la logistique alliée. Les 630 tonnes de métal qui dorment dans le ventre d’un cargo C4 (en compagnie d’un certain nombre d’essieux et de plateformes de transport) mettront longtemps à être déchargées – avec une foule de précautions et sous le regard inquiet du colonel Canterbry venu assister personnellement à l’opération. C’est que, vieilles unités ou pas, ces motrices seront décisives pour l’offensive alliée à venir. Et, par conséquent, pour le futur de la Yougoslavie elle-même.

La stratégie du pire
Belgrade, 09h00
– Un futur qui semble d’ailleurs s’assombrir encore… Ainsi, dans la partie libérée de la Yougoslavie, le blanc pur de la neige contraste avec de nouveaux drames. Alors même que le cabinet royal se réunissait pour évoquer la création d’une commission d’enquête sur les fuites constatées sous le précédent gouvernement, la capitale est secouée par une puissante détonation.
Un attentat vient de frapper Belgrade dans le secteur de l’ancienne gare, zone toujours en cours de déblaiement dans un but de récupération de matériaux. Et il ne s’agit assurément pas d’une bombe oubliée qui viendrait de détoner avec deux mois de retard ! En effet, sitôt arrivée sur les lieux, la police royale constate que l’explosion a eu lieu sur l’avenue Karađorđeva, au passage d’un convoi des corps-francs yougoslaves. Ceux-ci déplorent une dizaine de morts et une vingtaine de blessés – lesquels sont en train d’être secourus au milieu des flammes dans une confusion pour le moins inquiétante. Il faudra la prompte intervention d’une patrouille britannique de passage pour éloigner un stock de carburant situé tout près du sinistre.
Une fois l’urgence traitée, on passe bien vite à la recherche des coupables. Naturellement, on soupçonne tout de suite des espions oustachis. A moins que ce ne soit des terroristes communistes… ou même des agents hongrois ! De fait, le royaume ne manque certainement pas d’ennemis. Cependant, le mode opératoire fait clairement penser au travail d’une petite structure, voire d’amateurs. Si les Allemands étaient responsables, murmure-t-on dans les ruines de Belgrade, il y aurait eu bien plus de morts.
Il sera toutefois difficile d’en savoir plus. L’enquête s’annonce très compliquée – la police a peu de moyens et le gouvernement a d’autres priorités. Mais, sans même que ses auteurs soient identifiés, l’attentat a d’ores et déjà une conséquence très nette : il dissipe le peu de doutes qui subsistaient encore dans l’esprit de Pierre II sur l’évolution future de sa politique. Et le souverain, observant de sa fenêtre la rue agitée, de demander au général Petar Živković où en est la livraison des bombardiers qu’on lui a promis…

Levandovich au pays des Hellènes
GQG de la place Syntagma (Athènes)
– Le colonel Levandovich présente officiellement aux aviateurs alliés les moyens proposés par les VVS pour amener la Hongrie à la capitulation. Au premier coup d’œil, ceux-ci font impression, et même envie : 250 Petlyakov Pe-2, 80 Iliouchine Il-4 et 60 Tupolev Tu-2 – ces derniers éléments issus des régiments de bombardement de la Garde. Soit une force de frappe théorique de 700 tonnes de bombes !
Toutefois, à y regarder de plus près, le tableau est moins idyllique qu’il n’y paraît. D’abord, les Pe-2 – le principal type d’appareil évoqué – sont des bombardiers tactiques aptes au bombardement en piqué, mais beaucoup moins à la frappe d’infrastructures. Et même s’il semble possible de les utiliser contre des ponts, leur rayon d’action limité (à peine plus de 1 000 kilomètres) ne laissera pas beaucoup de marge aux équipages durant les missions… Quant aux autres appareils, ils sont rares, donc précieux… et très demandés, ce qui affecte évidemment leur disponibilité. De surcroît, il peut ponctuellement arriver que ces brillants mais fragiles oiseaux connaissent des soucis de fiabilité – mais ça, Levandovich se garde bien de l’avouer à ses interlocuteurs.
Et enfin, il y a les modalités pratiques de mise sur pied et de mobilisation commune préalablement au lancement des missions. Sur ce point, les VVS semblent pris d’un accès de bureaucratie ingérable ! Toute opération doit être planifiée au moins deux semaines à l’avance – ce qui reviens à jouer la transparence totale avec Moscou – avec négociation préalable du plan de vol, de l’axe d’approche et de l’escorte – exclusivement fournie par les Alliés sitôt que les avions auront passé la frontière.
Tant pis pour la Yougoslavie, donc – les NA-92 ne vont quand même pas aller chercher les Rouges à la frontière pour redescendre ensuite vers l’Adriatique ! Tedder et Weiss n’arrivent pas à masquer leur déception, contenue cependant à la fois par la politesse et par la certitude que cela pourrait être pire. Au final, une seule chose semble intéresser véritablement le colonel soviétique : les modalités de reconnaissance interalliées à mettre en œuvre pour prévenir des tirs fratricides.
– Il serait bon qu’un ou deux officiers de liaison de nos armées soient envoyés sur vos principaux terrains, dans un souci d’identification et de coordination. On n’est jamais trop prudent, Camarades !
Français et Anglais s’envoient des regards éloquents, sans que le Soviétique paraisse le remarquer. Oui, on n’est jamais trop prudent avec les espions ! L’Air-Marshall répond avec diplomatie : « Evidemment. De même que, j’en suis sûr, vous ne verrez aucune objection à ce que la Royal Air Force et l’Armée de l’Air envoient quelques représentants sur les aérodromes de l’aviation soviétique. »
– De l’aviation soviétique et des aviations cobelligérantes, Camarade général
[Le colonel a encore du mal avec les grades britanniques.] !
Regards interloqués, nouvel échange, surpris cette fois. Le général Weiss ose demander : « Excusez-moi, colonel, mais que voulez-vous dire par “aviations cobelligérantes” ? »
Le Soviétique sursaute comme si la chose était évidente : « Mais des forces aériennes bulgares et roumaines, enfin ! Celles-ci sont en cours de reconstitution, grâce à l’équipement généreusement fourni par l’URSS. Nous avons bon espoir d’aligner 30 Iliouchine Il-4 supplémentaires dès le début du mois de mars. Evidemment, ces appareils seront eux aussi mis à contribution pour votre opération Perun. Ce sera tout à la fois un symbole éloquent de concorde entre les Nations-Unies et de revanche pour ces pays si ignominieusement martyrisés par les nazis avant que nous volions à leur secours ! »
Au contraire des Anglais, bien sûr, chacun l’aura compris. Tout comme chacun aura compris que, dans le fond, c’est bien plus le symbole que l’efficacité qui intéresse Moscou. Mais le Français n’en insiste pas moins, sous l’effet de la curiosité : « Pardonnez-moi encore, colonel, mais avec quels aviateurs comptez-vous faire voler des avions bulgares ? Il me semble que la majorité d’entre eux se sont eng… se sont constitués prisonniers chez nous ! »
– Daaaa ! Je suis très aise que vous… abordiez la question. Nous aimerions justement leur parler, si vous voulez bien. Il parait évident que la place de ces valeureux combattants n’est pas dans un camp de prisonniers – pas plus que celle des Polonais que nous avons libérés pour les troupes du général Anders. Je compte sur vous, chers camarades, pour accéder vite à cette requête humanitaire – la famille de ces hommes les attend en Bulgarie !

A présent, du chantage à la famille ! Le Français se tait, cachant de son mieux la nausée qui lui monte à la gorge. A l’évidence, on ne tirera rien de plus des Soviétiques – il vaut mieux en finir vite. On se quitte donc sur la promesse d’une prochaine réunion destinée à identifier les missions susceptibles d’être menées en commun.

