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1940 - La France continue la guerre
 
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L'infanterie en gros plan, par CRIXOS
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sting01



Inscrit le: 30 Juil 2010
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Localisation: Thailande

MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 01:42    Sujet du message: Répondre en citant

Vincenzo03 a écrit:
Sauf que le 5,56 à trouvé ses limites en Afghanistan où il est apparu qu'il fallait de nouveau cogner fort (pb avec les compound qui résistent au 5,56) ou loin (au-delà des 600m). Le 7,62X51 revient bien. D'autant que les troupes sont soutenus par des blindés qui peuvent transporter les munitions. Dans une guerre de mouvement et de choc rapides et brutaux, OK pour le 5,56, notamment avec les munitions dont l'ogive à la barycentre en arrière.

au fait, un site incontournable:

http://armesfrancaises.free.fr/FR%20MAS%2036.html

Une réponse pour le 45 acp:
http://www.us-militaria.com/Les-munitions/cartouche45acp


La 5.56 fut introduite a un moment ou les conditions strategiques n'etait pas celles de maintenant.

Lorsque en 1984 les premier Famas furent introduit la ou j;etais (St Maixent, ayant eu 30 jours de trou a la fin de la promo j;ai eu l'honneur de regler les dits Famas pour la promo suivante, la 108eme si je rappelles bien, la premiere a avoir des ESOA feminins).

Les conditions strategiques etaient a l'epoque les suivantes :

Un ennemi, referencer comme 'le parti rouge' venait en nombre superieur dans les plaines de l'Allemagne du Nord (RFA a l'epoque), et la 1ere armee francaise devait livrer un combat retardateur avec 2 buts : attendre l'arrivee des forces de l'OTAN (USA) et proteger le sanctuaire nationale.

Donc dans le cas de combat retardateur (defenseur), une munition legere utilisee sur des attaquants (donc n'ayant pas de position preparee) avait une enorme valeur : le commandement adverse devait resoudre le probleme des blesses, soit il les laissait sur place et le moral destroupes allait chuter, soit il en faisait une priorite et l'offensive allait perdre son momentum (tre peu de mort avec la 5.56, mais de tres nombreux blesses).

Maintenant, 30 ans apres, cela est depasse, surtout en Afghanistan, ou nous sommes les attaquants, meme dans le cadre d'une attaque par les rebelles, ces derniers utilisent des positions prepareees et les troupes doivent aller nettoyer les dites positions, donc se trouvent tactiquement en position d'attaquant.

Toujours en 1984, aa Beyrouth nous utilisions LRAC et FRF1 comme armes de base afin d'obtenir un effet de choc lors des nettoyage (le LRAC simplement choque les ennemis, et le FRF1 permettait de choisir qui eliminer ...) donc pas etonnant que le meme principe soit applique en Afghanistan (situation similaire, solutions semblables).
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La can can-can, cancouillote,
c'est pas fait pour les francois.

Anscarides je suis ne,
heritier de la Comte je serai.
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Vincenzo03



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 08:28    Sujet du message: Répondre en citant

La guerre est un aller-retour éternel. Regarde le cas de l'armure individuelle. c'est un exemple typique. L'important est de ne jamais dire jamais mais d'être ouvert et réaliste. Ce qui nous a manqué en 40.
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Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur.
W.S.Churchill

Ce n'est pas parce qu'une erreur se répand qu'elle devient vérité.
Gandhi
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 10:21    Sujet du message: Répondre en citant

Ce n'est pas que ce soit inintéressant (au contraire) mais on dérive beaucoup.
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Vincenzo03



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 10:36    Sujet du message: Répondre en citant

Ok. Alors retour au sujet. Dans le calcul du poids des munitions, il faut aussi compter le poids des chargeurs, non?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 10:38    Sujet du message: Répondre en citant

Oui bien sûr...
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pcfd



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 10:58    Sujet du message: Répondre en citant

plutôt que des mulets,et pour rester dicret ils peuvent utiliser quelques vaches,et en plus de leur matériel,ils auront du lait.....et pour faire quelques reconnaissances,quoi de plus naturel qu'un paysaan dans un champs avec une vache ?
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Respectez toutes les religions au combat; ne prenez aucun risque quant à votre destination si vous êtes tué.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 11:18    Sujet du message: Répondre en citant

"La vache et l'éclaireur", film d'après guerre avec Fernandel.
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Vincenzo03



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 11:36    Sujet du message: Répondre en citant

A ce compte là, on peut aussi penser à l'utilisation de triporteur dont on ferait un film après-guerre avec un jeune acteur bourré de talent mais atypique, un certain darry cowl. Wink
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crixos75



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 15:53    Sujet du message: Répondre en citant

Comme les conversations se dirigent sur des sujets intéressants mais sans lien, je décide dans mon autocratie d'auteur.

