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Saillant de Smolensk, 9 et 10 août 1942

 
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Nov 01, 2006 14:11    Sujet du message: Saillant de Smolensk, 9 et 10 août 1942 Répondre en citant

Cette fois, ça brûle...

AUGUST 9th
Front russe
Secteur Centre – Saillant de Smolensk
Dans la nuit, le 81ème BAD attaque de nouveau Minsk. Ce bombardement est peu efficace, mais perturbe néanmoins l’état-major de von Bock, forcé de descendre aux abris à plusieurs reprises dans la nuit.
Dès l’aube, les VVS poursuivent leurs activités. Malgré les pertes des jours précédents, elles attaquent en même temps Orsha, Vitebsk, Moghilev et Smolensk. Les bombardiers soviétiques obtiennent deux beaux succès : à Vitebsk, où un grand dépôt de munitions est touché, et à Smolensk, où les ponts construits par le génie allemand sur le Dnepr sont détruits, coupant le XXème Corps du IXème. Les appareils d’attaque au sol harcèlent les troupes allemandes dans tout le Saillant et la Luftwaffe est largement réduite à la défensive. Cette activité se paye : les VVS vont perdre 63 avions dans la journée (et 87 endommagés), mais la Luftflotte 2 de von Richtofen, si elle ne perd que 31 appareils (et 55 endommagés) est sur le pont de s’effondrer.
A l’ouest du front, Maslennikov, fouetté par les reproches de Joukov, relance l’attaque dans la région de Gorki, en engageant toutes les forces de sa 29ème Armée, soit cinq divisions de fusiliers. Mais les vagues d’assaut soviétiques se heurtent à de solides défenses allemandes et le pertes sont très lourdes. Maslennikov s’obstine cependant et ses hommes repartent à l’attaque, tandis que l’artillerie inflige des pertes sérieuses aux défenseurs. Le Général Fahrmbacher, qui commande le VIIème Corps, doit demander le soutien de la 131ème D.I. pour les défenseurs de Gorki. Vers midi, trois divisions et un régiment motorisé allemand (aux effectifs amoindris il est vrai) sont engagés pour arrêter cinq divisions de fusiliers soutenues par deux brigades d’artillerie. Malgré l’appui de celles-ci, les attaques répétées des Soviétiques échouent l’une après l’autre. Cependant, elles ont au moins atteint un de leurs objectifs : la 4ème Armée n’a pu renforcer le IXème Corps de Geyer. En fin de journée, Joukov reconnaît avec réticence que la 29ème Armée ne pourra pas prendre Gorki et autorise finalement Maslennikov à mettre ses hommes sur la défensive.
Plus au nord-est, sur le front de la 292ème D.I., la bataille a repris avant même le lever du jour. La 10ème Panzer a formé plusieurs groupes mobiles, en général de la taille d’une compagnie, pour mieux freiner l’avance des forces d’Eremenko. Elle ne peut cependant empêcher la 43ème Armée de couper la route Smolensk-Orsha en fin de journée.
A l’extrémité sud-est du Saillant, la 50ème Armée reprend les opérations contre la 137ème D.I., qui a beaucoup souffert les jours précédents. Le tir des obusiers de 203 mm des 201ème et 202ème Régiments d’Artillerie Indépendants a des effets dévastateurs sur les retranchements allemands. Les communications entre les régiments de la 137ème D.I. sont rapidement rompues et au crépuscule, des éléments de la 50ème Armée atteignent les premières maisons de Smolensk. Le Général Geyer, chef du IXème Corps, a compris dès le début de la journée que sa situation est critique. La plus grande partie des forces de ses trois divisions est située à l’est de la principale poussée soviétique. Même si l’Armée Rouge n’atteint pas le Dnepr, ces divisions seront incapables d’extraire du Saillant leur matériel lourd – et que va-t-il se passer pour les hommes ?
La situation du XXème Corps n’est pas meilleure. A 04h30, la 24ème Armée repart à l’attaque, après avoir, comme la veille, fait pleuvoir des roquettes par centaines sur les premières lignes allemandes. Néanmoins, elle est freinée par une défense allemande entêtée. En fin de journée, elle a cependant progressé de près de 10 km et approche de la route Vitebsk-Smolensk sur la rive droite. Par ailleurs, dans la nuit, des éléments de la 102ème Division d’Infanterie Motorisée soviétique ont pénétré loin sur les arrières de la 15ème D.I. A l’aube, les chars lourds russes sont à nouveau à la pointe de l’attaque de la 49ème Armée. A midi, le QG du XXème Corps perd tout contact avec le poste de commandement de la 15ème D.I. ; celle-ci est bel et bien coupée en deux. A l’extrémité est du Saillant, la 256ème D.I., elle-même engagée sur tout son front par d’autres divisions de la 49ème Armée, a du mal à maintenir le contact avec la 15ème D.I.