Les sept sceaux
Zagreb (23h00)
– La nuit est calme, d’habitude, dans la capitale de l’Etat indépendant de Croatie – mais pas cette nuit. Car les cieux obscurs vrombissent de colère – les Halifax des Sqn 148 et 149 survolent la ville !
Les grands quadrimoteurs britanniques, partis d’Héraklion, ont eu fort à faire pour atteindre leur objectif, face aux bourrasques de l’hiver méditerranéen. Même si leurs équipages ont une longue expérience issue de la campagne de Grèce, jusqu’à Salonique, il ne s’agit pour eux que d’un exercice préparatoire à Perun, qui ne mérite pas de prendre des risques démesurés. Sur la soixantaine d’appareils qui ont décollé, une bonne moitié a donc choisi de faire demi-tour du fait de la météo. Il n’en reste qu’une petite trentaine, qui visent avec plus ou moins d’application le centre-ville avant de disparaitre dans la nuit.
La frappe, issue des impératifs politiques du théâtre, a pour objectif de détruire la gare centrale – et, en prime, de convaincre les Croates qu’ils ont choisi le mauvais camp. Hélas, elle est perturbée par les conditions atmosphériques : moins de 40 % des projectiles tombent dans le périmètre visé (1) et la gare n’est que légèrement endommagée. Le bombardement fait par contre plusieurs dizaines de victimes civiles et le monastère dominicain– situé pourtant à plus de 1 500 mètres au nord de la gare – encaisse deux bombes, qui tuent huit étudiants en théologie et deux moines. L’archevêque de Zagreb, Mgr Stepinac, aura tôt fait d’envoyer une lettre de protestation à l’ambassadeur britannique auprès du Saint-Siège !
Le général Kren, de la ZNDH, a été réveillé comme tout le monde par les explosions. Mais il ne voit pas de raison de s’inquiéter – ses nouveaux jouets, soigneusement dispersés autour de la capitale, n’ont subi aucun dommage. Quant aux civils tués – c’est certes regrettable (ce sont des Croates, après tout) mais pareille action était inévitable, eu égard à la situation sur le front. Et comme son aviation n’a pas de chasseurs de nuit, on ne peut rien lui reprocher… Il oublie qu’un peu plus loin, le Poglavnik Pavelic a lui aussi été réveillé par les bombes.


23 février
La campagne des Balkans
Les sept sceaux
Zagreb (Palais du gouvernement)
– Le moins que l’on puisse dire, c’est que le raid aérien de cette nuit n’a pas bouleversé la capitale croate. Par contre, il fait sans conteste trembler les murs ce matin. Face à Ante Pavelic, le général Kren, livide, encaisse avec une inquiétude croissante les vagues de colère de son Poglavnik.
– Où étaient vos avions, général, alors que les Anglais attaquaient lâchement notre belle capitale ? Ou étaient vos pilotes, pendant qu’on rasait les maisons de leurs familles et qu’on incendiait leurs églises ? Et que comptez-vous faire pour prévenir de nouvelles destructions si ce triste épisode n’était que le début d’une campagne de terreur ? Dites-le moi, général !
Vladimir Kren ne peut que faire le dos rond, mais il ne manque pas pour autant d’arguments : les avions de chasse fournis par l’Allemagne ne sont arrivés que depuis peu et leurs pilotes sont encore loin d’être opérationnels. De plus, les Bf 109 ne sont pas des chasseurs de nuit et les aviateurs croates n’ont jamais été formés à voler dans l’obscurité. Dans ces conditions, comment repérer les terroristes britanniques au milieu de la nuit hivernale, les abattre et, très accessoirement, revenir se poser après ?
Il est difficile de nier ces évidences – chacun en conviendra, même Pavelic, à qui il arrive de passer outre ses humeurs violentes pour écouter la raison. Finalement, le Poglavnik décide : « Je comprends votre point de vue. Il est juste techniquement, mais absolument pas satisfaisant. Vous ferez donc renforcer sans délai le système de veille et la défense passive – je m’occupe de trouver des pièces antiaériennes supplémentaires. Tout ce qui vole en Croatie relève de votre responsabilité, même les rapaces. Est-ce clair ? Quant à vos pilotes, s’ils ne savent pas voler de nuit, qu’ils soient au moins capables de défiler pour la fête nationale – le peuple croate a besoin de voir son armée ! »
En sortant du bureau, Vladimir Kren espère bien que la RAF ne reviendra pas de sitôt. Cependant, il va se hâter d’aller voir le Krilnik Vokić pour mettre au point un véritable guet aérien, efficace de nuit comme de jour. Une corvée certes, mais dont le chef de la ZNDH s’acquittera de bonne grâce. Car pour lui, cela aurait pu être pire – bien pire même.

Manœuvres obscures croates
Zagreb
– Dans un appartement discret du centre-ville, Mladen Lorkovic et ses complices font discrètement le point sur les conséquences du raid de cette nuit. Ce n’est certes pas la première fois que les alliés survolent la Croatie – mais ce bombardement n’en est pas moins de très mauvais augure pour la suite. Et Lorkovic de conclure : « Chers amis, les événements se précipitent. Nous devons donc nous hâter et accélérer encore nos préparatifs avec la Garde nationale. » Au risque d’attiser les soupçons de Pavelic.

Manigances serbes
Palais Blanc (domaine royal de Dedinje, Belgrade)
– La République française donne officiellement son accord à la cession d’une trentaine de bombardiers B-25 C Mitchell, selon la demande du gouvernement royal. Par ce biais, Marseille semble une fois de plus vouloir faire preuve de bonne volonté dans la gestion du problème yougoslave et privilégier la carotte au bâton pour mieux amener la maison Karađorđević à la négociation.
La nouvelle est accueillie avec satisfaction par les principaux intéressés. Les appareils seront fournis par la 23e EB, qui passe sur Havoc A-20G. Ils seront versés sans délai à la 81e EB, dont les A-30 Baltimore les moins fatigués seront conservés par les FARY pour former une nouvelle escadre de bombardement (la 83e EB, dotée d’un unique groupe). Pour le général Petar Živković, « Il était temps. La transformation des équipages doit démarrer au plus vite. »


24 février
La campagne des Balkans
Répit
Front des Balkans
– Les conditions atmosphériques sont toujours aussi défavorables et la situation sur le théâtre d’opérations reste figée. Rien à signaler, sur la ligne de front comme sur les arrières.
Enfin, presque…