- infiltration à pied, sans accessoires

- les spécialistes portent leur armement

- les fusiliers et voltigeurs portent 5 dotations de feu, plus 2 collectives

ils n'ont qu'à économiser sur la bouffe, plus facile à se procurer.

et puis il s'agit de marcher une nuit puis de faire des dépôts

bonne journée

P.S. si il y a un fil sur l'efficacité terminale des munitions 4a peut être intéressant
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Vincenzo03



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 16:20    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, plus sérieusement, selon ce que j'ai trouvé, la cartouchière modèle 35/37 portait 18 clip de 5 cartouches de 7,5x54 soit 90 coups et 2kg160 de munitions (plus le poids des clips et de la dite cartouchière en cuir); Après, dans la situation de Crixos, je ne sais pas. D'abord, les hommes auraient-ils encore des cartouchières ou plutôt des besaces US? Et puis dans le cas du 113, je ne suis pas sur qu'ils aient un équipement des plus réglo....
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Oct 11, 2012 18:53    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense qu'ils utilisent la cartouchière en tissu US.
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Vincenzo03



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MessagePosté le: Ven Oct 12, 2012 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

Et un groupe de porteur de soutient? Après tout, le portage existait avant-guerre en montagne pour alimenter les refuges dans les Alpes (cf les livres de Frison-Roche). On pourrait imaginer une unité de soutient formée de combattants de seconde ligne recrutée chez des résistants des Alpes justement et qui serait dédiée à ce genre d'opération, non? Trop farfelu?
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Dernière édition par Vincenzo03 le Ven Oct 12, 2012 17:46; édité 1 fois
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patrikev



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MessagePosté le: Ven Oct 12, 2012 17:06    Sujet du message: Répondre en citant

Très faisable. Pendant l'hiver 1940-41 OTL, l'armée grecque en Albanie était ravitaillée par des paysannes épirotes, la hotte sur le dos. En France, il devrait y avoir assez de volontaires parmi les paysans et les réfractaires. Il faudra juste prévoir des manteaux et des chaussures à la bonne taille, c'est une des pénuries les plus embarrassantes à cette date.
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- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Déc 31, 2012 11:48    Sujet du message: Un nouvel épisode du 113e Répondre en citant

Voici un nouvel épisode de la Saga du 113e RI, que Crixos nous offre en guise d'étrennes.
OK, c'est pas très joyeux. Mais c'est remarquablement conté (c'est mon avis et je le partage). Et puis "Ceux qui ne se souviennent pas de l'Histoire se condamnent à la revivre".

Bonne fin 2012.