A 14h00, devant la détérioration continue de la situation, von Kluge, Strauss et leurs chefs de corps se rencontrent pour tenter de coordonner la défense du Saillant. « Geyer a raison, affirme Von Kluge, il faut dégager le IXème et le XXème Corps vers l’ouest tant qu’il en est encore temps. » Materna, commandant du XXème Corps, est du même avis : « Smolensk ne vaut pas les pertes que sa défense nous coûterait. En regroupant les forces des 252ème et 293ème D.I., qui arrivent en renfort, nous devrions pouvoir rouvrir la route de la rive droite, secourir la 15ème et la 256ème et leur permettre de se dégager jusqu’à une ligne Vitebsk-Orsha. » Strauss n’a rien contre, mais ni lui ni von Kluge ne peuvent autoriser cette manœuvre. A 19h00, tous deux appellent von Bock et lui demandent d’obtenir l’autorisation de l’OKH de quitter Smolensk. Le chef du Groupe d’Armées Centre tombe vite d’accord avec ses généraux et rappelle Halder, à l’OKH. Il pense pouvoir justifier sa demande : « Avec les forces à ma disposition, explique-t-il, il m’est impossible de défendre le Saillant de Smolensk tout en préparant une offensive majeure vers l’Ukraine. Or, si j’ai bien compris, cette offensive est prioritaire, n’est-ce pas ? » Mais ce discours passe mal. De Rastenburg, il est évidemment difficile d’admettre la menace représentée par l’offensive de Joukov. « Allons, répond en substance Halder, la situation ne peut pas s’être aggravée à ce point aussi vite ! Vous les avez déjà arrêtés devant Gorki, vous les arrêterez bien devant Smolensk ! Et vous en profiterez pour leur infliger des pertes, comme chaque fois qu’ils nous ont attaqués. » Von Bock est à bout d’arguments : « Si vous ne me croyez pas, appelez directement les chefs de corps ! » Halder accepte, et Geyer puis Materna lui font un tableau très pessimiste de la situation de leurs troupes. A la longue, il finit par accepter de considérer que tout ne va pas pour le mieux : « Mais vous savez qu’en pareil cas, il faut l’autorisation du Führer. Je vais lui en parler. »
En effet, vers minuit, Halder rencontre Hitler et Keitel. Les nouvelles de Smolensk sont une douche froide sur les espoirs allemands. Lors de la réunion de fin juillet avec Guderian, Hitler et Keitel ont pu croire que les forces soviétiques étaient enfin brisées, au moins dans le secteur du Groupe d’Armées Centre, et le fait qu’elles soient capable d’une importante offensive dans la région de Smolensk est une désagréable surprise. Mais Keitel tempère les inquiétudes exprimées par Halder : « Bon, ils nous attaquent. Et alors ? Est-ce vraiment différent des autres contre-offensives qu’ils ont organisé en juin ? Sur tous les fronts, nous les avons repoussés sans difficultés, nous en avons profité pour les user, et les attaques qui ont suivi n’en ont été que plus faciles ! » Au bout d’une longue et confuse discussion, entrecoupée de digressions de Hitler sur l’inaptitude congénitale des peuples slaves à s’adapter à une guerre moderne ou sur la pusillanimité incurable de ses généraux, il est 02h15 quand Halder rappelle von Bock : « Le Führer a décidé que Smolensk sera défendue, sans pour autant compromettre la préparation de l’offensive en Ukraine. » Von Bock réagit vivement : « Dieu du ciel ! Pouvez-vous m’expliquer ce que cela veut dire ? » D’un ton guindé, Halder lui rétorque qu’il n’est pas question d’abandonner Smolensk, mais qu’en dehors du XLVIème PanzerKorps, déjà engagé, les forces blindées ne devront pas participer à cette bataille, pour leur laisser le loisir de se renforcer. Avant de se coucher, Halder note dans son journal que « Herr Feld-Maréchal ne semble pas très heureux de ces quelques entraves à son action. » – deux for belles litotes en une seule courte phrase.