Une affaire de famille
QG des Partisans yougoslaves (est de la Bosnie), 08h00
– Une information sème la panique chez Tito : le major Randolph Churchill et son unité du SAS, récemment parachutés dans la région de Radeče pour aller conseiller le QG des Partisans en Croatie, auraient été capturés par des unités slovènes collaboratrices en patrouille. La faute, sans doute, à la mauvaise météo, ainsi qu’à cette pause opérationnelle qui se prolonge et enhardit les forces de l’Axe. Les prisonniers, sous une escorte plutôt légère, seraient actuellement en train de cheminer vers l’est. Qu’ils atteignent Zagreb et c’en est fait du Britannique – ce qui est dramatique, car il s’agit du fils du Premier ministre !
Convoqué auprès de Tito – après tout, il s’agit de l’un de ses subordonnés – le colonel Fitzroy MacLean hésite un peu sur la conduite à tenir. Il serait inadmissible, bien sûr, de laisser le fils du Premier Britannique être envoyé à la Kommandantur sans réagir. Qui sait ce qu’il pourrait y subir avant que le Hun finisse par découvrir son identité ? Et une fois cette dernière connue, qu’est-ce qu’Hitler pourrait bien faire du sang de Churchill (2) ? Un sang que MacLean avait lui-même encouragé à rejoindre les Balkans, en pensant faire plaisir à son patron !
Toutefois, il ne faudrait pas non plus qu’une balle perdue signe la fin de la vie du major Churchill – et, accessoirement, celle de la carrière du colonel MacLean. Et au fait, quelles sont les moyens d’actions des Partisans face à cette situation inattendue ? Une tentative de libération ne risque-t-elle pas de déchainer des représailles, alors que le mouvement titiste sort à peine de deux purges majeures ? Randolph Churchill est un sportif et un militaire de haut niveau – il connaissait les risques du métier. Il pourrait payer ses paris, pour une fois (3)…
Finalement, le colonel insiste tout de même auprès de l’AVNOJ pour qu’une action soit improvisée au plus vite. L’opération sera commandée par le commissaire politique et colonel Jože Brilej “Bolko” (Brigade Tomsič, 14e Division de l’Armée des Partisans slovènes). Selon Ranković, ce serait un spécialiste des négociations et des sauvetages derrières les lignes ennemies – de nombreux soldats ou pilotes anglais lui devraient déjà la liberté. Pas de quoi rassurer complètement le colonel, toutefois. Enfin, les ordres sont donnés… Chacun attend désormais nerveusement leurs conséquences.
………
10 Downing Street (Londres), 18h30 – Winston Churchill a beaucoup à faire et de nombreuses raisons d’être préoccupé : entre cette guerre avec les Allemands qui n’en finit pas, ces Japonais trop butés pour comprendre qu’ils ont déjà perdu et qu’ils devraient déposer les armes, ces Soviétiques dont il faut toujours se méfier, ces foutus Balkans toujours autant en désordre, cette Argentine qui se déclare « neutre » dans le conflit… Et maintenant son fils unique qui serait aux mains des Huns ! Sa mauvaise humeur en devient palpable.
Aussi, Churchill ne peut réprimer un sursaut d’agacement… ou d’inquiétude, quand son téléphone sonne. Au bout du fil, c’est la voix d’Anthony Eden lui-même, qui s’exprime avec le calme et la douceur du diplomate qu’il est.
– Prime Minister ? Désolé de vous déranger, mais j’ai eu des nouvelles de… Mister Randolph par nos amis français – en vérité, je viens de raccrocher d’avec mon collègue M. Blum. Il semblerait que la patrouille ennemie l’ayant capturé soit tombée dans une embuscade tendue par les Partisans de l’AVNOJ, et que Mr Randolph ait été libéré avec ses compagnons.
A ces mots, Winston jette un coup d’œil autour de lui, comme pour s’assurer qu’il n’y a pas de témoin. Puis il s’affaisse dans son fauteuil et pousse un long soupir de soulagement. Puis il reprend son souffle et allume un cigare d’une main qu’il veut ferme, tout en demandant : « Les Froggies sont sûrs de leurs informations ? »
– Autant qu’on puisse l’être, Prime Minister. Apparemment, ils ont un agent sur place, un certain Père Malec, qui aurait déjà sauvé quelques-uns de leurs ressortissants. Mais c’est très compliqué. Je m’attache à avoir confirmation du SOE – souhaitez-vous que je vous rappelle quand j’aurais eu de leurs nouvelles ?
– Faites, cher ami. Et remerciez bien les Français pour leur attention – je ferai personnellement de même avec Mister Broz.
– Bien entendu.
– Et… Anthony ?
– Oui, Prime Minister ?
– Merci à vous aussi !
– My pleasure…

………
« La mésaventure de Randolph ne fut pas sans conséquence sur le regard que Churchill portait – ou souhaitait porter – sur l’AVNOJ. Lors de leurs échanges ultérieurs, Tito n’hésitera d’ailleurs pas à se vanter en proclamant « Grâce à nous, votre fils n’est resté prisonnier des nazis qu’une demi-heure ! » Broz exagérait, évidemment. Mais la réalité était bien là : les Partisans venaient de rendre un fier service au bulldog.
Celui-ci ne se montra pas ingrat, bien sûr – mais pas non plus charitable pour autant, nous le verrons. Signalons juste en passant que la Yougoslavie n’hésita pas elle-même, quelques années plus tard, à jouer sur la corde sensible en nommant le colonel Jože Brilej ambassadeur de Yougoslavie à Londres, à une période où le Royaume Fédéral avait moins bonne presse qu’auparavant en Occident. Plus jeune diplomate de l’histoire de son pays, Brilej ne tarda pas à charmer tout son monde, que ce soit lors des funérailles du roi Georges VI ou du couronnement d’Elizabeth II. Bombardé par la suite représentant de la Yougoslavie aux Nations-Unies, Brilej présidera le Conseil de Sécurité de l’ONU en 1956 et représentera son pays à New York jusqu’à la fin de sa vie, en fervent défenseur du mouvement des Non-alignés et de la cause palestinienne.
Signe des tensions entre Angleterre et Yougoslavie après le conflit, le colonel ne reçut jamais la moindre décoration britannique. Mais il fut par contre décoré des mains du régent Paul de l’Ordre du Phénix – la plus éminente décoration grecque qui puisse être décernée à un étranger. Curieux, pour un homme qui n’avait jamais été amené à rendre à la Grèce le moindre service… »
(Robert Stan Pratsky, La Libération de la Grèce et des Balkans, Flammarion, 2005)


25 février
La campagne des Balkans
Noirs soldats, noirs projets
Ljubljana
– Les rues de la capitale slovène sont froides et pluvieuses – il fait un temps de février. Les rares passants qui bravent le froid et les patrouilles de miliciens constatent qu’une nouvelle décoration égaye la ville, depuis le chemin du château (qui sert actuellement de prison) jusqu’à la cathédrale Saint-Nicolas, en passant par le pont des Dragons. Des centaines d’affiches sont apparues sur les murs ces dernières semaines, exaltant la virilité aryenne de la SS-Freiwilligen-Gebirgs-Brigade Karstjäger – nouvelle unité « d’élite » de la SS, qui cherche ainsi à recruter tous les jeunes Slovènes de bonne volonté et qui ne sont pas encore dans la Domobranci.
Pour convaincre ces derniers, le Reich a sorti le grand jeu : double solde, permissions pour raison familiale, tickets de rationnement supplémentaires pour les proches… Qui a dit que la lutte contre le collectivisme ne payait pas ? Et au château, le SS-Standartenführer Hans Brandt fait les comptes. Ils sont satisfaisants – son unité devrait bientôt atteindre les 6 000 hommes, soit l’objectif fixé par le SS-Reichsführer. Celui-ci est parfaitement lucide sur la situation en Slovénie et n’espère donc pas recruter encore beaucoup de volontaires. Mais c’est sans importance, en vérité. De toute façon, le matériel livré ne permettra pas d’armer plus de monde, et il faudra bien former les nouveaux engagés avant d’aller plus loin.
Dans ce but, Himmler avait d’ailleurs proposé de mettre à profit le camp d’entrainement de Dachau. Mais depuis, cette dernière installation a été jugé trop éloignée, trop sollicitée par ses tâches en cours… trop exposée aux offensives soviétiques, aussi. Il faudra donc se contenter des monts de Slovénie pour entrainer les valeureux combattants du Reich – Brandt est spéléologue et géologue, il n’aura aucun mal à trouver les lieux adéquats. Avec un peu de chance, la Karstjäger sera opérationnelle début avril.
………
Bošnjaci – Si en Slovénie, l’ambiance est sinistre, ce n’est pas le cas en Bosnie annexée. Là, elle est carrément funèbre ! La SS-Freiwilligen-Gebirgs-Brigade Kama a bien du mal à faire le plein de ses effectifs. En effet, les Croates de Bosnie semblent bouder la brigade, notamment à cause de la mobilisation en cours du NDH… à moins que la tournure du conflit mondial ne commence à les inquiéter. Quoi qu’il en soit, faute de recrues, la dague (la kama est une petite dague utilisée par les bergers des Balkans) risque bel et bien de rester au fourreau.
C’est pourquoi, sur les recommandations du SS-Brigadeführer Karl-Gustav Sauberzweig (chef de la Hansdchar et… adversaire notoire des Oustachis), on a dû se résoudre à envisager d’autres sources de recrutement. A savoir les musulmans bosniaques, renforcés par des Hongrois de la région de Bačka. Deux ethnies qui ont d’excellentes raisons d’en vouloir aux Croates – ce qui ne va pas faciliter la formation et l’équipement de la brigade. Zagreb, qui n’aime pas l’idée de voir encore davantage d’Infidèles armés sur ses terres, traîne les pieds. La nouvelle unité ne risque pas d’être opérationnelle avant longtemps, au grand dam de son chef, le SS-Standartenführer Helmuth Raithel…