Casus Frankie




113e Régiment d’Infanterie
Des photos de l’enfer


Au 113e, Maurice *** avait un surnom : l’Objectif. Dans le civil, il était photographe à Périgueux, où il travaillait avec sa femme, rencontrée alors qu’ils étaient tous deux employés dans une grande maison à Bordeaux. La rumeur affirmait que Maurice s’était découvert amoureux de celle qu’il voyait tous les jours en chair et en os depuis deux ans après avoir admiré son portrait photo pris à la façon du Studio Harcourt.
Parmi ses petites affaires personnelles, Maurice avait pris un appareil photo et un stock de pellicules. Il trimbalait partout sa boîte à images et photographiait tout ce qui lui semblait digne d’intérêt. Lors des opérations sur la frontière en 39-40, les patrouilles auxquelles il participait rapportaient carrément des images des futures cibles. De *** avait trouvé la chose intéressante et cherché à se procurer d’autres appareils. L’attaque allemande du printemps avait empêché le… développement de ce concept de soldat-photographe. Lors de la retraite, Maurice avait tout sacrifié, même son linge de corps pour sauver son cher appareil et les photos qu’il avait prises et continuait de prendre. À Cherchell, il avait remué ciel et terre pour mettre la main sur le matériel nécessaire avant de passer trois semaines à développer plus de 1 500 clichés.
De *** avait alors monté au sein du régiment ce qu’il appelait sa “cellule image”, qui comptait une demi-douzaine de fanatiques du 24 x 36 dirigés par Maurice. Une de leurs premières idées fut d’aller faire un stage chez les observateurs de l’aviation de reconnaissance, puis chez les analystes des photos qu’ils ramenaient. Lors de cette période d’apprentissage, Maurice perdit quatre de ses hommes. Un tué au-dessus de Tarente et trois que l’Armée de l’Air n’avait jamais rendus. Mais la cellule image avait continué, pour illustrer les documents de travail, les règlements internes au régiment sur les savoirs spécifiques (que l’on diffusait ensuite sournoisement dans toute l’infanterie), ou simplement la vie de tous les jours.
De l’Algérie à l’Alsace en passant par la Grèce, la Sicile, l’Italie et la Provence, Maurice avait rapporté des milliers de clichés. Son arme personnelle était un Colt 1908 court de 9 mm, car ça pesait moins qu’un .45, ce qui permettait d’emporter plus de pellicule. On lui avait tiré dessus, il avait été grenadé, trois véhicules avaient sauté sous ses fesses, il s’en était toujours tiré – enfin, à peu près bien, mais il avait profité de ses fréquents passages à l’hôpital pour faire des reportages sur les blouses blanches et leur travail. Les hommes du 113e l’appréciaient beaucoup, car il tirait le portrait de tout le monde – ses photos plaisaient beaucoup aux mamans ou aux petites amies et elles étaient jointes au dossier destiné à la famille en cas de décès. Néanmoins, les camarades de Maurice n’étaient pas toujours ravis de le voir à leur côté en opération. En effet, il avait un don réel pour tomber pile sur un sujet intéressant – c’est à dire, en général, sur une situation dangereuse. Certes, vu le rôle habituel joué par le 113e, il castagnait évidemment plus que la moyenne, mais la légende du régiment disait que si Maurice participait à votre patrouille, vous étiez bon pour la croix de guerre ou la croix de bois.
À l’EM du régiment, les photos de Maurice étaient soigneusement classées et annotées par date, lieu et événement. Bien sûr, c’était lui qui avait pris les plus gros plans de sentinelles, de chars ou d’avions allemands. Les téléobjectifs légers de l’époque n’étant pas trop efficaces, il lui fallait aller toujours plus près pour avoir le bon cliché. Mais il n’y avait pas que l’arsenal ennemi qui l’intéressait. Le seul grand dirigeant allié qui lui manquait était Staline. Il avait réussi à avoir tous les autres lors de tournées sur le front sauf Roosevelt, qu’il avait photographié de loin à l’aéroport de Maison-Blanche, peu après une conférence interalliée.
En cette fin d’automne 1944, dont on se doutait que c’était aussi une fin de guerre (en Europe du moins), Maurice continuait de se promener avec ses appareils, car il en avait à présent plusieurs. Il en portait systématiquement deux sur lui pour en avoir toujours un tout prêt. C’était les seizième et dix-septième depuis le début de la guerre. Katz, qui le fournissait en matériel, en avait toujours un ou deux d’avance. Il faut dire que la fine mécanique et les optiques de précision supportent mal la mitraille, les plongeons dans les rivières, les roulés-boulés sur des cailloux… Mais même les appareils cassés étaient soigneusement répertoriés : date de l’événement et cause de la destruction (balle, explosion, boue, etc.).