AUGUST 10th
Front russe
Secteur Centre – Saillant de Smolensk
Dès 06h00, sur le front du XXème Corps, le Général Materna lance sa contre-attaque destinée à rétablir le contact avec la 15ème D.I. Les 252ème et 293ème D.I. sont prises aussitôt sous de violents tirs d’artillerie, qui ne fait que s’accroître jusqu’à 10h00. L’artillerie allemande est très souvent réduite à l’impuissance par des tirs de contre-batterie précis. De plus, les canons soviétiques, guidés par la détection des émissions radios de l’ennemi, s’en prennent tout particulièrement aux centres nerveux allemands : « Le chef de la 252ème, le Général von Böhm-Bezing, est grièvement blessé quand son PC avancé est bombardé, sans doute par deux bataillons de canons A-19 de 122 mm. Il est évacué vers Orsha, mais sa voiture est prise sous le feu de nos canons, et il est tué. L’Armée Rouge vient d’écrire une nouvelle page de l’histoire de l’artillerie, car il s’agit certainement là du premier exemple de l’efficacité au combat de la combinaison de détecteurs d’émissions radios et de canons à longue portée. » (Voenno-Istoricheskykh Journal, Journal d’Histoire Militaire, Moscou, Novembre 1952). De telles tactiques de contre-batterie et de désorganisation du commandement, employées en effet pour la première fois en opération à Smolensk, allaient devenir caractéristiques de l’action de l’Armée Rouge.
Les troupes allemandes avancent pourtant, mais à un prix très élevé. A 11h30, elles atteignent la voie ferrée Vitebsk-Smolensk, près de Smolensk à moins de 2 km des forces piégées au nord-est du Saillant. Mais elles commencent à être à court de munitions : les dépenses ont dépassé toutes les prévisions et il est très difficile de ravitailler les unités à partir des dépôts situés à Orsha.
Joukov, informé en début de matinée de la contre-attaque allemande, décide alors d’autoriser l’engagement du 121ème Corps Blindé, tenu jusqu’alors en réserve pour une future exploitation. Vers midi, cette unité est sur ses positions de départ et à 12h30, la contre-attaque blindée tombe sur les forces allemandes. Sous la ruée de plus de deux cents blindés, la 252ème D.I. est désorganisée, tandis que la 293ème, plus à l’ouest, est elle aussi en grande difficulté. A 14h45, la 252ème recule et perd une partie de son artillerie. Pendant ce temps, la 24ème Armée soviétique repart à l’attaque, mettant les 112ème et 162ème D.I. en position difficile.
Materna demande alors à Strauss l’autorisation d’ordonner à toutes les troupes à l’est du Saillant (la 145ème et la 256ème D.I.) d’attaquer vers l’ouest pour rejoindre la 252ème D.I. et se replier avec elle en sécurité. Mais Strauss doit s’adresser à von Bock pour cela. Avant de se décider, le Feld-Maréchal appelle directement Materna, à 16h30. Il apprend ainsi de fort mauvaises nouvelles, bien qu’elles sous-évaluent la gravité de la situation, car le QG du XXème Corps a de sérieuses difficultés à rester en contact radio avec les unités engagées – c’est ainsi que la mort de von Böhm-Bezing n’est pas encore confirmée. « D’accord, finit par dire von Bock, sortez vos hommes de là, mais évitez à tout prix d’utiliser le mot “repli” et surtout “retraite” en donnant vos ordres. » Mais à ce moment, il est déjà trop tard.
A 16h45, le 121ème Corps Blindé, qui a coupé en deux la 252ème D.I., atteint la rive droite du Dnepr. Les chars soviétiques progressent le long du fleuve vers l’ouest, menaçant de déborder la 293ème D.I. et même de déboucher sur les arrières de la 162ème. Un flot de nouvelles catastrophiques arrive à partir de 17h30 au QG de Materna. Celui-ci ordonne alors à toutes les forces piégées à l’est de Smolensk (une partie de la 252ème et ce qui reste de la 15ème et de la 256ème D.I.) de « se retirer vers l’ouest », tandis que la 293ème et le reste de la 252ème doivent rester au contact de la 162ème pour faire face aux blindés russes. Mais tout cela est bien plus facile à dire qu’à faire.