Délai technique
Zagreb
– Alors qu’il tombe des hallebardes sur toute la Yougoslavie, le général Lothar Rendulic fait le point par téléphone avec son supérieur, Maximilian von Weichs, sur le départ imminent de la 20. Armee et ses conséquences – ce qui inclut notamment la tenue du front par les Croates. Après un bref conciliabule, les deux responsables allemands conviennent qu’il ne sert à rien de se précipiter : le temps est épouvantable, les routes peu sûres et les Oustachis pas encore totalement en place. Mieux vaut attendre la fin du mois pour être sûr de ne pas avoir à revenir en courant…
– De plus, achève Rendulic, je tiens à attendre la 264. ID – pas question de la laisser seule, à la merci d’un coup de main ennemi ! Ne transformons pas un mouvement bien organisé en bousculade catastrophique. Mon armée doit bouger en ordre et en masse, c’est à ce prix qu’elle sera à l’abri des actions des Partisans.
Le front est calme, la requête raisonnable – elle est donc accordée. Le début du décalage vers le nord de la 20. Armee – et par extension du glissement de la 12. Armee vers la Hongrie – est donc retardé au 1er mars 1944.

Accomplissement
Salonique
– Le premier train de ravitaillement allié à destination de Belgrade quitte le port dans l’indifférence de tous – sauf du commandement allié, qui a hâte de pouvoir enfin commencer à accumuler sur le front le ravitaillement nécessaire à Plunder. La date prévue pour l’offensive (fin avril-début mai) approche silencieusement…
C’est pourquoi le Supply Service a choisi de faire partir ce premier convoi sans attendre que les derniers travaux sur la ligne Nis-Belgrade soient achevés. Personne ne craint l’aviation de l’Axe – au pire, les caisses attendront quelques jours dans leurs wagons sur une voie de dégagement…
Avant la nuit, la locomotive britannique aura franchi la frontière bulgare, sous la surveillance vigilante du NKVD. Bien d’autres trains suivront – et la ligne sera une source régulière de tension entre Soviétiques et Britanniques jusqu’à sa fermeture et son abandon, moins de six mois plus tard. Entretemps, la situation dans les Balkans aura bien évolué !


Notes
1- En 2008, à l’occasion d’un chantier de terrassement, on retrouvera même une bombe à Sveta Nedelja – soit à plus de 15 kilomètres de la cible !
2- Avant son départ d’Angleterre, MacLean avait plaisanté sur le fait qu’en cas de capture, les Allemands enverraient sans doute par la poste les doigts de Randolph les uns après les autres au 10 Downing Street…
3- Randolph Churchill, en bon aristocrate britannique, avait pour réputation de parier beaucoup avec ses collègues, mais sans jamais s’acquitter de ses dettes.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2021 16:14    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais oublié le colonel Levandovich - bon, il n'est point trop tard ...

Citation:
pas plus que celle des Polonais que nous avons libérés pour les troupes du général Anders. Je compte sur vous, chers camarades, pour accéder vite à cette requête humanitaire – la famille de ces hommes les attend en Bulgarie !


On pourrait sans doute rajouter ici un mot sur l'armée Berling. A moins que ca ne soit pas très diplomatique ...

Citation:
– Il serait bon qu’un ou deux officiers de liaison de nos armées soient envoyés sur vos principaux terrains, dans un souci d’identification et de coordination. On n’est jamais trop prudent, Camarades !
Français et Anglais


Ici, il va y avoir un souci.. .A Poltava, en Ukraine. Peut-être y glisser une allusion ?

Evidemment, l'affaire de Randolf Churchill et la bombe déterrée sont OTL.

Citation:
Est-ce clair ? Quant à vos pilotes, s’ils ne savent pas voler de nuit, qu’ils soient au moins capables de défiler pour la fête nationale – le peuple croate a besoin de voir son armée ! »


Ici, je dirai rien. Mais alors vraiment rien ... Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Sinon que ca va bientôt faire 4 ans que j'attend de raconter cette histoire.

Citation:
Dans ce but, Himmler avait d’ailleurs proposé de mettre à profit le camp d’entrainement de Dachau. Mais depuis, cette dernière installation a été jugé trop éloignée, trop sollicitée par ses tâches en cours… trop exposée aux offensives soviétiques, aussi.


Un peu exagéré ... parlons plutôt de bombardements.
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Etienne



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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2021 16:34    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
a nouvelle est accueillie avec satisfaction par les principaux intéressés. Les appareils seront fournis par la 23e EB, qui passe sur Havoc A-20G.


Euh, passer du B-25 au A-20 n'est pas vraiment une évolution dans le bon sens?
Je verrais plutôt des B-26, ou un modèle plus récent du B-25.
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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2021 16:46    Sujet du message: Répondre en citant

Sans aucun doute Etienne mais les stocks sont limités et les polono-yougoslaves pas du tout prioritaires. On demande donc aux polonais de repasser sur Havoc pour laisser les Mitchell.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2021 20:55    Sujet du message: Répondre en citant

Précision : des Havoc dernier modèle neufs, alors qu'ils avaient de vieux Mitchell usagés.
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MessagePosté le: Mer Sep 15, 2021 21:26    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
ce qui revient à jouer

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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2021 06:15    Sujet du message: Répondre en citant

Concernant la libération du fiston Churchill, la page Wikipedia anglais indique que les prisonniers, à une demi-heure près, tombaient entre les mains des Allemands. Toujours le genre de détail qui enrichit un récit ...
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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2021 09:43    Sujet du message: Répondre en citant

Demo Dan me corrigera peut-être, mais j'ai l'impression que, FTL, il y a nettement moins d'Allemands dans le coin !
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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2021 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

26 février
La campagne des Balkans
Renfort ou aumône ?
Valvejo (Yougoslavie)
– La 2. Gebirgs-Division atteint enfin la position qui lui a été attribuée par le XXI. GAK – aux confins de la Serbie, sur les contreforts de la chaîne Balkanique. Le général August Krakau est immédiatement reçu par son homologue de la 4. GD, Julius Braun – lequel ne lui cache rien, ni de la situation stratégique de l’Axe, ni de l’état d’agitation usuel sur les arrières de la 12. Armee. « Le calme actuel est très trompeur, ne vous y méprenez surtout pas ! » ajoute le général bavarois avec un air des plus blasés.
Krakau a beau avoir une unité neuve, il n’est pas tombé de la dernière pluie. Proprement catastrophé de découvrir la situation présente dans cette région, qu’il avait quittée après Theseus – lorsque la Heer régnait sur les Balkans, malgré son échec à Limnos – il sait qu’il devra prendre garde à ne pas isoler ses jeunes soldats dans des positions ayant d’autant moins d’intérêt qu’elles vont sous peu être abandonnées… La 2. GD établira donc son camp de base à Valvejo et enverra simplement des bataillons constitués occuper ou renforcer les positions dans les villages alentours, sans jamais prétendre tenir la campagne. Ses hommes auront ainsi tout le temps de faire connaissance avec leurs camarades de la 4.GD, qui ont une foule de souvenirs (et beaucoup d’expérience) à partager…