Pour le moment, la compagnie avec laquelle il se trouvait se baladait dans le sud de la Bavière, où elle s’était infiltrée en avant-garde des armées françaises, en contournant Munich. Sa mission était assez originale. Elle consistait, sur des indications du capitaine Sauvin, à rechercher des laboratoires et autres lieux de recherche et à y récupérer tout ce qui semblait intéressant, plans, notes et même (voire surtout) les chercheurs. Quatre compagnies du 113e passaient ainsi la région au peigne fin. Il fallait tout rafler puis le défendre contre qui que ce soit, même contre des alliés. Après tout, expliquait Sauvin, nos excellents amis Anglais jouent pour leur camp d’abord, quant aux Américains, nos si chers (très chers) amis, il faut s’en garder encore plus. La paix revenue, disait Sauvin, les Boches redeviendront nos partenaires d’Outre-Rhin et les Américains nos concurrents yankees, tandis que la perfidie d’Albion sera de nouveau à la mode…
Cela faisait plusieurs jours que la compagnie était en vadrouille. Maurice avait photographié deux centres de recherche, un sur les blindés, l’autre sur les carburants (le premier était désert en dehors de divers mécanos de base, mais dans le second, on avait récupéré trois messieurs en blouse blanche qui semblaient être un butin intéressant). On avait croisé plusieurs colonnes de la Wehrmacht, si démoralisées que les Français s’étaient contentés de récupérer (ou de saboter) l’armement et les véhicules avant de dire aux hommes d’aller se constituer prisonniers vers l’ouest. Le seul incident un peu violent avait été la rencontre de trois gamins des Hitler Jugend auxquels le caporal *** avait flanqué une fessée d’anthologie pour leur apprendre à lui tirer dessus, « et à (le) rater en plus ». Il était convaincu (peut-être à raison) que chez les jeunes, le nazisme est soluble par la couenne du cul. Les trois gamins appelèrent leur mère avec des accents si déchirants que le responsable du supplice en fut même un peu gêné, mais l’un de ses camarades, qui comprenait quelque peu l’allemand, le rasséréna en lui expliquant que les chenapans à croix gammée étaient convaincus que la fessée ne faisait que préluder au passage devant un peloton d’exécution, d’où leur terreur.
Jeeps et camions roulaient prudemment afin d’éviter une improbable embuscade, ou un fort bête, mais toujours possible, accident de la route. Il y avait dans le secteur un mystère à éclaircir. Les renseignements avaient mentionné que de nombreux trains chargés de civils des pays occupés y avaient été envoyés – Sauvin que les Allemands avaient dû déporter tout ce monde dans le coin pour atteler les malheureux à des travaux d’importance, il y en avait d’autres exemples.
En chemin, la compagnie avait eu de la chance. Le long de l’autoroute Munich-Stuttgart, on avait débusqué un aérodrome bien camouflé, qui utilisait l’autoroute en guise de piste. Pendant que Maurice photographiait le tout, les compétents en mécanique (et en aéroplanes) salivaient en se demandant comment faire entrer un Me 262, un Ta 152 et quelques autres merveilles dans leurs camions. La chose étant manifestement impossible, le capitaine *** décida d’installer sur place un camp de base d’où ils rayonneraient sur le pays et où ils attendraient l’arrivée, très prochaine, des troupes alliées. Sur ce, l’unité s’installa en hérisson, creusant postes de tir et de surveillance avant de s’octroyer un repos bien mérité. La Luftwaffe avait visiblement d’autres soucis qu’un aérodrome de campagne, même abritant quelques-uns de ses plus récents engins. Averti par radio, Sauvin, ravi, leur annonça la venue d’une autre compagnie en renfort, accompagnée de différents spécialistes pour traiter leur découverte.
Deux jours après la découverte, renforts et spécialistes étaient là et la compagnie cherchait de nouveau la destination de ces trains chargés de civils. Ce qui était curieux, c’est que personne ne savait rien. Quand on chopait un civil d’un village ou d’une petite ville, il n’était jamais nazi, adorait les Français et ne savait rien du tout sur cette histoire de trains, même les chefs de gare.
Le temps était à l’hiver et il avait déjà neigé. Maurice en profitait pour chercher les plus belles images de paysages blancs. C’est à son œil de photographe qu’ils devraient de trouver le camp, et certains le maudiraient pour ça.
Un beau matin, alors qu’il était perché sur la ridelle d’un half-track en patrouille, le reste de l’équipage pelotonné au fond, il repéra quelque chose qui le gênait dans le paysage. Plus tard il dirait que c’était comme un trou qui aspirait la lumière. La neige n’y avait pas la même couleur qu’ailleurs, elle lui semblait grise, noire à certains endroits. Comme si, devait-il dire, « le paysage souffrait ». Il y avait quelque chose là-bas et il fallait aller voir.