Sur la rive gauche (sud), les Allemands n’ont pas plus de répit. La 10ème Panzer n’a plus que 33 chars et la 43ème Armée avance vers le Dnepr.
A 13h30, Fahrmbacher et Geyer se retrouvent à Orsha, bientôt rejoints par von Stockhausen, chef du XLVIème PanzerKorps. La situation du côté de Gorki semblant stabilisée, le commandant du VIIème Corps accepte de laisser la Das Reich au IXème Corps. Mais von Stockhausen relève que ses unités, déjà en sous-effectifs au départ, sont épuisées, et que le redéploiement de la division blindée SS de Gorki à Gusino prendra beaucoup de temps, car les routes sont constamment mitraillées par les Il-2 et les I-153 soviétiques. Sur l’ensemble du champ de bataille, les VVS perdent ce jour-là 37 avions (et 52 endommagés) contre 14 (et 23 endommagés) pour la Luftwaffe.
La 134ème et la 292ème D.I. supportent le gros du combat pendant la plus grande partie de la journée. Deux contre-attaques locales, organisées avec ce qui reste de la 10ème Panzer, frappent le flanc gauche de la 43ème Armée, mais au crépuscule, les forces allemandes ne tiennent plus qu’une étroite bande de terre le long de la rive gauche du Dnepr. Geyer voit la plus grande partie de ses forces en grand danger d’être piégées. A 19h30, il demande à von Kluge l’autorisation de replier ses troupes, qui lui est accordée (sous condition, bien sûr, de ne pas employer les morts “repli” ou “retraite”). Mais à 20h00, il est déjà trop tard pour la 137ème D.I., la plus à l’est du IXème Corps. A 16h30, une violente poussée de la 50ème Armée soviétique a atteint le Dnepr à l’est de Smolensk. Seule la 263ème D.I. peut se diriger vers l’ouest, mais cela l’oblige à abandonner la partie sud de Smolensk.

L’OKH suit l’évolution de la situation, mais n’est pas informé de façon précise quand von Bock rappelle à nouveau Halder, à 21h00. Le Feld-Maréchal ne laisse plus à Halder le moindre doute sur la catastrophe qui menace, et sur ses intentions : « Quoi que puisse en penser l’OKH, je vais tenter de sauver ce qui peut encore l’être ! » Halder est très ennuyé : « Je vais tenter de vous aider, mais ne donnez pas ouvertement l’ordre d’abandonner Smolensk ! » Effectivement, Halder s’entretient longuement dans la nuit avec von Brauchitsch, puis avec Keitel. Tous s’accordent pour dire à Hitler que les troupes allemandes se battent avec énergie et contre-attaquent l’offensive soviétique. Von Brauchitsch accepte d’ordonner au XLVIIème PanzerKorps (Général Lemelsen) de détacher les 29ème et 167ème D.I. (mot.) à la 4ème Armée de von Kluge. S’agissant de divisions d’infanterie, cet ordre ne contredit pas stricto sensu les instructions de Hitler. Cependant, il s’agit bien d’une ponction sur les forces du PanzerGruppe 2. Guderian n’apprendra pas cette décision avant le jour suivant, et n’appréciera pas du tout, considérant que ce mouvement, attribué à l’influence de von Bock, affaiblit les forces qu’il prépare pour sa prochaine offensive.
Dans l’immédiat, les deux divisions de réserve du Groupe d’Armées Centre (52ème et 197ème D.I.), venant de Minsk, commencent à se déployer à l’est d’Orsha, dans le secteur du XXème Corps.
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Casus Frankie

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MessagePosté le: Mer Nov 01, 2006 14:28    Sujet du message: Répondre en citant

waoh, ça sent le vecu : fantasque a du s'eclater arbitrer tout ça... et je ne parle pas de la vodka reguliere ni des reserves, des auxiliaires, et des partisans Laughing
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