Fraternité d’armes prolétarienne
Drvar (Bosnie-Herzégovine), peu avant minuit
– Le ciel est chargé de nuages bas – la lune est masquée et l’obscurité profonde, on ne distingue rien dans les airs. Mais par contre on entend : le vrombissement d’un… non, de plusieurs appareils qui passent à basse altitude au-dessus de la vallée et du quadrilatère délimité par les braséros. Le vrombissement s’éloigne… Rien en vue – les partisans se regardent, interloqués. C’était pourtant prévu cette nuit, pour mieux profiter de l’accalmie entre deux épisodes de pluie… Quand soudainement trois silhouettes noires surgissent des nuées pour se poser, non sans quelque brutalité, entre les feux. Des étoiles rouges sur des coques de bois… les Russes ont envoyé des planeurs !
Les hommes de l’AVNOJ réagissent vite et avec professionnalisme : décharger ces gros engins, puis les faire disparaitre avant le lever du jour, risque d’être un sacré défi – autant commencer tout de suite. Le général-major Nikolai Vasilevich Korneev est parmi les premiers à en sortir, accueilli comme il se doit par Josip Smodlaka lui-même. Le mouvement de Tito tient à célébrer en fanfare cette mission, qui, estime son chef, est une forme supplémentaire de reconnaissance symbolique, voire même psychologique, car l’URSS a envoyé un officier de haut rang ! Recevoir un général étranger, c’est une première dans l’histoire du mouvement !
Alors que l’on se hâte de vider les appareils, le Croate s’exclame : « Bienvenue en Yougoslavie, Camarade général, je vous emmène tout de suite voir le président ! Puis-je vous demander pourquoi vous avez décidé d’utiliser des planeurs ? Nous nous attendions à un parachutage, comme d’habitude ! »
Avec un air de fatalisme joyeux, Vasilevich désigne sa jambe droite, qui n’est plus vraiment ce qu’elle était depuis qu’un projectile fasciste l’a traversée de part en part (5). Et il répond en riant : « Une prochaine fois, peut-être ! »


27 février
La campagne des Balkans
Le Bouclier de la Méditerranée
Salonique
– Les formations de chasse alliées continuent de se préparer sous un ciel bouché, mais pas assez toutefois pour empêcher les transferts. C’est pourquoi, alors que les mécaniciens peaufinent leur ouvrage et que les pilotes enchaînent périodes de repos puis de formation, un NA-93 flambant neuf venant d’Alger et porteur d’un curieux insigne représentant un masque africain (6) se pose sur le grand terrain aménagé. Le commandant Pierre Le Gloan est arrivé à destination.
Avec 21 victoires à son actif (plus cinq en coopération), c’est aujourd’hui le plus capé des aviateurs français (et anglais) sur le théâtre des Balkans. Le service de presse français à Athènes ne se prive pas de claironner son parcours. Parcours symbolique en effet ! Pilote formé grâce à une bourse d’état dès ses dix-huit ans, il est sergent-pilote appelé et s’engage dans l’Armée de l’Air dès la fin de son service militaire, en 1933.
Vient la guerre. Affecté au GC III/6, sur MS-406, le têtu Breton n’attend pas le printemps pour envoyer au tapis un Dornier 17 P de reconnaissance – certes en collaboration, mais dès le 23 novembre 1939. Première victoire du Groupe, première victoire du Bouclier – elle lui vaut, à lui et au lieutenant Martin, la Croix de Guerre le 3 février 1940. Un second Dornier 17 suit le 2 mars 1940, toujours en collaboration, au-dessus de la Moselle. Le sergent-chef est de nouveau cité à l’ordre des armées et ajoute une palme à sa Croix de Guerre – une promotion au rang d’adjudant suivra très vite.
Le 11 mai, le GC III/6 est sur la brèche, interceptant des Heinkel 111 en route pour Châteauroux. Un avion touché par Le Gloan part en spirale – faute de témoin, il ne sera jamais homologué. Pas plus que le second qui file vers le Jura en laissant une large trainée de fumée noire. Au final, un seul bombardier sera confirmé – mais à six Morane qui poursuivent longtemps le bimoteur avant qu’il s’écrase enfin dans une vallée du Jura ! Le 14, c’est un Heinkel 111 isolé au-dessus de Gray qui fait les frais du Breton et de ses cinq camarades. En pleine offensive aérienne allemande, on peut s’étonner de cette faible activité… Hélas, les chasseurs français opéraient alors – signe de la désorganisation marquant cette période – d’une manière très dispersée. Ainsi, alors que la patrouille double menée par Le Gloan courait sus à un seul appareil, deux autres chasseurs qui avaient décollé cinq minutes plus tôt affrontaient seuls une vague entière de bombardiers…
Eprouvé par l’offensive nazie, le GC III/6 est ensuite redéployé au Luc (Var), pour repos, recomplément et surtout rééquipement sur Dewoitine 520. C’est le moment que choisit l’Italie fasciste pour poignarder dans le dos sa voisine… Le 13 juin, dix BR.20 filent vers les bases d’Hyères et de Fayence, dans un dangereux désordre – du fait des conditions météorologiques, les bimoteurs se présentent très en retard sur zone, alors que leur escorte est déjà repartie. Trois Cicogna isolés sont rattrapés par la patrouille du Breton au-dessus d’Hyères et deux d’entre eux sont abattus (7) (le troisième, endommagé, devra amerrir en baie de San Stefano, mais à l’insu des Français). Puis c’est le fameux 15 juin 1940, et l’exploit qui fait entrer Le Gloan dans la légende : quatre Fiat CR.42 et un BR.20 en un seul vol, presque aussi bien que Fonck ! Le sous-lieutenant en est à 11 victoires (plus 5 en collaboration). Il part pour Perpignan, puis passe en Algérie comme tous ses camarades.
On le retrouve au début de 1941 à monter la garde au-dessus de la côte algérienne. Lors de la reprise de la Sardaigne par l’Axe, son groupe est engagé et le lieutenant Le Gloan abat un BR.20 le 8 mars puis un Fiat G.50 le 13.
Il participe ensuite – par roulement, comme une grande partie des groupes de chasse français – à la défense de la région de Tunis et Bizerte contre l’offensive menée par les aviations de l’Axe, dite Blitz Malte-Tunis. Il en profite pour inscrire cinq nouvelles victoires à son tableau de chasse, deux contre des Bf 109, une contre un Ju 88 et deux contre des SM.79 Sparviero.
En 1942, il n’est pas au-dessus du Péloponnèse durant l’opération Périclès – le premier retour allié pérenne sur le continent européen. En revanche, le Breton défend Limnos contre l’opération Theseus. Blessé, le capitaine Le Gloan passe trois mois en convalescence, et se console en pensant à ses dernières victimes : un Bf 110 et surtout deux Me 323 Gigant qu’il a expédiés dans la Méditerranée – on murmure que c’est l’un des deux que l’on a pu voir s’ouvrir sous les impacts, pour vomir un char d’assaut !
Il reste ensuite plus d’un an en centre de formation à Alger Maison-Blanche, à former une foule d’élèves venus des quatre coins de l’Empire – il en profite pour se marier avec une jeune fille de bonne famille pied-noir : Mireille Antoine devient Mireille Le Gloan. Il lui faudra attendre 1944 pour que, tout juste nommé commandant, il réussisse, à force de réclamations, à revenir en ligne pour de nouveaux combats.
Mais pourquoi envoyer pareil personnage au-dessus des Balkans ? Ne serait-il pas plus utile en France, en Italie, ou même en Russie ? Officiellement, le haut commandement souhaite par cette affectation symbolique démontrer sa « pleine volonté de maintenir une forte présence de l’Armée de l’Air au-dessus des Balkans, en mettant ainsi l’un des meilleurs combattants des Ailes Françaises au service de nos alliés ». Un beau geste donc – mais en réalité, comme à l’accoutumée, c’est plus compliqué. Car au-delà des apparences, la personnalité de l’as breton pose quelques difficultés.
D’abord, Le Gloan n’a pas une excellente réputation au sein de l’Armée de l’Air. Non que le personnage soit antipathique, encore moins que l’on doute de sa compétence, mais force est de reconnaitre que l’aviateur a une certaine tendance à l’individualisme qui peut en agacer certains – même si l’individu a conservé une modestie typique de sa région, il a aussi hérité du fameux caractère difficile des natifs de la péninsule, qui dessert parfois le déroulement de leurs carrières militaires.
C’est ainsi que le commandant s’est fait connaitre pour un certain nombre de commentaires très peu amènes visant les Italiens cobelligérants (défaut somme toute répandu dans l’Armée de l’Air à l’époque), mais visant aussi les Britanniques, accusés de manquer de fraternité d’armes (ce qui est plus gênant, même si cela relève d’un vieil antagonisme entre Bretons et Grands-Bretons), et visant même parfois le matériel américain, notamment les P-40 (et là, cela devient franchement ennuyeux…). Par ailleurs, Le Gloan persiste envers et contre tout à privilégier ses proches – à savoir son mécanicien attitré, Jean-Yves “Yvon” Ehrhard et ses deux équipiers Goujon et Lamazou. Ehrhard est dans un DC-3 qui arrivera dans l’après-midi, les deux autres sont bien évidemment aux commandes des deux NA-93 qui se posent derrière l’avion du commandant – des renforts de qualité pour la 39e EC.
Avoir un bon caractère n’est pas forcément nécessaire pour être un grand pilote de chasse, et ses pairs, comme le lieutenant Roger Sauvage ou le capitaine Gabriel Mertzisen (un autre ancien du GC III/6) lui gardent toute leur estime. Mais, pour l’état-major, il était difficile dans ces conditions de déployer le commandant Le Gloan en Italie ou Angleterre. Et comme il n’était pas volontaire pour l’URSS et que le front de Provence était déjà bien garni…
Peu importe toutefois, pour l’instant. Un peloton d’honneur attend l’as, alors que son chasseur roule à présent le long du taxiway, sous l’objectif des caméras alliées. La fanfare joue la Marseillaise, Le Gloan ouvre sa verrière pour saluer à la cantonade… Il est quelque peu paradoxal qu’un Breton soit devenu le Bouclier de la Méditerranée (surnom qui date de juin 1940 et a depuis fait le bonheur de la presse) ! Mais la propagande a son image, c’est l’essentiel. Elle ne saisira pas les premiers échanges – un peu secs – entre le commandant et ses nouveaux équipiers – Le Gloan s’est dit fatigué par son vol. Il passera quand même une bonne partie de la soirée à célébrer son retour sur le front aérien en compagnie de ses amis…