Méfiant, le chef de patrouille fit poser une halte gardée et expédia un groupe en reconnaissance. Chaussés de skis, portant des draps blancs en poncho, ils étaient devenus invisibles au bout d’un kilomètre. Le reste de l’effectif patienta autour du Half-track et des deux jeeps en faisant chauffer du thé et du café. On s’était mis en hérisson au cas où – les Boches semblaient bien matés, mais le 113e n’avait pas fait toute la guerre pour négliger ses propres règles parce qu’on approchait de la fin. Quelques soldats entamèrent pourtant une bataille de boules de neige et quand les éclaireurs revinrent, ce fut pour découvrir un champ de bataille où tout l’effectif hormis les hommes de garde se bombardait allègrement en riant à perdre haleine ; tout le monde était blanc et certains, pris de fou-rire, ne pouvaient plus se relever.
Au rapport de la patrouille, le capitaine *** fit la grimace. En résumé, à huit ou dix kilomètres de sa compagnie, il y avait un camp. Cela ressemblait à un camp de prisonniers, mais les gens à l’intérieur ne portaient pas de vieux uniformes, mais des tenues rayées. Des civils ? Des résistants capturés ? Il y avait encore des gardes. La mission commandait de chercher des informations scientifiques et il ne semblait pas que ce camp fût une installation de recherche. Mais quelque chose dans le rapport des éclaireurs le dérangeait. Sans bien savoir pourquoi, il leur avait semblé qu’il devait se passer des choses horribles derrière ces barbelés. Le capitaine était Espagnol, un ancien du POUM, il en avait gardé quelques habitudes – après un petit sondage, il apparut que tout le monde était d’accord pour mettre la mission entre parenthèses afin d’éclaircir l’affaire. Si ce n’était rien on irait voir ailleurs et ni Sauvin ni le PC du 113e n’auraient besoin d’être mis au courant de ce détour.
Les rouleaux pris ce jour-là par Maurice gagnèrent en peu de jours une célébrité mondiale. Les annotations qui vont avec sont moins connues, il est vrai qu’elles ne sont guère sorties des archives du 113e ou de celles de Maurice. Et bien peu savent que Maurice – qui, légalement, était propriétaire de ces photos – fit verser à certaines organisations dites non gouvernementales la totalité de ses droits.
………
N°1 : La compagnie en train de s’équiper, les hommes ressemblent à des lutins armés.
N°2 : Je suis avec la flanc-garde, nous avançons sur trois colonnes, le groupe de tête de chaque colonne est en ligne.
N°3 : Paysage d’Allemagne du Sud en hiver, collines, arbres, brume.
N°4-5-6-7 : Alerte aérienne, trois Fw 190 Jabos arrivent par l’est, tout le monde descend à terre. Photos des appareils par en-dessous, ils ont des traces noires au niveau des canons, deux d’entre eux ont été touchés (et au départ, ils devaient être quatre, comme d’habitude), ils doivent revenir d’une action du côté des Russes, où vont-ils ? Bonne discipline de feu, personne n’a tiré.
N°8 : Forêt, beaucoup de sapins, le dispositif se resserre pour ne pas rompre la cohésion, la progression se fait beaucoup plus lente.
N°9 : Le soldat *** crache un jus de chique.
N°10 : Pause, le soldat *** creuse un foyer pour chauffer du thé en restant discret.
N°11 : Pause, le groupe du sgt ***, 7 hommes : *** et ***, agriculteurs, ***, bûcheron, ***, sommelier, ***, employé de préfecture, ***, marin-pêcheur (a échappé à la Marine va savoir comment), ***, marchand de bestiaux. Belle bande de rustiques, ceux qui ne chiquent pas mangent de la viande séchée, allongés sur leurs ponchos. Ils font la flanc-garde gauche.
N°12 : Un traîneau de section avec munitions, trousses de soins, brancards, les infirmiers se relaient pour le tirer, ils ont enlevés leurs brassards à croix rouge, trop repérable sur fond blanc, pas de saison.
N°13 : Traces de gibier.
N°14 : Le soldat *** a un mauvais pressentiment (heureusement injustifié).
N°15 : Lisière de la forêt, approche du site. Silhouettes blanches sur fond blanc [Note – Cette photo sera souvent légendée « soldats en Norvège » ou « en Russie », tous les éditeurs ne sont pas scrupuleux].
N°16 : Fumées blanches au loin, plusieurs kilomètres, sans doute un village.
N°17 : Arrêt. Derrière un repli de terrain, alignement de soldats en position couchée. Armement : MAS 40, FM 24-29, MAS 36, mortiers ARAL. Gradés en conciliabule à couvert.
N°18 : De l’autre côté, grand camp de baraquements. Une partie des bâtiments sont dans un périmètre clôturé et barbelé à double. D’autres, sans doute des résidences qui semblent coquettes et confortables, sont à l’extérieur du périmètre. Apparemment, une des clôtures est électrifiée, il y a une alimentation. Des miradors, des gardes avec des chiens. Des silhouettes en uniformes rayés. Plusieurs véhicules.
N°19 : Croquis de l’intention du commandant de compagnie fait avec quelques branches. Deux sections à l’assaut, une en couverture et une en réserve. Il y a une route figurée par une capote, un groupe équipé de deux FM et de charges lourdes devra la barrer, un autre s’occupera de la voie ferrée toute proche en cas de nécessité.
N°20 : Panoramique : le camp avant l’assaut.
N°21 : Panoramique : première salve des tireurs d’élite, sur le mirador de gauche – la sentinelle est en train de chuter.
N°22 : Panoramique, silhouettes floues avançant dans la neige.
N°23 : Latéral, la section de couverture aligne tout ce qui bouge, les cadres hurlent pour donner les objectifs. Le chef de section est près d’un FM qui tire en traçantes.
N°24 : Couché derrière le mirador de la porte principale, vue montante sur le panneau qui porte l’inscription « Arbeit macht frei ». Comprends pas.
N°25 : Couché derrière le mirador, garde allemand frappé dans le dos en courant se mettre à couvert. Plusieurs formes rayées qui rampent.
N°26 : Sgt *** (de St-Etienne) en train de tirer au MAS 36. Buée due à l’expiration au moment du tir, visage tendu et crispé, férocité animale, effrayant (au repos, le plus gentil des gaillards).
N°27 : Geyser de neige causé par l’explosion d’une grenade.
N°28 : Un homme en blanc couché sur le flanc avec une grande flaque sombre devant son ventre.
N°28 : Autre homme en blanc couché sur le dos, l’œil droit remplacé par un trou.
N°30 : Allemand avec mitraillette en train de la braquer vers l’objectif.
N°31 : (Appareil n°2, le n° 1 est tombé) Même Allemand avec mitraillette, affaissé contre le flanc d’une baraque après avoir reçu un magasin de Colt 1908 dans le corps, air ébahi, les mains tentant de boucher les trous. Première fois que je me sers du Colt autrement qu’à l’entraînement.
N°32 : Premiers Allemands les mains en l’air.
N°33-37 : Regroupement des prisonniers et des blessés.
N°38 : Interrogatoire du plus haut gradé sur place, un colonel je crois. La photo montre mal qu’il est livide et pas du tout qu’il répond en bafouillant.
N°39 : Artère principale du camp, des hommes en tenue rayée sortent des baraquements.
N°40-60 : Portraits pris à travers les barbelés d’hommes rayés, maigres à faire peur, tous les os saillent sous le tissu, cheveux et barbe tondus, la peau elle-même est grise, les yeux immenses dans la face. Regard brillant de fièvre ou parfois d’orgueil, trop souvent éteint ou incrédule. Certains enlèvent leur chemise malgré le froid pour montrer des traces de coups. Les torses sont marbrés de bleu, de rouge, de noir. Plusieurs ont des plaies suintantes sur le visage, causées par des crosses de fusil, des cravaches, des gummis (tube de caoutchouc rempli de ciment) ou des bottes.
N°61 : Le soldat *** (21 ans) braque son arme sur un gardien prisonnier en hurlant.
N° 62 : Le gardien tombe, sa cervelle éclabousse le mur derrière lui, le soldat *** commence à réarmer, les soldats ***, *** et le caporal-chef *** se ruent sur lui.
N°63 : Le soldat *** vocifère comme un dément, les trois autres sont assis sur lui pour le contrôler. [Note – Il y aura enquête, mais la cour martiale décidera de ne pas poursuivre, à ce jour (1947), le soldat *** voit toujours régulièrement un psychiatre pour se remettre.]
N°64 : Les cadres séparent les Allemands prisonniers de la troupe. Beaucoup de prisonniers sont à genoux en attendant qu’on décide de leur sort.
N°65 : Groupe formé par toutes les « vieilles moustaches » et les infirmiers, désignés par le capitaine pour entrer dans le camp. Je dois aller avec eux.
N°66 : Deux jeunes soldats, *** et ***, vomissent de concert au pied des barbelés.
N°67-87 : L’intérieur des baraquements, des paillasses moisies, des hommes allongés, certains ont le regard fixe et vide, ce sont les morts. Pour les autres, pas de sourire, juste l’attente.
N°88-108 : Dans l’infirmerie (qu’on appelle ici le “revier”), les infirmiers de la compagnie mettent au vote s’ils abattent sur place le personnel après avoir compris le rôle de ce bâtiment. Sous la pression des plus vieux, on décide de se contenter d’une rossée générale.
N°109-112 : Le chef de l’équipe médicale de la compagnie signale de nombreux cas de typhus, une sous-alimentation sévère et générale, de multiples lésions physiques.
N°112-115 : Le s-lt *** (trois ans de campagne) vomit. L’adjudant *** lui passe de la neige pour se laver la figure.
N°116 : En patrouille pour chercher du ravitaillement et des fournitures, quatre soldats posent à côté d’un panneau indicateur. Il porte le nom DACHAU.