Accomplissement
Yougoslavie
– Les hommes de Sir Rhodes auront bientôt fini leur tâche : après près d’un mois de travail quasi ininterrompu – que seul le vent et la neige ont pu retarder d’un temps à autre – la liaison ferroviaire Nis-Belgrade est enfin rétablie ! La “ligne rouge” est donc désormais pleinement opérationnelle, et le premier convoi parti de Salonique n’aura même pas à patienter dans la campagne que l’on procède aux ultimes réglages.
Le Royal Engineer n’en a toutefois pas fini avec le réseau ferroviaire yougoslave – on a certes établi une liaison entre Salonique et Belgrade, mais dans l’urgence, selon les infrastructures survivantes et en faisant fi de l’efficience. Les sapeurs britanniques vont donc désormais s’attacher à simplifier le parcours des convois, par exemple en créant une voie directe en Bulgarie et Serbie selon l’axe Vidin – Negotin, ce qui permettrait d’éviter un transbordement ainsi qu’un détour de 55 miles… Et puis, il y a aussi la voie Skopje – Nis ! Ce n’est qu’une fois que cette dernière sera à nouveau ouverte que la logistique alliée sera enfin débarrassée de ses soucis. Pour le génie britannique, ce n’est donc pas encore la quille, loin de là…

Machinations et doutes serbes
Belanovica (Serbie)
– Ce qui reste du Groupe d’Assaut du défunt général Mihailovic, rebaptisé assez pompeusement “Corps-Franc de Yougoslavie”, prend position sur les arrières des forces britanniques. Une fois encore, leur arrivée – il faut bien le dire – n’a pas soulevé l’enthousiasme de leurs alliés. Peu importe, toutefois, pour les anciens Tchetniks : leur but n’est pas forcément de collaborer avec les unités régulières étrangères, mais de préparer l’avenir en menant à bien les tâches ordonnées exclusivement par le cabinet restreint du Roi.
Les semaines suivantes, la campagne serbe sera donc battue par de nombreuses patrouilles patibulaires et solidement armées, qui pousseront des pointes jusqu’en lisière des positions tenues par les 2. et 4. GD.
En face, le Corps des Volontaires Serbes de Mušicki, Olćan et Radic fait de même, censément pour soutenir les Gebirgsjägers. Si les miliciens des deux camps, qui furent, pendant plus de deux ans, tantôt rivaux, tantôt camarades, se croisaient dans un sous-bois, qui peut dire comme se passerait leurs rencontres ? Il n’est pas certain qu’elle soit violente – après tout, ces hommes ont tant de choses à se raconter !