………
La compagnie resta sur place à peine une semaine avant d’être relevée par une autre unité. Elle reçut immédiatement une semaine de permission pour se remettre.
Avant l’arrivée de la relève, la compagnie avait dû faire face à divers problèmes.
– Ravitailler et habiller plusieurs milliers d’ex-prisonniers pour faire face à l’hiver. Les hommes envoyés en réquisition se montrèrent dans l’ensemble peu diplomates, mais les seuls tués furent quelques jusqu’au-boutistes du IIIe Reich. L’encadrement tenait la troupe serrée pour éviter qu’elle ne dévaste la région mieux que les Huns ne l’aurait fait.
– Expliquer aux prisonniers qu’ils étaient libres, mais qu’ils devaient pour le moment rester sur place pour des raisons de sécurité et des raisons sanitaires. Les barbelés et les grillages furent détruits en grande partie, sous l’effet de la frustration et de la colère.
– Organiser les libérés en compagnies pour faciliter l’administration.
– Contrôler le régime alimentaire des libérés pour éviter qu’ils ne meurent pour avoir fait un repas trop riche. Il fallait de la soupe de plus en plus épaisse pendant une semaine avant de passer à du plus solide, mais beaucoup de libérés s’emparèrent des réserves de nourriture des gardiens, et plusieurs en moururent.
– Voir mourir ceux dont même une alimentation correcte ne pouvait compenser les carences (plusieurs centaines).
– Voir mourir certains qui avaient simplement perdu leur volonté de vivre en étant libéré.
– Surveiller et protéger les anciens gardiens du camp (tous déclarés aux arrêts pour violation des lois de la guerre, la prévôté les emmènerait plus tard à la prison de Kehl).
– Dépouiller les archives du camp. Comptabiliser et enregistrer tous les prisonniers, ainsi que le motif de leur incarcération.
– Et, peut-être le plus difficile, convaincre les supérieurs que ce qu’ils entendaient à la radio n’était pas une invention issue d’un cerveau malade.
Malgré l’expérience grecque avec la LAH, malgré plusieurs retours d’exactions, De *** et Sauvin ne parvenaient pas à y croire. Que dans le feu de l’action et du combat, il ne soit pas fait de prisonniers. Que, gorgés de frustrations, certains hommes se laissent aller à des actions horribles, ça ils le comprenaient. De son expérience de 14-18, De *** admettait cette jouissance du moment où le soldat ennemi est surpris. Cette espèce de drogue de l’action et du pouvoir. Mais c’était au combat et les hommes tués étaient armés.
Il fallut que le chef du 113e et son acolyte en coups tordus viennent voir eux-mêmes pour y croire (ils avaient un petit côté Saint Thomas). Cette organisation méthodique du déplacement d’êtres humains pour les « concentrer » dans un même endroit devenu un espace de souffrance, de torture et de mort – ils n’arrivaient tout simplement pas à le concevoir. Cette bureaucratie de la destruction était une forme d’enfer particulièrement abominable parce qu’elle était anonyme. C’était l’humanité dans ses plus bas instincts, dans l’assouvissement de ses pulsions les plus sadiques. Les petits signes sur les vêtements, triangles jaunes, rouges, roses, dépouillaient leurs porteurs de leur humanité ; ils signifiaient qu’ils étaient bons à battre, à humilier, à torturer et à exterminer.
Il fallut alors une très grande force à une partie des cadres pour empêcher l’autre de donner l’ordre de fusiller tous les gardiens. Le morceau fut emporté quand ***, simple soldat, articula : « Si on les tue sans jugement, on sera comme eux ». Ce petit bout de philosophie convainquit tout le monde.
Mais ils décidèrent de tout – et tous – photographier, de tout – et tous – filmer. La prévôté fut chargée d’instruire les dossiers des gardiens en l’absence de juge (deux jours plus tard, après une note de service, le cpl-chef ***, magistrat dans le civil, intégrait l’équipe des auditeurs).
Les jeunes combattants furent retirés de la proximité immédiate du camp, les « vieilles moustaches » recuites restèrent sur place jusqu’à la relève.
La mission de recueil de secrets scientifiques fut laissée de côté par les découvreurs de Dachau, d’autres la continueraient. Ils se sentaient profondément salis, ils devaient se purifier. Ils cherchaient un bon combat, de préférence contre des SS tant qu’on y était. Des hommes qu’on pourrait tuer sans remords parce qu’ils seraient armés et aptes à se défendre. Ils voulaient montrer la différence. Ils étaient des soldats et non des bourreaux. Cette joie leur fut refusée par la signature de l’armistice.
………
L’Objectif prenait photo sur photo, chaque déporté était mis en image. La photo était ensuite jointe à son dossier avec le motif de la déportation, les dates et le témoignage du survivant.
L’équipe d’auditeurs consommait une énorme quantité d’alcool, ils razziaient tout ce qui se buvait. Plus tard, ils devaient toujours rester un peu à part dans le régiment. Ils seraient ceux qui étaient allés au fond. Rien ne leur était épargné, chaque jour ils pensaient avoir atteint un seuil, et régulièrement ce seuil était reculé. De *** fit chercher des psychiatres, des aumôniers, de la musique et même des filles (alors qu’il était un peu collet monté sur le sujet) pour les aider à supporter ce qui se passait. Il leur fit mettre par écrit leur expérience, tout fut noté, contrôlé et vérifié. Deux ans plus tard, le tribunal de Nuremberg en aurait l’utilité.
………
Ce jour-là, l’Objectif sortait de son labo avec une brassée de clichés. Il croisa un de ses camarades qui lui dit que, plus à l’est, les Russes disaient qu’il y avait des camps encore pires que celui-ci. Maurice secoua la tête avec accablement, c’était choquant et en même temps normal. Cette guerre avait reculé tant de limites, il y aurait fatalement pire. Après avoir posé ses clichés sur le bureau d’un secrétaire, il alla prendre l’air. Ils étaient plusieurs dehors, à tirer sur une cigarette ou une pipe. Et puis le sgt ***, libraire et sans trop d’illusions sur la nature humaine, émit : « Le pire, c’est qu’un jour des hommes diront que ça n’a pas existé, ou que ce n’était pas comme ça, ou même que c’était justifié ».
………
Maurice retourna à la vie civile et reprit son magasin de photographie. Il faisait essentiellement les baptêmes, les mariages, les événements heureux de la vie. C’est sa femme qui faisait les enterrements, jamais lui. Il cherchait constamment à prolonger par la photo les moments de joie et de bonheur. Il exposait ses clichés de l’année (un sélectionné par mois) dans sa vitrine. Les gens venaient voir s’ils étaient dessus. En 1978, à 62 ans, sa femme mourut d’un cancer. Les enfants étaient grands, les deux premiers avaient eux-mêmes des enfants, Maurice se tira une balle dans la tête avec son vieux 1908, il ne se rata pas. Il laissait un petit mot : « Je suis désolé, je vous aime tous beaucoup, mais maintenant il n’y plus de joie. Papa ».
………
Les petits-enfants de l’Objectif étaient encore jeunes, mais ils entendirent beaucoup parler de leur photographe de grand-père et, immanquablement, ils dénichèrent certaines archives, pourtant planquées sur le rayon du haut d’une bibliothèque fermée à clef. Après, ils eurent besoin de longues explications. L’aîné réussit à retrouver l’un des camarades de son grand-père (l’ancien sous-lieutenant des photos 112-115), qui accepta avec joie de le recevoir et de lui parler. La conversation se prolongea et le jeune homme rencontra par la suite deux autres anciens du 113e.
Un jour, dans un dîner en ville, ce petit-fils de l’Objectif entendit un homme affirmer (après seulement deux verres) : « Et puis ces camps, c’était pas ce qu’on nous en dit, il y a de nouveaux documents qui prouvent que tout ce qu’on nous a raconté était faux, ce sont les banquiers juifs de Wall Street qui se servent de cette histoire. Lisez le Protocole des Sages de Sion, c’est très clair ».
Le petit-fils de Maurice se demanda alors : « Qu’est-ce que je dois faire ? »
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patzekiller



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MessagePosté le: Lun Déc 31, 2012 12:45    Sujet du message: Répondre en citant

je suis d'accord avec toi, la charge emotionnelle est enorme.
y aura t'il d'autres épisodes? va t'on revoir le 113 en asie?
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