Fraternité d’armes prolétarienne
Bosnie-Herzégovine
– Le matin n’est pas encore levé sur la Yougoslavie que l’on présente déjà le général-major Korneev au président Tito. Josip Broz, toujours aussi fier dans son bel uniforme de maréchal, fait lui aussi un excellent accueil à son visiteur, officier supérieur d’un pays ami avec lequel il espère cultiver les meilleures relations ! Il est tard, la nuit a été courte – les experts en politique étrangère et en gestion financière qui accompagnent le général soviétique attendront demain pour se mettre à l’ouvrage.
Il n’est par contre jamais trop tard (ou trop tôt) pour les compliments et les libations qui les accompagnent. Une petite réception assez arrosée permet donc de porter de multiples toasts dans une ambiance de très franche camaraderie. Korneev annonce avec fierté que, dans la plaine de Craiova, en Roumanie, les VVS sont en train d’installer une base aérienne spécifiquement consacrée au ravitaillement des partisans, avec un train de dix bimoteurs à même de faire des livraisons chaque nuit ! Tito exprime sa gratitude et proclame à son tour avec hauteur que l’AVNOJ va – grande première – envoyer lui aussi à l’étranger (à Moscou…) une mission militaire dirigée par le général Velimir Terzić. « Longue vie aux relations fraternelles entre la Fédération de Yougoslavie et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques ! » conclut le chef des Partisans, avant que chacun vide son verre comme il se doit. Un peu plus loin dans la salle, Aleksandar Ranković observe la scène avec satisfaction – il semble même déjà en grande conversation avec certains des visiteurs…
………
« L’une des premières et principales conséquences de la mission Korneev – outre bien sûr la reconnaissance de jure de l’AVNOJ par l’URSS et le support que cette dernière devait lui apporter – fut d’encourager encore davantage la mise en place de culte de la personnalité de Tito selon le modèle stalinien. Cette politique, vigoureusement soutenue par Ranković (qui avait d’ailleurs déjà pris de très nombreuses initiatives en ce sens), ne tarda pas à avoir des conséquences très concrètes dans l’état-major yougoslave.
Du jour au lendemain, il ne fut plus question de tutoyer le président, encore moins de lui donner du “Camarade”. Intéressés à la création d’un état susceptible d’être ultérieurement intégré au Paradis des Travailleurs, les officiels soviétiques s’attachèrent très vite à établir une forme de hiérarchie extrêmement stricte et strictement calquée sur celle en vigueur dans l’Armée Rouge. Grades et rangs furent rappelés, des règlements furent promulgués et des instructions sur les formes à respecter quand on s’adressait au maréchal-président furent envoyées à tous les chefs de corps.
Ce raidissement hiérarchique eut pour conséquence de supprimer l’égalité de traitement auparavant en vigueur dans le mouvement des Partisans. Avant février 1944, nécessité faisant loi, officiers et simples combattants partageaient tout : chaussures, armes, nourritures, vêtements… Après le passage de la mission, il n’en fut plus question. A la grande et visible satisfaction des chefs, il faut bien le dire – ce qui inclut notamment Tito, qui bénéficiait pourtant déjà de très nombreux privilèges (dont un cuisinier et une vache personnels !).
Toutefois, tous ces règlements n’allèrent pas jusqu’à concerner les Soviétiques, qui eurent, eux, droit à toutes les facilités et à tous les égards. Soucieux de plaire, Tito usa de tout son charme pour se montrer sous un jour favorable aux yeux de ses visiteurs – donc à ceux de leur maître moscovite. Il obtint dans cet exercice un succès certain : on raconte que, durant les nuits de mars 1944, un général Korneev très alcoolisé aimait à prendre leur hôte dans ses bras, pour l’embrasser à la russe en murmurant « Oska, Oska… » Oska étant le diminutif russe de Joseph, donc de Josip.
Pour le peuple toutefois, pas de compromis. Milovan Đilas avait déjà dit autrefois : « Nous ne popularisons pas assez Tito. Nous aussi nous devons avoir un chef militaire, un secrétaire du Parti, un homme qui rassemble les foules. C’est ce que les Russes ont en la personne de Staline. » On avait déjà écrit des chansons, dont la fameuse « Camarade Tito, petite violette blanche », puis la non moins fameuse (et un peu moins inspirée…) « Camarade Tito, nous te jurons que sur ton chemin nous resterons ». Vinrent ensuite les contes, les tirages de photos en grand nombre, les poèmes. Une telle démarche ne pouvait qu’avoir du succès auprès des peuples abandonnés du centre de la Yougoslavie, dont le fonds culturel patriarcal était lui-même fortement enraciné dans les épopées populaires. »
(Yougoslavie, le pari impossible, par Robert Stan Pratsky – L’Harmattan, 1996)
………
« Tito a été engendré dans la rage,
Dans un élan de puissance créatrice,
Par un titan, le peuple, son père,
Et par le combat, sa mère,
Tito c’est nous,
Nous tous !
Et l’Armée, et la Terre et la Montagne. »

Radovan Zogović (poète monténégrin), 1944.
………
« Avec Tito et Staline, deux fils héroïques,
Pas même l’enfer ne nous dévorera ! »

Vladimir Nazor (poète et homme politique croate), 1945.


28 février
La campagne des Balkans
Accomplissement … ou non
Belgrade
– Informé des travaux du génie allié en cours destinés à réaliser une liaison ferroviaire directe Bulgarie-Yougoslavie (c’est-à-dire une liaison qui n’enjamberait pas le Danube), le gouvernement royal de Belgrade oppose au haut-commandement allié son « refus catégorique d’ouvrir sa frontière terrestre à une nation d’allégeance incertaine et qui s’était rangée peu de temps auparavant dans les rangs des ennemis de la Yougoslavie. Les difficultés de la politique bulgare [et tout autant de la politique yougoslave…] ne permettent pas à l’heure actuelle d’envisager sereinement des relations stables, pérennes et sans risque d’ingérence ». Chacun aura bien sûr compris que Pierre II redoute bien moins une immixtion bulgare qu’une intervention soviétique – encore qu’il n’oublie sans doute pas non plus les liens notoires entre la Bulgarie et certains indépendantistes macédoniens.
Le Palais suggère donc d’accélérer plutôt les réparations de la ligne Skopje-Nis, afin de se passer des désagréables influences en provenance de l’est… Sur pareil sujet, les Alliés ne pourront faire que contre mauvaise fortune bon cœur !

Fraternité jalousée
Londres
– A peine arrivée, la mission Korneev fait l’objet d’une abondante publicité de la part de l’AVNOJ, qui se gargarise ainsi du soutien qui lui est offert, en oubliant que ce n’est certainement pas le premier. C’était attendu et prévisible, connaissant l’orientation politique des Partisans.
Mais ce qui est plus surprenant, c’est qu’ils ne sont pas les seuls à se réjouir : Moscou communique elle aussi très largement sur la délégation envoyée, donnant une large résonance à sa récente et (encore) modeste participation ! C’est la première fois que l’URSS met ainsi en scène ses relations avec Tito. La Patrie des Travailleurs semble décidément très heureuse ces derniers temps d’évoquer en détails sa générosité désintéressée envers les nations sœurs que sont la Roumanie, la Bulgarie et au moins une partie de la Yougoslavie, voire même peut-être, le jour venu, la Hongrie.
Cet affront indirect scandalise évidemment Churchill, qui s’en préoccupe d’autant plus que l’assistance russe ouvre vraisemblablement de nouvelles perspectives à l’AVNOJ. Et le Premier Britannique commence à s’interroger sérieusement sur la solidité de son accord avec Staline… et sur la sincérité de son entente avec Tito. Il déclare donc à Anthony Eden : « Cette mission soviétique « grandiose », si tant est que ce soit vraiment le cas, ne peut rester sans réponse. Vous voudrez donc bien solliciter notre ami Cordell Hull à ce sujet, afin que le SOE contribue davantage à nos efforts. Après le petit épisode mettant en scène Mister Ninčić, il y a deux semaines à peine, il ne devrait pas refuser… »


29 février
La campagne des Balkans
Les Grecs montent en ligne
Grèce
– Le 1er Corps d’Armée grec du lieutenant-général Giorgios Kosmas se prépare à faire mouvement en direction du sud de la Serbie. Les préparatifs s’effectuent dans une ambiance calme, voire apaisée, qui est celle que connaît actuellement tout le Royaume.

Migrations contraintes
Bosnie-Herzégovine
– La 264. ID d’Albin Nake a atteint Goražde, rejoignant ainsi la 117. Jäger-Division. Le XV. GAK est désormais bien au complet, et regroupé sur la frontière bosno-serbe. Plus rien ne s’oppose au déplacement de la 20. Armee vers le nord – et Lothar Rendulic donne donc l’ordre d’entamer cette manœuvre, baptisée “Buche” (bouleau). Elle démarrera dès demain, en espérant que cette maudite neige arrête de tomber. Et si ce n’est pas le cas ? Tant pis ! Von Weichs a été intraitable, apparemment aiguillonné par l’éventualité d’une défection hongroise. Dieu merci, cette affaire ne regarde pas Rendulic !
Sitôt les instructions transmises, le général fait ses bagages. Il est possible que Zagreb lui manque un peu – une belle ville, agréable et qui offre au moins un semblant de sécurité. Mais pour ce qui est de regretter les Oustachis, c’est beaucoup moins sûr…

Manœuvres obscures
Zagreb (Etat indépendant de Croatie)
– Le mois de février n’amène pas que de la neige et des mauvaises nouvelles : la conjuration Lorković-Vokić vient d’établir un contact direct avec Belgrade par l’intermédiaire des services diplomatiques du Vatican et – peut-être – de certains miliciens compréhensifs. Pareille démarche peut paraitre évidemment bien incertaine, compte tenu des circonstances et alors que Serbes et Croates sont à couteaux tirés… De fait, elle l’est – c’est même pour cela que les responsables oustachis ne s’y sont jamais risqués !
Ce qui veut dire que ce sont les Serbes qui sont à l’origine de la discussion. Il semble donc bien, à la grande surprise de Lorković et de ses complices, qu’il se trouve dans l’appareil d’état royal – voire au gouvernement ! – des personnalités désireuses d’éteindre la guerre civile et d’éviter le bain de sang annoncé, qui serait désastreux et ne servirait in fine que les communistes !
Cette tortueuse logique se comprend aisément, pour qui est habitué aux volte-face de la politique yougoslave. Mais ce n’est pas une raison pour que les Croates accordent aveuglément leur confiance. Qui sait si, en donnant suite, ils ne seraient pas les idiots utiles d’une manœuvre vicieuse du roi de Yougoslavie ? Après tout, son intérêt dans l’affaiblissement ou l’effondrement du régime oustachi est plus qu’évident, davantage encore que celui de Tito !
Les premières discussions sont donc prudentes et remplies de méfiance. Entre l’indépendance de la Croatie et sa réintégration dans un éventuel nouveau royaume yougoslave, il y a plus d’un obstacle. Et le premier d’entre eux se nomme bien sûr Ante Pavelic.

Entretien avec un Oustachi
« Revenons à la fin du mois de février 1944, si vous le voulez bien. A ce moment, les forces allemandes allaient quitter le sud du front des Balkans pour la vallée de la Save et la Hongrie. Comment décrire l’état d’esprit de vos troupes à ce moment ? Ne craigniez-vous pas une forme d’abandon ? »
A ces mots, le major Vlašic paraît se dresser comme un spectre sortant du tombeau, et je crains un instant pour ma sécurité immédiate. Mais aucun geste, aucun cri, aucune menace. Juste un regard froid et paisible, pleinement accordé avec sa réponse.
« Absolument pas. Au risque de me répéter, mon cher Monsieur, nous voyons dans ce mouvement une preuve de confiance envers notre armée et de reconnaissance de notre Nation. Les soldats de la Heer n’étaient déjà plus très nombreux au Monténégro, pour autant que je me rappelle : c’était nos camarades des divisions organisées à l’allemande qui faisaient le gros du boulot. Nous n’avions à nos côtés qu’une seule unité germanique, qui campait à Berane. La 160. ID, ou quelque chose comme ça, elle était de toute façon bien affaiblie… Alors, pourquoi aurions-nous dû regretter des gens qui n’étaient pas là à notre arrivée ? »
« Pourtant, vous n’ignoriez certainement pas que c’était toute la 20. Armee de Rendulic qui allait partir – elle représentait tout de même un peu plus que deux ou trois régiments ! Cela ne préoccupait personne à l’état-major ? »
« Oui et non. Je me souviens que mon brigadier avait effectivement eu une longue discussion avec le général Čanić à ce sujet. Mais le Monténégro n’était vraisemblablement pas une priorité pour les Alliés, pas plus que pour l’Axe en vérité. Nous seuls nous intéressions vraiment à ces terres ! C’est pourquoi nous nous interrogions plus sur la suite des opérations sur les arrières du front que sur la possibilité de résister à une improbable offensive. En effet, procéder à une nouvelle campagne de pacification nous paraissait d’ores et déjà inévitable. »
« Je suppose que vous voulez dire une nouvelle opération de purge comme Brzo ? »
« Evidemment. Autant profiter de l’occasion qui nous était offerte pour régler le problème une fois pour toute. Du reste, nous n’étions pas les seuls de cet avis, me semble-t-il. Les SS du général Phleps comprenaient nos actions, sans forcément les approuver officiellement. Pour eux aussi c’était la guerre et ils connaissaient bien les difficultés causées par les Partisans. »
« Comment étaient vos relations avec la Schutzstaffel ? Meilleures ou moins bonnes qu’avec la Heer ? »
« Si vous m’y autorisez, cher Monsieur
[Sourire blasé…], je dirais que nous avions davantage de relations, mais pas forcément meilleures. Les soldats en noir aimaient à rester entre eux… J’ai le souvenir piquant d’une conversation à ce propos avec un officier de la Prinz Eugen croisé vers Trebinje et qui avait refusé de trinquer avec nous. Il nous avait expliqué que son chef, Himmler, vantait la chaleur humaine dans son armée – mais seulement en son sein. A chacun de se serrer les coudes de son côté ! »
« Et c’est ce que vous avez fait ? »
« Oui, en continuant à créer une culture de camaraderie et d’émulation entre mes hommes. Mon bataillon avait – sur mon initiative – son identité propre. C’était le
Bataljona Vuka. »
Aujourd’hui encore, le major Vlašic parait fier de ce surnom : le Bataillon des Loups.

(Dans la tête du monstre – Conversation avec un officier oustachi, Robert Stan Pratsky, Flammarion 1982)


Notes
4- Des Gribovsky G-11, remorqués par des Il-4 partis de Bucarest.
5- Après la guerre, les organisateurs de la mission admettront que le choix du planeur répondait bien plus à des impératifs de sécurité que de confort pour la jambe de son chef.
6- Baptisé tantôt “Tragédie” et tantôt “Sévère”.
7- Signalons le cas dramatique du MM.21503. Pris de panique sous les tirs français, son pilote, le lieutenant Aldo Sammartano, abandonne en vol l’avion et le reste de son équipage (avec des blessés graves !). Les quatre autres aviateurs réussissent à sauter au-dessus d’Agay, mais c’est pour être immédiatement accueillis par des tirs de mitrailleuses, qui tuent deux d’entre eux. Un troisième est lynché par une foule en colère, avant que deux courageux anonymes puis les gendarmes sauvent le seul survivant à la force des poings et sous la menace de leurs armes ! Quant au lieutenant Sammartano, il ne sera jamais retrouvé.
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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2021 13:03    Sujet du message: Répondre en citant

Il faut bien se garder de copier-coller les circonstances OTL - le contexte des Balkans n'est pas du tout le même. Ici, vu les circonstances, on est plus dans la rubrique de l'anecdote, du clin d'oeil meme - la raison de la phrase de Tito (tout à fait OTL comme quoi !).

Je ne résiste pas à vous mettre le lien sur le joli planeur SOV (assez gros !).

https://en.wikipedia.org/wiki/Gribovsky_G-11



Korneev comme sa mission sont OTL, bien sûr. Et l'on reverra bientôt Le Gloan, pour une mise au point ... au propre comme au figuré. L'envoyer au Besancon aurait été amusant - mais aurait fait des étincelles.
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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2021 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Il faut bien se garder de copier-coller les circonstances OTL - le contexte des Balkans n'est pas du tout le même.

Boarf, pourquoi ? Comme OTL, tout le monde se déteste et s'entretue. 8)

Et puis certaines anecdotes méritent d'être conservées. Comme dirait patz, le coup de la demi-heure pourrait être une façon d'enjoliver la chose de la part de ceux qui ont libéré le gars (pour se faire mousser) ou bien de ceux qui veulent bien se faire voir du PM anglais. "Une paire d'heures" se transformant au fil des récits en "une heure", puis "moins d'une heure", etc.
Et au fin fond d'un livre d'histoire, on trouvera la vérité vraie, mais personne ne la retiendra, surtout pas les journalistes.
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MessagePosté le: Jeu Sep 16, 2021 17:56    Sujet du message: Répondre en citant

On est bien d'accord - d'où le sens du mot de Tito. 8)
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